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contemplation - Page 3

  • 20 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Les noces de Cana : "Faites tout ce qu'il vous dira." (Jn 2, 1-11)

    «  Assurément le miracle par lequel Notre-Seigneur Jésus-Christ a changé l’eau en vin, n’a rien d’étonnant pour ceux qui savent que c’est un Dieu qui l’a fait. Aussi bien Celui qui en ce jour de noces a changé l’eau en vin dans ces six urnes qu’il avait ordonné de remplir (Jn II, 6-11), est le même qui chaque année opère dans les vignes un prodige pareil. En effet, comme l’eau versée dans les urnes par ces serviteurs a été convertie en vin par l’oeuvre du Seigneur, ainsi par l’oeuvre du même Seigneur l’eau que versent les nuées est convertie en vin. Ce dernier prodige ne nous étonne point, parce qu’il se renouvelle tous les ans ; oui, parce qu’il s’opère continuellement, il n’a plus rien de merveilleux pour nous ; cependant, il exigerait bien plus d’attention de notre part que celui qui a été opéré dans les urnes remplies d’eau. Où est, en effet, l’homme capable de considérer ce que Dieu fait dans le gouvernement et l’administration des choses de ce monde, sans tomber dans la stupeur et se voir comme écrasé sous le poids des merveilles qu’il opère ? Si l’on se rend compte de la vertu d’un seul grain, de n’importe quelle semence, l’oeuvre divine apparaît avec des proportions si étonnantes, qu’on éprouve involontairement une impression d’effroi. Mais les hommes attentifs à d’autres objets ont perdu de vue les oeuvres de Dieu qui devaient les porter à offrir chaque jour, au Créateur, leurs louanges. Aussi Dieu s’est-il, en quelque sorte, réservé d’opérer certaines oeuvres inaccoutumées, voulant, par ces merveilles, tirer les hommes de leur assoupissement et les rendre plus vigilants pour son culte. [...] Par Jésus-Christ Dieu ont été faits le ciel et la terre, la mer, toute la parure des cieux, la richesse de la terre, la fécondité de la mer ; en un mot, tout ce qui s’étale à nos regards, c’est Jésus-Christ Dieu qui l’a fait. Nous le voyons, et si l’esprit de Jésus-Christ se trouve en nous, la joie que nous cause un pareil spectacle nous anime et nous porte à en louer l’auteur, et ainsi nous ne nous tournons pas tellement vers l’oeuvre, que nous nous détournions de l’ouvrier ; nous n’appliquons pas notre visage à l’ouvrage, au point de tourner le dos à celui qui l’a fait. »

    Saint Augustin, Traités sur Saint Jean, VIII (1), in Œuvres complètes de Saint Augustin (Tome X) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Poujoulat et de M. l’abbé Raulx, Bar-Le-Duc 1864.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • Méditation : l'adoration

    « Adorer Jésus dans l'hostie, participer à la messe, si possible chaque jour, ce n'est pas seulement accomplir des actes de piété, c'est se mettre de plus en plus dans une attitude constante, dans un état, de contemplation et d'adoration. L'adoration mène à un lent dessaisissement de soi-même, à un oubli de plus en plus grand de ses projets personnels et, par contre, à une entrée de plus en plus forte de Jésus dans l'âme. Il n'y a rien de plus humainement "inutile" que l'adoration. Demeurer là, sans rien faire, pendant de longs moments, c'est donner parfois l'impression de perdre un temps qui pourrait être mieux employé. Et pourtant c'est la source même de la vie. Sans adoration, l'action est courte et superficielle.

    Un effet important de l'adoration est la "transfusion" des sentiments même du Coeur de Jésus. Mystérieusement, peu à peu, on pense comme lui, on sent comme lui. Et l'on ressent alors une immense compasion pour le monde, pour les hommes, particulièrement pour leur souffrance. On se laisse atteindre, on abaisse ses barrières de défense. Ce qui domine, très rapidement, c'est la douleur de voir les hommes mourir de faim, matériellement, mais plus encore spirituellement. C'est le cri de saint Dominique quand il priait dans la nuit... "Seigneur mon Dieu, miséricorde ! Que vont devenir les pécheurs ?" »

    P. Bernard Peyrous, L'itinéraire de la vie spirituelle (III-7), Editions de l'Emmanuel, Paris, 2003.

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    St Dominique de Guzmán, par Le Greco

  • Méditation : Saint Jean

    « Voyez avec quelle constance et quel courage, mais aussi avec quelle tendresse de coeur, saint Jean répond à l'appel de Notre-Seigneur. Il est le disciple de l'amour. Il nous a marqué par ses exemples et par ses écrits comment nous devons aimer Jésus. Notre amour doit être un amour fort, un amour tendre, un amour compatissant, et non pas un amour égoïste qui cherche les douceurs.
    En récompense de cet amour, Notre-Seigneur donne à saint Jean deux choses. Il lui donne sa mère et il lui donne son Coeur. C'est à lui qu'il confie sa mère. Il ne la confie pas à saint Pierre qui l'aime cependant plus que les autres, mais dans l'amour duquel apparaît plus le caractère de la force que celui de la tendresse. L'amour de saint Jean est tendre et cette tendresse le pousse jusqu'à la croix, parce que son amour est fort en même temps. [...]
    En deuxième lieu, pour honorer saint Jean d'une spéciale dévotion pour son Coeur, à la Cène il le fait reposer sur sa poitrine. Là il puise à longs traits les profondeurs des mystères divins, les secrets de l'Evangile. Au pied de la croix, il est le témoin de la blessure adorable de son Coeur, c'est lui qui raconte comment le soldat lui perça le côté et comme l'eau et le sang jaillirent de cette blessure. Il insiste sur ce fait : "Celui qui a vu ces choses en a été le témoin, il les atteste, et son témoignage est vrai."
    [...]
    Ce qui apparaît en saint Jean, c'est la vie contemplative. C'est saint Jean qui a été l'apôtre contemplatif, ce qui ne l'a pas empêché de fonder toutes les églises d'Asie. Nous devons avoir cet esprit de contemplation... Les saints qui ont été le plus jetés dans la vie active ont été les plus contemplatifs. Saint Vincent, qui a été un si grand apôtre, disait : "La messe c'est le plus grand acte de contemplation" ; aussi la disait-il tous les matins en grande solennité.
    [...]
    Que la Sainte Vierge, qui nous a été donnée pour mère par saint Jean, répande sur les prêtres et sur nous tous l'esprit de Jésus, l'esprit de saint Jean, l'esprit d'oraison. L'oraison est une montagne à gravir, nous avons un poids à soulever, le poids de notre propre faiblesse. Luttons, gravissons courageusement les pentes de la vie d'oraison. »

    Dom Gréa (1828-1917), extraits de l'Homélie pour la fête de saint Jean, in "La Vie Spirituelle", décembre 1948.

