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guérison - Page 3

  • 23 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'homme à la main sèche - Guérison le jour du sabbat (Mc 3, 1-6 ; cf Mt 12, 9-14 & Lc 6, 6-11)

    « Jésus-Christ guérit encore ici cet homme le jour du sabbat pour justifier davantage ses apôtres. Les antres évangélistes remarquent que Jésus-Christ ayant mis cet homme au milieu des Juifs, leur demanda s’il était permis de faire du bien au jour du sabbat. [...]

    Jésus-Christ demeure dans sa douceur ordinaire. Il guérit ce malade et il leur répond pour faire retomber leurs piéges sur eux, pour nous apprendre la modération, et pour faire voir leur dureté inhumaine. Saint Luc remarque qu’il fit mettre cet homme "au milieu" des Juifs (Lc VI,8) : non qu’il eût quelque crainte d’eux, mais pour les aider à rentrer en eux-mêmes et pour les toucher de compassion. [...]

    [...] il leur demande : "S’il était permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal", et il leur fait cette question : "Qui d’entre vous ayant une brebis", et le reste...

    Saint Marc rapporte "que Jésus-Christ les regardait" (Mc III,5), en leur faisant cette question, afin que son regard pût encore aider à les toucher de compassion. Mais tout cela ne put faire aucun effet sur leur endurcissement. Il guérit cet homme par sa seule parole, quoique souvent ailleurs il impose les mains sur les malades pour les guérir. Et cette circonstance rendait ce miracle encore plus grand. Mais rien ne pouvait adoucir les Juifs, le paralytique était guéri, et eux devenaient plus malades encore par là. Jésus-Christ avait tâché, et par ses paroles, et par ses raisons, et par ses actions de les faire revenir et de les gagner. Mais voyant que leur opiniâtreté était inflexible, il les quitte et il fait son oeuvre.

    "Alors il dit à cet homme : Etendez votre main, et l’ayant étendue elle fut rendue saine comme l’autre." Que font à cela les Juifs ? Ils sortent d’avec Jésus-Christ, ils s’assemblent et ils consultent entre eux pour lui dresser quelque piége.

    "Mais les pharisiens étant sortis tinrent du conseil ensemble contre lui sur les moyens qu’ils pourraient prendre pour le perdre." Il ne les avait blessés en rien, et ils voulaient le faire périr. Tant il est vrai que l’envie est cruelle et furieuse, et qu’elle n’épargne ni amis, ni ennemis. Saint Marc dit qu’ils se lièrent avec les hérodiens, pour voir ensemble comment ils perdraient Jésus-Christ. Mais que fait ici le Sauveur, cet agneau si doux et si paisible? Il se retire pour ne pas les aigrir davantage. "Mais Jésus, sachant leurs pensées, se retira de ce lieu." Où sont maintenant ceux qui croient qu’il serait à souhaiter que Dieu fît aujourd’hui des miracles comme autrefois? Jésus-Christ fait bien voir par ce qui lui arriva alors, que les esprits rebelles ne se rendent point aux miracles même. Tout ce qui se passe dans cette guérison miraculeuse montre clairement que les Juifs avaient accusé injustement les apôtres.

    Il est à remarquer que plus Jésus-Christ faisait du bien aux hommes, plus ses ennemis s’en aigrissaient. S’ils le voient ou guérir les corps, ou convertir les âmes, ils entrent en furie, et ils cherchent les moyens de l’accuser. Lorsque chez le pharisien il change miraculeusement la pécheresse, ils le condamnent. Lorsqu’il mange avec les publicains et les pécheurs, ils le calomnient. Et ils conspirent ici pour le perdre, après qu’il a guéri cette main desséchée. Mais considérez, je vous prie, comme Jésus-Christ continue de faire son oeuvre. Il guérit les malades comme auparavant, et il tâche en même temps d’adoucir et de guérir les esprits. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XL sur Saint Matthieu (1-2), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 18 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Guérison du paralytique (Mc 2, 1-12 - cf. Mt 9, 1-8)

    « Saint Matthieu dit simplement qu’on amena cet homme devant Jésus-Christ. Mais les autres évangélistes disent que ceux qui le portaient le descendirent par le haut du toit, et le présentèrent à Jésus-Christ sans lui dire une seule parole, et en le laissant faire ce qu’il lui plairait. Lorsque Jésus-Christ commençait à prêcher, il allait lui-même de tous côtés dans les villes, et il n’exigeait pas une si grande foi de ceux qui le venaient trouver ; mais ici il laisse venir ces gens à lui, et il veut qu’ils aient de la foi. "Jésus voyant leur foi", dit l’Evangile, c’est-à-dire la foi de ceux qui avaient descendu ce malade du haut du toit. [...] Toutefois on peut dire ici que celui même qui était malade avait de la foi, puisque sans cela il n’eût jamais souffert qu’on le descendit de la sorte.

