Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

faiblesse - Page 2

  • Méditation - Prière : « Ne craignez pas »

    « O Seigneur, soyez mon unique soutien dans les craintes, les faiblesses, les angoisses : soyez mon confident, mieux, ma confiance. Demeurez le Maître, Hôte divin, qui résidez sur le trône de mon cœur ; à Vous revient la puissance, l'amour, le gouvernement de tout mon être !
    Pourquoi me troubler ou craindre encore ? Tout est à Vous, ô Dieu ; c'est Vous-même qui en prenez soin et pourvoyez à mes besoins. Vous êtes l'amour infini et aimez l’œuvre de vos mains, plus qu'elle ne pourrait comprendre et s'aimer elle-même. Qui oserait douter de votre puissance, des soins prévoyants et affectueux que de toute éternité, Vous prodiguez à vos créatures et de la puissance de votre amour ?
    Je crois que tout est fait et permis par Vous pour mon bien et mon salut ; je m'abandonne à votre conduite avec confiance et amour, sans angoisse, ni appréhension, ni calculs. »

    Bse Marie-Thérèse de Soubiran (1834-1889), Fondatrice de la Congrégation de Marie-Auxiliatrice. Cité in P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, "Intimité Divine" Tome I (Temps de la Passion, 26, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.
    A consulter : Écrits Spirituels de Marie-Thérèse de Soubiran, Collection Christus n°56, Desclée de Brouwer, 1985.

    Elena-Shumilova_4a.jpg

    (Crédit photo)

  • Méditation : "tournez-vous vers Dieu..."

    « Vivez joyeuse : Notre Seigneur vous regarde, et vous regarde avec amour, et avec d'autant plus de tendresse que vous avez de faiblesse. Ne permettez jamais à votre esprit de nourrir volontairement des pensées contraires ; et quand elles vous arriveront, ne les regardez point elles-mêmes, détournez vos yeux de leur fausseté, et tournez-vous vers Dieu avec une courageuse humilité, pour lui parler de sa bonté ineffable, par laquelle il aime notre chétive, pauvre et misérable nature humaine, malgré ses infirmités. »

    St François de Sales, extrait de la Lettre CCCLX à une Supérieure de la Visitation (sœur de Blonay), 18 février 1618, in "Œuvres complètes de saint François de Sales", Tome troisième, Paris, Périsse Frères, 1855.

    NB : certains mots anciens employés par le saint évêque de Genève ont été ici modernisés, soit parce qu'ils sont aujourd'hui inusités, soit parce qu'ils ont acquis un autre sens. C'est le cas de : tendreté : tendresse ; imbécillité : faiblesse ; iniquité : fausseté ; abjecte : misérable ; nonobstant : malgré.

    regard_12a.jpg

  • Méditation : La miséricorde de Dieu n'a point de bornes

    « La vue de vos faiblesses vous décourage trop. Il faut avoir plus de confiance en la bonté de Dieu. Ce qu'il a fait pour votre salut est une marque qu'il vous aime, et ses miséricordes sont plus grandes sur vous que vous ne le concevez. Si vous aviez les yeux aussi ouverts à son amour et aux motifs qui vous devraient obliger de vous confier en lui, comme vous les avez ouverts à vos misères et à ces sujets qui vous abattent, vous seriez bientôt délivré de vos peines. Car, soit qu'elles naissent de votre propre infirmité ou de la multitude de vos péchés, tout cela ne vous paraîtrait rien auprès de l'étendue des biens qu'une foi vive et constante vous ferait trouver en Jésus-Christ.

    Je vous conseille d'avoir souvent en vue sa miséricorde infinie, qui absorbe tout péché, comme une fournaise ardente consume en un moment un brin de paille, ou comme le vaste océan absorbe dans son sein un grain de sable qu'on y jette. La miséricorde de Dieu n'a point de bornes : elle est immense, et nos péchés devant elle ne sont rien qu'un atome. Sa grande gloire est d'engloutir les plus grands crimes. Plus elle en absorbe, plus elle paraît éclatante. De la multitude de nos péchés et de nos misères immenses il prend sujet de faire sa puissance et d'exalter la grandeur infinie de sa bonté. C'est là le grand fondement de la confiance chrétienne, dont vous devez vous servir souvent pour vous soutenir dans vos abattements, et pour vous fortifier contre vos craintes. »

    M. Jean-Jacques Olier (1608-1657), Lettres spirituelles, extrait de la Lettre LVIII, in "Œuvres complètes" publiées par M. l'Abbé Migne, J.-P. Migne Éditeur, 1856.

    beaches-sun-rays_1a.jpg

  • Méditation - Prière : "Vers vous, ô mon Dieu, j'élève mon âme"

    Ad te levavi animam meam
    Vers vous, ô mon Dieu, j'élève mon âme
    (Introït)

    « Ad te levavi animam meam... Vers vous, Jésus-Christ, moi aussi, j'élève aujourd'hui mon âme, vers Vous, le Dieu qui est venu déjà, qui vient toujours, pour venir une dernière fois dans la gloire, juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres.

    Au début de cette année sacrée, vous invitez mon âme à croître, à progresser en Vous, à se développer en tout point, et à réaliser toujours mieux votre Image. J'élève vers Vous mon âme si basse, si fatiguée, si rivée aux choses qui s'en vont et qui tombent.

    Seigneur Jésus, que dirai-je devant ma faiblesse ? J'élève le cri de ma confiance et je vous clame, moi aussi : "Seigneur, je me fie à Vous" (italiques), car je suis sûr de Vous !...

