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  • Méditation : "Ave Crux, Spes unica..."

    « Pourquoi donc craignez-vous de porter la Croix, par laquelle on arrive au royaume du ciel ?

    Dans la Croix est le salut, dans la Croix la vie, dans la Croix la protection contre nos ennemis.

    C'est de la Croix que découlent les suavités célestes.

    Dans la Croix est la force de l'âme ; dans la Croix la joie de l'esprit, la consommation de la vertu, la perfection de la sainteté.

    Il n'y a de salut pour l'âme et d'espérance de vie éternelle, que dans la Croix.

    Prenez donc votre Croix et suivez Jésus, et vous parviendrez à l'éternelle félicité.

    Il vous a précédé portant sa Croix et il est mort pour vous sur la Croix afin que vous aussi vous portiez votre Croix, et que vous aspiriez à mourir sur la Croix.

    Car si vous mourez avec lui, vous vivrez aussi avec lui ; et si vous partagez ses souffrances, vous partagerez sa gloire.

    Ainsi tout est dans la Croix, et tout consiste à mourir. Il n'est point d'autre voie qui conduise à la vie et à la véritable paix du coeur que la voie de la Croix et d'une mortification continuelle.

    Allez où vous voudrez, cherchez tout ce que vous voudrez, vous ne trouverez pas au-dessus une voie plus élevée, au-dessous une voie plus sûre que la voie de la sainte Croix. »

    L'Imitation de Jésus-Christ, Livre II, ch. XII (2-3), Trad. Abbé Félicité de Lamennais.
    Texte intégral en ligne ici (à télécharger) et ici.

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  • Méditation : la ceinture de la Vérité

    « Le Malin qui anime l'esprit du monde est le roi de la contrefaçon. Il a fabriqué une ceinture en "sincérité"... Elle est très bien vue dans le monde d'aujourd'hui. Elle attire la sympathie, l'émotion, l'adhésion. Or, cette ceinture, sachez-le, c'est du toc. C'est du Skaï au lieu du cuir. Elle ne sert qu'à se donner bonne conscience mais nous rend incapable de soulever quoi que ce soit. Être sincère, ce n'est pas être vrai !
    Sincérité contre Vérité, surtout n'échangez pas !

    La Vérité est aussi desservie par le fallacieux prétexte que "toute vérité n'est pas bonne à dire". C'est vrai, mais loin d'être un argument pour y renoncer.
    On peut être parfaitement sincère et totalement dans l'erreur.
    Quelqu'un qui se promènerait auprès de la centrale de Tchernobyl, sans savoir que c'est un lieu hautement radioactif, et qui ferait une joyeuse cueillette de champignons en vue d'une bonne omelette, serait parfaitement sincère en offrant un bon repas à ses amis. La Vérité, c'est qu'il pourra, au mieux, lire dans son lit sans lampe de chevet, tant il diffusera une douce lumière verte ; au pire, se retrouver au centre de cancérologie pour y subir une batterie de tests.
    Il était sincère, mais la Vérité, c'est que le lieu ne devait pas être fréquenté.
    Peut-être n'avait-il pas vu les panneaux interdisant l'accès ? Etait-il passé outre ?

    [...]

    Il faut donc quitter la ceinture de la sincérité pour se ceindre de celle de la Vérité. Chercher à porter les deux, c'est s'affaiblir d'autant plus que l'ennemi fera tout pour que nous portions les deux !
    De manière ultime, le Malin tentera une dernière proposition : remplacer notre ceinture... par une paire de bretelles ! "Ayez la vérité pour bretelles, une vérité élastique qui s'adapte parfaitement à l'air ambiant. Elle a la vertu de plaire, d'être acceptée par tous, de faire le consensus..." Les bretelles de la vérité sont tout juste bonnes à tenir le pantalon des convenances, mais, en aucun cas, aptes à tenir solidement nos reins.

    [...]

    Ce choix de Vérité est essentiel. D'autant plus que la Vérité n'est pas pour nous une sagesse, un concept philosophique ou une vision spirituelle. Elle est le Christ lui-même. Le Christ, notre force. N'a-t-il pas dit : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jean 14, 6) ?

    Avoir la Vérité pour ceinture, c'est avoir le Christ comme soutien. »

    ALain Noël, Manuel de combat spirituel (La ceinture de la Vérité), Mame, Paris, 2014 (pp.87-90).

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  • Méditation : "Mets Seigneur une garde à ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres..."

    « La langue de l’homme a grand besoin d’être bien réglée et tenue en bride, parce que nous sommes tous fort enclins à parler à tout propos des choses qui flattent les sens. L’intempérance de langage vient le plus souvent d’un certain orgueil qui nous persuade que nous avons de grandes connaissances. Pleins d’admiration pour nos propres pensées, nous nous efforçons, à force de les redire, de les imprimer dans l’esprit des autres et de nous constituer leurs maîtres, comme s’ils avaient besoin de nos leçons... La loquacité est une source d’oisiveté, une marque d’ignorance, une folie, une porte ouverte à la médisance, une source de mensonges et un obstacle à la ferveur. L’affluence des paroles fortifie les passions mauvaises, et cette force qu’elle donne aux passions porte la langue à se livrer de plus en plus à l’indiscrétion du langage... Évitez le ton magistral et les éclats de voix. Cette manière de parler est fort désagréable et dénote beaucoup de suffisance et de présomption. Ne parlez jamais de vous, de vos actions... à moins que la nécessité ne vous y oblige ; et en ce cas, faites-le brièvement et avec beaucoup de retenue... Parlez le moins possible du prochain et des choses qui le concernent, si ce n’est pour en dire du bien quand l’occasion s’en présente. Parlez volontiers de Dieu et tout spécialement de son amour et de sa bonté pour nous, mais en cela même craignez de dépasser les bornes ; prenez plutôt plaisir à écouter ce que les autres disent à cet égard, et conservez leurs paroles dans le fond de votre cœur. Quant aux discours profanes, qu’ils s’arrêtent à vos oreilles et laissent votre pensée absorbée dans le Seigneur. Que s’il est nécessaire d’écouter celui qui parle pour le comprendre et être à même de lui répondre, ne laissez point pourtant d’élever de temps en temps un regard vers le Ciel où votre Dieu habite ; considérez sa majesté suprême, comme lui-même regarde votre bassesse. Pesez bien les choses qui vous viennent à l’esprit avant de les confier à la langue, et vous en trouverez beaucoup qu’il serait mieux de taire. Parmi les choses même qui vous sembleront bonnes à dire, plusieurs pourront avec avantage être passées sous silence... Le silence est une grande force dans le combat spirituel ; c’est le gage assuré de la victoire. Le silence est ami de celui qui se défie de lui-même et se confie en Dieu ; il conserve l’esprit d’oraison et nous aide merveilleusement dans l’exercice des vertus. Pour vous accoutumer à vous taire, considérez souvent les maux et les dangers qu’entraîne l’intempérance de langage, les avantages immenses que procure le silence. Excitez-vous à l’amour de cette vertu et, pour en acquérir l’habitude, taisez-vous durant quelque temps, alors même que vous auriez sujet de parler, pourvu toutefois que votre silence ne soit préjudiciable ni aux autres, ni à vous-même... »

