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  • 20 août : Sanctoral

    Comme au calendrier traditionnel :

    Saint Bernard, Abbé et docteur de l’Eglise


    Vie de Saint Bernard de Clairvaux (1091-1153)

  • 15 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « En montant aujourd'hui dans les cieux, la glorieuse Vierge a certainement porté à son comble la joie des citoyens du ciel. Car elle n'est rien moins que celle dont la voix fit tressaillir de joie, dans les entrailles d'une mère qu'elle a saluée, l'enfant qui y était encore enfermé. Si l'âme d'un enfant qui n'était pas encore né, s'est fondue de bonheur à sa voix, quelle ne dut pas être l’allégresse des esprits célestes quand ils eurent le bonheur d'entendre sa voix, de contempler son visage ? [...] Notre Reine nous a précédés, et le glorieux accueil qui lui est fait doit nous engager à suivre Notre Dame, nous ses humbles serviteurs, en nous écriant : "Attirez-nous à votre suite, nous courrons dans l'odeur de vos parfums." Notre exil a envoyé en avant une avocate qui, en sa qualité de mère de notre Juge, de mère de la miséricorde, doit traiter en suppliante, mais en suppliante écoutée, l'affaire de notre salut.

    Aujourd'hui notre terre a envoyé un précieux présent au ciel, pour rapprocher, par cet heureux échange de présents d'amitié, les hommes de Dieu, la terre des cieux, notre bassesse de l'élévation suprême. Un fruit sublime de la terre s'est élevé là d'où nous viennent tous dons excellents, tous dons parfaits, et une fois montée dans les cieux, la bienheureuse Vierge comblera à son tour les hommes de ses dons. Pourquoi n'en serait-il point ainsi ? Car le pouvoir ne lui manquera pas plus que la volonté. Elle est la Reine des cieux, et une Reine de miséricorde, et de plus elle est la Mère du Fils unique de Dieu ; est-il rien qui puisse nous faire concevoir une plus haute estime de son pouvoir et de sa bonté ? ...

    ... Sans parler des grâces que nous recevons pour sa glorification, pour peu que nous ressentions d'amour pour elle, nous nous réjouirons de la voir retourner à son Fils. [...] Car elle est aujourd'hui reçue dans la cité sainte par celui qu'elle a reçu elle-même la première, lorsqu'il fit son entrée dans monde, mais avec quel honneur, avec quelle allégresse et quelle gloire ! Sur la terre, il n'est point un seul endroit plus honorable que le temple du sein virginal où Marie reçut le Fils de Dieu, et, dans le ciel, n'est point de trône supérieur à celui sur lequel le Fils de Dieu a placé sa mère. Recevant ou reçue, elle est également bienheureuse, elle l’est dans les deux cas d'un bonheur ineffable parce qu'elle l'est d'un bonheur inimaginable. Mais pourquoi lit-on aujourd'hui dans l’Eglise du Christ, précisément le passage où il est donné à entendre, que femme bénie entre les femmes a reçu le Sauveur ? C'est, je pense pour nous faire estimer ou plutôt pour nous faire comprendre combien est inestimable la réception que Marie reçoit aujourd'hui de son Fils par celle qu'il lui a été donnée à elle-même de lui faire. En effet, qui pourrait dire, même en empruntant les secours de la langue des anges et de celle des hommes, comment expliquer de quelle manière le Saint-Esprit est survenu en Marie ; la vertu du Très-Haut l'a couverte de son ombre, la vertu de Dieu par qui tout a été fait, s'est lui-même fait chair, de quelle manière enfin le Seigneur de majesté, que l'univers entier ne peut contenir, devenu homme, s'est enfermé dans les entrailles d'une Vierge ? »

