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croix - Page 3

  • Méditations de la Semaine Sainte - Mercredi

    (suite de la méditation d'hier)

    « Enfin nous pouvons encore nous associer à ce mystère en supportant, par amour pour le Christ, les souffrances et les adversités que, dans les desseins de sa providence, il nous donne à subir. [...] Notre-Seigneur nous dit : « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix, et me suive. » (1).

    Dans cette acceptation généreuse de notre croix, nous trouverons l'union avec le Christ. Car remarquez bien qu'en portant notre croix, nous prenons vraiment notre part de celle de Jésus. Considérez ce qui est raconté dans l’Évangile. Les Juifs, voyant faiblir leur victime, et craignant qu'elle n'arrive pas jusqu'au Calvaire, arrêtent, chemin faisant, Simon le Cyrénéen et le forcent à aider le Sauveur (2). Le Christ aurait pu, s'il l'avait voulu, puiser en sa divinité la force nécessaire ; mais il a consenti à être secouru. Il veut nous montrer par là que chacun de nous doit l'aider à porter sa croix. Notre-Seigneur nous dit : « Agréez cette part que, dans ma prescience divine, au jour de ma passion, je vous ai réservée de mes souffrances ». Comment refuserions-nous d'accepter, des mains du Christ, cette douleur, cette épreuve, cette contradiction, cette adversité ? de boire quelques gouttes à ce calice qu'il nous présente lui-même et auquel il a bu le premier ? Disons-lui donc : « Oui, divin Maître, j'accepte cette part, de tout cœur, parce qu'elle vient de vous ». Prenons-la donc, comme le Christ prit sa croix, par amour pour lui et en union avec lui. Nous sentirons parfois, sous le fardeau, fléchir nos épaules ; S. Paul nous fait l'aveu que certaines heures de son existence étaient si pleines d'ennui et de contrariétés que « la vie même lui était à charge » : Ut taederet nos etiam vivere (3). Mais, comme le grand Apôtre, regardons celui qui nous a aimés jusqu'à se livrer pour nous ; à ces heures où le corps est torturé, où l'âme est broyée, où l'esprit vit dans les ténèbres, où se fait sentir l'action profonde de l'Esprit en ses opérations purificatrices, unissons-nous au Christ avec plus d'amour encore. Alors la vertu et l'onction de sa croix se communiqueront à nous, et nous y trouverons, avec la force, la paix et cette joie intérieure qui sait sourire au milieu de la souffrance : Superabundo gaudio in omni tribulatione nostra (4). »

    1. Matth. XVI, 24 ; Marc. VIII, 34 ; Luc. IX, 23. - 2. Matth. XXVII, 32 ; Marc. XV, 21. - 3. II Cor. I, 8. - 4. Ibid. VII, 4.

    (méditation poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIII, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

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    Icône de la Passion (détail), fresque de Théophane le Crétois (XVIe siècle)
    Monastère de Stavronikita, Mont Athos

    (Crédit photo)

  • Méditations de la Semaine Sainte - Lundi

    « La mort de Jésus est la source de notre confiance. Mais pour qu'elle soit pleinement efficace, nous devons participer nous-mêmes à sa passion ; sur la croix, le Christ Jésus nous représentait tous ; mais s'il a souffert pour nous tous, il ne nous applique les fruits de son immolation que si nous nous associons à son sacrifice.
    Comment prendrons-nous part à la passion de Jésus ?
    De plusieurs façons.
    La première est de contempler le Christ Jésus, avec foi et amour, dans les étapes de la voie douloureuse.
    Chaque année, durant la semaine sainte, l’Église revit avec Jésus, jour pour jour, heure pour heure, toutes les phases du sanglant mystère de son divin Époux. Elle met tous ses enfants devant le spectacle de ces souffrances qui ont sauvé l'humanité. Jadis, les œuvres serviles étaient interdites durant ces saints jours ; il fallait surseoir aux procédures, suspendre tout négoce, et les plaidoiries n'étaient point autorisées. La pensée d'un Homme-Dieu, rachetant le monde par ses douleurs, occupait tous les esprits, émouvait tous les cœurs. A présent, tant d'âmes, sauvées par le sang du Christ, passent ces jours dans l'indifférence ! Soyons d'autant plus fidèles à contempler, en union avec l’Église, les divers épisodes de ce saint mystère. Nous y trouverons une source de grâces sans prix. »

    (cette méditation sera poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIII, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937 (Quatre-vingtième mille).

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    (Crédit photo)

  • Méditation : ne demandons pas de croix selon nos désirs

    « Il y en a qui demandent des croix, et ne leur semble jamais que Notre-Seigneur leur en donnera assez pour satisfaire à leur ferveur ; moi, je n’en demande point, seulement je désire de me tenir prêt pour porter celles qu’il plaira à sa Bonté de m’envoyer, le plus patiemment et humblement que je pourrai. [...] J’aimerais mieux porter une petite croix de paille que l’on me mettrait sur les épaules sans mon choix, que non pas d’en aller couper une bien grande dans un bois avec beaucoup de travail, et la porter par après avec une grande peine ; et je croirais, comme il serait véritable, être plus agréable à Dieu avec la croix de paille que non pas avec celle que je me serais fabriquée avec plus de peine et de sueur, parce que je la porterais avec plus de satisfaction pour l’amour-propre qui se plaît tant à ses inventions, et si peu à se laisser conduire et gouverner en simplicité, qui est ce que je vous désire le plus. Faire tout simplement tout ce qui nous est commandé ou par les Règles, ou par les Constitutions, ou bien par nos Supérieurs, et puis nous tenir en repos pour tout le reste, tant près de Dieu que nous pourrons. »

    St François de Sales, Entretiens spirituels, XV (De la tendreté que l'on a sur soi-même), in "Œuvres", nrf / Gallimard, 1969.
    Texte intégral en ligne à l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais (Suisse).