    Lorenzo Scupoli, Le combat spirituel (chap. XXIV), Trad. R.P. Jean Brignon, Chez Durand, Paris, 1774.
    Texte intégral (Abbaye Saint-Benoît - format pdf).

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  • Méditation : les tentations de Jésus au désert

    « Notre-Seigneur a voulu particulièrement, dans sa tentation du Jourdain, nous enseigner l'art des combats spirituels et nous mériter la victoire. Il a voulu nous montrer le secret de la force, qui est l'amour. Voyez dans quelles conditions il s'avance au-devant des tentations : "Plenus spiritu sancto" (S. Luc) ; "ductus a spiritu" (S. Marc). Son Cœur est rempli de l'amour de son Père, c'est sa force. Remarquez ses réponses au démon, elles sont toutes tirées de l’Écriture, parce qu'il se nourrit de la parole.
    [...]
    Dans cet évangile, Notre-Seigneur ne nous donne pas seulement le secret de sa force qui est l'amour, mais il nous enseigne aussi les moyens pour entretenir et accroître cet amour : ces moyens sont la prière, la méditation de la sainte Écriture, la solitude, le jeûne. C'étaient là les occupations de Notre-Seigneur au désert ; c'est par là que son divin Cœur se préparait aux tentations qu'il avait résolu de subir pour notre instruction. Ce sont là les vertus que l’Église nous invite à pratiquer pendant le saint temps de carême, pour croître dans l'amour et dans la force et prendre une vie nouvelle à l'occasion des grands mystères de la Rédemption.
    Une âme dissipée et répandue au dehors, une âme distraite, une âme sensuelle peut-elle aimer fortement Notre-Seigneur ?
    Disciplinons notre volonté par la règle de la solitude et du silence, recueillons notre esprit dans la prière et la méditation, mortifions notre corps par le jeûne, et Notre-Seigneur viendra dans notre âme purifiée pour y allumer le feu de son amour. »

    P. L. Dehon, L'Année avec le Sacré-Cœur - Méditations pour tous les jours de l'année, Tome I (Le 1er dimanche de Carême), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. [1910].

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    La tentation dans le désert, par Briton Riviere (1898) - Guildhall Art Gallery, Londres

  • Audience générale de ce mercredi 29 juin 2014

    Ce matin durant l'audience générale Place St Pierre, le Pape François a poursuivi sa catéchèse consacrée aux sacrements, et en particulier sur le complément obligatoire du baptême qu'est la confirmation : "Avec l'Eucharistie, ces deux sacrements constituent un seul événement salvifique, l'initiation chrétienne au cours de laquelle nous sommes insérés en Jésus-Christ, mort et ressuscité, pour devenir de nouvelles créatures et des membres de l’Église. C'est pourquoi initialement ils se célébraient ensemble à la conclusion du parcours catéchuménal, durant la vigile de Pâques. Ce sacrement unique marquait la fin de la formation et l'insertion dans la communauté chrétienne. Ce délai pouvait durer plusieurs années. On s'approchait peu à peu du baptême, avant de parvenir à l'Eucharistie... C'est par le chrême que le baptisé est investi de la puissance de l'Esprit, conformé au Christ, qui est le seul véritable oint de Dieu. Le terme confirmation indique l'accroissement de la grâce du baptême. C'est la confirmation qui nous unit plus fortement au Christ et renforce notre appartenance à l’Église...notre capacité à diffuser et défendre la foi, à confesser le nom du Christ sans jamais avoir honte de sa croix... Il est donc important que les enfants reçoivent ce sacrement". Nous nous préoccupons toujours du baptême en négligeant souvent la confirmation, ce qui laisse le catéchumène à mi-chemin, sans le don de l'Esprit qui donne la force de poursuivre la vie chrétienne. "Il est donc important de bien préparer les confirmants, de les préparer à une adhésion personnelle à la foi et au sens d'appartenance à l’Église". La confirmation n'est pas plus œuvre humaine que les autres sacrements. Dieu seul "prend soin de notre vie en la formant à celle de son Fils, afin que nous puissions aimer comme lui. Il nous donne son Esprit, dont l'action couvre chaque personne et chaque existence, par le biais des sept dons traditionnels que sont la sagesse, l'intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu... Quand nous accueillons en nous l'Esprit et le laissons agir, le Christ en personne s'insère dans notre vie. En nous il priera et pardonnera, diffusera espérance et consolation, ainsi que le service des frères et la solidarité envers les humbles, la diffusion de la paix. Rappelons-nous d'avoir été confirmés, en remerciant le Seigneur de ce don. Demandons-lui de nous aider à vivre en vrais chrétiens, dans la joie de l'Esprit qui nous a été donnée".