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    Saint Jean à Patmos, par Hans Memling (1475)

  • 3 novembre : Méditation

    « Puisque nous devons prier, puisqu'il faut prier, prions ! Prions avant de parler, avant de travailler ; prions dans l'action, prions dans le repos, prions au milieu des foules, prions dans la solitude, prions partout, prions sans interruption. La prière est une puissance d'apostolat mise à notre disposition. S'il y avait quelque chose de meilleur pour nous que la prière, notre Seigneur nous l'aurait appris ; mais il a enseigné et il nous recommande surtout de veiller et de prier, de faire pénitence. Que notre vie soit donc une vie de prière ! "Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous marchiez, soit que vous travailliez ou vous reposiez, disait saint Paul, faites tout pour la gloire de Dieu", ce qui certainement veut dire en priant. Vie contemplative... Vie apostolique ! La première assurant le succès de l'autre ! C'est un peu paradoxal, mais ce ne l'est qu'apparemment, la réalité est affirmative. »

    Marthe Robin (1902-1981), Au fil des jours - Extraits du journal de Marthe Robin - 29 janvier 1930, Editions Foyer de Charité, 2012.
    A visiter : Les Foyers de Charité

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  • 26 octobre : Message du Synode au Peuple de Dieu sur la Nouvelle Evangélisation

    C’est par de longs et chaleureux applaudissements que le Synode des Evêques a accueilli ce vendredi matin le « Message au peuple de Dieu », synthèse des trois semaines de travaux sur les défis de la Nouvelle Evangélisation. Le document a été lu par plusieurs intervenants en cinq langues : italien, français, espagnol, anglais et allemand. Ce texte de plus de dix pages rappelle que la nouvelle évangélisation est une urgence pour le monde, il invite les chrétiens à annoncer l’Evangile avec courage et sérénité, en dépassant la peur dans la foi.

    Au début du document, les évêques évoquent le passage évangélique de Jean qui raconte la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits: c'est l'image de l'homme contemporain, tenant une cruche vide, qui a soif et nostalgie de Dieu, et vers qui l'Église doit aller pour rendre présent le Seigneur. Comme la Samaritaine, celui qui rencontre Jésus ne peut pas ne pas devenir le témoin de l'annonce de salut et d'espérance de l'Évangile.

    Raviver une foi qui risque de s'éclipser

    En ce qui concerne plus spécifiquement le contexte de la nouvelle évangélisation, le Synode rappelle le besoin de raviver une foi qui risque de s'éclipser dans les contextes culturels actuels et qui s'affaiblit même chez de nombreux baptisés. La rencontre avec le Seigneur, qui révèle que Dieu est amour, ne peut avoir lieu que dans l'Église, comprise comme forme de communauté accueillante et expérience de communion; à partir de là, les chrétiens deviennent des témoins dans d'autres lieux aussi.

    Toutefois, l'Église confirme l'idée que pour évangéliser il faut tout d'abord être évangélisé et lance un appel à la conversion - en commençant par elle même -, parce que les faiblesses des disciples de Jésus pèsent sur la crédibilité de la mission. Conscients du fait que le Seigneur est le guide de l'histoire et que le mal n'aura pas le dernier mot, les évêques invitent les chrétiens à vaincre la peur par la foi et à regarder le monde avec courage et sérénité car, bien que rempli de contradictions et de défis, ce monde demeure celui que Dieu aime.

    Pas de pessimisme, et pas de nouvelles stratégies

    Pas de pessimisme, alors: la mondialisation, la sécularisation et la nouvelle donne de la société, les migrations, avec toutes les difficultés et les souffrances qu'elles comportent, doivent représenter des opportunités d'évangélisation. En effet, il ne s'agit pas de trouver de nouvelles stratégies pour diffuser l'Évangile comme un produit de marché, mais de découvrir comment les personnes approchent Jésus.

    Le message considère la famille comme le lieu naturel de l'évangélisation et confirme qu'elle doit être soutenue par l'Église, par la politique et par la société. À l'intérieur de la famille, il souligne le rôle spécial que jouent les femmes et rappelle la situation douloureuse des personnes divorcées et remariées: tout en confirmant la discipline relative à l'accès aux sacrements, il insiste que ces personnes ne sont pas abandonnées par le Seigneur et que l'Église est une demeure accueillante pour tous.

    La famille, les paroisses, les jeunes

    Le message cite également la vie consacrée, témoin du sens supraterrestre de l'existence humaine, et les paroisses comme centres d'évangélisation; il rappelle l'importance de la formation permanente pour les prêtres et les religieux, et invite les laïcs (les mouvements et les nouvelles réalités ecclésiales) à évangéliser en restant en communion avec l'Église. La nouvelle évangélisation trouve une coopération souhaitable avec les autres Églises et communautés ecclésiales, animées elles aussi par le même esprit d'annonce de l'Évangile. Une attention particulière est portée sur les jeunes dans une perspective d'écoute et de dialogue pour racheter, et non pas mortifier, leur enthousiasme.

    Le message considère ensuite le dialogue, décliné sous différentes formes: avec la culture, qui a besoin d'une nouvelle alliance entre foi et raison, avec l'éducation, avec la science qui, quand elle ne confine pas l'homme au matérialisme, devient une alliée de l'humanisation de la vie, avec l'art, avec le monde de l'économie et du travail, avec les malades et ceux qui souffrent, avec la politique, à laquelle un engagement désintéressé et transparent en faveur du bien commun est demandé, avec les autres religions. En particulier, le Synode confirme que le dialogue interreligieux concourt à la paix, rejette le fondamentalisme et dénonce la violence à l'encontre des croyants.

