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  • Méditation - Prière : la Parole de Dieu

    « Ne permettez pas, ô Jésus, que je me laisse attirer par des maximes, des doctrines, qui ne viennent pas de Vous.
    A quoi me servirait-il de connaître toutes les sciences, si je ne Vous connais pas, Vous, Seigneur, et les vérités que Vous êtes venu nous enseigner ? Faites, ô Jésus, que je ne me contente pas d'une connaissance superficielle, mais donnez-moi la lumière et l'intelligence nécessaires pour pénétrer la signification profonde de vos enseignements. Plus que par le raisonnement et les recherches subtiles, votre parole se laisse comprendre par l'humilité, l'amour, le désir ardent de Vous posséder. Créez en moi, Seigneur, un coeur droit, humble, sincère, capable d'aimer, de pénétrer le sens de vos divines paroles.
    Voici, mon doux Maître, que je mets mon âme devant Vous, comme si j'exposais une toile aux rayons du soleil. Agenouillé devant votre Tabernacle, je sais que Vous m'instruisez beaucoup plus dans la prière et le recueillement que par tant de doctes livres. Mais votre livre, Seigneur, votre Evangile, je ne veux jamais m'en séparer : "en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J'y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux" (Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, Histoire d'une âme, VIII).
    Donnez-moi, ô Seigneur, l'intelligence de votre Evangile, de votre parole, et la sagesse sera mon partage ! »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, O.C.D., Intimité Divine Tome I (01/16), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : 1er vendredi du mois

    « Jésus-Christ, mon Seigneur et mon Dieu, que je crois véritablement et réellement présent au Très Saint Sacrement de l'autel, recevez cet acte d'une adoration très profonde pour suppléer au désir que j'aurais de vous y adorer sans cesse, et en action de grâces des sentiments d'amour que votre sacré Coeur y a pour moi. Je ne saurais mieux les reconnaître qu'en vous offrant tous les actes d'adoration, de résignation, de patience et d'amour que ce même Coeur a faits pendant sa vie mortelle, et qu'il fait encore et fera éternellement dans le ciel, afin de vous aimer, vous louer et adorer dignement par lui-même autant qu'il me sera possible. Je m'unis à cette offrande divine que vous faites à votre divin Père ; et je vous consacre tout mon être, vous priant de détruire en moi le péché et de ne pas permettre que je sois séparée de vous éternellement. Ainsi soit-il. »

    Saint Marguerite-Marie, in Vie et Oeuvres, Tome II, Prières composées par la Bienheureuse (XXIII), Mgr Gauthey, Paris, Poussielgue, 1915 (3ème éd. - réf. XXIV in 4ème éd. 1920).

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  • Méditation : la prière du matin

    « La prière du matin : combien d’entre nous l’oublient, l’omettent volontairement ou l’accomplissent avec une telle légèreté et précipitation qu’on dirait une corvée dont il faut se débarrasser au plus vite ? C’est que nous méconnaissons l’importance et l’efficacité de cette rencontre matinale avec notre Père. Au matin, tout enfant se fait un devoir naturel de saluer ses parents et inversement. Cet acte simple est l’expression touchante de leurs relations réciproques. Plus significative encore est notre première rencontre avec notre Père céleste.
    C’est par la prière du matin qu’en lui rendant tous nos devoirs, nous nous assurons de ses bénédictions. L’oubli de cet acte ou de son accomplissement irrespectueux ou mécanique, témoigne de notre ingratitude et il en résulte des préjudices pour nous-mêmes ! En effet, si nous avons besoin de nourriture pour soutenir nos corps, combien plus nos âmes ne doivent-elles s’alimenter du côté du ciel ? Quand nous avons omis notre prière du matin, il n’y a rien d’étonnant de nous voir, dès les premières heures du jour, hésitant dans l’accomplissement de nos devoirs, manquant de lumière et de discernement dans nos décisions, de force et d’énergie dans les difficultés, bronchant à chaque pas…. En effet, nous nous sommes mis en route sans frapper à la porte du Cœur de Jésus, et ce Cœur, trésor inépuisable, nous est resté fermé… notre journée s’est écoulée, vide, stérile, misérable même, sinon tristement coupable.
    Mon Dieu, je comprends et ma résolution est prise. Je n’oublierai ni n’omettrai jamais plus ma prière du matin et je la ferai avec respect et attention. J’userai de toute mon influence pour qu’elle se fasse si possible en famille, et dès l’aube matinale, nous irons vous offrir nos adorations, reconnaissance, notre amour… et vous, nous le savons bien, vous pourvoirez à tous nos besoins, vous nous couvrirez de toutes vos bénédictions ! C’est sous la protection de votre très doux Cœur que nous parcourrons saintement toute notre journée ! »

    Soeur Marie du Sacré Cœur Bernaud, fondatrice de la Garde d'Honneur du Sacré Coeur, 1883.
    Source : La Garde d'Honneur.

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  • Méditation : l'adoration

    « Adorer Jésus dans l'hostie, participer à la messe, si possible chaque jour, ce n'est pas seulement accomplir des actes de piété, c'est se mettre de plus en plus dans une attitude constante, dans un état, de contemplation et d'adoration. L'adoration mène à un lent dessaisissement de soi-même, à un oubli de plus en plus grand de ses projets personnels et, par contre, à une entrée de plus en plus forte de Jésus dans l'âme. Il n'y a rien de plus humainement "inutile" que l'adoration. Demeurer là, sans rien faire, pendant de longs moments, c'est donner parfois l'impression de perdre un temps qui pourrait être mieux employé. Et pourtant c'est la source même de la vie. Sans adoration, l'action est courte et superficielle.