    Parmi les saluts suivant la catéchèse, le Pape s'est adressé aux associations Carta di Roma et Casa Alessia qui assistent les nécessiteux et les réfugiés, qu'il a encouragé dans leur action. Et ensuite des familles d'ouvriers de Shelbox de Castelfiorentino (Italie), ayant récemment perdu leur emploi : "Je veux rappeler aux responsables qu'ils doivent faire tout leur possible que l'emploi soit au cœur des préoccupations, car travailler est la base de la dignité de la personne". Il a enfin salué les Fondations associées au Conseil national anti-usure (Italie), exprimant le vœu de voir intensifiée l'assistance aux victimes d'une plaie sociale qui viole la dignité humaine : "Il n'est pas chrétien, qu'une famille n'ait pas de quoi se nourrir, car elle doit rembourser un usurier. C'est inhumain !".

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 29.1.14)

  • Méditation : "A Jésus par Marie"

    L'auteur fait dire à Marie :

    « Multiplie les actes de foi. Multiplie-les non comme pour te suggestionner toi-même, mais pour faire pénétrer la vérité divine jusqu'au fond de ton âme et pour en bien saisir les conséquences pratiques.

    Aime ! Aime la vérité parce que Jésus l'a aimée ; aime-la parce qu'il ne l'a enseignée aux hommes que par amour.

    Aime surtout Jésus, et apprends à l'aimer de plus en plus. En l'aimant davantage, tu imiteras plus parfaitement, même sans y penser, toutes les dispositions de son âme.

    Viens à moi et j'unirai mon amour au tien, et ensemble nous aimerons Jésus d'un amour incomparablement fort et pur.

    Prie ! Prie Jésus d'aider ton incrédulité. Prie-le de faire passer en toi ses pensées, ses sentiments, ses volontés.

    Et prie-moi de te révéler Jésus et de te faire vivre de sa vie. »

    Emile Neubert, marianiste (1878-1967), Mon idéal, Jésus Fils de Marie (Publiroc, Marseille, 1933), cité in Jean-Louis Barré s.m., La mission de la Vierge Marie d'après les écrits d'Emile Neubert, Salvator, Paris, 2013.

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  • Méditation : la force du pardon

    « La nécessité du pardon est une question de cohérence. Cohérence si nous croyons aux exigences de l'amour "jusqu'au bout" ; l'amour jusqu'aux extrémités abyssales auxquelles l’Évangile nous entraîne. Cohérence aussi si nous voulons amorcer une vraie guérison. Pourquoi ? Parce que, sans aucun doute, la racine de toute guérison spirituelle se situe au cœur de la dignité de chaque être.
    [...]
    Pour passer du pardon impossible au pardon nécessaire, il faut faire l'éloge de la haine. Tout cela paraît curieux ou même incohérent car nous sommes trop habitués à des discours à l'eau de rose, mais les Évangiles (n'en déplaise aux redoutées "dames-caté") n'ont rien d'un traité de tolérance comme la mode syncrético-catholique aimerait pourtant nous le faire avaler. Jésus n'avait certainement pas la barbe coiffée, ni les mains jointes, la tête penchée et le regard illuminé. Ses paroles rapportées dans les quelques pages des Évangiles ne font l'impasse ni sur l'enfer, ni sur les malédictions ou le jugement dernier. Et s'il ne se montre pas foudroyant, exterminant d'un revers de la main tout le mal qui insulte son saint Nom, c'est parce que ce qu'il fait est plus terrible encore : il pardonne. "Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes" (1 Co 1, 25).
    Il nous envoie comme des "agneaux au milieu des loups" (Lc 10, 3) avec comme arme l'amour du prochain, et cela n'a rien d'une marguerite au bout du fusil. Il veut que nous pardonnions avec force, non pas comme des mollusques spirituels. Il veut que nous accablions de notre miséricorde ceux qui nous ont fait du tort, que nous les assiégions par amour, que nous les foudroyions par notre délicatesse. Le Bon Dieu veut des soldats de l'Amour, pas des danseuses de la tolérance. C'est l'unique état d'esprit qui permet l'ébauche d'un vrai pardon. »

    P. Matthieu Dauchez, Mendiants d'amour - A l'école des enfants de Manille, Artège, Perpignan, 2011.

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    Statue de la réconciliation, cathédrale de Coventry
    © Ben Sutherland (Source)

  • Méditation : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire"

    « La vie d'amour de Dieu réclame le concours de Dieu. Aussi, deux convictions doivent être fortement enracinées dans nos âmes : la conviction de notre impuissance, la conviction de la nécessité d'appeler Dieu à notre secours.
    Notre impuissance est radicale : "Sans moi, dit Notre-Seigneur, vous ne pouvez rien faire."
    Rien, dit saint Augustin, ce n'est pas un peu, si petit soit-il, c'est rien dans sa signification absolue. Or nous sommes aussi réfractaires à cette vérité, qu'aux mystères les plus profonds de l’Évangile. Aussi devons-nous produire souvent, presque sans cesse, des actes de foi à notre néant, à notre impuissance, à notre misère. Voilà pourquoi le bienheureux Jean Eudes nous invite à faire "une confession d'humilité". Seigneur Jésus-Christ, nous reconnaissons que nous ne sommes rien, que nous ne pouvons rien, que nous ne valons rien, que nous n'avons rien sinon le péché, que nous sommes des serviteurs inutiles ; que par nature nous sommes des enfants de colère, que nous sommes les derniers des hommes, que nous sommes les premiers des pécheurs. A nous donc appartient toute confusion et toute ignominie, et à vous, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
    L'humilité est la mère de la confiance, aussi la seconde conviction qui nous est imposée, c'est la nécessité absolue de recourir à Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Médiateur, notre Sauveur ; de nous retirer en Jésus-Christ comme dans notre paradis, où nous trouverons très abondamment tout ce qui nous manque, pour nous appuyer et nous confier en lui, comme en Celui qui nous a été donné par le Père éternel pour être notre rédemption, notre justice, notre vertu, notre sanctification, notre trésor, notre force et notre tout. (St Jean Eudes) »

    Abbé Granger, Chanoine honoraire de Bayeux, La vie d'amour de Dieu - Ier Traité (IV, I), Avignon, Aubanel Frères, 1921.