    La contemplation et le silence

    Le message rappelle les possibilités qu'offrent l'Année de la Foi, la mémoire du Concile Vatican II et le Catéchisme de l'Église catholique. Enfin, il indique deux expressions de la vie de foi particulièrement significatives pour la nouvelle évangélisation: la contemplation, où le silence permet d'accueillir au mieux la Parole de Dieu, et le service aux pauvres, dans l'optique de reconnaître le Christ sur leurs visages.

    Dans la dernière partie, le message se tourne vers les Églises des différentes régions du monde et adresse à chacune d'entre elles des paroles d'encouragement pour l'annonce de l'Évangile: aux Églises d'Orient, il exprime le souhait qu'elles puissent pratiquer la foi dans des conditions de paix et de liberté religieuse; à l'Église d'Afrique, il recommande de développer l'évangélisation à travers la rencontre avec les anciennes et les nouvelles cultures, et fait appel aux gouvernements pour qu'ils mettent un terme aux conflits et aux violences.

    A chaque Eglise un message et un encouragement

    Les chrétiens d'Amérique du Nord, qui vivent dans une culture où abondent les expressions qui éloignent de l'Évangile, doivent se tourner vers la conversion et être ouverts à accueillir les immigrés et les réfugiés. L'Amérique latine est invitée à vivre la mission permanente pour faire face aux défis actuels, comme la pauvreté, la violence même dans les nouvelles conditions de pluralisme religieux. L'Église en Asie, bien qu'étant une petite minorité, souvent placée en marge de la société et persécutée, est encouragée et exhortée à rester ferme dans la foi.

    L'Europe, bien que marquée par une sécularisation parfois agressive et blessée par les régimes passés, a créé une culture humaniste capable de donner un visage à la dignité de la personne et à l'édification du bien commun; les chrétiens européens ne doivent pas se laisser abattre par les difficultés du présent, mais ils doivent les percevoir comme un défi. À l'Océanie, enfin, il est demandé de s'engager encore à prêcher l'Évangile.

    Enfin, le message se termine en implorant l'intercession de Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation.

    Source : Radio Vatican.

  • 25 octobre : Méditation

    « L'homme est fait pour chanter la louange de Dieu et le bénir, c'est son office sacerdotal, qu'il remplit au nom des toutes les créatures inanimées. La splendeur de la création manifeste la gloire de Dieu, sa beauté éveille en lui une admiration mêlée d'émerveillement. Pour celui qui veut bien entendre le cantique des créatures (cf. Ps 148, Dn 3), tout lui crie l'amour de Dieu. Ce regard contemplatif suscite l'action de grâce : comment ne pas chanter de tout son coeur sa reconnaissance et sa gratitude ? Plongés dans une telle beauté, comment ne pas louer Dieu comme le psalmiste : "Qu'il est grand ton nom par toute la terre" (Ps 8, 2) ? Cette attitude est aussi appelée crainte révérencielle, liée au don de l'Esprit Saint, crainte filiale qui permet de reconnaître et d'aimer Dieu comme Père. Si saint François d'Assise appelle la lune, les étoiles ou l'eau "soeur", le soleil, le vent ou le feu "frère", c'est parce qu'il appelle Dieu "Père" !

    La contemplation est un exercice gratuit, où le regard émerveillé peut, en se posant sur l'univers créé, se reposer en son auteur divin. Devant le spectacle éblouissant de la nature, son harmonie et sa paix, nous pouvons laisser monter en nos coeurs un chant de reconnaissance et d'amour. Celui qui aime Dieu le loue à travers toutes ses oeuvres. De même, il les respecte et en prend soin, conscient d'avoir reçu un don précieux. »

    Mgr Dominique Rey, Peut-on être catho et écolo ? (ch.2), Artège, 2012.

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  • 22 octobre : Méditation

    « Oui, il est indispensable de travailler à se connaître soi-même à l'oraison ; oui, il est souverainement bon de contempler ses misères, de se plonger dans son néant, de descendre jusqu'aux dernières profondeurs de l'humilité, là où l'on touche infailliblement à Dieu. N'oublions point, toutefois, qu'ici comme ailleurs la discrétion doit être gardée. Manquer de mesure dans le mépris de soi-même et s'obstiner, sous l'influence de l'esprit mauvais ou de je ne sais quel instinct maladif, à réfléchir sans cesse à ses défauts et à ses péchés, risque de jeter dans le découragement et de paralyser complètement les forces de l'âme...

    Sainte Thérèse [d'Avila]... découvre avec clairvoyance les tentations que cette erreur amène naturellement. "Lorsque nous demeurons enfoncés dans la considération de notre misère, écrit-elle, au lieu de couler pur et limpide, ce fleuve de nos oeuvres entraîne dans son cours la fange, des craintes, de la pusillanimité, de la lâcheté et mille pensées qui troublent, telles que celle-ci : n'a-t-on pas les yeux sur moi ? En marchant par ce chemin, ne vais-je point m'égarer ?... Etant si misérable, me sied-il de m'occuper d'une chose si relevée que l'oraison ? N'aura-t-on pas de moi une opinion trop favorable ? Ne faut-il pas éviter ce qui est extrême même dans la vertu ? Pécheresse comme je suis, n'est-ce pas m'exposer à tomber de plus haut ? Enfin, étant ce que je suis, me convient-il de prétendre à rien de particulier (Le château intérieur, ch.II)".

    On le voit sans peine : dans cet état, le retour trop prolongé sur notre misère native brise l'élan de l'âme, arrête son essor et dès lors ne peut être que mauvais. Aux personnes atteintes de ce mal, nous conseillons de méditer attentivement ce dernier conseil de la Réformatrice du Carmel : "Je le répète, que jusque dans la demeure de la connaissance de soi-même, l'âme garde sa liberté, car l'humilité travaille toujours comme l'abeille, qui fait son miel dans la ruche... Or, considérez l'abeille... Elle quitte la ruche et va de fleur en fleur chercher son butin. Que cette âme, si elle veut m'en croire, fasse de même : que de temps en temps elle quitte ce fond de sa propre misère et prenne son vol, pour considérer la grandeur et la majesté de son Dieu. Là, bien mieux qu'en elle-même, elle découvrira sa bassesse et trouvera plus de force pour s'affranchir des reptiles... A mon avis, nous croîtrons bien plus en vertu en contemplant les perfections divines qu'en tenant les yeux de l'âme fortement attachés sur ce vil limon d'où nous tirons notre origine (Ibid.)". »

    Abbé Louis Gillot (Supérieur des Chapelains de Paray-le-Monial), L'Oraison - Etude pratique (ch. V), Paray-le-Monial, Charles Diard, 1894.