    Un effet important de l'adoration est la "transfusion" des sentiments même du Coeur de Jésus. Mystérieusement, peu à peu, on pense comme lui, on sent comme lui. Et l'on ressent alors une immense compasion pour le monde, pour les hommes, particulièrement pour leur souffrance. On se laisse atteindre, on abaisse ses barrières de défense. Ce qui domine, très rapidement, c'est la douleur de voir les hommes mourir de faim, matériellement, mais plus encore spirituellement. C'est le cri de saint Dominique quand il priait dans la nuit... "Seigneur mon Dieu, miséricorde ! Que vont devenir les pécheurs ?" »

    P. Bernard Peyrous, L'itinéraire de la vie spirituelle (III-7), Editions de l'Emmanuel, Paris, 2003.

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    St Dominique de Guzmán, par Le Greco

  • Méditation : "Venite, adoremus !"

    « La seule manière de lutter contre l'angoisse, c'est l'adoration. Aujourd'hui où l'angoisse étreint le monde et saisit, en particulier, quantité de jeunes, il faut bien comprendre qu'on ne peut lutter contre l'angoisse qu'en faisant des actes d'adoration. Celui qui est angoissé dira sans doute qu'il ne peut plus en faire ; mais il faut tout de même essayer, pour tâcher de retrouver le roc. Celui qui est angoissé s'enfonce dans du sable mouvant. C'est ce qu'il y a de terrible dans l'angoisse : plus on remue, plus on s'enlise ; on est alors complètement inhibé, ne sachant plus avancer. Il faut redécouvrir le roc pour pouvoir rebondir. L'adoration permet cela, puisque nous nous appuyons sur ce roc qu'est le Coeur de Jésus. C'est avec lui, cachés comme la colombe au creux du rocher, que nous faisons cet acte d'amour. »

    P. Marie-Dominique Philippe, Suivre l'Agneau partout où il va tome 2, Saint-Paul, Versailles, 1999.

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    Ci-dessus : l'Adoration perpétuelle à la Basilique Nationale du Sacré Coeur à Koekelberg (Bruxelles), lancée le 26 mars 2012.

  • 8 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La multiplication des pains, préfiguration de l'Eucharistie (Mc 6, 34-44)

    « Le Christ, pour nous attirer à l'aimer davantage, nous a donné sa chair en nourriture. Allons donc à lui avec beaucoup d'amour et de ferveur... Ce corps, les mages l'ont adoré quand il était couché dans une mangeoire. Ces païens, ces étrangers, quittèrent leur patrie et leur maison, entreprirent un long voyage pour l'adorer avec crainte et tremblement. Imitons au moins ces étrangers, nous qui sommes citoyens des cieux... Ceux-là, voyant l'enfant, le Christ, dans une mangeoire, sous un pauvre toit, tout en ne voyant rien de ce que vous voyez, s'avancèrent avec un très grand respect.

    Vous ne le voyez plus dans une mangeoire, mais sur l'autel. Vous ne voyez plus une femme qui le tient dans ses bras, mais le prêtre qui l'offre, et l'Esprit de Dieu, avec toute sa générosité, plane au-dessus des offrandes. Non seulement vous voyez le même corps que voyaient les mages, mais en outre vous connaissez sa puissance et sa sagesse, et vous n'ignorez rien de ce qu'il a accompli, après toute l'initiation aux mystères qui vous a été donnée avec exactitude. Réveillons-nous donc, et réveillons en nous la crainte de Dieu. Montrons beaucoup plus de piété que ces étrangers, afin de ne pas avancer n'importe comment vers l'autel...

    Cette table fortifie notre âme, rassemble notre pensée, soutient notre assurance ; elle est notre espérance, notre salut, notre lumière, notre vie. Si nous quittons la terre après ce sacrifice, nous entrerons avec une parfaite assurance dans les parvis sacrés, comme si nous étions protégés de tous côtés par une armure d'or. Mais pourquoi parler du futur ? Dès ce monde, le sacrement transforme la terre en ciel. Ouvrez donc les portes du ciel, et alors vous verrez ce que je viens de dire. Ce qu'il y a de plus précieux au ciel, je vous le montrerai sur la terre. Ce que je vous montre, ce n'est ni les anges, ni les archanges, ni les cieux des cieux, mais celui qui est leur maître. Vous voyez ainsi d'une certaine façon sur la terre ce qu'il y a de plus précieux. Et non seulement vous le voyez, mais vous le touchez, vous le mangez. Purifiez donc votre âme, préparez votre esprit à recevoir ces mystères. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur la 1ère lettre aux Corinthiens, 24,4 ; PG 61, 204-205 (Trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols, 1991).

  • 7 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Les mages à Bethléem (Mt 2, 1-12)

    « Levons-nous, à l'exemple des mages. Laissons tout le monde se troubler ; mais nous, courons à la demeure de l'enfant. Que les rois ou les peuples, que de cruels tyrans s'efforcent de nous barrer le chemin, peu importe, ne ralentissons pas notre ardeur. Repoussons tous les maux qui nous menacent. S'ils n'avaient pas vu l'enfant, les mages n'auraient pas échappé au danger qu'ils couraient de la part du roi Hérode. Avant d'avoir eu le bonheur de le contempler, ils étaient assiégés par la crainte, entourés de périls, plongés dans le trouble : après qu'ils l'ont adoré, le calme et la sécurité se sont établis dans leur cœur...

    Laissez donc là, vous aussi, une ville en désordre, un despote assoiffé de sang, toutes les richesses de ce monde, et venons à Bethléem, la "maison du pain" spirituel. Etes-vous berger, venez seulement, et vous verrez l'enfant dans l'étable. Etes-vous roi, si vous ne venez point, votre pourpre ne vous servira de rien. Etes-vous mage, ce n'est pas un empêchement, pourvu que vous veniez montrer votre respect, et non fouler aux pieds le Fils de Dieu. Si tu es un étranger ou même un barbare, tu seras admis à la cour de ce roi... Pourvu que vous approchiez avec frayeur et joie, deux choses qui ne sont pas incompatibles...

    En nous prosternant, laissons tout échapper de nos mains. Si nous avons de l'or, donnons-le sans réserve, et ne l'enfouissons pas... Des étrangers entreprirent un si long voyage pour contempler cet enfant nouveau-né : quel moyen avez-vous d'excuser votre conduite, vous qui refusez de faire quelques pas pour visiter l'infirme ou le prisonnier ? Ils offrirent de l'or : ce n'est pas sans peine que vous donnez du pain ! Ils aperçurent l'étoile, et leur cœur fut rempli de joie vous voyez le Christ sur une terre étrangère, sans vêtement, et vous n'êtes pas ému ? »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie sur saint Matthieu VII (5), in St Jean Chrysostome, Oeuvres complètes (Tome 6), Traduction de l’abbé Bareille, 1865–1873 (tr. rev.).

