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  • Méditation : la grâce d'aujourd'hui

    « Parce que le Christ t'a saisi en te faisant confidence de son application à plaire au Père en tout, c'est par là que tu voudras le saisir à ton tour.
    Il veut que sa joie devienne ta joie, sa joie de Fils et de Sauveur.
    A cette lumière, tu t'attacheras aux Béatitudes pour y recevoir cette joie.
    Pourtant, ne te laisse pas griser par les sommets ; c'est le pas d'aujourd'hui qui t'est demandé ; la fidélité à la grâce de maintenant est seule capable de te préparer à recevoir la grâce de demain.
    Surtout, ne l'oublie jamais, c'est Dieu qui mène à Dieu. Il n'y a pas de milieu entre « beaucoup de fruit » si tu reçois la sève de la vigne et le « rien » absolu si tu t'y soustrais. (*)
    C'est dans un regard intérieur, dans un désir d'identification à lui et dans une humble confiance qui t'ouvre à son action que se fera pour toi, jour après jour, pas à pas, dans la reprise après la négligence, dans l'humble recommencement après la défaillance, cette réalisation en toi de son désir : que l'amour dont il est aimé soit en toi et lui en toi. Le très peu qui t'est possible est l'aliment du grand amour auquel tu es appelé. »

    Cf. Jn XV, 5 : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits : car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire. »

    P. Joseph-Marie Perrin (1905-2002), aujourd'hui l'Evangile de l'Amour (II, III), Cerf, Paris, 1980.
    Autres méditations du même auteur, aux 04 avril 2012 - 9 janvier 2013 - 18 mai 2014.

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  • Angélus, en la Solennité de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie

    « Tout est don gratuit de Dieu et de son amour pour nous »

    En ce lundi 8 décembre, solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, le Pape François a tenu à souligner que le message de cette fête « peut se résumer facilement : tout est grâce, tout est don gratuit de Dieu et de son amour pour nous. »

    « L’attitude de Marie de Nazareth nous montre que l’être passe avant le faire, qu’il faut laisser Dieu agir pour être vraiment comment Il veut. Marie est réceptive, mais pas passive. Comme, au niveau physique, elle reçoit la puissance de l’Esprit Saint, mais ensuite donne chair et sang au Fils de Dieu qui se forme en Elle, ainsi, sur le plan spirituel, elle accueille la grâce et lui correspond avec la foi. Ce mystère de l’accueil de la grâce, qui en Marie, par un privilège unique, était sans l’obstacle du péché, est une possibilité pour nous tous. Comme Marie, nous aussi avons été bénis, c'est-à-dire aimés, et pour cela, choisis avant la création du monde pour être saints et immaculés. Marie a été préservée, alors que nous avons été sauvés grâce au Baptême et à la foi. Tous cependant, elle autant que nous, par l’intermédiaire du Christ. »

    « Face à l’amour, à la miséricorde, à la grâce divine réservée à nos cœurs, la conséquence qui s’impose est une seule : la gratuité. Comme nous avons reçu gratuitement, ainsi gratuitement nous sommes appelés à donner. Comme Marie qui à peine entendue l’annonce de l’Ange, va aussi vite partager le don de la fécondité avec sa cousine Élisabeth. Parce que, si tout nous a été donné, tout doit être redonné. De quelle manière ? En permettant que l’Esprit Saint fasse de nous un don pour les autres ; qu’il nous fasse devenir des instruments d’accueil, de réconciliation et de pardon. Si notre existence se laisse transformer par la grâce du Seigneur, nous ne pourrons retenir pour nous la lumière qui vient de son visage, mais nous la laisserons transparaître pour qu’elle illumine les autres. Apprenons de Marie, qui a constamment conservé son regard fixé sur le Fils et son visage est devenu « le visage qui ressemble le plus au Christ » (Dante, Paradis, XXXII, 87). »

    Source : Radio Vatican.

    Cérémonie Place d'Espagne

    « Cet après-midi je vais aller à Sainte Marie Majeure pour saluer la Salus Populi Romani, puis à la Place d'Espagne pour renouveler le traditionnel acte d'hommage et de prière au pied du monument à l'Immaculée. Ce sera toute une après-midi consacrée à la Vierge. Je vous demande de vous unir spirituellement à moi dans ce pèlerinage, qui exprime la dévotion filiale à notre Mère céleste. Et n'oubliez pas : la grâce est gratuite. Nous avons reçu cette grâce gratuitement, cette grâce de Dieu, et nous devons la redonner ; nous avons reçu le don et nous devons le redonner aux autres. Ne l'oubliez pas ! »

    Texte intégral en français sur Zenit.org

    Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : demandons-nous l'Esprit-Saint ?

    Cf. Lc 11, 13 : « ... combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient ! »

    « De même que Jésus-Christ prêchait, le Saint-Esprit prêche à présent ; de même qu'il enseignait, le Saint-Esprit enseigne ; de même que le Christ consolait, le Saint-Esprit console et réjouit.
    Que demandes-tu ? Que cherches-tu ? Que veux-tu de plus ? Avoir en toi un conseiller, un pédagogue, un gardien, quelqu'un qui te guide, qui te conseille, qui t'encourage, qui t'achemine, qui t'accompagne en tout et pour tout ?
    Finalement, si tu ne perds pas la grâce, il sera tellement à ton côté que tu ne pourras rien faire, ni dire, ni penser qui ne passe par sa main et son saint conseil. Il sera pour toi un ami fidèle et véritable ; il ne t'abandonnera jamais si tu ne l'abandonnes pas.
    Ne peut-on considérer comme malheureux et infortuné celui qui ne possède pas cette union, celui qui ne possède pas un tel hôte dans sa maison ? Dites-moi, l'avez-vous reçu ? L'avez-vous appelé ? L'avez-vous importuné pour qu'il vienne ? Que Dieu soit avec vous ! Je ne sais pas comment vous pouvez vivre privés d'un si grand bien. Voyez tous les biens, toutes les grâces et les miséricordes que le Christ est venu faire aux hommes : ce Consolateur les répand toutes dans nos âmes. »

    St Jean d'Avila, Sermon.