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  • Méditation : Faim de Dieu

    « "Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant qui, sur la Croix, les bras étendus, avez bu, pour la rédemption de tous les hommes, le calice d'inénarrables douleurs, daignez aujourd'hui me porter secours. Moi, pauvre, je viens à Vous qui êtes riche ; misérable, je me présente à Vous, Miséricordieux. Ah ! faites que je ne Vous quitte pas, vide et déçu. Affamé, je viens à Vous ; ne permettez pas que je parte à jeun. Famélique, j'approche de Vous ; ah ! que je ne m'en retourne pas sans avoir été rassasié ! Et si je soupire avant de manger, accordez-moi ensuite la grâce d'être nourri". (St Augustin)

    Oui, j'ai faim de Vous, vrai pain, pain vivant, pain de vie. Vous savez quelle est ma faim, faim de l'âme, faim du corps, et Vous avez voulu pourvoir tant à l'une qu'à l'autre. Par votre doctrine, par votre Corps et votre Sang, Vous rassasiez mon esprit, Vous le rassasiez abondamment, sans garder aucune mesure, sauf celle que je garde moi-même par la froideur de mon amour, l'exiguïté de mon cœur. Vous m'avez dressé une table riche et opulente au-delà de ce que l'on peut imaginer, de laquelle je n'ai qu'à m'approcher pour être nourri ; et non seulement Vous m'accueillez, mais Vous Vous faites ma nourriture et mon breuvage, en Vous donnant tout entier à moi, tout entier dans votre Divinité, tout entier dans votre Humanité. »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (4e Dimanche de Carême, 15, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : un chemin d'humilité

    « Qui refuserait de suivre le Christ jusqu'au séjour du bonheur parfait, de la paix suprême et de la tranquillité éternelle ? Il est bon de le suivre jusque là ; encore faut-il connaître la voie pour y parvenir… Le chemin te semble couvert d'aspérités, il te rebute, tu ne veux pas suivre le Christ. Marche à sa suite ! Le chemin que les hommes se sont tracé est raboteux, mais il a été aplani quand le Christ l'a foulé en retournant au ciel. Qui donc refuserait d'avancer vers la gloire ?

    Tout le monde aime à s'élever en gloire, mais l'humilité est la marche à gravir pour y arriver. Pourquoi lèves-tu le pied plus haut que toi ? Tu veux donc tomber au lieu de monter ? Commence par cette marche : déjà elle te fait monter. Les deux disciples qui disaient : « Seigneur, accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton Royaume », ne prêtaient aucune attention à ce degré d'humilité. Ils visaient le sommet et ne voyaient pas la marche. Mais le Seigneur leur a montré la marche. Eh bien, qu'a-t-il répondu ? « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire (Mc 10,37-38) ? Vous qui désirez parvenir au faîte des honneurs, pouvez-vous boire le calice de l'humilité ? » Voilà pourquoi il ne s'est pas borné à dire d'une manière générale : « Qu'il renonce à lui-même et qu'il me suive », mais il a ajouté : « Qu’il prenne sa croix et qu'il me suive ». »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 96, Trad. Delhougne, in "Les Pères de l’Église commentent l’Évangile", Brepols, 1991 (PL 38, 584-586).

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  • Méditation : "montons avec Jésus-Christ à Jérusalem"

    « Mes frères, si Dieu nous aime, croyez qu'il ne permet pas que nous dormions à notre aise dans ce lieu d'exil. Il nous trouve dans nos vains divertissements, il interrompt le cours de nos imaginaires félicités, de peur que nous ne nous laissions entraîner aux fleuves de Babylone, c'est-à-dire au courant des plaisirs qui passent. Croyez donc très certainement, ô enfants de la nouvelle alliance, que lorsque Dieu vous envoie des afflictions, c'est qu'il veut briser les liens qui vous tenaient attachés au monde, et vous rappeler à votre patrie. Ce soldat est trop lâche qui veut toujours être à l'ombre, et c'est être trop délicat que de vouloir vivre à son aise et en ce monde et en l'autre. Il est écrit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez un jour (1). » Ne t'étonne donc pas, chrétien, si Jésus-Christ te donne part à ses souffrances, afin de t'en donner à sa gloire, et s'il te fait sentir les piqûres de tant d'épines qui percent sa tête. Est-ce être maltraité, que d'être traité comme Jésus-Christ ? Est-ce être maltraité que d'être inquiété où le plus grand malheur c'est d'être en repos ?

    Par conséquent, chrétiens, montons avec Jésus-Christ en Jérusalem : prenons part à ses opprobres et à ses souffrances, buvons avec lui le calice de sa passion. La matière ne manquera pas à la patience. La nature a assez d'infirmités, le monde assez d'injustices, ses affaires assez d'épines, ses faveurs assez d'inconstances, ses rebuts assez d'amertumes, ses engagements les plus agréables assez de captivités ; il y a assez de bizarreries dans le jugement des hommes, et assez d'inégalités, de contrariétés dans leurs humeurs. Ainsi, de quelque côté et par quelque main que la croix de Jésus-Christ nous soit présentée, embrassons-la avec joie, et portons-la du moins avec patience. « Regardez, dit le saint Apôtre, Jésus-Christ qui nous a donné et qui couronne notre foi. Songez que la joie lui étant offerte, il a préféré la croix, il a choisi la confusion ; et maintenant il est assis glorieux à la droite de son Père (2a) ». Voici une perte de biens, une insulte, une contrariété, une maladie : « Pensez donc sérieusement à celui qui a souffert une si horrible persécution par la malice des pécheurs, afin que votre courage ne défaille pas, et que votre espérance demeure ferme » : Ut ne fatigemini animis vestris deficientes (2b). »

    1. Luc., VI, 25. — 2a. Hebr., XII, 2. — 2b. Hebr., XII, 3.

    Bossuet, Premier Sermon pour le dimanche de la Quinquagésime (Second point), in "Œuvres" Tome XII, Versailles, 1816.