    Autre traduction et texte intégral sur le site de l'Abbaye Saint Benoît.

  • 6 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Visite des mages à Bethléem (Mt 2, 1-12)

    « 1. Il y a peu de jours, nous avons célébré, comme il vous en souvient, la naissance de Celui qui est appelé le Jour. En ce moment nous célébrons le mystère de sa manifestation, alors qu'il s'est révélé aux Gentils avec un éclat ravissant. En ce jour, selon le texte même de l’Évangile, les Mages vinrent d'Orient, cherchant le Roi des Juifs qui venait de naître, et s'écriant : "Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l'adorer (Mt II, 2)". Pour annoncer Jésus-Christ aux bergers d'Israël, nous avons lu que des anges étaient descendus du ciel ; et pour amener les Mages des confins de l'Orient au berceau du Sauveur, une étoile parut jetant un vif éclat dans le ciel. Soit qu'il s'agisse des Juifs avertis par des anges, soit qu'il s'agisse des Gentils guidés par une étoile étincelante, il est toujours vrai de dire que "les cieux ont raconté la gloire de Dieu (Ps XVIII, 2)" ; et c'est par ces prémices de la foi des peuples à la nativité du Sauveur, "que notre pierre angulaire" s'est manifestée (Eph II, 20). Ils ont cru, et bientôt ils ont prêché Jésus-Christ. Avertis par la voix des anges, les bergers ont cru ; les Mages aussi ont adoré, eux qui venaient de pays si éloignés. De son côté, Jésus-Christ, qui était venu "annoncer la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près (Id. II, 17)" reçut dans la paix chacun de ces peuples ; car "il est lui-même notre paix, ayant formé des uns et des autres l'unité (Id. 14)", c'est-à-dire de tous les peuples dont il avait reçu les prémices au moment de sa naissance ; cette unité, cependant, ne commença à se réaliser qu'après le grand miracle de l'Ascension.

    2. Isaïe avait entrevu cette unification des peuples par Jésus-Christ, quand il s'écriait "Le bœuf connaît son possesseur, et l'âne l'étable de son maître (Is I, 3)". Le bœuf désigne ici les Israélites courbés sous le joug de la loi ; les Gentils sont désignés par l'âne, animal immonde, parce que l'impureté de l'idolâtrie séparait ces Gentils des Israélites adorateurs du vrai Dieu ; et cependant ces Gentils, comme les Juifs, devaient venir à l'étable, et après y avoir été purifiés par la foi de Jésus-Christ, participer à la table commune du corps de Jésus-Christ. C'est ainsi que le Seigneur, s'adressant à l’Église formée des deux peuples, disait : "Venez à moi, vous tous qui souffrez et êtes chargés de quelque fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau est léger (Mt XI, 28-30)". Comme s'il eût dit au bœuf. "Mon joug est doux", et à l'âne : "Mon fardeau est léger". Aux Juifs courbés sous le joug écrasant de la loi, il disait Mon joug est doux ; aux Gentils plongés dans les voluptés naturelles et refusant le fardeau salutaire des préceptes, il disait : Pourquoi restez-vous rebelles ; pourquoi refusez-vous d'accepter le fardeau ? "Mon fardeau est léger".

    3. Aux Mages qui, à leur arrivée, demandaient où était né le Christ, les Juifs firent connaître le lieu de sa naissance, et cependant restèrent immobiles. Dans tous les livres des Prophètes, les Juifs trouvent clairement désignés Jésus-Christ et son Eglise, et cependant ce n'est point par eux, mais par les Gentils, que Jésus-Christ est adoré. De son côté, l'impie Hérode, apprenant des Mages la naissance du Roi des Juifs, frémit aussitôt pour sa couronne, et se flattant, "malgré l'Ange du Grand Conseil (Is IX, 6)", de triompher de ses alarmes par l'habileté de ses desseins, prend deux moyens, à ses yeux infaillibles, de s'assurer la victoire : le mensonge et la cruauté. D'abord, il ment aux Mages quand il leur dit : "Allez donc, informez-vous avec soin de l'enfant, et quand vous l'aurez trouvé, empressez-vous de m'en instruire, afin que j'aille moi-même et que je l'adore (Mt II, 8)" ; il feint ainsi de vouloir adorer Celui qu'il désirait tuer. Déçu dans ses desseins, il ordonna d'immoler, dans toute la Judée, les enfants qui pourraient avoir le même âge que Jésus-Christ. Horrible cruauté dictée par l'ambition, et qui fit couler inutilement des flots de sang innocent !

    4. Vous le voyez, mes frères, Jésus-Christ est encore porté dans les bras de sa Mère, et déjà il multiplie les prodiges. Petit enfant, il triomphe d'un roi puissant ; sans armes, il se joue de la force armée ; enveloppé de langes, il dédaigne ce prince couvert de la pourpre ; couché dans une crèche, il se joue du tribunal d'un roi ; silencieux, il a ses hérauts ; caché, il trouve des témoins. Hérode, vous usez de cruauté, et parmi les persécuteurs du Christ, vous tenez le premier rang. Mais Celui "qui a le pouvoir de donner sa vie (Jn X, 18), n'a rien à craindre de votre colère. L'aiguillon de la crainte peut vous agiter, vous pouvez brûler des feux de la fureur ; mais, pour Jésus-Christ, le temps n'est point encore venu de mourir. Toutefois, s'il vous faut satisfaire votre affreuse cruauté, faites des martyrs de Jésus-Christ. Arrachez aux embrassements des nourrices ceux que vous n'arracherez pas aux embrassements des anges. Qu'ils quittent le sein maternel pour s'élever au-dessus des astres ; qu'ils échappent aux larmes de leurs mères pour se couvrir de la gloire des martyrs ; qu'ils quittent les bras de celles qui les portent, afin qu'ils parviennent à la couronne immortelle ; qu'ils soient témoins, eux qui ne peuvent encore parler ; qu'ils rendent témoignage, ceux qui n'ont pas encore l'usage de la parole, et que ceux qui, par leur âge, ne peuvent prononcer le nom de Jésus-Christ, commencent, par sa grâce, à confesser Jésus-Christ. Hérode, vous ne connaissez pas l'ordre des décrets divins, et voilà ce qui vous trouble. Jésus-Christ est venu sur la terre, non point pour s'emparer de votre trône, mais pour subir des humiliations de toute sorte ; non pas pour s'enivrer des flatteries des peuples et de leurs adulations, mais pour s'élever sur la croix que lui auront assignée les clameurs des Juifs ; non pas pour faire scintiller sur son front le diadème royal, mais pour être méprisé sous une couronne d'épines.

