Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

grâce - Page 2

  • Méditation - « Celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien : Dieu seul compte, lui qui fait croître. » (1 Co 3, 7)

    « Il semble que les âmes empressées à la quête de leur perfection aient mis en oubli, ou qu’elles ne sachent pas ce que dit Jérémie (1) : O pauvre homme, que fais-tu de te confier en ton travail et en ton industrie ? Ne sais-tu pas que c’est à toi voirement de bien cultiver la terre, de la labourer et ensemencer, mais que c’est à Dieu de donner l’accroissement aux plantes, et faire que tu aies une bonne récolte et la pluie favorable à tes terres ensemencées ? Tu peux bien arroser, mais pourtant cela ne te servirait de rien si Dieu ne bénissait ton travail et ne te donnait, par sa pure grâce et non par tes sueurs, une bonne récolte : dépends donc entièrement de sa divine bonté. Il est vrai, c’est à nous de bien cultiver, mais c’est à Dieu de faire que notre travail soit suivi d’un bon succès. [...] De nous-mêmes nous ne pouvons rien sans la grâce de Dieu, en laquelle nous devons mettre toute notre confiance, n’attendant rien de nous-mêmes. Ne nous empressons point en notre besogne, je vous prie ; car pour la bien faire il faut nous appliquer soigneusement, mais tranquillement et paisiblement, sans mettre notre confiance en elle, mais en Dieu et en sa grâce. Ces anxiétés d’esprit que nous avons pour avancer notre perfection et pour voir si nous avançons, ne sont nullement agréables à Dieu, et ne servent qu’à satisfaire l’amour-propre, qui est un grand tracasseur qui ne cesse jamais d’embrasser beaucoup, bien qu’il ne fasse guère. Une bonne œuvre bien faite avec tranquillité d’esprit vaut mieux que plusieurs faites avec empressement. »

    (1) Ch. V, 24, IX, 23, XII, 13.

    St François de Sales (1567-1622), extrait du 7e Entretien spirituel (Septième Entretien : Prédication des lois que Monseigneur nous a donnée en l'Octave des Rois (De trois lois spirituelles), d’après les Anciens Manuscrits publiés par la Visitation d’Annecy).
    Texte intégral des Entretiens.

    François de Sales,confiance,Dieu,paix,empressement,travail,perfection,accroissement,grâce,bonté,amour-propre

  • Méditation - Faisons place nette en nous

    « Vous avez accumulé un certain nombre d'erreurs et de sottises, qu'est-ce que ça fait ? Au moins, elles sont bien à vous et de vous : vous ne pouvez pas vous y tromper. Que cela ne vous donne aucune amertume. Vous y pourriez trouver au contraire une source de joie. Car, si vous regardez attentivement, vous vous apercevez que le bien que vous faites n'est pas de vous : cela se sent à une certaine qualité particulière de la joie qu'on en éprouve. Alors, il n'y a pas moyen d'être tristes de nos insuffisances et de nos fautes, ou plutôt, si nous nous en attristons parce qu'elles déplaisent à Dieu (ce qui est la seule tristesse féconde), nous pouvons toujours tourner cette tristesse en joie, parce qu'il est toujours excellent de savoir qu'on n'est rien par soi-même, qu'on est absolument pauvre et dénué, tant qu'on n'a pas fait la place nette pour que Dieu s'y installe. On n'a jamais rien à offrir à Dieu que ce que Lui-même nous a donné. Quand on a mesuré son propre néant, on commence alors d'apercevoir dans une lumière éclatante ce qui est en dehors de nous, c'est-à-dire ce devoir quotidien, simple et familier, par quoi se manifeste la volonté de Dieu sur nous. Quand on a aperçu cela, comme il devient beau et agréable !

    [...] N'attendez pas d'être au déclin de votre vie, qui opérera malgré vous ce dépouillement nécessaire, pour comprendre qu'on n'est véritablement soi-même que lorsqu'on s'est fait docile à la Grâce. Voyez-vous donc dans votre pauvreté, sans crainte et sans amertume, et faites la place nette en vous. L'humilité vous fera apercevoir l'action de la Grâce en vous, cette action qui échappe, hélas ! à la plupart des hommes, et par laquelle seule se réalise le bien dont nous contenons la possibilité. Ne redoutez pas de vous priver de quelque chose de la vie. C'est la vie au contraire que vous vous donnez. »

    André Charlier (1895-1971), Lettres au capitaines (Extrait de la Lettre d'Avril 1949), Éditions Sainte-Madeleine, 1990 (3e édition).

    andré charlier,lettre,capitaines,erreurs,pauvreté,néant,dépouillement,docilité,grâce,dons,dieu,humilité,bien,richesse,vie

  • Méditation - Prière pour la fin du jour...

    « Quand le soir tombe et que la fin d'un jour, en s'annonçant, me fait songer à la fin des choses, comme j'ai besoin de vous prier de me garder cette vie qui ne passe pas :

    « Écoutez, au moment où les ténèbres de la nuit s'approchent, nos prières qu'accompagnent nos larmes. Ne permettez pas que notre âme, appesantie par le poids du péché, se détourne des choses éternelles et qu'elle quitte cette patrie intérieure où l'on vous connaît, où l'on vous aime. »

    Le péché vous chasse, il fait la nuit, il remplace la lumière, qui vous montre à moi dans votre splendeur radieuse d'être infini, par la clarté inférieure et douteuse qui m'égare vers la créature. Il ne me permet plus de discerner nettement ce qui est vérité et mensonge, vrai bien et faux bien. Écartez de moi ces ténèbres. Faites au contraire que le soir de ma vie soit de plus en plus cette fin apaisée des longues journées d'été, où les nuages ont pu s'amonceler, le tonnerre gronder, le soleil darder un rayon trop dur, mais qui s'achève dans le calme recueilli et confiant où s'annonce un beau lendemain.