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  • 19 octobre : Méditation

    « Remède contre la tentation du désir immodéré de savoir.

    Le premier remède contre la tentation du désir immodéré de savoir et d'étudier, est de considérer combien la vertu est plus excellente que la science, et combien la sagesse divine surpasse la sagesse humaine, afin que l'homme voie par là avec combien plus de cœur il doit travailler et s'exercer à acquérir l'une plutôt que l'autre. Que la science du monde ait toute la gloire et toutes les couronnes qu'elle peut souhaiter ; à la fin, cette gloire et ces couronnes s'en vont avec la vie. Qu'y a-t-il donc de plus misérable que d'acquérir, au prix d'un si grand labeur, ce dont on doit jouir si peu de temps ? Tout ce que tu peux savoir ici-bas n'est rien. Et si tu t'exerces dans l'amour de Dieu, tu iras bientôt le contempler face à face, et en lui tu verras toutes choses. Au jour du jugement, on ne nous demandera pas ce que nous avons lu, mais ce que nous avons fait ; ni si nous avons bien parlé ou prêché, mais si nous avons fait de bonnes actions. »

    Saint Pierre d'Alcantara (1499-1562), Traité de la Dévotion (Ch. IV, Huitième avis), in "Oeuvres spirituelles de S. Pierre d'Alcantara" par le P. Marcel Bouix, Ve Régis Ruffet et Cie, Paris - Lille, 1872.

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  • 22 septembre : Méditation

    « Fais-moi entrer, Seigneur, dans la pureté du coeur, fais-moi entrer dans la liturgie ininterrompue de ta Parole et de mon silence pour que
    "sur cette tablette lissée par une absolue simplicité tu te manifestes et inscrives tes propres lois" ("Petite philocalie de la prière du coeur", trad. Jean Gouillard, Seuil, Paris, 1979).
    Ainsi priait Maxime le Confesseur au VIIe siècle, levant les bras vers le Maître des heures et de la Sagesse. Car nous sommes venus ici apprivoiser la Sagesse. Nous sommes venus ici avec des mains patientes de cueilleurs et des joues de vierges attentives. Comme Marie, la fiancée émerveillée à l'annonce de sa maternité divine, Marie aux lèvres scellées et au coeur écoutant, exaltant son Seigneur et exultant de joie en Dieu son Sauveur. Il nous faut ainsi, à l'imitation de Marie, laisser derrière nous les ombres de l'intelligence et le dépôt de l'ignorance et faire monter sur nos lèvres orantes l'humble confiance qui enlace et fait vivre dans la simplicité de la tendresse de Dieu.
    Même si, dans l'obscurité du recueillement, nous touchons le fond trouble de nos insuffisances et de nos doutes que plus rien ne semble devoir éclairer, demeurons et durons dans les odeurs fortes du sous-bois car nous sommes ici pour trouver la lumière. Nous nous rencontrerons d'abord nous-mêmes avec nos forces et nos faiblesses, nos élans et nos dénis, avec tout cet enchevêtrement de l'agir humain, si contradictoire, mais qui façonne des saints de la terre maculée, du bois véreux de l'indigence et de l'inconstance des saisons de l'âme. Nous nous rencontrerons enfants de Dieu comme le nourrisson allaité du Psaume 131 dont le coeur ne s'est pas gonflé et dont les reins ne se sont pas ceints d'orgueil. C'est ainsi que se construit le recueillement par un regard de paix sur soi, un regard de réconciliation sur le moi déjointoyé de l'homme en péril qui ouvre grand les portes de la connaissance et de la contemplation, notre terre nourricière. Jan Ruusbroeck, à la fin du moyen âge, aimait souligner cette compassion envers nous-mêmes qui surgit comme une vertu naturelle de la simplicité :
    "Car les hommes les plus simples sont les plus apaisés et ils sont parfaitement en paix en eux-mêmes. Ils sont aussi les plus profondément immergés en Dieu, les plus éclairés pour comprendre." ("Les noces spirituelles", Dom André Louf éd., "Spiritualité occidentale" n°3, Bellefontaine, 1993) »

    Nathalie Nabert, Le Maître intérieur, Ad Solem, Genève, 2006.

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  • 10 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Notre Seigneur Jésus Christ a dit à tous, à plusieurs reprises et en donnant diverses preuves : "Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive" ; et encore : "Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple". Il nous paraît donc exiger le renoncement le plus complet... "Où est ton trésor, dit-il ailleurs, là est ton coeur" (Mt 6,21). Si donc nous nous réservons des biens terrestres ou quelque provision périssable, notre esprit y demeure enlisé comme dans de la boue. Il est alors inévitable que notre âme soit incapable de contempler Dieu, et devienne insensible aux désirs des splendeurs du ciel et des biens qui nous sont promis. Nous ne pourrons obtenir ces biens que si nous les demandons sans cesse, avec un ardent désir qui, du reste, nous rendra léger l'effort pour les atteindre.
    Se renoncer, c'est donc délier les liens qui nous attachent à cette vie terrestre et passagère, se libérer des contingences humaines, afin d'être plus à même de marcher dans la voie qui conduit à Dieu. C'est se libérer des entraves afin de posséder et user de biens qui sont "beaucoup plus précieux que l'or et que l'argent" (Ps 18,11). Et pour tout dire, se renoncer, c'est transporter le coeur humain dans la vie du ciel, en sorte qu'on puisse dire : "Notre patrie est dans les cieux" (Ph 3,20). Et surtout, c'est commencer à devenir semblable au Christ, qui pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était (2Co 8,9). Nous devons lui ressembler si nous voulons vivre conformément à l'Évangile. »

    Saint Basile (v.330-379), Grandes Règles monastiques, Question 8 (trad. Brésard, 2000 ans C, et Lèbe, Maredsous).

