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  • Méditation : le signe de la croix

    « Le signe de la croix déconcerte les puissances des ténèbres, les éloigne, les chasse, les met en fuite, les disperse. Il est leur terreur, dit saint Cyrille (1) ; une arme invincible à toutes leurs attaques, dit saint Ephrem (2) ; une enseigne redoutable, qui les épouvante, dit Origène (3) ; un bouclier qui nous met à couvert de leurs traits, dit saint Jérôme (4) ; il fait disparaître, dit saint Athanase (5), tous leurs charmes, dissipe tous leurs enchantements, anéantit tous leurs prestiges. Par ce signe, dit saint Bernard (6), nous faisons retomber sur ces esprits de malice les coups qu'ils voudraient nous porter. C'est pour nous servir de protection et de défense contre eux que ce signe a été institué ; et l'Eglise l'a toujours regardé comme l'un de ses plus puissants exorcismes.
    En effet, comme c'est par la croix que Jésus-Christ a dompté les démons (7) ; qu'il les a dépouillés, vaincus, couverts d'ignominie, foudroyés ; qu'il les a montrés à l'univers comme des usurpateurs de la gloire de Dieu, comme des puissances de ténèbres, comme n'étant les princes que de la mort et de ceux qui y sont condamnés ; ils ne peuvent voir le signe qui leur représente cette croix, sans frayeur, sans effroi, sans être saisis de frémissement et de crainte : étant contraints, dit saint Chrysostome, de se souvenir de celui qui a bien voulu être attaché à la croix, et qui s'en est servi comme d'un instrument pour les terrasser, et d'une épée étincelante dont ils ont reçu le coup mortel (8). A ce signe donc, ils sont troublés, confondus, mis en déroute, chassés.
    [...]
    Armons-nous donc de ce signe dans les combats que nous livrent les ennemis de notre salut. Opposons-le avec une sainte hardiesse à leurs persuasions, à leurs suggestions, à toutes les violences qu'ils exercent contre nous. Voilà la croix du Sauveur, disons-leur fièrement : Ecce crucem Domini ; fuyez, démons, fuyez ; le lion de la tribu de Juda vous a vaincus : Vicit Leo de tribu Juda ; au signe qui vous rappelle votre défaite, tremblez, et retirez-vous : Fugite, partes adversae. Mettant ainsi notre confiance dans ce signe salutaire, nous n'avons rien à craindre de nos ennemis, nous en triompherons ; malgré tous leurs efforts et tous leurs artifices, la victoire nous est assurée : In hoc signo vinces. Ah ! béni soit le Seigneur notre Dieu, qui a appris à nos mains à combattre, et à nos doigts à faire la guerre (9). Béni soit-il d'avoir institué ou fait instituer une pratique qui nous présente mille secours, qui nous procure mille avantages. »

    1. S. Cyrill. Hier. Cat. 13 n. 36, nov. edit. - 2. S. Ephr. Serm. in pret. et vivif. crucem, nov. edit. - 3. Orig. in Exod. hom. 6 n. 8, nov. edit. - 4. S. Hier Ep. 18 ad Eust. nov. edit. - 5. S. Athan. orat. contra gentes. n. 1 nov. edit. - 6. S. Bern. aut. quiv. at. tr. de pass. Dom. c. 12 n. 65 vol. 2 Op. S. Bern. nov. edit. - 7. Coloss. 11. 15. - 8. S. Joan. Chrys. in Matt. hom. 51 n. 4 nov. edit. - 9. Ps CXLII, 1.

    Don Benoît Vincens (Dom Joseph-Alexis-Benoît, O.S.B.), Conférences monastiques, Tome IV (Pour le dimanche de la Trinité), Librairie de Perisse Frères, Lyon / Paris, 1842.

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  • Méditation : Se livrer à l'Amour

    « "Celui qui veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive" (Mt 16, 24), dit Jésus. Paradoxalement, le bonheur passe par ce renoncement à soi, c'est-à-dire à ses désirs mondains et égoïstes. Nous devons arriver à préférer Dieu à nous-mêmes et éviter de vivre comme si nous étions notre propre Dieu. La logique du péché ou des tentations est de toujours ramener à soi et finalement de prendre ses désirs pour ceux de Dieu ou pire encore, de se prendre pour Dieu. Cette invitation peut nous faire peur... mais elle est la condition de notre bonheur. Son "joug est facile et son fardeau léger" (Mt 11, 28-30). Il faut se donner et s'offrir à lui, sans réserve, et de tout notre cœur, comme nous y exhorte saint Paul : "Je vous exhorte donc frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-même en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre" (Rm 12, 1). Et saint Jean de la Croix nous donne ce conseil réaliste : "Pour connaître l'Amour, il faut se livrer à l'Amour." Beaucoup hélas ne pourront pas "connaître" celui qui est l'Amour, parce qu'ils ne se donnent pas tout entier ou se réservent quelque attachement qui déplaît à Dieu et fait obstacle à l'union avec lui. Ou alors, comme le dit avec humour sainte Thérèse d'Avila : "Nous nous donnons tout entier... mais bientôt, nous nous reprenons peu à peu et par petits morceaux !" »

    Jean-Régis Fropo, Le combat spirituel pour mieux aimer (17), Peuple Libre, Valence, 2012.
    (Jean-Régis Fropo est chanoine régulier de Saint Augustin. Il est directeur spirituel au séminaire de La Castille et prêtre exorciste du diocèse de Toulon)

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  • Méditation : "Si quelqu'un veut me suivre, qu'il porte sa croix..."

    « Si vous portez de bon coeur la Croix, elle-même vous portera et vous conduira au terme désiré, où vous cesserez de souffrir ; mais ce ne sera pas en ce monde. Si vous la portez à regret, vous en augmentez le poids, vous rendez votre fardeau plus dur, et cependant il vous faut la porter. Si vous rejetez une Croix, vous en trouverez certainement une autre, et peut-être plus pesante.

    Croyez-vous échapper à ce que nul homme n'a pu éviter ? Quel saint a été dans ce monde sans croix et sans tribulation ? Jésus-Christ lui-même, Notre-Seigneur, n'a pas été une seule heure dans toute sa vie sans éprouver quelque souffrance : Il fallait, dit-il, que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât d'entre les morts, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire (Lc 24,46s). Comment donc cherchez-vous une autre voie que la voie royale de la sainte Croix ?

    [...]