    Donnez-moi cela, ô Vous pour qui il n'y a ni orage ni nuage menaçant, ni rayon qui brûle, ni tempête qui dévaste, ni jour qui finit. Donnez-moi de vous connaître et de vous aimer comme vous vous connaissez et vous vous aimez ; donnez-moi votre vie éternelle. Vivez en moi, ô Père, dans mon âme que l'effort quotidien, soutenu par votre grâce, fera de plus en plus limpide ; engendrez comme dans un pur miroir votre Image qui est votre Fils ; gravez en moi vos traits ou mieux faites que je fasse cela, que bien souvent ma pensée aimante se retourne vers Vous. Donnez-moi de vous reconnaître, de vous adorer, de vous bénir en tout ce que vous voulez, en tout ce que vous faites. Donnez-moi votre Esprit qui ainsi vous reconnaît, vous adore et vous aime. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Écrits spirituels Tome II (Liturgie d'Âme, Harmonie divine), Roma, Benedettine di Pricilla, 1967.

    Augustin Guillerand,prière,prier,adorer,soir,ténèbres,nuit,péché,lumière,vérité,mensonge,effort,grâce,vie éternelle

    (Crédit photo : ©2015-2016 darkness-claws)

  • Méditation - Une prière selon Dieu...

    « La prière dans son essence n'est pas une affaire de formule. C'est un mouvement de l'âme et non pas un mouvement des lèvres. Sans doute il y a des formules qui incarnent mieux ce mouvement profond et vrai de l'âme vers Dieu, et ces formules aident beaucoup à la prière... Mais enfin la prière, l'esprit de prière, c'est l'élan vers Dieu, c'est le retour vers Dieu, c'est l'entretien avec Dieu, c'est la vie avec Dieu. Et c'est là ce dont Notre-Seigneur a dit qu'il fallait que cela dure toujours et que cela ne cesse jamais (1). Votre corps peut-il cesser de respirer ? pourquoi votre âme cesse-t-elle de prier ? Cesser de prier pour l'âme, c'est comme pour le corps cesser de respirer, c'est l'étouffement et la mort... Le corps, qui a une puissante respiration, a une vie puissante ; l'âme aussi. Mais comment arriver à donner à l'âme cette puissance de respiration divine, qui s'appelle l'esprit de prière ?

    Vous y arriverez avant tout sous l'inspiration et la direction de l'Esprit-Saint. Car il vient au secours de votre faiblesse. Par vous-même, vous ne savez pas ce que vous devez demander à Dieu, pour prier comme il faut. Mais l'Esprit divin vient en vous former des gémissements ineffables, qui sont la vraie prière. Et Celui qui pénètre le fond des cœurs, comprend les désirs inspirés par son Esprit, parce que son Esprit forme dans les Saints une prière selon Dieu (2). Et comment le Saint-Esprit forme-t-il la prière dans le cœur des Saints ? Par tous les détails de l'action divine qui porte la grâce... Soyez donc soumis à cette action de l'Esprit de Dieu, et vous pourrez devenir, non seulement une âme de prière, dans le sens ordinaire de ce mot, mais une âme d'oraison. »

    1. Lc XVIII, 1 - 2. Rom. VIII, 26-27.

    Mgr André Saint-Clair (1859-1936), Soyez chrétien !! Dédié au jeune homme qui veut être quelqu'un et faire quelque chose (Quatrième Partie, chap. III), Turnhout (Belgique), Établissements Brepols S.A., 1925 (1e éd. 1895).
    (Cf. autre méditation de cet auteur au mercredi 30 août 2017)

    cromie-autunnali_1a.jpg

    Maurizio Fecchio, Cromie autunnali
    Copyright © Maurizio51 Rewinds 2011
    Tous droits réservés - Reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur

  • Méditation - Avons-nous assez confiance en Dieu ?

    « Le Père Libermann disait qu'une des choses qui paralysent le plus les croyants et les empêchent d'avancer, c'est leur manque de confiance... Ils paraissent manquer de générosité, mais ils manquent surtout de confiance, car ils s'appuient beaucoup sur eux et un peu sur Dieu, au lieu de faire des actes de foi...
    Voilà ce que Dieu demande à ceux qui ont tout donné : la confiance. L'amour, la générosité, les œuvres, Dieu te les donnera en prime, et même la foi ; mais la foi, comme l'espérance et la charité, a ce privilège que, non seulement Dieu te la donne, mais que tu peux, en réponse, donner à Dieu ta confiance. Comme Abraham, tu peux donner à Dieu « un chèque en blanc ». Ne va pas ennuyer ton père spirituel avec d'autres combats que celui-là, car son devoir est de te ramener à la foi et, tant qu'il ne sent pas que tu as donné à Dieu toute ta confiance, il ne doit pas te permettre de poser les autres problèmes. Sinon, tu serais comme saint Pierre qui croit marcher sur les eaux parce qu'il fait beau. Le jour où tu seras dans la tempête, ne regarde pas tes pieds, ni la mer déchaînée, mais fixe les yeux uniquement sur Jésus en criant au secours. « Tu n'as encore rien demandé en mon nom, car tu n'as pas confiance. »

    Maintenant, si tu as peur, sache que cela peut aboutir à t'enfoncer dans la confiance. Si j'ose dire, c'est ta planche de salut ! Mais il faut éviter de fuir cette peur ou de te rassurer à bon compte. Le plus simple est de tomber au fond de ta peur et de dire à Dieu : « Aie pitié de moi, car je ne vois pas comment en sortir ! » Ne rate pas cette grâce si tu as peur ; je connais des êtres qui sont parvenus à la prière continuelle en se laissant tomber au fond de leur abîme de peur. Cesse de te défendre contre tes peurs, aie le courage d'avoir peur encore plus profondément, et tu trouveras Dieu dans cette profondeur. Dans un premier temps, tu passeras un mauvais quart d'heure, mais tu apprendras à supplier et ce sera ta libération. Tu ne te laisseras plus tromper par les faux problèmes de l'existence, mais tu mettras l'accent sur le vrai combat de la vie qui te donnera la victoire de la foi. »

    Jean Lafrance (1931-1991), Vous quand vous priez, dites : « Père... » (48), Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1981.

    st-pierre_marche-eau_2a.jpg

    Ivan Aivazovsky (1817-1900), La marche sur l'eau
    (Crédit photo)

  • Méditation - Effets merveilleux de la vocation des mages

    « Les mages, avant l'apparition de l'étoile, vivaient dans les ténèbres de la gentilité, et probablement leur vie laissait bien à désirer. Mais sitôt qu'ils ont vu l'étoile et entendu la grâce qui les appelle, ils se convertissent, quittent tout pour être entièrement à Jésus-Christ, et se livrent à la grâce pour la suivre avec simplicité et courage. A dater de ce moment, ce ne sont plus des hommes du monde, ce sont des hommes tout célestes ; ils vivent et meurent en saints, tellement que depuis dix-huit siècles l’Église leur rend un culte public et les honore du titre de saints. La cathédrale de Cologne conserve leurs corps avec respect, et les fidèles aiment à aller prier devant leurs restes vénérables.

