Méditation : la Miséricorde, venue de la lumière en nos ténèbres (25 avril 2014)

« Comme vous savez bien, ô mon Dieu, exprimer les nuances ! En vous il n'y a qu'amour, et je ne l'avais pas remarqué encore avec assez de netteté. La Miséricorde n'est que le reflet de cet amour quand sa lumière traverse la zone d'ombre dont le péché nous a enveloppés. La Miséricorde c'est le mouvement de la lumière dans les ténèbres. "La lumière luit dans les ténèbres" (Jn 1, 5). Elle est venue les illuminer ; elle a quitté son royaume pour les visiter et les refaire à votre image rayonnante ; elle est venue parce qu'elle est l'amour ; elle procède de l'amour ; elle en est le rayon éclatant candor lucis aeternae (Sg 7, 26). Elle a besoin de se répandre, de se communiquer, de rayonner. Elle porte en elle ce besoin parce qu'elle est née du sein paternel d'où procède ce mouvement. Les ténèbres où elle ne brille pas l'attirent, sollicitent ce besoin ; un appel semble en sortir qui lui crie : "Viens en nous". Cet appel est irrésistible pour elle ; il correspond tellement à ce besoin essentiel de son être qu'elle en sort, qu'elle jaillit, qu'elle s'élance, qu'elle fait ce pas de géant sur la route qui s'ouvre devant elle : "Il s'élance comme un géant pour fournir sa carrière" (Ps 19, 6). Elle devient la Lumière qui se donne aux ténèbres, qui luit dans les ténèbres : et c'est la Miséricorde, l'amour de Celui qui est pour ce qui n'est pas.

Celui qui est peut donner au néant le pouvoir de se donner comme il se donne lui-même, librement et par amour : c'est le privilège de l'homme, la liberté. L'homme peut correspondre à l'Amour ou le refuser. S'il correspond, il s'unit à lui, ne fait qu'un avec lui, partage sa vie et sa grandeur. S'il le refuse, il reste en lui-même, en son néant, mais dans un néant qui aurait pu s'unir à l’Être, qui était appelé à le faire, qui était pourvu de puissance pour s'en emparer et en jouir, et qui a manqué sa destinée, donc tout en lui est manqué, déçu, ruiné. Et c'est là proprement la misère que la divine Miséricorde a voulu secourir.

Et c'est là aussi que s'accordent ces deux sœurs que nous ne savons pas assez associer : la Miséricorde et la Justice. »

Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Face à Dieu - La prière selon un Chartreux, Parole et Silence, 1999.

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