Visite du Pape François à Naples : Rencontre avec la population napolitaine (21 mars 2015)

A la suite de sa visite au sanctuaire marial de Pompéi, le Pape est désormais à Scampia. Il a été accueilli par l'archevêque de Naples, le cardinal Crescenzio Sepe, par le président de la Région de Campanie, le préfet et le maire de la ville dans ce quartier populaire situé au nord de Naples, surnommé il y a quelques années « le supermarché italien des drogues ». Dans son intervention, largement improvisée, le Pape a appelé les Napolitains à ne pas se faire voler leur espérance et à ne pas la voler aux autres. « En volant, on gagne peut-être un petit pécule, mais on vole l’espérance, la nôtre, celle de notre prochain et celle de la société », a expliqué le Pape qui appelle chacun à se « nettoyer l’âme », car « la corruption empeste ! » et « tous nous pouvons être corrompus ». François a invités les habitants de Naples à faire sentir aux migrants qu’eux aussi sont des fils de Dieu. Enfin il s’en est pris au système économique mondial qui prive l’homme de travail et ainsi de sa dignité.

Tous des migrants

« Francesco, Francesco ». A son arrivée, la foule a scandé son nom, des milliers de personnes, des centaines d’enfants, des migrants venant du continent africain ou d’Asie. Entouré d’enfants, le Pape a écouté le témoignage de trois personnes : une Philippine, un ouvrier et un magistrat.

La jeune femme philippine, a pris la parole au nom des migrants et des sans-domicile-fixe. Elle a demandé au Pape de « faire savoir à l’humanité » qu’eux aussi son fils de Dieu, que le Pape les regarde avec amour comme cela « peut-être pour une fois, nous pourrons nous sentir importants et fiers de cette prédilection ».

« Mais est-ce vraiment nécessaire ? Faut-il encore rappeler cela : que les migrants ne sont pas des citoyens de seconde classe ! » Le Saint-Père a ainsi interpellé la foule, leur rappelant que les migrants sont des citoyens et des fils de Dieu. « On ne peut pas dire, les migrants sont comme ça, et pas nous... » Chaque personne sur terre est elle-même un migrant. « Ce n’est pas écrit dans un livre, mais dans notre chair, notre chemin de vie. » Personne, explique-t-il, n’a un chemin fixé sur la terre, nous devons tous nous en aller, pour trouver Dieu l’un après l’autre. « Nous sommes tous des personnes en chemin vers le Père ».

« On doit défendre notre dignité. On ne doit pas se taire »

La deuxième personne à s’adresser au Pape fut un ouvrier se désolant de l’absence de travail, de voir sur le visage de ses proches « le désespoir de ceux qui ne parviennent plus à aller de l’avant ». L’absence de travail, « un signe négatif de notre temps » convient le Pape sensible en particulier au chômage des jeunes. En Italie, affirme François, plus de 40% des moins de 25 ans sont privé de travail. « Que fait un jeune sans travail ? Quel futur a-t-il ? Quel choix de vie a-t-il ? » Pour le Pape, le manque de travail n’est pas la responsabilité de la seule ville de Naples, ou de l’Italie, c’est une responsabilité du monde. Le système économique actuel « met à l’écart des gens », « c’est grave ». Il existe des œuvres de charité, la Caritas qui distribue des repas, mais le Pape se faisant la voix des chômeurs s’insurge : « le problème, ce n’est pas de manger. Le problème c’est de pouvoir apporter du pain à la maison, de pouvoir le payer soi-même ». Le manque de travail vole la dignité de l’homme. Vivement applaudi par la foule, le Souverain Pontife invite la population à réagir. « On doit défendre notre dignité. On ne doit pas se taire ».

Concernant la problématique de l’emploi, il s’est également emporté contre ce qu’il qualifie de « travail à moitié ». Il y a quelques temps, raconte-t-il, une jeune fille a trouvé un travail dans une entreprise touristique. Mais à quelle condition. Elle devait travailler 11 heures par jour pour 600 euro par mois, sans cotisation retraite. On lui a fait savoir qu’elle n’avait qu’à décliner si elle n’en voulait pas, tant de gens faisaient la queue pour ce travail. « Cela, c’est de l’esclavage, de l’exploitation ! Cela, ce n’est pas ni humain, ni chrétien ! Et s’il (l’employeur) se dit chrétien, Il ment ! » Le Pape a de la même manière dénoncé le travail au noir.

« la corruption empeste »

Le dernier Napolitain à avoir pris la parole était le Président de la cours d’appel de Naples, qui a dénoncé la corruption publique et privée qui « atrophie l’éthique », « génère la délinquance juvénile, le désespoir et la mort ». Le Pape s’est arrêté longtemps sur cette parole « si souvent utilisé aujourd’hui », la corruption. D’abord, souligne-t-il, il y a tant de manière d’être corrompu : quand on ferme sa porte à un migrant ou qu’on n’offre pas de travail... Cela concerne chacun. La corruption n’est pas propre à certains individus. « Le glissement » est « facile ». Comme le corps d’un animal corrompu, la corruption « empeste ». Le Pape invite chacun « à nettoyer son âme ». Enfin, il rappelle aux représentants des pouvoirs publics présents à Scampia que la « bonne politique est une des expressions les plus haute de la charité, du service et de l’amour ».

Si le Saint-Père s’est rendu à Naples ce samedi, c’est, dit-il, pour « donner une impulsion à un chemin d’espérance, de renaissance et d’assainissement déjà en cours. » Soulignant la grande chaleur des Napolitains, leur capacité à se relever des moment d’épreuve, mais aussi leur religiosité et leur piété, il les a encouragé à aller de l’avant sans se faire voler leur espérance qui vient du Christ, et sans voler eux-mêmes l’espérance à quiconque.

Source : Radio Vatican.

Texte intégral du discours en italien sur le site internet du Vatican.

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