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  • Méditation : la véritable douceur

    « L'homme d'aujourd'hui reste stupéfait devant cette affirmation du Sauveur : Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre. On nous a tellement étourdis avec l'éloge de la force, on a tellement exalté le surhomme qui se réalise en écrasant les autres, nous avons assisté à de si scandaleuses victoires de la violence, et les sages ont trouvé pour les absoudre de si péremptoires raisons que le mot de Jésus, pour les hommes du XXe siècle, ressemble à un paradoxe naïf.
    [...] On ne sait pas ce qu'est la douceur. La douceur est d'abord l'intelligence exacte, juste appréciation de sa valeur, de sa place, de ses possibilités, et de ses droits. Elle est sagesse, alors que la violence, qui ignore ces limites, est sottise.
    La douceur est maîtrise de soi. L'instinct, bouffi d'orgueil, nous porte à dépasser nos limites en des manifestations dangereuses. Il faut mater l'instinct pour rester doux ; il faut beaucoup de force pour rester maître chez soi.
    La douceur est respect et charité ; respect de la personne humaine et charité envers les hommes. L'homme a une dignité éminente, la violence le traite comme une chose ; tout homme est notre frère, la violence le traite comme un ennemi malfaisant.
    La douceur nous préserve de la colère, qui est une vraie folie, de la précipitation qui est un aveuglement, des gestes excessifs qui sont ridicules, des paroles amères qui sont un poison. Mais la douceur n'est pas doucereuse ni douceâtre : les doucereux sont hypocrites, les douceâtres sont pleutres ; les doux sont clairs et forts.
    Jésus a dit : beati mites ; et il a dit aussi : discite a me quia mitis sum. Il est doux ; mais il n'est pas doucereux ni douceâtre. Ses paroles les plus tendres ont un support ferme, presque rugueux, et quand il parle d'amour, il dit ou il sous-entend que l'amour est d'abord sacrifice. La vie dans son royaume n'est pas une idylle enrubannée. Il est venu apporter la guerre contre la nature corrompue, le couteau pour couper les attaches avec le monde ; il nous invite à nous dépouiller, à porter la croix, à boire le calice de l'amertume... »

    J. Calvet, La trame des jours (Ch. III - Béatitudes), La Colombe, Coll. Le Rameau, Paris, 1955.

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  • Un mois avec Marie - Quinzième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    QUINZIÈME JOUR
    L’Éducation

    enfant en prièreMarie est la Mère parfaite, éclairée, tendre et forte à la fois. Regardons-la à Bethléem.

    Elle entoure l'Enfant divin de son amour, Elle lui prodigue ses soins, et avec quelle joie, quelle douceur ! Mais bientôt le saint vieillard Siméon plante le glaive dans son Cœur maternel...
    Elle pressent pour son cher « Premier-Né » les contradictions, les blasphèmes, la persécution...
    Auprès du berceau de Jésus flotte déjà une vision de mort... Une couronne sanglante s'esquisse autour de sa tête blonde…
    La Vierge adhère pleinement au plan de l’Éternel ; Elle accepte la part immense des douleurs qui la submergeront... Plus encore, s'élevant au-dessus de ses sentiments naturels, sa volonté perdue en celle du Père, Elle accepte, Elle veut avec Lui, la Passion de son Bien-Aimé.
    Il lui en coûte tout le sang de son Cœur, car sa tendresse est incommensurable ; mais le but est sublime... Elle sacrifie tout et se sacrifie elle-même pour l'Œuvre de la Rédemption.
    Au pied de la Croix, une nouvelle maternité s'offre à Marie. Son Cœur se dilate pour accueillir tous les humains.
    Toujours Mère parfaite : éclairée, tendre et forte à la fois, Elle ne les aimera point d'autre façon que son Jésus, car Elle ambitionne pour eux le plus beau, le meilleur.
    En chacun, Elle voudrait mouler un Saint. Pour cela - vu la déchéance originelle - il faut passer par l'épreuve, à sa suite et à celle du Sauveur. Elle le sait, Elle y consent pour nous, mais Elle accourt à notre premier appel pour nous secourir, nous aider.
    Éducatrice incomparable, lorsqu'Elle apparaît aux trois petits enfants de Fatima, Elle leur apprend à réprimer leurs défauts, Elle les exhorte aux sacrifices généreux, à l'acceptation de la souffrance. Elle les aime trop pour trahir leurs intérêts majeurs, aussi les élève-t-elle à une hauteur morale et spirituelle qui, devenue leur félicité et leur gloire, excite aujourd'hui notre admiration.
    Quelle leçon pour nous !
    Si nous avons charge d'âmes, prenons conscience de nos responsabilités.
    La Foi abreuvait nos pères de l'éternelle Vérité ; son affaiblissement ruine en nous l'esprit surnaturel. La matière, le temporaire nous subjuguent, ils captent notre attention, nos activités, s'emparent de la première place, et l'âme est sacrifiée.
    Combien d'enfants sont les victimes de ce dangereux renversement des valeurs !
    Certes, il convient de bien soigner ces chers petits, de les acheminer peu à peu vers une situation convenable. Cela est nécessaire, mais insuffisant.
    Le Baptême dépose en nos enfants un germe divin qui demande à être cultivé, développé par la répression des défauts naissants, le redressement des inclinations fâcheuses, la formation à la vertu. C'est la belle mission des parents. On ne peut l'accomplir sans parfois faire souffrir l'enfant. Souffrance salutaire, agent souvent indispensable de l'éducation et recommandé par l'Esprit-Saint.
    Trop nombreux, hélas ! sont parmi les chrétiens ceux qui, pour s'éviter une peine, car il en coûte, ou bien par une faiblesse coupable, une sensibilité cruelle, ont manqué de courage pour contrarier leurs enfants, les punir et les corriger à propos. Ils ont compromis leur bonheur ici-bas - car le joug des passions est le pire des tourments -, et peut-être aussi leur avenir éternel.
    A l'égard même de la société, ils ont failli à leur devoir, contribuant à entretenir et accroître en son sein la veulerie et la dépravation, dont nous subissons aujourd'hui les terribles conséquences.
    Il est temps de réagir.
    Parents chrétiens, regardez Marie, votre Modèle. Sachez vouloir à son exemple, pour les vôtres, en vue d'un bien supérieur, même l'épreuve et le juste châtiment.
    Veillez à la santé de vos enfants, entourez-les d'affection, mais aussi appliquez-vous sans faiblir, à leur donner un esprit juste, une volonté énergique, une âme loyale et généreuse, qui ne transige jamais avec le devoir quel qu'il soit et quoi qu'il lui en puisse coûter.