    Non, Seigneur, je ne me découragerai pas. Je reprends, aidé de votre grâce, le labeur de ma sanctification, en ce premier jour de l'année que célèbre votre Église. Je vous attends, Seigneur, je vous attends joyeux, confiant, ravi de ce que vous voulez bien me tendre, une fois de plus, la main qui guide dans les voies de la sainteté. »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour, Avent (Dimanche de la première semaine), Éditions de Maredsous, Namur, 1956.

    dimanche,Avent,prière,élévation,Dom Vandeur,sanctification,sainteté,faiblesse,confiance,grâce

    Don Simone Camaldolese (1378-1405), Gradual (Volume 1, folio 1r), Newberry Library
    (Crédit photo)

  • Méditation : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Cor 12, 10)

    « Pour prêcher les vérités de la foi avec un véritable succès, pour les mettre soi-même en pratique, il faut le secours de la grâce de Dieu. Notre intelligence ne suffit pas, notre volonté non plus. Il n'y a qu'à se regarder soi-même avec loyauté, pour en être convaincu. Aussi, Jésus enseigne ce que nous devons faire pour obtenir le secours nécessaire à notre faiblesse intellectuelle et morale : la prière :

    « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira. Car quiconque demande, reçoit, et celui qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. Quel est l'homme parmi vous auquel son fils demandera du pain, et qui lui donnerait une pierre ? Ou si encore il demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent ? Si donc vous, méchants comme vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera de bonnes choses à ceux qui le prient. »

    Nous n'avons plus rien à craindre de notre faiblesse. Elle est même, pour nous, par la prière, notre plus grande force, car elle met entre nos mains la force de Dieu. Mais pour acquérir cette force de Dieu, il faut la demander humblement, instamment. Il faut surtout avoir en soi la conviction profonde et très sincère, que l'on ne peut rien par soi-même. Alors, nous pouvons tout, comme dit saint Paul, en celui qui nous fortifie. La puissance divine passe en nos mains. Rien n'est impossible à Dieu, ainsi quand on est convaincu de sa propre impuissance, c'est l'heure de la puissance de Dieu. Qui le sait et le met en pratique peut tout, obtient tout. Et jamais on n'est plus sûr du succès qu'en demandant à Dieu une chose qu'il est impossible à soi-même d'obtenir. Demandez, et vous recevrez. Le Père céleste attend votre prière confiante pour vous accorder l'impossible. »

    R.P. Mortier, o.p., L’Évangile - Simples commentaires pour la vie chrétienne (LVI), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer et Cie, Lille - Paris - Bruges, 1925.

    vérité,foi,grâce,intelligence,volonté,faiblesse,prière,force,humilité,impuissance,puissance,Dieu

  • Méditation : Devenir saint

    « Moi, être un saint ! n'est-ce pas là une entreprise au-dessus de mes forces ? nous dira notre faiblesse. Non, répondent en ce jour, par leurs exemples, tous les saints du ciel. Nous voyons, en effet, parmi eux des saints de tout âge, de toute condition et de tout sexe. Or ce qu'ils ont pu, pourquoi ne le pourrais-je pas (1) ? Tant de chrétiens dans le monde se sont conservés purs parmi tous les dangers de la séduction, recueillis parmi les dissipations et le tumulte, pauvres et détachés parmi les richesses, mortifiés parmi les occasions de jouissance ! Pourquoi ne pourrais-je pas, dans des conditions meilleures, faire ce qu'ils ont fait dans une position plus difficile (2) ? - Il n'y a point ici à dire : J'ai des passions qui m'entraînent, des tentations qui me sollicitent. Les saints en ont eu aussi, et de plus violentes, et ils en ont triomphé. Pourquoi ne pourrais-je pas en triompher comme eux ? - Il n'y a point à dire : Le sérieux de la sainteté, la monotonie du devoir m'ennuient ; je n'y puis tenir. Est-ce que les saints n'ont pas, eux aussi, éprouvé ces ennuis, ces dégoûts ? Ils les ont supportés, et plus longtemps que moi ; et maintenant qu'ils sont au ciel, comme ils s'en savent bon gré ! comme ils comprennent qu'ils ont bien fait ! - Mais ma faiblesse me fait peur ; je crains de ne pouvoir persévérer. Hélas ! les saints étaient faibles comme moi ; la grâce les a soutenus. Pourquoi n'espérerais-je pas qu'elle me soutiendra comme eux ? C'est ainsi que tout prétexte est confondu, toute excuse tombe devant ce seul mot de saint Augustin : Ne puis-je pas ce que d'autres ont pu ? (3) »

    1, 2 & 3. Quod isti et istae, cur non ego ? : Ce que ceux-ci et celles-là ont fait, pourquoi ne le ferais-je pas ? (St Augustin, Confessions, Livre VIII).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome III, 1er novembre, Fête de tous les saints, III), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

    abbé Hamon,toussaint,saint,saints,passion,ennui,dégoût,jouissance,faiblesse,persévérance,triomphe

    Fra Angelico (v.1400-1455)
    Retable de l'église du couvent San Domenico à Fiesole (Italie)

  • Méditation : De l'acquisition patiente de l'humilité

    « Pour s'exciter à l'humilité, certains, durant toute leur vie, se servent du souvenir de leurs péchés passés, même déjà pardonnés, et par ce moyen frappent en plein visage leur vaine estime d'eux-mêmes. D'autres pensent à la Passion du Christ, et se considèrent toujours comme des débiteurs. D'autres se tiennent pour peu de chose, à cause de leurs manquements quotidiens. Chez d'autres, les tentations sans cesse renaissantes, les faiblesses et les péchés ont mortifié l'orgueil. D'autres, par leur pénurie de grâces, ont acquis la mère de toutes les grâces. Il y en a aussi - mais en existe-t-il encore ? il ne m'appartient pas de le dire - qui, au sujet des dons mêmes de Dieu et dans la mesure où ceux-ci s'accroissent, s'humilient eux-mêmes et passent ainsi leur vie en se considérant comme indignes de telles richesses, et comme si chaque jour ajoutait à leur dette. Voilà l'humilité, voilà la béatitude, voilà la parfaite récompense. »