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    James Tissot (1836–1902), Jésus monte à Jérusalem
    Brooklyn Museum, NY (USA)
    (crédit photo)

  • Méditation : L'Eucharistie, sacrifice et action de grâce

    « Lorsque le Seigneur a pris la coupe, il a rendu grâce (Mt 26,27) ; nous pouvons songer là aux paroles de bénédiction qui expriment certes une action de grâce envers le Créateur, mais nous savons aussi que le Christ avait coutume de rendre grâce chaque fois qu'avant d'accomplir un miracle il levait les yeux vers le Père des cieux (Jn 11,41). Il rend grâce parce que d'avance il se sait exaucé. Il rend grâce pour la puissance divine qu'il porte en lui et par laquelle il va manifester aux yeux des hommes la toute-puissance du Créateur. Il rend grâce pour l’œuvre de rédemption qu'il lui est donné d'opérer, et il rend grâce par cette oeuvre qui est elle-même glorification du Dieu Trinité de qui elle renouvelle en sa pure beauté l'image défigurée.

    Ainsi, le sacrifice éternellement actuel du Christ, sur la croix, au cours de la sainte messe et dans la gloire éternelle du ciel, peut se comprendre comme une seule immense action de grâce - c'est le sens du mot « eucharistie » - comme action de grâce pour la création, la rédemption et l'achèvement final. Il s’offre lui-même au nom de tout l'univers créé dont il est le modèle originel et dans lequel il est descendu pour le renouveler de l'intérieur et le conduire à son achèvement. Mais il appelle aussi tout ce monde créé à présenter avec lui au Créateur l'hommage d'action de grâce qui lui revient. »

    Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix [Edith Stein] (1891-1942), La Prière de l’Église, in "Source cachée - œuvres spirituelles", Le Cerf, Paris, 1999.

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  • Méditation - Prière : « Amour de miséricorde, prenez-moi tout entier ! »

    « Ne doute pas, ô mon âme, que tu n'arrives à ce ciel des cieux, à Dieu, ton Seigneur et ton Sauveur, ton Amour et ton Tout... Mais, pour cela, consens à n'être plus rien, à ne tenir plus à rien, sinon à Dieu. Ou plutôt, vois toutes choses en Dieu ; c'est là, être pauvre en esprit, se contenter du bon Dieu, entrer vraiment dans le royaume de Dieu, qui est paix et joie dans le Saint-Esprit.

    O mon Dieu, Jésus-Christ, Père des pauvres, je veux être pauvre pour Vous ; je ne veux plus tenir qu'à Vous ; je veux aimer ceux que j'aime, en Vous, pour Vous, avec Vous.

    Vous êtes toute richesse ; vous suffisez amplement, divinement à quiconque sait ce que c'est qu'aimer. Je veux votre royaume, celui qui est au dedans de nous.

    Je veux la paix qui rassasie, la joie qui arrache à toute joie ; le repos, qui fait reposer dans vos bras, serait-ce vos bras étendus sur la sainte croix. Car, ceux-là, surtout, accueillent avec un amour si miséricordieux toute âme qui a faim et soif de Vous seul.

    O Jésus, détachez-moi de toutes choses ! Ravissez-moi tellement par vos charmes divins, que je ne sache plus m'arrêter à la créature, que je ne veuille plus me contenter que de Vous seul, et puiser en votre possession le Don inénarrable que vous êtes.
    [...]
    Seigneur Jésus, Roi de mon cœur et sa plénitude, je me livre à Vous, en ce jour. Amour de miséricorde, prenez-moi tout entier, avec tout ce que je suis et tout ce que j'ai. Je suis à Vous seul, à jamais. »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Temps après la Pentecôte II (Ve jour dans l'Octave de la Toussaint), Éditions de Maredsous, Belgique, 1950.

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  • Méditation : Où trouver le Christ Jésus ?

    « Mes sœurs, nous ne connaissons pas Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il faudrait pourtant faire enfin sa connaissance : c'est la seule chose qui importe. Au lieu de ces idées plus ou moins justes que nous nous formons de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il s'agirait d'entrer enfin en rapport avec lui afin de ne plus voir que lui seul. Il y a une parole du Cantique qui me paraît ici fort suggestive et allant droit à ce que nous disons. Quand la pauvre petite âme, ayant peur de se tromper, se demande, anxieuse : « Mais s'il m'arrive de suivre quelqu'un qui ne serait pas lui ? », elle supplie : Indica mihi quem diligit anima mea, ubi pascas, ubi cubes in meridie (Ct 1, 7). Indiquez-moi où vous paissez vos troupeaux, où vous reposez à l'heure de midi ? Quel malheur si l'on se trompait ! Le pasteur marche en tête du troupeau, très loin. Si on allait se méprendre ? Si nous allions suivre quelqu'un qui ne serait pas le Seigneur lui-même, mais simplement quelqu'un de ses compagnons... Ah ! Seigneur, vous qu'aime mon âme, ne permettez pas que je me mette à divaguer, donnez-moi les indications précises pour que je sois sûre de ne pas me tromper...

    Mes sœurs, vous le savez bien, il repose sur la Croix. Si tu veux me trouver, répond-il à l'âme, c'est là que je suis, tu n'as qu'à prendre ma Croix, ou plutôt ta Croix, celle que j'ai faite pour toi sur mesure, celle que j'ai préparée avec un amour infini pour toi ; tu n'as qu'à l'embrasser généreusement pour être sûre de ma présence. Car de même qu'on ne trouve pas Jésus sans la Croix, on ne trouve pas la Croix sans Jésus. In hoc signo vinces. C'est par ce signe, avec ce signe de la Croix que nous triompherons de toutes nos illusions. Il n'y a pas moyen de divaguer quand on s'attache à la Croix du Seigneur : Ne vagari incipiam post greges sodalium tuorum - Pour que je ne m'égare plus en suivant les troupeaux de vos compagnons (Ct 1, 7). »

    [P. Pierre-Thomas Dehau (1870-1956)], Des fleuves d'eau vive (Rester avec Jésus), Lyon, Les Éditions de l'Abeille, 1941.

