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Méditation : qu'est-ce que "mourir à soi-même" ?

« Qu'est-ce que "mourir à soi-même" ? C'est étouffer en soi la vie de l'amour-propre, et ses goûts, ses sentiments, les fausses douceurs. L'attachement qu'on a pour elles, et telles personnes, soit du dedans, soit du dehors, donnent du plaisir et de la satisfaction ; il faut renoncer à ce plaisir, rompre cet attachement, dire en soi-même : Je n'ai que faire de cela ; je ne veux que Jésus-Christ, lui seul me suffit ; je ne veux trouver de repos, goûter de plaisir qu'en lui. Si je ne trouve pas d'abord en lui cette douceur qui étouffe celle que je trouvais dans la conversation de ces personnes, j'aurai patience : j'emprunterai de la foi des motifs pour m'animer ; je supporterai les aridités, les dégoûts et les peines ; j'aimerais mieux vivre dans la souffrance que dans l'infidélité. Cela s'appelle mourir à soi-même.

J'aime beaucoup mon corps ; je me plais à contenter mes sens ; j'ai peur que, si je n'ai bien soin de ma santé, je ne meure jeune, ou que je ne devienne infirme. En vue de Jésus-Christ, qui a choisi la croix pour l'amour de moi ; en vue des saints, qui ont fait de si étranges mortifications ; dans le désir de m'abandonner à la Providence, par le motif de plaire à Dieu, je veux faire souffrir à mon corps cette petite peine, lui retrancher cette satisfaction, quitter ce soin de ma santé, sacrifier ma vie plutôt que d'être esclave de tant de petits remèdes, et de mener une vie agonisante dans la crainte de mourir. Je me ferai violence ; je prendrai plaisir à me voir un peu délaissée, à manquer de secours qui flattent mon inclination naturelle ; je ne chercherai point, selon mon ancienne habitude contractée dès le berceau, qu'on me plaigne, qu'on me caresse, qu'on me donne tout ce qui me peut accommoder.

Je suis naturellement portée à vouloir qu'on ait bonne opinion de moi ; j'aime à être considérée parmi celles avec qui je vis ; je suis bien aise qu'on ait pour moi des égards ; quand on n'en a pas, je me choque, et le moindre mépris me cause un sensible chagrin. Il faut qu'en vue de Jésus-Christ délaissé et humilié, je tâche d'étouffer dans mon cœur la satisfaction que je sens de me voir estimée, appuyée d'une telle personne, de voir les marques d'amitié qu'on me donne. Il faut qu'en vue des opprobres de mon Sauveur, j'en vienne jusqu'à me réjouir d'être traitée comme un néant, comme une folie, malgré les répugnances de mon amour-propre. Cela, c'est mourir à soi-même. »

R.P. Jean-Joseph Surin s.j. (1600-1665), Lettre CLV à la Mère Marie-Thérèse Cornulier, supérieure du second monastère de la Visitation de Rennes, in "Lettres spirituelles" Tome II, Périsse Frères, Lyon - Paris, 1843 (Nlle édition).

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La Croix de Provence, sur la montagne Sainte-Victoire (Source photo)

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