    St Jean Climaque (v.575-v.650), L’Échelle Sainte, Vingt-cinquième degré (35), Spiritualité Orientale n°24, Abbaye de Bellefontaine, 1978.

    fleur-penchee_1a.jpg

  • Méditation : Longue et patiente croissance

    « Continuons de prier beaucoup, quelles que soient nos dispositions et quelles que puissent être les circonstances. Ce qui nous manque à tous c'est de ne pas vivre en contact étroit, intime et vivant avec la source de la seule vraie Vie. Nos tristesses viennent de là. Nos impuissances nous découragent parce que nous oublions la Toute-Puissance qui s'offre à les suppléer. La malice des hommes et la nôtre propre, la tristesse des temps... tout cela ne nous affecte que parce que nous ne savons pas nous tenir en face de la Bonté infinie et de l'Océan de joie. Nous ne savons pas vivre « in conspectu Domini » (1).

    Heureusement Dieu nous attire et veut s'emparer de nous à tout prix. C'est sa réponse à nos secrets désirs de lui. Ces désirs c'est lui qui les provoque, et c'est lui ensuite qui y répond. C'est en ce sens que, dans la vie spirituelle des âmes de bonne volonté, on peut dire vraiment qu'il fait tout. Or, si notre volonté est faible, il est clair qu'elle est bonne, très bonne ; qu'elle l'a toujours été, qu'elle le sera toujours.

    Il nous manque de penser davantage que la bonne Volonté divine (qui est son Amour infini) nous a toujours enveloppés et nous enveloppera toujours.

    Ne nous attendons pas à voir disparaître ni la tentation, ni la faiblesse parce que nous aurons les sacrements. La vie d'âme est une lente croissance ; continuons de nous munir de Dieu, de puiser aux sources de la Force divine, comme un enfant qui mange et boit et qui ne devient pas homme en un jour... et laissons faire Celui qui dirige notre vie et qui est lui-même notre vie. »

    1. "en présence de Dieu", "sous le regard de Dieu".

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Chartreux, Écrits spirituels Tome II (L'effort), Benedettine di Priscilla, Roma, 1967.
    Cf. la méditation de Dom Godefroid Bélorgey (1880-1964), proposée le 30 septembre dernier.

    Augustin Guillerand,croissance,prière,prier,tristesse,impuissance,joie,bonté,bonne volonté,tentation,faiblesse,sacrements,Dieu

  • Méditation : Inquiétude de l'amour-propre et paix en Dieu

    « O qu'on est heureux quand on n'écoute que Dieu, et qu'on n'écoute point les réflexions de l'amour-propre ! D'un côté sont la simplicité, la paix, l'abandon, et le commencement du paradis sur terre. De l'autre sont les incertitudes, les délicatesses, les dépits, le trouble, et la résistance à Dieu, qui divise le cœur. Heureux qui n'a plus d'autre délicatesse ni d'autre jalousie que celle que la grâce nous inspire pour Dieu contre nous-mêmes ! »

    « On n'est en paix que quand on est bien loin de soi ; c'est l'amour-propre qui trouble, c'est l'amour de Dieu qui calme. L'amour-propre est un amour jaloux, délicat, ombrageux, plein d'épines, douloureux, dépité. Il veut tout sans mesure, et sent que tout lui échappe, parce qu'il n'ignore pas sa faiblesse. Au contraire l'amour de Dieu est simple, paisible, pauvre et content de sa pauvreté, aimant l'oubli, abandonné en tout, endurci à la fatigue des croix, et ne s'écoutant jamais dans ses peines. Heureux qui trouve tout dans ce trésor du dépouillement ! Jésus-Christ, dit l'Apôtre (1), nous a enrichis de sa pauvreté, et nous nous appauvrissons par nos propres richesses. N'ayez rien, et vous aurez tout. Ne craignez point de perdre les appuis et les consolations, vous trouverez un gain infini dans la perte. »

    1. II Co VIII, 9.

    Fénelon (1651-1715), extraits des Lettres 462 et 465 à la comtesse de Montberon, in "Œuvres de Fénelon" Tome Deuxième, Lettres spirituelles, Paris, Lefèvre - Pourrat Frères, 1858.

    Fénelon,inquiétude,amour-propre,paix,Dieu,trouble,calme,faiblesse,simplicité,pauvre,pauvreté,oubli,dépouillement,Jésus-Christ,richesse,consolatio

  • Méditation : De la connaissance de soi-même

    « Au-dedans de nous-mêmes, des témoins intéressés sont toujours prêts à nous vanter la droiture de notre jugement, l'élévation et la profondeur de nos vues, la bonté de notre cœur, la justice, le désintéressement, la modération de notre caractère et mille autres qualités avantageuses dont nous composons un portrait propre à flatter notre vanité. Si un reste de pudeur ne nous permet pas de nous égaler aux plus grands et de nous attribuer ces qualités dans toute leur perfection, du moins nous mettons-nous au-dessus de la foule, et trouvons-nous aisément à qui nous préférer : il est rare surtout, même en convenant, comme l'exige la bienséance, que nous ne sommes pas sans défauts, que nous consentions à reconnaître celui qu'on nous reproche, et nous pouvons, même à nos heures de modestie, nous reconnaître dans ces paroles si vraies de Bossuet. « Au moment, dit-il, où je me crois le plus pénétré du sentiment de ma faiblesse et de ma misère, si quelqu'un va trouver que je n'ai point raison en quelque chose, me voilà plein aussitôt de raisonnements et de justifications. Cette horreur que j'avais de moi-même s'est évanouie, je ressens l'amour-propre, ou plutôt je montre que je ne m'en étais pas défait un seul instant. » - Le fruit de l'opinion que forment en nous ces lumières trompeuses de l'amour-propre, c'est de nous rendre fiers et exigeants à l'égard des autres, susceptibles, ombrageux, jaloux du mérite d'autrui, impatients, présomptueux, ambitieux, et, pour tout dire en un mot, de nourrir et d'exalter cet orgueil naturel que l'Esprit-Saint déclare le principe de tous les maux (1). Telles sont les pensées dont notre amour-propre aime à se repaître ; il faudrait, pour ainsi dire, nous arracher les yeux que nous tenons de la nature, pour nous obliger à voir les choses sous un autre aspect.