    5. Nous, mes frères, pour qui tout a été fait, pour qui le Très-Haut s'est humilié si profondément, pour qui un Dieu s'est fait homme, pour qui notre Créateur a été créé, pour qui notre pain a daigné avoir faim, et passant tant d'autres titres, nous pour qui notre vie a goûté les horreurs de la mort, vivons de telle sorte qu'au moins en quelque manière nous nous rendions dignes d'un si grand bienfait ; marchons sur les traces mortelles de l'humilité de Jésus-Christ, afin que nous recevions de lui la récompense éternelle. »

    Saint Augustin, XIXe Sermon, sur l'Epiphanie de Notre-Seigneur (Sermons sur le Propre du Temps), in Oeuvres complètes de Saint Augustin (Tome XI), traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • Méditation : l'Epiphanie

    « Ô Jésus, je Vous adore, car Vous êtes le Seigneur, mon Dieu.
    "...
    C'est lui notre Dieu,
    et nous le peuple de son bercail,
    le troupeau de sa main." (Ps 94)

    Oui, ô Jésus, je suis l'une de vos brebis, l'une de vos créatures et je suis heureux de reconnaître mon néant devant Vous, plus heureux encore de reconnaître et d'adorer en Vous, aimable Enfant, mon Dieu et mon Créateur. Comme je voudrais voir tous les peuples Vous reconnaître pour ce que Vous êtes, et se prosterner devant Vous, Vous adorer comme leur Dieu et leur Seigneur !
    Ô Seigneur, Vous le pouvez : manifestez à tous votre Divinité et comme un jour, Vous avez conduit vers Vous les Mages, réunissez de même, à présent, autour de votre crèche, tous les peuples, toutes les nations.
    Vous me faites comprendre que Vous voulez ma pauvre collaboration pour l'avènement de votre règne. Vous voulez que je prie, souffre et travaille pour la conversion de mes proches et pour celle de ceux qui me sont inconnus. Vous voulez que, moi aussi, je dépose devant votre crèche les dons des Mages : l'encens de la prière, la myrrhe de la mortification et de la souffrance généreusement embrassée par amour pour Vous, enfin l'or de la charité ; c'est elle qui me poussera au don total et exclusif de mon coeur, c'est elle qui me stimulera à travailler, à me donner pour la conversion des pécheurs, des infidèles, et pour la sanctification plus complète de vos élus.
    Ô mon très doux Roi, créez en moi un coeur d'apôtre. Combien je voudrais, en ce jour, déposer à vos pieds les louanges et les adorations sincères de tous les hommes de la terre !
    Entretemps, ô Jésus, je Vous prie de Vous manifester au monde, je Vous supplie également de Vous manifester toujours davantage à ma pauvre âme. Faites que votre étoile brille aujourd'hui pour moi, et m'indique la route qui mène directement à Vous ! Faites que ce jour soit pour moi une véritable Epiphanie, une nouvelle manifestation de votre Majesté à mon esprit et à mon coeur. Plus on Vous connaît, plus on Vous aime, ô Seigneur. Je désire Vous connaître uniquement pour Vous aimer, pour me donner à Vous dans une générosité toujours croissante. »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine O.C.D., Intimité Divine - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année : Epiphanie, 5ème éd. T.I, 1963 (1ère éd. 1955).

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  • Prière : Vous faire aimer, mon Dieu...

    « Jésus ! mon amour ! dans cet état d'adoration où Vous mettez mon âme, je trouve une paix, une lumière et un rassasiement divin ; mais je souffre aussi, je souffre de la froideur de mon coeur, de sa petitesse, de ne pouvoir me remplir, selon mes désirs, de ces trésors d'amour qui sont découverts à mes yeux.
    Je trouve mon rassasiement en Vous, ô divine Douceur, et j'ai toujours plus faim de Vous. Je trouve mon repos en Vous, et mon âme s'élance et halète continuellement vers Vous.
    Vous aimer ! pouvoir Vous aimer, ô divine Bonté, que ce serait doux ! Vous voir aimé, ce serait la douceur même ! Vous faire aimer, mon Dieu, je n'en suis ni capable, ni digne, et ce serait trop doux. S'il ne fallait Vous donner que ma vie pour que Vous soyez aimé, elle est déjà donnée ; s'il fallait donner l'éternelle douceur de l'union définitive de mon âme avec Vous, mon Dieu, pourrais-je la donner ? Oui, je la donnerais, car toute ma béatitude sera votre joie ; mon ciel sera l'entière satisfaction de votre Coeur ; la joie éternelle de mon âme, ce sera votre plus grande gloire et l'accomplissement de votre Volonté ! »

    Au service de Jésus Prêtre I. Les voies de Dieu (Notes intimes tirées des Ecrits de Mère Louise Marguerite Claret de la Touche - Ch. XVI, 5ème Retraite après la Profession, 16 octobre 1899), Turin - Rome, Firme Marietti, 1925.

