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  • Méditation : l'Annonciation - la parole angélique

    « La Vierge écoute en silence cet ange qui lui parle ; elle reçoit avec humilité les paroles d'honneur dont il la salue ; elle considère en tranquillité les propos qu'il lui tient ; elle se rend attentive à l'ambassade qu'il lui fait ; elle croit ce qu'il lui annonce et, le tenant pour véritable, elle s'enquiert avec prudence de la manière dont il s'accomplira ; ce que cet ange n'avait point annoncé, et par une conduite céleste avait, ce semble, tu et réservé exprès pour donner lieu à la demande de la Vierge, et éclairer l'univers du vœu et état de la Vierge par les paroles de la Vierge.

    La Vierge donc, ne doutant point de cette œuvre, le supposant pour véritable en la lumière de la foi et en la clarté de la parole angélique, désire apprendre de ce même ange, qui lui est envoyé de Dieu pour l'instruire en ce sujet, quelle est la voie ordonnée de Dieu pour accomplir cet œuvre. Et en cet esprit d'humilité, de créance, de désir d'être instruite de cette vérité importante à elle et au monde, elle dit simplement à cet ange : Comment s'accomplira cet œuvre ? (Lc I,34)

    [...]

    Cette parole est donc une parole de foi signalée, de pureté virginale, de prudence céleste, de conduite divine ; et même, si nous y pensons bien, c'est une parole d'autorité éminente, en laquelle Dieu veut que la Vierge entre au regard de cet œuvre qui lui est annoncé, comme un préambule de l'autorité grande où elle va entrer sur Dieu même en qualité de mère. Car Dieu veut que la Vierge traite et délibère sur cet œuvre des œuvres que la main du Tout-Puissant veut opérer au monde. [...] Puissance véritablement remarquable, et honneur grand à la Vierge, mais qui n'est qu'un rayon de l'honneur, puissance et autorité admirable qu'elle va recevoir au regard de Dieu même qui la fait sa Mère.

    Voilà les saintes pensées que nous devons avoir, écoutant les propos qui se tiennent en ce cabinet de Nazareth ou, pour mieux dire, en ce sanctuaire où la Vierge est avec l'ange ; où Dieu est présent et prêt à s'incarner, où tout est saint, pur et divin, et tend à produire le Saint des saints au monde. Et c'est ainsi qu'il faut parler d'un colloque si pur et si saint, qui sert de préambule à un mystère si haut, si grand et si auguste. »

    P. de Bérulle, Annonciation, Colloque de la Vierge avec l'Ange, in "Vie de Jésus" (chap. XIII), Éditions du Cerf, Juvisy, 1929.

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  • Mardi 25 mars 2014

    Annonciation du Seigneur

    (Annonciation de la Bse Vierge Marie)

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    Annonciation - Maître du Haut-Rhin (XVe siècle)
    Explications sur ce petit tableau

  • Vêpres de l'Annonciation

    Hymne "Vous êtes sans pareille"

    Vous êtes sans pareille, ô Mère du Sauveur !
    Vous êtes sans pareille, ô Mère du Sauveur !
    Vous êtes la merveille des œuvres du Seigneur,
    Ô Notre Dame, des œuvres du Seigneur.

    Ô Vierge élue du Père pour mettre au monde un Dieu,
    Ô Vierge élue du Père pour mettre au monde un Dieu,
    Soyez encore la Mère de tout enfant de Dieu,
    Ô Notre Dame, de tout enfant de Dieu.

    Vous êtes la fontaine de grâce et de pitié,
    Vous êtes la fontaine de grâce et de pitié
    Jaillie des hauts domaines sur toute l’humanité,
    Ô Notre Dame, sur toute humanité.

    Ô Vierge de lumière, étoile dans les cieux,
    Ô Vierge de lumière, étoile dans les cieux,
    Brillez sur notre terre de la clarté de Dieu,
    Ô Notre Dame, de la clarté de Dieu.

    T. : C. Rozier / M. : J. Gélineau
    (d’après un air breton)
    Mame / Le Cholet

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    L'Annonciation, Pierre Paul Rubens (1577-1640), Kunsi-historisches Muséum, Vienne.

