8 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise (08 juillet 2012)

« Si l'homme, pendant sa vie, voit, entend, parle, se meut, subsiste ; s'il est doué de beauté, de force et d'amabilité , c'est parce que son âme habite en lui ; et si, après sa mort, il est privé de la vue, de l'ouïe, de la parole, du mouvement ; s'il est défiguré, inutile à tout et vu avec horreur, il faut l'attribuer à l'absence de son âme, d'où lui venaient tous ces avantages. C'est ainsi que votre Dieu, ô mon âme, pendant qu'il vit en vous par sa grâce, fait que vous voyez ce que la foi vous montre, que vous entendez ce que le Seigneur vous dit intérieurement, et que vous avancez par la voie de ses commandements vers la céleste patrie ; que vous parlez à Dieu dans l'oraison, et au prochain par de saintes exhortations ; c'est ainsi que sa grâce vous fait subsister en persévérant dans les bonnes oeuvres, vous rend fort et courageux dans le combat que vous avez à soutenir contre les ennemis invisibles, vous communique cette beauté qui vous rend agréable à Dieu et aux anges. Mais prenez garde qu'en perdant la grâce, qui est la vie de votre âme, vous n'éprouviez les pertes que procure la première mort, et que de là vous ne soyez entraîné à la seconde, de laquelle on ne ressuscite jamais. Oh ! si Dieu daignait vous ouvrir les yeux de l'esprit, et si vous pouviez voir l'excellente beauté et la grande splendeur dont se trouve ornée l'âme qui est agréable à Dieu, qui lui est unie par la vraie charité, quels regards Dieu daigne jeter sur elle, quelle place il lui destine, quelle joie il lui promet, et combien son arrivée est désirée par les anges et les autres esprits bienheureux, assurément vous ne pourriez souffrir qu'une telle beauté fût souillée par le moindre défaut ; et si cela arrivait, vous vous efforceriez au moins de noyer ces taches, quoique légères, dans des torrents de larmes. C'est ce que saint Bonaventure raconte de saint François qui, considérant qu'il ne pouvait accompagner l'Agneau sans tache sans contracter quelque souillure, tâchait au moins chaque jour, par des larmes abondantes, de purifier son âme et de laver toutes ses fautes, quelque légères qu'elles fussent. Mais si Dieu au moyen de la même grâce, ouvrait vos yeux intérieurs, et que vous puissiez voir la difformité d'une âme pécheresse, l'odeur infecte qu'elle répand, comme ferait un cadavre en putréfaction ; et combien Dieu et les saints affectent d'en détourner leurs regards, quoique d'ailleurs elle anime un corps beau et bien proportionné, très-aimable aux yeux des hommes, oh ! sans doute vous en seriez tellement saisie d'horreur, que vous ne voudriez pas pour tout au monde, lui ressembler ; et si vous aviez ce malheur, vous ne voudriez pas persévérer un seul instant dans un si misérable état. »

Saint Robert Bellarmin, L'Echelle du Ciel (Huitième Degré, 10), Opuscule traduit par M. Candèze, Lyon, Chez Périsse Frères, Paris, 1836.

Source : jesusmarie.free.fr
et Abbaye Saint Benoît

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