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  • Méditation : nous et... DIEU

    « Une des qualités que Dieu s'attribue lui-même en sa parole et un des noms de sa grandeur, et qu'il a révélé à ses serviteurs avec plus de puissance et de mystère, est de se nommer CELUI QUI EST, pour nous apprendre qu'il est seul être infini, absolu et indépendant de tout être ; qu'il est la source et le soutien de tout ce qui a existence, et que tout ce qui procède de lui se termine en lui comme en la fin dernière et principale de toutes choses. Aussi un de nos premiers devoirs en l'usage de notre être et de notre vie, sitôt que nous avons l'usage de la raison, est de référer à Dieu l'usage de notre vie, et nous offrir à lui en reconnaissance, adorant et son être infini et son autorité suprême sur nous, et comme nous ne sommes que par lui, n'être aussi que pour lui au monde. Cette grandeur et qualité de son être, et la petitesse du nôtre, nous oblige à plusieurs devoirs. Le premier est de relever notre être de lui, et adorer sa grandeur par notre petitesse ; le second est de l'invoquer souvent ; car nous avons une continuelle et momentanée dépendance de lui ; le troisième, de vivre selon lui, et nous référer à lui, et nous approcher de sa gloire et de son royaume par la droiture et sainteté de nos oeuvres, comme nous approchons sans cesse de son jugement par la brièveté de nos jours ; et d'autant que chaque jour fait partie de notre vie, et que, lorsque nous le commençons, nous ignorons tous sur la terre si ce ne sera point le dernier... ; nous le devons commencer en nous mettant entre les mains de Dieu et en nous consacrant à lui. A cet effet donc, ouvrant nos yeux pour voir la lumière, ouvrons notre esprit pour penser à Dieu, et employons cette belle puissance qu'il nous a donnée en la contemplant de son vrai objet, qui est lui-même. »

    Cardinal de Bérulle (1575-1629), Opuscules de piété, CLXIII. Exercice pour le matin, et de récollection pendant la journée, Aubier (Coll. "Les Maîtres de la Spiritualité chrétienne"), Paris, 1944.

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  • 18 novembre : Méditation

    « En face de Notre-Seigneur, voulez-vous être nobles en l'amour ? - Parlez à l'amour de lui-même. Parlez à Jésus de son divin Père, des travaux qu'il a entrepris pour sa gloire, et vous réjouirez son Coeur.
    Parlez-lui de son amour pour les hommes, et vous le comblerez de joie. Parlez à Jésus de sa sainte Mère, et vous glorifierez son affection de bon fils. Parlez-lui de ses saints, et vous exalterez sa grâce en eux.
    Ayant parlé à Jésus de lui, il vous parlera de vous. Votre coeur s'ouvrira aux rayons de ce soleil de bonté, comme la fleur humide et glacée, dans une matinée de printemps. Sa douce voix pénétrera votre âme. Vous l'écouterez alors dans le silence et le repos, ou plutôt dans l'action la plus suave et la plus forte de l'amour : "vous viendrez en lui !"
    Ce qui contrarie le plus l'épanouissement de la grâce en nous, c'est qu'à peine aux pieds du bon Maître, nous étalons nos misères et nos péchés, c'est-à-dire, que nous fatiguons notre esprit et attristons notre coeur. - Que votre premier mouvement soit donc (car il influera sur l'adoration tout entière) : O mon bon Jésus ! que je suis heureux et content de venir vous voir ! Que vous êtes aimable de m'avoir appelé ! Que vous êtes bon d'aimer une aussi pauvre créature que moi ! Oh ! je vous aimerai par un juste retour ! - "L'amour alors vous a ouvert le Coeur de Notre-Seigneur. Entrez, aimez et adorez." »

    Saint Pierre-Julien Eymard (1811-1868), in P. Albert Tesnière, Le Prêtre de l'Eucharistie, Bureau des Oeuvres Eucharistiques, Paris.

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  • 24 octobre : Méditation

    « Parfois, dans les dernières décennies, on a confondu la juste attention aux situations humaines, qui s'enracine dans une authentique charité pastorale, avec un activisme vide, tout anthropocentrique et philanthropique, oubliant l'indispensable vérité selon laquelle la source et l'origine de toute charité est seulement dans la Charité Eternelle.

    Non seulement la force et le courage, mais aussi la juste créativité dans l'Evangélisation proviennent de l'Adoration Eucharistique ; de la redécouverte que chaque moment passé avec le Seigneur est, en réalité, donné au frère et constitue par là-même une Evangélisation !
    J'insiste sur le fait que, dans une juste dynamique entre amour de Dieu et amour du prochain, que l'Evangile lui-même nous a rappelé : "Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? [...] Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit [...] Et tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Mt 22, 37a-39b), il est non seulement nécessaire de retrouver le primat absolu de l'amour de Dieu, de la prière et de l'adoration, mais aussi que l'on peut et que l'on doit faire encore un pas ultérieur.

    L'Evangélisation n'est pas quelque chose "à faire" après avoir adoré ; elle n'est pas une chose à faire après l'Adoration. L'Evangélisation a lieu déjà dans l'Adoration : adorer, c'est déjà évangéliser ! Et cela, non seulement dans la dimension du témoignage visible que l'Adoration comporte toujours, mais aussi et surtout même, dans cette coopération invisible à l'oeuvre de Dieu, à laquelle celui qui se met à adorer est appelé à participer.

    En dépassant le "avant" de l'Evangélisation et le "après" de l'Adoration, nous sommes appelés à redécouvrir la profonde unité des deux dimensions, par laquelle on évangélise en adorant et l'on poursuit l'Adoration en évangélisant. Il n'y a pas un "avant" de l'Evangélisation, qui serait représenté par l'Adoration, ni un "après" de l'Adoration représenté par l'Evangélisation. Il y uniquement le primat de Dieu : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu [...] C'est le plus grand et le premier des commandements" (Mt 22, 37b-38). »

    Cardinal Mauro Piacenza, extrait de l'homélie de la Messe célébrée à Rome le 11 juin 2011 à l'occasion du Congrès International "De l'Adoration à l'Evangélisation".
    Texte intégral (format pdf)

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  • 4 août : Prière d'intercession au Saint Curé d'Ars

    Saint Curé d'Ars,
    tu as fait de ta vie une offrande sans partage
    à Dieu pour le service des hommes ;
    que l'Esprit-Saint, par ton intercession,
    nous conduise aujourd'hui à répondre,
    sans défaillance, à notre vocation personnelle.