  • 8 avril : Ecrits des Pères...

    Ave Maria, gratia plena...

    « Vous possédez, ô Marie, à un degré supérieur la plénitude de la grâce, et c'est pourquoi Gabriel vous dit : "Je vous salue, pleine de grâce." Vous êtes "pleine de grâce" en votre âme : car la grâce nous est donnée pour faire le bien et pour éviter le mal, et vous avez été en ces deux choses d'une perfection également absolue. Le péché est originel, et vous n'en avez pas été tributaire ; il est encore mortel ou véniel, et vous en avez été tout à fait exempte : saint Augustin le dit expressément. Quant aux vertus, ô Vierge bénie, tandis que les autres Saints ne nous sont proposés que comme un exemple spécial, vous nous êtes offerte comme le modèle de toutes. Donc vous avez été pleine de grâce en faisant le bien, et pleine de grâce en évitant le mal.
    Et vous n'avez pas seulement possédé dans votre âme cette plénitude de la grâce, mais aussi dans votre corps. Le "trop-plein" de la grâce avait débordé de votre âme en votre corps ; et il y avait encore, il y avait toujours "un trop-plein" qui déborda sur toute l'humanité.
    Les autres Saints ont assez de grâces pour le salut d'un grand nombre d'âmes ; mais le Christ et la Vierge en ont surabondamment pour sauver tous les hommes du monde entier. En tous leurs périls, les hommes peuvent vous invoquer, ô Vierge, et vous leur obtiendrez le salut. En toute oeuvre bonne, ils peuvent vous appeler à leur secours, et vous les sauverez. Voilà, voilà ce que que signifient ces deux mots gratia plena ! »

    Saint Thomas d'Aquin.

  • 20 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'Annonciation (Lc 1, 26-38)

    « Le Verbe éternel se faisant homme, et daignant habiter parmi les hommes, tel est le grand mystère que célèbre aujourd'hui l'Eglise universelle, et dont elle salue chaque année le retour par des transports de joie. Après l'avoir une première fois reçu pour sa propre rédemption, le monde fidèle en a consacré le souvenir de génération en génération, afin de perpétuer l'heureuse substitution de la vie nouvelle à la vie ancienne. Maintenant donc, lorsque le miracle depuis longtemps accompli nous est remis annuellement sous les yeux dans le texte des divines Ecritures, notre dévotion s'enflamme et s'exhale en chants de triomphe et de joie. Le saint Evangile que nous lisions nous rappelait que l'archange Gabriel a été envoyé du ciel par le Seigneur pour annoncer à Marie qu'elle serait la Mère du Sauveur. L'humble Vierge priait, silencieuse et cachée aux regards des mortels; l'ange lui parla en ces termes : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » (Lc 1, 28). O annonciation miraculeuse ! ô salutation céleste, apportant la plénitude de la grâce et illuminant ce cœur virginal ! L'Ange était descendu porté sur ses ailes de feu et inondant de clartés divines la demeure et l'esprit de Marie. Député par le Juge suprême et chargé de préparer à son Maître une demeure digne de lui, l'ange, éblouissant d'une douce clarté, pénètre dans ce sanctuaire de la virginité, rigoureusement fermé aux regards de la terre : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » ; Celui qui vous a créée vous a prédestinée ; Celui que vous devez enfanter vous a remplie de ses dons. A l'aspect de l'ange, la Vierge se trouble et se demande quelle peut être cette bénédiction. Dans son silence humble et modeste, elle se rappelle le vœu qu'elle a formé, et, jusque-là, tout à fait étrangère au langage d'un homme, elle se trouble devant un tel salut, elle est saisie de stupeur devant un tel langage, et n'ose d'abord répondre au céleste envoyé. Plongée dans l'étonnement, elle se demandait à elle-même d'où pouvait lui venir une telle bénédiction. Longtemps elle roula ces pensées dans son esprit, oubliant presque la présence de l'ange que lui rappelaient à peine quelques regards fugitifs attirés par l'éclat de l'envoyé céleste. Elle hésitait donc et s'obstinait dans son silence ; mais l'ambassadeur de la Sainte Trinité, le messager des secrets célestes, le glorieux archange Gabriel, la contemplant de nouveau, lui dit : « Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu ; voici que vous concevrez et enfanterez un fils, et vous le nommerez Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut, et le Seigneur-Dieu lui donnera le siège de David son père; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, a et son règne n'aura pas de fin » (Lc 1, 30-21). Alors Marie, pesant sérieusement ces paroles de l'ange et les rapprochant de son vœu de virginité perpétuelle, s'écria : « Comment ce que vous me dites pourra-t-il se réaliser, puisque je ne connais point d'homme ? ». Aurai-je un fils, moi qui ne connais point d'homme ? Porterai-je un fruit, moi qui repousse l'enfantement ? Comment pourrai-je engendrer ce que je n'ai point conçu ? De mon sein aride, comment pourrai-je allaiter un fils, puisque jamais l'amour humain n'est entré dans mon cœur et n'a pu me toucher. L'ange répliqua : Il n'en est point ainsi, Marie, il n'en est point ainsi ; ne craignez rien ; que l'intégrité de votre vertu ne vous cause aucune alarme ; vous resterez vierge et vous vous réjouirez d'être mère ; vous ne connaîtrez point le mariage, et un fils fera votre joie ; vous n'aurez aucun contact avec un homme mortel, et vous deviendrez l'épouse du Très-Haut, puisque vous mettrez au monde le Fils de Dieu. Joseph, cet homme chaste et juste, qui est pour vous, non point un mari mais un protecteur, ne vous portera aucune atteinte ; mais « l'Esprit-Saint surviendra en vous », et, sans qu'il s'agisse ici d'un époux et d'affections charnelles, « la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre : voilà pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu ».

