Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

« "Pour vous, quand vous priez, entrez  dans votre chambre." Or quelle est cette chambre, sinon le coeur lui-même, ainsi que le Psalmiste l'enseigne quand il dit : "Ce que vous dites dans votre coeur, repassez-le avec amertume sur votre couche (1). — Et, les portes fermées, priez votre Père en secret." C'est peu d'entrer dans sa chambre, si on en laisse la porte ouverte aux importuns, si les choses du dehors s'y introduisent et envahissent notre intérieur. Or nous avons dit que le dehors ce sont tous les objets temporels et visibles, qui pénètrent dans nos pensées par la porte, c’est-à-dire par les sens charnels, et troublent nos prières par une multitude de vains fantômes. Il faut donc fermer la porte, c'est-à-dire résister au sens charnel, en sorte que notre prière, toute spirituelle, s'élève vers le Père du fond du cœur où l'on prie le Père en secret. "Et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra." C'est par là qu'il fallait terminer ; car le Seigneur n'a pas en vue ici de nous recommander de prier, mais de nous appendre comment il faut prier ; comme plus haut, ce n'était point l'aumône qu'il recommandait, mais l'esprit dans lequel il faut la faire ; puisqu'il s'agit de la pureté du coeur, qui ne s'obtient qu'en fixant son intention unique, simple, sur la vie éternelle, par le seul et pur amour de la sagesse.

"Or, en priant, ne parlez pas beaucoup, comme les païens ; ils s'imaginent qu'à force de paroles il seront exaucés." Comme le propre des hypocrites est de se donner en spectacle dans la prière et de n'en attendre d'autre fruit que l'approbation des hommes ; ainsi le propre des païens, c'est-à-dire des gentils, est de s'imaginer qu'à force de paroles ils seront exaucés. Et en effet toute abondance de paroles vient des gentils qui s'appliquent plus à exercer leur langue qu'à purifier leur coeur. Ils s'efforcent de transporter dans la prière ce ridicule verbiage, dans l'espoir de fléchir Dieu, et dans la conviction que Dieu se laisse, comme l'homme, séduire par des paroles. "Ne leur ressemblez donc pas," dit le seul et véritable Maître. "Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez." Si en effet il faut une multitude de paroles pour informer et instruire celui qui ne sait pas, qu'en est-il besoin avec Celui qui connaît tout, à qui tout ce qui est parle, par cela seul qu'il est, et se présente comme un fait accompli ; à la science et à la sagesse duquel l'avenir n'est point caché ; pour qui tout ce qui est passé et tout ce qui passera est immuablement présent ? »

(1) : Ps. IV, 5.

Saint Augustin (354-430), Explication du Sermon sur la montagne (Livre II, ch. III, 11), Trad. de M. l'Abbé Devoille, des "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

Source : Abbaye Saint Benoît.

Les commentaires sont fermés.