    Voyant donc la grande foi que ces gens lui témoignaient, Jésus-Christ de son côté se hâta de leur donner un témoignage de sa puissance, en déliant avec l’autorité d’un Dieu les péchés de ce malade, et en se montrant égal en tout à son Père. Il s’était déjà fait connaître plus haut, lorsqu’il enseignait comme ayant autorité, lorsqu’il disait au lépreux : "Je le veux, soyez guéri" ; lorsqu’il louait le centenier d’avoir dit : "Dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri" ; lorsqu’il mettait par une seule parole un frein à la mer, et calmait les flots et la tempête ; lorsqu’il chassait les démons en Dieu, et leur faisait sentir qu’il était leur Seigneur et leur juge.

    [...]

    Lorsque Jésus-Christ parle au paralytique, il ne lui déclare pas ouvertement qu’il est Dieu, il ne lui dit pas : "Je vous pardonne vos péchés" ; mais, "vos péchés vous sont pardonnés." Mais lorsque ses ennemis le pressent, et le forcent de se déclarer, il le fait enfin, et leur dit : "Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Levez-vous, dit-il, emportez votre lit, et allez-vous-en dans votre maison. Et le paralytique se levant, s’en alla à sa maison."

    Il veut partout convaincre les hommes de la vérité de ce qu’il leur dit, par des preuves dont ils ne puissent douter, comme lorsqu’il dit au lépreux : "Allez vous montrer aux prêtres" ; lorsqu’il donne en un moment une santé si parfaite à la belle-mère de saint Pierre, qu’elle le sert à table en sortant du lit ; et lorsqu’il permet aux pourceaux de se précipiter dans la mer. Il prouve ici de même par la guérison du paralytique que les péchés de celui-ci lui sont véritablement remis ; et il prouve la guérison en commandant à cet homme d’emporter son lit, afin qu’on ne s’imaginât pas que ce miracle ne fût qu’une illusion.

    Lorsque, par son ordre, le paralytique s’est levé, Jésus le renvoie dans sa maison, montrant par là son humilité en même temps qu’il prouve que la guérison est réelle et non fantastique ; il prend pour témoin de cette guérison ceux qui l’avaient été de la maladie. J’aurais souhaité, semble-t-il dire, par votre maladie que j’ai guérie, guérir aussi ceux qui sont malades ici, non dans le corps, mais dans l’âme ; mais puisqu’ils ne le veulent pas, allez-vous-en chez vous, afin que vous guérissiez au moins les âmes malades de vos proches. Il fait voir ainsi qu’il est également le créateur du corps et de l’âme, en guérissant la paralysie de l’âme avant même celle du corps, et en prouvant l’une qui était invisible, par l’autre qui était manifeste aux yeux de tous. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XXIX sur Saint Matthieu (1-3), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 10 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Guérison du paralytique : "Tes péchés te sont pardonnés... Lève-toi..." (Lc 5, 17-26)

    « Le Verbe de Dieu est venu habiter dans l'homme ; il s'est fait "Fils de l'Homme" pour habituer l'homme à recevoir Dieu et pour habituer Dieu à habiter dans l'homme, comme il a plu au Père. Voilà pourquoi le signe de notre salut, l'Emmanuel né de la Vierge, a été donné par le Seigneur lui-même (Is 7,14). C'est en effet le Seigneur lui-même qui sauve les hommes, puisque ceux-ci ne peuvent se sauver par eux-mêmes... Le prophète Isaïe a dit : "Affermissez-vous, mains affaiblies, genoux chancelants ! Ranimez votre courage, cœurs défaillants ; affermissez-vous, ne craignez plus ! Voici notre Dieu qui exerce lui-même le jugement ; il vient lui-même, il va nous sauver" (35,3-4). Car c'est seulement du secours de Dieu, et non de nous-mêmes, que nous pouvions tenir notre salut.
    Voici un autre texte où Isaïe a prédit que celui qui nous sauve n'est ni simplement un homme, ni un être incorporel : "Ce n'est pas un messager, ce n'est pas un ange, mais c'est le Seigneur lui-même qui sauvera son peuple. Parce qu'il l'aime, il lui pardonnera ; lui-même, il le délivrera" (63,9). Mais ce Sauveur est aussi vraiment un homme, visible : "Cité de Sion, voici : tes yeux verront notre Sauveur" (33,20)... Un autre prophète a dit : "Lui-même il se retournera, nous fera miséricorde, et jettera nos péchés au fond de la mer" (Mi 7,19)... Du pays de Juda, de Bethléem (Mi 5,1) devait venir le Fils de Dieu, qui est aussi Dieu, pour répandre sa louange sur toute la terre... Dieu donc s'est bien fait homme et le Seigneur lui-même nous a sauvés en nous donnant le signe de la Vierge. »

    Saint Irénée de Lyon (v.140-v.208), Contre les hérésies III, 2, 2 (Trad. SC 34).

