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augustin - Page 3

  • 31 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Que ta joie soit d'écouter Dieu ; que la nécessité seule t'engage à parler ; et tu ne seras point le grand parleur que l'on ne saurait diriger. Pourqoi vouloir parler, sans vouloir écouter ? Toujours être dehors, sans jamais rentrer en toi-même ? Celui qui t'instruit est dans ton coeur ; mais, pour toi, instruire c'est sortir de toi-même pour parler à ceux qui sont au dehors. Or, c'est à l'intérieur que nous écoutons la vérité, et nous parlons à ceux qui sont au dehors de notre coeur. Dire en effet que nous avons dans le coeur ceux à qui nous pensons, c'est dire que nous en avons une certaine image intérieure. Car s'ils étaient au-dedans de nous, ils sauraient ce qui est dans notre coeur, et ils n'auraient aucun besoin de notre parole. Mais si tu aimes l'action du dehors, crains aussi l'orgueil du dehors, crains de ne pouvoir entrer par la porte étroite...
    N'aimons donc point ce qui est au dehors, mais ce qui est à l'intérieur. Mettons notre joie dans l'intérieur ; quant à l'extérieur, subissons-le, mais dégageons-en notre volonté... »

    Saint Augustin (354-430), Homélie sur le Psaume 139, 15.

    Source : A la découverte des Pères de l'Eglise.

  • 29 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Les miracles opérés par Notre-Seigneur Jésus-Christ sont des oeuvres divines destinées à donner à l’âme humaine la connaissance de Dieu par le spectacle d’événements qui frappent les sens. Dieu est, en effet, de telle nature, que nos yeux ne peuvent le contempler ; d’ailleurs, les prodiges qu’il ne cesse de faire en gouvernant le monde entier, et en prenant soin de toutes les créatures, frappent moins en raison de leur continuité ; de là, il arrive qu’on daigne à peine remarquer l’étonnante et admirable puissance que le Très-Haut manifeste dans toutes ses divines opérations, et jusque dans la multiplication des plus petites graines ; aussi, n’écoutant que son infinie miséricorde, s’est-il réservé d’opérer en temps opportun certaines merveilles qui sortiraient du cours ordinaire et de l’ordre de la nature ; accoutumés à contempler les miracles quotidiens de la Providence, et à n’en tenir, pour ainsi dire, aucun compte, les hommes s’étonneront de voir des prodiges, non pas plus grands, mais moins ordinaires. En effet, gouverner l’univers est chose bien autrement merveilleuse que rassasier cinq mille hommes avec cinq pains. Et pourtant, personne ne prête attention à l’un, tandis que tous admirent l’autre ; cette différence d’appréciation vient de ce que le second fait est, sinon plus admirable, du moins plus rare. Car celui qui nourrit maintenant tout le monde, n’est-il pas le même qui donne à quelques grains la vertu de produire nos récoltes ? Dieu a donc agi de la même manière : c’est la même puissance qui transforme, tous les jours, en riches moissons, quelques grains de blé, et qui a multiplié cinq pains entre ses mains. Cette puissance se trouvait à la disposition du Christ : pour les pains, ils étaient comme une semence, et cette semence, au lieu d’être jetée en terre, a été directement multipliée par Celui qui a créé la terre. Le Seigneur a frappé nos sens par ce prodige, afin d’élever vers lui nos pensées ; il a étalé sous nos yeux le spectacle de sa puissance, afin d’exciter nos âmes à la réflexion ; il voulait que ses oeuvres visibles nous fissent admirer leur invisible Auteur ; ainsi élevés jusqu’à la hauteur de la foi, et purifiés par elle, nous désirerons le voir encore des yeux de notre âme, après avoir appris à le connaître, quoiqu’il soit invisible, par le spectacle présenté aux yeux de notre corps. »

    Saint Augustin (354-430), Traités sur Saint Jean, XXIV, 1, in "Oeuvres complètes de Saint Augustin" (Tome X : Traités sur Saint Jean), traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Poujoulat et de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1864.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 27 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Que la semence ait été répandue par les Apôtres ou par les Prophètes, c'est toujours le Christ qui a semé ; car il était dans les Apôtres, quoique d'ailleurs il ait moissonné en personne. Les Apôtres en effet ne pouvaient rien sans lui, tandis que sans eux rien ne lui manque, et il leur disait : "Sans moi vous ne sauriez rien à faire (Jn XV, 5)." Que dit donc le Sauveur en répandant la semence dans la gentilité ? "Le semeur s'en alla semer." Aux Juifs il envoya des moissonneurs ; il vient ici semer hardiment. Pourquoi d'ailleurs aurait-il hésité en voyant tomber sa semence, partie sur le chemin, partie dans des endroits pierreux et partie au milieu des épines ? S'il avait craint de passer par ces terrains ingrats, il ne serait pas arrivé au bon terrain.