    Saint Bernard (1091-1153), Premier Sermon pour l'Asssomption de la Vierge Marie. De la Susception du Christ et de celle de Marie (1-3), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome III), Traduction nouvelle par M. L'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 3 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu. Mais où fut-il envoyé ? "Dans une ville de Galilée appelée Nazareth" (Lc I, 26.). Voyons, comme dit Nathanaël "S'il peut sortir quelque chose de bon de Nazareth" (Jn 1, 45). Nazareth veut dire fleur. Il me semble qu'on peut retrouver comme les germes de la pensée de Dieu, tombés en quelque sorte du ciel sur la terre, dans les paroles adressées d'en haut aux patriarches Abraham, Israël et Jacob et dans les promesses qui leur furent faites ; c'est, en effet, de ces germes précieux qu'il est écrit : "Si le Seigneur, Dieu des armées ne nous avait point laissé un germe, nous serions comme Sodome, et nous ressemblerions à Gomorrhe" (Is I, 9). Or ce germe a fleuri dans les merveilles qui ont paru quand Israël est sorti d'Égypte, dans les figures et les emblèmes de son voyage à travers le désert, plus tard dans les visions et les prédications des prophètes, et dans l'établissement du royaume et du sacerdoce jusqu'au Christ qu'on peut à bon droit regarder comme le fruit de ce germe et de ces fleurs, selon cette parole de David : "Le Seigneur répandra sa bénédiction sur nous et notre terre portera son fruit" (Ps LXXXIV, 13), et cette autre : "J'établirai sur votre trône le fruit de votre ventre" (Ps CXXXI, 11). Le Christ doit donc naître à Nazareth, selon la parole de l'Ange, parce qu'à la fleur on espère voir succéder le fruit : mais quand le fruit grossit la fleur tombe ; ainsi lorsque la vérité apparaît dans la chair, les figures passent : voilà pourquoi à Nazareth se trouve ajouté le mot Galilée, c'est-à-dire émigration. En effet, à la naissance du Christ, tout ce dont j'ai parlé plus haut et dont l'Apôtre disait : "Toutes ces choses leur arrivaient en figures" (I Co X, 11), était passé. Et nous qui maintenant jouissons du fruit, nous voyons bien que la fleur a en effet passé et il était prévu qu'elle passerait un jour, alors même qu'elle était pleinement épanouie, c'est ce qui faisait dire à David : "Elle est au matin, comme l'herbe qui doit passer, elle s'épanouit le matin et passe durant la journée, le soir elle se flétrit, tombe et se dessèche" (Ps LXXXIX, 6.). Or par le soir, il faut entendre la plénitude des temps, alors que Dieu envoya son Fils unique formé d'uns femme et assujetti à la loi, en disant : "Voici que je fais des choses nouvelles" (Ap XXI, 5). Les choses anciennes ont passé et disparu, de même que les fleurs tombent et se dessèchent quand le fruit commence à prendre de l'accroissement. Aussi est-il dit dans un autre endroit : "L'herbe se dessèche et la fleur tombe ; mais la vertu de Dieu demeure éternellement" (Is XL, 8.) Je crois qu'on ne peut douter que le fruit soit ce Verbe de Dieu ; car le Verbe est le Christ même.

    Ainsi le bon fruit c'est le Christ qui demeure éternellement. Mais où est l'herbe qui se dessèche, où est la fleur qui tombe ? Le Prophète va nous répondre : "Toute chair n'est que de l'herbe et toute sa gloire est comme la fleur des champs" (Is XL, 6). Si toute chair n'est que de l'herbe, il s'ensuit que le peuple charnel des Juifs a dû se dessécher comme la fleur des champs. N'en est-il pas en effet ainsi ? N'est-il pas privé de toute la graisse de l'esprit, maintenant qu'il s'en tient à la sécheresse de la lettre ? Et sa fleur n'est-elle point tombée, quand a disparu la gloire qu'il trouvait dans sa Loi ? Si elle n'est point tombée où donc sont ce royaume, ce sacerdoce, ces prophètes, ce temple et toutes ces merveilles enfin dont il aimait à se glorifier en disant : "Quelles grandes choses nous avons entendues et connues et que nos Pères nous ont racontées" (Ps LXXVII, 3) ? Et ailleurs : "Quelles merveilles n'a-t-il point ordonné à nos Pères de faire connaître à leurs enfants" (Ibid. 7) ? Telles sont les réflexions que me suggèrent ces paroles : "A Nazareth, ville de Galilée."