    Cependant celui que Dieu éprouve par tant de peines n'est pas sans consolations qui les adoucissent, parce qu'il sent s'accroître les fruits de sa patience à porter sa Croix. Car, lorsqu'il s'incline volontairement sous elle, l'affliction qui l'accablait se change toute entière en une douce confiance qui le console. [...] Ce n'est point là la vertu de l'homme, mais la grâce de Jésus-Christ, qui opère puissamment dans une chair infirme, que tout ce qu'elle abhorre et fuit naturellement, elle l'embrasse et l'aime par la ferveur de l'esprit.

    Il n'est pas selon l'homme de porter la Croix, d'aimer la Croix [...] Si vous ne regardez que vous, vous ne pouvez rien de tout cela. Mais si vous vous confiez dans le Seigneur, la force vous sera donnée d'en haut et vous aurez pouvoir sur la chair et le monde. Vous ne craindrez pas même le démon, votre ennemi, si vous êtes armé de la foi et marqué de la Croix de Jésus-Christ. »

    L'Imitation de Jésus Christ, Livre II, ch. 12, 5-9, Trad. Abbé F. de Lamennais
    (Texte intégral)

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  • Méditation : De quel zèle notre coeur est-il animé ?

    « Considérez que jamais cœur n'a désiré quelque chose avec autant d'ardeur que le Cœur de Jésus a désiré glorifier le Père céleste, de le faire connaître, adorer, servir, aimer. Cette gloire était le seul objet de ses affections, l'unique ressort de ses mouvements. Quels empressements surtout dans ce Cœur, pour la consommation du grand sacrifice qui devait se faire sur le Calvaire (1) ! Quels ardents désirs dans ce Cœur pour la célébration de cette dernière Cène, où Jésus devait apprendre à ses ministres à perpétuer jusqu'à la fin des siècles le sacrifice de la croix d'une manière non sanglante il est vrai, mais toujours infiniment glorieuse à Dieu !

    De quel zèle mon cœur est-il animé pour la gloire de Dieu ? Est-ce un zèle qui imite celui de Jésus, un zèle ardent, actif, généreux, pur, désintéressé comme le sien ? Souvent je cherche ma propre gloire en paraissant chercher la gloire de Dieu. Souvent une considération humaine me fait perdre les occasions de la procurer. Que Dieu soit offensé, mon cœur en est peu touché ; si c'est moi-même qui l'offense, j'ai besoin de toute ma foi et de toutes mes réflexions, pour que je puisse former dans mon cœur quelques regrets. Cependant pourquoi Dieu m'a-t-il mis sur la terre et adopté au baptême pour son enfant, sinon afin que je fusse dévoué entièrement et en tout à ce qui est de sa gloire et de son service ? Enfant de Dieu par adoption, il faut qu'à l'exemple de Jésus Fils de Dieu par nature, je m'emploie aux choses qui regardent mon Père.

    O Cœur sacré de mon Jésus, allumez dans mon cœur ce feu divin qui vous a consumé ; détruisez dans mon cœur l'amour de moi-même, tout amour des objets créés, afin qu'il n'ait que du mépris pour tout ce qui n'a point de rapport à Dieu ; afin qu'il n'ait de l'ardeur que pour ce qui peut plaire à Dieu, le glorifier, le faire aimer. O mon Dieu, vous avez créé mon cœur pour vous seul, vous devez donc être seul son objet dans ses affections : mais s'il vous aime sincèrement, ne doit-il pas désirer que tous les cœurs vous aiment avec lui, gémir de ce qu'il y a si peu de cœurs qui vous soient fidèles ; triompher, quand vos grandeurs sont révérées, votre loi respectée, votre amitié recherchée ? »

    (1) : Lc 12, 49.

    M.D.S., Retraite sur les vertus du Sacré-Cœur de Jésus-Christ (Sixième jour, seconde méditation), Avignon, Seguin Aîné, 1842.

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  • Méditation : Sainte plaie du Côté du Christ

    « Un des soldats s'avançant, la lance à la main, l'enfonce avec force dans le côté nu du Sauveur. La croix s'ébranle par la violence du coup, et le sang et l'eau jaillissent de cette plaie nouvelle, pour laver les péchés du monde. O fleuve sacré, dont la source est au ciel, et dont les courants arrosent toute la surface de la terre ! O plaie précieuse, reçue par amour pour les hommes ! O porte du ciel, entrée du paradis, refuge, forteresse, sanctuaire des justes, sépulture des pèlerins, nid des douces colombes, couche fleurie de Salomon ! Je te salue, plaie précieuse qui blesses les cœurs pieux, et enflammes les âmes saintes, rose d'une inappréciable beauté, rubis d'un prix inestimable, entrée du Cœur du Christ, témoignage de son amour et gage de la vie éternelle ! En toi se réfugient les pénitents ; en toi se consolent les affligés ; par toi se guérissent les infirmes, et entrent dans le ciel les pécheurs. O creuset d'amour, séjour de paix, trésor de l’Église, veine d'eau vive jaillissant jusqu'à la vie éternelle ! Ouvre-moi, Seigneur, cette porte sacrée, reçois mon cœur dans cette délicieuse demeure, et que par elle je pénètre jusqu'aux entrailles de ton amour. »

    Louis de Grenade (1504-1588), Méditations pour tous les jours de la semaine (XI. Samedi matin), Troisième édition, Casterman, Tournai (Paris, P.-M. Laroche & Leipzig, L.A. Kittler), 1865.

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  • Méditation : notre insensibilité

    « Il faut avoir le courage de regarder souvent, sous son aspect réel et dans la lumière de vérité, cette chose horrible qui s'appelle un péché : un coup droit, violent, délibéré, capable de tuer, donné à l'Amour en nous, pour nous débarrasser de Lui et le remplacer par nous. Il faut voir cette horrible chose devenue le pain quotidien de tant d'âmes, avalée comme l'eau, et s'établissant en maître dans un monde ne devant d'être et de subsister qu'à cet Amour que l'on crucifie.

    Il faut se mettre en face de cet Amour en Croix. C'est une personne vivante, c'est un homme de 33 ans, en pleine vitalité, d'une richesse de sensibilité inouïe ; toutes les délicatesses des organes, du coeur et de l'esprit ; le ciel et la terre, le Créateur et la créature, le fini et l'infini, réunis, ne faisant qu'un en Lui. Donc, tous les droits, toutes les grandeurs, toute vérité et tout bien, tout ce qui peut arracher l'admiration, le respect, la sympathie, la tendresse. Pendant 30 ans, on l'ignore, non sans le persécuter très probablement ; pendant trois ans, on le jalouse, on l'attaque, on barre la route à son action ; pendant trois heures d'agonie intime il porte en son âme filiale le poids de la colère de son Père irrité. Pendant douze heures son pauvres corps est frappé, brisé en tous sens, sous toutes les formes, et son cœur souffre de toutes les souffrances de ses aimés qui sont là pour centupler sa peine par la leur propre. Au dernier moment, quand il est à bout, à bout de forces, de sang, d'honneur, de tendresse, son Père resté son seul soutien semble comme se retirer, l'abandonner et l'achever de ce coup suprême. Alors, c'est fini, le péché est payé. Mais quel prix ! C'est le prix d'un âme qui s'est livrée au mal : « Nous pleurons une âme qu'un corps abandonne, dit Saint Augustin, mais quelles entrailles chrétiennes avons-nous donc pour ne pas pleurer une âme qui s'est séparée de son Dieu ! ».