    Pourquoi nous occuper encore des Juifs et parler de la paille ? Cherchons seulement à n'être ni un chemin, ni des endroits pierreux ou couverts d'épines, mais une bonne terre. Que notre coeur soit si bien préparé qu'il produise trente, soixante, mille et cent pour un : ces chiffres sont bien différents sans doute ; tous néanmoins ne représentent que du froment. Ne soyons pas un chemin, dans la crainte que la semence, foulée aux pieds par les passants, ne soit emportée par l'ennemi comme par un oiseau rapace. Ne soyons pas un terrain pierreux, dans la crainte que perçant bien vite une couche si légère, la divine semence ne puisse supporter les ardeurs du soleil. Ne soyons pas non plus une terre couverte d'épines, livrés aux passions du siècle, aux sollicitudes d'une vie abandonnée aux vices (Mt XIII, 2-23). Eh ! qu'y a-t-il de plus affreux que ces sollicitudes de la vie qui ne laissent point arriver à la vie ? Qu'y a-t-il de plus misérable que ces soins de la vie qui font perdre la vie ? Qu'y a-t-il de plus infortuné que ces craintes de la mort qui donnent la mort ? Ah ! qu'on arrache ces épines, qu'on prépare le champ, et qu'il reçoive la semence : qu'on parvienne enfin à la moisson avec le désir d'être serré dans le grenier et sans craindre le feu.

    Etabli par le Seigneur ouvrier tel quel dans son champ, nous devions vous rappeler ces vérités, semer, planter, arroser, creuser même autour de certains arbres et y mettre de l'engrais. Notre devoir est de vous donner avec fidélité ; le vôtre, de recevoir fidèlement ; et c'est au Seigneur de nous aider, nous à travailler, vous à croire, tous à souffrir et en même temps à vaincre le monde avec sa grâce. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon CI, 3,4 (Passages détachés sur Saint Luc) in oeuvres complètes de saint Augustin (Tome VI : Sermons première série), traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 17 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité." (Ps 95,13) Quelle justice et quelle vérité ? Il rassemblera auprès de lui ses élus (Mc 13,27) ; les autres, il les séparera, car il mettra ceux-ci à sa droite, et ceux-là à sa gauche (Mt 25,33). Qu'y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela ? Ils n'attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n'ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde (Lc 6,37). Car il dira à ceux qu'il aura mis à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde". Et il leur attribue des actes de miséricorde : "J'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire", et toute la suite (Mt 25,31s)…
    Parce que tu es injuste, le juge ne sera pas juste ? Parce qu’il t’arrive de mentir, la vérité ne sera pas véridique ? Si tu veux rencontrer un juge miséricordieux, sois miséricordieux avant qu'il vienne. Pardonne, si l'on t'a offensé ; donne les biens que tu possèdes en abondance… Donnes ce que tu tiens de lui : "Que possèdes-tu que tu n'aies reçu ?" (1Co 4,7). Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu : miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c'est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l'avènement du juge, lui qui "jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité". »

    Saint Augustin (354-430), Discours sur le Psaume 95, 14-15 (trad. Bréviaire).

  • 4 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « De celui que possédait une légion de démons (Lc VIII, 26-39). — L'homme possédé par une légion de démons, qui l'eut délivré par Jésus dans le pays des Géraséniens, figurait les Gentils, esclaves d'une multitude de démons. Il était sans vêtement, c'est-à-dire qu'il n'avait point la foi et les autres vertus. Il ne demeurait point dans sa maison : sa conscience n'était point en repos. Il habitait dans les tombeaux; les tombeaux figurent les oeuvres de mort, c'est-à-dire les péchés dans lesquels il se plaisait. Les entraves et les chaînes de fer dont il était garrotté, sont les lois rigoureuses et pesantes des gentils, les lois répressives du mal dans les républiques idolâtres. Il brisait ses liens, et le démon le poussait dans le désert ; c'est-à-dire, au sens figuré, qu'il violait même ces lois de la cité terrestre, précipité par la passion dans des crimes d'une rare énormité. Les pourceaux paissant sur les montagnes, et dans lesquels il fut permis aux démons d'entrer, sont l'image des hommes impurs et orgueilleux que les démons tiennent sous leur domination par le règne de l'idolâtrie. Ces animaux se précipitent dans un étang; cela signifie que l'Eglise étant purifiée aujourd'hui et le peuple gentil délivré de la servitude du démon, c'est dans les lieux secrets et retirés que les malheureux esclaves d'une superstition aveugle et ténébreuse accomplissent leurs rites sacrilèges, après avoir refusé de croire en Jésus-Christ. Les gardiens des pourceaux prenant la fuite et publiant ce qui vient d'arriver, sont la figure de certains princes des nations idolâtres, qui, frappés d'admiration et d'étonnement, publient la puissance et les merveilles de la loi chrétienne, en fuyant le joug qu'elle impose. Les Géraséniens sortent pour voir l'événement ; ils trouvent aux pieds de Jésus l'énergumène qui avait repris ses vêtements et qui était sain d'esprit ; à la vue de ce miracle ils sont saisis d'une grande crainte, et prient Jésus de s'éloigner d'eux. Ceci désigne la multitude livrée aux goûts dépravés du vieil homme : elle honore la loi de Jésus-Christ, refusant d'en supporter les rigueurs, quelle déclare au dessus de ses forces, remplie d'admiration toutefois pour le peuple fidèle guéri des habitudes mauvaises de sa vie perdue d'autrefois. Le possédé après sa délivrance désire demeurer avec Jésus-Christ, mais le Sauveur lui dit : « Retourne dans ta maison, et publie les choses étonnantes que le Seigneur a faites pour toi. » On peut voir très-justement le sens du mystère caché ici, dans ces paroles de l'Apôtre. "Etre dissous, et aller à Jésus-Christ, voilà ce qui est le meilleur de beaucoup ; mais il faut à cause de vous demeurer dans la chair" (Phil. I, 23) : après la rémission des péchés il faut rentrer en soi-même dans la paix d'une bonne conscience et se dévouer au service de l'Évangile pour le salut de ses frères, afin de reposer plus tard avec Jésus-Christ, et il ne faut pas négliger, en désirant d'être réuni prématurément au Seigneur, le ministère de la prédication établi pour le salut du prochain.  »

