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St Augustin - Page 6

  • 6 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "De même a que la branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la a vigne ; ainsi en sera-t-il de vous, si vous ne restez pas en moi". Grande recommandation de la grâce, mes frères, qui instruit le coeur des humbles et ferme la bouche des superbes. Voilà ce à quoi doivent répondre, s'ils l'osent, ceux qui, ignorant la justice de Dieu et voulant établir leur propre justice, ne sont pas soumis à celle de Dieu (Rom X,3). Voilà ce à quoi doivent répondre ceux qui se plaisent à eux-mêmes et qui pensent pouvoir faire le bien sans le secours de Dieu. Ne résistent-ils pas à une pareille vérité, ces hommes à l'esprit corrompu, réprouvés dans leur foi (II Tim III,8), qui parlent et réprouvent d'après leur iniquité, et qui disent : C'est Dieu qui a fait de nous des hommes ; mais c'est à nous-mêmes que nous devons d'être justes ? Que dites-vous, vous qui vous trompez vous-mêmes ? vous n'affirmez pas le libre arbitre, mais vous le précipitez du faîte où veut l'élever votre vaine présomption, jusqu'au fond de l'abîme. Votre parole est que l'homme fait le bien par lui-même : voilà la montagne au sommet de laquelle vous porte votre orgueil. Mais la vérité vous contredit en ces termes : "La branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne". Allez maintenant par vos sentiers raboteux, et, sans vous laisser arrêter par rien, laissez-vous emporter par votre vain bavardage. Voilà le vide de votre présomption. Mais voyez ce qui vous attend, et s'il vous reste encore un peu de sens, vous en serez saisis d'horreur. Celui qui pense porter du fruit de lui-même, n'est pas uni à la vigne. Celui qui n'est pas uni à la vigne, n'est pas uni à Jésus-Christ ; celui qui n'est pas uni à Jésus-Christ n'est pas chrétien. Voilà la profondeur de l'abîme où vous tombez.

    Mais considérez encore ce que la vérité ajoute ensuite : "Je suis la vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, parce que sans moi vous ne pouvez rien faire". Il veut nous empêcher de croire que, d'elle-même, la branche peut au moins porter quelque petit fruit ; aussi, après avoir dit "Celui-là porte beaucoup de fruit", il n'ajoute pas : sans moi vous ne pouvez faire que peu de chose, mais il dit : "Vous ne pouvez rien faire". Donc on ne peut faire ni peu ni beaucoup sans celui sans lequel on ne peut rien faire. Bien que la branche n'ait porté que peu de fruit, le vigneron l'émonde afin qu'elle en porte davantage ; mais si elle ne demeure pas unie à la vigne, et si elle ne tire pas sa vie de la racine, elle ne pourra jamais porter de fruit, si petit qu'il soit. »

    Saint Augustin, Commentaire sur l'Evangile de Jean, Traité 81 (2-3), In Œuvres complètes de Saint Augustin (Tomes XI), Bar-Le-Duc, 1864.

    Oeuvres complètes de Saint Augustin ici

  • 30 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "En vérité, en vérité, je vous le déclare : je suis la porte des brebis". Il vient d’ouvrir la porte qu’il nous avait montrée fermée. Il est lui-même cette porte. Nous le reconnaissons. Entrons donc, ou réjouissons-nous d’être déjà entrés. "Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des brigands". Seigneur, que veulent dire ces paroles : "Tous ceux qui sont venus ?" Eh quoi ! n’êtes-vous pas venu vous-même ? Veuillez donc me comprendre. En disant : "Tous ceux qui sont venus, sont des voleurs et des brigands", j’ai évidemment sous-entendu en dehors de moi. Reportons-nous donc en arrière. Avant la venue du Sauveur, les Prophètes ont paru ; étaient-ils des voleurs et des brigands ? Non, car, au lieu d’être en dehors de lui, ils étaient avec lui. Il avait envoyé devant lui des hérauts, mais il tenait en ses mains le coeur de ces émissaires divins...