    La foi nous tient un bien autre langage ; en nous découvrant la honte de notre origine, souillée par le péché, elle nous y fait voir la source de l'affreuse corruption qui a envahi toutes les puissances de notre corps et de notre âme. Elle nous montre nos sens enclins au mal dès l'enfance, nos passions révoltées contre la raison, l'entraînant sans cesse au mal, qu'elle désapprouve, et lui rendant d'une difficulté extrême le bien, dont elle reconnaît la beauté ; l'ignorance profonde où nous sommes naturellement de ce qu'il nous importe le plus de savoir ; le dérèglement d'une imagination délirante qui vient sans cesse troubler et fausser les opérations de notre esprit ; enfin notre impuissance radicale à rien faire par nous-mêmes dans l'ordre du salut. Cette idée de nous-mêmes, si différente de celle que nous présente l'amour-propre, doit naturellement produire aussi des effets tout opposés. Elle est la source des vertus d'humilité, de modestie, de patience, de la défiance de soi, première condition requise pour que nous tournions comme il faut nos regards vers Dieu, et que nous mettions en lui notre confiance : et comme l'humilité sincère, qui n'est autre chose que la vérité sur le tout de Dieu et le néant de la créature, est le fondement de toutes les vertus, cet humble et véridique jugement sur nous-mêmes, en nous mettant à notre véritable place vis-à-vis de Dieu, des autres hommes et de nous-mêmes, fait bientôt fleurir dans l'âme toutes les vertus. »

    1. Initium omnis peccati est superbia. Eccl. X, 15.

    P. Edouard de Lehen s.j. (1807-1867), La Voie de la Paix intérieure dédiée a Notre-Dame de la Paix, Seconde Partie Chap. VI, Nouvelle édition, Paris, René Haton, 1883 (1ère éd. Paris, 1855).

    image-de-soi_3a.jpg

    Connais-toi toi-même : La jeunesse entre le vice et la vertu
    Tableau de Jacob Jordaens (1593-1678), Musée des Beaux-Arts de Rennes

  • Méditation : Zèle et pardon

    « Pour exercer le zèle, il faut d'abord ne pas s'offenser des défauts de nos frères, mais les supporter avec compassion et indulgence. « Nous devons, nous qui sommes forts, dit saint Paul, supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas. » (Rm XV, 1.) D'ailleurs, si nous n'avons pas certains défauts, que nous déplorons chez autrui, si nous sommes plus forts, plus éclairés, nous avons cependant nos misères, et tous nous avons besoin d'indulgence et de bonté. Et le support doit aller jusqu'à la condescendance : « A celui qui veut t'appeler en justice pour avoir ta tunique, dit le Seigneur, abandonne encore ton manteau ; si quelqu'un veut te contraindre à faire mille pas, fais-en avec lui deux mille ; à qui te demande donne ; à qui veut t'emprunter prête. » (Mt V, 40-42.)

    Nous disons chaque jour à Dieu : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Notre Seigneur qui nous a appris à faire cette prière, a dit encore : « Pardonnez et il vous sera pardonné ; car on vous appliquera la même mesure que celle avec laquelle vous aurez mesuré les autres. » (Lc VI, 37.) Il nous pardonne bien ce grand Dieu, Lui, qui comme dit le prophète, jette au fond de la mer tous nos péchés (Michée VII, 19.) Et cependant les injures qui Lui sont faites par le péché sont bien autrement graves que les offenses, les procédés indélicats, auxquels nous sommes si sottement sensibles. « Il n'y a rien, dit saint Jean Chrysostome, qui nous rende semblables à Dieu comme de demeurer paisibles à l'égard de ceux qui nous offensent. » (Hom. 20 in Matth.) Jésus a dit encore : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient. » (Mt V, 14.) Ce n'est donc pas un demi-pardon que Jésus veut de nous, mais un pardon complet. Par là non seulement nous obtiendrons le complet pardon de nos fautes, mais nous attirerons sur nous des grâces puissantes, qui nous feront faire de grands progrès dans la vertu. »

    Auguste Saudreau (1859-1946), Manuel de spiritualité (Chap. XIV, 4), Deuxième édition, Charles Amat - Paris / Brunet - Arras / Imp. G. Grassin - Angers, 1920.
    (Le P. Saudreau fut aumônier des religieuses du Bon Pasteur à Angers, de 1895 à sa mort)

    balance_1a.jpg

  • Méditation : Mystère de la Communion Eucharistique (1)

