Méditation pour les Rameaux : que vaut notre ferveur ? (20 mars 2016)

« Notre-Seigneur Jésus-Christ, au milieu de son triomphe, lisait dans les cœurs de tous ceux qui l'environnaient, il en voyait la sincérité : il voyait que leurs louanges étaient l'expression de l'admiration ; leurs acclamations, l'effusion de l'amour. Il approuvait leurs sentiments ; il en était touché ; mais avec la vérité de leurs transports, il en découvrait la légèreté. Il savait que tout vifs qu'ils étaient, ils ne seraient pas de longue durée. Il prévoyait avec certitude ce qui arriva si peu de temps après, que ce peuple, qui lui témoignait un si vif attachement, l'abandonnerait lâchement à ses ennemis. En effet, un petit nombre de jours est à peine écoulé, que tous ces hommes, aujourd'hui si ardents, sont devenus de glace. De toute cette multitude qui le comble de bénédictions, il ne s'élèvera pas une voix en sa faveur, pas une qui prenne sa défense, pas une qui rende témoignage à ses miracles, à ses instructions, à ses vertus dont on est en ce moment si émerveillé. Peut-être même dans cette foule empressée à l'honorer, aperçoit-il des hommes qui se réuniront à ses persécuteurs. Peut-être parmi ceux qui crient aujourd'hui : Hosanna, en voit-il qui dans cinq jours crieront contre lui : Qu'on le crucifie. [...]

Hélas ! ce que du milieu de son triomphe, le divin Sauveur démêlait dans ceux qui l'environnaient, ne l'aperçoit-il pas encore, du haut de son autel, dans ceux qui en approchent ? [...] Il voit la multitude de chrétiens tièdes, qui s'approchent de son sacrement avec un cœur non pas précisément livré au vice, mais pas adonné à la vertu ; qui désirent le bien, mais pas assez fortement pour le faire ; qui sentent quelque attachement pour lui, au moment où ils montent à sa table sainte, mais qui le perdront peu de temps après qu'ils en seront descendus ; qui se trompent sur leurs sentiments, prenant leur velléités pour des résolutions, leurs faibles tentatives pour des efforts, les élans passagers d'affection pour un amour solide, dont les protestations seront oubliées à la première tentation, et les promesses violées au premier obstacle ; qui en un mot, [...] après un petit nombre de jours, l'auront abandonné, peut-être même trahi... »

Cardinal César-Guillaume de La Luzerne (1738-1821), Explication des Évangiles des dimanches, et de quelques-unes des principales fêtes de l'année, Tome second (Évangile du dimanche des Rameaux), Cinquième édition, Paris, Méquignon Junior, 1829.

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Méditations pour le Dimanche des Rameaux proposées ces dernières années :
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