Cérémonie de signature de la Déclaration contre l'esclavage par les responsables religieux (02 décembre 2014)

En cette Journée pour l'éradication de l'esclavage moderne, le siège de l'Académie pontificale des sciences a accueilli la cérémonie au cours de laquelle le Pape et des leaders d'autres grandes religions ont signé la déclaration commune, rédigée le 17 mars au Vatican lors de la constitution du Global Freedom Network, dont l'objectif est l'éradication de ce fléau d'ici 2020.

Les chefs religieux ainsi réunis au Vatican ont souligné le fait que l'esclavage moderne constitue un crime contre l'humanité qui doit être reconnu comme tel par tout individu et par toutes les nations. Ils ont affirmé leur volonté commune de susciter, partout dans le monde, une action spirituelle et concrète parmi toutes les confessions et personnes de bonne volonté en vue d'éradiquer l'esclavage moderne.

Texte intégral de l'intervention du Saint-Père :

« Mesdames et Messieurs,

Je remercie tous les leaders religieux réunis ici pour leur engagement en faveur des victimes de la traite des personnes, et toutes les personnes présentes pour leur participation intense dans cette démarche de fraternité, spécialement envers les personnes les plus souffrantes de nos frères.

Inspirés par nos confessions de foi, nous sommes réunis aujourd'hui pour une initiative historique et une action concrète : nous déclarons que nous allons œuvrer ensemble à l'éradication du terrible fléau de l'esclavage moderne, sous toutes ses formes.

L'exploitation physique, économique, sexuelle ou psychologique d'hommes et de femmes, d'enfants garçons et filles, enchaîne actuellement des dizaines de millions de personnes à l'inhumanité et l'humiliation. Chaque être humain - homme, femme, garçon, fille - est une image de Dieu ; Dieu est Amour et liberté, qui se donne dans des relations interpersonnelles ; et chaque être humain est une personne libre, destinée à exister pour le bien des autres, dans l'égalité et la fraternité. Chaque personne et tous les peuples sont égaux et on doit leur reconnaître la même liberté et la même dignité. Toute relation discriminante qui ne respecte pas la conviction fondamentale que l'autre est comme soi-même constitue un crime, et très souvent un crime aberrant.

Par conséquent, nous déclarons au nom de tous et de chacune de nos croyances que l'esclavage moderne, sous la forme de traite des êtres humains, de travail forcé, de prostitution, d'exploitation d'organes, est un crime contre l'humanité. Leurs victimes sont de tous les horizons, mais la plupart du temps ils se trouvent parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de nos frères et sœurs.

Au nom de ces hommes et femmes, qui appellent à l'action nos communautés de foi, et sans exception rejettent complètement toute privation systématique de la liberté individuelle aux fins d'une exploitation personnelle ou commerciale, en leur nom nous faisons cette déclaration.

Malgré les efforts de beaucoup, l'esclavage moderne est encore un fléau atroce qui est présent sur une grande échelle à travers le monde, y compris dans le tourisme. Ce crime contre l'humanité est masqué par des coutumes apparentes acceptées, mais qui en réalité fait ses victimes dans la prostitution, la traite des êtres humains, le travail forcé, l'esclavage, les mutilations, la vente d'organes, l'abus de drogues, le travail des enfants. Il est caché derrière des portes closes, dans des maisons privées, dans les rues, dans les voitures, les usines, les champs, les bateaux de pêche et en de nombreuses autres endroits.

Et cela se produit à la fois dans les villes et dans les villages, dans les bidonvilles des pays les plus riches et les plus pauvres dans le monde. Et le pire, c'est qu'une telle situation, malheureusement, s'aggrave chaque jour.

Nous appelons à l'action tous les hommes de foi et leurs dirigeants, les gouvernements et les entreprises, tous les hommes et femmes de bonne volonté, pour qu'ils apportent leur soutien indéfectible et qu'ils se joignent au mouvement contre l'esclavage moderne, sous toutes ses formes. Soutenus par les idéaux de nos croyances et nos valeurs humaines partagées, nous pouvons et devons tous élever le niveau des valeurs spirituelles, l'effort commun, la vision libératrice sur la manière d'éradiquer l'esclavage de notre planète.