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  • Méditation : la sainte image du sacré Coeur de Jésus

    « Je vous avoue, ma toute chère Mère, que l'état de souffrance où je me vois comme accablée et anéantie me rend méconnaissable à moi-même et impuissante à tout bien. Toute la liberté qui me reste, c'est de parler du sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, duquel cette indigne créature vous dira un petit mot, touchant quelques grâces particulières qu'elle croit en avoir reçues. Il lui a donc fait connaître derechef le grand plaisir qu'il prend d'être honoré de ses créatures, et il lui semble qu'alors il lui promit « que tous ceux qui seraient dévoués à ce sacré Cœur ne périraient jamais, et que, comme il est la source de toutes les bénédictions, il les répandraient avec abondance dans tous les lieux où serait posée l'image de cet aimable Cœur, pour y être aimé et honoré ; que par ce moyen il réunirait les familles divisées, et assisterait et protégerait celles qui seraient en quelque nécessité ; qu'il répandrait la suave onction de son ardente charité dans toutes les Communautés où serait honorée cette divine image ; qu'il en détournerait les coups de la juste colère de Dieu, en les remettant en sa grâce lorsque par le péché elles en seraient déchues ; et qu'il donnerait une grâce spéciale de sanctification et de salut à la première personne qui lui ferait ce plaisir de faire faire cette sainte image. »
    [...]
    Voilà, ma chère Mère, un petit mot que mon cœur qui vous aime tendrement jette dans le secret du vôtre en passant. Et je vous dirai simplement qu'il me semble que vous feriez une chose bien agréable à Dieu de vous consacrer et sacrifier à ce sacré Cœur, si vous ne l'avez déjà fait. Il faut communier, un premier vendredi du mois, et, après la sainte communion, lui faire le sacrifice de vous-même, en lui consacrant tout votre être pour vous employer à son service et lui procurer toute la gloire, l'amour et la louange qui sera en votre pouvoir. Voilà, ma bonne Mère, une chose que je pense que le divin Cœur demande pour perfectionner et consommer l’œuvre de votre sanctification... »

    Ste Marguerite-Marie, extraits de la Lettre XXXVI à la Mère de Saumaise, à Dijon, 24 août 1685, in "Vie et Œuvres de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque", Tome deuxième, Troisième édition (Monseigneur Gauthey), Paris, Ancienne Librairie Poussielgue, 1915.

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  • Audience générale de ce mercredi 1er octobre 2014

    Durant l'audience générale tenue place St Pierre en présence de 35.000 personnes, le Pape François a abordé la question des charismes qui font et fécondent l'Eglise : Dès ses origines, a-t-il dit, "le Seigneur a comblé l’Église des dons de son Esprit, la rendant toujours vive et féconde... Cependant, dans la perspective chrétienne, le charisme est bien plus qu'une qualité personnelle ou une prédisposition, mais une grâce venue du Père par l'action de l'Esprit... Sa gratuité et l'amour qu'il représente mettent chaque charisme au service de la communauté... C'est au sein de la communauté que les charismes se manifestent et fleurissent...et c'est dans la communauté qu'on apprend à reconnaître ces signes de l'amour de Dieu pour tous ses enfants. Donc, chacun de nous doit se demander quel est le charisme que le Seigneur a placé en moi... Mes frères et sœurs l'ont-ils reconnu et encouragé ? Comme me comporter vis à vis de ce don, comment le vivre et le mettre au service des autres, au risque de le négliger et de le perdre finalement, ou pire qu'il devienne un source de vantardise...et me pousse à prétendre que la communauté se conforme à mon vœu. Qu'il est beau de découvrir combien de charismes le Père a doté l’Église. Cette richesse ne doit cependant pas porter à la confusion et au malaise. Elle est faite pour faire grandir la communauté dans la foi et dans l'amour comme corps du Christ. Octroyant une diversité de charismes, l'Esprit bâtit l'unité de l’Église... Donc, malheur si ces dons deviennent une source d'envie, de division et de jalousie, comme avertissait Paul dans son épître aux Corinthiens... Si chaque charisme est important aux yeux de Dieu, personne n'est indispensable. Cela montre que dans la communauté nous avons besoin l'un de l'autre et que tout don reçu s'épanouit lorsqu'il est partagé. Telle est l’Église qui, lorsqu'elle s'exprime en communion dans la variété de ses charismes ne peut se tromper. C'est la beauté de ce surnaturel Sensus Fidei...donné par l'Esprit qui permet à chacun d'entrer au cœur de l’Évangile et de suivre Jésus chaque jour de notre vie". Évoquant pour finir la fête de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, morte à l'âge de vingt-quatre ans, le Pape François a rappelé qu'elle désirait posséder tous les charismes. Voulant devenir missionnaire, elle découvrit dans la prière que son charisme dans l’Église serait l'amour. Ce charisme, a-t-il conclu, "nous l'avons tous. Demandons donc à la Petite Thérèse d'avoir sa capacité d'aimer fortement l’Église...et d'accepter chaque charisme avec l'amour dont sont capables ses enfants. Aimons notre sainte Mère".

    Avant de se rendre Place St Pierre, le Pape a salué Salle Paul VI le pèlerinage des Sœurs apostoliques de la charité, qui se consacrent aux handicapés, saluant le charisme qui les place au service des plus vulnérables. Rappelant que l’œuvre de leur fondateur, le bienheureux Luigi Monza, avait été soutenu par le futur Paul VI alors Archevêque de Milan, il a recommandé aux religieuses d'être un exemple pour les familles et pour les responsables publics. Après sa catéchèse, le Saint-Père a invité les pèlerins allemands et polonais de méditer en octobre les mystères du Rosaire tout en accompagnant les travaux synodaux. S'adressant ensuite à l'association portugaise des entrepreneurs chrétiens, il a encouragé ses membres à continuer d'agir dans la société sous la conduite de l'Esprit. Et aux pèlerins croates de rester fidèles à leur baptême en suivant l'exemple des saints et des martyrs. Enfin, à l'attention des fidèles de la Prélature de l'Opus Dei venus rendre grâce pour la béatification d'Alvaro del Portillo. Puisse le nouveau bienheureux, a-t-il dit, intercéder et vous aider à "répondre généreusement à l'appel à la sainteté dans la vie de tous les jours, pour le service de l’Église et du monde".