    Tu as été un adorateur assidu du Christ au tabernacle.
    Apprends-nous à nous approcher avec foi
    et respect de l'Eucharistie,
    à goûter la présence silencieuse dans le Saint-Sacrement.

    Tu as été l'ami des pécheurs.
    Tu leur disais :
    « Vos fautes sont comme un grain de sable
    en comparaison de la grande montagne
    de la miséricorde de Dieu ».
    Dénoue les liens de la peur
    qui nous retiennent parfois loin du pardon de Dieu ;
    augmente en nous le repentir de nos fautes.
    Découvre-nous le vrai visage du Père
    qui attend inlassablement le retour du fils prodigue.

    Tu as été le soutien des pauvres :
    « Mon secret est bien simple,
    c'est de tout donner et de ne rien garder ».
    Apprends-nous à partager avec ceux qui sont dans le besoin ;
    rends-nous libres vis-à-vis de l'argent
    et de toutes les fausses richesses.

    Tu as été un fils aimant de la Vierge Marie,
    « ta plus vieille affection ».
    Apprends-nous à nous tourner vers elle
    avec la simplicité et la confiance de l'enfant.

    Tu es devenu le témoin exemplaire des Curés de l'univers.
    Que ta charité pastorale conduise les pasteurs
    à rechercher la proximité avec tous sans acception des personnes ;
    donne-leur l'amour de l'Église,
    l'élan apostolique, la solidité dans les épreuves.

    Inspire aux jeunes
    la grandeur du ministère sacerdotal
    et la joie de répondre à l'appel du Bon Berger.

    Saint Curé d'Ars,
    sois notre intercesseur auprès de Dieu.
    Obtiens-nous ce que nous te demandons

    (préciser ici telle demande particulière),
    toi le pasteur humble et fidèle,
    infatigable dans le service de Dieu et des hommes.
    Amen.

    Prière de Mgr Guy Bagnard (évêque de Belley-Ars (Ain) jusqu'au 15 juin 2012, et administrateur apostolique du diocèse jusqu'au dimanche 9 septembre 2012, date à laquelle lui succèdera officiellement Mgr Pascal Roland.)

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    Célébration de l'Eucharistie par Mgr Riocreux en l'église d'Ars
    à l'autel devant la chasse du Saint Curé

  • 4 août : Méditation

    Catéchisme sur la présence réelle

     « Notre-Seigneur est là caché qui attend que nous venions le visiter et lui faire nos demandes. Voyez comme il est bon ! Il s'accomode à notre faiblesse... Dans le ciel, où nous serons triomphants et glorieux, nous le verrons dans toute sa gloire ; s'il se fût présenté maintenant avec cette gloire devant nous, nous n'aurions pas osé l'approcher ; mais il se cache comme une personne qui serait dans une prison, et nous dirait : "Vous ne me voyez pas, mais ça ne fait rien ; demandez-moi tout ce que vous voudrez, je vous l'accorderai." Il est là dans le sacrement de son amour qui soupire et intercède sans cesse auprès de son Père pour les pécheurs. A quels outrages n'est-il pas exposé pour rester au milieu de nous ? Il est là pour nous consoler ; aussi devons-nous lui rendre visite souvent. Combien un petit quart d'heure que nous dérobons à nos occupations, à quelques inutilités pour venir le prier, le visiter, le consoler de tous les outrages qu'il reçoit, lui est agréable ! Lorsqu'il voit venir avec empressement les âmes pures, il leur sourit... Elles viennent, avec cette simplicité qui lui plaît tant, lui demander pardon pour tous les pécheurs des outrages de tant d'ingrats. Quel bonheur n'éprouvons-nous pas en la présence de Dieu, lorsque nous nous trouvons seuls à ses pieds, devant les saints tabernacles !... "Allons, mon âme, redouble d'ardeur ; tu es seule pour adorer Dieu ; ses regards se reposent sur toi seule..." Ce bon Sauveur est si rempli d'amour pour nous qu'il nous cherche partout !...


    Lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos yeux et notre bouche ; ouvrons notre coeur, le bon Dieu ouvrira le sien ; nous irons à lui, il viendra à nous, l'un pour demander et l'autre pour recevoir : ce sera comme un souffle de l'un à l'autre. Que de douceur ne trouvons-nous pas à nous oublier pour chercher Dieu ! Les saints se perdaient pour ne voir que Dieu, ne travailler que pour lui ; ils oubliaient tous les objets créés pour ne trouver que lui : c'est ainsi qu'on arrive au ciel... »

    Saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, in Esprit du Curé d'Ars - M. Vianney dans ses catéchismes, ses homélies et sa conversation, Paris, Ch. Douniol, 1864.
     
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    Autel et tabernacle de l'église d'Ars

  • Benoît XVI - Audience générale de ce mercredi 27 juin

    Lors de l'audience générale tenue Salle Paul VI, le Saint-Père a abordé l'Epître aux Philippiens, considérée comme le testament spirituel de saint Paul. Ce texte, a-t-il rappelé, a été écrit en prison, alors qu'il sentait proche la mort. Sa finale est cependant une invitation à la joie, "caractéristique fondamentale de l'être chrétien... Mais comment peut-on se réjouir à la veille d'une condamnation à mort ? De qui Paul tire-t-il sa sérénité et le courage d'affronter le martyr ?". La réponse se trouve au coeur de l'Epître que la tradition nomme Carmen Christi, c'est à dire un chant christologique résumant son mode de penser et de vivre, "le parcours divin et humain du Fils de Dieu". Il s'ouvre par l'encouragement à faire siens ces sentiments de Jésus, "non pas de suivre seulement son exemple...mais d'y conformer notre existence". Cet hymne encourage à adopter la condition du Seigneur afin de faire triompher sa suprématie. Jésus s'en est dépouillé pour se faire esclave. "La condition humaine est marquée par la pauvreté, la souffrance et la mort, et il s'est pleinement assimilé aux hommes, le péché mis à part".

