27 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise (27 décembre 2012)

Saint Jean : "...et nous savons que son témoignage est vrai." (Jn 21, 20-24)

« "C'est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui a écrit ceci, et nous savons que son témoignage est véritable". Pourquoi Jean se sert-il lui seul de termes dont aucun, autre évangéliste ne s'est servi, et parle-t-il avec cette fermeté et cette assurance? Pourquoi se rend-il un second témoignage à lui-même ? Pourquoi paraît-il vouloir d'abord prévenir ses auditeurs? Pour quelle raison en use-t-il de la sorte ? On rapporte que cet évangéliste a écrit le dernier son évangile, induit à cela par une impulsion divine : c'est pour cette raison qu'il fait souvent mention de son amour, insinuant par là le motif qui l'a porté à écrire ; et il répète souvent la même chose pour rendre son histoire digne de foi, et montrer qu'il ne s'est porté à l'écrire que par l'effet d'une impulsion d'en-haut. Je sais, dit-il, je sais que les choses que Jean a écrites, sont véritables : Que si bien des gens n'y croient point, voici une preuve qui doit les convaincre. Laquelle ? Ce que je dis ensuite.

"Jésus a fait encore beaucoup de choses, et si on les rapportait en détail, je ne crois pas que le monde même pût contenir les livres qu'on en écrirait". De là, il résulté évidemment que je n'ai point écrit par flatterie. Moi qui, dans un sujet riche et abondant, où il y a une multitude de choses à dire, n'en rapporte même pas autant que ceux qui ont écrit les premiers, et omets la plupart des événements pour raconter de préférence comment les Juifs ont dressé des embûches à Jésus, lui ont jeté des pierres, l'ont haï, chargé d'injures et d'outrages, appelé possédé du démon et séducteur: moi, dis-je, qui ai publié toutes ces choses, je ne puis être accusé d'avoir écrit mon histoire par flatterie. En effet, pour être historien complaisant, il aurait fallu s'y prendre tout autrement ; à savoir : cacher tous les sujets de honte et ne rapporter que les faits illustres et glorieux.

L'évangéliste ayant donc écrit ce qu'il savait sûrement et exactement, ne refuse et ne craint pas de produire aussi son témoignage, comme pour nous inviter à vérifier en détail tout ce qu'il raconte. C'est notre coutume , à nous aussi , d'appuyer de notre témoignage une assertion dont nous sommes parfaitement sûrs. Or, si nous en lisons de la sorte, à plus forte raison saint Jean a-t-il pu le faire de même, lui qui écrivait par l'inspiration du Saint-Esprit, et c'est ce qu'ont fait aussi les autres apôtres lorsqu'ils prêchaient , disant : "Nous sommes nous-mêmes les témoins de ce que nous vous disons, et le Saint-Esprit que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent l'est aussi" (Ac V, 32) avec nous. Saint Jean, dis-je, a pu donner son témoignage, lui qui était présent à tout, qui n'avait point quitté Jésus, même sur la croix , et à qui le divin Sauveur avait recommandé sa mère. Toutes ces choses sont autant de marques de l'amour de Jésus pour son disciple, et des témoignages sûrs de l'exacte connaissance qu'avait celui-ci de tout ce qu'il a écrit.

Que si cet évangéliste attribue à Jésus de si nombreux miracles, n'en soyez pas surpris, mais, pensant à l'ineffable vertu de celui qui les opérait, recevez avec foi ce que dit l'historien sacré. Et certes, autant il nous est facile de parler, autant et beaucoup plus encore il était facile à Jésus de faire ce qu'il voulait, car il n'avait qu'à vouloir, et l'effet aussitôt suivait sa volonté (Dieu dit que la lumière soit faite, et la lumière fut faite, etc. il a parlé, et ces choses ont été faites ; il a commandé, et elles ont été créées. Il appelle ce qui n'est point, comme ce qui est.).

Méditons donc, mes chers frères, méditons soigneusement ces divines paroles; ne cessons point d'en faire notre étude, travaillons à en acquérir l'intelligence. Le fréquent usage que nous en ferons ne sera point perdu pour nous ; par là, nous pourrons corriger nos moeurs, purifier notre vie, et arracher les épines qui étouffent la divine semence. Car ce sont de vraies épines que le péché et les sollicitudes de ce siècle, qui sont si stériles et si douloureuses. Et comme les épines, par quelque côté qu'on les prenne, piquent celui qui les saisit ; de même les choses de ce siècle, de quelque manière qu'on y touche , nuisent et font du tort à celui qui les prend et les serre dans ses mains. Mais il n'en est pas ainsi des biens spirituels : semblables à une pierre précieuse, de quelque côté qu'on les tourne et qu’on les regarde, ils réjouissent la vue. »

Saint Jean Chrysostome, Homélie LXXXVIII (2-3) sur l'Evangile de Jean, in Oeuvres complètes (Tome VIII), traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-Le-Duc, L. Guérin & Cie, Éditeurs 1865.

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