    Saint Augustin a raison de dénoncer notre insensibilité spirituelle. Mais il sait ce qui nous manque et comment l'obtenir, lui qui a tant pleuré ses fautes. Il nous manque la Lumière de l'Amour nous les faisant voir dans leur divine et affreuse vérité. Pour l'obtenir, il faut la demander et l'attendre. Elle ne brille pas toujours quand nous la demandons, mais elle se donne tôt ou tard à ceux qui savent attendre. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Face à Dieu (Deuxième partie, Notre insensibilité), Roma, Benedettine di Priscilla, 1956.

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  • Méditation : Dieu riche en miséricorde

    « L'Eglise proclame la vérité de la miséricorde de Dieu, révélée dans le Christ crucifié et ressuscité, et elle la professe de différentes manières. Elle cherche en outre à exercer la miséricorde envers les hommes grâce aux hommes, voyant en cela une condition indispensable de sa préoccupation pour un monde meilleur et « plus humain », aujourd'hui et demain. Cependant, à aucun moment ni en aucune période de l'histoire - surtout à une époque aussi critique que la nôtre -, l'Eglise ne peut oublier la prière qui est un cri d'appel à la miséricorde de Dieu face aux multiples formes de mal qui pèsent sur l'humanité et la menacent. Tel est le droit et le devoir fondamental de l'Eglise, dans le Christ Jésus : c'est le droit et le devoir de l'Eglise envers Dieu et envers les hommes. Plus la conscience humaine, succombant à la sécularisation, oublie la signification même du mot de « miséricorde » ; plus, en s'éloignant de Dieu, elle s'éloigne du mystère de la miséricorde, plus aussi l'Eglise a le droit et le devoir de faire appel au Dieu de la miséricorde « avec de grands cris » (1). Ces « grands cris » doivent caractériser l'Eglise de notre temps ; ils doivent être adressés à Dieu pour implorer sa miséricorde, dont l'Eglise professe et proclame que la manifestation certaine est advenue en Jésus crucifié et ressuscité, c'est-à-dire dans le mystère pascal. C'est ce mystère qui porte en soi la révélation la plus complète de la miséricorde, de l'amour plus fort que la mort, plus fort que le péché et que tout mal, de l'amour qui retient l'homme dans ses chutes les plus profondes et le libère des plus grandes menaces.
    [...]
    Que ce cri soit lourd de toute cette vérité sur la miséricorde qui a trouvé une si riche expression dans l'Ecriture Sainte et dans la Tradition, comme aussi dans l'authentique vie de foi de tant de générations du peuple de Dieu. Par un tel cri, comme les auteurs sacrés, faisons appel au Dieu qui ne peut mépriser rien de ce qu'il a créé (2), au Dieu qui est fidèle à lui-même, à sa paternité, à son amour ! Comme les prophètes, faisons appel à l'aspect maternel de cet amour qui, comme une mère, suit chacun de ses fils, chacune des brebis perdues ; et cela même s'il y avait des millions d'égarés, même si dans le monde l'iniquité prévalait sur l'honnêteté, même si l'humanité contemporaine méritait pour ses péchés un nouveau « déluge », comme le mérita jadis la génération de Noé ! Ayons recours à l'amour paternel que le Christ nous a révélé par sa mission messianique, et qui a atteint son sommet dans sa croix, sa mort et sa résurrection ! Ayons recours à Dieu par le Christ, nous souvenant des paroles du Magnificat de Marie, proclamant la miséricorde « de génération en génération » ! Implorons la miséricorde divine pour la génération contemporaine ! Que l'Eglise, qui cherche à l'exemple de Marie à être en Dieu la mère des hommes, exprime en cette prière sa sollicitude maternelle, et aussi son amour confiant, dont naît la plus ardente nécessité de la prière ! »

    1. Cf. Heb. 5, 7. - 2. Cf. Sap. 11, 24 ; Ps. 145 (144), 9 ; Gn. 1, 31.

    St Jean-Paul II, Extrait de la Lettre Encyclique Dives in misericordia (Dieu riche en miséricorde, 15), 30 novembre 1980.

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    Jésus miséricordieux
    1er tableau peint par Eugène Kazimirowski en 1934 (restauré en 2003)

  • Audience générale de ce Mercredi 1er avril 2015

     

    L’audience générale du Pape a été consacrée ce mercredi au Triduum Pascal, mystère central de la foi chrétienne qui commence dans la soirée du Jeudi Saint par la Messe de la Cène du Seigneur et s’achève le dimanche de Pâques. C’est le sommet de l’année liturgique.

    Le Pape François a voulu saisir cette occasion pour rendre hommage aux martyrs chrétiens de notre temps. Il a tenu en particulier à évoquer le souvenir d’un prêtre italien du diocèse de Rome et missionnaire en Turquie : le père Andrea Santoro, tué en février 2006 à Trabzon alors qu’il priait dans son église après la Messe dominicale.

    Un jeune turc a été condamné, mais des zones d’ombres subsistent et la justice turque pourrait rouvrir le dossier. Le Saint-Père a parlé du père Santoro comme d’un témoin héroïque de notre temps. Quelques jours avant sa mort, il écrivait : « Je suis ici pour habiter au milieu de ces gens et permettre à Jésus de le faire en lui prêtant ma chair. On ne devient capable de salut qu’en offrant sa propre chair. Le mal du monde doit être porté et la douleur doit être partagée en l'absorbant jusqu'au bout dans sa chair comme l'a fait Jésus. »

    Le Souverain Pontife a souhaité que son exemple et celui de tant d’autres nous aide à offrir notre vie comme un don d’amour pour nos frères, en imitant Jésus. Au cours des siècles, des hommes et des femmes ont rayonné par le témoignage de leur existence, l’amour parfait, pur, total. Aujourd’hui encore, il y a des martyrs qui offrent leur vie avec Jésus, uniquement en raison de leur foi. C’est un service, le service du témoignage chrétien jusqu’au sang.