    Puis, a dit le Pape, Paul évoque le contexte dans lequel s'est produit cet abaissement du Christ, achevé par l'humiliation suprême de la croix. "La crucifixion était en effet le sort des esclaves... Mais par la croix le Christ a racheté l'Adam qui est en nous. Il nous a rendu notre dignité... A l'inverse, la logique humaine recherche souvent sa propre réalisation dans le pouvoir, dans la domination. L'homme continue de vouloir bâtir avec ses propres forces la tour de Babel, de se hausser au niveau de Dieu pour être comme lui. L'incarnation et la croix nous rappelle que la pleine réalisation réside dans la conformation de notre volonté à celle du Père... Mais il faut se libérer de l'égoïsme pour se remplir d'amour, de la charité de Dieu".

    L'Epître aux Philippiens contient deux indications importantes pour la prière, l'invocation Seigneur, qui s'adresse à Jésus-Christ, seul maître de nos vies au milieu de tant de dominateurs, et la prostration. La génuflexion est un signe d'adoration que tout créature doit au Créateur, entre la terre et le ciel. Nous prions à genoux devant le Saint Sacrement en exprimant corporellement cette soumission à Dieu, en exprimant notre foi en lui, en le reconnaissant comme maître de nos vies. "Celui qui s'est totalement abaissé en se faisant esclave a été exalté, élevé par le Père au dessus de toute chose, au point de lui attribuer le titre de Kryos, Seigneur... C'est le Jésus de l'ultime Cène...qui s'est penché pour laver les pieds des apôtres... Nous nous sommes demandé au début comment saint Paul avait pu se réjouir à l'approche de la mort... Ce ne fut possible que parce que l'apôtre des gentils n'a jamais détourné son regard de la Croix".

    Source : VIS Archive 01 - 27.6.12.

     

    Texte intégral de l'allocution prononcée par Benoît XVI en français

    « Chers frères et sœurs, saint Paul a laissé pour ainsi dire son testament spirituel dans la Lettre aux Philippiens. Malgré l’insécurité où il se trouve, il exprime sa joie d’être disciple du Christ, d’aller à sa rencontre, au point de ne pas voir la mort comme une perte mais comme un gain. D’où tire-t-il ce courage face au martyre qui approche ? Il le dit lui-même : en ayant en lui les sentiments du Christ, c’est-à-dire l’amour, l’humilité, l’obéissance à Dieu. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, ne vit pas son ‘être comme Dieu’ pour triompher ou pour imposer sa puissance. Non, il se dépouille, prenant la condition humaine marquée par la souffrance et la mort, devenant esclave au service des autres jusqu’au sacrifice suprême. Ainsi, l’obéissance du Christ nous rend ce que la désobéissance d’Adam, qui a voulu se mettre à la place de Dieu, a fait perdre. Et l’homme racheté retrouve toute sa dignité. Chers amis, dans la prière, l’Esprit Saint nous fait entrer dans cette dynamique de vie. La réalisation de nous-même n’est pas dans le pouvoir ou l’autosuffisance pour être comme Dieu. Suivre Jésus, c’est conformer notre volonté à celle de Dieu, c’est nous vider de nous-même et nous remplir de son amour pour être capable d’aimer les autres. Comme Paul, que notre échelle de valeurs mette Dieu et la connaissance du Christ Jésus à la première place ! »

    Source : Radio Vatican.

  • 20 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Pour vous, quand vous priez, entrez  dans votre chambre." Or quelle est cette chambre, sinon le coeur lui-même, ainsi que le Psalmiste l'enseigne quand il dit : "Ce que vous dites dans votre coeur, repassez-le avec amertume sur votre couche (1). — Et, les portes fermées, priez votre Père en secret." C'est peu d'entrer dans sa chambre, si on en laisse la porte ouverte aux importuns, si les choses du dehors s'y introduisent et envahissent notre intérieur. Or nous avons dit que le dehors ce sont tous les objets temporels et visibles, qui pénètrent dans nos pensées par la porte, c’est-à-dire par les sens charnels, et troublent nos prières par une multitude de vains fantômes. Il faut donc fermer la porte, c'est-à-dire résister au sens charnel, en sorte que notre prière, toute spirituelle, s'élève vers le Père du fond du cœur où l'on prie le Père en secret. "Et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra." C'est par là qu'il fallait terminer ; car le Seigneur n'a pas en vue ici de nous recommander de prier, mais de nous appendre comment il faut prier ; comme plus haut, ce n'était point l'aumône qu'il recommandait, mais l'esprit dans lequel il faut la faire ; puisqu'il s'agit de la pureté du coeur, qui ne s'obtient qu'en fixant son intention unique, simple, sur la vie éternelle, par le seul et pur amour de la sagesse.

    "Or, en priant, ne parlez pas beaucoup, comme les païens ; ils s'imaginent qu'à force de paroles il seront exaucés." Comme le propre des hypocrites est de se donner en spectacle dans la prière et de n'en attendre d'autre fruit que l'approbation des hommes ; ainsi le propre des païens, c'est-à-dire des gentils, est de s'imaginer qu'à force de paroles ils seront exaucés. Et en effet toute abondance de paroles vient des gentils qui s'appliquent plus à exercer leur langue qu'à purifier leur coeur. Ils s'efforcent de transporter dans la prière ce ridicule verbiage, dans l'espoir de fléchir Dieu, et dans la conviction que Dieu se laisse, comme l'homme, séduire par des paroles. "Ne leur ressemblez donc pas," dit le seul et véritable Maître. "Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez." Si en effet il faut une multitude de paroles pour informer et instruire celui qui ne sait pas, qu'en est-il besoin avec Celui qui connaît tout, à qui tout ce qui est parle, par cela seul qu'il est, et se présente comme un fait accompli ; à la science et à la sagesse duquel l'avenir n'est point caché ; pour qui tout ce qui est passé et tout ce qui passera est immuablement présent ? »

    (1) : Ps. IV, 5.

