Méditation - Porter sa croix (14 septembre 2016)

« Voici la parole de l’Évangile qui semble la plus dure au commun des chrétiens : Si quelqu'un, dit Jésus-Christ, veut venir à ma suite, qu'il porte sa croix tous les jours, et qu'il me suive (1).
L’Évangéliste remarque qu'il adressait cette parole à tous.

Ainsi il n'est aucun de ceux qui font profession du Christianisme, qui ne doive la prendre pour soi. Il est dans l'ordre que le disciple suive le maître, et qu'il marche sur ses traces. Jésus-Christ ne nous propose la croix qu'après avoir porté lui-même la sienne tous les jours, depuis sa naissance jusqu'à son dernier soupir. Il l'a portée, l'ayant acceptée librement des mains de son Père ; et, quelque affreuse qu'elle fût pour la nature, dont elle exigeait l'entière immolation, il l'a acceptée et portée avec amour et avec joie, content de réparer la gloire de Dieu, et de racheter le genre humain par le sacrifice de son âme et de son corps.

Le chrétien doit donc à son exemple recevoir la croix que Dieu lui envoie, la porter volontiers tous les jours, et s'estimer heureux de remplir par là les desseins éternels de Dieu sur lui. Ceci est la condition essentielle pour appartenir à Jésus-Christ ; et quiconque ne s'y soumet pas est rejeté du nombre de ses disciples. [...]

Voilà ce que vous dites souvent : Si c'était toute autre croix, je l'endurerais volontiers. Vous vous faites illusion. La croix que vous portez est toujours celle qui vous pèse, et vous déplaît. Vous en diriez autant de toute autre, si vous veniez à en être chargé, et vous la trouveriez peut-être plus pesante. Le mal absent nous paraît toujours moindre que le mal présent, et si nous le désirons, c'est uniquement par impatience. Si les croix étaient laissées à votre choix, vous n'en prendriez aucune ; ou vous la choisiriez mal, et vous vous en repentiriez. Dieu sait mieux que vous ce qui vous est expédient ; il vous aime plus que vous ne vous aimez : il choisit mieux pour vous, que vous ne choisiriez vous-même, et s'il vous frappe dans un endroit sensible, c'est que le mal est là, et qu'il veut y appliquer le remède. »

1. Luc IX, 23.

P. Jean-Nicolas Grou s.j. (1731-1803), L’École de Jésus-Christ Tome premier (Vingt-troisième leçon), Société Saint-Augustin, Lille & Retaux-Bray, Paris, s.d. [1885] (Quatrième édition).

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(Crédit photo)

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