    O séjour digne de Dieu ! Avant que l'ange ne lui eût fait connaître clairement le Fils qui lui était promis au nom du ciel, Marie ne laissa échapper de ses lèvres pudiques aucune parole d'assentiment. Mais dès qu'elle sut que sa virginité ne subirait aucune atteinte, dès qu'elle en reçut l'attestation solennelle, faisant de son cœur un sanctuaire digne de la Divinité, elle répondit : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole ». Comme si elle eût dit : « Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt », puisque mon sein doit rester intact. « Qu'il me soit fait selon votre parole », ô glorieux archange Gabriel; qu'il vienne dans sa demeure, « Celui qui a placé sa tente dans le soleil » (Ps XVIII, 6). Puisque je dois demeurer vierge, « que le Soleil de justice se lève en moi » (Ml IV, 2) sous ses rayons je conserverai ma blancheur, et la fleur de mon intégrité s'épanouira dans une chasteté perpétuelle. « Que le juste sorte dans toute sa splendeur » (Is LVI, 1), et que le Sauveur brille « comme un flambeau » (Si XLVIII, 1). Le flambeau du soleil illumine l'univers ; il pénètre ce qui semble vouloir lui faire obstacle, et il n'en jette pas moins ses flots de lumière. Qu'il apparaisse donc aux yeux des hommes « le plus beau des enfants des hommes » ; « qu'il s'avance comme un époux sort du lit nuptial » (Ps XLIV, 3) ; car maintenant je suis assurée de persévérer dans mon dessein. Quelle parole humaine pourrait raconter cette génération ? Quelle éloquence serait suffisante pour l'expliquer ? Les droits de la virginité et de la nature sont conservés intacts, et un fils se forme dans les entrailles d'une vierge. Lorsque les temps furent accomplis, le ciel et la terre purent contempler cet enfantement sacré auquel toute paternité humaine était restée complètement étrangère. Telle est cette ineffable union nuptiale du Verbe et de la chair, de Dieu et de l'homme. C'est ainsi qu'entre Dieu et l'homme a été formé « le Médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Christ Jésus » (I Tm II, 5). Ce lit nuptial divinement choisi, c'est le sein d'une Vierge. Car le Créateur du monde venant dans le monde, sans aucune coopération du monde, et pour racheter le monde de toutes les iniquités qui le souillaient, devait sortir du sein le plus pur et entourer sa naissance d'un miracle plus grand que le miracle même de la création. Car, comme le dit lui-même le Fils de Dieu et de l'homme, le Fils de l'homme est venu « non point pour juger le monde, mais pour le sauver » (Jn XII, 47).