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 1.10.14).

    Résumé en français :

    « Frères et sœurs, l’Église est Une dans la diversité des charismes. Un charisme est bien plus qu’une qualité, un talent naturel dont on peut être doté. Il est une grâce de l’Esprit, un don de Dieu, qui est fait à l’un ou l’autre, pour qu’il le mette au service de toute la communauté, pour le bien de tous. Loin d’être un motif d’orgueil, il doit être vécu avec générosité et désintéressement. On ne peut soi même se déclarer pourvu d’un charisme ; car celui-ci doit être reconnu au sein de la communauté, comme signe de l’amour de Dieu pour ses enfants. Tous les charismes sont des dons de l’Esprit, et leur diversité ne doit pas être une cause de division, mais d’émerveillement ; ils doivent pouvoir grandir ensemble harmonieusement dans la foi et l’amour, car nous avons tous besoin les uns des autres. »

    « Soyez les bienvenus, chers pèlerins de langue française, en particulier les personnes venues de France, de Belgique, du Cameroun et de Côte d’Ivoire.
    Je demande à Dieu que vous puissiez reconnaître tous les charismes que le Saint Esprit suscite dans vos communautés, et que vous sachiez les accueillir mutuellement et les faire grandir dans l’amour fraternel.
    Bon pèlerinage, et que Dieu vous bénisse ! »

    Source : site internet du Vatican.

    Texte intégral traduit en français sur Zenit.org

    Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : la simplicité, une grâce à demander...

    « Notre Seigneur nous fait connaître combien la simplicité lui est agréable par ces paroles qu'il adresse à Dieu son Père : Confiteor tibi, Pater, quia abscondisti haec sapientibus et prudentibus, et revelasti ea parvulis (Mt 11, 25). Je reconnais, mon Père, et je vous en remercie, que la doctrine que j'ai apprise de vous, et que je répands parmi les hommes, n'est connue que des petits et des simples, et que vous permettez que les sages et les prudents du monde ne l'entendent pas, et que le sens et l'esprit de cette divine doctrine leur soit cachée. [...]
    Or pour bien connaître l'excellence de cette vertu, il faut savoir qu'elle nous approche de Dieu, et qu'elle nous rend semblables à Dieu, dans la conformité qu'elle nous fait avoir avec lui, en tant qu'il est un être très simple, et qu'il a une essence très pure qui n'admet aucune composition ; si bien que ce que Dieu est par son essence, c'est cela même que nous devons tâcher d'être par vertu, autant que notre faiblesse et misère en est capable. Il faut avoir un cœur simple, un esprit simple, une intention simple, une opération simple ; parler simplement, agir bonnement, sans user d'aucun déguisement ni artifice, ne regardant que Dieu, auquel seul nous désirons plaire. [...]
    Or je vous demande, mes Frères, si cette vertu de simplicité n'est pas belle et désirable ? Et s'il n'est pas juste et raisonnable de se garder avec grand soin de tous ces déguisements et artifices de paroles et d'actions ? Mais pour l'acquérir il la faut pratiquer, et ce sera par les fréquents actes de la vertu de simplicité que nous deviendrons vraiment simples, avec le secours de la grâce de Dieu, que nous devons souvent lui demander. »

    St Vincent de Paul, in Louis Abelly, "Vie de S. Vincent de Paul", Tome IV, Livre III ch. XXXIV, Nouvelle édition, Paris, 1823 / "Conférences, Discours, Exhortations et Fragments divers de Saint Vincent de Paul", XXXV. Conférence sur la simplicité (Abelly t. II), in "Collection intégrale et universelle des orateurs chrétiens", Deuxième série, publié par Jacques-Paul Migne, 1805 (Google Books).

    NB : Du même et sur le même sujet, voir également la méditation proposée le 19 juillet 2014.

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    Tiffany Glass & Decorating Company (v.1890)
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : consacrer sa vie à Dieu...

    « Consacrer sa vie à Dieu, ce n'est pas toujours se séparer du monde ; ce n'est pas renoncer à vivre dans le monde ; ce n'est pas renoncer à avoir sa part des joies, souvent amères, et des peines assurées de la vie commune. Si l'on excepte quelques âmes privilégiées, par conséquent rares, auxquelles Dieu fait entendre son appel direct, et qu'il tire du monde pour les attacher à son seul service, la destinée ordinaire des âmes est de servir Dieu dans la vie du monde, et c'est apparemment dans cette forme que, tous ou presque tous, nous devons lui appartenir. Consacrer sa vie à Dieu ce n'est donc pas fuir dans les solitudes, ce n'est pas rompre les liens sacrés que la Providence a formés dans nos âmes, ce n'est rien faire d'extérieur, d'excessif et de violent.

    Consacrer sa vie à Dieu, c'est lui donner toute cette vie, quelle qu'elle doive être, brève ou longue, triste ou heureuse, pour qu'il la prenne, la sanctifie, en fasse un instrument de sa grâce et de sa gloire.
    C'est le propre de cette consécration parfaite et profonde que l'âme ignore ce qu'elle donne et qu'elle ne cherche pas à connaître. Dieu seul sait, et il suffit. On ferme les yeux, on met sa main dans la main de Jésus, l'éternel ami des âmes, et, confiant comme le petit enfant qui marche les yeux fermés dans les ténèbres, parce qu'il tient le vêtement de sa mère, on marche en foi et en abandon dans le chemin qui conduit où Dieu sait. »

    Abbé Henri Perreyve (1831-1865), Élévations prières et pensées recueillies par l'Abbé Peyroux, Librairie de l'Art Catholique, Paris, 1917.