  • Audience générale de ce mercredi 8 août à Castelgandolfo

    Les vacances : un temps propice pour prier avec tranquillité

    Benoît XVI invite à profiter des vacances pour consacrer du temps à la prière et parler avec Dieu. Il a renouvelé son appel à l’audience générale ce mercredi, devant quelque 1500 personnes du monde entier, venues l’écouter dans la petite cour intérieure de la résidence estivale de Castelgandolfo.


    Poursuivant sa catéchèse sur la prière, le Pape est revenu sur l’enseignement de Saint Dominique de Guzman, fondateur de l’Ordre des frères prêcheurs, les Dominicains ; exemple d’intégration harmonieuse entre l’activité apostolique et la contemplation des mystères divins. Dans une précédente catéchèse, il avait déjà approfondi la contribution apportée par Saint Dominique au renouvellement de l’Eglise de son temps. Saint Dominique fut un homme de prière, amoureux de Dieu, qui a consacré sa vie au salut des âmes, en particulier des hérétiques ; à l’imitation du Christ, il a incarné de manière radicale les trois conseils évangéliques. C’est la prière qui a rendu ses œuvres apostoliques plus fécondes.

    Benoît XVI a rappelé que la vie spirituelle a besoin de la prière. La prière est la source du témoignage de foi des chrétiens, elle aide non seulement les croyants à grandir dans leur foi, mais aussi à faire partager à leur entourage le rayonnement lumineux de la présence de Dieu, qui apporte la paix et l’amour dont nous avons tous besoin. C’est notre relation à Dieu qui nous donne la force de vivre même dans les moments les plus difficiles.

    Le Pape a insisté sur l’importance des gestes qui accompagnent la prière. Le fait de s’agenouiller, de fixer le crucifix, tout cela n’est pas secondaire. Ces attitudes nous aident à nous mettre intérieurement avec toute notre personne en relation avec Dieu. Il est donc important de trouver une bonne position du corps et un environnement calme, pour prier avec tranquillité.

    Benoît XVI a dit aux pèlerins francophones :

    « Je salue avec joie les pèlerins de langue française, particulièrement ceux venus de Russ et de Mayenne ! Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire de Saint Dominique de Guzman, prêtre et fondateur de l’Ordre des prêcheurs, appelés Dominicains. À son école, nous pouvons être des amoureux de Dieu, des imitateurs du Christ, des hommes et des femmes de prière, sève nourricière de nos actions et de notre témoignage. En ce temps de vacances, laissons-nous guider davantage par l’Esprit-Saint pour approfondir notre communion avec Dieu et avec les autres. Bon séjour et bon repos à tous ! »
     
    Source : Radio Vatican.
  • Hymne des vêpres de la Transfiguration : "Quicumque Christum Quaertitis"

    Quicumque Christum quaeritis,
    Oculos in altum tollite:
    Illic licebit visere
    Signum perennis gloriae.

        Vous tous qui cherchez le Christ,
        portez en haut vos regards :
        là, vous pourrez contempler
        l’image de la gloire éternelle.

    Illustre quiddam cernimus
    Quod nesciat finem pati,
    Sublime, celsum, interminum,
    Antiquius caelo et chao.

        Nous voyons quelque chose de radieux,
        qui ne saurait souffrir de fin,
        sublime, incomparable, infini,
        antérieur au ciel et au chaos.

    Hic ille Rex est Gentium,
    Populique Rex judaici,
    Promissus Abrahae patri,
    Ejusque in aevum semini.

        C’est Lui, le Roi des Nations,
        le Roi du peuple juif,
        promis au père Abraham
        et à sa postérité, pour toujours.

    Hunc et Prophetis testibus
    Iisdemque signatoribus
    Testator et Pater jubet
    Audire nos et credere.

        Les Prophètes l’ont annoncé
        et en même temps dépeint,
        son Père lui rend aussi témoignage,
        et nous ordonne d’écouter et de croire.

    Jesu, tibi sit gloria,
    Qui te revelas parvulis,
    Cum Patre, et almo Spiritu,
    In sempiterna saecula.
    Amen.

        O Jésus, à vous soit la gloire,
        qui vous révélez aux petits,
        avec le Père et l’Esprit vivifiant,
        dans les siècles éternels.
        Amen.

  • 11 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Selon la tradition des Pères et l'autorité des saintes Écritures, les renoncements sont au nombre de trois… Le premier concerne ce qui est matériel ; il nous fait mépriser toutes les richesses et les biens du monde. Par le deuxième, nous répudions notre ancienne manière de vivre, avec les vices et les passions de l'âme et de la chair. Par la troisième, nous détachons notre esprit de toutes les réalités présentes et visibles pour ne contempler que les réalités futures et ne désirer que les réalités invisibles. Ces renoncements doivent être observés tous les trois, comme le Seigneur l'a ordonné à Abraham, lorsqu'il lui a dit : "Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père" (Gn 12,1).
    Il a dit en premier lieu : "Quitte ton pays", c'est-à-dire les richesses de la terre. En second lieu : « Quitte ta famille », c'est-à-dire les habitudes et les vices passés qui, en s'attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis par une sorte de parenté. En troisième lieu : "Quitte la maison de ton père", c'est-à-dire tout attachement au monde actuel qui se présente à nos yeux…
    Contemplons, comme le dit l'apôtre Paul, "non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel" (2Co 4,18)… ; "nous, nous sommes citoyens des cieux" (Ph 3,20)… Nous sortirons ainsi de la maison de notre ancien père, celui qui était notre père selon le vieil homme, dès notre naissance, quand "nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres" (Ep 2,3), et nous porterons toute l'attention de notre esprit aux choses célestes… Notre âme s'élèvera alors jusqu'au monde invisible par la méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle. »

    Saint Jean Cassien (v.360-435), Conférences 3, 6-7 ; CSEL 13/2, 73-75 (trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols).

  • 9 juillet : Méditation

    « Nous pourrions jouir d'une grande paix, si nous voulions ne nous point occuper de ce que disent et de ce que font les autres et de ce dont nous ne sommes point chargés.
    Comment peut-il être longtemps en paix, celui qui s'embarrasse de soins étrangers, qui cherche à se répandre au-dehors, et ne se recueille que peu ou rarement en lui-même ?
    Heureux les simples, parce qu'ils posséderont une grande paix !

