Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

« "Car où est votre trésor, là est aussi votre coeur." Mais mettez votre trésor en dépôt dans le ciel, et vous ne retirerez pas seulement l’avantage d’y devenir heureux un jour, mais, par une récompense anticipée, vous aurez dès cette terre votre conversation dans le ciel, ne pensant plus qu’aux biens qui y sont, et n’ayant plus d’autre soin que de les posséder bientôt, puisque "où est votre trésor, là est aussi votre coeur." Que si au contraire vous cachez votre or dans la terre, vous y ensevelirez aussi votre âme, et elle deviendra toute terrestre. Et parce qu’il pouvait y avoir quelque obscurité dans ce discours, il l’éclaircit encore beaucoup par la suite.

"Votre oeil est la lampe de votre corps. Si votre oeil est pur et simple, tout votre corps sera éclairé. Mais si votre oeil est impur et mauvais, tout votre corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en vous n’est que ténèbres, combien seront grandes les ténèbres mêmes." Il a recours aux objets sensibles. Comme il vient de parler de l’âme qui devient captive, qui est réduite en esclavage, et que ces idées dépassaient la portée de la multitude, il se tourne vers les choses extérieures, vers les objets qu’on a tous les jours sous les yeux pour éclaircir et continuer son enseignement, se servant du sensible pour faire comprendre l’intelligible. Si vous ne concevez pas encore, leur dit-il, le malheur de cette âme, jugez-en par ce qui se passe dans le corps. Car l’esprit est à l’âme ce que l’oeil est au corps. Vous ne consentiriez certainement jamais à payer par la perte de vos yeux la vaine satisfaction de porter des vêtements d’or et de soie ; vos yeux, une fois perdus, quel serait désormais le bonheur de votre vie ? Or, l’extinction de la lumière intellectuelle n’a pas de suites moins graves pour l’âme que n’en a pour le corps la perte de la vue ; soyons donc conséquents, et si nous prenons tant de soin pour conserver l’oeil qui dirige notre corps, n’en ayons pas moins pour entretenir saine et sauve la raison qui éclaire notre âme. D’où nous viendra désormais la lumière si nous en éteignons en nous le foyer ? Comme celui qui arrête la source d’un fleuve en dessèche aussitôt le lit, de même celui qui obscurcit sa raison, plonge aussi du même coup toute sa vie dans les ténèbres. C’est pourquoi Jésus-Christ dit : "Si la lumière qui est en vous n’est que ténèbres, combien seront grandes les ténèbres mêmes ?" Lorsque la lampe s’éteint, lorsque le pilote se noie, lorsque le général d’armée est pris, quelle espérance reste-t-il aux autres ? »

Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu (Homélie XX, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII), traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

Source : Abbaye Saint-Benoît

Les commentaires sont fermés.