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    Fresque de Giotto di Bondone, église San Francesco à Assise

  • Méditation : Marie notre Mère

    « Dès que Marie fut proclamée notre mère, elle conçut aussitôt pour nous cette tendre compassion, cet amour sans bornes, qui est le propre d'une mère. Le Seigneur dilata son cœur et l'enflamma de telle sorte, qu'elle put accueillir et aimer autant d'enfants qu'il y avait de fidèles. Ainsi elle n'a pas seulement le nom et le titre de mère ; elle l'est réellement par sollicitude, par inclination, par amour... Sur le Calvaire, elle s'unit à l'immolation de Jésus pour notre salut. Ce fils qu'elle aimait mille fois plus que sa propre vie, elle en fait généreusement le sacrifice pour nous témoigner son amour. En toute vérité, l'on peut appliquer à Marie ces paroles dites du Père céleste : Sic dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret (Jn III, 16). Par dévouement pour ses enfants d'adoption, elle n'a pas hésité à donner son fils unique... Tant que Marie vécut sur la terre, elle fut pour tous les fidèles la plus tendre des mères ; et maintenant qu'elle est dans le ciel, elle continue à nous donner à tous, chaque jour, des preuves de son amour maternel. Comptez, si vous le pouvez, les malades guéris, les affligés consolés, les malheureux soulagés, les morts ressuscités, les pécheurs convertis par la protection de cette incomparable mère. Mais, si elle nous est toute dévouée et si elle nous a donné tout ce qu'elle avait de plus cher, est-il quelque chose que nous soyons en droit de lui refuser ? A l'exemple du disciple bien-aimé, payons-la d'un juste retour ; soyons tout entiers à son amour, à son culte, à son service. Et ex illa hora accepit eam discipulus in sua... (Jn XIX, 27). »

    M. H.-C.-A. Juge, Manuel de Prédication Populaire, Tome second (IIIe Série : Marie notre mère, XXI), Société Générale de Librairie Catholique, Paris - Bruxelles, 1881.

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  • Méditation : Qu'est-ce qu'une vie véritablement chrétienne ?

    « Le christianisme n'est autre chose que la vie de Jésus-Christ reproduite dans ses disciples. Qui dit chrétien, dit un autre Christ : Christianus, alter Christus. Or, ouvrez l’Évangile, et voyez ce qu'est Jésus-Christ, c'est une crèche pauvre ; c'est une croix douloureuse ; c'est, entre cette crèche et cette croix, trente années d'abnégation et de sacrifice. Jésus-Christ, c'est la lutte à mort contre la chair, contre le péché ; c'est la guerre à outrance contre le monde. Certes, un tel exemple est assez éloquent, et il semble que l'Homme-Dieu n'avait plus besoin de paroles pour établir sa doctrine.
    Cependant, écoutez cet oracle du Maître : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. (1) » [...] Le Maître continue : « Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi (2) » ; et ailleurs : « Et si quelqu'un ne porte pas le fardeau de sa croix à ma suite, il ne peut pas être mon disciple (3) ». [...] Le chemin de quiconque veut suivre Jésus-Christ, de quiconque veut se rendre digne de Jésus-Christ, de quiconque veut être disciple de Jésus-Christ, c'est le chemin du renoncement à soi-même, c'est le chemin de l'immolation, c'est le chemin du Calvaire. Il n'y aura jamais d'autre christianisme que celui qui a été ainsi défini par son auteur.
    [...]
    Que chacun de ceux qui entendent nos paroles ne porte pas sa pensée sur autrui, mais la replie vers soi-même, et se demande si, à un degré ou un autre, il n'appartient pas à cette école idolâtre de l'intérêt et du plaisir, à cette école égoïste et sensuelle, pour qui la morale du chacun pour soi, chacun chez soi, a remplacé totalement la maxime évangélique du renoncement à soi et de l'immolation aux autres. Je sais que la religion du moi, qui règne effrontément chez un grand nombre, a la prétention de se concilier avec la religion de Jésus-Christ chez plusieurs autres, et c'est à ceux-ci que je dois m'adresser d'abord, pour leur montrer combien ils se sont insensiblement éloignés de la véritable vie chrétienne qu'ils se persuadent professer toujours.

    La plus grande plaie qui, dans ces derniers temps, ait affligé l’Église de J.-C., c'est l'introduction dans la société chrétienne de mœurs profanes et d'habitudes efféminées et voluptueuses. L'austérité, nous ne disons pas des premiers âges du christianisme, mais de temps qui ne sont pas encore loin de nous, s'efface de plus en plus au milieu même des familles qui ont conservé quelques autres traditions ; et si nous continuons à suivre la pente qui nous entraîne, l'époque n'est pas éloignée où il n'en restera plus trace que dans les livres. Le nom de J.-C. pourra se trouver encore parmi nous ; sa vie ni sa morale ne s'y rencontreront plus. Le crucifix d'or ou d'ivoire pourra conserver une place d'honneur dans l'oratoire, ou demeurer suspendu aux murailles ; la croix vivante ne sera plus imprimée sur la chair et dans les cœurs. [...] Nous avons emprunté à un peuple séparé depuis trois cents ans de la croyance, et aussi de la morale de l’Église, cet amour d'un luxe commode, cette recherche de l'aisance et du bien-être, disons le mot puisque nous l'avons pris avec la chose, ce confortable qui énerve les caractères, qui dévore, comme une plante parasite, les forces vitales de l'âme, qui rapetisse les intelligences, et concentre l'homme tout entier dans les soins minutieux d'un ameublement de boudoir, dans les détails d'une parure, dans l'ordonnance de divertissements pleins de mollesse, que sais-je ? dans ces superfluités de bon ton, dans ces mille riens qui sont devenus une nécessité du temps présent. [...]