    PRIÈRE

    Très Saint Cœur de Marie, doux et fort à la fois, apprenez-nous à marcher vaillamment à votre suite, sans rien négliger de ce qui est pour nous le devoir. Aidez-nous à accomplir parfaitement la mission que le Seigneur a bien voulu nous confier.

    Bénie soit la très pure, très sainte et très immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
    (300 j. plénière une fois le mois.)

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Méditation : le pardon

    « Lorsque nous jugeons et accusons des gens,
    n'est-ce pas parce que nous sommes incapables
    d'accepter la vérité de nos propres failles
    et de nous pardonner à nous-mêmes ?
    Nous projetons sur d'autres ce que nous refusons de voir en nous.
    Nous accusons, jugeons et condamnons d'autres
    parce qu'inconsciemment nous nous jugeons nous-mêmes.
    Lorsque nous condamnons les autres, nous faisons notre propre procès.
    Nous avons tous du mal à accepter
    que nous sommes coupables d'avoir blessé d'autres
    et de nous être enfermés dans l'égoïsme.
    [...]

    Jésus nous appelle à regarder la vérité en face,
    sans juger ni condamner,
    et à accepter que nous sommes égoïstes, tournés sur nous-mêmes,
    incapables de partager et d'aimer vraiment.
    Il nous appelle à nous pardonner à nous-mêmes
    et à demander pardon
    pour toutes les blessures que nous avons infligées aux autres,
    pour tous les actes d'amour et de justice que nous avons omis de faire,
    pour toute notre indifférence envers ceux qui sont faibles et écrasés.
    Devenant conscients du pardon de Dieu,
    nous apprenons à pardonner aux autres.
    Entrant dans une communion nouvelle, plus profonde avec Dieu,
    nous découvrons notre identité profonde,
    et notre vrai moi commence à émerger.
    Nous commençons à aimer les autres comme Dieu les aime.
    Si Dieu nous pardonne,
    avec tout le désordre et la saleté qui sont en nous,
    nous pouvons à notre tour pardonner aux autres,
    avec tout le désordre et la saleté qui sont en eux.
    Les murs qui nous séparent des autres commencent à tomber.
    Mais pardonner est une vraie lutte.
    Des sentiments de colère et de vengeance
    peuvent continuer à nous habiter.
    Nous avons besoin d'une force nouvelle de Dieu
    pour arriver à pardonner
    et devenir des hommes et des femmes de paix.

    Tout l'évangile de Jésus est contenu dans ces mots du "Notre Père" :
           "Pardonne-nous nos offenses
           comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés."

    [...]

    Le pardon est au cœur de toute relation.
    Il est l'essence même de l'amour.
    Pardonner, c'est aimer les gens tels qu'ils sont
    et leur révéler leur beauté, cachée derrière les murs
    qu'ils ont construits autour de leurs cœurs.
    Le pardon est une force nouvelle qui vient de Dieu.
    Le pardon est la route vers la paix. »

    Jean Vanier, Entrer dans le mystère de Jésus - Une lecture de l’Évangile de Jean (ch.11, Le pardon), Éditions Salvator, Paris, 2013.

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  • Méditation - Prière : la Sainte Face

    « Toi qui as aimé les tiens
    comme jamais aucun homme n’a aimé sur cette terre,
    Tu nous as fait, en quittant la terre,
    la promesse consolante
    de rester avec nous jusqu’à la fin des temps.

    Maintenant Tu habites caché au milieu de nous.
    En tous temps et en tous lieux se déversent hors de ta tente
    consolation, lumière et force dans les âmes ici-bas
    qui se réfugient auprès de Toi.
    Elles regardent avec amour vers la petite hostie,
    image silencieuse de la pureté et de la paix.

    Pourtant, dans le cœur de ceux qui T’aiment,
    jamais ne se tait le désir ardent de Te voir en personne,
    Toi, le plus beau de tous les enfants des hommes,
    dans ta forme corporelle. (...)

    Et maintenant, en ces derniers temps,
    alors que la foi, l’espérance et l’amour ont disparu,
    Tu as découvert ta Sainte Face,
    la Face de celui qui souffrit sur la Croix
    et ferma les yeux dans le sommeil de la mort.

    Comme derrière un voile nous voyons la souffrance
    dans ces traits saints, sublimes.
    Cette souffrance - dépassant toute mesure humaine -
    est si grande que nous ne pouvons
    ni la saisir ni la pénétrer.
    Pourtant Tu souffris silencieux
    et en Toi était une force qui maîtrisait l’excès de la souffrance.
    Tu étais son Seigneur lorsque Tu Te livrais à elle.
    Une paix insondable et profonde coule de ces traits et dit :
    Tout est accompli.

    Sur celui à qui Tu T’unis éternellement
    Tu jettes le mystérieux voile :
    il supporte avec Toi Ta souffrance et souffre comme Toi,
    caché, silencieux et profondément en paix. »

    Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein, 1891-1942).

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  • Méditation - Prière : pardon et réparation

    « Ô Jésus, mon Sauveur et mon Rédempteur, Fils du Dieu vivant, prosternés à vos pieds, nous implorons votre pardon et nous vous offrons réparation pour tous les blasphèmes proférés contre votre saint Nom, pour tous les outrages qui vous sont infligés dans le très saint sacrement de l'autel, pour toutes les irrévérences commises envers votre très sainte et immaculée Mère, pour toutes les calomnies et injures dont souffre votre Epouse, la sainte Eglise catholique. - Ô Jésus, qui avez dit : "Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, je le ferai", nous vous prions instamment pour nos frères dont le salut est en danger, afin que vous les préserviez des pièges qui les conduiraient à apostasier la foi véritable. Sauvez ceux qui sont déjà sur les bords de l'abîme ; donnez à tous la lumière pour connaître la vérité, la force et le courage pour lutter contre le mal, la persévérance dans la foi et dans une active charité. Ô très bon Jésus, c'est en votre nom que nous le demandons à Dieu, votre Père, avec qui, dans l'unité du Saint-Esprit, vous régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

    Prière indulgenciée par Léon XIII, 15 février (27 octobre) 1902, 13 mai 1903. - Acta S. Sedis, XXXV, 702.