    C'est donc dans la ville de Nazareth que l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu, mais à qui fut-il envoyé ? "A une Vierge qui avait été fiancée à un homme nommé Joseph." Quelle est cette Vierge si vénérable quelle mérite d'être saluée par un ange ? et si humble qu'elle ait un artisan pour époux ? Quelle belle alliance que celle de l'humilité avec la virginité. L'âme, où l'humilité fait valoir la virginité et dans laquelle la virginité jette un nouveau lustre sur l'humilité, plaît singulièrement à Dieu. Mais de quels respects ne vous semblera point digne celle en qui la fécondité exalte l'humilité, et la maternité consacre la virginité ? Vous l'entendez, une vierge et une vierge humble ; si donc vous ne pouvez imiter la virginité de cette humble vierge, imitez du moins son humilité. Sa virginité est digne de toutes louanges, mais l'humilité est bien plus nécessaire que la virginité ; si l'une est conseillée, l'autre est prescrite, et si on vous invite à garder l'une, on vous fait un devoir de pratiquer l'autre. En parlant de la virginité, il est dit seulement : "Que ceux qui peuvent y atteindre, y atteignent" (Mt XIX, 12). Mais pour ce qui est de l'humilité, voici en quels termes il en est parlé : "Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux" (Mt XVIII, 3). Ainsi l'une est l'objet d'une récompense et l'autre d'un précepte. On peut se sauver sans la virginité, on ne le saurait sans l'humilité. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons du Temps "Missus Est", 1ère homélie : « L'ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth, à une vierge qui avait épousé un homme nominé Joseph, et celle vierge s'appelait Marie. » (3-5), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome II), Traduction nouvelle par M. L'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 10 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Frères, vous connaissez celui qui vient ; considérez maintenant d'où il vient et où il va. Il vient du coeur de Dieu le Père dans le sein d'une Vierge Mère. Il vient des hauteurs du ciel dans les régions inférieures de la terre. Quoi donc ? Ne nous faut-il pas vivre sur cette terre ? Oui, s'il y demeure lui-même ; car où serons-nous bien sans lui ? "Qu'y a-t-il pour moi au ciel, qu'ai-je voulu sur la terre, sinon toi, le Dieu de mon coeur, mon partage à jamais ?" (Ps 72,25-26)...

    Mais il fallait qu'un grand intérêt soit en cause pour qu'une majesté si haute daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d'elle. Oui, il y avait là un grand intérêt en jeu, puisque là, la miséricorde, la bonté, la charité se sont manifestées dans une large et abondante mesure. Pourquoi en effet Jésus Christ est-il venu ?... Ses paroles et ses oeuvres nous le montrent clairement : il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis, celle qui était perdue, pour faire éclater sa miséricorde à l'égard des enfants des hommes.

    Il est venu pour nous. Admirable condescendance du Dieu qui cherche ! Admirable dignité de l'homme ainsi cherché ! L'homme peut s'en glorifier sans folie : non que de lui-même il soit quelque chose, mais celui qui l'a fait l'a estimé à un si haut prix ! En comparaison de cette gloire, les richesses et la gloire du monde et tout ce que l'on peut y ambitionner ne sont rien. Qu'est-ce que l'homme, Seigneur, pour que tu l'élèves ainsi et que tu y attaches ton coeur ?

    C'était à nous à aller vers Jésus Christ... Or un double obstacle nous arrêtait : nos yeux étaient bien malades, et Dieu habite la lumière inaccessible (1Tm 6,16). Paralytiques gisant sur notre grabat, nous étions incapables d'atteindre la demeure si élevée de Dieu. C'est pourquoi le très bon Sauveur et doux médecin des âmes est descendu de là-haut où il habite. Il a adouci pour nos yeux malades l'éclat de sa lumière. »

    Saint Bernard (1091-1153), extraits du 1er Sermon pour l'Avent.