  • 3 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit..." (Mt 8, 5-11)

    « ... Je vous prie d’examiner avec soin les paroles de cet homme, et de ne pas oublier qu’il était centenier, c’est-à-dire qu’il commandait cent hommes de guerre, pour juger de là quelle était sa foi. Car l’orgueil est grand dans les charges publiques, et il ne cède pas même à l’affliction. Aussi l’officier dont il est question dans saint Jean (Jn IV, 35), entraîne plutôt Jésus-Christ chez lui, qu’il ne l’invite à y descendre : "Seigneur", dit-il, "descendez avant que mon fils ne meure". Ce n’est pas là l’humble prière de notre centenier, et sa foi est même beaucoup plus grande que celle de ceux qui découvraient le toit d’une maison pour descendre le paralytique, et le présenter devant le Sauveur. Car il ne croit point que la présence extérieure de Jésus-Christ fût nécessaire, et il ne se met point en peine de lui présenter le malade. Il rejette toutes ces pensées comme trop disproportionnées à ce Médecin céleste. Mais se formant une idée du Fils de Dieu digne véritablement de sa grandeur, il ne lui demande autre chose, sinon qu’il dise une seule parole, et qu’il commande à la maladie de s’en aller.

    Il ne commence pas même par là ; mais il représente d’abord son affliction. Car son extrême humilité l’empêchait de croire que Jésus-Christ se rendît si tôt à sa prière, et qu’il s’offrît même de venir chez lui. C’est pourquoi, surpris de cette parole : "J’irai et je le guérirai", il s’écrie aussitôt : "Je n’en suis pas digne, Seigneur ; dites seulement une parole". L’affliction où il était ne lui ôte point la liberté de son jugement, et il montre une haute sagesse dans sa douleur. Il n’était point tellement préoccupé de sauver son serviteur malade, qu’il n’appréhendât en même temps de rien faire d’irrespectueux pour le Sauveur. Et quoique Jésus-Christ s’offrît de lui-même à aller chez lui sans qu’il l’y eût engagé, il ne laissait pas de craindre cette visite comme une grâce dont il était trop indigne, et comme un honneur qui l’accablait.

    ... Si vous me demandez pourquoi Jésus-Christ n’alla point chez lui, et ne l’honora pas de sa visite, je vous réponds qu’il l’honora d’une manière bien plus excellente. Premièrement en faisant voir sa foi et son humilité, qui parurent surtout en ce qu’il ne souhaita point que Jésus-Christ vînt en sa maison. Secondement en protestant devant tout le monde qu’il aurait place dans le royaume de Dieu... Car c’est pour ne s’être pas cru digne de recevoir Jésus-Christ chez lui, qu’il mérita d’être appelé au royaume du ciel, et d’avoir part aux biens ineffables dont Dieu a récompensé la foi d’Abraham. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XXVI sur Saint Matthieu (3), in "Oeuvres complètes" Tome VII, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 19 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'aveugle de Jéricho
    "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" (Lc 18, 35-43)

    « Regardons ces aveugles de Jéricho dans l'Evangile de Matthieu : ils valent mieux que beaucoup de ceux qui voient clair. Ils n'avaient personne pour les guider, ils ne pouvaient voir Jésus s'approcher ; et pourtant ils s'efforçaient d'arriver jusqu'à lui. Ils se mirent à crier à haute voix ; on cherchait à les faire taire : ils criaient plus fort. Ainsi en est-il de l'âme énergique ; ceux qui veulent l'arrêter redoublent son élan. Le Christ permet qu'on cherche à les faire taire, pour que leur ferveur se montre mieux et pour t'apprendre qu'ils étaient bien dignes d'être guéris. C'est pourquoi ils ne leur demande pas s'ils ont la foi, comme il le faisait souvent :  leurs cris et leurs efforts pour s'approcher de lui suffisaient pour montrer leur foi. Apprends par là, mon cher ami, que, malgré notre bassesse et notre misère, si nous allons à Dieu de tout coeur, nous pourrons obtenir par nous-mêmes ce que nous demandons. En tous cas, regarde ces deux aveugles ; ils n'avaient qu'un disciple pour les protéger, beaucoup leur imposaient silence ; et pourtant ils ont réussi à triompher des empêchements et à parvenir jusqu'à Jésus. L'évangéliste ne signale en eux aucune qualité exceptionnelle de vie : leur ferveur a tout remplacé. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Commentaires sur l'Evangile selon Saint Matthieu, Homélie LXVI, 1 (Trad. Maurice Véricel, L’Evangile commenté par les Pères, Editions Ouvrières, Paris, 1961)

    Autre traduction :

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Commentaires sur l'Evangile selon Saint Matthieu, Homélie LXVI (1), in Oeuvres complètes (Tome VIII) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Abbaye Saint Benoît.