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  • Méditation : avis spirituels

    « Ne dis pas : cette personne me pèse. - Pense : cette personne me sanctifie. (174)

    Tout ce qui ne te porte pas vers Dieu est un obstacle. Arrache-le et jette-le au loin. (189)

    Triomphe chaque jour de toi-même dès le réveil, en te levant ponctuellement, à heure fixe, sans concéder une minute à la paresse.
    Si, avec l'aide de Dieu, tu te vaincs, tu auras pris beaucoup d'avance pour le reste de la journée.
    Il est si démoralisant de se sentir battu à la première escarmouche ! (191)

    Ne sois pas mou, indolent. - Il est temps que tu repousses cette étrange pitié que tu éprouves pour toi-même. (193)

    "Passez un bon après-midi", nous a-t-on dit comme d'habitude. Réflexion d'une âme pénétrée de Dieu : "Que ce souhait est donc court !" (228)

    Habitue-toi à élever ton coeur vers Dieu en action de grâces, et souvent dans la journée. - Parce qu'Il te donne ceci ou cela. - Parce qu'on t'a humilié. - Parce que tu ne possèdes pas ce dont tu as besoin, ou parce que tu le possèdes.
    Parce que sa Mère, qui est aussi ta Mère, Il l'a voulue si belle. - Parce qu'Il a créé le soleil et la lune, et cet animal et cette plante. - Parce qu'Il a donné à celui-ci d'être éloquent et à toi de bredouiller...
    Remercie-Le de tout, parce que tout est bon. (268) »

    St Josemaría Escrivá de Balaguer (fêté ce jour), Chemin, S.E.P.A.L., Paris, 1957-1966.action-de-grace-a.gif

  • Méditation : "ne nous laissez pas succomber à la tentation..."

    « Je vous confesserai, Seigneur, mon infirmité. Souvent un rien m'abat et me jette dans la tristesse. Je me propose d'agir avec force ; mais, à la moindre tentation qui survient, je tombe dans une grande angoisse. Souvent c'est la plus petite chose et la plus méprisable qui me cause une violente tentation. Et quand je ne sens rien en moi-même, et que je me crois un peu en sûreté, je me trouve quelquefois presque abattu par un léger souffle.
    Voyez donc, Seigneur, mon impuissance et ma fragilité, que tout manifeste à vos yeux. Ayez pitié de moi, "et retirez-moi de la boue de crainte que je n'y demeure à jamais enfoncé" (Ps LXVIII, 15). Ce qui souvent fait ma peine et ma confusion devant vous, c'est de tomber si aisément, et d'être si faible contre mes passions. Bien qu'elles ne parviennent pas à m'arracher un plein consentement, leurs sollicitations me fatiguent et me pèsent, et ce m'est un grand ennui de vivre toujours ainsi en guerre. Je connais surtout en ceci mon infirmité : que les plus horribles imaginations s'emparent de mon esprit, bien plus facilement qu'elles n'en sortent.
    Puissant Dieu d'Israël, défenseur des âmes fidèles, daignez jeter un regard sur votre serviteur affligé et dans le travail, et soyez près de lui pour l'aider en tout ce qu'il entreprendra. Remplissez-moi d'une force toute céleste, de peur que le vieil homme, et cette chair de péché qui n'est pas encore entièrement soumise à l'esprit, ne prévale et ne domine. »

    Imitation de Jésus-Christ, L. III, ch. XX.

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    La tentation de Saint Antoine par Jérome Bosch, 1506 (panneau central)
    Musée national, Lisbonne

  • Méditation - Prière : élan du coeur vers Jésus

    « Qu'à toute heure, ô mon Jésus, mon âme prenne son envol vers vous ; que ma vie ne soit qu'un acte d'amour, qu'un chant d'amour et de reconnaissance ! Toute action qui ne vous honore et ne vous glorifie pas, faites-moi bien sentir qu'elle n'est rien devant vous.
    Que ma piété ne soit pas une habitude, mais un profond élan du coeur, un chant intime et discret.
    Ô Jésus, mes délices et ma vie, donnez-moi d'être sans recherche dans mon humilité, sans excès dans mes joies, sans abattement dans mes tristesses, sans découragement dans mes douleurs, sans exagération dans mes mortifications. Donnez-moi de parler sans détour, d'agir sans faiblesse, d'espérer sans présomption, de me garder toujours humble, pure et sans tache, de répondre sans colère, d'aimer sans faux-semblant, d'édifier sans rougir, d'obéir sans réplique, de souffrir sans murmure.
    Bonté Suprême, ô Jésus, je vous demande un coeur avide, épris de vous, qu'aucun obstacle, aucune souffrance ne puisse ni effrayer ni arrêter, qu'aucun bruit ne puisse distraire ; un coeur fidèle, généreux, aimant, qui ne chancelle, qui ne se relâche jamais ; un coeur fort, toujours prêt à lutter après chaque tempête ; un coeur chaste jamais séduit, jamais esclave, jamais partagé ; un coeur droit qu'on ne trouve jamais dans les voies du péché. »

    Marthe Robin, Journal (8 mars 1930), Editions Foyer de Charité, Châteauneuf-de-Galaure, 2013.

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    « Prenons la résolution de profiter du temps de la vie qu'on compare à un fluide qui s'écoule, à une fumée que le moindre souffle dissipe, à un éclair qui sillonne la nuée et disparaît, et cependant il faut que ce peu de temps soit bien employé. Pour arriver à bien employer tous nos moments, il faut tout faire par amour, en union avec le Coeur de Jésus, et repousser les préoccupations inutiles. »

    Bx Marie-Joseph Cassant (1878-1903, fêté ce jour), Lettre n°64 à ses parents, 23 déc. 1902, Correspondance, Bellefontaine, 2006.

  • Méditation : adoration...