    O vous, Mère du Saint des Saints, qui avez semé dans le sein de l'Eglise le parfum de la fleur maternelle et la blancheur du lis des vallées, en dehors de toutes les lois de la génération et de toute intervention purement humaine ; dites-moi, je vous prie, ô Mère unique, de quelle manière, par quel moyen la Divinité a formé dans votre sein ce Fils dont Dieu seul est le Père. Au nom de ce Dieu qui vous a faite digne de lui donner naissance à votre tour, dites-moi, qu'avez-vous fait de bien ? Quelle grande récompense avez-vous obtenue ? Sur quelles puissances vous êtes-vous appuyée ? Quels protecteurs sont intervenus ? A quels suffrages avez-vous eu recours ? Quel sentiment ou quelle pensée vous a mérité de parvenir à tant de grandeur ? La vertu et la sagesse du Père « qui atteint d'une extrémité à l'autre avec force et qui dispose toutes choses avec suavité » (Sg VIII, 1), le Verbe demeurant tout entier partout, et venant dans votre sein sans y subir aucun changement, a regardé votre chasteté dont il s'est fait un pavillon, dans lequel il est entré sans y porter atteinte et d'où il est sorti en y mettant le sceau de la perfection. Dites-moi donc comment vous êtes parvenue à cet heureux état ? Et Marie de répondre : Vous me demandez quel présent m'a mérité de devenir la mère de mon Créateur ? J'ai offert ma virginité, et cette offrande n'était pas de moi, mais de l'Auteur de tout bien ; car tout don « excellent et parfait nous vient du Père des lumières » (Jc I, 17). Toute mon ambition, c'est mon humilité ; voilà pourquoi « mon âme grandit le Seigneur, et mon esprit a tressailli en Dieu mon Sauveur » (Lc I, 47) ; car il a regardé, non pas ma tunique garnie de noeuds d'or, non pas ma chevelure pompeusement ornée et jetant l'éclat de l'or, non pas les pierres précieuses, les perles et les diamants suspendus à mes oreilles , non pas la beauté de mon visage trompeusement fardé ; mais « il a regardé l'humilité de sa servante ».

    Le Verbe est venu plein de douceur à son humble servante, selon l'oracle du Prophète : « Gardez-vous de craindre, fille de Sion. Voici venir à vous votre Roi plein de douceur et de bonté, assis sur un léger nuage » (Is LXII, 11). Quel est ce léger nuage ? C'est la Vierge Marie dont il s'est fait une Mère sans égale. Il est donc venu plein de douceur, reposant sur l'esprit maternel, humble, « calme et craignant ses paroles » (Is LXVI, 1). Il est venu plein de douceur, remplissant les cieux, s'abaissant parmi les humbles pour arriver aux superbes, ne quittant pas les cieux et présentant ses propres humiliations pour guérir avec une mansuétude toute divine ceux qu'oppressent les gonflements de l'orgueil. O profonde humilité ! O grandeur infinie des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ; que les « jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies impénétrables » (Rm XI, 33). Le pain des Anges est allaité par les mamelles d'une mère ; la source d'eau vive jaillissant jusqu'à la vie éternelle demande à boire à la Samaritaine, figure de l'Eglise ; il ne refuse pas de manger avec les publicains et les pécheurs, lui que les Anges au ciel servent dans la crainte et la terreur. Le Roi des rois a rendu à la santé le fils de l'officier, sans employer aucun remède et par la seule efficacité de sa parole. Il guérit le serviteur du centurion et loue la foi de ce dernier, parce qu'il a cru que le Seigneur commande à la maladie et à la mort comme lui-même commandait à ses soldats. Quelque cruelles que fussent les souffrances de la paralysie, il en trouva la guérison infaillible dans la visite miséricordieuse de Jésus-Christ. Une femme affligée depuis de longues années d'une perte de sang qui faisait de ses membres une source de corruption, s'approche avec foi du Sauveur qui sent aussitôt une vertu s'échapper de lui et opérer une guérison parfaite. Mais comment rappeler tant de prodiges ? Le temps nous manque pour énumérer tous ces miracles inspirés à notre Dieu par sa puissance infinie et sa bonté sans limite. Abaissant sa grandeur devant notre petitesse et son humilité devant notre orgueil, il est descendu plein de piété, et, nouveau venu dans le monde, il a semé dans le monde des prodiges nouveaux. C'est lui que les évangélistes nous dépeignent sous différentes figures : l'homme, le lion, le boeuf et l'aigle. Homme, il est né d'une Vierge sans le concours de l'homme ; lion, il s'est précipité courageusement sur la mort et s'est élevé sur la croix par sa propre vertu ; boeuf, il a été volontairement immolé dans sa passion pour les péchés du peuple ; et comme un aigle hardi, il a repris son corps, est sorti du tombeau, a fait de l'air le marchepied de sa gloire, « est monté au-dessus des chérubins, prenant son vol sur les ailes des vents », et maintenant il siège au ciel, et c'est à lui qu'appartient l'honneur et la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».