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  • Méditation : les fruits de la prière

    « Que produit la prière ? Elle élève l'homme au-dessus de lui-même, au-dessus de la terre, elle le plonge dans Dieu, abîme de la douceur et de la suavité. Que produit la prière ? Elle s'empare de Dieu, en quelque sorte, elle le renferme dans le cœur de celui qui prie comme dans son sanctuaire, afin que l'homme le possède, l'aime, jouisse de lui avec toute liberté. Que produit la prière ? Elle place l'âme en face de Dieu, et Dieu en face de l'âme : ravissant spectacle, paysage autrement délectable que les plaines des cieux avec leurs étoiles. Que produit la prière ? Elle place le suppliant aux pieds de Dieu pour qu'il entende de la bouche divine la doctrine véritable, pour qu'il soupire avec l'épouse des Cantiques : Mon âme se fond de tendresse, quand le bien-aimé me parle. Que produit la prière ? Elle détruit le vieil homme, elle enfante l'homme nouveau, elle arrache les vices, elle sème les vertus. Que produit la prière ? Elle donne le mépris du monde, le courage dans la détresse, la possession de soi-même dans le bonheur, le calme dans le péril, la sérénité en toute occurrence. Que produit enfin la prière ? Elle relève, assouplit, éclaire, enflamme l'âme, et cette âme, décuplée de la sorte, s'envole aux spectacles éternels, aime ce qu'elle contemple, s'enivre de son amour, se repose dans cet enivrement céleste, et se procure dans ce repos inénarrable toute la gloire et la jouissance que les âmes peuvent obtenir sur terre.

    La prière est donc comme le pâturage de l'âme, le baiser de Dieu, la source du Liban, la demeure des délices ; c'est un miroir radieux où l'homme contemple avec son Seigneur et les mondes ; c'est la vie des vertus, l'exterminateur des vices, l'origine de tout bien ; c'est le lait où s'abreuvent les enfants de l'Esprit, le pain qui nourrit les forts, la manne des débiles, le secours des morts, le refuge de l’Église universelle ; c'est le port tranquille, le bocage frais sous le soleil ardent, le bouclier du combat, la couronne du vainqueur ; c'est l'échelle de Jacob, la porte royale qui mène au cœur de Dieu ; c'est la prémisse de la gloire ; c'est une reine magnifique dont les jeûnes, les aumônes, les chant des hymnes, le désert, les images, les temples sont le cortège et la parure ; c'est cette part opime que s'était réservée Marie, la sœur de Marthe, au témoignage du Sauveur ; c'est notre armure, enfin, notre invincible mais indispensable armure. Avec elle nous pouvons affronter l'enfer et conquérir le ciel ; sans elle nous ne pouvons rien pour le salut et la gloire. Qui a fait des miracles sans la prière, et que de victoires n'a-t-elle pas remportées sur l'ennemi du genre humain ? Quelle grâce n'obtient pas l'enfant de l'oraison, et que de guérisons miraculeuses, de prodiges sur terre et sur mer ne prodigue-t-elle pas à chaque heure ? La prière, voilà l'armure de Moïse, de Josué, de Gédéon, de Jephté, de David, d'Ezéchias, de Josaphat, des Machabées, des Constantin, des Théodose : voilà l'armure des vrais chrétiens.

    Aussi rien de plus familier aux saints que l'oraison. Jésus-Christ, le Saint des saints, passait les nuits dans cet exercice aimé ; il préluda par la contemplation à sa vie publique, il se prépara à mourir sur le Calvaire par une longue et fervente méditation. David, au milieu de ses occupations de roi, vaquait sept fois par jour à la prière, et y consacrait une partie de son sommeil. Dans l’Église naissante, on méditait sans cesse dans les temples, on y louait, on y bénissait toujours Dieu. Saint Bartholomée s'agenouillait cent fois le jour et cent fois la nuit. Saint Jacques avait les genoux durcis comme les genoux d'un chameau pour ses génuflexions prolongées et sans nombre. Les apôtres remirent le soin des intérêts temporels à des diacres, pour se livrer librement à la contemplation. La vie de saint François ne fut qu'une absorption continuelle en Dieu. Saint Dominique prêchait tout le jour et priait toute la nuit ; il puisait au pied du Christ les inspirations de ses prédications ardentes. Aussi quels fruits admirables opérait sa parole de feu ! Je ne parle pas de saint Antoine, de saint Benoît et de tant d'autres qui se retirèrent dans le désert pour prier loin du bruit.

    Si tant de saints ont mendié si assidûment, dans l'oraison, la grâce de Dieu, désiré sa lumière, imploré son secours, malgré leurs richesses spirituelles, que ferons-nous, nous les vrais pauvres et les vrais mendiants ? Pourquoi cueillaient-ils des moissons si abondantes, et pourquoi cette stérilité de nos labeurs et de nos peines ? C'est qu'ils étaient humbles, quoique riches, et que nous sommes superbes, quoique misérables. Ils plaçaient leur espérance en Dieu, et nous nous appuyons sur notre sagesse. Je vous exhorte donc à acquérir cette précieuse vertu, si vous désirez parvenir rapidement et sûrement à la possession du bien suprême, le béni des siècles. »

    St Robert Bellarmin (1542-1621), in "Les Discours", soigneusement revus et corrigés par l'auteur, Traduits du latin par Elie Berton, Tome IV, 11, 1, Paris, Louis Vivès, 1855 (Google Books, p. 257 sq.).

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    Gravure de Hieronymus Wierix (v.1553-1619)

  • Méditation : la "nourriture des anges", empreinte de la grâce dans l'âme...

    « Regarde, ma fille bien-aimée, quelle excellence acquiert l'âme qui reçoit comme elle doit le recevoir ce pain de vie, cette nourriture des anges. En recevant ce sacrement, elle est en moi et moi en elle. Comme le poisson est dans la mer, et la mer dans le poisson, moi je suis dans l'âme et l'âme est en moi, l'océan de la paix. Et, dans cette âme, réside la grâce : elle a reçu le pain de vie en état de grâce, et la grâce demeure, quand l'accident du pain est consommé.
    Je lui laisse l'empreinte de la grâce, comme fait le sceau qu'on pose sur la cire chaude : lorsqu'on retire le sceau, l'empreinte du sceau reste, de même la vertu de ce sacrement reste dans l'âme ; elle conserve la chaleur de ma divine charité, la clémence du Saint-Esprit ; elle garde la lumière de la sagesse de mon Fils. L’œil de l'intelligence est éclairé de la sagesse du Verbe, pour qu'elle connaisse et contemple la doctrine de ma Vérité, et cette sagesse, qui reste avec force, la fait participer à ma force toute-puissante, qui fortifie l'âme contre sa propre passion sensitive, contre les démons et contre le monde. »

    Notre Seigneur à Ste Catherine de Sienne, in Auguste Saudreau, "Les divines Paroles ou ce que le Seigneur a dit à ses disciples dans le cours des siècles chrétiens", Tome II, Angers, Ed. de l'Ouest, 1936.