    Comment quelques saints se sont-ils élevés à un si haut degré de vertu et de contemplation ?
    C'est qu'ils se sont efforcés de mourir à tous les désirs de la terre, et qu'ils ont pu ainsi s'unir à Dieu par le fond le plus intime de leur coeur, et s'occuper librement d'eux-mêmes.
    Pour nous, nous sommes trop à nos passions, et trop inquiets de ce qui se passe.
    Rarement nous surmontons parfaitement un seul vice, nous n'avons point d'ardeur pour faire chaque jour quelques progrès, et ainsi nous restons tièdes et froids.

    Si nous étions tout a fait morts à nous-mêmes et moins préoccupés au-dedans de nous, alors nous pourrions aussi goûter les choses de Dieu et acquérir quelque expérience de la céleste contemplation.
    Le plus grand, l'unique obstacle, c'est qu'asservis à nos passions et à nos convoitises, nous ne faisons aucun effort pour entrer dans la voie parfaite des saints.
    Et, s'il arrive que nous éprouvions quelque légère adversité, nous nous laissons aussitôt abattre, et nous recourons aux consolations humaines.

    Si tels que des soldats généreux, nous demeurions fermes dans le combat, nous verrions certainement le secours de Dieu descendre sur nous du ciel.
    Car il est toujours prêt à aider ceux qui résistent et qui espèrent en sa grâce, et c'est lui qui nous donne des occasions de combattre, afin de nous rendre victorieux.
    Si nous plaçons uniquement le progrès de la vie chrétienne dans les observances extérieures, notre dévotion sera de peu de durée.
    Mettons donc la cognée à la racine de l'arbre, afin que dégagés des passions, nous possédions notre âme en paix. »

    Imitation de Jésus Christ, Livre 1, ch. 11, Trad. de l'Abbé Félicité de Lamennais.

    L'Imitation de Jésus-Christ est en ligne sur de nombreux sites, notamment ici.

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  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 18ème jour

    Dix-huitième jour : Le Cœur de Jésus triomphant dans le Ciel

    Maintenant, oh ! âme, élève-toi par un vol hardi jusqu’à contempler le Cœur de Jésus, non plus mort et transpercé sur la croix, mais vivant, régnant et glorieux à droite du Père. La charité, qui l’a tué sur la terre, lui confère à présent l’éternité dans le ciel, le couronnant des plus beaux rayons de gloire qui se voient en paradis, et parce qu’ici-bas il vint parmi nous toujours animé d’un souffle de douleur et rempli d’un esprit de souffrance et de mort, aujourd’hui, dans le sein de l’éternelle vie, il règne glorifié et transformé en océan de délices… Son Cœur demeure toujours tourné vers Dieu, toujours offert à Dieu pour notre salut, toujours suppliant le Père céleste par sa plaie béante et obtenant d’infinis moyens de rédemption pour l’Eglise, sa chère épouse, qui souffre ici-bas sur la terre. Et parce que le Cœur de Jésus est très beau, très pur, très candide, tout rempli de lumière et d’amour et, parmi tous les cœurs de l’éternité, le plus agréable et le plus cher à Dieu, il n’y a, parmi les saints, personne qui ne l’admire, qui ne l’adore, qui ne l’offre en perpétuelle action de grâces au Père éternel.
    P. Ignace del Nente

    Exemple : Le drapeau du Sacré-Cœur à Patay
    « L’heure marquée par Dieu où le drapeau du Sacré-Cœur devait recevoir le baptême de sang et de feu approchait ; le champ de Patay était voisin : on se prépara au combat. C’était le 2 décembre, premier vendredi du mois, jour consacré au Sacré-Cœur. Tous les zouaves pontificaux, ces fils de la vieille France, assistaient à la messe dans la chapelle de Saint-Péravy-la-Colombe.
    Mais déjà la bataille est engagée ; le moment est donc venu d’arborer le drapeau. Le sergent de Verthamon, qui avait demandé la veille à M. de Charrette de consacrer publiquement le régiment au Sacré-Cœur, est désigné pour avoir l’honneur de le porter.
    Il est enfin déployé, l’étendard du Sacré-Cœur, avec ses blanches couleurs, son Cœur de feu et sa devise certaine, même dans la défaite :
    « Cœur de Jésus, Sauvez la France ! »
    Le chevaleresque général de Sonis est passé dans les rangs et a dit à tous ces beaux jeunes hommes :
    « Messieurs, voilà la position à enlever ; faites voir ce que peuvent des soldats chrétiens ! »
    Et eux ont dit :
    « La fête est belle. »
    Oui, elle est belle, mais elle est sanglante ! Longtemps les soldats du Sacré-Cœur écartent avec la pointe de leur fer l’ennemi qui embarrasse la marche triomphale de leur drapeau ; mais ce drapeau est comme l’Arche sainte, tous ceux qui le portent sont frappés de mort, tous ceux qui s’en approchent son atteints. Qu’importe ! La guerre que subit la France est une guerre d’expiation ; les victimes sont pures et parées ; elles marchent sans crainte vers cet autel de leur gloire que le général a désigné et en franchissent tous les degrés. Enfin le drapeau du Sacré-Cœur flotte sur la position au milieu d’un nuage de poudre qui l’enveloppe comme un nuage d’encens ; mais il flotte sans garde et sans escorte : tous sont morts, tous sont « tombés dans le Cœur de Jésus », et leurs âmes sanctifiées forment autour du drapeau une glorieuse couronne.
    Attendons, Dieu est juste. Les héroïques cavaliers de Reischoffen et les braves fantassins de Patay n’ont pu sauver la France, parce que l’expiation de leurs erreurs n’est pas encore complète. Mais notre confiance dans l’avenir glorieux de la fille aînée de l’Eglise ne doit pas être ébranlé ; car Rome, tombée avec elle, ne s’est pas encore relevée, et, quelques sanglantes, quelques sacrilèges que puissent être les orgies des sectaires, le cri qui, en France, dominera tous les autres sera toujours le vieux cri de nos frères :
    « Vive le Christ qui aime les Francs ! »
    (Relation du lieutenant-colonel d’Albiousse, des zouaves pontificaux)

    ☞   Des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant cette bataille de Patay et le drapeau du Sacré-Coeur – voir les années 1870-1871.