    Saint Augustin, Cinquième sermon pour la fête de l’Annonciation.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 8 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'Immaculée Conception de la Vierge Marie

    « Il convenait que cette Vierge à qui le Père se disposait à donner son Fils unique, ce Fils engendré de son cœur, égal à lui et qu'il aime comme lui-même, qu'il voulait lui donner de sorte qu'il fût naturellement un seul et même Fils, commun à Dieu et à la Vierge, il convenait que cette Vierge fût ornée de la plus haute sainteté qui se puisse concevoir après celle de Dieu. »

    Saint Anselme de Cantorbery, De conceptu virginali et originali peccato.


    « Marie était le ciel où devait se lever le soleil de justice, la terre qui devait porter l'épi de vie, la mer qui devait produire la perle d'un prix infini.

    C'est une terre qui ne produira jamais l'épine du péché, qui produira, au contraire, un fruit de grâce. C'est une terre qui n'entendra jamais des paroles de malédiction, mais des paroles de bénédiction.

    Ainsi, si les Anges, au témoignage de la Sainte Ecriture, louaient Dieu en contemplant la création naissante, cette création qui n'était pas sans défauts, quelles louanges ils adressaient à Dieu en contemplant cette créature toute remplie de Dieu ! »

    Saint Jean Damascène, Deuxième homélie sur la Nativité de la Vierge.


    Evangile de l'Annonciation (Lc 1, 26-38)

    « S’il fallut jamais que l’homme se réjouît et dansât et chantât de joie, s’il y eut un instant que l’on doive célébrer avec grandeur et éclat, s’il faut pour cela demander la hauteur de l’esprit, la beauté du discours et l’élan des paroles, je n’en connais pas d’autre que ce jour où un ange vint du ciel annoncer tout bien à la terre. Maintenant le ciel est en fête, maintenant resplendit la terre, maintenant la création tout entière se réjouit et celui-là même qui tient les cieux en sa main n’est pas absent de la fête – car ce qui a lieu aujourd’hui est bien une panégyrie, une célébration universelle. Tous s’y rassemblent en une figure unique, en une même joie, dans ce même bonheur qui survient pour tous : et pour le Créateur, et pour toutes ses créatures et pour la mère elle-même du Créateur, celle qui a fait de lui un participant de notre nature, de nos assemblées et de nos fêtes. [...]

    La Vierge s’offrit d’elle-même et fut l’ouvrière de ce qui attira l’artisan vers la terre et mit en mouvement sa main créatrice. Qu’est-ce donc ? Ce furent sa vie toute-pure, le renoncement à tout péché, l’exercice de toute vertu, l’âme plus pure que la lumière, le corps en tout spirituel, plus lumineux que le soleil, plus pur que le ciel, plus saint que le trône des chérubins ; un envol de l’esprit ne craignant aucune hauteur, surpassant même les ailes des anges ; un désir de Dieu anéantissant tout emportement de l’âme ; une prise de possession par Dieu, une intimité avec Dieu excluant toute pensée créée. Ayant orné son âme et son corps de tant de beauté, elle attira le regard de Dieu et révéla la beauté de notre commune nature par sa propre beauté ; elle a ainsi attiré l’impassible, et celui que l’homme avait rebuté par le péché est devenu Homme par la Vierge. [...]