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  • Méditation avec St Jean Eudes : imitation de la Bse Vierge Marie

    « Je vous exhorte, mon cher fils, d'aimer notre très sainte dame et notre divine maîtresse ; car si vous désirez vous garantir d'une infinité de périls et de tentations dont cette vie est pleine, si vous désirez trouver de la consolation et n'être point accablé de tristesse dans vos adversités, si enfin vous souhaitez d'être uni inséparablement avec notre Sauveur, ayez une vénération et une affection singulières pour sa très pure, très aimable, très douce, très fidèle, très gracieuse et très puissante mère ; car si vous l'aimez véritablement et que vous tâchiez de l'imiter soigneusement, vous expérimenterez qu'elle vous sera aussi une mère pleine de douceur et de tendresse, et qu'elle est si pleine de bonté et de miséricorde, qu'elle ne méprise personne et qu'elle ne délaisse aucun de ceux qui l'invoquent ; n'ayant point de plus grand désir que d'élargir les trésors des grâces que son fils lui a mis entre les mains, à tous les pécheurs.

    Quiconque aime cette Vierge immaculée, est chaste ; quiconque l'honore, est dévot ; quiconque l'imite, est saint. Personne ne l'aime sans ressentir les effets de son amour réciproque : pas un de ceux qui lui ont dévotion ne peut périr ; pas un de ceux qui tâchent de l'imiter ne peut manquer d'acquérir le salut éternel. Combien a-t-elle reçu dans le sein de sa miséricorde de misérables pécheurs qui étaient comme dans le désespoir et dans l'abandon à toutes sortes de vices, et qui avaient déjà, s'il faut ainsi dire, un pied dans l'enfer ; et qu'elle n'a pas néanmoins rejetés, lorsqu'ils ont eu recours à sa piété ; mais qu'elle a arrachés de la gueule du dragon infernal, les réconciliant avec son fils, et les remettant dans le chemin du paradis ; car c'est une grâce, un privilège et un pouvoir que son fils lui a donné, qu'elle puisse amener à la pénitence, ceux qui l'aiment, à la grâce ceux qui lui sont dévots, et à la gloire du ciel ceux qui s'efforcent de l'imiter. »

    St Jean Eudes, Le Cœur Admirable de la très sacrée Mère de Dieu ou La dévotion au très saint Cœur de la bienheureuse Vierge Marie (Livre IV, ch. IV), Troisième édition, Tome second, A Paris, chez L. D. Delossy, Libraire-Editeur, 1834.

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  • Méditation : Marie Immaculée vous aime !

    « Dans les difficultés, dans les ténèbres, dans les infirmités, dans les découragements, souvenons-nous que le Ciel... le Ciel s'approche. De jour en jour plus proche. Alors, courage ! Elle nous attend là-bas pour nous serrer sur son Cœur. Et ne croyez pas le diable, lorsqu'il voudrait vous convaincre que le Ciel existe mais qu'il n'est pas pour vous. Car même si vous commettiez tous les péchés possibles, un acte d'amour parfait lave tout cela, ne laissant aucune trace.

    Comme je voudrais vous dire et vous répéter sans cesse comme l'Immaculée est bonne pour éloigner de vos cœurs la tristesse, la chute de l'âme ou le découragement. Un « Marie » dit même par une âme plongée dans les ténèbres, dans les sécheresses, dans le malheur du péché, quel écho provoque-t-il dans son Cœur si aimant ! Et plus l'âme est malheureuse, plus elle est plongée dans la faute, plus elle entoure de sa protection pleine d'attention cet élan venu de nous, pauvres pécheurs. Et ne vous inquiétez pas si vous ne sentez pas cet amour. Si vous voulez aimer, c'est un signe certain que vous aimez, et il s'agit seulement de vouloir aimer. Le sentiment extérieur est aussi le fruit de la grâce, mais ne suit pas toujours la volonté. Parfois, il vous arrivera une pensée triste et comme nostalgique, une prière, une imploration... : « Est-ce que l'Immaculée m'aime encore ? » Je vous dis à tous et à chacun en particulier, en son nom, faites attention, en son nom. Elle vous aime, chacun de vous. Elle vous aime beaucoup. Elle vous aime en tout moment, sans aucune exception. C'est cela que je vous répète en son nom. »

    St Maximilien-Marie Kolbe, 13-04-1933 : L. Nagasaki, in "Entretiens spirituels inédits", Paris, Éditions P. Lethielleux, Dessain et Tolra, 1974.

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  • Méditation : le Corps Eucharistique de Notre Seigneur

    « Pour avancer réellement dans la voie de la prière véritable et bien faite, il n'est pas de secours plus grand et plus utile que l'adorable et précieux corps eucharistique de Notre Seigneur Jésus Christ que l'homme doit recevoir en temps convenable, afin de s'y renouveler et de s'y régénérer pleinement. Mes chers enfants, vous devez être extraordinairement reconnaissants de ce que cette grande grâce vous soit plus souvent accordée qu'auparavant et vous devez en user plus que de tout autre secours ; car la nature est aujourd'hui si faible et si prompte à tomber en une foule de fautes et de péchés, que l'homme a grand besoin de puissants secours pour se relever et d'un appui pour se soutenir ; et cela, cette divine nourriture l'est plus que toute autre chose.
    [...]
    Il n'est pas du tout nécessaire d'avoir une grande dévotion bien sentie et d'avoir fait de grandes œuvres extérieures, il suffit qu'on soit sans péché mortel, qu'on ait le désir d'être bon, qu'on se tienne dans une humble révérence, qu'on se confesse indigne et qu'on reconnaisse sa misère. Cela suffit, mais cela est nécessaire et fort utile. Si l'homme veut continuer à se garder des chutes et des fautes graves, il est grandement nécessaire qu'il soit nourri de cette noble et forte nourriture ; elle l'entraîne en avant et l'élève jusqu'au sommet d'une vie divine... Vous devez vous hâter d'aller [à la table sainte], car c'est de là que viennent, c'est là que sont déposées et cachées toute force, toute sainteté, toute aide et toute consolation. »

    Jean Tauler, Sermon 48 (1 & 3, extraits), Éditions du Cerf, Paris, 1991.

