Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Pape François en Arménie - Signature d'une déclaration commune avec le Catholicos Karékine II

voyage,pape,françois,arménie,signature,déclaration commune,catholicos,karékine ii

Le Pape François et le Catholicos Karékine II, Patriarche suprême de tous les Arméniens ont signé une déclaration commune ce dimanche 26 juin, au Palais apostolique d’Etchmiadzin, à l’issue d’une rencontre avec les délégués et bienfaiteurs de l’Eglise apostolique arménienne.

Le préambule de ce texte s’attarde sur les « relations chaleureuses et fraternelles » existantes entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise arménienne apostolique. Cette proximité « dans la foi et l’amour » n’a cessé de se renforcer, depuis la visite du Saint Pape Jean-Paul II en 2001, à l’occasion du 1700e anniversaire du baptême de l’Arménie, première nation chrétienne de l’Histoire. Le texte mentionne également un autre moment marquant dans l’histoire de cette relation : la Messe solennelle célébrée le 12 juin 2015, en la Basilique St Pierre, à la mémoire des victimes arméniennes du « Metz Yeghern », les massacres de 1915. Au cours de cette émouvante célébration, le Pape François avait cité la déclaration commune signée par son prédécesseur St Jean-Paul II et le Catholicos Karékine II, laquelle évoquait « l’extermination d’un million et demi de chrétiens arméniens, au cours de ce qui a traditionnellement été appelé le premier génocide du XXème siècle ».

Un appel à la communauté internationale face aux tragédies en cours

Dans cette nouvelle déclaration commune, le Pape François et le Catholicos Karékine II reviennent longuement sur « l’immense tragédie qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux : d’innombrables personnes innocentes tuées, déportées ou contraintes de choisir un exil douloureux et incertain, en raison des conflits ethniques, politiques et religieux » qui minent le Moyen-Orient et d’autres parties du monde. La persécution des minorités religieuses, souligne le texte, est devenue « une réalité quotidienne », et touche toutes les Eglises. La souffrance de ces martyrs constitue un « œcuménisme du sang » qui « dépasse les divisions historiques entre chrétiens et nous appelle à promouvoir l’unité visible des disciples du Christ ». Les deux chefs religieux appellent en conséquence à prier les « Saints Pierre et Paul, les Saints Thaddée et Barthélémy (évangélisateurs de l’Arménie, ndlr) pour un changement des cœurs de tous ceux qui commettent de tels crimes et de ceux qui sont en mesure d’arrêter cette violence ». « Nous implorons les chefs des nations d’écouter la requête de millions d’êtres humains, qui attendent avec angoisse l’avènement de la paix et de la justice dans le monde, qui demandent le respect de leurs droits, qui ont un besoin urgent de pain, et non d’armes ».

Le Pape et le Catholicos déplorent en outre la « présentation de la religion et de ses valeurs » sous un prisme fondamentaliste vecteur de haine, de discrimination et de violence. « La justification de tels crimes sur la base d’idées religieuses est inacceptable, car ‘Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix’ (1 Cor 14,33) », rappellent-ils, en insistant sur le respect des différences religieuses comme condition essentielle à la coexistence pacifique entre les groupes ethniques et religieux. « Parce que nous sommes chrétiens, nous sommes appelés à développer des voies de réconciliation  et de paix », ajoutent-ils, qui espèrent une solution pacifique au conflit latent opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur la région du Nagorno-Karabakh.

Et les deux hommes d’en appeler aux croyants : « nous demandons aux fidèles de nos Eglises d’ouvrir leurs cœurs et leurs mains aux victimes de la guerre et du terrorisme, aux réfugiés et à leurs familles », car ce sont « le sens de notre humanité, de notre solidarité, de notre compassion et générosité », qui sont en jeu. Le Pape et le Catholicos reconnaissent que certaines choses ont été faites, mais n’en appellent pas moins les responsables politiques et internationaux à faire plus en vue « d’assurer à tous le droit de vivre en paix et en sécurité, de soutenir l’état de droit, de protéger les minorités religieuses et ethniques, de combattre le trafic d’armes ».

Défense de la famille, engagement pour l'unité

Le chef de l’Eglise catholique et celui de l’Eglise arménienne apostolique s’inquiètent par ailleurs de la sécularisation des sociétés, laquelle tend à rejeter tout ce qui se rapporte au divin ou au spirituel, ainsi que la crise que traversent les familles dans de nombreux pays. Les deux Eglises réaffirment leur vision commune de la famille, « basée sur le mariage, acte de gratuité et d’amour fidèle entre un homme et une femme ».