    Pourquoi ne correspondons-nous pas comme eux à notre sainte vocation ? pourquoi tant tenir au monde ? pourquoi ne pas le quitter, au moins d'affection, méprisant ce qu'il estime, estimant ce qu'il méprise, haïssant ce qu'il aime et aimant ce qu'il hait ? Pourquoi, après tant de sollicitations de la grâce qui nous presse, écouter encore la lâcheté qui nous retient, le caprice qui change, la paresse qui ne veut pas se gêner et l'amour-propre qui s'idolâtre ? Que ce bel exemple des mages nous réveille enfin, et nous fasse entrer dans une vie meilleure. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome I (6 janvier, Vocation des mages, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

    adoration-des-mages_2b.jpg

    « La ville de Cologne ne serait pas ce qu'elle est sans les Rois Mages, qui ont tant de poids dans son histoire, dans sa culture et dans sa foi. Ici, l’Église célèbre toute l'année, en un sens, la fête de l’Épiphanie ! C'est pourquoi, avant de m'adresser à vous, chers habitants de Cologne, j'ai voulu me recueillir quelques instants en prière devant le reliquaire des trois Rois Mages, rendant grâce à Dieu pour leur témoignage de foi, d'espérance et d'amour. Parties de Milan en 1164, les reliques de ces Sages d'Orient, escortées par l'Archevêque de Cologne, Reinald von Dassel, franchirent les Alpes pour arriver à Cologne, où elles furent accueillies avec de grandes manifestations de liesse. Se déplaçant à travers l'Europe, les reliques des Mages ont laissé des traces évidentes, qui subsistent encore aujourd'hui dans les noms de lieu et dans la dévotion populaire. Pour les Rois Mages, Cologne a fait fabriquer le reliquaire le plus précieux de tout le monde chrétien et a élevé au-dessus de lui un reliquaire encore plus grand : la Cathédrale de Cologne. Avec Jérusalem, la "Ville Sainte", avec Rome, la "Ville éternelle", avec Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, Cologne, grâce aux Mages, est devenu au fil des siècles un des lieux de pèlerinage les plus importants de l'Occident chrétien. »

    Benoit XVI, extrait du discours prononcé lors de sa visite à la Cathédrale de Cologne, à l'occasion des XXe Journées Mondiales de la Jeunesse, le 18 août 2005.

    abbé hamon,epiphanie,mages,étoile,vocation,grâce

    Châsse des Rois Mages dans la Cathédrale de Cologne
    (Crédit photo)

  • Prière pour demander la grâce d'une bonne mort

    « Prosterné devant le trône de votre adorable majesté, je viens vous demander, ô mon Dieu, la dernière de toutes les grâces, la grâce d'une bonne mort. Quelque mauvais usage que j'aie fait de la vie que vous m'avez donnée, accordez-moi de la bien finir et de mourir dans votre amour.
    Que je meure comme les saints patriarches, quittant sans regret cette vallée de larmes, pour aller jouir du repos éternel dans la véritable patrie !
    Que je meure comme le bienheureux saint Joseph, entre les bras de Jésus et de Marie, en répétant ces deux noms que j'espère bénir pendant toute l'éternité !
    Que je meure comme la très sainte Vierge, embrasé de l'amour le plus pur, brûlant du désir de me réunir à l'unique objet de mes affections !
    Que je meure comme Jésus sur la croix, dans les sentiments les plus vifs de haine pour le péché, d'amour pour mon Père céleste, et de résignation au milieu des souffrances !
    Père saint, je remets mon âme entre vos mains : faites-moi miséricorde.
    Jésus, qui êtes mort pour mon amour, accordez-moi la grâce de mourir dans votre amour.
    Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheur, maintenant et à l'heure de ma mort.
    Ange du ciel, fidèle gardien de mon âme, grands Saints que Dieu m'a donnés pour protecteurs, ne m'abandonnez pas à l'heure de ma mort.
    Saint Joseph, obtenez-moi, par votre intercession, que je meure de la mort des justes.
    Ainsi soit-il.
    Moriatur anima mea morte justorum, et fiant novissima mea horum similia (Num. XXIII, 10). (*) »

    (*) : Que moi-même je meure de la mort du juste, que la fin de ma vie soit pareille à la sienne.

    J. Guibert, Retraite spirituelle, Appendices (V. Préparation à la mort), Paris, Librairie Vve Ch. Poussielgue, 1909.

    J. Guibert,retraite,spirituelle,prière,grâce,bonne mort,mourir,repos,éternel,éternité,Jésus,Marie,Joseph,anges,croix,amour,résignation,souffrances

  • Vivons en vue de notre éternité - I. Méditation

    « Nous menons une vie triste et misérable ; mais nous pouvons la rendre heureuse en la rendant sainte ; nos jours sont couverts de nuages sombres ; mais le beau jour de l'éternité viendra les dissiper ; nous vivons éloignés de Dieu ; mais nous pouvons aller enfin nous réunir à lui pour toujours. Préparons-nous sans délai à cette réunion bienheureuse ; employons tous les instants de cette vie fragile et mortelle, à mériter une vie permanente et durable ; portons-y tous nos désirs et toutes nos espérances. Oui, tout périssables et mortels que nous sommes par notre nature, nous pourrons participer un jour au privilège de cette éternité bienheureuse, de cette immortalité glorieuse, qui appartient à Dieu par propriété et par essence, qu'il daigne nous communiquer par adoption et par grâce. Bornons là tous nos vœux, et ne vivons plus en ce monde que pour nous rendre dignes de vivre à jamais avec Dieu dans l'autre. »

    (à suivre samedi 5 : Contemplation)