    Pour le Pape, il serait beau que chacun de nous, à la fin de sa vie, avec ses erreurs et ses péchés, avec ses bonnes œuvres et son amour du prochain, puisse dire au Père, comme Jésus bien que sans sa perfection : Seigneur, j’ai fait ce que j’ai pu. Tout est accompli.

    Commentant le sens du Triduum Pascal, François a mis en garde les fidèles contre la résignation et les regrets. Quand l’obscurité de la nuit semble envahir notre âme, quand nous avons le sentiment qu’il n’y a plus rien à faire et notre cœur n’a plus la force d’aimer, le Christ vient allumer le feu de l’amour de Dieu, une lueur qui brise les ténèbres et annonce quelques chose de nouveau. La pierre de la douleur est renversée laissant la place à l’espérance. C’est le grand mystère de la Pâques, du Christ qui a triomphé de la mort.

    Le Pape François est revenu sur les temps fort du Triduum Pascal qui évoquent la passion, la mort et la résurrection de Jésus. Lors de la dernière Cène, Jésus a offert son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres. La célébration du Jeudi Saint fait mémoire du lavement des pieds, qui a la même signification que l’Eucharistie (*) : Jésus est venu pour se faire serviteur et offrir sa vie. Dans la liturgie du Vendredi Saint, nous méditons le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix, sur laquelle l’œuvre du salut est accomplie. Suite à ce combat victorieux, l’Église contemple le Christ au tombeau, dans le « repos » du Samedi Saint. Elle est comme Marie, parfaite croyante qui conserva la foi et qui espéra contre toute espérance en la résurrection de Jésus. Après la longue veille dans l’obscurité de la Vigile pascale, l’Alléluia de la résurrection retentit de nouveau. Le feu de l’amour de Dieu illumine la nuit : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui.

    Le Saint-Père a invité les fidèles à entrer de tout leur cœur dans la célébration des mystères que la liturgie de l’Église nous offre ces prochains jours et à partager les sentiments et les attitudes que Jésus a connu aux jours de sa passion. Quelque 20.000 personnes se trouvaient sur la place Saint-Pierre sous un beau soleil. Parmi eux des étudiants qui participent à la rencontre internationale annuelle Univ 2015, organisée par l’Opus Dei.

    Source : Radio Vatican.

    Saint Jean-Paul II

    Il y a dix ans, le 2 avril 2005, Jean-Paul II s’éteignait au terme d’une longue agonie qui avait ému le monde entier. Cet anniversaire a été évoqué par le Pape François, lors de l’audience générale.

    « L’exemple et le témoignage de saint Jean-Paul II sont toujours vivants parmi nous, a-t-il assuré. Un exemple pour les jeunes qui doivent apprendre à affronter la vie comme Jean-Paul II l’a fait, avec ardeur et enthousiasme ; un exemple aussi pour les malades invités à porter avec joie la croix de la souffrance comme Jean-Paul II nous l’a enseigné ; un exemple pour les époux, appelés à mettre Dieu au centre de leur vie, pour que leur histoire conjugale ait un surplus d’amour et de bonheur ».

    Les polonais étaient nombreux sur la place Saint-Pierre. Le Pape François les a exhortés à demander à saint Jean-Paul II d’intercéder pour tous, « pour les familles et pour l’Église, afin que la lumière de la résurrection resplendisse sur toutes les ombres de notre vie et nous remplisse de joie et de paix. Jean-Paul II, a-t-il dit, a été un grand témoin du Christ souffrant, mort et ressuscité. »

    Source : Radio Vatican.

    Résumé :

    « Frères et Sœurs, demain commenceront les célébrations du Triduum Pascal de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, qui est le sommet de toute l’année liturgique. Lors de la dernière Cène, Jésus a offert son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres. La célébration du Jeudi Saint fait mémoire du lavement des pieds, qui a la même signification que l’Eucharistie (*) : Jésus est venu pour se faire serviteur et offrir sa vie. Dans la liturgie du Vendredi Saint nous méditons le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix, sur laquelle l’œuvre du Salut est accomplie. Suite à ce combat victorieux, l’Église contemple le Christ au tombeau, dans le « repos » du Samedi Saint. Elle est comme Marie, parfaite croyante qui conserva la foi, et qui espéra contre toute espérance en la résurrection de Jésus. Après la longue veille dans l’obscurité de la Vigile pascale, l’Alleluia de la résurrection retentit de nouveau. Le feu de l’amour de Dieu illumine la nuit : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui. »

    « Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue française. Je vous invite à entrer de tout votre cœur dans la célébration des mystères que la liturgie de l’Église nous offre ces prochains jours. Partagez les sentiments et les attitudes que Jésus a connus aux jours de sa Passion, c’est ainsi que vous ferez de « Bonnes Pâques ».
    Que Dieu vous bénisse ! »

    Source : site internet du Vatican.

    Texte intégral traduit en français sur Zenit.org.

    Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican.

    (*) "Vangelo di questa celebrazione, ricordando la lavanda dei piedi, esprime il medesimo significato dell’Eucaristia sotto un’altra prospettiva" : comparaison particulièrement osée, que je reproduis ici sans l'approuver.

  • Méditations de la Semaine Sainte - Le chemin du Calvaire

    « Notre-Seigneur lui-même nous en a fait un précepte : « Celui qui ne porte pas sa croix, n'est pas digne de moi », nous a-t-il dit. Ne devons-nous pas en effet nous conformer à notre chef ? Si Notre-Seigneur a choisi la croix, c'est qu'elle est bonne, c'est qu'elle est nécessaire.
    Elle répare, elle efface le péché. Elle achète les grâces ; et chez nous, elle comprime les passions et les affaiblit.
    Elle est si nécessaire, que Notre-Seigneur en a fait la mesure de notre gloire. Quand il viendra nous juger, le signe de la rédemption planera dans le ciel. Ceux qui seront trouvés conformes à la croix, seront sauvés.
    Toute la vie d'ailleurs est semée de croix, c'est là la condition de notre vie mortelle depuis la chute d'Adam. Ce serait folie de ne pas profiter de ces occasions de réparation et de mérite.
    Comment devons-nous porter la croix ? Avec résignation d'abord, comme Jésus, qui disait sans cesse : « Mon Père, que votre volonté soit faite et non la mienne ! » - Avec confiance dans la grâce de Jésus-Christ qui nous aidera à porter la croix. - Avec joie, parce que la croix est le chemin du ciel. - Avec amour surtout parce que la croix nous rend semblables à Jésus-Christ, parce que notre générosité console le Cœur de Jésus et nous unit au Sauveur dans son œuvre rédemptrice, parce que nos croix, portées avec courage, sont des sources de grâces pour toutes nos œuvres, pour toutes les âmes que nous recommandons à Notre-Seigneur.