    Texte intégral de ce sermon : Abbaye Saint Benoît.

  • 7 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Les enfants de l'Epoux peuvent-ils être dans la tristesse pendant que l'Epoux est avec eux ? Il viendra un temps que l'Epoux leur sera ôté, et alors ils jeûneront" (Mt 9,15). Jésus-Christ s'était appelé auparavant le "Médecin" de nos âmes. Il montre ici maintenant qu'il en est l'"Epoux". Ce temps, dit-il, est pour mes disciples un temps de joie durant lequel il ne leur faut parler de rien qui soit triste ; non que le jeûne soit triste de soi-même, mais seulement dans l'imagination des faibles. Car lorsqu'un homme s'avance dans la piété, le jeûne lui est doux et agréable.
    Jésus-Christ dans cette réponse mêle quelque chose qui pouvait affliger les Apôtres, en leur prédisant que "l'Epoux leur serait ôté", parce qu'il voulait les accoutumer insensiblement à son absence, et les préparer aux afflictions. Mais hélas, s'écrie saint Bernard, ce temps est venu pour nous aussi bien que pour les Apôtres ; et l'absence de Jésus-Christ notre Epoux arrache les larmes des yeux de tous ceux qui l'aiment, jusqu'à ce qu'ils lui soient réunis.
    "On ne met point de vin nouveau dans de vieux vaisseaux" (Mt 9,17). Ces manières proverbiales de parler, dont notre Seigneur se sert, pouvaient fort bien faire entendre que s'il laissait ses disciples dans une vie commune, il en usait ainsi par la connaissance qu'il avait de leur infirmité et de leur faiblesse, qui ne serait capable de cette grande austérité corporelle et spirituelle, qu'après que la grâce du Saint Esprit, qu'ils n'avaient pas encore reçue, en aurait fait des hommes nouveaux. Cette parabole nous marque encore ce renouvellement des "vaisseaux", c'est-à-dire de nos coeurs, qui se fait par la charité, et qui rend les hommes tout neufs, comme la malice les rend tout usés de vieillesse. C'est pourquoi saint Grégoire dit que si nous veillons sur nous-mêmes, nous travaillons tous les jours par nos prières, par nos lectures et par notre bonne vie, à passer du vieil homme au nouveau. »

    [Nicolas Fontaine], Explication de S. Augustin et des autres Pères Latins sur le Nouveau Testament, Premier Tome contenant les Evangiles de S. Matthieu et de S. Marc, A Paris, Chez Lambert Roulland, 1689.

  • 29 juin : Méditation

    « Considérez, mes frères, le jugement de la Sainte Eglise selon la foi, non pas selon la face du juge. Elle fait donc du jour de la mort des deux apôtres, le jour d'une de ses plus grandes fêtes. C'est, en effet, aujourd'hui que Saint Pierre a été crucifié, et aujourd'hui que Saint Paul a eu la tête tranchée. Voilà quelle est la cause de la solennité de ce jour, et quel est le motif de nos réjouissances. Mais en faisant de ce jour un jour de fête et de bonheur, il est hors de doute que l'Église est animée de l'esprit de son Epoux, de l'Esprit de Dieu, en présence de qui, selon le mot du Psalmiste "la mort des Saints est précieuse" (Ps. CXIII, 15). Quant aux hommes, le nombre, je m'imagine, était grand de ceux qui assistèrent à leur mort, et ne la contemplèrent point d'un oeil d'envie. Car aux yeux des insensés, ils ont paru mourir, leur sortie du monde a passé pour un véritable malheur, en un mot, pour des insensés, ils ont paru mourir (Sap. III, 2) ; Mais "pour moi, dit le Prophète, vos amis me semblent comblés d'honneur à l'excès, et leur empire consolidé d'une manière extraordinaire" (Ps. CXXXVIII, 17). Ainsi, mes frères, il n'y a qu'aux yeux des insensés que les amis de Dieu semblent mourir, aux yeux des sages, ils paraissent plutôt s'endormir. En effet, Lazare dormait, parce que c'était un ami (Jn. XI, 11). Et les amis du Seigneur, après le sommeil qu'il leur aura donné, seront comme son héritage (Ps. CXXVI, 4).

