Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

1er jour du voyage apostolique du Pape François en Turquie


Pour son sixième voyage apostolique, le Saint-Père a quitté ce matin Rome à destination d'Ankara. A l'instar de ses prédécesseurs, il entend lui imprimer un caractère principalement œcuménique car la Turquie a une place à part au plan géographique, mais aussi pour les Papes. A l'annonce de son élection, les autorités turques définirent Jean XXIII "le premier Pape turc de l'histoire". Il est vrai que Angelo Roncalli avait laissé un souvenir très positif de son séjour de 1935 à 1944 comme Délégué apostolique. En 1967 ensuite, Paul VI fut le premier à y effectuer un voyage officiel, en corollaire à sa visite historique en Terre Sainte. Ce fut le tour de Jean-Paul II en 1979 puis de Benoît XVI en 2006.


Accueil et Rencontre avec les autorités (discours ci-dessous)

Après trois heures de vol, l'avion papal a atterri dans la capitale turque à 13h locales (midi heure de Rome). Après la brève cérémonie d'accueil, il s'est rendu au centre d'Ankara pour s'incliner devant le tombeau de Mustafa Kemal, dit Atatürk, le Père des Turcs (1881-1936), premier Président de la République et créateur de l'état moderne. Après avoir déposé une couronne de fleur et signé le livre d'or du mausolée, le Pape a gagné le nouveau palais présidentiel, où il s'est entretenu en privé avec le chef de l’État M. Recep Tayyip Erdogan. Au livre d'or du mausolée, le Pape François a écrit : "Mes vœux les plus sincères afin que la Turquie, pont entre deux continents, ne soit pas qu'un carrefour mais aussi un espace de rencontre, de dialogue et de paix entre hommes et femmes de toute ethnie, culture et religion". Dans celui de la présidence : "Puisse le Tout Puissant concéder paix et prospérité au peuple turc. Puisse ce pays être tout entier une aire de coexistence pacifique entre cultures et populations, dans laquelle chacun se sente protégé dans sa dignité et soit libre de professer sa foi librement".

Avant de s'entretenir avec le nouveau Premier Ministre, il s'est adressé aux corps constitués :

Texte intégral du discours du Pape François :

« Monsieur le Président,
Distinguées Autorités,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de visiter votre pays, riche de beautés naturelles et d’histoire, rempli de traces d’antiques civilisations et pont naturel entre deux continents et entre différentes expressions culturelles. Cette terre est chère à tout chrétien pour avoir donné le jour à saint Paul, qui a fondé ici diverses communautés chrétiennes ; pour avoir hébergé les sept premiers Conciles de l’Église, et pour la présence, près d’Éphèse, de ce qu’une vénérable tradition considère comme la « maison de Marie », le lieu où la Mère de Jésus a vécu pendant quelques années, but de la dévotion de beaucoup de pèlerins, non seulement chrétiens mais aussi musulmans, venus de partout dans le monde.

Cependant, les raisons de la considération et de l’estime pour la Turquie ne sont pas à chercher uniquement dans son passé, dans ses antiques monuments, mais elles se trouvent dans la vitalité de son présent, dans l’ardeur au travail et la générosité de son peuple, dans son rôle dans le concert des nations.

C’est pour moi un motif de joie d’avoir l’opportunité de poursuivre avec vous un dialogue d’amitié, d’estime et de respect, dans le sillage de celui entrepris par mes prédécesseurs, le bienheureux Paul VI, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, dialogue préparé et favorisé à son tour par l’action de celui qui était alors Délégué Apostolique, Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, devenu saint Jean XXIII, et par le Concile Vatican II.

Nous avons besoin d’un dialogue qui approfondisse la connaissance et valorise avec discernement les nombreuses choses qui nous unissent, et en même temps nous permette de considérer les différences avec un esprit sage et serein, pour pouvoir aussi en tirer un enseignement.

Il faut poursuivre avec patience l’engagement à construire une paix solide, fondée sur le respect des droits fondamentaux et des devoirs liés à la dignité de l’homme. De cette manière, les préjugés et les fausses craintes peuvent se dépasser et s’ouvre au contraire un espace à l’estime, à la rencontre, au développement des énergies les meilleures au bénéfice de tous.