    Résolutions - La croix est un mystère, elle répugne à la nature, mais elle a des secrets de grâce et de force. Il faut l'aimer avec sagesse, sans devancer la grâce de Notre-Seigneur. Nous pouvons de nous-mêmes embrasser la mortification avec prudence, dans la mesure de nos forces. Et pour les croix de Providence nous pouvons compter sur le secours de Notre-Seigneur dont le Cœur est rempli de bonté et de miséricorde. »

    Vénérable Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur, Tome I (Mardi Saint), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1909).

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    Jérôme Bosch (Hieronymus Van Haken), Le Portement de Croix avec Sainte Véronique - Musée des Beaux Arts, Gand
    (Source)

  • Méditation 4ème semaine de Carême : le sensualisme (5)

    « Quoi qu'il en soit des progrès du monde, souvenons-nous de nous-mêmes ; nous sommes des chrétiens. Malheur à nous, si nous relevons par nos jeux et encensons par nos plaisirs l'idole du paganisme ! Souvenez-vous que vous adorez le Dieu né à Bethléem, le Dieu mort au Calvaire. Que diraient des païens, s'ils nous voyaient danser autour de la crèche et de la croix des danses et des rondes renouvelées du paganisme, danses indécentes, pour ne pas dire voluptueuses, plus dignes de Cythère et de Paphos qu'elles ne le sont de Bethléem et du Golgotha ? Ah ! songez à votre berceau, regardez votre étendard et reprenez vos traditions. Chassez loin de vous des plaisirs indignes de vous. Proscrivez de vos salons des divertissements qui insultent Jésus-Christ, donnent la mort à des âmes, et accroissent ce sensualisme qui nous porte à l'abîme. Que votre modestie soit en spectacle à tous : Modestia vestra nota sit omnibus hominibus. Jésus-Christ est près de vous, et il vous regarde ; que le monde, qui vous regarde aussi, puisse dire, même en contemplant vos jeux et vos divertissements : « Ce sont des chrétiens, voyez comme ils sont modestes. Ce sont les fils de l'esprit, voyez comme ils sont purs. Que leur génération est belle et quelle gloire l'environne ! » Quam pulchra est casta generatio cum charitate ! »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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    Fiesole San Domenico Altarpiece, détail
    National Gallery, Londres

  • Méditation 4ème semaine de Carême : le sensualisme (4)

    Nota Bene : En lisant les lignes qui suivent, ne perdez pas de vue qu'elles ont été rédigées en 1857... Un regard lucide sur l'état du saint Sacrifice tel qu'il est célébré aujourd'hui dans de très nombreuses églises vous montrera que - hélas, mille fois hélas - la barrière est tombée, laissant le champ libre au sensualisme ici dénoncé...

    « Ce besoin de sentir, de s'émouvoir était devenu si universel et si impérieux, qu'un moment il parut vouloir envahir même la religion du sacrifice ; et si, fidèles aux traditions du Calvaire, nous n'eussions été là, armés de la croix de Jésus-Christ, pour l'arrêter au seuil de nos temples et de nos sanctuaires, le sensualisme fût venu nous demander devant les autels de Dieu crucifié des harmonies comme ses harmonies, des spectacles comme ses spectacles, et une parole comme sa parole. Il eût demandé même à l'austère prédication de l’Évangile de conspirer avec cette faiblesse du siècle, et de se faire avant tout un instrument de sensations, de vibrations et de tressaillements. Que voulez-vous ? le siècle en était venu à vouloir, même dans les choses de l'esprit, du ciel et de Dieu, l'émotion quand même, l'émotion à tout prix, l'émotion toujours. On rêvait un christianisme où rien de chrétien n'apparaissait plus ; christianisme moins l'austérité chrétienne ; christianisme moins le sacrifice chrétien ; christianisme moins Jésus-Christ même ; christianisme sensuel, rêvant d'unir dans un culte presque voluptueux tous les enivrements de la terre avec tous les enivrements du ciel. On s'était persuadé que, pour faire accepter la religion rappelée par l'instinct religieux survivant aux débauches de l'impiété, il fallait l'offrir comme une poésie pleine d'enchantements sacrés à des âmes affaiblies, qui ne cherchaient dans le christianisme qu'une correspondance de plus à leur besoin de sentir, de s'émouvoir et de rêver. Religion des poètes, des artistes et des amants de l'idéal, apparaissant à travers je ne sais quelle lumière douteuse comme une rêverie sentimentale, une douce mélancolie et une vague aspiration de la patrie dans les tristesses de l'exil. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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    Nicolas Poussin (1594-1665), L’adoration du veau d’or
    National Gallery, Londres

  • Angélus de ce dimanche 15 mars 2015

    Lors de la prière de l’Angélus ce dimanche, le Saint-Père, deux jours après avoir annoncé l'organisation d'une Année sainte de la Miséricorde, a développé une réflexion sur l’amour de Dieu, Père miséricordieux. Il s’est attardé sur l’Évangile du jour selon Saint Jean : les paroles prononcées par Jésus à Nicodème : “Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique”. « Dieu nous aime vraiment, il nous aime tant », a déclaré le Saint-Père, soulignant qu’il s’agissait de « l’expression la plus simple qui résume tout l'Évangile, toute la foi, toute la théologie : Dieu nous aime d’un amour gratuit et illimité ».

    Cet amour, précise-t-il, Dieu le démontre tout d’abord à travers la Création. « A l'origine du monde, il y a seulement l’amour libre et gratuit du Père ». Et le Pape cite « un Saint des premiers siècles », Saint Irénée . “Dieu n’a pas créé Adam parce qu'il avait besoin de l'homme, mais afin d'avoir quelqu'un sur qui répandre ses bienfaits”. « L’amour de Dieu est ainsi », insiste le Saint Père qui rappelle que « Dieu est venu avec sa miséricorde ». « Tout comme dans la Création, l'amour gratuit de Dieu, se distingue dans les étapes successives de l'Histoire du Salut ».

    « Le Seigneur choisit son peuple non pas parce qu'il le mérite, mais parce qu’il est le plus petit parmi tous les peuples ». Et, poursuit le Pape, « bien que les hommes aient à maintes reprises rompu l'alliance, Dieu, plutôt que de les abandonner, a établi un lien nouveau avec eux, dans le sang de Jésus - le lien de l'Alliance nouvelle et éternelle - un lien que nul ne pourra jamais briser ». Le Saint-Père se référant à Saint Paul nous rappelle une fois encore que : “Dieu est riche de miséricorde”, « ne l’oubliez jamais » affirme-t-il. « La Croix du Christ est la preuve suprême de la miséricorde et de l'amour de Dieu pour nous : Jésus nous a aimés "jusqu'à la fin", non seulement au dernier moment de sa vie terrestre, mais à l'extrême limite de l'amour ».