    Saint Augustin (354-430), Questions sur les Evangiles (Livre Second, Quest. XIII), in "Oeuvres Complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 3 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Pour nous amener à la foi et nous guérir de nos maux, le Christ a dû faire pendant sa vie des miracles corporels. [...]

    Nous devons savoir que tous les miracles qu'il a faits sur les corps ont pour but de nous instruire et de nous faire parvenir à ce qui ne passe pas, à ce qui n'aura jamais de fin. Il a rendu les yeux aux aveugles, et la mort devait encore les leur fermer ; il a ressuscité Lazare, et Lazare devait encore mourir. Tout ce qu'il a fait pour la guérison des corps ne tendait pas à les rendre immortels, quoique néanmoins il doive finir par assurer aux corps mêmes une éternelle santé : mais comme on ne croyait pas aux invisibles réalités, il a voulu, par le moyen d'actions visibles et passagères, élever la foi vers les choses invisibles.

    Que nul donc, mes frères, ne s'avise de dire que Notre-Seigneur Jésus-Christ ne fait maintenant rien de semblable, et que pour ce motif les premiers temps de l'Eglise étaient préférables à ceux-ci. Notre-Seigneur lui-même ne préfère-t-il pas quelque part ceux qui croient sans avoir vu à ceux qui croient parce qu'ils voient ? Telle était durant sa vie la faiblesse chancelante de ses disciples que non contents de l'avoir vu ressuscité, ils voulaient encore, pour croire à sa résurrection, le toucher de leurs mains. Le témoignage de leurs yeux ne leur suffisait pas, ils voulaient de plus palper son corps sacré et toucher les cicatrices encore fraîches de ses blessures : et ce n'est qu'après s'être assuré par lui-même de la réalité de ces cicatrices, que l'apôtre incrédule s'écria : "Mon Seigneur et mon Dieu !"

    Ainsi les traces de ses plaies le révélaient et il avait guéri toutes les blessures d'autrui. Ne pouvait-il ressusciter sans ces marques sanglantes ? Ah ! c'est qu'il voyait, dans le coeur de ses disciples, des plaies qu'il voulait fermer en conservant les cicatrices de son corps. Et quand Thomas eut enfin confessé sa foi en s'écriant : "Mon Seigneur et mon Dieu ! C'est pour m'avoir vu, dit le Seigneur, que tu as cru : heureux ceux qui croient sans voir." N'est-ce pas nous, mes frères, que regardent ces dernières paroles ? N'est-ce pas nous et ceux qui nous suivront ? Peu de temps en effet après qu'il se fut dérobé aux regards mortels pour affermir la foi dans les coeurs, ceux qui croient en lui le firent sans avoir vu, et le mérite de leur foi fut considérable, et afin d'acquérir cette foi ils approchèrent de lui leur coeur pour l'aimer et non la main pour le toucher. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon LXXXVIII (L'aveuglement spirituel, 1-2).

    Source : Clerus.org

  • 29 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « C'est pour mieux faire ressortir l'unité de son Eglise que le Sauveur l'établit sur un fondement unique, qu'il donne à Pierre seul d'abord les clefs qu'il donnera ensuite aux autres Apôtres, qu'à lui seul encore il confie le soin du troupeau dont il chargera ses Apôtres de prendre soin aussi. Combien se méprennent par conséquent les sectaires qui divisent ! Il n'y a pas jusqu'à la circonstance de la mort de saint Pierre et de saint Paul qui ne rappelle l'unité de l'Eglise ; car c'est pour mieux montrer combien étaient unis ces deux Apôtres, en qui vivait Jésus-Christ, que Dieu les a appelés le même jour au martyre et à la couronne.

    Ce jour est pour nous un jour consacré par le martyre des bienheureux Apôtres Pierre et Paul. Nous ne parlons pas en ce moment de quelques martyrs obscurs : "La voix de ceux-ci a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu'aux extrémités de l'univers" (Mt 16,16-18). De plus ils ont vu ce qu'ils ont prêché en s'attachant à la justice, en confessant la vérité et en mourant pour elle.