    Père Alphonse de la Mère des Douleurs, Pratique journalière de l'oraison et de la contemplation divine d'après la méthode de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix, Tome sixième (Mardi de la dernière semaine, Oraison de la nuit - Méditation), Desclée, De Brouwer, Lille - Paris - Bruges, 1917

    escalier_foret_5a.jpg

  • Méditation - Marchons vers la sainteté

    « Ô Dieu, dirons-nous avec l’Église, dans une de ses plus admirables prières, je crois que vous êtes tout-puissant, que votre grâce est aussi efficace pour m'élever, tout misérable que je suis, à un haut degré de sainteté ; je crois que vous êtes également la miséricorde infinie, et que, si je vous ai quitté souvent, votre amour plein de bonté ne m'abandonne jamais ; c'est de vous, ô mon Dieu, Père céleste, que descend tout don de perfection ; c'est votre grâce qui fait de nous des serviteurs fidèles qui vous sont agréables par des œuvres dignes de votre majesté et de votre louange ; faites que, détaché de moi-même et des créatures, je puisse courir sans obstacle dans cette voie de la sainteté, où votre Fils, comme un géant, nous précède ; afin que par lui et avec lui, je parvienne à la félicité que vous nous avez promise » (1) !

    Les saints vivaient de ces vérités ; c'est pourquoi ils sont parvenus au sommet où nous les contemplons aujourd'hui. La différence qui existe entre eux et nous ne naît pas de la plus grande somme de difficultés que nous avons à vaincre, mais de l'ardeur de leur foi dans la parole de Jésus-Christ et dans la vertu de sa grâce comme aussi de leur plus ardente générosité. Nous pouvons, si nous le voulons, recommencer l'expérience : le Christ demeure toujours le même, aussi puissant, aussi magnifique dans la distribution de sa grâce ; ce n'est qu'en nous-mêmes qu'il trouve des obstacles à l'effusion de ses dons.
    Âmes de peu de foi, pourquoi doutons-nous de Dieu, de notre Dieu ? »

    (1) : Oraison de la messe du XIIe dimanche après la Pentecôte.

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XX, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

    arc-en-ciel_3a.jpg

    (Crédit photo)

  • Méditation - « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28)

    « Si l'homme juste, résistant à la convoitise, tombe quelquefois dans le mal, du moins il a cet avantage qu'il ne s'y plaît pas ; au contraire il déplore sa servitude, il soupire ardemment après cette bienheureuse liberté du ciel. Il dit avec l'apôtre saint Paul : Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort (Rom., VI, 24) ? S'il tombe, il se relève aussitôt ; s'il a quelques péchés, il a aussi la charité qui les couvre ; La charité, dit l'apôtre saint Pierre, couvre la multitude des péchés (I Petr., IV, 8).

    Bien plus, ce grand Dieu tout-puissant fait éclater (1) la lumière même du sein des plus épaisses ténèbres ; il fait servir à la justice le péché même. Admirable économie de la grâce ! oui, les péchés mêmes, je l'oserai dire, dans lesquels la fragilité humaine fait tomber le juste, si d'un côté ils diminuent la justice, ils l'augmentent et l'accroissent de l'autre. Et comment cela ? C'est qu'ils enflamment les saints désirs de l'homme fidèle ; c'est qu'en lui faisant connaître sa servitude, ils font qu'il désire bien plus ardemment les bienheureux embrassements de son Dieu, dans lesquels il trouvera la vraie liberté ; c'est qu'ils lui font confesser sa propre faiblesse et le besoin qu'il a de la grâce, dans un état d'un profond anéantissement. Et d'autant que le plus juste c'est le plus humble, le péché même, en quelque sorte, accroît la justice, parce qu'il nous fonde de plus en plus dans l'humilité.

    Vivons ainsi, fidèles, vivons ainsi ; faisons que notre faiblesse augmente l'honneur de notre victoire, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Aimons cette justice divine qui fait que le péché même nous tourne à bien ; quand nous voyons croître nos iniquités, songeons à nous enrichir par les bonnes œuvres, afin de réparer notre perte (1). Le fidèle qui vit de la sorte, expiant ses péchés par les aumônes, se purifiant toute sa vie par la pénitence, par le sacrifice d'un cœur contrit, par les œuvres de miséricorde, il ne détruit pas seulement le règne du péché, [...] il détruit entièrement le péché, parce que, dit saint Augustin, comme notre vie n'est pas sans péché, aussi les remèdes pour les purger ne nous manquent pas. (Ad Hilar., ep. CLVII, C. 1, t. II). »

    Variantes : 1. Sait tirer.- 2. Plus nous devons songer à en obtenir le pardon par les bonnes œuvres.

    Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Fragment d'un discours sur la vie chrétienne, in "Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés du premier ordre" par M. l'Abbé Migne, Tome vingt-cinquième contenant les œuvres oratoires complètes de Bossuet (Sermons complets, deuxième partie), Chez l'auteur, 1846.
     
    bossuet,mal,servitude,liberté,péchés,charité,ténèbres,justice,grâce,faiblesse,humilité,aumônes,énitence,sacrifice,miséricorde

  • Méditation - « Âmes découragées, relevez-vous ! »

    « Quel que soit le passé de votre âme, son avenir peut être délivré du mal. Ne dites pas que vous êtes engagé dans la plus stérile des luttes, et que, depuis un quart de siècle, peut-être un demi-siècle, votre vie est semblable à la vie de la terre, où le jour succède à la nuit, la nuit au jour ; que de même en votre âme, les retours de la grâce ont beau succéder au péché, le péché à son tour surmonte la grâce, et, comme par une vicissitude fatale, vous tient sous une chaîne invisible qui se relâche parfois, mais qui, ce semble, ne se brise pas. Ne dites pas que vous mourrez nécessairement ainsi, en essayant en vain de remplir le vase qui se vide, ou d'élever sur le saint édifice la pierre qui retombe toujours au moment où elle allait atteindre sa hauteur. Ne dites pas que toutes les autres grâces vous sont données, mais que la persévérance seule vous est refusée, et par suite le progrès dans le bien, et la croissance en Dieu, et l'espoir de la vie éternelle. O âme découragée par de continuelles défaites, relevez-vous ; la Vierge puissante peut tout. Elle qui répond parfaitement à la grâce, qui n'a jamais manqué à aucune grâce, peut changer toute l'issue d'un combat où vous paraissez reculer depuis longtemps. Encore un généreux effort pour vous attacher à la Mère du salut, pour devenir vous-même mère de votre salut et pour le mériter, car il le faut ; encore un généreux effort, et certainement vous allez vaincre ! Vous viviez dans la honte habituelle de plaies invétérées, de chutes toujours renouvelées ; vous allez vivre dans la gloire du triomphe. »

    Alphonse Gratry (1805-1872), Le Mois de Marie de l'Immaculée Conception (XVIIIe méditation), Paris, Charles Douniol / Jacques Lecoffre et Cie, 1866.