    Page d’histoire :
    Paris était assiégé par les Prussiens ; Rome venait de tomber entre les mains sacrilèges des Piémontais ; la Commune préparait ses fureurs dans l’ombre. Qui pourra délivrer le Saint-Père et sauver la France ? Ce sera le Cœur de Jésus, s’écrièrent de nobles âmes : offrons-lui un Vœu national ! Aussitôt, le mouvement commence et l’élan se propage. Quel est ce Vœu national ? C’est la promesse d’offrir, au nom de la nation entière, l’expression solennelle de son repentir, en élevant à Paris une église monumentale dédiée au Sacré-Cœur. Paris a été le théâtre des plus grands désordres et il ne possède aucun temple en l’honneur du Cœur de Jésus ; nulle part l’expiation ne sera mieux placée ni plus éclatante. Dans Paris se trouve un quartier célèbre qui fut jadis arrosé du sang de Saint Denis et de ses compagnons et qu’on a appelé le quartier Montmartre ou le Mont des martyrs ; c’est là que sera construite l’église monumentale de la France. Enfin, notre Vœu national s’adresse au Sacré Cœur parce que le divin Cœur est la plus haute expression de l’amour de Dieu pour les hommes, et parce que la France a particulièrement blessé le Cœur de Jésus qui l’avait tant aimée ; c’est donc à lui qu’elle doit adresser l’expression de son repentir et de son espérance. Rien, par conséquent, n’est plus chrétien ni plus patriotique qu’un tel vœu. Aussi a-t-il reçu les bénédictions du Saint-Père et les encouragements de l’épiscopat français. Les dons affluent, les adhésions se multiplient à l’infini, et nous pouvons maintenant saluer, sur les hauteurs de Montmartre, la basilique destinée à éterniser le témoignage de nos regrets pour le passé et de notre confiance pour l’avenir.

    ☞   Des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, sur l’histoire du Vœu national et la basilique Montmartre.

    Bouquet spirituel :
    Cette ouverture du côté de Jésus nous indique l’entrée du temple éternel où sera consommée l’éternelle félicité de tous les élus.
    Saint Bernardin de Sienne (1380-1444)

    Ô très auguste plaie !... La lance vous forma, mais c’est la puissance de Dieu qui vous entretient ; vous fûtes imprimée sur un corps sans vie, mais votre délicieuse ouverture restera éternellement comme une perle de la divine Majesté.
    Saint François de Borgia (1510-1572)

    Pratique :
    Prier souvent pour le relèvement de la France.

    Oraison jaculatoire :
    Cœur Sacré de Jésus, sauvez la France !

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • Fête-Dieu à Rome : Benoît XVI invite à rétablir l’équilibre entre l’adoration et l’assemblée liturgique

    Dans son homélie, le Pape a proposé une méditation sur le culte de l’Eucharistie et son caractère sacré.

    Benoît XVI a regretté que dans un passé récent, le Mystère de l’Eucharistie ait été l’objet de visions incomplètes. Il s’est notamment attardé sur le sens de l’adoration du Saint-Sacrement, pénalisé par une interprétation unilatérale du Concile Vatican II qui a privilégié l’assemblée liturgique. Il faut rétablir, selon lui, le juste équilibre entre l’adoration et la célébration de l’Eucharistie. Car ce déséquilibre a eu des répercussions sur la vie spirituelle des fidèles qui perçoivent moins bien le sens de la présence permanente de Jésus parmi nous. Pour le Pape, il ne faut pas opposer la célébration et l’adoration comme si elles étaient en concurrence. La communion et la contemplation sont complémentaires...

    A propos du caractère sacré de l’Eucharistie, Benoît XVI a déploré l'influence de la sécularisation héritée des années soixante et soixante-dix du siècle dernier. Le nouveau culte apporté par le Christ a toujours besoin de signes et de rituels - a-t-il insisté. De plus, la disparition du rituel sacré appauvrit la culture et laisse le champ libre aux nombreux succédanés présents dans la société de consommation, à d’autres rites et signes qui peuvent devenir des idoles.

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral de l'homélie et vidéo sur le site internet du Vatican.

  • 24 mai : Méditation

    « Place-toi devant la Vierge dans l'attitude qu'elle avait à l'Annonciation, en face du Tout-Puissant : "Me voici." Elle est là, simplement, sans artifice et sans détour, dans la vérité de son être reçu de Dieu, se laissant faire et aimer par lui. Après Jésus, elle fut la première à entrer dans le Royaume des Béatitudes ; c'est pourquoi elle est modèle et source de grâce pour toi. Ecoute les paroles de Marie, regarde et pénètre ses attitudes profondes. En la contemplant longuement, tu lui deviens semblable : un coeur disponible et pauvre, prêt à être envahi par Dieu.
    [...]
    Elle est le modèle de ton être à Dieu. Tu voudrais bien régler le don de ta personne ; tant que tu as prévu des limites, tu es encore trop possesseur de ton offrande. Dieu te demande une disponibilité absolue, et t'appelle souvent à livrer ce que tu n'avais pas prévu. Marie ne songeait nullement à devenir la Mère du Promis, mais comme elle était disponible et ouverte, rien ne la surprend dans l'appel de Dieu. C'est alors qu'elle devient Mère du Sauveur. Qui peut dire la fécondité de sa vie cachée en Dieu avec le Christ, à Nazareth ?

    Tu peux contempler ainsi la disponibilité de Marie en reprenant le récit de l'Annonciation, ou en redisant le Magnificat. Ou alors dis simplement le chapelet, en repassant dans ta mémoire les paroles de la Vierge, afin qu'elle reproduise en toi ses sentiments profonds. Tu peux aussi t'arrêter sur une parole de l'Ave Maria que tu goûtes plus particulièrement, ou contempler le mystère de la Trinité et le rôle de Marie dans l'économie du salut. Le Rosaire est une très haute forme de prière contemplative, où tu apprends à sortir de toi pour t'unir au Christ dans ses mystères, et être disponible jusqu'au tréfonds de ton coeur. »

    Jean Lafrance, Prie ton Père dans le secret (32), Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1978.