    "Je suis, dit-il, la voie, la vérité et la vie (Jn XIV, 6)". S’il est la vérité, les Prophètes sont donc venus avec lui, puisqu’ils ont dit la vérité. Tous ceux qui sont venus en dehors de lui sont, par conséquent, "des voleurs et des brigands" ; ils sont venus pour voler et faire mourir. "Mais les brebis ne les ont point entendus".... Avant que Notre-Seigneur Jésus-Christ vint sur la terre et s’humiliât jusqu’à se faire homme, il y eut des justes pour croire qu’il viendrait, comme nous croyons qu’il est déjà venu. Les temps ont été divers, mais la foi a toujours été la même... La même croyance unit et ceux qui ont cru à sa venue future, et ceux qui le croient venu. Nous voyons que les uns et les autres sont tous entrés, quoique à des époques différentes, par la porte de la foi, c’est-à-dire par le Christ... Tous ceux donc qui, dans les temps antérieurs au Christ, ont ajouté foi aux prédictions d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Moïse, des autres patriarches et des autres Prophètes qui annonçaient le Christ, ceux-là en étaient les brebis. »

    Saint Augustin (354-430), 45e Traité sur Saint Jean, in Œuvres complètes de Saint Augustin (Tome X), Bar-Le-Duc, 1864.

    Oeuvres complètes de Saint Augustin ici.

  • 29 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    «  Ces paroles du Sauveur : "Je vous reverrai et votre coeur se réjouira et cette joie, personne ne pourra vous l'enlever" ne doivent pas être rapportées à ce temps où, après sa résurrection, il s'est montré à ses disciples dans sa chair et leur a dit de le toucher, mais à cet autre temps dont il avait déjà dit : "Celui qui m'aime, mon Père l'aimera et je me manifesterai à lui" (Jn 14,21). Cette vision n'est pas pour cette vie, mais pour celle du monde à venir. Elle n'est pas pour un temps, mais n'aura jamais de fin. "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus Christ" (Jn 17,3). De cette vision et connaissance, l'apôtre Paul dit : "Nous voyons maintenant dans un miroir et en énigme, alors nous le verrons face à face. Je ne connais maintenant qu'en partie, alors je connaîtrai comme je suis connu" (1Co 13,12).

    Ce fruit de son labeur, l'Église l'enfante maintenant dans le désir, alors elle l'enfantera dans la vision ; maintenant elle l'enfante dans la peine, alors elle l'enfantera dans la joie ; maintenant elle l'enfante dans la supplication, alors elle l'enfantera dans la louange. Ce fruit sera sans fin, car rien ne saurait nous combler sinon ce qui est infini. C'est ce qui faisait dire à Philippe : "Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit" (Jn 14,8). »

    Saint Augustin (354-430), Sermons sur Saint Jean, n°101 (trad. Bouchet, Lectionnaire)

    Les Oeuvres complètes de Saint Augustin sont disponibles ici.

  • 18 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Voici le jour que fit le Seigneur" (Ps 117,24). Rappelez-vous l'état du monde à l'origine : "Les ténèbres étaient sur l'abîme et l'Esprit de Dieu planait sur les eaux. Et Dieu dit : Que la lumière soit ! et la lumière fut. Et Dieu sépara la lumière des ténèbres et il appela la lumière Jour et il appela les ténèbres Nuit" (Gn 1,2s)... "Voici le Jour que fit le Seigneur". C'est le jour dont parle l'apôtre Paul : "Autrefois vous étiez ténèbres, maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur" (Ep 5,8)...

    Thomas n'était-il pas un homme, un des disciples, un homme de la foule pour ainsi dire ? Ses frères lui disaient : "Nous avons vu le Seigneur". Et lui : "Si je ne touche pas, si je ne mets pas mon doigt dans son côté, je ne croirai pas". Les évangélistes t'apportent la nouvelle, et toi tu ne crois pas ? Le monde a cru et un disciple n'a pas cru ?... Il n'était pas encore devenu ce jour qu'a fait le Seigneur ; les ténèbres étaient encore sur l'abîme, dans les profondeurs du coeur humain, qui était ténèbres. Que vienne donc celui qui est le point du jour, qu'il vienne et qu'il dise avec patience, avec douceur, sans colère, lui qui guérit : "Viens. Viens, touche ceci et crois. Tu as déclaré : 'Si je ne touche pas, si je ne mets pas mon doigt, je ne croirai pas'. Viens, touche, mets ton doigt et ne sois plus incrédule, mais fidèle. Je connaissais tes blessures, j'ai gardé pour toi ma cicatrice".

    En approchant sa main, le disciple peut pleinement compléter sa foi. Quelle est, en effet, la plénitude de la foi ? De ne pas croire que le Christ est seulement homme, de ne pas croire non plus que le Christ est seulement Dieu, mais de croire qu'il est homme et Dieu... Ainsi le disciple auquel son Sauveur donnait à toucher les membres de son corps et ses cicatrices s'écrie : "Mon Seigneur et mon Dieu". Il a touché l'homme, il a reconnu Dieu. Il a touché la chair, il s'est tourné vers la Parole, car "la Parole s'est faite chair et elle a habité parmi nous" (Jn 1,14). La Parole a souffert que sa chair soit suspendue au bois... ; la Parole a souffert que sa chair soit mise au tombeau. La Parole a ressuscité sa chair, l'a montrée aux yeux de ses disciples, s'est prêtée à être touchée de leurs mains. Ils touchent, ils crient : "Mon Seigneur et mon Dieu !"