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  • Méditation - Prière : au soir de notre vie...

    « Quand le soir tombe et que la fin d'un jour, en s'annonçant, me fait songer à la fin des choses, comme j'ai besoin de vous prier de me garder cette vie qui ne passe pas :
    "Écoutez, au moment où les ténèbres de la nuit s'approchent, nos prières qu'accompagnent nos larmes. Ne permettez pas que notre âme, appesantie par le poids du péché, se détourne des choses éternelles et qu'elle quitte cette patrie intérieure où l'on vous connaît, où l'on vous aime."
    Le péché vous chasse, il fait la nuit, il remplace la lumière, qui vous montre à moi dans votre splendeur radieuse d'être infini, par la clarté inférieure et douteuse qui m'égare vers la créature. Il ne me permet plus de discerner nettement ce qui est vérité et mensonge, vrai bien et faux bien. Écartez de moi ces ténèbres. Faites au contraire que le soir de ma vie soit de plus en plus cette fin apaisée des longues journées d'été, où les nuages ont pu s'amonceler, le tonnerre gronder, le soleil darder un rayon trop dur, mais qui s'achève dans le calme recueilli et confiant où s'annonce un beau lendemain.
    Donnez-moi cela, ô Vous pour qui il n'y a ni orage ni nuage menaçant, ni rayon qui brûle, ni tempête qui dévaste, ni jour qui finit. Donnez-moi de vous connaître et de vous aimer comme vous vous connaissez et vous vous aimez ; donnez-moi votre vie éternelle. Vivez en moi, ô Père, dans mon âme que l'effort quotidien, soutenu par votre grâce, fera de plus en plus limpide ; engendrez comme dans un pur miroir votre Image qui est votre Fils ; gravez en moi vos traits ou mieux faites que je fasse cela, que bien souvent ma pensée aimante se retourne vers Vous. Donnez-moi de vous reconnaître, de vous adorer, de vous bénir en tout ce que vous voulez, en tout ce que vous faites. Donnez-moi votre Esprit qui ainsi vous reconnaît, vous adore et vous aime. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Liturgie d'âme (Harmonies divines), 2e édition, Roma, Benedettine di Priscilla, 1962.

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    (Source et crédit photo)

  • Méditation : Sainte Anne, mère de la Bienheureuse Vierge Marie

    « Devant le mystère de sainte Anne, toute âme qui croit en Jésus-Christ, toute âme qui le reconnaît Fils de la Bienheureuse Vierge Marie, se tait, admire et reste confuse.

    C'est donc vous, Anne glorieuse, c'est vous qui avez enfanté Marie, « l'Aurore de la grâce » ; c'est vous qui avez enfanté Celle que nous appelons la Mère de Dieu, la Vierge des vierges, la Mère du Christ, la Mère de la divine grâce, le Siège de la Sagesse, le Vase d'élection, le Miroir de la justice, la Reine de tous les saints. C'est vous qui avez enfanté Marie, ô doux Nom !...

    En vous, nous nous réjouissons aujourd'hui, avec l’Église, ô femme forte, femme idéale, qui avez mérité de Dieu d'enfanter l'Immaculée Conception.

    Qui donc ne vous admirerait, qui ne tomberait en défaillance, devant cette grandeur, qui dépasse le ciel et la terre ? Vous êtes l'aïeule de Jésus-Christ, de Dieu, de l'Homme-Dieu, du Fils de l'Immaculée, du Saint des saints, du Juge des vivants et des morts.

    Quelle grâce a dû être la vôtre ! Quelle pureté cela supposait en votre âme ! De quel amour vous avez été prévenue, ô mère de la Mère de Dieu !

    Je vous félicite, je me réjouis avec vous des grâces que Dieu vous fît, grâces que nous célébrons en ce jour, et qui vous ont décorée, pour être l'instrument merveilleux du grand Œuvre de Dieu, du Chef-d’Œuvre de sa droite, lorsque vous enfantâtes celle qui devait mettre au monde Jésus ; lorsque vous nous donnâtes Marie, la Mère de la Vie, la Mère de la grâce, l'admirable en tout point, Vierge bénie aux siècles des siècles. »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Temps après la Pentecôte I (26 juillet : Sainte Anne, mère de la Bienheureuse Vierge Marie), Éditions de Maredsous, Belgique, 1950.

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  • Méditation : "le silence est la condition des confidences divines..."

    « Dieu vous appelle plus fort encore que vous ne l'appelez. Spiritus et sponsa dicunt : Veni (1) ; oui, mais combien l'Esprit le crie plus haut que l'épouse. Le cri de l'épouse n'est jamais qu'un écho ; le cri de l'Esprit c'est une parole, la Parole même, celle que Dieu daigne nous dire dans le temps, se la disant éternellement à lui-même et se disant lui-même en elle et par elle : ce qui fait que, pour nous comme en lui, dans ses rapports comme dans son intime, dans sa conversation libre comme dans son énonciation nécessaire, c'est une parole de vie, une parole qui est la vie et qui vivifie ceux qui l'entendent. Entendez-la, mon enfant, petite créature de Dieu, appelée du néant à l'être, puis des ténèbres et du péché à la lumière et à la grâce ; entendez-la et, pour cela, écoutez-la toujours : audi, filia, et vide, inclina aurem tuam... quia concupivit Rex speciem tuam (2). Et, pour cela, faites taire tout le reste et demeurez vous-même en silence. Le silence est l'atmosphère de l'âme et la condition des confidences divines ; le Seigneur n'est pas dans le bruit, il ne parle point quand d'autres parlent, et c'est pourquoi il est dit que le silence est sa vraie louange : il lui permet de se dire ; et se dire, pour lui, se manifester, se donner, c'est se louer et se glorifier. Pensez un peu et même beaucoup à tout cela au pied du tabernacle, et ajustez vaillamment votre vie aux lumières dont Notre-Seigneur éclairera vos méditations... »

    (1) : "L'Esprit et l'épouse disent : Viens" (Ap 22, 17)
    (2) : "Écoutez, ma fille, et voyez, prêtez l’oreille... car le Roi s'est épris de votre beauté" (Graduel, du Ps 44, 11 - Cf. interprétation ci-dessus)

    Mgr Charles Gay (1814-1891), Lettre à la Révérende Mère ***, Rome, 27 février 1870 (extrait), in "Correspondance" Tome II (1864-1891), Paris - Poitiers, H. Oudin, 1899.