    [...]

    Nous célébrons aujourd'hui une fête consacrée en notre faveur par le sang des Apôtres ; aimons leur foi, leur vie, leurs travaux, leurs souffrances, leur confession de foi, leurs prédications. Le progrès consiste pour nous à aimer ces choses, et non à les célébrer en vue d'une joie toute charnelle. Que nous demandent en effet les martyrs ? Il leur manque quelque chose, s'ils recherchent encore les louanges humaines ; s'ils les recherchent, ils n'ont pas vaincu. Si au contraire ils sont victorieux, ils ne nous demandent rien pour eux-mêmes, mais pour nous. Donc redressons notre voie en présence du Seigneur. Notre voie était étroite, hérissée d'épines et d'aspérités ; en y passant en si grand nombre ces grands hommes l'ont aplanie. Le Seigneur en personne y a passé le premier ; il y a été suivi par les Apôtres intrépides, puis par les martyrs, par des enfants, des femmes, de jeunes filles. Cependant, qui vivait eu eux ? Celui qui a dit : "Sans moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5). »

    Saint Augustin, extraits du Sermon CCXCV, Fête de Saint Pierre et de Saint Paul.
    Source : Clerus.org.

  • 28 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le Seigneur nous dit : "Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là entrera dans le royaume des cieux." Par là nous sommes avertis de ne pas nous imaginer qu'il suffise de dire : "Seigneur, Seigneur", pour être un arbre bon et porter de bons fruits. Les bons fruits consistent à faire la volonté du Père qui est dans les cieux, selon l'exemple que le Seigneur lui-même nous en a donné dans sa personne. [...]
    Un point très important et relatif à ce sujet, c'est qu'en cherchant à connaître la vérité, nous ne nous laissions point tromper, non seulement par ceux qui se couvrent du nom du Christ sans que leur conduite y réponde, mais encore par certains faits et par certains prodiges, comme le Seigneur en a fait en vue des infidèles, tout en nous avertissant de ne pas nous y laisser prendre et de ne pas toujours supposer une sagesse invisible là où nous voyons un miracle visible. C'est pourquoi il ajoute : "Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé, en votre nom que nous avons chassé les démons, et en votre nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Et alors je leur dirai : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité." Le Seigneur ne reconnaîtra donc que celui qui pratique la justice. Car il a défendu même à ses disciples de se réjouir de telles choses, par exemple, de ce que les démons leur obéissaient. "Mais, leur dit-il, réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux" (Lc. X, 20), c'est-à-dire, je pense, dans cette cité de la Jérusalem céleste, où régneront seulement les justes et les saints. "Ne savez-vous pas, dit l'Apôtre, que les injustes ne posséderont pas le royaume de Dieu ?" (I Cor. VI, 9)
    Mais peut-être quelqu'un dira-t-il que les injustes ne peuvent faire ces miracles visibles, et regardera-t-il comme des menteurs ceux qui diront : "C'est en votre nom que nous avons prophétisé, et chassé les démons et fait beaucoup de miracles." Qu'il lise alors tout ce qu'ont fait les magiciens d'Égypte par opposition à Moïse, le serviteur de Dieu (Ex. VII, VIII) ; ou s'il ne le veut pas, par la raison que ces magiciens n'agissaient pas au nom du Christ, qu'il lise au moins ce que le Christ lui-même a dit, en parlant des faux prophètes : "Alors si quelqu'un vous dit : Voici le Christ, ici ou là, ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes ; ils feront de grands signes et des prodiges, jusqu'à induire en erreur, s'il peut se faire, même les élus" (Mt. XXIV, 23-26). »