    Vierge_a_l_Enfant_Monserday-Vidal_2a.jpg

    Enric Monserday Vidal (1850-1926), Vierge à l'Enfant
    (Crédit photo)

  • Méditation - Les caractères de la véritable vertu

    « La véritable vertu n'est jamais contente d'elle-même, ni mécontente des autres ; elle ne cherche qu'à contenter Dieu.

    1°. Jamais contente d'elle-même. Quand on se connaît bien, peut-on être content de soi ? Tant de passions, d'imperfections, de défauts ; tant de langueur, de tiédeur, de négligence ; tant d'infidélités à la grâce, si peu d'avancement dans le bien, si peu de désir de la perfection, pour un si grand fonds de misère ; à cette vue, loin d'être contents de nous-mêmes, ne devons-nous pas nous humilier, nous affliger, nous anéantir, et tout craindre pour nous ?
    Les plus grands Saints ont toujours été les plus humbles et les plus mécontents d'eux-mêmes ; ils se regardaient comme de grands pécheurs ; quoiqu'ils fassent pour Dieu, ils ne croyaient jamais avoir rien fait ; ils considéraient, non ce qu'ils avaient fait, mais ce qu'ils auraient du faire ; et après avoir pratiqué les plus éminentes vertus, ils disaient sincèrement et de cœur : Servi inutiles sumus (Lc 17, 10). Hélas ! nous ne sommes que des serviteurs inutiles. Voilà la solide vertu ; mais sont-ce là mes sentiments devant Dieu ?

    2°. La véritable vertu n'est jamais mécontente des autres : uniquement attentive sur elle-même, elle n'examine point la conduite de ceux dont elle n'a pas à répondre ; tant qu'elle peut, elle cherche à louer, elle cherche à excuser ; quand elle ne peut excuser l'action, elle excuse l'intention ; si on la blâme, elle ne se plaint point ; si on l'accuse, elle ne répond point ; si on la maltraite, elle croit mériter les mauvais traitements, et leur avoir donné lieu ; elle s'attribue tout à elle-même, pour ne pas condamner les autres : tout ce que les autres font, lui paraît mieux que ce qu'elle fait ; pour peu qu'on fasse pour elle, on en fait toujours trop ; craignant souverainement de manquer aux autres, jamais elle ne croit qu'on lui manque. A ce prix, ô mon Dieu ! ai-je à vos yeux le moindre vestige de vertu solide ?

    3°. La véritable vertu ne cherche qu'à contenter Dieu : voilà le grand objet qui fixe son attention et ses vœux, ses yeux fermés sur tout le reste, ne se portent qu'à Dieu ; elle ne veut que Dieu, ne cherche que Dieu, ne veut trouver que Dieu seul ; tout le reste n'est rien pour elle ; pourvu que son Dieu soit content, elle est satisfaite : ses vues ne vont qu'à lui plaire, ses désirs qu'à l'aimer, son cœur qu'à le posséder ; toute vue naturelle, toute considération humaine, tout motif bas et terrestre est banni de son cœur ; fallût-il faire les plus grands sacrifices, porter les plus rudes croix, se priver de tout et tout perdre, pourvu qu'elle plaise à son Dieu, qu'elle possède son Dieu, elle a tout, elle possède tout ; et si Dieu est content, elle est contente de tout.

    Mon Dieu, que ces sentiments sont au-dessus des miens ! et que je suis éloignée de la véritable et solide vertu ! elle m'a été comme étrangère et inconnue jusqu'à présent ; je n'ai bâti que sur du sable mouvant, rien de solide et de bien fondé ; vertu fausse, défectueuse, hypocrite, apparente ; voilà mon état, et le sujet de mes larmes. Il est temps que je travaille ; hélas ! je ne dis pas à perfectionner la vertu en moi, mais à lui donner l'entrée de mon cœur, espérant que la grâce lui donnera l'accroissement, et m'accordera la persévérance. »

    Abbé Barthélemy Baudrand (1701-1787), L'âme religieuse élevée à la perfection par les exercices de la vie intérieure, Lyon, Frères Périsse, 1788 (sixième édition).

    Abbé Baudrand,caractères,véritable,vertu,passion,imperfection,défauts,langueur,tiédeur,négligence,infidélité,grâce,action,intention,sacrifice,Dieu

  • Méditation - fatigue, tristesse, dégoût, ennui...

    « Simone Weil souligne souvent, dans ses notes intimes, la présence conjuguée de la fatigue et du dégoût, des ennemis presque invincibles qui avancent de front et qui semblent tout ronger sur leur passage. Sans pouvoir attaquer de plein fouet, elle propose plutôt dans ses Cahiers, à la suite de Pascal quant aux maladies, de faire un bon usage de la fatigue et du dégoût :
    « L'extrême difficulté que j'éprouve souvent à exécuter la moindre action est une faveur qui m'est faite. Car ainsi, avec des actions ordinaires, et sans attirer l'attention, je peux couper les racines de l'arbre [...] Trouver une difficulté extraordinaire à faire une action ordinaire est une faveur dont il faut être reconnaissant. Il ne faut pas demander la disparition de cette difficulté. Il faut désirer ardemment, il faut implorer la grâce d'en faire usage. »
    D'une certaine façon, cette douleur du vide, de l'ennui, de l'amertume est un lieu de perte, de déréliction, de pesanteur qui peut préparer un chemin vers la grâce. Faire face à l'insoutenable, c'est mener l'éternel combat du patriarche Jacob contre l'Inconnu qui ne se révèlera qu'à la fin. Ainsi s'établit une imitation du Christ, sachant que c'est Lui qui cherche et qui, en définitive, est vraiment fatigué et triste, triste à en mourir et fatigué près du puits de ce même Jacob. [...] L'ennui et la fatigue peuvent devenir des auxiliaires pour un accroissement de la vie spirituelle. Jusqu'à atteindre ce point extrême que Simone Weil définit ainsi :
    « Ce n'est pas à moi à aimer Dieu. Que Dieu s'aime à travers moi. »
    [...]
    Le pèlerin de saint Jacques de Compostelle, aujourd'hui encore, s'il accomplit la route dans les règles du dépouillement, mais plus encore bien sûr au Moyen Âge où les dangers étaient multiples, découvre à quel point le chemin est revêtu d'ennui et qu'il n'est pas avare que d'une chose : la fatigue. Chaque matin, après une mauvaise nuit sous les étoiles, il faut reprendre sans entrain et avec dégoût, malgré les douleurs, ce qui a été entrepris dans l'enthousiasme du premier jour. Ce seront les tours jumelles de la cathédrale où repose l'Apôtre qui, soudain, révèleront que l'ennui et la fatigue donnent à la joie sa chair. A cet instant où le regard aperçoit la ville sainte, l'ennui et la fatigue se transforment, retournés comme des gants de peau. Ils ne sont pas oubliés mais ils apparaissent pour ce qu'ils sont vraiment : les introducteurs de la joie. Maintenant à distance, ils revêtent leur noblesse après n'avoir été que vauriens et manants. Certes, un tel effort de marche, au-delà de la peine, de la douleur, est libre. Pourtant, c'est un peu comme un bœuf attelé à la charrue que le pèlerin a mis un pas devant l'autre sans se lasser tout en pestant contre les éléments, contre lui-même, contre le monde tout entier. En fait, il est livré à cet effort, à cette fatigue. »