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  • Méditation : le mystère de la Communion

    « Le plus parfait et le plus intime de nos entretiens avec Dieu, savoir le mystère de la Communion, où nous faisons mention non point de telle et telle grâce, mais en général de tous les biens que nous tenons de Dieu, soit que nous les détenions en fait, soit qu'ils nous restent réservés pour l'avenir, il était juste de lui donner le nom d'Eucharistie. Il convenait que son nom fût tiré non point des supplications auxquelles nous condamnent notre misère, mais de l'infinie libéralité de Dieu.

    Sans doute, dans ce rite sacré, nous faisons à la fois acte de supplication et d'action de grâces à Dieu ; mais l'action de grâces est œuvre de Dieu, et la supplication est œuvre de l'infirmité humaine. L'action de grâces porte sur un plus grand nombre d'objets ; la supplication, sur un plus petit nombre. La première, en effet, porte absolument sur tous les biens ; la seconde, sur quelques-uns seulement. Aussi convenait-il d'appeler ce sacrement Eucharistie, en empruntant son nom aux éléments les meilleurs et les plus nombreux. C'est ainsi que l'homme, quoique participant quelque chose de l'être privé de raison, est pourtant appelé animal raisonnable, désigné de la sorte par la partir la meilleure et la plus noble de sa nature.

    Une autre raison, au surplus, c'est que Celui qui le premier célébra ce rite sacré, Notre Seigneur Jésus-Christ, l'accomplit et l'institua non pas en suppliant, mais seulement en rendant grâces au Père. Voilà pourquoi l’Église, qui a reçu de Lui ce sacrement tout fait, le désigne ainsi sous le nom d'Eucharistie. »

    St Nicolas Cabasilas (Nikovlao Kabavsila, 1322-1391), théologien orthodoxe, fêté ce jour.
    Explication de la Divine Liturgie (ch. LII), Trad. de S. Salaville, A.A., SC n°4, Éditions du Cerf, 1943.

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  • Mois du Sacré-Coeur - Vingtième Jour

    Vingtième Jour
     
    Prions pour les âmes qui résistent à la grâce.

    La 1ère épine du Cœur de Jésus, ce sont les âmes qui restent volontairement en état de péché mortel.

    L’âme innocente est la demeure de Dieu, elle devient par la Ste Communion la demeure toute particulière de J.-C.. J.-C. est « chez lui », c’est là qu’il trouve ses délices et qu’il demande à rester… Or commettre un péché mortel, le conserver volontairement, c’est admettre le démon dans son âme, le constituer, le maître à la place de Jésus, qui sort alors, chassé honteusement… Pauvre Jésus, qui se tient à la porte de l’âme coupable, qui frappe, qui demande à entrer et qui entend ce cri épouvantable : « Non ! non ! ce n’est pas vous que je veux, mais mon péché ! » - Oh ! si vous craignez d’être en état de péché mortel, mon enfant, allez vite, vite vous confesser.

    Une prière pour les pécheurs.
  • Méditation : consoler le Coeur de Jésus

    « Ce qui plaît à Dieu avant tout c'est l'accomplissement de ses desseins éternels en nous, par l'usage des moyens qu'Il choisit pour nous, selon l'ordre fixé par Lui de toutes les destinées et de tous les événements. "Il vaut mieux, s'écriait saint François de Sales, n'être qu'un tout petit moucheron, par la volonté divine, qu'un séraphin par sa volonté propre." Dieu s'est choisi pour moi des instruments qu'Il manie Lui-même, qu'Il exerce contre mes défauts et mes faiblesses, qu'Il donne comme un renfort ou un stimulant à ma vertu, dont Il fait pour ma vie surnaturelle tout à la fois un remède, un préservatif et un tonique ; il y a tant à faire en moi, et il est si bon que Dieu le fasse pour mon mérite et pour sa Gloire, que Dieu n'a pas trop de toute mon existence, ni de tout ce qu'Il peut y trouver de personnes exerçantes ou d'événements pénibles, pour me façonner comme Il veut, et me purifier comme il faut, au creuset de la patience. C'est donc à cela que tient tout ce qui touche le plus l'Amour de Dieu pour nous : "c'est avec la chaîne des souffrances patiemment supportées que le Christ forme l'anneau nuptial par lequel Il épouse une âme" (1).

    Qu'il est donc consolant et souvent nécessaire de penser, dans nos difficultés et nos peines, qu'elles sont, par l'amour que nous y mettons et que nous y trouvons, la meilleure consolation que nous puissions donner au Cœur de Jésus, parce que c'est le meilleur moyen de nous unir à ses souffrances et de les rendre fécondes en nous ; "ceux qui sont piqués de la Sainte Couronne, disait saint François de Sales, ne sentent pas les autres piqûres." Louis Veuillot, qui avait vu mourir sa femme, après huit ans de mariage, et qui, sur six enfants, en avait perdu quatre, dont trois en quarante jours, "ne pouvait plus reposer son cœur que sur la pierre d'un tombeau" ; et pourtant il demandait à Dieu de "lui laisser ce baume amer et purifiant" (2). Faisons nôtre cette pierre si aimante et si humaine tout à la fois, en nous souvenant d'ailleurs, avec le Bienheureux Grignion de Montfort, que c'est la très sainte Vierge qui nous aide à bien porter toutes nos croix "en les faisant confire dans le sucre de sa douceur maternelle, et dans l'onction du pur amour (3). »