    « Nous disons qu'on peut se sauver dans le monde, mais pourvu qu'on y vive dans un esprit de détachement ; qu'on peut se sauver parmi les richesses, mais pourvu qu'on les répande dans le sein des pauvres ; enfin qu'on peut se sauver dans les dignités et les honneurs, mais pourvu qu'on en use avec modération (4) ». Ainsi parlait Bossuet dans son panégyrique du plus grand des moralistes chrétiens de ces derniers âges, saint François de Sales. Les écrits de cet aimable restaurateur de la piété parmi les personnes du siècle, sont entre toutes les mains ; puisse sa forte et rigide doctrine de renoncement et de sacrifice n'être jamais séparée de son incomparable esprit de mansuétude et de miséricorde ! Car, s'il a ramené la dévotion au milieu du monde, « ne croyez pas que ce soit en la déguisant pour la rendre plus agréable aux yeux des mondains ; non, il l'amène dans son habit naturel, avec sa croix, avec ses épines, avec son détachement et ses souffrances (5) ». Instruisez-vous à cette école, vous qui avez résolu de vivre chrétiennement dans le siècle, et vous rentrerez dans cette route royale de la sainte croix, dont vous vous êtes plus ou moins écartés, et qui demeurera toujours la seule route du ciel tracée par Jésus-Christ. »

    1. Mt XVI, 24. - 2. Mt X, 38. - 3. Lc XIV, 27. - 4. Panégyrique de saint François de Sales, Premier point, Ed. Lebel, Tome IX, p.37. - 5. d°, p.36.

    Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), extraits de l'Instruction pastorale sur l'esprit de renoncement et de sacrifice (I-III-IV-V), Carême 1853, in "Œuvres de Monseigneur l’Évêque de Poitiers" (LVI), Dixième édition, Tome I, Paris, Ancienne Librairie Religieuse H. Oudin, 1890.

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  • Méditation : Notre-Dame des Sept Douleurs

    « "Ceux qui s'approchent le plus près de la croix de Jésus-Christ, dit Bossuet, sont ses plus fidèles amis ; aussi sa divine Mère devient une expression parfaite du Sauveur crucifié. Comme elle avait donné son consentement au mystère de l'incarnation avec une foi louée par sa cousine Elisabeth, elle acquiesce avec une admirable conformité aux desseins de Dieu sur tous les supplices qui devaient consommer le sacrifice de son Fils unique. Debout au pied de l'autel de l'holocauste, elle persévère avec une constance invincible, comme un rocher au milieu des vagues qui le battent avec violence de toutes parts sans pouvoir l'ébranler : ni le spectacle de la mort de son Fils, ni la fureur des hommes, ni la rage des démons ne peuvent abattre son courage, ni empêcher les occupations sacrées de son âme très sainte." Supérieure à l'excès de la douleur qui pénètre son âme, elle garde un silence d'adoration et de soumission à Dieu... Marie ne veut point voir cesser ses douleurs, parce qu'elles la rendent semblable à son Fils ; elle ne donne point de bornes à son affliction, elle ne veut point être consolée, parce que son Fils ne trouvait point de consolateur... "Avec un maintien plein de résolution et de courage, cette tendre Mère fixe ses regards amoureux sur son divin Fils, s'unit au sacrifice, et s'immole volontairement avec lui pour le salut du monde." O digne Mère de mon Dieu ! apprenez-moi le silence, la douceur et la paix dans le fort de mes peines... Faites qu'à votre exemple je donne mon application, non aux afflictions que je souffre, mais à la volonté de Dieu qui s'accomplit dans ma souffrance... »

    Abbé Charles Michel Alexandre de Brandt S.A.D. (1812-1903), Méditations pour tous les jours et fêtes de l'année selon la méthode de saint Ignace, Tome 5 (Notre-Dame des Sept Douleurs, IIe Point), Neuvième édition, Périsse Frères, Paris - Lyon, 1860.

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    En complément : Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), extraits du Premier Sermon pour le Vendredi de la Semaine de la Passion, sur la Compassion de la Sainte Vierge, in "Œuvres complètes" Tome VI, Migne, 1859.

  • Méditation : Exaltation de la Sainte Croix

    « C'est aujourd'hui le jour de l'Exaltation de la sainte Croix, croix aimable à laquelle a été suspendu par amour le Sauveur du monde entier. C'est par la croix que nous devons être régénérés dans l'état de haute noblesse où nous étions dans l'éternité ; c'est à cette noblesse que, par l'amour de cette croix, nous renaîtrons et serons élevés à nouveau. Cette éminente dignité de la croix, il n'y a pas de paroles pour l'exprimer. Or, Notre Seigneur, lui, a dit : « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. » (1) Il veut dire par là qu'il veut attirer à lui nos cœurs terrestres qui sont possédés de l'amour des créatures. Il veut attirer à lui la soif que nous avons des jouissances et des satisfactions de la terre. Notre âme, belle et orgueilleuse, retenue par la complaisance qu'elle prend en elle-même, par l'amour de la satisfaction temporelle de notre sensibilité, il voudrait l'attirer tout entière à lui ; oui, pour qu'il soit ainsi élevé en nous, et qu'il grandisse en nous et dans nos cœurs ; car pour qui Dieu a jamais été grand, toutes les créatures sont petites et les choses passagères, comme rien. Cette aimable croix est le Christ crucifié élevé d'une façon inimaginable, bien au-dessus de tous les saints, de tous les anges, au-dessus des joies, délices et félicités, qu'ils ont tous ensemble ; et, comme sa véritable et essentielle demeure est au plus haut des cieux, il veut habiter en ce qu'il y a de plus haut en nous, c'est-à-dire dans notre amour et dans nos sentiments les plus élevés, les plus intimes, les plus délicats. Il veut attirer les facultés intérieures dans les supérieures, et élever jusqu'à lui les facultés supérieures avec les inférieures. Si nous faisons cela, il nous attirera nous aussi dans sa demeure la plus élevée et la plus intime. Car voici l'inéluctable loi : si je veux aller si haut et y demeurer, il faut que je le reçoive ici de toute nécessité, dans ce qui est mien. Autant je lui donne maintenant du mien, autant il me donnera du sien. C'est à égalité d'échange. »

    1. Jn 12, 32.

    Jean Tauler, Troisième Sermon pour l'exaltation de la Croix (1), in "Sermons" (58), Éditions du Cerf, Sagesses Chrétiennes, Paris, 1991.