    Père Jean-François Thomas, s.j., Comme un lys au milieu des épines (ch. VII : L'ennui et la fatigue), Via Romana, Versailles, 2014.

    Jean-François Thomas,fatigue,dégoût,ennui,vide,amertume,Simone Weil,Pascal,difficulté,grâce,reconnaissance,combat,dépouillement,effort,joie

    (Photographie prise à Petra, en Jordanie)

  • Prière de St François : Salutation à la Bienheureuse Vierge

    « Je vous salue, ô sainte dame, reine très sainte, Marie, Mère de Dieu, toujours Vierge, choisie du haut du ciel par le Père très saint, consacrée par lui et par son très saint Fils bien-aimé et par l'Esprit consolateur, vous en qui ont été et sont toute plénitude de la grâce et tout bien. Je vous salue, ô palais de Dieu. Je vous salue, son tabernacle. Je vous salue, sa demeure. Je vous salue, son vêtement. Je vous salue, sa servante. Je vous salue, sa mère, et vous toutes, ô saintes vertus, qui, par la grâce et l'illumination du Saint-Esprit, êtes répandues dans les cœurs des fidèles, pour, d'infidèles qu'ils sont, les rendre fidèles à Dieu. »

    St François d'Assise (fêté ce jour), in "Œuvres de Saint François d'Assise" (Quatrième partie, XVII), Traduction, Introduction et Notes par Alexandre Masseron, Éditions Albin Michel, Paris, 1959.

    St François d'Assise,salutation,Vierge Marie,Mère de Dieu,Fils,Esprit-Saint,servante,grâce,tabernacle,demeure,palais,vêtement,vertu

  • Méditation - « Vous êtes lumière dans le Seigneur » (Ep V, 8)

    « Qu'est-ce qu'un chrétien ? C'est une lumière (1). « Vous êtes lumière, nous crie saint Paul, lumière dans le Seigneur. La lumière créatrice a commencé de poindre dans vos âmes. (2) » Dieu est en vous à l'état d'aurore ; votre état de grâce, c'est son matin. Qu'est-ce encore qu'un chrétien ? C'est une fleur : un Dieu en fleur, disent souvent les Pères. Le Verbe est la fleur du Père, il en exhale toute la senteur (3). Ce Verbe vient à nous, entre en nous, s'unit à nous, si bien qu'il vit en nous plus que nous-mêmes. Comme il est Fils, il nous fait fils ; comme le Père le dit, il nous dit ; l'onction qui le sacre, nous sacre ; nous devenons un baume vivant, nous exhalons la vie, l'odeur vivifiante de la vie, dit saint Paul, le parfum de notre chef, la divine odeur de Jésus (4). Qu'est-ce enfin qu'un chrétien ? c'est une force. La nature nous donne des puissances ; la grâce crée en nous des vertus, et ces vertus, qui sont des forces, se résument toutes en une seule que saint Paul nomme « la force ou la vertu du Christ. (5) » Elle est sans doute en nous plus ou moins abondante, mais elle est en nous tous.

    Or, qui ne sait que, naturellement, toute force étend son action, tout parfum se fait sentir au loin, toute lumière rayonne ? C'est pourquoi, rien qu'en existant, rien qu'en apparaissant, nous tous qui avons la foi, nous pouvons et devons édifier, avancer l’œuvre divine, élever le temple, augmenter Jésus. Croyez d'abord très fermement à ce principe actif de sainteté qui est en vous par la grâce. Cette foi entretenue et sans cesse avivée, est la pratique fondamentale de l'édification chrétienne. Je puis toujours et partout faire Jésus en laissant rayonner Jésus ; et toujours et partout je puis laisser rayonner Jésus, parce que mon fond de grâce, ma vie intérieure et mon être principal, c'est Jésus lui-même. L'âme qui, sachant ces choses, s'en pénètre comme il convient, et se les dit souvent, est, comme nécessairement, un trésor d'édification à ses frères. »

    1. Saint Jean Chrysostome (fêté ce jour au nouveau calendrier) disait : « Il est plus facile au soleil de ne point rayonner qu'au chrétien de ne point resplendir. La lumière qui est dans le chrétien ne peut rester latente : on ne dérobe pas l'éclat d'une telle lampe. » In Act. Apost. homil. XX. 4. - 2. Ephes. V, 8. - 3. Totam genitoris naturae fragantiam exerit in semetipso. S. Cyrill. Alexand. Dialog. 3 de Trinit. - 4. II Cor. II, 15, 16. - 5. II Cor. XII, 9.