    Saint Augustin (354-430), Explication du Sermon sur la montagne (Livre II, ch. III, 11), Trad. de M. l'Abbé Devoille, des "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 19 juin : Méditation

    « Si nous ne voyons pas d'avenir au christianisme ou si nous le distinguons uniquement selon les critères du monde, si nous rencontrons autant de réticences intérieures à manifester notre foi, si nous reculons avec autant de pusillanimité face à l'annonce de l'Evangile, si nous laissons le monde aller à la barbarie sans lui proposer la solution chrétienne, si nous vivons notre christianisme comme une appartenance à une élite, si nous cherchons surtout à nous protéger, c'est que fondamentalement, notre coeur n'a pas encore été vaincu par cette étreinte spirituelle, par ce baiser brûlant du Coeur de Jésus. C'est que nous sommes encore entravés par les logiques de la chair, et que nous n'avons pas encore laissé l'Evangile nous illuminer.

    Voilà pourquoi nous devons tous désirer et demander cette transformation. Il ne s'agit pas ici de suivre les "valeurs de l'Evangile", il s'agit de rencontrer et connaître le Christ, vivant aujourd'hui comme il vivait hier. Notre foi, c'est quelqu'un, et non une hiérarchie de normes. Lorsque je communie, je ne reçois pas en moi des valeurs, même les plus hautes et nobles, ou encore des vitamines spirituelles qui vont muscler mon altruisme, mais Jésus lui-même. Connaître donc le Christ comme une "personne", et non pas uniquement par le cerveau, comme un concept, ni par le souvenir... mais le connaître comme quelqu'un de vivant, de réel, de présent, avec qui on passe et prend du temps. [...] N'avons-nous jamais compris pourquoi l'Eglise nous invite à la communion régulière, à la prière personnelle, à l'adoration eucharistique, à la lecture des Evangiles, à la confession sacramentelle ? C'est là que se rencontre Jésus, l'aurions-nous oublié ? Encore faut-il s'approcher de lui dans la foi, et dans le désir de le recevoir. "Sans moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn 15,5) : non pas peu, mais rien. Faire tout cela sans la soif de le rencontrer ni le souhait de l'accueillir en lui ouvrant tout en nous, c'est peine perdue. »

    Thibaut Dary, Manifeste pour un christianisme engagé (ch.V), Salvator, Paris, 2007.

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  • 10 juin : Angélus de ce dimanche

    Angélus de ce dimanche 10 juin
    Nouveau plaidoyer du Pape en faveur de l'adoration eucharistique

    Benoît XVI a rappelé que l’Eglise catholique professe le culte de l’Eucharistie, non seulement pendant la messe, mais aussi en dehors de la célébration. L'Eglise conserve avec le plus grand soin les hosties consacrées, elle les présente à la vénération solennelle des fidèles et les porte en procession pour la plus grande joie de la communauté chrétienne. Le Saint-Père a précisé que la prière d’adoration peut se faire individuellement en se recueillant devant le tabernacle, ou sous une forme communautaire, mais toujours en privilégiant le silence.

    Extrait de son intervention en français :
    « Je vous invite à rencontrer régulièrement et à adorer le Christ-Eucharistie. Pour cela, notre monde à besoin de prêtres, ministres de l’Eucharistie. Prions pour que dans les familles, et ailleurs, puissent s’épanouir, à l’appel du Seigneur, des vocations sacerdotales. Que la Vierge Marie, Mère des prêtres, soutienne tous les ministres ordonnés et plus particulièrement ceux qui sont ordonnés au cours de cette année ! »

    Source et résumé de son allocution en faveur de l'adoration eucharistique, sur Radio Vatican.

  • Fête-Dieu - Méditation

    « Chaque messe est un acte d'adoration que l'Eglise adresse à la Victime eucharistique. Mais la solennité de la Fête-Dieu permet de rendre une adoration tout-à-fait particulière. Dès le début de la messe, le prêtre expose le Saint-Sacrement. L'Hostie trône dans l'ostensoir précieux que fait étinceler la lumière des cierges qui l'entourent. La Collecte de la messe ne s'adresse pas, comme d'ordinaire, au Père éternel, mais à notre Sauveur Lui-même. La Séquence qui précède l'Evangile n'est qu'une hymne de louange à Jésus-Eucharistie. Puis vient la procession solennelle où le Christ est porté en triomphe à travers les rues et les champs ; Il passe en bénissant. Après la messe, le Saint-Sacrement est reposé dans le tabernacle ; mais tout le jour, la porte de l'Eglise grand-ouverte invite les fidèles à venir rendre visite au Seigneur, prisonnier pour nous.
    [...]
    Allons auprès du Saint-Sacrement, allons rendre visite à notre divin Sauveur avec joie et reconnaissance. Parlons-Lui, Il nous parlera. Faisons-Lui part de nos joies, de nos peines... Dans l'après-midi, le soir, allons nous agenouiller devant le Saint-Sacrement, assistons au Salut. C'est un honneur d'être auprès du Saint-Sacrement, de Lui servir d'escorte, de Le porter en triomphe...
    Gardons aussi une profonde reconnaissance à l'Eglise, cette Mère au grand coeur, pour le soin qu'elle prend d'assurer, dans sa liturgie, la place d'honneur à la sainte messe et à la Communion. Car seuls, des coeurs nourris par la communion fréquente et même quotidienne peuvent chanter d'une voix pure et digne ces paroles de la Séquence :

    Loue, ô Sion, ton Sauveur,
    Loue ton Chef et ton Pasteur
    en des hymnes et des cantiques.
    Autant que tu le peux, ose Le chanter ;
    Car Il est supérieur à toute louange,
    et tu ne suffis pas à Le louer...

    Bon Pasteur, pain véritable,
    Jésus, ayez pitié de nous :
    Nourrissez-nous, soutenez-nous,
    Faites-nous jouir des biens de la terre des vivants...
    »


    Toute l'année avec le Christ par les Bénédictins de l'Abbaye de Notre Dame d'Einsiedeln (Octave de la Fête-Dieu), Comptoir Français du Livre, Paris, 1936.

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