    Efforçons-nous, mes frères, de vivre de la vie des saints, mais désirons surtout mourir de leur mort. Car la sagesse préfère la fin des justes (Sap. II, 16), elle nous jugera là où elle nous aura trouvés. Inévitablement la fin de ta vie présente est le commencement de la vie future, et il n'y a point de différence possible entre l'une et l'autre. Il en est pour cela, si vous me permettez cette image, comme de deux ceintures qu'on veut coudre ensemble, ou mettre bout à bout ; on ne s'occupe que des deux extrémités, qu'on veut rapprocher sans s'inquiéter du reste, on les prépare de manière à ce qu'elles se rapportent parfaitement l'une à l'autre, ainsi en est-il pour vous, mes frères, quelque spirituelle que soit le reste de votre vie, si la fin en est charnelle, elle ne peut se rapporter à une vie toute spirituelle, car ni la chair, ni le sang, n'auront part au royaume de Dieu. "Mon Fils, dit le Sage, souviens-toi de tes fins dernières, et tu ne pécheras jamais" (Eccle. VII, 40). Parce que ce souvenir lui inspirera des craintes, or la crainte chasse le péché, et n'admet point de négligence. »

    Saint Bernard (1091-1153), extraits du 2ème Sermon pour la Fête des Saints Apôtres Pierre et Paul (5-6), in "Oeuvres complètes de Saint Bernard" (Tome 3), Trad. par M. l'Abbé Charpentier, Louis Vivès, Paris, 1866.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

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  • 7 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le premier et le plus grand commandement est-il celui-ci : "Vous aimerez le Seigneur votre Dieu" (Mt XXII,37).  Mais la nature est trop molle et trop faible pour un tel précepte, aussi commence-t-elle par s'aimer elle-même... Mais si cet amour glisse trop sur sa pente, comme cela arrive ordinairement... aussitôt s'élève pour le contenir, la digue du précepte qui nous ordonne "d'aimer le prochain comme nous-mêmes" (Mt XXII,27)... Mais, pour que notre amour du prochain soit irréprochable, il faut que Dieu s'y trouve mêlé ; est-il en effet possible d'aimer le prochain comme il faut, si ce n'est en Dieu ? Or, quiconque n'a pour Dieu aucun amour, ne saurait aimer rien en Dieu ; il faut donc commencer par aimer Dieu, si on veut aimer le prochain en lui, en sorte que Dieu qui est l'auteur de tous les autres biens l'est aussi de notre amour pour lui...

    L'homme ressent donc déjà de l'amour pour Dieu, mais il ne l'aime encore que pour soi et non pas pour Dieu... Mais que le cortége des tribulations fonde sur lui et l'oblige souvent à recourir à Dieu, s'il en reçoit chaque fois un secours qui le délivre, ne faudra-t-il pas qu'il ait un coeur de marbre ou de bronze pour ne pas être touché, toutes les fois qu'il aura été secouru, de la bonté de son libérateur et pour ne pas commencer à l'aimer pour lui-même, non plus seulement pour soi. Car la fréquence des épreuves nous oblige à recourir fréquemment à Dieu, or il est impossible de revenir souvent à lui, sans le goûter et impossible de le goûter, sans reconnaître combien il est doux. Aussi arrive-t-il bientôt que nous sommes portés à l'aimer comme il faut, beaucoup plus à cause de la douceur que nous trouvons en lui, qu'à cause de notre propre intérêt... Quand nous en sommes arrivés là, il n'est plus difficile d'accomplir le précepte d'aimer le prochain comme nous-mêmes... Quiconque aime de cet amour-là, aime tout autant qu'il est aimé et ne recherche plus à son tour que les intérêts de Jésus-Christ, non pas les siens propres, de même que Jésus a recherché les nôtres ou plutôt nous a recherchés nous-mêmes. Voilà l'amour de celui qui dit : "Chantez les louanges du Seigneur, car il est bon" (Ps CXVII,1). Celui qui loue le Seigneur, non pas parce qu'il est bon pour lui, mais simplement parce qu'il est bon, aime véritablement Dieu pour Dieu et non pour lui. »

    Saint Bernard, Traité sur l'amour de Dieu, ch. VIII et IX (23 à 26).
    Source et texte intégral : Abbaye Saint-Benoît.