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    Luigi Gregori (1819–1896), Exaltation de la Sainte Croix (détail)
    Intérieur de la Basilique du Sacré Coeur, Notre Dame, Indiana

  • Angelus de ce dimanche 13 septembre

    « A la grâce du Père s’oppose la tentation du Malin qui veut détacher les hommes de la volonté de Dieu ». Le Pape François, lors de l’Angélus ce dimanche midi place Saint-Pierre est revenu sur l’Évangile de ce jour dans lequel Jésus demande à ses disciples et à la foule qui il est. Une question importante par laquelle Jésus vérifie la foi de ses disciples et de la foule qui le suit. Ainsi, si Pierre a raison quand il reconnait en Jésus le Messie, il se trompe en se scandalisant du sort qui attend Jésus à Jérusalem.

    « En annonçant qu’il devra souffrir et être mis à mort pour ensuite ressusciter, Jésus veut faire comprendre à ceux qui le suivent que Lui est un Messie humble et serviteur. Il est le Serviteur obéissant à la volonté du Père jusqu’au sacrifice complet de sa propre vie », a précisé le Pape.

    C’est pourquoi celui « qui veut être son disciple doit accepter d’être serviteur, comme Lui s’est fait serviteur ». Chacun devra donc se renier et prendre sa croix pour le suivre sur son chemin, « un chemin mal commode qui n’est pas celui du succès ou de la gloire passagère mais celui qui conduit à la vraie liberté, celle qui nous libère de l’égoïsme et du péché » a expliqué le Saint-Père. Autrement dit, « il s’agit d’opérer un net refus de cette mentalité mondaine qui met son propre “moi” et ses propres intérêts au centre de l’existence, et de perdre sa propre vie pour le Christ et l’Évangile, pour la recevoir renouvelée et authentique ».

    « Cette route, a poursuivi le Pape, conduit à la résurrection, à la vie pleine et définitive avec Dieu ». « Décider de Le suivre, notre Maître et Seigneur qui s’est fait Serviteur de tous, exige de cheminer derrière Lui et d’écouter attentivement sa Parole ». Et d’interpeller les nombreux jeunes présents sur la place : « Avez-vous ressenti l’envie de suivre Jésus de plus près ? Pensez et prier et laissez le Seigneur vous parler ».

    Source : Radio Vatican.

     

    Béatification en Afrique du Sud de Samuel Benedict Daswa, père de famille, tué en haine de la foi.

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    Le Pape appelle les martyrs d'aujourd'hui à intercéder pour tous

    Après la prière de l’Angélus, le Pape est revenu sur la béatification ce dimanche de Samuel Benedict Daswa (1946-1990), premier sud-africain à être béatifié. « Père de famille, tué en 1990, il y a à peine 25 ans, pour sa fidélité à l’Évangile », « il a toujours démontré dans sa vie une grande cohérence, assumant courageusement des comportements chrétiens et refusant des habitudes mondaines et païennes. Que son témoignage aide spécialement les familles à répandre la vérité et l’amour du Christ ».

    Le Pape a alors évoqué les martyrs d’aujourd’hui, appelant à ce que « son témoignage s’unisse au témoignage de tant de frères et sœurs, jeunes, personnes âgées, adolescents, enfants, persécutés, chassés, tués parce que croyant en Jésus-Christ. Remercions tous ces martyrs pour leur témoignage et demandons-leur d’intercéder pour nous ».

    Enfin, saluant les enseignants précaires italiens venus de Sardaigne, le Pape a souhaité que les « problèmes du monde du travail soient affrontés en tenant compte concrètement de la famille et de ses exigences ».

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral traduit en français à venir sur Zenit.org.

    Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : Le Chemin de la croix

    « C'est une sainte dévotion de faire souvent cet exercice. [...] Suivons N.-S. et la Sainte Vierge au Calvaire. Cette voie nous est tracée par le sang de J.-C. et les larmes de la sainte Vierge ; c'était avec elle que les saintes femmes pleuraient en suivant N.-S.
    Mais ne vous contentez pas d'aller au Calvaire méditer les souffrances et la mort de J.-C., allez-y pratiquement pour souffrir et mourir avec lui. Portons la croix et portons-la jusqu'à la mort, à l'exemple de N.-S. Notre croix se compose des peines de l'âme, qui viennent de nous-mêmes, ou du démon, ou de Dieu même. Acceptons ces inquiétudes, ces incertitudes, ces craintes que nous ressentons. Notre croix se compose encore des peines du corps, de toutes les petites souffrances que nous éprouvons, acceptons-les. Notre croix se compose de notre caractère qu'il faut régler, réprimer, combattre ; du caractère des autres qu'il faut supporter ; c'est bien juste : puisque nous avons des défauts, des inconvénients dont ils souffrent, il est juste de supporter les leurs. Consentons à être crucifiés avec N.-S., c'est-à-dire consentons à une vie toute crucifiée, à ne quitter la croix qu'avec la vie. La mort est la dernière croix, mais si elle est horrible pour les mondains, elle est quelquefois bien douce pour les âmes pieuses. Les personnes qui, pendant leur vie, ont eu une grande frayeur de ce dernier moment, le voient arriver avec joie.
    Toutes les profanations, impiétés, qui en tant de lieux outragent l'autel et la croix, doivent nous porter à rendre nos cœurs de véritables Calvaires d'honneur où la croix de J.-C. soit adorée, vénérée. Faire le chemin de la croix en réparation des outrages envers Jésus crucifié ; dans ce but lui offrir toutes les épreuves qui nous adviennent. »

    [P. Eusèbe Godfroy s.j.] Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (LXXXI), Tome I, Vingt-et-unième édition, Paris, Ancienne Maison Ch. Douniol, P. Téqui, 1906 (1ère éd. 1861 - 2e éd. Vagner, Nancy, 1863 - 8e éd. Ch. Douniol 1869 - 13e éd. Ch. Douniol 1878).

