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Visite et discours du Pape François au Parlement européen à Strasbourg

Le Pape François s’est adressé ce mardi 25 novembre peu avant midi à « plus de 500 millions de citoyens des 28 pays membres » de l’Union européenne. 35 minutes durant, devant les eurodéputés réunis au sein du Parlement européen à Strasbourg, le Souverain Pontife a abordé de très nombreuses questions, des droits de l’Homme aux racines chrétiennes du Vieux continent, en passant par le travail, l’immigration et l’écologie.

François a ainsi déployé une réflexion très ample, rappelant la disponibilité du Saint-Siège et de l’Église pour la poursuite du dialogue avec les institutions européennes.

Texte intégral du discours en français sur le site internet du Vatican.

Le premier Pape non-européen à fouler le sol des institutions européennes a inscrit sa visite dans le monde d’aujourd’hui, « plus d’un quart de siècle après celle accomplie par le Pape Jean-Paul II ». 26 ans plus tard, le Pontife argentin a concédé que « beaucoup de choses ont changé. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent en deux n’existent plus » et, se référant au discours de son prédécesseur polonais en 1988, François a émis le « désir que “l’Europe, se dotant souverainement des institutions libres et pouvant un jour se déployer aux dimensions que lui ont donné la géographie et plus encore l’histoire”, se réalise lentement ».

François a dessiné un portrait parfois dur de l’Europe d’aujourd’hui, inscrit dans un « monde plus complexe, en fort mouvement, toujours plus interconnecté et globalisé » : l’image du continent est aujourd’hui « un peu vieillie et comprimée ». Elle tend à se sentir « moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance et parfois avec suspicion ». Un projet envers lequel s’est aussi « accrue la méfiance des citoyens ». Le Pape s’est fait l’écho « d’une impression générale de fatigue et de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante ».

La centralité de l’Homme

L’être humain est au centre du discours du Pape François. Ses droits d’abord, au sein de l’Union européenne « comme dans ses rapports avec les autres pays ». Il s’agit pour le Saint-Père d’un « engagement important et admirable, puisque trop de situations subsistent encore dans lesquelles les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux ».

Alors applaudi, François a rappelé que « promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques ». Aux droits s’ajoutent aussi les devoirs, car « tout être humain est lié à un contexte social », aux « autres et au bien commun de la société elle-même ». L’absence de ce sens du bien commun mène vers conflits et violences, selon le Pape.

Mais l’Homme est miné par la solitude, « l’une des maladies les plus répandues en Europe ». Un mal accentué par la crise économique frappant d’abord les personnes âgées, « abandonnées à leur destin », les jeunes, « privés de points de référence et d’opportunités pour l’avenir », les pauvres et les migrants, à la « recherche d’un avenir meilleur ». Sans compter plus généralement sur des « styles de vie un peu égoïstes ». Le risque pour l’être humain, selon le Souverain Pontife, est « d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser ». Le résultat, la « culture du déchet » : « lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme, elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître ».

Il faut donc « favoriser les capacités » de l’Homme. En commençant par l’éducation, « à partir de la famille, cellule fondamentale et élément précieux de toute société », puis par les institutions éducatives et, enfin, l’emploi, dont les politiques doivent être favorisées, car il est « nécessaire de lui redonner la dignité en garantissant d’adéquates conditions à sa réalisation ».

« Une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme »

Le Pape François s’est aussi adressé directement, et à plusieurs reprises, aux eurodéputés, qui l’ont maintes fois applaudi. Il leur a rappelé l’exigence qui se pose devant eux : « maintenir vivante la démocratie des peuples d’Europe », car l’Europe est une « famille des peuples ». Cela demande « d’éviter les manières globalisantes de diluer la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anhistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse ».

Il leur a aussi rappelé les racines chrétiennes de leur continent : « une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme, ainsi que cet esprit humaniste qu’elle aime et défend ».

François « estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance ». Et au Pape de rassurer : « cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des Etats ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement ». Et les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montre bien : « la paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne ».

« Une histoire bimillénaire lie l’Europe et le christianisme, a poursuivi François. Une histoire non exempte de conflits, d’erreurs et de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien ».

Et de conclure, insufflant force et espoir dans ses paroles : « le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi ».

Source : Radio Vatican.

Pour mémoire : Jean Paul II, Discours au Parlement Européen, le 11 octobre 1988 et Discours à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le 8 octobre 1988.

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