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devoir - Page 2

  • Déclaration de l'Académie Catholique de France

    « CONJUGALITE, FAMILLE, PARENTALITE, FILIATION »

    « La famille, fondée sur l’union plus ou moins durable, mais socialement approuvée,
    de deux individus de sexes différents qui fondent un ménage, procréent et élèvent des enfants,
    apparaît comme un phénomène pratiquement universel, présent dans toutes les sociétés »

    (C. Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, 1948, p. 133).

    Le mariage est un acte officiel et solennel qui, toujours et partout, institue une communauté de renommée appelée « famille », dont le but est de former de façon durable un cadre de vie commun aux parents et aux enfants. Il concerne d’un même effet l’organisation de la relation entre hommes et femmes, entre les générations, et la structure symbolique de la société.

    Par-delà les diverses formes culturelles qu’elle a pu prendre et les modèles historiques qui l’ont organisée, la famille est, de facto, l’institution publique la plus ancienne, imposée par deux données de la nature, d’une part le fait de sexes différents et complémentaires dont la rencontre est nécessaire à la perpétuation de l’espèce, d’autre part l’offre d’un cadre protecteur au développement physique, intellectuel et social de l’enfant. La famille (mononucléaire ou élargie) étant toujours et partout considérée comme « l’élément naturel et fondamental de la société », elle « a droit à la protection de la société et de l’Etat » (Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, art. 16-3).Toutes les sociétés sont ainsi conduites à interdire l’inceste et à organiser juridiquement la filiation.

    Jusque très récemment, ces repères n’étaient pas mis en question dans l’organisation de la cité : « Une famille ce n’est pas simplement deux individus qui contractent pour organiser leur vie commune. C’est l’articulation et l’institutionnalisation de la différence des sexes. C’est la construction des rapports entre les générations qui nous précèdent et celles qui vont nous suivre » (E. Guigou, 3 nov. 1998).

    L’importance anthropologique et sociale de la « famille » et du « mariage » a porté les religions à leur fournir les plus puissants étais. Le christianisme a ainsi très largement contribué à asseoir plusieurs de leurs caractères modernes, tels l’exigence du consentement libre et public des futurs époux et leur devoir d’assistance mutuelle, et à consacrer l’idéal qu’expriment tout ensemble la monogamie, la fidélité, l’indissolubilité, l’ouverture à la fécondité, l’articulation entre procréation et éducation. Même si les accidents de la vie, les déficiences personnelles ou sociales, les choix de vie de certains montrent que l’épanouissement commun des parents et des enfants peut se réaliser dans des contextes fort différents, la référence optimale ne peut demeurer que la famille enracinée dans des conditions symboliques fortes et dans des choix respectueux des données de la nature.

    Nos sociétés actuelles connaissent de nombreuses familles monoparentales ou recomposées, ou des unions homosexuelles. Les sciences humaines, le droit et la pastorale chrétienne ont vocation à s’intéresser de manière adaptée aux situations concrètes brisées ou reconstruites. On peut toutefois s’interroger sur la tendance à réduire les fondements du mariage aux seuls sentiments d’amour des deux partenaires alors que l’amour, s’il a vocation à s’épanouir dans le mariage, ne suffit pas à établir sa validité, que ce soit au niveau civil ou sur le plan religieux.

    Cette conception du mariage comme un droit conféré par un amour réciproque est un sophisme qui sert aujourd’hui, dans plusieurs pays et en France, à justifier des projets législatifs de transformation radicale de l’institution en l’ouvrant à des unions entre personnes de même sexe. Excipant ici d’une simple réforme de société, déclarant là vouloir, plus profondément, une réforme de civilisation, on use encore d’un autre sophisme, celui du progrès moral de l’égalité, pour établir une rupture flagrante avec le socle même de toutes les civilisations.