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  • Méditation : Jésus, donnez-moi à boire !

    « Tandis que Dieu me poursuit de ses invitations, mon âme, peut-être, ressemble à la terre aride dont parle le Psalmiste : Mon âme, comme une terre aride, desséchée, soupire après vous (1). Quand répondra-t-elle à l'invitation de Notre-Seigneur, qui crie à tous les hommes : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive... Comment se fait-il que j'entende de pareils appels, que j'aie tout près de moi de quoi étancher ma soif, et que je puise si rarement, si négligemment à cette source divine (2) ?

    Jésus, je vous demande à boire : donnez-moi cette eau vitale. Donnez-moi la foi, l'espérance et la charité, non pas pauvrement, comme des sources qui suintent à peine, mais largement comme des sources bien jaillissantes. Donnez-moi l'eau de votre grâce, afin que mon âme soit lavée, calmée, fécondée. Si l'eau de la terre lave, purifie, si elle arrose et féconde les jardins, si elle calme un instant la soif du corps, que ne fera pas cette eau spirituelle dans mon âme ! Qu'elle jaillisse de votre sainte Passion, qu'elle jaillisse de votre Croix, qu'elle jaillisse en moi de votre Cœur et de vos plaies ; qu'elle jaillisse de votre sainte Eucharistie, de tous vos sacrements et de votre parole divine ; qu'elle jaillisse en moi par Marie, qui est le canal de la divine grâce, Mater divinae gratiae, et que mon âme attentive et avide s'y abreuve, afin qu'elle n'ait plus à venir puiser au puits de Jacob, au puits des frivoles satisfactions et affections humaines (3)... »

    1. Ps 142, 6. - 2. Voir Sauvé, La Sainte Trinité, pp. 185-186. - 3. A. Chometon s.j., Le Christ, vie et lumière, p. 107.

    P. J.-B. Gosselin s.j., Sujets d'Oraison pour tous les jours de l'année, Tome V (12), 2ème édition revue et augmentée, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1947.

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  • Méditation : Notre conversion quotidienne

    « Pour entrer dans cette conversion, il faut tout d'abord voir que nous avons besoin d'une conversion. Nous pouvons bien sûr nous convertir en nous référant à la loi, à coups d'« examens de conscience ». Mais c'est davantage à coups d'« examens de confiance » - selon le merveilleux lapsus d'un enfant - que notre conversion gagnera en profondeur et en fécondité. En effet, le péché aveugle fatalement le pécheur qui vient de le commettre. C'est pourquoi seul l'Esprit Saint, qui est hors péché, permet d'en voir clairement la malice et la peine imposées au Bon Dieu. Cette prise de conscience de notre péché, première étape de la conversion, commence donc par un regard de confiance porté sur Notre-Seigneur crucifié. Saint Augustin s'étonne dans un sermon que le bon larron, pourtant brigand, ait mieux compris la Bible que les docteurs de la loi et ait reconnu si rapidement le Sauveur à travers la figure de Jésus. L'évêque d'Hippone lui prête cette réponse magnifique : « Non, je n'avais pas étudié les Écritures, mais Jésus m'a regardé sur la croix et, dans son regard, j'ai tout compris ! » Pour nous convertir, pour préparer nos confessions, lieu par excellence du retournement, ne méprisons pas la loi, l'examen de conscience, mais portons longuement, comme le bon larron, notre regard sur le Crucifié afin de nous laisser aimer par lui. Il ne manquera pas d'envoyer l'Esprit qui jaillit de son côté ouvert, seul habilité à faire la vérité en matière de péché. Voir notre péché, oui, mais pour mieux nous en émouvoir ! On peut en effet reconnaître son péché de manière très distanciée, cela n'aura guère d'impact sur notre conversion. L'important est d'entrer en soi-même jusqu'à en avoir le cœur broyé, peiné d'avoir blessé Jésus. Seul le Cœur douloureux du Christ peut susciter en nous une telle brisure salutaire du cœur : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé. Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé » (Ps 50, 19, trad. liturgique). »

    P. Joël Guibert, Rendre amour pour amour - Une spiritualité du Cœur de Jésus (Deuxième Partie, chap.IV. La réparation), Pierre Téqui éditeur, Paris, 2015.

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  • Méditation : Ne rien vouloir d'autre que Dieu