A cette fin, il est fondamental que les citoyens musulmans, juifs et chrétiens – tant dans les dispositions des lois que dans leur application concrète –, jouissent des mêmes droits et respectent les mêmes devoirs. De cette manière, ils se reconnaîtront plus facilement comme frères et compagnons de route, en éloignant toujours davantage les incompréhensions et en favorisant la collaboration et l’entente. La liberté religieuse et la liberté d’expression, efficacement garanties à tous, stimuleront la floraison de l’amitié, en devenant un éloquent signe de paix.

Le Moyen-Orient, l’Europe et le monde attendent cette floraison. Le Moyen-Orient, en particulier, est depuis trop longtemps le théâtre de guerres fratricides, qui semblent naître l’une de l’autre, comme si l’unique réponse possible à la guerre et à la violence devait toujours être une nouvelle guerre et une autre violence.

Pendant combien de temps le Moyen-Orient devra-t-il encore souffrir du manque de paix ? Nous ne pouvons pas nous résigner à la continuation des conflits comme si une amélioration de la situation n’était pas possible ! Avec l’aide de Dieu, nous pouvons et nous devons toujours renouveler le courage de la paix ! Cette attitude conduit à utiliser avec loyauté, patience et détermination tous les moyens de négociation, et à atteindre ainsi des objectifs concrets de paix et de développement durable.

Monsieur le Président, pour atteindre un objectif si haut et urgent, une contribution importante peut venir du dialogue interreligieux et interculturel, de manière à bannir toute forme de fondamentalisme et de terrorisme, qui humilie gravement la dignité de tous les hommes et instrumentalise la religion.

Il faut opposer au fanatisme et au fondamentalisme, aux phobies irrationnelles qui encouragent incompréhensions et discriminations, la solidarité de tous les croyants, ayant pour piliers le respect de la vie humaine, de la liberté religieuse qui est liberté de culte et liberté de vivre selon l’éthique religieuse, l’effort de garantir à tous le nécessaire pour une vie digne, et la protection de l’environnement naturel. C’est de cela qu’ont besoin, avec une urgence particulière, les peuples et les États du Moyen-Orient, pour pouvoir finalement « inverser la tendance » et poursuivre avec succès un processus de pacification par le rejet de la guerre et de la violence, ainsi que par la recherche du dialogue, du droit et de la justice.

Jusqu’à aujourd’hui, en effet, nous sommes malheureusement encore témoins de graves conflits. En Syrie et en Irak, en particulier, la violence terroriste ne semble pas s’apaiser. On enregistre la violation des lois humanitaires les plus élémentaires à l’encontre de prisonniers et de groupes ethniques entiers ; il y a eu, et ont lieu encore, de graves persécutions aux dépens de groupes minoritaires, spécialement – mais pas seulement –, les chrétiens et les yazidis : des centaines de milliers de personnes ont été contraintes à abandonner leurs maisons et leur patrie pour pouvoir sauver leur vie et rester fidèles à leur credo.

La Turquie, en accueillant généreusement un grand nombre de réfugiés, est directement impliquée à ses frontières par les effets de cette dramatique situation, et la communauté internationale a l’obligation morale de l’aider à prendre soin des réfugiés. Avec la nécessaire assistance humanitaire, on ne peut pas rester indifférent face à ce qui a provoqué ces tragédies. En répétant qu’il est licite d’arrêter l’injuste agresseur, cependant toujours dans le respect du droit international, je veux aussi rappeler qu’on ne peut confier la résolution du problème à la seule réponse militaire.

Un engagement commun fort, fondé sur la confiance réciproque, est nécessaire, qui rende possible une paix durable et permette de destiner finalement les ressources, non aux armements, mais aux vraies luttes dignes de l’homme : la lutte contre la faim et les maladies, la lutte pour le développement durable et la sauvegarde de la création, au secours de nombreuses formes de pauvreté et de marginalité qui ne manquent pas dans le monde moderne.

La Turquie, par son histoire, en raison de sa position géographique et à cause de l’importance qu’elle revêt dans la région, a une grande responsabilité : ses choix et son exemple possèdent une portée spéciale et peuvent être d’une aide importante en favorisant une rencontre de civilisations et en indiquant des voies praticables de paix et d’authentique progrès.

Que le Très-Haut bénisse et protège la Turquie et l’aide à être un artisan de paix efficace et convaincu ! Merci ! »

Source : site internet du Vatican.

Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

Les commentaires sont fermés.