« Conscientes que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise », les deux Eglises réaffirment enfin avec conviction la nécessité d’œuvrer toujours plus au rapprochement, de renforcer la collaboration théologique et spirituelle, mais aussi la coopération au niveau des communautés locales, dans une perspective de communion.

Les fidèles sont quant à eux appelés à « travailler en harmonie afin de promouvoir les valeurs chrétiennes » au sein de la société, et à contribuer « efficacement à l'édification d’une civilisation de justice, de paix et de solidarité humaine ».

Source : Radio Vatican (MA).

Texte intégral de la Déclaration commune traduite en français ci-dessous.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
EN ARMÉNIE

(24-26 JUIN 2016)

Déclaration commune
de Sa Sainteté François
et de Sa Sainteté Karekin II
à Saint Etchmiadzin, République d'Arménie

Etchmiadzin, Palais apostolique
Dimanche 26 juin 2016

 

Aujourd’hui à Saint Etchmiadzin, centre spiritual de tous les Arméniens, nous, Pape François et Catholicos de tous les Arméniens, Karekin II, élevons nos esprits et nos cœurs en rendant grâce au Tout-Puissant pour la continuelle proximité, croissante dans la foi et dans l’amour, entre l’Église Apostolique Arménienne et l’Église Catholique, dans leur témoignage commun au message de salut de l’Évangile, dans un monde déchiré par des conflits et qui aspire à la sérénité et à l’espérance. Nous louons la Très Sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, de nous permettre de nous réunir sur la terre biblique d’Ararat, qui reste comme le souvenir que Dieu demeurera toujours notre protection et notre salut. Nous sommes spirituellement heureux de nous souvenir qu’en 2001, à l’occasion du 1700ème anniversaire de la proclamation du christianisme comme la religion de l’Arménie, saint Jean-Paul II a visité l’Arménie et a été témoin d’une nouvelle page dans les relations chaleureuses et fraternelles entre l’Église Apostolique Arménienne et l’Église Catholique. Nous sommes reconnaissants d’avoir eu la grâce d’être réunis à la liturgie solennelle dans la Basilique Saint Pierre à Rome le 12 avril 2015, où nous avons manifesté notre volonté de combattre toute forme de discrimination et de violence, et où nous avons commémoré les victimes de ce que la Déclaration Commune de sa Sainteté Jean-Paul II et de sa Sainteté Karekin II a parlé comme étant « l’extermination d’un million et demi de chrétiens arméniens, au cours de ce qui a traditionnellement été appelé le premier génocide du XXème siècle » (27 septembre 2001).

Nous louons le Seigneur qu’aujourd’hui la foi chrétienne soit de nouveau une réalité vibrante en Arménie, et que l’Église Arménienne mène sa mission avec un esprit de collaboration fraternelle entre les Églises, en soutenant les fidèles dans la construction d’une monde solidaire de justice et de paix.

Malheureusement, nous assistons à une immense tragédie, qui se déroule devant nos yeux, d’innombrables personnes innocentes qui sont en train d’être tuées, déplacées ou contraintes à un exile douloureux et incertain en raison d’incessants conflits d’origines ethniques, économiques, politiques et religieuses, au Moyen Orient et dans d’autres parties du monde. Comme résultat, les minorités religieuses et ethniques sont devenues la cible de persécutions et de traitements cruels, à tel point que souffrir pour sa propre croyance religieuse est devenu une réalité quotidienne. Les martyrs appartiennent à toutes les Églises et leurs souffrances sont un ‘‘œcuménisme de sang’’ qui transcende les divisions historiques entre les chrétiens, nous appelant tous à promouvoir l’unité visible des disciples du Christ. Nous prions ensemble, par l’intercession des saints Apôtres Pierre et Paul, Thaddée et Barthélémy, pour un changement des cœurs en tous ceux qui commettent de tels crimes, et en ceux qui sont en mesure d’arrêter la violence. Nous implorons les dirigeants des nations pour qu’ils écoutent la supplication de millions d’êtres humains qui aspirent à la paix et à la justice dans le monde, qui demandent le respect des droits que Dieu leur a donnés, qui ont un besoin urgent de pain, et non pas d’armes. Malheureusement, nous assistons à une présentation fondamentaliste de la religion et des valeurs religieuses, qui sont utilisées pour justifier la diffusion de la haine, de la discrimination et de la violence. La justification de tels crimes sur la base d’idées religieuses est inacceptable, car « Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (I Co 14, 33). En outre, le respect de la différence religieuse est la condition nécessaire pour une cohabitation pacifique de communautés religieuses et ethniques différentes. Précisément parce que nous sommes chrétiens, nous sommes appelés à chercher et à réaliser des sentiers de réconciliation et de paix. A ce sujet, nous exprimons aussi notre espérance d’une résolution pacifique des questions concernant le Nagorno-Karabakh.