    « Allez joyeusement, et ne regardez point si vous avez de la clarté, de l'intelligence, et semblables : contentez-vous que notre Seigneur est riche de tous ces dons et grâces ; aimez-les en lui, et ne les désirez nullement pour vous. Bienheureux sont les pauvres d'esprit. O la grande richesse, de ne vouloir chose quelconque que Dieu ! en cela consiste notre bonheur. Il faut que je vous dise la vérité, ma très chère fille. Je suis grandement touchée de vous voir toujours marcher avec ces ennuis et abattements d'esprit. Ne sauriez-vous faire cet entier et irrévocable délaissement de vous-même entre les mains de Dieu, vous dépouillant de tout soin de vous, et du désir des vertus ; n'en voulant que celles qu'il vous donnera, et selon les occasions qui s'en présenteront, auxquelles il faut être fidèle. Nue et sans vertus, je suis venue au monde ; et sans vertu quelconque je me remets, mon Dieu, en vos mains. Dites cela, ma fille ; et quand vous verrez que votre esprit se voudra revêtir, à cause qu'il s'est dépouillé, ne faites autre chose que de le retourner simplement à son Dieu, et demeurez entre les bras de sa providence comme un enfant, lui laissant sans réserve le soin de ce qui vous regarde : car ces ennuis d'esprit ne procèdent que de ce que vous n'avez pas la perfection que vous désirez. Or il vous faut contenter de celle que notre Seigneur veut que vous ayez ; étant la vraie perfection, que cette résignation et ce repos d'esprit. Je vous écris ceci avec un extrême désir que vous le pratiquiez soigneusement, et ne devez jamais chercher exercice que celui-ci, qui vous est grandement propre, et servira de remède à tout ce qui vous pourra arriver. Que si votre travail n'est suivi de la victoire, embrassez ces croix amoureusement, et soyez joyeuse de n'être pas joyeuse. Bienheureux sont les nus, car Dieu les revêtira. Sa bonté nous fasse la grâce d'être parfaitement dépouillées. »

    Ste Jeanne de Chantal, extrait de la 195e Lettre à une Supérieure, in "Lettres de Sainte Chantal" (p. 377-378), Nouvelle édition, Tome I, A Paris, J.J. Blaise, 1823.

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  • Méditation : A famille chrétienne, sanctuaire domestique (3)

    (suite de la méditation d'hier mercredi)

    « Mais ces oratoires domestiques, où sont-ils ? Où sont-ils, ces souvenirs des vieilles mœurs ? ... On sent qu'un souffle nouveau a passé sur ces villages chrétiens, et qu'il en arrache, pierre par pierre, les derniers restes de la civilisation, pour y faire triompher l'égoïsme et la barbarie des mœurs révolutionnaires.
    Voulez-vous résister au torrent, prenez donc la croix et plantez-la résolument au fond de votre foyer. Là vous assemblerez vos enfants au moins chaque soir, et vous prierez le Père commun.
    Cette communauté de sentiments et de vœux relie les membres de la famille en pliant leurs genoux et leurs fronts devant le même Maître, en leur faisant partager les mêmes espérances, en tournant ensemble leurs yeux vers le même but. Là le père paraît avec la majesté du sacerdoce, et la mère avec cette tendresse et cette sollicitude qui l'a fait comparer à la poule rassemblant ses petits sous ses ailes pour les mettre à l'abri de l'orage. Là accourent les enfants avec cette régularité que l'exemple de leurs parents commande, et il ne leur vient pas à l'esprit, devant ces exemples vivants, que la prière soit le devoir de l'enfance, mais qu'on puisse la négliger à mesure que l'on grandit, et que l'âge mûr a le droit de l'oublier. [...]
    Avec cette habitude de la prière commune, croyez-vous que l'esprit de famille puisse tarder à renaître parmi les vôtres ? Dieu la bénira, et, vous voyant à ses pieds dans cette unanimité de sentiments, il vous donnera de ne faire, comme au temps de la primitive Église, qu'une seule âme et un seul cœur. »

    Abbé Besson, Restauration de la France par la famille (II), extrait de "L'Année d'expiation et de grâce : 1870-1871", M. Turbergue éd., Besançon, 1872.

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  • Méditation : A famille chrétienne, sanctuaire domestique (2)

    (suite de la méditation d'hier mardi)

    « Peut-être est-il préférable, en général, que le sanctuaire domestique ne se distingue nullement de ce qui est le foyer proprement dit, de ce qui est le lieu ordinaire de l'habitation, du travail, de la conversation, du repos, de tous les actes de la journée, car c'est alors vraiment que la demeure de l'homme peut devenir celle de Dieu. Eh bien donc, à quel signe, en mettant le pied sur le seuil de cette demeure, connaîtrez-vous que Dieu y habite, et qu'il y recueille des hommages ? Lorsque vous entrez dans une église, un seul coup d’œil jeté devant vous, en vous montrant l'autel, vous dit bien vite où vous êtes. ici quel est le symbole qui doit tenir la place de l'autel ? Vous m'avez déjà prévenu et vous me répondez : un Christ, un crucifix, voilà le centre du temple de famille, voilà l'autel. Oui, dans l'endroit le plus honorable, le plus en lumière, le plus exposé à tous les yeux ; dans l'endroit où l'on est le plus souvent réuni, c'est là. Il y faut l'image du Sauveur, étendant ses deux bras, montrant ses blessures d'amour, et du haut de sa croix, comme du haut d'un trône, présidant à tout ce qui se passe. C'est à ce signe que, sur-le-champ, vous pressentirez une famille sérieusement chrétienne. A la manière dont ce Christ est placé, aux objets qui le décorent, aux petits tableaux, gravures, statuettes qui lui font cortège, vous pouvez vous dire : « Ici, l'on est chez des croyants ; ici, l'on vit dans l'influence des doux mystères de la foi ; ici, quand il y a des pleurs l'on sait où les répandre ; ici, l'on porte l'espoir d'une destinée céleste ; ici, enfin, il ne sera pas trop amer de mourir... » Voilà, mes Frères, ce que doit être la demeure des chrétiens pour ressembler à un sanctuaire. La richesse et le luxe, les chefs-d’œuvre trop souvent frivoles ou scandaleux de l'art profane, peuvent bien faire un beau salon païen : mais deux bâtons en croix, mais un misérable chiffon de papier où sont grossièrement empreints les traits sacrés, ah ! c'est dans une famille, un symptôme mille fois plus favorable, et surtout c'est un refuge mille fois plus assuré, car c'est le christianisme tout entier sans cesse présent devant les yeux, et par les yeux dans la pensée et dans le cœur. »

    Abbé Pierre Chevallard (1820-1908), Le culte domestique ou la religion pratiquée en famille (II).

    (à suivre demain)

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