4 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise (04 septembre 2012)

"Le Saint de Dieu"

« N'est-ce pas se condamner soi-même que de chercher si le Fils est consubstantiel au Père ? Car une telle conduite est en contradiction non seulement avec l'Ecriture, mais avec l'opinion générale des hommes et la nature des choses. Que l'engendré soit de la même substance que l'engendrant, cela se voit, non seulement pour les hommes, mais pour les animaux, pour les arbres mêmes. N'est-il pas absurde quand cette loi est immuable parmi les plantes, les hommes et les animaux, de vouloir la violer et la renverser en Dieu seul, Cependant, ne nous contentons pas de ces raisons tirées de la nature des choses, et passons aux saintes Ecritures, dont les paroles prouveront ce dogme. Ce n'est pas nous, fidèles, ce sont ces incrédules qui sont dignes de risée, eux qui repoussent des choses si claires et qui résistent à la vérité.

Quelles objections élèvent-ils contre la croyance universelle ? Si, de ce que Jésus-Christ est appelé Fils, il s'ensuit qu'il est consubstantiel, nous sommes aussi consubstantiels, nous tous ; car nous sommes appelés fils. N'est-il, pas écrit : "J’ai dit : Vous êtes tous des dieux et les fils du Très-Haut" (Ps. LXXXI, 6) — Ô imprudence ! ô folie extrême ! Comme ces hérétiques mettent à nu leur démence ! Quand nous parlions de l'Incompréhensible, ils s'arrogeaient ce qui est le propre du Fils, et prétendaient connaître Dieu aussi parfaitement qu'il se connaît lui-même. Maintenant que nous parlons de la gloire du Fils, ils veulent le rabaisser à leur niveau. Nous aussi, disent-ils, nous sommes appelés fils, et nous ne sommes pas pour cela consubstantiels à Dieu. Vous êtes appelés fils, oui, mais le Christ est Fils ; vous en avez le nom ; lui, la réalité. Vous êtes appelés fils, mais non comme lui, fils unique ; vous n'habitez pas le sein du Père, vous n'êtes pas la splendeur de la gloire, ni la figure de la substance, ni la forme de Dieu (Hébr. I, 13). Si notre premier raisonnement ne suffit pas, laissez-vous du moins persuader par les passages de l'Ecriture, qui prouvent la noble origine de notre Sauveur. Dans les textes suivants, Jésus-Christ montre qu'il ne diffère en rien du Père, quant à la substance ; "Celui qui me voit, voit mon Père" (Jean, XIV, 9) ; "Mon Père et moi nous sommes un" (Jean, X, 30) ; quant à la puissance : "Comme le Père ressuscite les morts et leur donne la vie, ainsi le Fils vivifie qui il veut" (Jean, V, 21) ; quant au culte : "Afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père" (Ibid. 23) ; quant à l'autorité de législateur : "Mon père agit et moi aussi" (Ibid. 17). Mais laissant de côté tous ces textes, ils refusent de prendre le mot Fils dans son sens propre, par la raison qu'ils sont eux-mêmes honorés de ce nom, et ils rabaissent jusqu'à eux le Fils de Dieu, en s'appuyant sur ces paroles : "J'ai dit : Vous êtes tous des dieux et les fils du très-Haut". Puisque, à vous entendre, le Fils, malgré ce nom, n'a rien de plus que vous, et n'est pas vraiment Fils, il s'ensuit que le Père, malgré le nom de Dieu, n'a rien de plus que vous puisqu'il vous a aussi communiqué ce nom. Car de la même manière que vous êtes appelés fils, vous êtes appelés Dieu. Ce nom de Dieu, bien qu'il vous soit donné, vous n'osez dire que ce soit une simple dénomination sans réalité, mais vous reconnaissez que le Père est vrai Dieu ; de même ainsi craignez de vous comparer au Fils et ne dites pas : moi aussi, je suis appelé fils ; et puisque je n'ai pas la même substance que le Père, lui non plus n'est pas consubstantiel. Car tout ce que nous avons dit ci-dessus montre qu'il est vrai Fils et qu'il a la même substance que le Père. Ces paroles, en effet : "Il est la figure et la forme de Dieu", ne prouvent-elles pas l'identité de substance ! En Dieu il n'y a ni forme ni visage. »

Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Septième Homélie contre les Anoméens (2), in "Oeuvres Complètes" (Tome II), traduites sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie éditeurs, 1864.

Source : Abbaye Saint Benoît

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