    Saint Augustin, Explication du Sermon sur la montagne (ch. XXV, 82-85), Trad. de M. l'Abbé Devoille, in "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 27 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a avertis d'être de bons arbres afin de pouvoir porter de bons fruits. "Ou rendez l'arbre bon et son fruit bon, dit-il ; ou rendez l'arbre mauvais et son fruit mauvais ; car c'est par le fruit qu'on connaît l'arbre." Dans ces mots : "Ou rendez l'arbre bon et son fruit bon", il y a, non point un avis, mais un précepte salutaire que nous sommes obligés d'accomplir. Et dans ces autres : "Rendez l'arbre mauvais et son fruit mauvais", il n'y a pas un précepte à accomplir, mais l'avis d'être sur ses gardes. Car cet avis s'adresse à ces hommes qui croyaient, tout mauvais qu'ils étaient, pouvoir bien parler ou bien agir. Cela ne se peut, dit le Seigneur Jésus. Pour changer la conduite, il faut d'abord changer l'homme. Si celui-ci reste mauvais, il ne peut bien agir : et s'il est bon, il ne saura agir mal. [...]
    Que chacun donc devienne un bon arbre, et qu'on ne s'imagine pas porter de bons fruits en restant arbre mauvais. Il n'y a de bons fruits que sur les bons arbres. Change ton coeur et tu changeras de conduite. Arraches-en la cupidité et plantes-y la charité. De même que la cupidité est la racine de tout mal (I Tim. VI, 10), la racine de tout bien est la charité.
    Pourquoi alors, pourquoi des hommes murmurent-ils, disputent-ils entre eux et disent-ils Qu'est-ce que le bien ? — Ah ! si tu savais ce que c'est que le bien ! Le bien véritable n'est pas ce que tu voudrais avoir, mais ce que tu ne veux pas être. Tu voudrais avoir la santé du corps ; c'est un bien sans doute, mais ce n'est pas un grand bien, car le méchant l'a aussi. Tu veux avoir de l'or et de l'argent ; j'en dis autant, c'est un bien, mais à la condition que tu en feras un bon usage. Et tu n'en feras pas un bon usage, si tu n'es bon toi-même. D'où il suit que l'or et l'argent sont un mal pour les méchants et un bien seulement pour les bons. Ce n'est pas que l'or et l'argent rendent ceux-ci bons ; mais ils ne sont employés à un bon usage que pour être tombés entre les mains des bons. Tu veux de l'honneur ; c'est un bien, mais à condition encore que tu en feras un sage emploi. Combien y ont trouvé leur ruine ! Et pour combien a-t-il été un instrument de bonnes oeuvres !
    Ainsi donc, s'il est possible, sachons mettre de la différence entre ces diverses sortes de biens, puisqu'il est aujourd'hui question de bons arbres. »

    Saint Augustin, Sermon LXXII (1-4-5), in "Sermons détachés, Tome VI, Première série", des Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 25 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Comment vas-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton oeil, alors qu'il y a une poutre dans le tien ? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton oeil et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’oeil de ton frère", c'est-à-dire : Chasse d'abord loin de toi la haine : ensuite tu pourras corriger celui que tu aimes. Et il dit justement "hypocrite". Tancer les vices doit être le propre d'hommes justes et bienveillants. A le faire, les méchants usurpent un rôle ; ils font penser aux comédiens qui cachent derrière un masque leur identité...
    Quand il nous faut blâmer ou corriger, veillons avec un souci scrupuleux à poser la question : N'avons-nous jamais commis cette faute ; en sommes-nous guéris ? Même si nous ne l'avons jamais commise, rappelons-nous que nous sommes humains et que nous aurions pu la commettre. Si par contre nous l'avons commise dans le passé, souvenons-nous de notre fragilité pour que la bienveillance et non la haine nous dicte reproche ou blâme. Que le coupable en devienne meilleur ou pire - car le résultat est incertain - nous sommes du moins assurés que notre regard est demeuré pur. Mais si dans notre introspection, nous découvrons en nous le même défaut que nous prétendons reprendre, au lieu de le réprimander, pleurons avec le coupable ; ne lui demandons pas de nous obéir mais de partager notre effort. »

    Saint Augustin (354-430), Explication du Sermon sur la montagne (19), Trad. DDB, 1978.

  • 21 juin : Fête de la musique ?

    « L'âme ère complètement quand elle s'en va par monts et par vaux chercher le secret qui est en elle-même. La solution de la vie est d'aimer Celui qui est le principe de l'amour et de travailler à conduire son coeur plus près de son Coeur à Lui. »
    Saint Augustin (354-430).


    Pour la fête de la musique ;-)

    Leonard Bernstein and the LPO performing Mahler's Resurrection Symphony

    (final)


    Et pour les amateurs, la version intégrale, toujours dirigée par Bernstein :

  • 20 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Pour vous, quand vous priez, entrez  dans votre chambre." Or quelle est cette chambre, sinon le coeur lui-même, ainsi que le Psalmiste l'enseigne quand il dit : "Ce que vous dites dans votre coeur, repassez-le avec amertume sur votre couche (1). — Et, les portes fermées, priez votre Père en secret." C'est peu d'entrer dans sa chambre, si on en laisse la porte ouverte aux importuns, si les choses du dehors s'y introduisent et envahissent notre intérieur. Or nous avons dit que le dehors ce sont tous les objets temporels et visibles, qui pénètrent dans nos pensées par la porte, c’est-à-dire par les sens charnels, et troublent nos prières par une multitude de vains fantômes. Il faut donc fermer la porte, c'est-à-dire résister au sens charnel, en sorte que notre prière, toute spirituelle, s'élève vers le Père du fond du cœur où l'on prie le Père en secret. "Et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra." C'est par là qu'il fallait terminer ; car le Seigneur n'a pas en vue ici de nous recommander de prier, mais de nous appendre comment il faut prier ; comme plus haut, ce n'était point l'aumône qu'il recommandait, mais l'esprit dans lequel il faut la faire ; puisqu'il s'agit de la pureté du coeur, qui ne s'obtient qu'en fixant son intention unique, simple, sur la vie éternelle, par le seul et pur amour de la sagesse.