    « L'Eucharistie est cette prise de possession de Dieu par l'homme. Dieu se donne vraiment, réellement, substantiellement, sans division, sans partage. Il fait mieux que se donner, il se livre comme la nourriture qui cesse d'être elle-même pour devenir celui qui la reçoit. Il devient nous. Cœur à cœur, fusion de deux cœurs en un. Ce que nous sommes, il le devient ; ce qu'il est, nous le devenons. La force se fait faiblesse, la faiblesse se fait force. Il devient en chacun de nous juste ce qui répond au besoin de chacun de nous. Si nous sommes obscurité, il se fait en nous lumière ; si nous sommes tourment, il se fait en nous paix et quiétude ; si nous sommes égoïsme, il se fait en nous charité. C'est ce qu'indique l'apôtre quand il dit : « Cum infirmor, tunc potens sum. » (*)
    Cet échange merveilleux s'opère par la présence réelle du Christ. Il réalise, au-delà de toute espérance, la promesse qu'il a faite d'être avec nous jusqu'à la consommation des siècles. Le monde peut crouler, les étoiles s'éteindre, ou nos temples se renverser : tant qu'il restera un coeur et une hostie, il restera encore sur terre une raison pour Dieu et pour l'homme de croire à la victoire de l'amour, et à la possibilité du bonheur. »

    R.P. Ponsard, Carême 1928, Retraite Pascale (Jeudi Saint, II), Conférences de Notre-Dame de Paris, Spes, 1928.

    (*) : II Cor XII, 10 : "Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort."
    Voir le commentaire de Bossuet sur ce verset, dans son Panégyrique de l'Apôtre Saint Paul, ainsi que la remarquable méditation de Benoît XVI sur ce chapitre XII de la 2e Lettre aux Corinthiens, donnée lors de l'Audience générale du Mercredi 13 juin 2012.

    (à suivre demain)

    P. Ponsard,mystère,communion,eucharistie,nourriture,faiblesse,force,charité,coeur,hostie,présence,Christ,amour,bonheur

  • Méditation : Une bonne confession

    « Quand j'ai dit mes péchés et que j'écoute attentivement les admirables leçons, les réconfortantes paroles et les religieux encouragements que Jésus me fait par son fidèle ministre, quand surtout il prononce d'une voix que je sens très émue : dans un instant Jésus va se donner à vous, Jésus va être tout à vous et vous serez vous-même toute à lui, il est le grand ami qui va vous consoler, vous combler de ses grâces, vous montrer son amour et sa tendresse infinie ; recueillez-vous, mon enfant, et faites du plus profond de votre cœur votre acte de contrition, pendant que je vais vous donner l'absolution... tout mon être palpite d'émotion que je puis à peine contenir. Je voudrais pleurer abondamment, mais Jésus ne me laisse pas toujours le bienfait des larmes à ce moment-là. Dans son amour il préfère, je crois, que je pleure seule avec lui. Je dis aussi tout bas à mon Dieu : pardonnez-moi mon Dieu, ô mon Père plein de miséricorde pour votre enfant ; pardonnez-moi, ô Jésus, je me repens de toute mon âme de vous avoir contristé, vous qui êtes la bonté même, vous qui n'êtes que tendresse envers moi, petit grain de sable. Ah ! je vous promets, ô Bonté suprême, que je ne retomberai plus, que je ne vous offenserai plus... mais je vous supplie humblement d'aider ma faiblesse. »

    Vénérable Marthe Robin (1902-1981), 18 août 1930, in "Journal Décembre 1929 - Novembre 1932", Les Cahiers de Marthe Robin, Éditions Foyer de Charité, Châteauneuf-de-Galaure, 2013.

    contrition.jpg

    Acte de contrition

    « Mon Dieu, j'ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît.
    Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence. »

  • Magnifique vidéo d'un moine de l'Abbaye Notre-Dame de Cîteaux

    Frère Marie-Joseph, la joie d'être consacré

    Portrait de Frère Marie-Joseph, moine cistercien à l'Abbaye Notre-Dame de Cîteaux. Un reportage KTO en partenariat avec la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF).

    "je ne sais pas prier : ce n'est pas parce que j'aime prier que je sais prier..." - "plus j'avance dans cette vie de prière, plus je trouve que je suis misérable, et plus je me sens aimé par le Seigneur" - "c'est cette faiblesse qui est ma richesse" ...

  • Méditation : "Faites tout par amour, dans l'amour et pour l'amour"

    « La loi de l'âme est de suivre l'impulsion de l'amour qui porte à la fois à donner et à recevoir. Il s'accomplit un échange vital dans un acte vivant : Dieu se communique à l'âme et celle-ci se donne à son Dieu. « Donnez au Christ tout ce que vous êtes... en retour il vous donnera tout ce qu'Il est » (1).
    La parole de Sainte Marguerite-Marie Alacoque (2) tend à se réaliser : « Faites tout par amour, dans l'amour et pour l'amour ; car c'est l'amour qui donne le prix à tout. L'amour ne veut point d'un coeur partagé ; il veut tout ou rien. Rendez donc amour pour amour, et n'oubliez jamais Celui que l'amour a fait mourir pour vous ».
    Alors la vie se simplifie ; les actions les plus ordinaires sont sanctifiées, on dépasse tout ce qui est éphémère, on s'affranchit de soi-même, on demeure en l'immensité de l'amour.
    Vous nous aimez, Seigneur, pour ce qui nous manque ; votre infinie Grandeur vous fait sentir notre insuffisance, notre misère. Notre faiblesse avive votre amour. Vous voulez nous grandir, nous faire monter jusqu'à Vous, nous donner la Vie dont Vous jouissez. Oh ! Regardez ma bassesse, mon appel est sincère, ardent, humble. Donnez-moi votre grâce. Ajoutez à mon effort d'amour votre Amour pour que l'union devienne toujours plus grande. »

    1. Johannes van Ruysbroeck, Le miroir du Salut éternel, ch. I. - 2. Lettre 33.

    Dom Idesbald van Houtryve (1886-1964), La vie dans la paix, Tome II (Livre 14, ch. 5), Abbaye du Mont César, Louvain, 1944.