    « Si, dans la Création, le Père nous a donné la preuve de son immense amour en nous donnant la vie, dans la passion et la mort de son Fils, il nous a donné la preuve de la preuve : il est venu souffrir et mourir pour nous ». Et le Pape conclut sur ces paroles : « la miséricorde de Dieu est si grande, parce qu’Il nous aime, Il nous pardonne. Avec sa miséricorde, Dieu pardonne tout et Dieu pardonne toujours ».

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral traduit en français sur Zenit.org.

    Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : austérité chrétienne et sainteté (1)

    « Le sensualisme païen vous dégrade ; seule, l'austérité chrétienne aura la puissance de vous relever. L'orgueil nous a perdus, l'humilité nous sauvera. La mollesse païenne vous perd, l'austérité chrétienne vous sauvera. On vous demande la réhabilitation de la chair ; nous vous demandons, nous, la réhabilitation de l'esprit. Car, ce qui est captif de nos jours, ce qui est humilié, ce qui est dégradé enfin, je vous le redis parce que vous ne le comprendrez jamais assez, ce n'est pas la chair, c'est l'esprit.

    Donc, que l'esprit se relève et se réhabilite ; qu'il reprenne son empire, et qu'il le reprenne comme il l'a repris au commencement, en faisant toucher son sceptre à la croix de Jésus-Christ, et en appuyant son trône sur le rocher du Calvaire. Certes, Messieurs, je ne vous demande pas, comme loi de votre vie, la pratique des plus grands chrétiens. Je ne vous dis pas de vous couvrir de haires, de cilices, de chaînes de fer ; je ne vous dis pas de retremper, comme ces hommes héroïques, l'énergie de vos âmes dans le sang de vos blessures ; mais je vous dis : Acceptez dans une mesure la loi qui est la vôtre, la loi de l'austérité. Ne croyez pas ceux qui disent que l'humanité avec le Christ doit descendre de la croix. Prenez votre part de la vie du Calvaire, et gardez pour les héroïsmes que vous ne pouvez imiter une sincère admiration et d'inépuisables respects. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Quatrième conférence : le progrès moral par l'austérité chrétienne), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation : les croix du chrétien

    « Notre amoureux Sauveur dispense à ses membres, selon son bon plaisir, ses vénérables croix, à proportion de la grâce qui les dispose par sa propre inclination, ou même à mesure de la perfection où il les veut élever de nouveau. De ce principe, qui n'a jamais encore manqué, l'admirable saint Paul tire cette conséquence..., que « tous ceux-là endureront des persécutions, qui voudront vivre pieusement en Jésus-Christ » (1)...

    Cette proposition du grand Apôtre a tant de vérité qu'elle ne souffre point d'exception, parce qu'il n'y eut jamais aucun homme sur la terre qui appartienne à la grâce de Jésus par la participation de sa sainteté - ce que saint Paul appelle : « vivre pieusement en Jésus-Christ » -, lequel n'ait expérimenté quelqu'une de ces manières de persécutions...

    C'est pourquoi le Saint-Esprit veut que celui qui dispose son cœur pour servir Dieu avec toute la fidélité que lui doit sa créature, prépare à même temps son âme à l'épreuve de cette touche infaillible qui fait discerner les âmes généreuses d'avec les inconstantes (2). Que l'on jette les yeux sur cette troupe innombrable qui compose le Corps mystique glorieux de Jésus, et sur ceux qui, étant encore en l’Église militante, s'efforcent d'atteindre à la fin de la lice, à l'exemple de lui-même qui, comme un géant, l'a courue depuis un bout jusqu'à l'autre (3) sans avoir repris haleine, et l'on verra avec trop de clarté la vérité constante de cette très importante maxime. »

    1. II Tim III, 12 - 2. Eccli II, 1 - 3. Ps XVIII, 6-7.

    P. Louis Chardon o.p. (1595-1651), La Croix de Jésus (Premier Entretien, ch. XVIII), Éditions du Cerf, Paris, 1937 (1ère édition 1647).

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  • Méditation : Le Sacrifice de la Messe est le même que celui de la Croix

    « Nous reconnaissons donc que le Sacrifice qui s’accomplit à la Messe, et celui qui fut offert sur la Croix ne sont et ne doivent être qu’un seul et même Sacrifice, comme il n’y a qu’une seule et même Victime, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’est immolé une fois sur la Croix d’une manière sanglante. Car il n’y a pas deux hosties, l’une sanglante, et l’autre non sanglante, il n’y en a qu’une ; il n’y a qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvèle tous les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce Commandement (Lc 22, 19) « Faites ceci en mémoire de Moi. »

    Il n’y a non plus qu’un seul et même Prêtre dans ce Sacrifice, c’est Jésus-Christ. Car les Ministres qui l’offrent n’agissent pas en leur propre nom. Ils représentent la Personne de Jésus-Christ, lorsqu’ils consacrent son Corps et son Sang, comme on le voit par les paroles mêmes de la Consécration. Car les prêtres ne disent pas (Co 11, 24) : Ceci est le Corps de Jésus-Christ, mais, Ceci est mon Corps : se mettant ainsi à la place de Notre-Seigneur, pour convertir la substance du pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son Sang.

    Les choses étant ainsi, il faut sans aucune hésitation enseigner avec le saint Concile que l’auguste Sacrifice de la Messe n’est pas seulement un Sacrifice de louanges et d’actions de grâces, ni un simple mémorial de celui qui a été offert sur la Croix, mais encore un vrai Sacrifice de propitiation, pour apaiser Dieu et nous le rendre favorable. Si donc nous immolons et si nous offrons cette victime très sainte avec un cœur pur, une Foi vive et une douleur profonde de nos péchés, nous obtiendrons infailliblement miséricorde de la part du Seigneur, et le secours de sa Grâce dans tous nos besoins. Le parfum qui s’exhale de ce Sacrifice lui est si agréable qu’Il nous accorde les dons de la grâce et du repentir, et qu’Il pardonne nos péchés. Aussi l’Église dit-elle dans une de ses Prières solennelles : « Chaque fois que nous renouvelons la célébration de ce sacrifice, nous opérons l’œuvre de notre salut. » (Secreta Dom., 9, post Pent.) Car tous les mérites si abondants de la Victime sanglante se répandent sur nous par ce Sacrifice non sanglant.

