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1er juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

Quelle cause et quel motif doivent nous porter à communier

« Eprouvez-vous vous-même pour reconnaître quelle cause ou quels motifs vous portent à vous approcher de ce sacrement. Vous devez ici diriger l'attention de votre esprit sur deux points principaux : d'abord sur la pureté de votre affection et la sainteté de votre désir, et ensuite sur l'intention que vous devez avoir et le but que vous devez vous proposer.

Voyez donc par quel désir vous agissez : si ce n'est point par avarice, par orgueil ou vaine gloire, par habitude ou complaisance mondaine, ou en vue de quelque faveur temporelle que vous vous approchez ; car il y en a beaucoup de nos jours qui abusent pour leur ruine de ce qui nous a été donné pour notre salut. Hélas ! hélas ! hélas ! Seigneur mon Dieu, combien aujourd'hui de malheureux prennent les saints ordres, reçoivent le caractère sacerdotal, qui n'ont en vue qu'un pain terrestre et nullement le pain céleste ; qui ne sont point conduits par l'esprit, mais par l'amour du gain ; qui ne cherchent point l'honneur de Dieu, mais la satisfaction de leur ambition ; qui s'inquiètent peu du salut des âmes, mais beaucoup du revenu qu'ils pourront tirer ! Combien qui ne se proposent pas de servir Dieu avec un coeur pur et un corps immaculé en se consacrant à ses divins mystères, mais de vivre dans les délices, de s'enrichir, de satisfaire leur orgueil, de s'engraisser du patrimoine de Jésus-Christ et du bien des pauvres ! Hommes funestes, dont l'ambition ravit, par les procès et la simonie, les dignités ecclésiastiques plutôt qu'elle ne les obtient ! Non, ils ne sont point appelés de Dieu ; ils n'ont reçu d'impulsion que de Satan, comme Dathan et Abiron. Pour vous, ô homme de Dieu, que le Seigneur soit l'objet de vos voeux et de vos désirs ; et voyez quelles affections, quels sentiments vous portent à célébrer nos sacrés mystères.

1° Que ce soit votre conscience qui vous attire, le souvenir de vos fautes passées, dans l'espérance que par Jésus-Christ, comme par une victime d'expiation, vous serez purifié de vos péchés.

2° Que ce soit la vue et la considération de votre infirmité qui vous fassent appeler à vous le Sauveur comme un médecin qui doit fortifier votre faiblesse.

3° Que ce soit le fardeau de la tribulation, afin d'être, par celui qui peut tout, délivré de toute adversité, protégé contre toute affliction.

4° Que ce soit le désir d'obtenir quelque grâce ou quelque faveur spirituelle, par celui à qui le Père céleste ne peut rien refuser.

5° Que ce soit la reconnaissance pour tous les bienfaits temporels et spirituels accordés à vous et aux autres ; car comment témoigner notre gratitude à Dieu pour tous les biens dont il nous a comblés, si ce n'est en recevant le calice du salut, et en lui sacrifiant la victime de louange, qui est Jésus-Christ ?

6° Que ce soit la charité, la compassion pour le prochain, tant pour les vivants que pour les morts, rien ne pouvant intercéder plus efficacement que le Sang de Jésus-Christ répandu pour la rémission des péchés.

7° Que ce soit l'honneur de Dieu et des saints, car nous n'avons en notre pouvoir aucun moyen plus puissant pour louer le Seigneur et les bienheureux suivant leur dignité, que d'offrir et de sacrifier sacramentellement Jésus-Christ à son Père céleste.

8° Que ce soit l'amour et l'affection que vous portez à Dieu qui vous fassent l'inviter à venir en vous, afin qu'après vous l'être uni intimement en vous nourrissant de lui spirituellement, vous l'embrassiez avec délices au-dedans de vous-mêmes.

9° Que ce soit la soif, le besoin d'offrir des actions de grâces ; car ce sacrement contient la source de toute grâce et de toute sanctification ; il contient l'auteur même du salut, Jésus-Christ Notre-Seigneur. C'est pour cela qu'on l'appelle Eucharistie, qui veut dire grâce excellente ; tandis que les autres sacrements ne sont que les canaux ou les ruisseaux des grâces qui nous sanctifient.

10° Enfin que ce soit l'ardeur qui vous fait soupirer du fond de vos entrailles après le moment où, par la vertu de cette charité excessive et la douceur de cet aliment sacré, vous serez purifié de toute souillure de l'âme et du corps, soustrait à tous les dangers et les tentations, uni inséparablement à Jésus-Christ votre Sauveur, et maintenu dans son amour. Ce sont ces effets qu'exprime Jésus-Christ quand il dit à son Père : "Je désire que là où je suis, ceux que vous m'avez donnés y soient avec moi ; qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et vous en moi, afin qu'ils soient consommés dans l'unité" (1 Jn 17). »

Saint Bonaventure (1217-1274), De la préparation à la Sainte Messe (ch. VIII), in "Oeuvres spirituelles de S. Bonaventure" (vol. II), Traduites par M. l'Abbé BEerthaumier, Curé de Saint-Pallais, Paris, Louis Vivès, Libraire-Editeur, 1854.

Source : Abbaye Saint Benoît.

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