    Idesbald van Houtryve,paix,loi,âme,amour,Dieu,Christ,Marguerite-Marie Alacoque,faiblesse,bassesse,effort,union

  • Méditation : Ad Jesum per Mariam

    « Lorsqu'on a découvert le rôle que la Très Sainte Vierge joue dans la vie intérieure, rien ne paraît plus désirable que d'entrer toujours davantage dans Son intimité.
    « Que ce doux nom ne soit jamais loin de votre bouche, jamais loin de votre cœur. (1) » « C'est un bonheur de pouvoir contempler en silence ce qu'un long discours serait incapable de bien expliquer. (2) »
    Mais que va faire la Sainte Vierge dans les âmes qui Lui sont unies ? Elle va leur parler de Son Fils, leur faire connaître Jésus, les conduire à Lui, et tout cela à Sa manière maternelle et cachée :
    « Puissions-nous avoir par Vous accès auprès de Votre Fils, ô Vous qui avez eu le bonheur de trouver la grâce, d'enfanter la vie et le salut ! Que Celui qui nous a été donné par Vous, par Vous aussi nous reçoive ! Que Votre sainteté excuse auprès de Lui la faute de notre corruption, et que Votre humilité, qui charme les regards de Dieu, Lui fasse pardonner à notre vanité.
    Que Votre immense charité couvre la multitude de nos péchés, et que Votre glorieuse fécondité nous rende féconds aussi en bonnes œuvres. Ô Vous, Notre-Dame, notre Médiatrice et notre Avocate, réconciliez-nous avec Votre Fils, recommandez-nous, présentez-nous à Lui ; faites, ô bienheureuse Vierge, par la grâce que Vous avez trouvée, par la prérogative que Vous avez méritée, par la miséricorde dont Vous êtes la Mère, faites que Jésus-Christ, Votre Fils et notre Seigneur..., qui a daigné par Vous partager notre faiblesse et notre misère, nous fasse la grâce, par Votre intercession, de nous faire un jour partager avec Lui la gloire et le bonheur éternels. (3) »
    Ainsi Marie nous conduit à Jésus : Ad Jesum per Mariam. »

    1. Super Missus est, II, 17. - 2. idem - 3. In Adventu, Serm. II, 5.

    Dom Godefroid Bélorgey (1880-1964), Dieu nous aime (ch. VI : A l'école de Saint Bernard), Éditions du Cerf, Paris, 1949.

    Vierge-Marie_aux-pieds-de-la-croix_1a.jpg

  • Méditation : de la médisance

    « Qu'importe à votre frère, que vous déchirez par votre médisance, que ce soit en vous indiscrétion ou malice ? Un dard décoché imprudemment fait-il une plaie moins dangereuse et moins profonde que celui qu'on a tiré à dessein ? Le coup mortel que vous portez à votre frère est-il plus léger parce que c'est la légèreté et l'imprudence qui l'ont lancé ? D'ailleurs n'est-ce pas un crime que d'être capable d'indiscrétion sur la réputation de vos frères ? Y a-t-il rien qui demande plus de circonspection et de prudence ? Tous les devoirs du Christianisme ne sont-ils pas renfermés dans celui de la charité ? N'est-ce pas là, pour ainsi dire, toute la Religion ? Et n'être pas capable d'attention sur un point aussi essentiel, n'est-ce pas regarder comme un jeu tout le reste ? Ah ! c'est ici qu'il faut mettre une garde de circonspection sur sa langue, peser toutes ses paroles, les lier dans son cœur, comme dit le sage, et les laisser mûrir dans sa bouche. Vous échappe-t-il jamais de ces discours indiscrets contre vous-même ? Manquez-vous quelquefois d'attention sur ce qui intéresse votre honneur et votre gloire ?

    Je veux que les défauts que vous publiez de votre frère soient légers. Plus ils sont légers, plus vous êtes injustes de les relever, plus il mérite que vous usiez d'indulgence à son égard, plus il faut supposer en vous une malignité d'attention à laquelle rien n'échappe, une dureté de naturel qui ne saurait rien excuser. Si les défauts de votre frère étaient essentiels, la politesse et la Religion vous feraient un devoir de vous taire. Hé quoi ! vous le trouvez moins digne de vos égards, parce qu'il n'a pas de légères faiblesses ! Ce qui devrait vous le rendre respectable, vous autorise à le décrier !

    Quand même la faute de votre frère serait certaine et publique, d'où pouvez-vous savoir si la honte même de voir sa faute connue ne l'a pas fait revenir à lui, et si un repentir sincère et des larmes abondantes ne l'ont pas déjà effacée et expiée devant Dieu ? Il ne faut pas toujours des années à la grâce pour triompher d'un cœur rebelle ; et souvent une chute publique est le moment de miséricorde qui décide de la conversion du pécheur. Or, si votre frère s'est repenti, n'êtes-vous pas injuste et cruel de faire revivre des fautes que sa pénitence vient d'effacer et que le Seigneur a oubliées ? Souvenez-vous de la pécheresse de l’Évangile. Ses désordres étaient publics ; cependant lorsque le Pharisien les lui reprocha, son amour les avait effacés aux pieds du Sauveur.

    Ce n'est point à moi de guérir la faiblesse des hommes, ni e corriger la délicatesse de leurs esprits et de leurs humeurs : c'est à moi de m'y accommoder, et de les supporter en Chrétien ; et puisque les hommes sont sensibles à une parole et à une raillerie jusqu'à rompre la charité, cette raillerie, cette parole doit être pour moi quelque chose de grand. De tout temps les hommes ont été faibles et délicats. Voilà ce que je dois supposer comme le fondement de tous mes devoirs en matière de charité : car si, pour avoir de la charité, j'attendais que les hommes n'eussent plus d'imperfections ni de faiblesses, comme il est certains qu'ils en auront toujours, je renoncerais pour toujours à cette vertu.