    "Or, en priant, ne parlez pas beaucoup, comme les païens ; ils s'imaginent qu'à force de paroles il seront exaucés." Comme le propre des hypocrites est de se donner en spectacle dans la prière et de n'en attendre d'autre fruit que l'approbation des hommes ; ainsi le propre des païens, c'est-à-dire des gentils, est de s'imaginer qu'à force de paroles ils seront exaucés. Et en effet toute abondance de paroles vient des gentils qui s'appliquent plus à exercer leur langue qu'à purifier leur coeur. Ils s'efforcent de transporter dans la prière ce ridicule verbiage, dans l'espoir de fléchir Dieu, et dans la conviction que Dieu se laisse, comme l'homme, séduire par des paroles. "Ne leur ressemblez donc pas," dit le seul et véritable Maître. "Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez." Si en effet il faut une multitude de paroles pour informer et instruire celui qui ne sait pas, qu'en est-il besoin avec Celui qui connaît tout, à qui tout ce qui est parle, par cela seul qu'il est, et se présente comme un fait accompli ; à la science et à la sagesse duquel l'avenir n'est point caché ; pour qui tout ce qui est passé et tout ce qui passera est immuablement présent ? »

    (1) : Ps. IV, 5.

    Saint Augustin (354-430), Explication du Sermon sur la montagne (Livre II, ch. III, 11), Trad. de M. l'Abbé Devoille, des "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 11 juin : Sanctoral

    comme au calendrier traditionnel,
    Saint Barnabé, apôtre


    Vie de Saint Barnabé (1er s.)

    Saint Jean de St-Facond, religieux augustin (1430-1479)
    (demain au calendrier traditionnel)

  • 27 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Nous avons vu avec joie, mes frères, se lever ce jour de la Pentecôte, où la sainte Eglise resplendit aux yeux des fidèles et enflamme leurs coeurs. Car nous célébrons ce jour où notre Seigneur Jésus Christ, après sa résurrection et la gloire de son ascension, a envoyé le Saint-Esprit. Il avait dit, comme l’Evangile nous le rapporte : "Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Ecriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son coeur". L’Evangéliste donne alors cette explication : "En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Jésus. En effet, l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié par le Père" (Jn 7,37-39).

    Il restait donc, après la glorification de Jésus, sa résurrection d’entre les morts et sa montée aux cieux, que l’Esprit Saint fût donné, après avoir été envoyé par celui qui l’avait promis. Et c’est ce qui s’est produit.

    En effet, après avoir vécu avec ses disciples pendant les quarante jours qui suivirent sa résurrection, le Seigneur monta au ciel, et, le cinquantième jour, que nous célébrons aujourd’hui, il envoya le Saint-Esprit, ainsi qu’il est écrit : "Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : il virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de 1’Esprit" (Ac 2,2-4).

    Ce souffle purifiait les coeurs de leur paille chamelle ; ce feu consumait le foin de l’ancienne convoitise ; ces langues que parlaient les Apôtres, comblés de l’Esprit Saint, préfiguraient la diffusion de l’Eglise par les langues de toutes les nations. Car, de même qu’après le déluge l’impiété des hommes édifia une haute tour contre le Seigneur, quand le genre humain mérita d’être divisé par des langues diverses si bien que chaque nation parlait sa propre langue sans être comprise par les autres nations, ainsi l’humble piété des croyants ramena vers l’Eglise la diversité de ces langues. Ainsi, ce que la discorde avait dispersé, la charité le rassemblerait, et les membres épars d'un unique genre humain seraient reliés entre eux et avec le Christ, le Chef unique, et seraient fondus par le feu de l’amour dans l’unité de ce Corps très saint.

    [...] Mes frères, membres du Corps du Christ, germes d’unité, enfants de paix, passez ce jour dans la joie, célébrez-le en sécurité. Car ce qui était annoncé en ces jours où vint le Saint-Esprit, c’est cela qui s’accomplit en vous. Car chacun de ceux qui recevait alors l’Esprit Saint parlait, à lui seul, toutes les langues. C’est ainsi qu’aujourd’hui l’unité elle-même parle toutes les langues à travers toutes les nations, cette unité dans laquelle vous possédez l’Esprit Saint, vous qui n’êtes séparés par aucun schisme de l’Eglise du Christ, laquelle parle toutes les langues. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 271, éd. des Mauristes 5, 1102-1103.
    Source : Clerus.org