    Lorsque vint le moment où parut celui qui apportait l’annonce, elle crut, fit confiance et accepta le service. Car c’est cela qui était nécessaire, et il le fallait en tout cas pour notre salut. Si en effet elle n’en avait pas été capable, la Bienheureuse n’aurait pu voir la bienveillance de Dieu pour l’homme, car il n’aurait pas désiré descendre sans qu’il y eût quelqu’un pour le recevoir, quelqu’un qui fût capable de servir l’économie du salut – et la volonté de Dieu sur nous n’aurait pas pu passer en acte si la Vierge n’avait pas cru et acquiescé. Et la preuve en est que Gabriel s’est réjoui lorsque, s’adressant à elle et l’appelant pleine de grâce, il lui expliqua tout le mystère (Lc 1,26-33). Mais Dieu ne descendit pas sans que la Vierge eût demandé à savoir de quelle manière elle enfanterait. Dès qu’il l’eut persuadée, dès qu’elle eut accepté la requête, tout l’oeuvre se réalisa aussitôt : Dieu revêtit l’homme et la Vierge devint Mère de son Créateur.

    Si la Toute-Pure a observé devant Dieu tout ce qu’il faut observer, si elle s’est montrée aussi sainte comme homme sans rien omettre de ce qui se doit, comment n’eût-elle pas convenu à Dieu ? Et si rien n’a échappé à la Vierge de ce qui pouvait la désigner comme Mère de Dieu, si elle en a conçu un ardent amour pour lui, encore plus Dieu devait-il observer le juste retour et devenir son Fils. lui qui donne aux princes méchants selon leur cœur, comment n’aurait-il pas pris comme mère celle qui s’était montrée en tout selon son désir ? C’est ainsi que ce don fut approprié et convenable en tout pour la Bienheureuse. C’est pourquoi, pour lui annoncer clairement qu’elle allait enfanter Dieu, Gabriel lui dit : Il régnera pour les siècles sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin (Lc 1,33). Comme si ce qu’elle venait d’apprendre n’était ni étrange ni inhabituel, elle reçut cette annonce avec joie. Et d’une voix bienheureuse, l’âme exempte de trouble et dans le calme des pensées, elle répond : Voici la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! (Lc 1,38).

    Tels furent ses mots, et la réalité suivit : Et le Verbe est devenu chair, et il a fait son habitation en nous (Jn 1,14). Ayant donné sa réponse à Dieu, elle en reçut l’Esprit, artisan de cette chair consubstantielle à Dieu. Sa voix fut une voix puissante, comme le dit David (cf. Ps 67,34), et le Verbe du Père fut formé par le verbe d’une mère, le Créateur par la voix d’une créature. Et de même que Dieu dit : Que la lumière soit !, et aussitôt la lumière fut (Gn 1,3), de même la vraie lumière se leva à la voix de la Vierge, et Il s’unit à la chair et fut enfanté, Celui qui illumine tout homme venant en ce monde (Jn 1, 9).

    Ô voix sainte ! Ô majesté de tes paroles puissantes ! Ô bouche bienheureuse rassemblant de l’exil l’univers entier ! Ô trésor de ce cœur qui déverse en quelques mots sur nous l’abondance de ses biens ! Ces mots ont transformé la terre en ciel et vidé l’enfer de ses prisonniers, ils ont fait du ciel l’habitation des hommes, des anges leurs compagnons, ils ont fondu en un seul chœur la race des cieux et celle de la terre.

    Quelle action de grâce t’adresserons-nous pour ces paroles ? Oh, que peut-on te dire, toi dont rien n’est digne parmi les hommes ? Nos paroles viennent de ce qui est, mais toi tu excèdes tout ce qui surpasse le monde. S’il faut te présenter des mots, ce doit être oeuvre des anges, oeuvre de l’intellect chérubique, oeuvre de langues de feu. Aussi pour parler dignement de ta puissance, ayant commémoré par la bénédiction ce qui est de toi, t’ayant chanté comme notre salut autant qu’il nous est possible, nous voudrions encore emprunter la voix des anges, et nous terminerons notre discours en t’honorant par ces mots de la salutation de Gabriel : Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ! »

    Nicolas Cabasilas (1322-1397), La Mère de Dieu : Homélies sur la Nativité, sur l'Annonciation et sur la Dormition de la Très-Sainte Mère de Dieu, Trad. Jean-Louis Palierne, Ed. L'Age d'homme, 1992.

