« Ce n'est pas là peu de choses : devenir chrétien, pleinement, raisonnablement, surnaturellement chrétien ; nul ne sait avant de l'avoir entrepris ce que cela représente d'efforts accomplis, de sacrifices acceptés, de patient labeur. Mais nul ne sait aussi la douceur de cette lutte et la joie indicible du triomphe.
Être chrétien, c'est d'abord s'efforcer de devenir un modèle de raison supérieure, de droiture et de bonté ; c'est réaliser en soi la perfection du type humain, c'est ne négliger aucune des vertus purement naturelles et, suivant le mot de Mme Swetchine, « avant d'être un saint être d'abord et superlativement un honnête homme. »
Mais c'est plus et mieux que cela, et ces vertus naturelles elles-mêmes empruntent une perfection plus grande au mobile supérieur que leur fournit la vie surnaturelle.
Cette vie est un don de Dieu ; elle commence en nous au jour et à l'heure voulue par Lui, quelquefois révélée soudainement, quelquefois préparée par un lent et mystérieux travail que nous comprenons seulement lorsqu'il est achevé ; elle nous ouvre le domaine de l'Infini, nous fait connaître Dieu, notre âme et les éternelles réalités ; elle nous apprend la prière, nous révèle le but de la vie et la féconde beauté de la souffrance. »
Elisabeth Leseur (1866-1914), extrait de la conclusion de "Une âme", petit livre consacré à la mémoire de sa sœur Juliette, in "La vie spirituelle (Petits traités de vie intérieure) suivie de Une âme", Paris, J. de Gigord, 1920.