    Enfin, telle est la vertu de ce Sacrifice, — et les Pasteurs ne doivent pas manquer de l’enseigner — qu’il profite non seulement à celui qui l’immole et à celui qui y participe, mais encore à tous les Fidèles, soit à ceux qui rivent avec nous sur la terre, soit à ceux qui déjà sont morts dans le Seigneur, mais sans avoir suffisamment expié leurs fautes. Car c’est une tradition très certaine des Apôtres que le saint sacrifice de la Messe s’offre avec autant d’avantage pour les morts, que pour les péchés, les peines, les satisfactions et tous les genres de calamités et d’afflictions des vivants. D’où il suit clairement que toutes les Messes sont communes, (ou générales) puisqu’elles s’appliquent au bien général, et au salut commun de tous les Fidèles. »

    Catéchisme du Concile de Trente (1566), Chap. 20, VIII.

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  • Méditation : enfants de Manille...

    « Marvin... venait simplement de souffler ses dix bougies, lorsqu'il a été remarqué dans la rue par l'équipe des éducateurs qui arpentent tous les soirs les trottoirs de Manille à la recherche des gangs d'enfants des rues. Traînant dans un quartier du sud de Manille, près d'une station de métro, il était facile à repérer puisque lui ne marchait pas, il rampait : atteint de la myopathie de Duchenne, les muscles de ses membres s'éteignent petit à petit...

    Dès les premiers jours après son arrivée, Marvin impressionnait par sa joie et son sourire. Comme la plupart des encadrants, il m'était impossible de passer à côté de lui sans entendre : « Merci mon Père, je t'aime mon Père », comme si ces deux expressions jaillissaient ou plutôt surabondaient naturellement de son cœur. « "La bouche dit ce qui déborde du cœur (Mt 12,34). »
    Ne croyez pas que ces mots étaient dits à la légère ou mécaniquement car du haut de ses dix ans, Marvin avait déjà une vraie maturité, fruit de son épreuve, sans aucun doute...

    Mais cette joie incroyablement contagieuse dont il rayonnait ne l'empêchait pas de souffrir de sa situation et bien souvent nos discussions revenaient sur la question du Mal ainsi que sur sa maladie. J'étais toujours très impressionné de la manière avec laquelle il abordait des sujets si difficiles car jamais nous ne pouvions déceler de rancœur ou de révolte de sa part. Il essayait de comprendre.
    Et je me souviendrait toujours des mots qu'il m'a dit, il y a quelques mois, avant de fêter son treizième anniversaire.
    - Mon Père, je crois que j'ai compris maintenant. Ma maladie, c'est une mission que m'a donné Jésus. Et chaque jour qui passe, lorsque j'ai mal, il y a du bien qui est fait quelque part dans le monde. En fait, il faut que je tienne, c'est tout. Il faut que je tienne jusqu'au bout... comme Lui.
    ...
    Marvin a treize ans. Il est en train de s'éteindre tout doucement. Nous assistons, impuissants et terrifiés, à son lent déclin tandis qu'il se prépare sereinement à paraître devant Celui dont il aura en partie porté la Croix. Marvin a choisi la Vie. Et sans cesse il dit « merci », sans cesse il dit « je t'aime ». »

    P. Matthieu Dauchez, Mendiants d'amour - A l'école des enfants de Manille, Artège, Perpignan, 2011.

    Fondation Tulay ng kabataan
    Antenne française : ANAK - Un Pont pour les enfants
    8 rue des réservoirs - 78000 Versailles - France

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  • Méditation : la tristesse et la joie

    « Il faut vivre joyeux et allègres, ainsi qu'il convient aux vrais amoureux de Dieu ; d'autant que Dieu est à soi-même tout son bien, et que tout notre plaisir en notre infini amour est que Dieu soit ce qu'il est, qu'il ait ce qu'il a, et qu'il se bienheure présentement soi-même en sa présente éternité. Voilà ce qui réjouit les anges en la gloire, et les hommes en la voie, en quelque condition prospère ou adverse qui se puisse rencontrer ; et c'est ainsi que le bonheur de Dieu et sa félicité dans les hommes est leur félicité en la terre, et que le Paradis de Dieu est en eux.

    A la vérité, comme l'homme est composé de deux parties, il se peut faire qu'il puisse pleurer, en demeurant joyeux au dedans ; mais encore ne voit-on point de sujet raisonnable de pleurer. Car quiconque désire d'un ardent amour la honte, la calomnie, l'opprobre et tout mépris, les maladies, les pertes, la pauvreté, la croix et la douleur, quand il y est, il a ce qu'il désire, et partant il a sujet de se réjouir, si en effet les maux et les oppressions ne le violentent pas trop en la partie sensitive, car alors il peut pleurer et en même temps se réjouir en son homme supérieur, qui est la raison. Cela même est souvent inconnu, d'autant que tout l'homme semble être occupé de la tristesse, et quand cela serait qu'on ne fût aucunement joyeux au-dedans, à cause de la cuisante et profonde tribulation, n'importe, la profonde résignation d'esprit et du sens tiennent en quelque façon le lieu de la joie. Pleurer donc de tristesse et de douleur, et se réjouir en même temps, c'est chose rare ; mais cela peut être, et on l'a vu et le voit-on encore aux excellents saints, qui vivent d'une terrible manière dans les présents et éternels exercices de Notre-Seigneur. Enfin la résignation contente et joyeuse est ici nécessaire et suffisante. C'est ainsi que la vie des hommes est laborieuse et joyeuse, heureuse et malheureuse, et il est vrai que tant moins l'homme aura de soulagement, de joie et de repos, tant plus excellemment et de plus près il imitera Notre Sauveur. »

    Jean de Saint-Samson (1571-1636), in R.P. Jérôme de la Mère de Dieu O.C.D., "La doctrine du vénérable Frère Jean de Saint-Samson", Édition de la Vie Spirituelle, Saint-Maximin, 1925.