    Mgr Charles Gay (1814-1891), De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l'état religieux, Tome III (chap. XVI, II), H. Oudin Frères, Poitiers - Paris, Huitième édition, 1878.

    veilleuses_13a.jpg

  • Méditation - Dans les aridités

    « Dans les aridités, ne vous découragez jamais. Recevez de la main de Dieu Notre Seigneur cet état d'impuissance (car cette épreuve, surtout avec la bonne volonté que vous avez, est un bienfait de la bonté paternelle de Dieu) ; avec humilité, songeant que de vous-même vous n'êtes rien, vous ne pouvez rien ; avec patience, supportant cet état pénible, aidée de la grâce et voulant le supporter tant qu'il plaira à la divine Volonté ; enfin, avec une entière confiance que Notre Seigneur vous envoie tout cela pour votre bien, que ce bon Maître n'est pas mécontent de vous, qu'il demeure toujours avec vous, pour vous défendre et vous soutenir, selon le besoin, et qu'il vous fera sentir de nouveau sa sainte présence, lorsque sa divine et bien aimante Sagesse le jugera meilleur pour sa gloire et pour votre bien spirituel.

    Contentez-vous donc alors de faire de grands actes de foi, d'espérance, de charité, d'humilité, de patience, d'abandon total de tout vous-même et de toutes choses à la douce Providence de Notre-Seigneur. - Vous pourriez encore renouveler vos saints vœux, ou bien simplement vous tenir en la présence de Dieu, attendant avec une résignation amoureuse l'heure de sa visite.

    Terminer par la résolution, ferme quoique sèche : 1° de ne commettre aucune faute délibérée avec le secours de la grâce ; 2° de bien observer toutes vos règles ; 3° de bien remplir vos emplois et faire toutes choses, en vue seulement de plaire à Notre-Seigneur et de le glorifier ; 4° enfin de ne rien laisser paraître de votre désolation mais d'aller quand même et toujours. »

    P. Paul Ginhac s.j. (1824-1895), Extrait d'une Lettre à la Mère Marie de Saint Ignace (c. 1871), in "Choix de Lettres de Direction" (CXIV), Apostolat de la Prière, Toulouse, 1927.

    desert_3a.jpg

  • Méditation - « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur » (Ps 129)

    « C'est un grand secret et une grâce précieuse que de chercher le contact avec Dieu à travers la détresse et la déréliction. Dieu apparaît alors comme le refuge, le salut, le père, la mère qui nous enveloppe de sa tendresse, qui nous comprend et nous sauve. Nous pouvons tout dire à Dieu, surtout nos tentations les plus inavouées et nos plaintes, car nous savons qu'il nous écoute toujours. J'ose dire que « c'est très calé », non pas comme une acrobatie, mais le contraire d'une acrobatie : une chute vertigineuse dans le vide. Comme nous sommes loin des belles définitions de la prière qu'on nous a apprises : « une élévation de l'âme vers Dieu » ! Disons plutôt que c'est une descente dans les profondeurs de nos propres enfers, là où Jésus s'est plongé le premier ; et le seul fil qui nous relie à Dieu, en nous empêchant de tomber dans le désespoir, est le cri de la supplication. Celui qui descend à cette profondeur de détresse, soutenu par le dynamisme de la supplication, peut espérer rebondir dans le Cœur du Père, mais le rebondissement est d'autant plus puissant que la descente a été plus vertigineuse. »

    Jean Lafrance (1931-1991), En prière avec Marie, Mère de Jésus (ch. VIII, 5), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1985.

    Jean Lafrance,détresse,déréliction,Dieu,refuge,salut,père,mère,tendresse,plainte,élévation,descente,prière,supplication,grâce

    (Crédit photo)

  • Méditation - « Venez à l'écart, dans un lieu désert, et prenez un peu de repos » (Mc 6, 31)

    « Il semble que par ces paroles, Notre-Seigneur ne désire qu'un repos corporel pour ses Apôtres, qui étaient revenus fatigués à la suite de leurs premières prédications. Mais ce repos corporel était la figure du repos spirituel, qu'il désire plus encore pour nous ; c'est-à-dire le repos des passions et la tranquillité des mouvements de la nature, qui est l'unique ou la principale cause de nos agitations et de nos troubles. La première fin de cette retraite spirituelle est, comme dit un saint, que nous mettions la cognée à la racine, et qu'étant maîtres de nos passions, nous tenions notre esprit en paix. Remarquons donc ici trois choses.

    La première, que nous sommes grandement troublés par les mouvements de la nature et par les agitations de notre esprit, qui veut d'ordinaire ce qu'il n'a pas, et qui n'est pas content de ce qu'il a. De là vient qu'il s'inquiète dans ses désirs, dans ses craintes et dans ses tristesses ; et tant qu'il est dans ses inquiétudes, il est fort mal disposé pour la perfection et pour l'union avec Dieu, qui ne demeure jamais que dans un cœur paisible.

    Et partant, pour la seconde chose à remarquer, c'est qu'il faut s'efforcer de s'établir dans cette tranquillité, et dans cette pacification de nos troubles ; car alors Notre-Seigneur viendra à nous, nous parlera très familièrement et veillera sur nous avec autant de soin que s'il n'avait que nous à gouverner. Une communion faite en cet état nous profitera davantage, que dix que nous ferions dans les troubles de la nature. [...]

    Ce qui reste en troisième lieu à remarquer, c'est que l'une des fins principales de nos retraites spirituelles doit être de nous mettre dans cette paix et dans cette tranquillité de nos affections, moins pour notre propre intérêt, que pour celui de Dieu, qui s'intéresse à notre bien, et qui n'a point de repos en nous, si nous ne sommes nous-mêmes dans le repos. Par conséquent, si nous nous retirons à la voix de Notre-Seigneur, qui nous appelle à l'écart, allons-y aussi pour la fin qu'il nous présente, en nous disant : Venez à l'écart vous reposer. Venez chercher votre repos et vous le trouverez.