    Source : Pages Orthodoxes.

  • 3 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu. Mais où fut-il envoyé ? "Dans une ville de Galilée appelée Nazareth" (Lc I, 26.). Voyons, comme dit Nathanaël "S'il peut sortir quelque chose de bon de Nazareth" (Jn 1, 45). Nazareth veut dire fleur. Il me semble qu'on peut retrouver comme les germes de la pensée de Dieu, tombés en quelque sorte du ciel sur la terre, dans les paroles adressées d'en haut aux patriarches Abraham, Israël et Jacob et dans les promesses qui leur furent faites ; c'est, en effet, de ces germes précieux qu'il est écrit : "Si le Seigneur, Dieu des armées ne nous avait point laissé un germe, nous serions comme Sodome, et nous ressemblerions à Gomorrhe" (Is I, 9). Or ce germe a fleuri dans les merveilles qui ont paru quand Israël est sorti d'Égypte, dans les figures et les emblèmes de son voyage à travers le désert, plus tard dans les visions et les prédications des prophètes, et dans l'établissement du royaume et du sacerdoce jusqu'au Christ qu'on peut à bon droit regarder comme le fruit de ce germe et de ces fleurs, selon cette parole de David : "Le Seigneur répandra sa bénédiction sur nous et notre terre portera son fruit" (Ps LXXXIV, 13), et cette autre : "J'établirai sur votre trône le fruit de votre ventre" (Ps CXXXI, 11). Le Christ doit donc naître à Nazareth, selon la parole de l'Ange, parce qu'à la fleur on espère voir succéder le fruit : mais quand le fruit grossit la fleur tombe ; ainsi lorsque la vérité apparaît dans la chair, les figures passent : voilà pourquoi à Nazareth se trouve ajouté le mot Galilée, c'est-à-dire émigration. En effet, à la naissance du Christ, tout ce dont j'ai parlé plus haut et dont l'Apôtre disait : "Toutes ces choses leur arrivaient en figures" (I Co X, 11), était passé. Et nous qui maintenant jouissons du fruit, nous voyons bien que la fleur a en effet passé et il était prévu qu'elle passerait un jour, alors même qu'elle était pleinement épanouie, c'est ce qui faisait dire à David : "Elle est au matin, comme l'herbe qui doit passer, elle s'épanouit le matin et passe durant la journée, le soir elle se flétrit, tombe et se dessèche" (Ps LXXXIX, 6.). Or par le soir, il faut entendre la plénitude des temps, alors que Dieu envoya son Fils unique formé d'uns femme et assujetti à la loi, en disant : "Voici que je fais des choses nouvelles" (Ap XXI, 5). Les choses anciennes ont passé et disparu, de même que les fleurs tombent et se dessèchent quand le fruit commence à prendre de l'accroissement. Aussi est-il dit dans un autre endroit : "L'herbe se dessèche et la fleur tombe ; mais la vertu de Dieu demeure éternellement" (Is XL, 8.) Je crois qu'on ne peut douter que le fruit soit ce Verbe de Dieu ; car le Verbe est le Christ même.

    Ainsi le bon fruit c'est le Christ qui demeure éternellement. Mais où est l'herbe qui se dessèche, où est la fleur qui tombe ? Le Prophète va nous répondre : "Toute chair n'est que de l'herbe et toute sa gloire est comme la fleur des champs" (Is XL, 6). Si toute chair n'est que de l'herbe, il s'ensuit que le peuple charnel des Juifs a dû se dessécher comme la fleur des champs. N'en est-il pas en effet ainsi ? N'est-il pas privé de toute la graisse de l'esprit, maintenant qu'il s'en tient à la sécheresse de la lettre ? Et sa fleur n'est-elle point tombée, quand a disparu la gloire qu'il trouvait dans sa Loi ? Si elle n'est point tombée où donc sont ce royaume, ce sacerdoce, ces prophètes, ce temple et toutes ces merveilles enfin dont il aimait à se glorifier en disant : "Quelles grandes choses nous avons entendues et connues et que nos Pères nous ont racontées" (Ps LXXVII, 3) ? Et ailleurs : "Quelles merveilles n'a-t-il point ordonné à nos Pères de faire connaître à leurs enfants" (Ibid. 7) ? Telles sont les réflexions que me suggèrent ces paroles : "A Nazareth, ville de Galilée."

