Un roman historique remarquable : "Moi Augustin, prêtre martyr de la Révolution française" (10 mai 2015)

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Moi Augustin, prêtre martyr de la Révolution française
Marieke Aucante

« Ces prêtres ont voulu que j'écrive... J'ai simplement entendu leur prière. »

Ce roman historique a pris naissance dans l'intimité d'une petite chapelle de l'île d'Aix, en une rencontre au-delà du temps, entre l'auteur et ces prêtres martyrs déportés pendant la Terreur, balayés par la fureur révolutionnaire, entre les pontons de La Rochelle et l'île Madame. L'abbé Augustin en est le personnage central, fictif mais inspiré de faits réels, et l'ensemble du récit déroule une fresque rigoureusement historique, comme en témoignent d'ailleurs quelques pièces annexes données en fin d'ouvrage.

Rien de sentencieux ni de pontifiant ici, le trait n'est pas forcé et le propos jamais doctoral. L'on suit au jour le jour la vie de ces prêtres autour desquels un étau implacable se resserre, jusqu'à leur capture et leur enfermement, dans des conditions dignes des plus noires tyrannies. Porté par une foi chevillée au corps, se refusant à toute haine et repoussant farouchement toute tentation de vengeance, l'abbé Augustin assiste impuissant au déferlement de la haine antireligieuse qui s'abat sur la France, avant d'en subir lui-même jusqu'au plus profond de sa chair les morsures crucifiantes. Priant autant que ses forces le lui permettent, et tout donné au soulagement des souffrances de ses compagnons de misère, l'abbé Augustin s'accroche au peu de vie qui anime encore son corps décharné. Et tandis que Carrier répand la mort par milliers à Nantes dans la "baignoire nationale", c'est dans les cales de deux bateaux en rade de La Rochelle que vont périr par centaines prêtres et religieux, placés sous l'autorité meurtrière de commandants "plus inhumains et plus barbares que Carrier". Seule la mort de Robespierre permettra à quelques-uns d'en réchapper.

64 d'entre eux ont été béatifiés par Jean-Paul II le 1er octobre 1995, dont les noms et paroisses sont listés en fin d'ouvrage. In memoriam.

Tour à tour émouvant ou tragique, poignant et dramatique, toujours passionnant, ce récit se dévore de la première à la dernière page, sans qu'il soit possible de reprendre  souffle, pris comme l'abbé héros du livre dans l'aspiration dévorante de cette machine à tuer le "religieux" que fut la Révolution. Et lorsque l'horizon enfin s'éclaircit, c'est avec le recueillement de l'abbé Augustin que l'on quitte ce livre remarquable, témoin d'une période d'acharnement antireligieux comme n'en avait jamais connu la France jusqu'alors.

Et l'on essayera de se souvenir des mots que l'auteur a laissés dans ses premières pages : "Les années que nous vivons aujourd'hui ont de vagues ressemblances avec la période prérévolutionnaire"... Mais témoins de cette guerre larvée qui fait son œuvre aujourd'hui, évidemment moins brutale et sans doute plus perverse, en sommes-nous bien conscients ? ...

Marieke Aucante est grand reporter à France Télévisions. Elle est l’auteur d’une douzaine de romans, essais, nouvelles, pièces de théâtre. Pour son engagement dans la protection de l’environnement et son implication dans la formation des professionnels et des familles accompagnant les personnes en situation de handicap, afin qu’elles retrouvent une place digne dans notre société, elle a reçu en juin 2008 les insignes de la Légion d’honneur.

Editions Salvator - 14 x 21cm - 248 pages - 20 €

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