    Voici le Jour que fit le Seigneur. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 258 (trad. SC 116, p. 347s).

  • 17 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « La faiblesse des disciples était tellement chancelante que, non contents de voir le Seigneur ressuscité, ils voulaient encore le toucher pour croire en lui. Il ne leur suffisait pas de voir de leurs yeux, ils voulaient approcher leurs mains de ses membres et toucher les cicatrices de ses récentes blessures. C'est après avoir touché et reconnu les cicatrices que le disciple incrédule s'est écrié : "Mon Seigneur et mon Dieu !" Ces cicatrices révélaient celui qui, chez les autres, guérissait toutes les blessures. Est-ce que le Seigneur n'aurait pas pu ressusciter sans cicatrices ? Mais il voyait dans le coeur de ses disciples des blessures que devaient guérir ces cicatrices qu'il avait gardées dans son corps.

    Et que répond le Seigneur à cette confession de foi de son disciple qui dit : "Mon Seigneur et mon Dieu" ? "-Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu." De qui parle-t-il, mes frères, sinon de nous ? Et pas seulement de nous, mais aussi de ceux qui viendront après nous. Car, peu de temps après, lorsqu'il a échappé aux regards mortels pour affermir la foi dans les coeurs, tous ceux qui sont devenus croyants ont cru sans avoir vu, et leur foi avait un grand mérite : pour l'obtenir, ils ont approché de lui non pas une main qui voulait le toucher, mais seulement un coeur aimant. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 88 : L'aveuglement spirituel.


    Rappel : Oeuvres complètes de Saint Augustin

    Voir : Sermons détachés tome VI 1ère série, Passages détachés de Saint Matthieu ("Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869).

  • 3 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Lorsque le Seigneur, Pain de Vie, eut donné du pain à cet homme mort, et désigné, en livrant le pain, celui qui trahissait le pain, il lui dit : « Ce que tu as à faire, fais-le vite ! » Il ne commandait pas le crime : il découvrait son mal à Judas, et nous annonçait notre bien. Que le Christ fût livré, n’était-ce pas le pire pour Judas, et pour nous le meilleur ? Judas, donc, qui se nuit à lui-même, agit pour nous sans le savoir. « Ce que tu as à faire, fais-le vite ! » Parole d’un homme qui est prêt, non d’un homme irrité. Parole où s’annonce moins le châtiment de celui qui vend, que le salaire de celui qui rachète. Car en disant : « Ce que tu as à faire, fais-le vite ! », le Christ, plus qu’il ne s’en prend au crime de l’infidèle, cherche à hâter le salut des croyants. Il a été livré à cause de nos péchés, il a aimé l’Église et s’est livré pour elle (Ephésiens 5,25). Et de fait, personne n’aurait livré le Christ s’il ne s’était livré lui-même. Quand Judas le trahit, c’est lui qui se livre : l’un négocie sa vente, et l’autre, notre rachat.

    « Aussitôt la bouchée prise, Judas sortit. Il faisait nuit. » Et celui qui sortait était lui-même nuit. Alors, quand la nuit fut sortie, Jésus dit : «Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié !» Alors, le jour transmet au jour la parole (Psaume 19,3) — le Christ la confie à ses disciples pour qu’ils lui obéissent dans l’amour. Et la nuit à la nuit passe le mot — Judas indique aux grands prêtres comment trouver Jésus pour qu’ils l’arrêtent. « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié. » Je vois ici la figure d’un grand mystère. Judas est sorti, et Jésus a été glorifié. Le fils de perdition sort et le Fils de l’homme est glorifié. Celui qui sortait, c’était évidemment lui que tout à l’heure visaient ces mots : « Vous êtes purs, mais non pas tous » (Jean 13,10). Maintenant donc l’impur s’en va, les purs demeurent, et ils demeurent avec celui qui les rend purs. Quelque chose de semblable arrivera quand ce monde vaincu par le Christ passera. Alors l’ivraie ayant cessé de se mêler au grain, les justes, dans le Royaume de leur Père, resplendiront comme le soleil (Matthieu 13,4). »

    Saint Augustin, IVe siècle, Sur saint Jean, 62,4-6 ; 63,2.

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