    Considérant toutefois comme « naturel » le lien entre mariage, bonheur individuel et parentalité, certains imaginent alors un nouveau type de filiation, propre aux unions homosexuelles : le désir d’enfant garantirait l’amour pour l’enfant. Désir et amour de l’enfant garantiraient à eux seuls une éducation structurante et deviendraient ainsi « droit à l’enfant ». Ce droit qui ne fut, justement, jamais reconnu aux couples hétérosexuels, permettrait l’adoption ou même les procréations de convenance aux couples homosexuels. Mais la société n’invente pas ex nihilo la famille, elle lui est en réalité redevable. Au bénéfice de leur existence même, société et Etat sont donc tenus d’en privilégier le développement et, sauf déni de réalité ou mensonge, de conserver au mariage son rang de droit fondamental « ouvert à tous » (V. Déclaration universelle précitée, art. 16-1), non pas, précisément, « entre tous ». L’identité biologique, psychologique et spirituelle de l’humain est constituée dans l’altérité et l’alliance des différences, en premier lieu des polarités masculine et féminine. Le mariage entre personnes de même sexe menacerait ce processus de constitution, mettrait en péril une harmonie éducative toujours fragile, porterait ainsi atteinte aux droits de l’humain en croissance et grèverait l’aventure humaine de la plus lourde hypothèque.

    Académie catholique de France
    Le 10 janvier 2013

  • 18 octobre : Méditation

    « S'il faut en croire les plaintes qui montent de partout, les oeuvres bien faites deviennes chose rare. La conscience professionnelle s'en va. On ne travaille plus, on bâcle. On n'a plus au même degré qu'autrefois le souci du "mieux possible". Est-il certain que, du monde paganisant qui nous entoure, cette habitude du "vaille que vaille" n'ait pas pénétré quelque peu nos existences à nous, chrétiens ?
    Quelle est, chacun dans notre état, notre conscience professionnelle ? Comment accomplissons-nous notre devoir quotidien ? Faisons-nous vraiment de notre mieux ce que nous avons à faire ? Si non, qu'attendons-nous ? Parce que notre Maître est bon et récompense le moindre de nos actes même à moitié fait, nous contentons-nous de ne lui donner que des actes à moitié faits, un demi-travail, de l'activité à demi-rendement ?
    Souvent, nous rêverions pour nos vies autre chose. Nous les voudrions pleines d'autres événements, d'une activité différente, de devoirs d'états ou moins monotones ou plus reluisants. Ce n'est un secret pour personne, "nemo contentus sua sorte", personne n'est content de son sort. On souhaite changer avec le voisin. Or, Dieu ne nous demande pas de faire "autre chose", mais de faire "autrement". Non de changer nos actes, mais seulement la manière de les accomplir. Ravauder du linge ou corriger des copies, cela nous vaut le ciel si c'est notre devoir. Encore est-il qu'il y a "la manière". Il existe bien des formes de "sabotage". Chacun de nous s'il s'examine un peu se découvrira un fervent habitué de la grève perlée et du sabotage à huis clos.
    Les saints ne procédaient point de la sorte. Ils faisaient bien ce qu'ils avaient à faire, et voilà la notion la plus élémentaire et la plus profonde à la fois de la sainteté. Certains ont pu accomplir des choses grandes. Ils ne sont point devenus saints à cause de cela, et n'ont mérité d'accomplir ces choses grandes que pour avoir, à l'habitude, été fidèles dans les choses petites. [...]
    Qui ne peut être saint de cette manière-là : vivre dans la grisaille monotone de la vie quotidienne une vie radieusement sainte parce que perpétuellement priante de la grande manière ?
    Nous avons dit que le grand secret de la vie fervente était de prendre pour idéal : "Agir en tout comme Notre-Seigneur agirait s'il était nous"... Il s'agit d'une réalité. Chacun de nous vivant en grâce est une portions vivante du Christ, et, par conséquent, ce que chacun de nous accomplit surnaturellement, le Christ, entendu dans son acception globale, l'accomplit en nous et par nous.
    Cet humble détail de mon existence, comment l'accomplirait le Christ ? - Ainsi moi dois-je l'accomplir. - Et cet autre ?... et encore cet autre... Une âme qui adopterait cette règle pour gouverne pratique, n'a pas besoin de chercher ailleurs une formule de sainteté. Elle l'a trouvée. Et aucune ne peut être plus efficace et plus rapide. »

    Raoul Plus, Comment toujours prier - Principes et Pratique de l'Union en Dieu (2ème Par. ch. II), Apostolat de la prière, Toulouse - Tournai, 1926.