    (1) : Cf. Mgr Ullathorne o.s.b., évêque de Birmingham, Humilité et patience, Collection Pax vol. IX, Lethielleux/ DDB/ Abbaye de Maredsous, Paris, 1923, p. 111
    (2) : Ce n'est d'ailleurs pas manquer à l'esprit de cette patience forte et aimante que de chercher à soulager les maux dont on souffre, soit pour mieux accomplir les devoirs de son état, soit même simplement pour en atténuer l'effet ou en éviter le retour. Tout cela est dans l'ordre, puisque la souffrance est un mal et qu'il faut se défier de sa faiblesse. Les plus grands saints nous en ont montré l'exemple. Le séraphique saint François faisait renouveler chaque jour, en dehors du vendredi et du samedi, par le bon frère Léon, des compresses d'eau fraîche sur ses plaies sanglantes ; et c'est sainte Thérèse qui, sans oublier sa devise : "ou souffrir ou mourir", mandait à la prieure du Carmel de Séville de lui envoyer "un peu d'eau de fleur d'orange", en "prenant bien garde qu'elle ne se répande pas en chemin" pour calmer ses "grands maux de cœur".
    (3) : Cf. Abbé Antonin Lhoumeau, Élévations mariales, A. Mame, 1919, p. 245.


    Abbé Paul Thône, Sur le Cœur de notre Sauveur (ch. II, II), Desclée de Brouwer et Cie, Éditeurs, Paris, 1934.

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    Icône Akhtyr de la Très Sainte Mère de Dieu
    (Histoire de l'icône, en anglais)
  • Méditation - Prière à l'Esprit-Saint

    « Ô Toi, qui procèdes du Père et du Fils, divin Paraclet, par ta flamme féconde viens rendre éloquent notre organe, et embraser nos cœurs de tes feux.

    Amour du Père et du Fils, l'égal des deux et leur semblable en essence, tu remplis tout, tu donnes la vie à tout ; dans ton repos, tu conduis les astres, tu règles le mouvement des cieux.

    Lumière éblouissante et chérie, tu dissipes nos ténèbres intérieures ; ceux qui sont purs, tu les rends plus purs encore ; c'est toi qui fais disparaître le péché et la rouille qu'il apporte avec lui.

    Tu manifestes la vérité, tu montres la voie de la paix et celle de la justice ; tu fuis les cœurs pervers, et tu combles des trésors de ta science ceux qui sont droits.

    Si tu enseignes, rien ne demeure obscur ; si tu es présent à l'âme, rien ne reste impur en elle ; tu lui apportes la joie et l'allégresse, et la conscience que tu as purifiée goûte enfin le bonheur. [...]

    Secours des opprimés, consolation des malheureux, refuge des pauvres, donne-nous de mépriser les objets terrestres ; entraîne notre désir à l'amour des choses célestes.

    Tu consoles et tu affermis les cœurs humbles ; tu les habites et tu les aimes ; expulse tout mal, efface toute souillure, rétablis la concorde entre ceux qui sont divisés, et apporte-nous ton secours.

    Tu visitas un jour les disciples timides ; par toi ils furent instruits et fortifiés ; daigne nous visiter aussi et répandre ta consolation sur nous et sur le peuple fidèle. [...]

    [...] Viens donc à nous, auguste Consolateur ! gouverne nos langues, apaise nos cœurs : ni fiel ni venin n'est compatible avec ta présence. Sans ta grâce, il n'est ni délice, ni salut, ni sérénité, ni douceur, ni plénitude. [...] »

    Adam de Saint-Victor (XIIe siècle), Séquences, In "L'année liturgique" de Dom Guéranger, Tours, Mame et Fils, 1920, Tome III.

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  • Méditation - Prière de confiance et d'abandon

    « Père, je me réfugie près de vous, dans le creux de votre Tendresse. J'ai besoin de vous aimer sans rien dire. Et d'abord de « réaliser » que vous m'aimez, malgré ce que je suis. Ce qui m'aide à comprendre que vous ayez pour moi, tel que je suis, un Amour merveilleusement paternel, c'est de penser que tous les obstacles qui peuvent, de mon fait, arrêter votre amour ne sont rien en comparaison des obstacles créés par ma nature d'homme... Si vous avez traversé l'infini pour venir à moi, vous traverserez bien la laideur dont je me suis entouré comme d'un fossé plein d'eau. Au fond, dans certain non sum dignus, entre un extraordinaire orgueil. Comme si mon indignité me venait surtout de mes péchés !... Je cherche une comparaison. Peut-être celle-ci : le paysan invité par le roi et qui est confondu par la bonté du roi, laquelle il fait consister en ceci : que le roi l'invite, lui, bien qu'il soit plus pauvre que tel de ses cousins... Quelle méconnaissance ! C'est imaginer que le roi l'invite pour son mérite. Et il ne l'invite que parce qu'il est paysan. L'amour qu'a pour moi mon Père est cet amour qui s'adresse à moi parce que je suis homme, ou plutôt en tant que je suis homme ; seulement, en même temps, et parce qu'il est divin, il m'enveloppe en tant que je suis moi. Tout le reste, mes fautes et mes mérites, c'est une peine ou une joie donnée à son amour et qui en nuance le caractère.
    Donc, une chose certaine, et que je dois me répéter : je suis aimé, moi, moi-même, et couvé par une tendresse cachée, mais vigilante. Si j'étais en état de péché, je n'aurais qu'à dire : « Pardon », pour réveiller sur le visage du Père le sourire prêt à parler. Si je suis seulement tiède, et sans vraie beauté, avec la poussière des péchés véniels collée à ma peau, alors encore il me faut croire que l'Amour me regarde, comme une maman son enfant espiègle qui vient encore de se barbouiller le visage avec la confiture qu'il a volée.
    Mon Dieu, mon Dieu, gardez-moi cette assurance que j'ai (par l'effet d'une grâce) de votre amour ! Que je ne cesse pas de vous voir comme je vous vois ! Petite opinion de moi, mais immense opinion de vous.
    S'il fallait que je fusse digne de votre amour pour oser l'accepter, vous ne seriez plus vous, vous ne seriez plus l'Amour. Je fais un acte de foi éperdu, mais qui ne me coûte pas, dans votre indulgence sans limite. Vous m'aimez, vous m'aimez : faites que je vous aime. »

    Auguste Valensin s.j. (1879-1953), La Joie dans la foi (Notre Père), Aubier, Éditions Montaigne, Paris, 1954.

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