    Mais comment le cherche-t-on ? C'est en s'examinant soigneusement sur ce qui nous émeut et nous trouble davantage, afin de l'apaiser : c'est en se représentant vivement les maximes de l'ordre, de la paix, et de la perfection, pour s'y conformer dorénavant ; c'est en se persuadant efficacement qu'il n'y a qu'une chose nécessaire, une seule affaire, servir Dieu et se sauver, et que tout le reste n'a de valeur qu'autant qu'il nous sert pour cette fin. C'est d'apprendre à se servir des choses, et non pas à s'y assujettir et à s'en rendre esclave ; c'est de ne vouloir jamais que ce que l'on peut, et de ne penser jamais pouvoir ce qu'on ne doit point faire. C'est de se tenir prêt à mourir à toute heure, en ne vivant que comme on voudrait mourir, pour ne mourir que comme on voudrait avoir vécu ; c'est de dépendre de la volonté de Dieu, et de la regarder en toutes choses, pour la suivre uniquement. C'est là chercher sa paix, et la trouver aussitôt qu'on la cherche ; car elle ne dépend que de nous avec la grâce, comme il ne dépend que de nous, de nous troubler, ou non. »

    P. Julien Hayneuve s.j. (1588-1663), Méditations sur la Vie de N.-S. Jésus-Christ Tome V (Lundi de la treizième semaine après la Pentecôte, Troisième point), Édition corrigée, rajeunie et disposée selon l'ordre du Bréviaire romain par M. l'Abbé J.-B. Lobry, Paris, Hippolyte Walzer, 1868.

    Julien Hayneuve,repos,passions,nature,tristesse,inquiétude,trouble,tranquillité,paix,perfection,grâce

  • Amende honorable à Marie Immaculée

    « Ô Cœur Immaculé de Marie, chef-d’œuvre de Dieu, délices de la Très Sainte Trinité, vous bénir et vous glorifier devrait être notre bonheur. Vous nous avez tant aimés ! Après Dieu, c'est à vous que nous devons tout. Vous nous avez donné Jésus ; et « pour nous, pour notre salut », vous avez souscrit à son immolation ; vous avez partagé ses souffrances ; « votre douleur a été grande comme la mer » !
    Pourtant, au lieu de vous aimer, hélas ! il y a des malheureux inspirés par l'enfer, qui osent lancer contre vous, contre vos privilèges les plus glorieux, d'exécrables blasphèmes !
    Et chaque jour, par leurs péchés, des millions de chrétiens renouvellent la Passion de Jésus et la vôtre ! Et moi-même, que de fois, par mes fautes, je me suis uni aux bourreaux du Calvaire !
    Ô Mère de miséricorde, Refuge des pécheurs, pardon !
    Pardon pour moi. Que désormais je sois pour vous, comme saint Jean, un fils plein de tendresse.
    Pardon pour vos blasphémateurs et pour tous les pécheurs de l'univers.
    Pour eux, Jésus a versé tout son sang. Pour eux, il vous a confié toutes les grâces, fruit de sa mort. O Mère si puissante et si bonne, ayez pitié de vos enfants, « fils prodigues ».
    Eclairez-les, touchez-les, convertissez-les, et qu'un jour ils aillent au Ciel célébrer à jamais vos bontés maternelles ! »

    « Ô bon Jésus, je vous en conjure, par l'amour que vous portez à votre Mère, donnez-moi de l'aimer véritablement, comme vous l'aimez vous-même et comme vous désirez qu'elle soit aimée ! » Amen ! (1)

    1. Le saint Cœur de Marie, du P. Lintelo, ch. VII, p. 227.

    Allons au Cœur de Marie - Manuel de la Garde d'Honneur du Cœur de Marie, deuxième édition, Besançon, Imprimerie catholique de l'Est - Monastère de N.D. de Charité, 1938 (1ère éd. en 1921).

    amende honorable,coeur,immaculé,Marie,blasphèmes,enfer,pécheurs,ciel,Jésus,tendresse,grâce,miséricorde

    Duccio di Buoninsegna (v.1260-v.1318), partie centrale de la "Maestà" (Vierge en majesté)
    Museo dell'Opera Metropolitana del Duomo, Sienne (Italie)

    (Crédit photo)

  • Méditation - Heureux les hommes de miséricorde !

    « Nous avons tous un besoin extrême des miséricordes du Seigneur, et pour cette vie et pour l'autre. C'est sa providence miséricordieuse qui, par rapport aux élus, arrange les événements de telle façon qu'ils arrivent sûrement à leur fin dernière. C'est par une pure miséricorde que Dieu nous pardonne nos péchés, autant de fois que nous revenons à lui avec un humble repentir. C'est par une attention pleine de miséricorde, qu'il nous préserve d'une foule de tentations, où notre faiblesse succomberait. Toutes les grâces personnelles, connues ou inconnues, qu'il ne cesse de nous faire malgré nos infidélités, sont autant d'effets de sa miséricorde. C'est à elle que nous devons la grâce spéciale qui nous assure la persévérance et qui nous prépare à la sainte mort ; qui tranche le fil de nos jours au moment que nous sommes en bon état. Enfin, c'est elle qui couronne et récompense nos bonnes œuvres, et, si Dieu y est engagé par sa justice, ce n'est pas qu'il nous la doive, mais il se la doit à lui-même, en conséquence de ses promesses toutes gratuites. Hélas ! que sont nos bonnes œuvres en elles-mêmes ? Et quel jugement Dieu en porterait-il, s'il les examinait avec rigueur ? Malheur à la vie la plus louable, s'écriait saint Augustin, si vous la discutez, sans égard à votre miséricorde ! Cette miséricorde qui, selon l’Écriture, est au-dessus de toutes les œuvres de Dieu, nous accompagne donc depuis la naissance jusqu'au dernier soupir. [...]

    Or, il est de la nature de la miséricorde d'être gratuite ; ce n'est point une dette, mais un bienfait pur ; et le bienfaiteur est en droit de l'attacher à telle condition qui lui plaît. Jésus-Christ nous déclare ici, et en quantité d'endroits de son Évangile, que Dieu fera miséricorde à ceux qui auront fait miséricorde au prochain, qui auront eu pour lui un cœur charitable et compatissant, qui l'auront assisté, au moins par leurs désirs et par leurs prières, dans ses nécessités corporelles et spirituelles : Heureux donc, par rapport à la vie éternelle, les hommes de miséricorde ! »

    P. Jean-Nicolas Grou s.j. (1731-1803), L’École de Jésus-Christ, Tome premier (Treizième leçon), Société Saint-Augustin, Lille & Retaux-Bray, Paris, s.d. [1885] (Quatrième édition).

    gainsborough-dupont-charity-relieving-distress_1a.jpg

    Gainsborough Dupont, La Charité soulageant la misère (détail)
    Digital image courtesy of Indianapolis Museum of Art

    (Crédit photo)