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    Saint Benoît et sa soeur Sainte Scholastique

  • 18 septembre : Méditation

    « Ta sanctification est l'oeuvre de chaque jour, du moment présent. C'est l'heure d'aujourd'hui, en ce moment, non demain, non dans un instant.
    Laisse le passé à la Miséricorde divine ; abandonne l'avenir à la Sagesse ; contente-toi de t'adapter à la manifestation présente de l'Amour divin sous quelque forme qu'il se présente.
    C'est maintenant, maintenant que tu dois t'armer de courage, de virilité, de générosité calme et tranquille ; n'attends pas demain ; le moment qui suit ne t'appartient pas.
    [...]
    C'est en cet endroit, et non en tel autre, qu'il faut gravir la montagne, aussi rude que te semble le sentier. C'est ici, ce n'est pas là, quoi qu'en dise ton sentiment, malgré les apparences qui semblent te rendre l'ascension impossible ou difficile. Ah ! Tu crois que les difficultés disparaîtront quand tu auras fui l'endroit présent ? Non, non, mon frère, n'obéis pas à ces suggestions dangereuses, à ce mirage séducteur.
    Pourquoi désirer immodérément ce qui n'est pas encore ?
    Pourquoi rêver à des situations qui ne sont pas la réalité présente ? Pourquoi précipiter ton action ? Pourquoi éparpiller tes forces ?
    C'est en la circonstance présente, et non en la suivante, que tu dois secouer ta léthargie, te renoncer, accomplir ton devoir.
    Tout est disposé par Dieu pour t'élever au-dessus de toi-même, quoi qu'il puisse te paraître.
    Ainsi la maladie ou la santé, les déboires ou la prospérité, la ruine ou la fortune, la perte de tes proches ou la société de tes amis, l'abandon et la malveillance ou l'amitié et l'estime, l'oppression injuste ou la domination paternelle, le labeur pénible ou le travail joyeux, le repos ou le mouvement extérieur, tout, tout peut contribuer à te libérer, te sauver, te vivifier, te sanctifier. »

    Dom Idesbald van Houtryve (1769-1837), La vie dans la paix (T. I, L. VII ch. IV), Editions de l'Abbaye du Mont Cesar, Louvain (Belgique), 1944.

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  • 29 août : Méditation

    « Les liens puissants et délicats qui unissent l'amour de Dieu et l'amour du prochain, nous les trouvons analysés dans ce texte des "Dialogues" de sainte Catherine de Sienne. Dieu parle :

    "J'exige que vous m'aimiez avec le même amour dont je vous aime. Ceci, assurément, ne peut être, parce que je vous ai aimée sans être aimé de vous. Tout l'amour que vous avez pour moi, vous me le devez, et ainsi ce n'est pas une grâce que vous me faites en m'aimant, mais c'est un dû, tandis que je vous aime par grâce, et non parce que je vous dois mon amour. Par conséquent vous ne pouvez me payer à moi, en personne, l'amour que je demande de vous, et donc je vous ai placée au milieu de vos semblables afin que vous fassiez pour eux ce que vous ne pouvez faire pour moi, c'est-à-dire que vous aimiez votre prochain gratuitement, par grâce, sans en espérer quelque retour, et ce que vous faites pour lui, je le compte comme fait pour moi-même. C'est ce que ma Vérité montra à saint Paul, mon persécuteur en lui disant : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il dit ceci, estimant qu'en persécutant ses fidèles, saint Paul le persécutait lui-même."