  • 18 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie" (Ph 4,4). L'apôtre Paul nous ordonne d'être joyeux, mais dans le Seigneur, non selon le monde. Comme dit l'Écriture : "Celui qui veut aimer les choses de ce monde se pose en ennemi de Dieu" (Jc 4,4). De même que l'on ne peut pas servir deux maîtres (Mt 6,24), c'est ainsi qu'on ne peut pas être joyeux à la fois selon le monde et dans le Seigneur. Que la joie dans le Seigneur l'emporte donc, jusqu'à ce que disparaisse la joie selon le monde ; que la joie dans le Seigneur augmente toujours... Je ne dis pas cela parce que, vivant en ce monde, nous ne devons jamais nous réjouir, mais afin que, même vivant en ce monde, nous soyons joyeux dans le Seigneur.
    Mais quelqu'un dira : "Je suis dans le monde ; si je suis joyeux, je suis joyeux là où je suis." Et alors ? Parce que tu es dans le monde, tu n'es pas dans le Seigneur ? Écoute encore Saint Paul... au sujet de Dieu et du Seigneur, notre Créateur : "C'est en lui qu'il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d'exister" (Ac 17,28). Car celui qui est partout, en quel lieu n'est-il pas ? N'est-ce pas à cela qu'il nous exhortait ? "Le Seigneur est proche, ne soyez inquiets de rien" (Ph 4,5-6).
    C'est là un grand mystère : il est monté au-dessus des cieux, et il est tout proche de ceux qui habitent sur terre. Qui donc est à la fois lointain et tout proche, sinon celui qui s'est tellement rapproché de nous par miséricorde ? »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 171, sur la lettre aux Philippiens (trad. bréviaire 26/05).

  • 17 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Vous avez entendu ce que dit le Seigneur à ses disciples après la résurrection. Il les envoie prêcher l'Évangile, et ils l'ont fait. Écoutez : "Sur toute la terre s'en va leur message et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde" (Ps 18,5). Pas à pas, l'Évangile est parvenu jusqu'à nous et jusqu'aux confins de la terre. En peu de mots, le Seigneur s'adressant à ses disciples établit ce que nous devons faire et ce que nous devons espérer. Il dit, en effet, comme vous l'avez entendu : "Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé." Il demande notre foi et il nous offre le salut. Si précieux est ce qu'il nous offre que ce qu'il nous demande n'est rien.

    "Ainsi, mon Dieu, les fils des hommes à l'ombre de tes ailes ont abri..., au torrent de tes délices tu les abreuves, car en toi est la source de vie" (Ps 35,8s). Jésus Christ est la source de la vie. Avant que la source de vie ne parvienne jusqu'à nous, nous n'avions qu'un salut humain, semblable à celui des animaux dont parle le psaume : "L'homme et le bétail, tu les sauves, Seigneur" (Ps 35,7). Mais maintenant la source de la vie est venue jusqu'à nous, la source de la vie est morte pour nous. Nous refusera-t-il sa vie, celui qui pour nous a donné sa mort ? Il est le salut, et ce salut n'est pas vain comme l'autre. Pourquoi ? Parce qu'il ne passe pas. Le Sauveur est venu. Il est mort, mais il a tué la mort. Il a mis à la mort un terme en lui. Il l'a assumée et il l'a tuée. Où donc est maintenant la mort ? Cherche-la dans le Christ et elle n'y est plus. Elle y a été, mais elle est morte là. Ô vie, mort de la mort ! Reprenez courage : elle mourra aussi en nous. Ce qui s'est accompli dans la Tête s'accomplira aussi dans les membres, et la mort mourra aussi en nous. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 233 ; PL 38, 1112 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 332).

  • 8 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Ô mon Dieu, mon coeur est comme une vaste mer toujours agitée par les tempêtes : qu’il trouve en toi la paix et le repos. Tu as commandé aux vents et à la mer de se calmer, et à ta voix ils se sont apaisés ; viens apaiser les agitations de mon coeur, afin que tout en moi soit calme et tranquille, afin que je puisse te posséder, toi mon unique bien, et te contempler, douce lumière de mes yeux, sans trouble et sans obscurité. Ô mon Dieu, que mon âme, délivrée des pensées tumultueuses de ce monde-ci, « se cache à l'ombre de tes ailes » (Ps 16,8). Qu’elle trouve près de toi un lieu de rafraîchissement et de paix ; toute transportée de joie, qu’elle puisse chanter : « En toi maintenant je peux m'endormir et me reposer en paix en toi » (Ps 4,9).

    Qu’elle se repose, je te prie, mon Dieu, qu’elle se repose du souvenir de tout ce qui est sous le ciel, éveillée pour toi seul, comme il est écrit : « Je dors, mais mon coeur veille » (Ct 5,2). Mon âme ne peut être en paix et en sûreté, mon Dieu, que sous les ailes de ta protection (Ps 91,4). Qu'elle demeure donc éternellement en toi et qu'elle soit embrasée de ton feu. Que, s'élevant au-dessus d'elle-même, elle te contemple et chante tes louanges dans la joie. Au milieu des troubles qui m'agitent, que tes dons soient ma douce consolation, jusqu'à ce que je vienne à toi, ô toi la paix véritable. »

    Saint Augustin (354-430), Méditations, ch. 37.

    Oeuvres complètes de Saint Augustin ici.