    « ADORO TE… Je vous adore…
    Je vous adore, ô Dieu caché, Dieu de l'Eucharistie, Eucharistie, Action de grâces vivante au Père des cieux !
    Je vous adore, Mystère de foi, où sombrent mes pensées, en présence du secret impénétrable de votre sagesse ; Lumière qui éblouissez mon âme, quand vous daignez descendre en elle, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu !...
    Je vous adore ravi, et je me tais. Puis-je mieux faire à cette heure où votre mystère règne en moi ?
    L'adoration, on l'a définie : l'extase de l'amour. « C'est l'amour, écrasé par la beauté, la force, la grandeur immense de l'objet aimé ; il tombe dans une sorte de défaillance, dans un silence profond, plein ; ce silence dont parlait David, lorsqu'il s'écriait : Le silence est ta louange ! » (1)
    Je vous adore, ici, écrasé, anéanti devant Vous, tant m'émeuvent votre Beauté, ô Eucharistie, votre Force et votre Grandeur immenses, choses sacro-saintes qui m'obligent à me taire, à adorer…
    Je vous adore, ô Vous, Beauté suprême, Seigneur Jésus-Christ, reflet indescriptible, éternel, substantiel, de la splendeur du Père qui vous engendre, ô Verbe !
    Je vous adore Force du Tout-Puissant, Tout-Puissant Vous-même, par qui toutes choses ont été faites (2), subsistent et seront à jamais, Art divin des créations sans nombre qui proclament votre puissance !...
    Je vous adore, Grandeur immense, émanée de l'Immensité qu'est Dieu, Immensité Vous-même dans laquelle vous communiez au Père immense, à l'Esprit-Saint immense, dans l'Unité de l'Immensité trine ! Adoro te... »

    Dom Eugène Vandeur (1875-1967), Adoro Te - Elévations, Monastère Notre-Dame/Société liturgique, Ermeton-sur-Biert/Paris, 1939.

    (1) : D. Vandeur, Elévations sur la Prière de Sainte Elisabeth de la Trinité. O mon Dieu, Trinité que j'adore.
    (2) : Credo de la Messe.

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    Adoration du Saint Sacrement à Montmartre, Paris

  • Méditation : importance de la prière

    « La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète. Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action. La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable...

    Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes. Une attitude authentiquement religieuse évite que l’homme s’érige en juge de Dieu, l’accusant de permettre la misère sans éprouver de la compassion pour ses créatures. Mais celui qui prétend lutter contre Dieu en s’appuyant sur l’intérêt de l’homme, sur qui pourra-t-il compter quand l’action humaine se montrera impuissante ? »

    Benoît XVI, Encyclique "Deus caritas est" (36-37), 25 décembre 2005.

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  • Méditation : le Christ toujours présent

    « Vous souvenez-vous de cette belle page où Jésus dit à son Père "qu'Il lui a donné puissance sur toute chair afin qu'Il lui communique la vie éternelle" ? Voilà ce qu'Il veut faire en vous : à toute minute Il veut que vous sortiez de vous, que vous quittiez toute préoccupation, pour vous retirer en cette solitude qu'Il se choisit au fond de votre coeur. Lui, Il est toujours là, encore que vous ne le sentiez pas ; Il vous attend et veut établir avec vous "un admirable commerce", comme nous le chantons dans la belle liturgie, une intimité d'Epoux et d'épouse ; vos infirmités, vos fautes, tout ce qui vous trouble, c'est Lui, par ce contact continuel, qui veut vous en délivrer. N'a-t-Il pas dit : "Je ne suis pas venu pour juger, mais pour sauver." Rien ne doit vous paraître un obstacle pour aller à Lui. Ne tenez pas trop compte si vous êtes enflammée ou découragée ; c'est la loi de l'exil de passer ainsi d'un état à l'autre. Croyez alors que, Lui, Il ne change jamais, qu'en sa bonté Il est toujours penché sur vous pour vous emporter et vous établir en Lui. Si, malgré tout, le vide, la tristesse vous accablent, unissez cette agonie à celle du Maître au jardin des Olives, alors qu'Il disait au Père : "S'il est possible, faites que ce calice s'éloigne de moi."... Je vais vous donner mon "secret" : pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le temple ; c'est saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit l'âme s'habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu'elle porte en elle un petit Ciel où le Dieu d'amour a fixé son séjour. Alors c'est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire, je dirais même qu'il n'y a plus que son corps sur la terre, mais que son âme habite au-delà des nuages et des voiles, en Celui qui est l'Immuable. Ne vous dites pas que ce n'est pas pour vous, que vous êtes trop misérable, car c'est au contraire une raison de plus pour aller à Celui qui sauve. Ce n'est pas en regardant cette misère que nous serons purifiés, mais en regardant Celui qui est toute pureté et sainteté. Saint Paul dit qu'"Il nous a prédestinés pour être conformes à son image". Aux heures qui sont plus douloureuses, pensez que le divin artiste, pour rendre son oeuvre plus belle, se sert de ciseau, et demeurez en paix sous la main qui vous travaille. Ce grand apôtre dont je vous parle, après avoir été ravi au troisième Ciel, sentait son infirmité et il s'en plaignait à Dieu qui lui répondit : "Ma grâce te suffit, car la force se perfectionne dans la faiblesse." Voilà, n'est-ce pas, qui est bien consolant ?... »

    Bse Elisabeth de la Trinité, Lettre à madame Angles [L249 - novembre 1905], in "Oeuvres complètes", Cerf, Paris, 1991.

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  • Vigile pascale à la Basilique Saint-Pierre de Rome : Homélie du Pape François

    « Chers frères et sœurs,
    Dans l’Evangile de cette nuit lumineuse de la Vigile pascale, nous rencontrons en premier les femmes qui se rendent au tombeau de Jésus avec les aromates pour oindre son corps (cf. Lc 24,1-3). Elles viennent pour accomplir un geste de compassion, d’affection, d’amour, un geste traditionnel envers une personne chère défunte, comme nous le faisons nous aussi. Elles avaient suivi Jésus, l’avaient écouté, s’étaient senties comprises dans leur dignité et l’avaient accompagné jusqu’à la fin, sur le Calvaire, et au moment de la déposition de la Croix. Nous pouvons imaginer leurs sentiments tandis qu’elles vont au tombeau : une certaine tristesse, le chagrin parce que Jésus les avait quittées, il était mort, son histoire était terminée. Maintenant on revenait à la vie d’avant. Cependant dans les femmes persistait l’amour, et c’est l’amour envers Jésus qui les avait poussées à se rendre au tombeau.