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    « Au fidèle serviteur, persuadé de son inutilité, le Seigneur déclare tout à coup : « Bon serviteur, entre dans la Joie de ton Maître. » Il nous fait entrer dans sa Joie, parce que nous ne pouvons pas la faire entrer en nous : elle est trop vaste pour se limiter aux dimensions d'un cœur humain, pour se laisser mesurer à l'aune du sentir ou du comprendre. Ici encore, la joie émane d'une possession, mais on ne possède pas, on est possédé. On entre dans la Joie de Dieu jusqu'à y perdre pied, comme dans l'océan même de la Divinité. On est emporté par elle comme par une lame d'éternité. »

    Fr. François de Sainte-Marie, o. c. d., De la Joie chrétienne, in "Ma joie terrestre où donc es-tu ?", Études Carmélitaines, DDB, 1947.
  • Méditation de la 4ème semaine de l'Avent : le silence (3ème jour)

    « "Indica mihi ubi pascas, ubi cubes ?" Nous le savons maintenant ; si nous séparons Jésus de sa Croix, si nous faisons de l'apostolat en oubliant les droits exclusifs du Christ sur les âmes, si nous nous lançons dans une vie active mal comprise, avec tous ses inconvénients, nous divaguons. Si, au contraire, nous respectons, chez le Seigneur, son rôle de pasteur, tel qu'il l'entend, cela va bien ; si nous respectons en lui l'Époux de la Croix, tout va bien encore. En suivant ces deux indications, nous avons toute assurance d'être avec lui, de faire partie de son troupeau.
    Et alors... Écoutons-le puisqu'il parle : "qui loquitur tecum", et, pour l'écouter, faisons silence, car la voix du Seigneur est non pas faible (elle est, au contraire, très forte), mais tellement douce que si l'on ne fait pas un silence profond on ne peut l'entendre. Ceci n'est pas contradictoire. De là, l'importance extrême du silence... non pas seulement comme moyen de sanctification, mais bien comme condition sine qua non de notre union à Dieu. Si nous ne nous appliquons pas à tous les genres de silence, silence matériel, silence extérieur, silence intérieur, nous ne pourrons pas entendre la voix de Notre-Seigneur. C'est tout à fait impossible ; une âme qui n'est pas complètement entourée de silence ne le pourra jamais. »

    [P. Pierre-Thomas Dehau (1870-1956)], Des fleuves d'eau vive, Lyon, Les Éditions de l'Abeille, 1941.

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  • Méditation - Poésie : n'oublions pas les âmes du Purgatoire (3)

    « ... Du Rédempteur voici les croix, signes sacrés,
    Vous les portez sur vous, ô morts qui m'entourez ;
    Ici, vous avez tous la croix divine, l'arbre
    Qui dans le bronze ou l'or, le granit ou le marbre,
    Donne la même fleur au calice sanglant.
    C'est la fleur de la Mort qu'avec l'eau de son flanc
    Le Christ arrose et fait renaître et qu'il déploie
    Pour que l'homme l'adore et pour que Dieu la voie,
    La fleur de l'Espérance aux immortels parfums.
    Heureux si vous avez dans l'ombre, ô chers défunts,
    Jadis dans le secret des terrestres misères,
    Versé toute votre âme et des larmes amères,
    Les pleurs de vos chagrins les plus mystérieux
    Sur l'arbre qui porta le Mystère des Cieux.
    Heureux ceux dont les cœurs brûlaient comme les cierges
    Sur des autels fleuris. Bienheureuses les vierges
    Qui tenaient, pour le temps et pour l'éternité,
    En de fragiles mains, les lys pleins de beauté,
    Pleins de grâce, avec leurs corolles renversées
    Et pâles sous le poids des célestes pensées.

    Du champ des morts j'ai vu la terre des vivants.
    La moisson qui frémit aux caresses des vents,
    Haute, droite, sans bruits, demeurait immobile
    Dans la lueur du soir magnifique et tranquille.
    Pas un vol, pas un cri ne partait des sillons.
    Dans le lointain les chars manquaient, mais aux rayons
    Que le soir envoyait, les croix souriaient toutes
    A l'étrange abandon de la plaine et des routes.
    Du champ des morts, là-bas, à l'occident vermeil,
    J'ai vu, dans l'agonie énorme du soleil,
    S'évanouir les bois le long des étendues
    Et disparaître, au fond des campagnes perdues,
    Un noir fourmillement de troupeaux qui fuyaient.
    Seules, devant la nuit proche, les croix brillaient,
    Car l'ombre qui semblait couvrir la terre entière,
    L'ombre laissait survivre, autour du cimetière,
    Pur et d'autant plus doux sous le ciel attristé,
    Comme un reflet de gloire et d'immortalité. »

    Paul Harel (1854-1927), Dans le cimetière, in "Les Heures lointaines"
    Paris, Alphonse Lemere, Éditeur, 1902.

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  • Méditation : "Que la Messe n'aille pas sans union d'amour des fidèles au sacrifice de la Croix"

    « Si la Messe nous apporte, sous le voile des apparences non sanglantes, la réalité même de la Passion sanglante, comment nous en approcher sans la crainte d'entendre à notre tour le reproche de Jésus : « Ainsi, vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi ? » (Mt XXVI, 40).

    Que la Messe n'aille pas sans union d'amour des fidèles au sacrifice de la Croix, c'est l'enseignement même de l'Encyclique Mediator Dei (*) : « Certes le Christ est Prêtre, mais pour nous, non pour lui, car c'est au nom de tout le genre humain qu'il présente au Père éternel des désirs et des actes de religion. De même il est Victime, mais pour nous, puisqu'il se met lui-même à la place de l'homme coupable. L'exhortation de l'Apôtre : Ayez en vous les mêmes sentiments qui étaient dans le Christ Jésus (Ph II, 5) demande donc de tous les chrétiens de reproduire en eux, autant qu'il est humainement possible, les sentiments dont était animé le divin Rédempteur lorsqu'il s'offrit lui-même en sacrifice, à savoir ses sentiments d'humilité et de soumission d'esprit, d'adoration, de vénération, de louange, d'action de grâces à l'égard de la souveraine Majesté de Dieu. Elle leur demande encore de prendre en quelque sorte la condition de victime, de se renoncer eux-mêmes conformément aux préceptes de l’Évangile, de s'adonner spontanément et amoureusement à la pénitence, de détester et d'expier leurs propres fautes. Elle demande enfin à tous de mourir mystiquement sur la Croix, en union avec le Christ, en sorte que nous puissions faire nôtre la maxime même de l'Apôtre, Ga II, 19 : Je suis crucifié avec le Christ. » (Acta Apost. Sedis, 1947, pp. 552-553) »

    (*) Mediator Dei, Encyclique du Pape Pie XII sur la Sainte Liturgie, publiée le 20 novembre 1947.
    « Que les âmes des chrétiens soient comme des autels, sur lesquels les diverses phases du sacrifice qu’offre le Grand Prêtre revivent en quelque sorte les unes après les autres. »

    Charles Journet, La Messe, présence du Sacrifice de la Croix (ch. V : L'offrande de la Messe, 7), Desclée de Brouwer, Paris, 1958 (2e édition, revue et augmentée).

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