    Dieu me commande de les aimer faibles et imparfaits comme ils sont : or je n'obéis pas si je ne respecte en eux jusqu'à leurs moindres intérêts, et si je ne suis circonspect jusque dans les sujets les plus légers dont ils ont coutume, quoique dans raison, de s'offenser. J'aurai bien plutôt fait de condescendre à leurs faiblesses, que de prétendre qu'ils réforment leurs idées ; et il me sera bien plus avantageux d'être à leur égard humble et patient, que de m'opiniâtrer à vouloir les rendre raisonnables. S'il y a même un moyen de les faire revenir de leurs erreurs, ou de corriger leurs défauts, c'est l'exemple d'une vertu aimable et compatissante. On ne résiste guère à la douceur et à la beauté de ses manières ; au lieu qu'on brave la censure, on s'aigrit de l'impatience, et on hait la médisance la plus fine. »

    Abbé François Champion de Pontalier s.j. (1731-1812), Le trésor du chrétien, ou principes et sentiments propres à renouveler et consommer le christianisme dans les âmes... Tome I (ch. XIII, III-V & VII), Nlle éd., Paris, Chez Méquignon fils aîné, 1815 (1ère éd. 1778).

    femme-adultere-4a.jpg

  • Méditation : De la communion fréquente

    (suite de la méditation du 11 juin 2013)

    « Si les mondains vous demandent pourquoi vous communiez si souvent, dites-leur que c’est pour apprendre à aimer Dieu, pour vous purifier de vos imperfections, pour vous consoler en vos afflictions, pour vous appuyer en vos faiblesses.
    Dites-leur que deux sortes de gens doivent souvent communier : les parfaits, parce qu’étant bien disposés, ils auraient grand tort de ne point s’approcher de la source et fontaine de perfection, et les imparfaits, afin de pouvoir justement prétendre à la perfection ; les forts, afin qu’ils ne deviennent faibles, et les faibles, afin qu’ils deviennent forts ; les malades afin d’être guéris ; les sains, afin qu’ils ne tombent en maladie ; et que pour vous, comme imparfaite, faible et malade, vous avez besoin de souvent communier avec votre perfection, votre force et votre médecin.
    Dites-leur que ceux qui n’ont pas beaucoup d’affaires mondaines doivent souvent communier parce qu’ils en ont la commodité, et ceux qui ont beaucoup d’affaires mondaines, parce qu’ils en ont nécessité, et que celui qui travaille beaucoup et qui est chargé de peines doit aussi manger les viandes solides et souventefois.
    Dites-leur que vous recevez le Saint Sacrement pour apprendre à le bien recevoir, parce que l’on ne fait guère bien une action à laquelle on ne s’exerce pas souvent.
    Communiez souvent, Philothée, et le plus souvent que vous pourrez, avec l’avis de votre père spirituel ; et croyez-moi, les lièvres deviennent blancs parmi nos montagnes en hiver parce qu’ils ne voient ni mangent que la neige, et à force d’adorer et manger la beauté, la bonté et la pureté même en ce divin Sacrement, vous deviendrez toute belle, toute bonne et toute pure. »

    St François de Sales (1567-1622), Encouragement à la Sainte Communion, Introduction à la vie dévote, II, ch. 2, in "Œuvres complètes" Tome 2 "Opuscules" p.801-803 rev., Paris, Albanel et Martin, 1839.

    St François de Sales,communion,fréquente,perfection,parfaits,imparfaits,Saint Sacrement,imperfections,afflictions,faiblesse,maladie,malade,médecin

  • Méditation : « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, même le péché » (Rm 8, 28)

    « Il est certain que, dans les vues de Dieu, les fautes où il permet que nous tombions doivent servir à notre sanctification, et qu'il ne tient qu'à nous d'en tirer cet avantage. Il arrive néanmoins, au contraire, que nos fautes nous nuisent, moins par elles-mêmes que par le mauvais usage que nous en faisons.

    Les personnes pour qui j'écris ceci, sont uniquement celles qui sont déterminées à ne commettre délibérément aucune faute, et à qui pourtant il en échappe beaucoup, nonobstant leur résolution, par premier mouvement, par inadvertance, par faiblesse.
    Il leur arrive, d'ordinaire, de s'étonner de leurs fautes, de s'en troubler, d'en avoir une mauvaise honte, de se laisser aller au dépit et au découragement. Ce sont là autant d'effets de l'amour-propre, effets plus pernicieux que ne le sont les fautes mêmes. On s'étonne d'être tombé, on a grand tort, et c'est une marque qu'on ne se connaît guère. On devrait, au contraire, être surpris de ne pas tomber plus souvent et en des fautes plus graves, et rendre grâces à Dieu des chutes dont il nous préserve. On se trouble chaque fois qu'on se surprend dans quelque faute ; on en perd la paix intérieure ; on est tout agité, et l'on s'en occupe des heures, des journées même entières. Il ne faut jamais se troubler ; mais, quand on se voit à terre, il faut se relever tranquillement, se retourner vers Dieu avec amour, lui demander pardon, et ne plus penser à ce qui est arrivé que quand il faudra s'en accuser. [...]

    Saint Paul a dit que tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu. Oui, tout tourne à leur bien, même leurs fautes, et quelquefois des fautes très graves. Dieu permet ces fautes pour nous guérir d'une vaine présomption, pour nous apprendre ce que nous sommes et de quoi nous sommes capables. [...]