  • 6 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "De même a que la branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la a vigne ; ainsi en sera-t-il de vous, si vous ne restez pas en moi". Grande recommandation de la grâce, mes frères, qui instruit le coeur des humbles et ferme la bouche des superbes. Voilà ce à quoi doivent répondre, s'ils l'osent, ceux qui, ignorant la justice de Dieu et voulant établir leur propre justice, ne sont pas soumis à celle de Dieu (Rom X,3). Voilà ce à quoi doivent répondre ceux qui se plaisent à eux-mêmes et qui pensent pouvoir faire le bien sans le secours de Dieu. Ne résistent-ils pas à une pareille vérité, ces hommes à l'esprit corrompu, réprouvés dans leur foi (II Tim III,8), qui parlent et réprouvent d'après leur iniquité, et qui disent : C'est Dieu qui a fait de nous des hommes ; mais c'est à nous-mêmes que nous devons d'être justes ? Que dites-vous, vous qui vous trompez vous-mêmes ? vous n'affirmez pas le libre arbitre, mais vous le précipitez du faîte où veut l'élever votre vaine présomption, jusqu'au fond de l'abîme. Votre parole est que l'homme fait le bien par lui-même : voilà la montagne au sommet de laquelle vous porte votre orgueil. Mais la vérité vous contredit en ces termes : "La branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne". Allez maintenant par vos sentiers raboteux, et, sans vous laisser arrêter par rien, laissez-vous emporter par votre vain bavardage. Voilà le vide de votre présomption. Mais voyez ce qui vous attend, et s'il vous reste encore un peu de sens, vous en serez saisis d'horreur. Celui qui pense porter du fruit de lui-même, n'est pas uni à la vigne. Celui qui n'est pas uni à la vigne, n'est pas uni à Jésus-Christ ; celui qui n'est pas uni à Jésus-Christ n'est pas chrétien. Voilà la profondeur de l'abîme où vous tombez.

    Mais considérez encore ce que la vérité ajoute ensuite : "Je suis la vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, parce que sans moi vous ne pouvez rien faire". Il veut nous empêcher de croire que, d'elle-même, la branche peut au moins porter quelque petit fruit ; aussi, après avoir dit "Celui-là porte beaucoup de fruit", il n'ajoute pas : sans moi vous ne pouvez faire que peu de chose, mais il dit : "Vous ne pouvez rien faire". Donc on ne peut faire ni peu ni beaucoup sans celui sans lequel on ne peut rien faire. Bien que la branche n'ait porté que peu de fruit, le vigneron l'émonde afin qu'elle en porte davantage ; mais si elle ne demeure pas unie à la vigne, et si elle ne tire pas sa vie de la racine, elle ne pourra jamais porter de fruit, si petit qu'il soit. »

    Saint Augustin, Commentaire sur l'Evangile de Jean, Traité 81 (2-3), In Œuvres complètes de Saint Augustin (Tomes XI), Bar-Le-Duc, 1864.

    Oeuvres complètes de Saint Augustin ici

  • 4 mai : Sanctoral

    Saint Sylvain, Évêque de Gaza et martyr (+ 311)

    Saint Grégoire l'Illuminateur, Apôtre de l'Arménie (+ 325)


    Au calendrier traditionnel :

    Sainte Monique, veuve (+ 387)

     

  • 30 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "En vérité, en vérité, je vous le déclare : je suis la porte des brebis". Il vient d’ouvrir la porte qu’il nous avait montrée fermée. Il est lui-même cette porte. Nous le reconnaissons. Entrons donc, ou réjouissons-nous d’être déjà entrés. "Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des brigands". Seigneur, que veulent dire ces paroles : "Tous ceux qui sont venus ?" Eh quoi ! n’êtes-vous pas venu vous-même ? Veuillez donc me comprendre. En disant : "Tous ceux qui sont venus, sont des voleurs et des brigands", j’ai évidemment sous-entendu en dehors de moi. Reportons-nous donc en arrière. Avant la venue du Sauveur, les Prophètes ont paru ; étaient-ils des voleurs et des brigands ? Non, car, au lieu d’être en dehors de lui, ils étaient avec lui. Il avait envoyé devant lui des hérauts, mais il tenait en ses mains le coeur de ces émissaires divins...

    "Je suis, dit-il, la voie, la vérité et la vie (Jn XIV, 6)". S’il est la vérité, les Prophètes sont donc venus avec lui, puisqu’ils ont dit la vérité. Tous ceux qui sont venus en dehors de lui sont, par conséquent, "des voleurs et des brigands" ; ils sont venus pour voler et faire mourir. "Mais les brebis ne les ont point entendus".... Avant que Notre-Seigneur Jésus-Christ vint sur la terre et s’humiliât jusqu’à se faire homme, il y eut des justes pour croire qu’il viendrait, comme nous croyons qu’il est déjà venu. Les temps ont été divers, mais la foi a toujours été la même... La même croyance unit et ceux qui ont cru à sa venue future, et ceux qui le croient venu. Nous voyons que les uns et les autres sont tous entrés, quoique à des époques différentes, par la porte de la foi, c’est-à-dire par le Christ... Tous ceux donc qui, dans les temps antérieurs au Christ, ont ajouté foi aux prédictions d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Moïse, des autres patriarches et des autres Prophètes qui annonçaient le Christ, ceux-là en étaient les brebis. »

    Saint Augustin (354-430), 45e Traité sur Saint Jean, in Œuvres complètes de Saint Augustin (Tome X), Bar-Le-Duc, 1864.

    Oeuvres complètes de Saint Augustin ici.