13 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise (13 septembre 2012)

"Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent..." (Lc 6, 27 sq)

« Nous-mêmes, qui sommes en guerre les uns, avec les autres. Peut-être quelqu'un rira-t-il de moi, et dira-t-il : Que dites-vous là ? Vous nous voyez tous réunis dans le même lieu, dans l'enceinte de la même église, formant en parfait accord le même bercail, sans aucune contradiction, acclamant ensemble le même pasteur, écoutant ensemble ce qui se dit, priant ensemble : et vous venez parler de guerre et de discorde ? Oui, et je ne suis pas foi, et je ne déraisonne pas. Je vois en effet ce que je vois, et je sais que nous sommes dans le même bercail et sous le même pasteur. Et c'est ce qui fait surtout couler mes larmes : qu'ayant tant de raisons de nous unir, nous soyons cependant divisés. Quelle division voyez-vous donc ici, me direz-vous ? Ici, aucune ; mais dès que le sermon sera fini, un tel accusera un tel ; l'un insultera publiquement, l'autre sera jaloux, ou avare, ou voleur, un autre usera de violence, un autre se livrera à de coupables amours, un autre combinera mille fraudes. Et si toutes nos âmes pouvaient être mises à nu, vous verriez tout cela en détail et vous reconnaîtriez que je ne suis pas fou.
Respectez donc, respectez cette table, à laquelle nous participons tous, le Christ-immolé pour nous, la victime que l'on. nous y sert. [...] Mais, direz-vous, comment mettre fin à cette guerre ? En pensant que quand vous parlez contre votre frère, vous jetez de la boue, par la bouche ; en pensant que vous calomniez un membre du Christ ; que vous dévorez votre propre chair ; que vous vous rendez plus redoutable que l'effrayant, l'inflexible tribunal; que le trait ne tue pas celui qui le reçoit, mais celui qui le décoche. — Mais, dites-vous, on m'a fait tort, on m'a maltraité. — Gémissez et ne dites point de mal ; déplorez, non le tort qu'on vous a fait, mais la perte de votre ennemi, comme votre Maître a pleuré Judas, non parce qu'il a été lui-même crucifié, mais parce que Judas l'avait trahi. On vous a accablé d'injures et d'outrages ? Priez le Seigneur de faire éclater sans retard sa miséricorde sur le coupable. Il est votre frère, il a été enfanté comme vous ; c'est votre membre, il a été convié à la même table. Mais, dites-vous, il redouble ses injures. Votre récompense en sera plus grande et plus abondante. Il est d'autant plus juste que vous lui pardonniez, qu'il a reçu un coup mortel, puisque le démon l'a blessé. »

Saint Jean Chrysostome, Homélie 8 sur l'Epître aux Romains (7-8), P.G. 60, in Oeuvres complètes (Tome X) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

Source : Abbaye Saint Benoît

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