    C'est donc dans la ville de Nazareth que l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu, mais à qui fut-il envoyé ? "A une Vierge qui avait été fiancée à un homme nommé Joseph." Quelle est cette Vierge si vénérable quelle mérite d'être saluée par un ange ? et si humble qu'elle ait un artisan pour époux ? Quelle belle alliance que celle de l'humilité avec la virginité. L'âme, où l'humilité fait valoir la virginité et dans laquelle la virginité jette un nouveau lustre sur l'humilité, plaît singulièrement à Dieu. Mais de quels respects ne vous semblera point digne celle en qui la fécondité exalte l'humilité, et la maternité consacre la virginité ? Vous l'entendez, une vierge et une vierge humble ; si donc vous ne pouvez imiter la virginité de cette humble vierge, imitez du moins son humilité. Sa virginité est digne de toutes louanges, mais l'humilité est bien plus nécessaire que la virginité ; si l'une est conseillée, l'autre est prescrite, et si on vous invite à garder l'une, on vous fait un devoir de pratiquer l'autre. En parlant de la virginité, il est dit seulement : "Que ceux qui peuvent y atteindre, y atteignent" (Mt XIX, 12). Mais pour ce qui est de l'humilité, voici en quels termes il en est parlé : "Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux" (Mt XVIII, 3). Ainsi l'une est l'objet d'une récompense et l'autre d'un précepte. On peut se sauver sans la virginité, on ne le saurait sans l'humilité. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons du Temps "Missus Est", 1ère homélie : « L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qui avait épousé un homme nominé Joseph, et celle vierge s'appelait Marie. » (3-5), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome II), Traduction nouvelle par M. L'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 24 mai : Méditation

    « Place-toi devant la Vierge dans l'attitude qu'elle avait à l'Annonciation, en face du Tout-Puissant : "Me voici." Elle est là, simplement, sans artifice et sans détour, dans la vérité de son être reçu de Dieu, se laissant faire et aimer par lui. Après Jésus, elle fut la première à entrer dans le Royaume des Béatitudes ; c'est pourquoi elle est modèle et source de grâce pour toi. Ecoute les paroles de Marie, regarde et pénètre ses attitudes profondes. En la contemplant longuement, tu lui deviens semblable : un coeur disponible et pauvre, prêt à être envahi par Dieu.
    [...]
    Elle est le modèle de ton être à Dieu. Tu voudrais bien régler le don de ta personne ; tant que tu as prévu des limites, tu es encore trop possesseur de ton offrande. Dieu te demande une disponibilité absolue, et t'appelle souvent à livrer ce que tu n'avais pas prévu. Marie ne songeait nullement à devenir la Mère du Promis, mais comme elle était disponible et ouverte, rien ne la surprend dans l'appel de Dieu. C'est alors qu'elle devient Mère du Sauveur. Qui peut dire la fécondité de sa vie cachée en Dieu avec le Christ, à Nazareth ?

    Tu peux contempler ainsi la disponibilité de Marie en reprenant le récit de l'Annonciation, ou en redisant le Magnificat. Ou alors dis simplement le chapelet, en repassant dans ta mémoire les paroles de la Vierge, afin qu'elle reproduise en toi ses sentiments profonds. Tu peux aussi t'arrêter sur une parole de l'Ave Maria que tu goûtes plus particulièrement, ou contempler le mystère de la Trinité et le rôle de Marie dans l'économie du salut. Le Rosaire est une très haute forme de prière contemplative, où tu apprends à sortir de toi pour t'unir au Christ dans ses mystères, et être disponible jusqu'au tréfonds de ton coeur. »

    Jean Lafrance, Prie ton Père dans le secret (32), Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1978.

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