« Qu'est-ce donc que cette fête à laquelle Notre Seigneur nous dit de monter et dont le temps est à tout instant ? La fête la plus élevée et la plus vraie, la fête suprême, est la fête de la vie éternelle, c'est-à-dire l'éternelle félicité où nous serons vraiment en face de Dieu. Cela, nous ne pouvons pas l'avoir ici-bas ; mais la fête que nous pouvons avoir, c'est un avant-goût de celle-là, une expérience de la présence de Dieu dans l'esprit par la jouissance intérieure que nous en donne un sentiment tout intime. Le temps qui est toujours nôtre, c'est celui de chercher Dieu et de poursuivre le sentiment de sa présence dans toutes nos œuvres, notre vie, notre vouloir et notre amour. C'est ainsi que nous devons nous élever au-dessus de nous-mêmes et de tout ce qui n'est pas Dieu, en voulant et n'aimant que lui seul, en toute pureté, et rien autre chose. Ce temps est de tous les instants.
[...] Dieu est toujours là présent, et même si nous ne le sentons pas il est cependant secrètement entré pour la fête. Où Dieu est, là il y a en vérité jour de fête ; il ne peut manquer, ni s'abstenir d'être là, où l'appelle une intention loyale et où l'on ne cherche que lui seul ; il doit de toute nécessité être là. Il y est peut-être de manière cachée, mais il y est. »
Jean Tauler (v.1300-1361), Extraits du Sermon XII, Les Éditions du Cerf, Sagesses Chrétiennes, Paris, 1991.