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Méditation : Simplicité dans l'oraison

« Il faut s'accoutumer à nourrir son âme d'un simple et amoureux regard en Dieu, et en Jésus-Christ Notre-Seigneur, et pour cet effet il faut la séparer doucement du raisonnement, du discours, et de la multitude d'affections, pour la tenir en simplicité, respect et attention, et l'approcher ainsi de plus en plus de Dieu, son unique souverain bien, son premier principe et sa dernière fin.
[...] L'âme quittant le raisonnement se sert d'une douce contemplation qui la tient paisible, attentive et susceptible des opérations et impressions divines, que le Saint-Esprit lui communique : elle fait peu, elle reçoit beaucoup ; son travail est doux, et néanmoins plus fructueux ; et comme elle approche de plus près la source de toute lumière, de toute grâce et de toute vertu, on lui en élargit aussi davantage.
[...]
Il ne faut pas oublier qu'un des plus grands secrets de la vie spirituelle, est que le Saint-Esprit nous y conduit non seulement par les lumières, douceurs, consolations, tendresses et facilités ; mais encore par les obscurités, aveuglements, insensibilités, chagrins, angoisses, tristesses, révoltes des passions et des humeurs ; je dis, bien plus, que cette voie crucifiée est nécessaire, qu'elle est bonne, qu'elle est la meilleure, la plus assurée, et qu'elle nous fait arriver beaucoup plus tôt à la perfection ; l'âme éclairée estime chèrement la conduite de Dieu qui permet qu'elle soit exercée des créatures, et accablée de tentations et de délaissements ; et elle comprend fort bien que ce sont des faveurs plutôt que des disgrâces, aimant mieux mourir dans les croix sur le Calvaire, que de vivre dans les douceurs sur le Thabor. L'expérience lui fera connaître avec le temps la vérité de ces belles paroles : "Et nox illuminatio mea in deliciis meis, et mea nox obscurum non habet ; sed omnia in luce clarescunt". Après la purgation de l'âme dans le purgatoire des souffrances où il faut nécessairement passer, viendra l'illumination, le repos, la joie, par l'union intime avec Dieu qui lui rendra ce monde, tout exil qu'il est, comme un petit paradis. La meilleure oraison est celle où l'on s'abandonne le plus aux sentiments et aux dispositions que Dieu même met dans l'âme, et où l'on s'étudie avec plus de simplicité, d'humilité et de fidélité à se conformer à sa volonté, et aux exemples de Jésus-Christ. »

Bossuet, Opuscules de piété (Septième opuscule, I, IV, XV), in "Œuvres complètes de Bossuet", J.-P. Migne, Tome III, Paris, 1866. (p.512 sq.)
Œuvres complètes de Bossuet en ligne à l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais (Paris, Librairie de Louis Vivès Éditeur, 1862).

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