    C'est une des envolées les plus hautes au ciel de la mystique chrétienne. Elle nous enseigne une leçon très claire : pour exercer la justice envers Dieu, exerçons la miséricorde envers les hommes. Notre charité fraternelle est l'accomplissement de notre amour de Dieu. Une maman qui veut rétablir la paix parmi ses enfants querelleurs, que dit-elle ? Ceci, qui lui vient naturellement du cœur aux lèvres : "Mes enfants, si vous m'aimez, ne vous disputez pas. Vous me brisez le cœur en vous détestant les uns les autres." Et le Cœur de Dieu est bien plus aimant encore que le cœur d'une mère. Ne dit-il pas dans Isaïe :

    "Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle nourrit,
    cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ?
    Même s'il s'en trouvait une pour l'oublier,
    moi, je ne l'oublierai jamais."
    (Isaïe 49, 15). »

    John Wu, Le carmel intérieur (IIème P. ch. V, 4), Casterman, 1956.

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  • 11 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Rien n'est plus froid qu'un chrétien non appliqué à sauver les autres. Tu ne peux à cet égard prétexter la pauvreté : celle qui donna ses deux piécettes se lèverait pour t'accuser (Lc 21,2). Pierre aussi, qui disait : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac 3,6). Et Paul, qui était si pauvre que souvent il avait faim et manquait du vivre nécessaire (1Co 4,11). Tu ne peux davantage objecter ton humble naissance : eux aussi étaient de modeste condition. L'ignorance ne te sera pas meilleure excuse : eux aussi étaient sans lettres... N'invoque pas non plus la maladie : Timothée était sujet à de fréquents malaises (1Tm 5,23)... N'importe qui peut être utile à son prochain s'il veut faire son possible...
    Ne dis pas qu'il t'est impossible de ramener les autres, car si tu es chrétien, il est impossible que cela ne se fasse. Chaque arbre porte son fruit et comme il n'y a pas de contradiction dans la nature, ce que nous disons est également vrai, car cela découle de la nature même du chrétien... Il est plus facile pour la lumière d'être ténèbres que pour le chrétien de ne pas rayonner. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Homélie 20 sur les Actes, 3-4 ; PG 60, 162-164 (trad. Orval).

  • 20 mai : Méditation

    « La langue muette, la bouche close du chrétien d'aujourd'hui sont le symbole non du catholicisme authentique, mais d'une religion dévaluée. La politique de non-intervention ne peut se réclamer du Maître. Ce serait bien plutôt celui qui crie trop haut le message évangélique qui pourrait excuser un excès de zèle par les paroles saintes : vae mihi, si non evangelizavero, malheur à moi si je n'annonce pas le message. Ou encore : insta opportune, importune, argue, obsecra, presse à temps et à contretemps, pour détourner les hommes des fables et les ouvrir à la vérité salutaire.

    Faut-il le dire ? Nous ne sous-estimons pas pour autant la vie contemplative à laquelle Dieu convie des âmes de choix. Leur silence n'est pas un vide, mais une plénitude, ce n'est pas une désertion, mais une action d'un autre ordre, "au-delà du son". Les hauts-lieux de prières où elles se retirent sont comme les grandes installations qui captent le courant à haute tension et alimentent toute une région. Leurs thébaïdes sont des arsenaux de grâces. Encore faut-il que l'on trouve des soldats qui veuillent bien se servir de ces munitions et combattre face à l'ennemi. C'est à ces soldats que nous nous adressons, à tous les chrétiens qui vivent dans le monde et qui ont le devoir de manier le glaive de la parole de Dieu et d'étendre visiblement son royaume. Aux chrétiens de son temps qui avaient peur de répondre à l'appel, saint Jean Chysostome adressait ces paroles toujours actuelles : "Entre autres devoirs, vous avez celui de vous dévouer pour le salut de vos frères, et de nous les amener, en dépit de leur résistance, de leurs cris et de leurs plaintes. Leur opposition et leur nonchalance sont la preuve que vous avez affaire à des enfants. A vous de changer leur disposition d'âme si imparfaite et misérable. C'est votre devoir de les persuader de devenir enfin des hommes." »

    Mgr Léon Suenens (1904–1996), Théologie de l'apostolat de la Légion de Marie, Desclée de Brouwer, 1952.

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