  • 28 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Nous lisons dans l'Évangile que le Sauveur ayant parlé un jour à ses disciples et leur ayant donné à entendre, sous le mystère de son corps, qu'il devait leur donner à manger, qu'ils auraient à partager ses souffrances, plusieurs d'entre eux s'écrièrent : "Cette parole est dure" (Jn. VI, 61), et cessèrent dès lors de marcher à sa suite. Les autres disciples interrogés par le Seigneur s'ils voulaient eux aussi s'éloigner de lui, répondirent : "Seigneur à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle." Eh bien je vous le dis de même, mes frères, il est manifeste que, de nos jours encore, les paroles du Seigneur, sont esprit et vie, et que pour cela il en est qui le suivent, mais qu'il en est aussi à qui elles semblent dures et qui vont chercher ailleurs une misérable consolation. La sagesse élève la voix dans les places publiques et crie dans la voie large et spacieuse qui conduit à la mort afin d'en faire sortir tous ceux qui s'y sont engagés. "Il y a quarante ans, dit le Psalmiste, que je m'approche de cette race et que je lui dis : le coeur de ce peuple est toujours dans l'égarement" (Ps. XCIV, 10).
    Vous voyez donc bien, mes frères, quel avis salutaire nous donne le Prophète quand il nous dit : "Si aujourd'hui vous entendez sa voix, gardez-vous bien d'endurcir vos coeurs" (Ps. XCIV, 8). Ce sont à peu près les mêmes paroles chez le Prophète que celles que vous lisez dans l'Évangile. En effet, dans l'Évangile, le Seigneur nous dit : "Mes brebis entendent ma voix" (Jn. X, 27), et dans le Psaume, David dit : "Vous qui êtes son peuple", c'est-à-dire le peuple du Seigneur, "et ses brebis, si aujourd'hui vous entendez sa voix, gardez-vous bien d'endurcir vos coeurs" (Ps. CXIV, 7). »

    Saint Bernard, Sermons divers (Tome III), Cinquième sermon (sur Habacuc), in "Oeuvres complètes de Saint Bernard", Paris, Louis Vivès, 1866.

    Oeuvres complètes de Saint Bernard ici.

  • 14 avril : Méditation

    Regarde l'étoile, invoque Marie !

    « O toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.
    Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l'adversité, regarde l'étoile, appelle Marie !
    Si l'orgueil, l'ambition, la jalousie te roulent dans leurs vagues, regarde l'étoile, crie vers Marie !
    Si la colère ou l'avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers Marie !
    Quand, tourmenté par l'énormité de tes fautes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par la menace du jugement, tu te laisses happer par le gouffre de la tristesse, par l'abîme du désespoir, pense à Marie.
    Dans les périls, les angoisses, les situations critiques, invoque Marie, crie vers Marie !
    Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu'il ne quitte pas ton coeur, et pour obtenir la faveur de ses prières, ne cesse pas d'imiter sa vie.
    Si tu la suis, point ne t'égares ; si tu la pries, point ne désespères ; si tu la gardes en ta pensée, point de faux pas.
    Qu'elle te tienne, plus de chute. Qu'elle te protège, plus de crainte.
    Sous sa conduite, plus de fatigue. Grâce à sa faveur, tu touches au port.
    Et voilà comment ta propre expérience te montre combien se justifie la parole : Le nom de la vierge était Marie ! »

    Saint Bernard de Clairvaux (1091-1174), extrait de l'Homélie "Super missus est" (2, 17), in Ecrits sur la Vierge Marie, Mediaspaul, Paris, 1995.

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