Nous souvenant de ce que Jésus a enseigné à ses disciples lorsqu’il a dit : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu jusqu’à moi » (Mt 25, 35-36), nous demandons aux fidèles de nos Églises d’ouvrir leurs cœurs et leurs mains aux victimes de la guerre et du terrorisme, aux réfugiés et à leurs familles. Ce qui en cause, c’est le sens même de notre humanité, de notre solidarité, de la compassion et de la générosité, qui peut être vraiment exprimé dans un déploiement pratique et immédiat de ressources. Nous reconnaissons tout ce qui est déjà en train d’être réalisé, mais nous insistons sur le fait que beaucoup plus est nécessaire de la part des dirigeants politiques et de la communauté internationale, en vue d’assurer le droit de tous à vivre en paix et en sécurité, à faire respecter l’état de droit, à protéger les minorités religieuses et ethniques, à combattre le trafic et la traite d’êtres humains.

La sécularisation de larges secteurs de la société, leur aliénation par rapport à ce qui est spirituel et divin, conduit inévitablement à une vision désacralisée et matérialiste de l’homme et de la famille humaine. A ce sujet, nous sommes préoccupés par la crise de la famille dans de nombreux pays. L’Église Arménienne Apostolique et l’Église Catholique partagent la même vision de la famille, fondée sur le mariage, sur un acte d’un amour fidèle et librement donné entre l’homme et la femme.

Nous constatons avec bonheur que, malgré les divisions incessantes entre les chrétiens, nous sommes parvenus à réaliser plus clairement que ce qui nous unit est beaucoup plus que ce qui nous divise. C’est la base solide sur laquelle l’unité de l’Église du Christ sera rendue manifeste, selon les paroles du Seigneur, « que tous soient un » (Jn 17, 21). Ces dernières décennies, les relations entre l’Église Apostolique Arménienne et l’Église Catholique sont entrées avec succès dans une nouvelle phase, renforcées par nos prières mutuelles et nos efforts communs pour faire face aux défis contemporains. Nous sommes aujourd’hui convaincus de l’importance cruciale de renforcer ces relations, d’engager une collaboration plus profonde et plus résolue, non seulement dans le domaine de la théologie, mais aussi dans la prière et dans une coopération active au niveau des communautés locales, en vue de partager la pleine communion et des expressions concrètes de l’unité. Nous exhortons nos fidèles à travailler en harmonie pour la promotion des valeurs chrétiennes dans la société qui contribuent effectivement à bâtir une civilisation de justice, de paix et de solidarité humaine. Le sentier de la réconciliation et de la fraternité se trouve devant nous. Puisse l’Esprit Saint, qui nous guide vers la vérité tout entière (cf. Jean 16, 13), soutenir tout effort authentique pour construire des ponts d’amour et de communion entre nous.

Depuis Saint Etchmiadzin, nous appelons tous nos fidèles à se joindre à nous dans la prière, selon les paroles de saint Nersès le Gracieux : « Seigneur glorifié, accepte les supplications de tes serviteurs, et daigne exaucer nos prières, par l’intercession de la Sainte Mère de Dieu, de Jean-Baptiste, du premier martyr saint Étienne, de saint Grégoire l’Illuminateur, des saints Apôtres, des prophètes, des martyrs, des patriarches, des ermites, des vierges et de tous tes saints dans les cieux et sur terre. Et gloire et adoration à toi, ô indivisible Sainte Trinité, pour les siècles des siècles. Amen »

Saint Etchmiadzin, 26 Juin 2016

Sa Sainteté François

Sa Sainteté Karekin II

Source : site internet du Vatican.

Les commentaires sont fermés.