Je demande au Seigneur de nous accorder désormais la grâce de devenir nous-mêmes le prochain de chaque personne, sans exception, et de fournir un soutien actif chaque fois qu'il croise notre route, que ce soit une personne âgée abandonnée de tous, un travailleur injustement asservi et méprisé, une réfugiée ou un réfugié pris dans les pièges de la mauvaise vie, un jeune homme ou une jeune femme qui marche dans les rues du monde, victime du commerce sexuel, un homme ou une femme prostitué, trompés par des gens sans crainte de Dieu, un enfant garçon ou fille mutilé dans son corps, qu'ils appellent nos consciences en écho à la voix du Seigneur : "Je vous le dis à chaque fois que vous l'avez fait à l'un de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait."

Chers amis, je vous remercie pour cette réunion, je vous remercie pour cet engagement transversal qui nous concerne tous. Nous sommes tous un reflet de l'image de Dieu et nous sommes convaincus que nous ne pouvons tolérer que l'image du Dieu vivant soit soumise à l'esclavage.

Merci beaucoup ! »

Traduction © Chemin d'Amour vers le Père.

Texte original en espagnol sur le site internet du Vatican.

 

Déclaration inter-religieuse signée ce matin au Vatican

"Nous, soussignés, sommes réunis ici aujourd’hui dans le cadre d’une initiative historique visant à susciter une action spirituelle et concrète de la part de toutes les confessions et personnes de bonne volonté partout dans le monde, afin d’éradiquer de manière définitive l’esclavage moderne dans le monde d’ici 2020. Aux yeux de Dieu (et de nos différentes religions), chaque être humain est une personne libre, qu’il soit garçon ou fille, femme ou homme, destinée à exister pour le bien de tous en toute égalité et fraternité. L’esclavage moderne, sous ses formes de la traite des êtres humains, du travail forcé ou de la prostitution, du trafic d’organes, comme de toute attitude allant à l’encontre de la conviction selon laquelle tous les êtres humains sont égaux et bénéficient du même droit à la liberté et la dignité, est un crime contre l’humanité.

Nous nous engageons aujourd’hui à faire tout ce qui est en notre pouvoir, au sein de nos communautés religieuses et au-delà, pour travailler ensemble pour la liberté de tous ceux qui sont réduits en esclavage et victimes de traite, afin de leur redonner un avenir. Aujourd’hui, nous avons la possibilité, la conscience, la sagesse, l’innovation et la technologie pour atteindre cet impératif humain et moral".

Souscriptions :

de SS le Pape François, chef de l'Eglise catholique romaine.
de SS Mme.Mata Amritanandamayi, représentante de l’hindouisme (Inde).
de la Vénérable Sr.Chân Không, représentant du Grand Maître du bouddhisme Zen Bhikkhuni Thich Nhat Hanh (Thaïlande).
du Vénérable Datuk K Sri Dhammaratana, Grand Prêtre bouddhiste de Malaisie.
de M.le Rabbin Abraham Skorka, Recteur du séminaire rabbinique latino-américain (Argentine).
de M.le Rabbin David Rosen, Président de l'International Council of Christians and Jews (Israël).
du Dr.Abbas Abdalla Abbas Soliman, représentant le Grand Imam Mohamed Ahmed El-Tayeb de l'Université Al-Azhar (Egypte).
du Grand Ayatollah Mohammad Taqi al-Modarresi (Irak).
du Scheik Naziyah Razzaq Jaafar, représentant du Grand Ayatollah Sheikh Basheer Hussain al Najafi (Pakistan).
du Scheik Omar Abboud (Argentine).
de SG Justin Welby, Archevêque de Canterbury et primat de l'Eglise anglicane.

de SE le Métropolitain de France Emmanuel, représentant SS le Patriarche oecuménique.

Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 2.12.14).

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