    C'est une remarque faites par les maîtres de la vie spirituelle, que souvent Dieu laisse aux âmes les plus saintes certains défauts, dont, malgré tous leurs efforts, elles ne parviennent point à se corriger, pour leur faire sentir leur faiblesse, et ce qu'elles seraient sans la grâce ; pour empêcher qu'elles ne s'enorgueillissent des faveurs qu'il leur fait, pour les disposer à les recevoir avec plus d'humilité ; en un mot, pour entretenir en elles une certaine déplaisance d'elles-mêmes, et les soustraire aux pièges de l'amour-propre ; pour soutenir leur ferveur, pour les maintenir dans la vigilance, dans la confiance en Dieu, et le recours continuel à la prière. L'enfant qui tombe, lorsqu'il s'écarte un peu de sa mère, et qu'il veut marcher seul, revient à elle avec plus de tendresse, pour être guéri du mal qu'il s'est fait, et il apprend, par sa chute, à ne la plus quitter. L'expérience de sa faiblesse et de la bonté avec laquelle sa mère le reçoit, lui inspire plus d'attachement pour elle. [...]

    Dieu est un grand maître ; laissons-le faire, il ne manquera pas son œuvre. Proposons-nous d'éviter avec soin tout ce qui peut lui déplaire le moins du monde. Mais quand nous serons tombés dans quelque faute, soyons-en fâchés par rapport à lui, et non par rapport à nous ; aimons l'abjection qui nous revient de cette faute ; prions Dieu qu'il en tire notre humiliation et sa gloire ; il le fera, et il nous avancera plus par ce moyen que par une vie régulière et plus sainte en apparence, qui serait moins efficace pour la destruction de l'amour-propre. »

    P. Jean-Nicolas Grou s.j. (1731-1803), Manuel des âmes intérieures (Du profit qu'on doit tirer de ses fautes), L. Grandmont-Donders, Liège, 1851 (Lecoffre, 1853 - Périsse, 1844 - Meyer, 1833).

    Jean-Nicolas Grou,Jeudi de Pâques

  • Méditation : La grande force des humbles

    « Autant qu'un chrétien humble se défie de lui-même, autant il se confie en Dieu ; moins il s'appuie sur lui-même, plus il s'appuie sur Dieu. Or il sait que rien n'est impossible à Dieu. Il sait que Dieu prend plaisir à faire éclater sa gloire dans notre infirmité, et que c'est aux plus petits, dès qu'ils ont recours à lui, qu'il communique sa grâce avec plus d'abondance. Muni de ces pensées, et comme revêtu du pouvoir tout-puissant de Dieu même, est-il rien désormais de si laborieux et de si pénible, rien de si sublime et de si grand, dont il craigne de se charger, et dont il désespère de venir à bout ? Que Dieu l'appelle, il n'hésitera pas plus que le prophète Isaïe à lui répondre, me voici, Seigneur, envoyez-moi (1). Que Dieu en effet l'envoie, il ira partout. Il se présentera devant les puissances du siècle, il entrera dans les cours des princes et des rois, il leur annoncera les ordres du Dieu vivant, et ne sera touché ni de l'éclat de leur pourpre, ni de leurs menaces, ni de leurs promesses. Il plantera, selon les expressions figurées de l’Écriture, et il arrachera ; il bâtira, et il détruira ; il amassera, et il dissipera.

    Quelle espèce de prodige, et quel admirable accord de deux choses aussi incompatibles, ce semble, que le sont tant de défiance d'une part, et de l’autre tant de confiance et de force ! Car, au milieu de tout cela, le même homme qui agit si délibérément et si courageusement ne perd rien de son humilité ; c'est-à-dire qu'il conserve toujours le souvenir de sa faiblesse ; qu'il se regarde toujours comme un serviteur inutile, comme un enfant ; qu'il dit toujours à Dieu, dans le même sentiment que Jérémie, Ah ! Seigneur, mon incapacité est telle que je ne puis pas même prononcer une parole (2). Non, il ne le peut de lui-même et par lui-même ; mais tandis qu'il en a fait la confession la plus affectueuse et la plus sincère, il n'oublie point d'ailleurs ce que lui apprend le Docteur des nations, qu'il peut tout en Celui qui le fortifie (3). De sorte qu'il ne balance pas un moment à se mettre en œuvre et à commencer, quel que soit l'ouvrage où la vocation de Dieu le destine. Qu'il y voie mille traverses à essuyer, et mille oppositions à vaincre ; que le succès lui paraisse, non seulement douteux, mais hors de vraisemblance, il espère contre l'espérance même. Ce n'est point par une témérité présomptueuse, puisque son espérance est fondée sur ce grand principe de saint Paul, que Dieu fait choix de ce qui paraît plein de folie selon le monde, pour confondre les sages ; qu'il choisit ce qui est faible devant le monde, pour confondre les forts ; et qu'il se sert enfin de ce qu'il y a de plus bas et de plus méprisable, même des choses qui ne sont point, pour détruire celles qui sont (4). »

    1. Is VI, 8. ; 2. Jr I, 6. ; 3. Ph IV, 13. ; 4. 1 Co I, 27-28.

    P. Louis Bourdaloue s.j. (1632-1704), in "Pensées du Père Bourdaloue de la Compagnie de Jésus, sur divers sujets de religion et de morale", Tome premier (Solide et véritable grandeur de l'humilité chrétienne), A Louvain, Chez Vanlinthout et Vandenzande, 1823.
    Texte intégral en ligne ici - Œuvres complètes à l'Abbaye Saint-Benoît.

    vocation-de-Saint-Pierre_1a.jpg

    Vocation de Saint Pierre et Saint André, James Tissot (1836-1902)