    Mais à ce point il se passe quelque chose de totalement inattendu, de nouveau, qui bouleverse leur cœur et leurs programmes et bouleversera leur vie : elles voient la pierre enlevée du tombeau, elles s’approchent, et ne trouvent pas le corps du Seigneur. C’est un fait qui les laisse hésitantes, perplexes, pleines de questions : « Que s’est-il passé ? », « Quel sens tout cela a-t-il ? » (cf. Lc 24,4). Cela ne nous arrive-t-il pas peut-être aussi à nous quand quelque chose de vraiment nouveau arrive dans la succession quotidienne des faits ? Nous nous arrêtons, nous ne comprenons pas, nous ne savons pas comment l’affronter. La nouveauté souvent nous fait peur, aussi la nouveauté que Dieu nous apporte, la nouveauté que Dieu nous demande. Nous sommes comme les Apôtres de l’Évangile : nous préférons souvent garder nos sécurités, nous arrêter sur une tombe, à la pensée pour un défunt, qui à la fin vit seulement dans le souvenir de l’histoire comme les grand personnages du passé. Nous avons peur des surprises de Dieu ; nous avons peur des surprises de Dieu ! Il nous surprend toujours !

    Frères et sœurs, ne nous fermons pas à la nouveauté que Dieu veut porter dans notre vie ! Ne sommes-nous pas souvent fatigués, déçus, tristes, ne sentons-nous pas le poids de nos péchés, ne pensons-nous pas que nous n’y arriverons pas ? Ne nous fermons pas sur nous-mêmes, ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais : il n’y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n’y a aucun péché qu’Il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à Lui.
    Mais revenons à l’Evangile, aux femmes et faisons un pas en avant. Elles trouvent la tombe vide, le corps de Jésus n’y est pas, quelque chose de nouveau est arrivé, mais tout cela ne dit encore rien de clair : cela suscite des interrogations, laisse perplexes, sans offrir une réponse. Et voici deux hommes en vêtement éclatant, qui disent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24,5-6). Ce qui était un simple geste, un fait, accompli bien sûr par amour – le fait de se rendre au tombeau – maintenant se transforme en évènement, en un fait qui change vraiment la vie. Rien ne reste plus comme avant, non seulement dans la vie de ces femmes, mais aussi dans notre vie et dans l’histoire de l’humanité.

    Jésus n’est pas mort, il est ressuscité, il est le Vivant ! Il n’est pas seulement revenu à la vie, mais il est la Vie même, parce qu’il est le Fils de Dieu, qu’il est le Vivant (cf. Nb 14, 21-28, Dt 5,26, Jon 3,10) Jésus n’est plus dans le passé, mais il vit dans le présent et est projeté vers l’avenir, il est l’«aujourd’hui» éternel de Dieu. Ainsi la nouveauté de Dieu se présente aux yeux des femmes, des disciples, de nous tous : la victoire sur le péché, sur le mal, sur la mort, sur tout ce qui opprime la vie et lui donne un visage moins humain. Et c’est un message adressé à moi, à toi, chère sœur et cher frère. Combien de fois avons-nous besoin que l’Amour nous dise : pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Les problèmes, les préoccupations de tous les jours tendent à nous faire replier sur nous-mêmes, dans la tristesse, dans l’amertume… et là se trouve la mort. Ne cherchons pas là Celui qui est vivant !

    Accepte alors que Jésus Ressuscité entre dans ta vie, accueille-le comme ami, avec confiance : Lui est la vie ! Si jusqu’à présent tu as été loin de Lui, fais un petit pas : Il t’accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer : tu ne seras pas déçu. S’il te semble difficile de le suivre, n’aies pas peur, fais-Lui confiance, sois sûr que Lui, Il t’est proche, Il est avec toi et te donnera la paix que tu cherches et la force pour vivre comme Lui le veut.
    Il y a un dernier élément simple de l’Evangile de cette lumineuse Vigile pascale que je voudrais souligner. Les femmes rencontrent la nouveauté de Dieu : Jésus est ressuscité, il est le Vivant !

    Mais devant le tombeau vide et les deux hommes en vêtement éclatant, leur première réaction est une réaction de crainte : « elles baissaient le visage vers le sol » - note saint Luc -, elles n’avaient pas non plus le courage de regarder. Mais quand elles entendent l’annonce de la Résurrection, elles l’accueillent avec foi. Et les deux hommes en vêtement éclatant introduisent un verbe fondamental : « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée… Et elles se rappelèrent ses paroles » (Lc 24,6.8). C’est l’invitation à faire mémoire de la rencontre avec Jésus, de ses paroles, de ses gestes, de sa vie ; et c’est vraiment le fait de se souvenir avec amour de l’expérience avec le Maître qui conduit les femmes à dépasser toute peur et à porter l’annonce de la Résurrection aux Apôtres et à tous les autres (cf. Lc 24,9). Faire mémoire de ce que Dieu a fait et fait pour moi, pour nous, faire mémoire du chemin parcouru ; et cela ouvre le cœur à l’espérance pour l’avenir. Apprenons à faire mémoire de ce que Dieu a fait dans notre vie.
    En cette Nuit de lumière, invoquant l’intercession de la Vierge Marie, qui gardait chaque évènement dans son cœur (cf. Lc 2, 19.51), demandons que le Seigneur nous rende participants de sa Résurrection : qu’il nous ouvre à sa nouveauté qui transforme, aux surprises de Dieu ; qu’Il fasse de nous des hommes et des femmes capables de faire mémoire de ce qu’Il accomplit dans notre histoire personnelle et dans celle du monde ; qu’Il nous rende capables de le sentir comme le Vivant, vivant et agissant au milieu de nous ; qu’Il nous enseigne chaque jour à ne pas chercher parmi les morts Celui qui est vivant. Amen. »

    Source : Radio Vatican.