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  • 16 mai : Méditation

    « Lorsque la colère veut porter ses efforts vers mon tabernacle, je regarde vers la bonté de Dieu, que la colère n'émeut jamais ; et ainsi, par cet air qui fertilise de sa douce haleine l'aridité de la terre, je deviens plus douce, et je jouis d'une joie toute spirituelle ; lorsque les vertus commencent à montrer en moi leur vigueur. Et c'est ainsi que j'éprouve la bonté de Dieu. Mais lorsque la haine veut tenter de me dénigrer : Je considère la miséricorde et le martyre du Fils de Dieu et ainsi, je réprime ma chair, en respirant dans la fidélité du souvenir, le parfum suave des roses qui naissent du milieu des épines ; et de la sorte, je reconnais mon Rédempteur. Lorsque l'orgueil superbe s'efforce d'élever en moi, sans le fondement de la pierre (angulaire, le Christ), la tour de sa vanité, et d'ériger en moi ce sommet qui prétend que nul ne l'égale en hauteur, mais veut paraître plus élevé que les autres : Oh ! alors, qui voudra me secourir ? parce que l'antique serpent, qui voulant l'emporter sur tout, se précipita dans la mort, s'efforce de me renverser. Alors je dis, dans mon abattement : Où est mon roi et mon Dieu ? Que puis-je faire de bien sans Dieu ? Rien. Et ainsi, je regarde vers Dieu qui m'a donné la vie ; et je cours vers la bienheureuse vierge qui écrasa l'orgueil de l'antique serpent ; et de la sorte, devenue une pierre inébranlable de la maison de Dieu, le loup très rapace, qui a été pris au piège de la divinité, ne pourra plus désormais l'emporter sur moi. Et ainsi je connais le bien le plus doux, c'est-à-dire l'humilité, dans la contemplation de la grandeur de Dieu ; surtout, par le souvenir de l'humilité de la Vierge bienheureuse, toute embaumée de ses parfums suaves ; et, pénétrée de la douceur divine, jouissant de délices infinies, je repousse victorieusement les autres vices. »

    Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), Scivias ou Les Trois livres des Visions et Révélations de l'édit. Princeps Henri Etienne 1513, Livre premier, IVe vision, Paris, Chamonal, 1909.

    A lire, les deux catéchèses que Benoît XVI a dédiées à Hildegarde de Bingen, dont il a étendu le 10 mai dernier le culte liturgique à l’Eglise Universelle, et qui sera sans doute proclamée prochainement Docteur de l'Eglise :
    - Catéchèse du 1er septembre 2010
    - Catéchèse du 8 septembe 2010

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  • 5 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Je suis impudent et téméraire, ô mon secours et mon soutien de toujours, toi qui jamais ne te lasses ! Vois, c'est l'amour de ton amour qui me pousse à chercher ta face. Toi, tu me vois ; et moi, je ne puis te voir ; mais tu m'as donné le désir de toi, et de tout ce qui peut te plaire en moi. Et tu pardonnes tout de suite à cet aveugle qui court vers toi ; tu lui donnes la main dès que tu le vois trébucher.

    Mais voici que, tout au fond de mon âme, la voix de ton témoignage se fait entendre et répond à mon désir. Elle gronde, elle secoue tout ce qui est au-dedans de moi, et mes yeux intérieurs sont aveuglés par l'éclat fulgurant de ta vérité. Elle me rappelle que l'homme ne peut te voir et vivre encore (Ex 33,20). Pour moi, abîmé dans le péché, je n'ai pas réussi jusqu'à ce jour à mourir à moi-même afin de vivre uniquement pour toi (2Co 5,15). Cependant, selon ta parole et par ta grâce, je reste là, en attente, sur le rocher de ma foi, en ce lieu qui est vraiment proche de toi (Ex 33,21). Appuyé sur cette foi, je prends patience, autant qu'il m'est possible, en attendant ; et j'embrasse ta droite qui m'enserre et me garde (Sg 5,16).

    Parfois, lorsque je contemple et m'applique à voir - de dos (Ex 33,23) - celui qui me voit, à voir l'humilité de la vie humaine du Christ ton Fils, je m'arrête pour contempler… Le peu que j'ai pu sentir et percevoir de lui a attisé la flamme de mon désir intérieur. A peine je patiente, attendant que tu retires enfin ta main (Ex 33,22), et que tu répandes en moi ta grâce qui illumine pour que, selon la réponse de ta vérité, mort à moi-même et vivant pour toi, je commence à contempler à découvert ton visage. »

    Guillaume de Saint-Thierry (vers 1085-1148), La contemplation de Dieu, 2-3 (SC n°61).

  • 17 avril : Méditation

    « C'est l'Eglise qui a raison lorsqu'elle enseigne le dogme si grand, si important de la Communion des Saints. Nos bonnes pensées et nos bons sentiments, nos actes de Foi et d'Amour sont comme des astres spirituels ; ils rayonnent à l'infini la foi et l'amour. Ce sont des foyers de consolation, de force ; les âmes unies à Dieu forment une immense constellation qui éblouit les yeux des anges et qui ne doit jamais s'éteindre dans le ciel de l'Eglise.
    L'apostolat des contemplatifs, apostolat silencieux et invisible, repose tout entier sur cette affirmation : l'amour est quelque chose de réel, et même ce qu'il y a de plus réel dans le monde, et le monde ne peut être sauvé que par la Foi et la Charité.
    Ce que Dieu demande de l'homme, ce qui répare le mal causé par le péché, ce qui console et fortifie ceux qui souffrent, ce ne sont pas les bonnes paroles, ni même l'argent, ni même les exemples (extérieurs) de vertu, c'est la Foi et la Charité, qui donnent la vie à ces paroles, à ces aumônes, à ces exemples.
    Mais la Foi et la Charité ont encore une action beaucoup plus étendue que les oeuvres extérieures qu'elles doivent animer.
    En effet, un coeur uni au Bon Dieu, une âme immolée participe à l'action rédemptrice de Notre Seigneur et rayonne l'amour dans les coeurs, en union avec le foyer de la Charité divine.
    Les oeuvres extérieures n'atteignent que l'extérieur des hommes ; les actes intérieurs de Charité communiquent la vie et la consolation à des âmes innombrables à l'intérieur même des coeurs. »

    Un Chartreux (auteur de "Amour et Silence", + 1987), Ecoles de silence, Parole et Silence, 2001.

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