  • 14 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Action de grâce du lépreux samaritain (Lc 17, 11-19)

    « ... Heureux le Samaritain qui reconnut qu'il ne possédait rien qu'il ne l'eût reçu (1Co IV,7) ; aussi conserva-t-il le dépôt qui lui avait été confié (2Tm I,12), et revint-il vers le Seigneur, en lui rendant grâces. Heureux celui qui, à chaque don de la grâce, revient à celui en qui se trouve la plénitude de toutes les grâces, car si nous nous montrons reconnaissants à son égard pour tout ce que nous en avons reçu, nous préparons la place en nous à la grâce, et nous nous rendons dignes de la recevoir en plus grande abondance. Il n'y a, en effet, que notre ingratitude qui arrête nos progrès après notre conversion, attendu que le donateur, regardant comme perdu tout ce que l'ingrat a reçu, se tient, par la suite, sur ses gardes, de peur de perdre, d'autant plus qu'il lui donnerait davantage. Heureux donc celui qui se regarde comme un étranger, et qui rend de très grandes actions de grâces, même pour les moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qui se donne à un étranger et, à un inconnu est un don purement gratuit. Que nous sommes au contraire malheureux et misérables, lorsque, après nous être regardés dès le principe, comme des étrangers, et nous être montrés d'abord assez timorés, assez humbles et assez dévots, nous oublions ensuite si facilement combien était gratuit ce que nous avons reçu, et nous présumons à tort, en quelque sorte, de l'amitié de Dieu, sans remarquer que nous nous rendons dignes de nous entendre dire que "les ennemis du Seigneur sont les gens mêmes de sa maison" (Ps LIV,13). Nous l'offensons plus facilement alors, comme si nous ne savions pas que nos fautes seront bien plus sévèrement jugées, selon ce que nous lisons dans le Psalmiste : "Si ce fût mon ennemi qui m'eût chargé de malédictions, je l'aurais certainement supporté" (Ps LIII,13). Je vous en prie donc, mes frères, humilions-nous de plus en plus sous la main puissante de Dieu (1P V,6), et faisons en sorte de nous tenir éloignés du vice si grand et si affreux de l'ingratitude. Tenons-nous avec une entière dévotion dans l'action de grâces, et nous nous concilierons la grâce de notre Dieu qui seule peut sauver nos âmes. Montrons notre reconnaissance, non pas seulement en paroles et du bout des lèvres, mais par les oeuvres et en vérité, attendu que ce n'est pas le mot, mais l'acte de la reconnaissance qu'exige de nous Celui qui nous donne la grâce, le Seigneur notre Dieu qui est béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons divers, Vingt-septième Sermon (Contre le vice détestable de l'ingratitude, 8), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 28 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" (Mc 10, 46-52)

    « Que tout homme qui connaît les ténèbres qui font de lui un aveugle... crie de tout son esprit : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi". Mais écoutons aussi ce qui fait suite aux cris de l'aveugle : "Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour lui imposer silence". Qui sont-ils ? Ils sont là pour représenter les désirs de notre condition en ce monde, fauteurs de trouble, les vices de l'homme et leur tumulte, qui, voulant empêcher la venue de Jésus en nous, perturbent notre pensée en y semant la tentation et veulent couvrir la voix de notre cœur en prière. Il arrive souvent, en effet, que notre volonté de nous tourner vers Dieu à nouveau..., notre effort pour éloigner nos péchés par la prière, soit contrarié par leur image : la vigilance de notre esprit se relâche à leur contact, ils jettent la confusion dans notre cœur, ils étouffent le cri de notre prière...
    Qu'a donc fait cet aveugle pour recevoir la lumière malgré ces obstacles ? "Il criait de plus belle : 'Fils de David, aie pitié de moi !'"... Oui, plus le tumulte de nos désirs nous accable, plus nous devons rendre notre prière insistante... Plus la voix de notre cœur est couverte, plus elle doit insister vigoureusement, jusqu'à couvrir le tumulte des pensées envahissantes et toucher l'oreille fidèle du Seigneur. Chacun se reconnaîtra, je pense, dans cette image : au moment où nous nous efforçons de détourner notre cœur de ce monde pour le ramener à Dieu..., ce sont autant d'importuns qui pèsent sur nous et que nous devons combattre. C'est un essaim que le désir de Dieu a du mal à écarter des yeux de notre cœur... Mais en persistant vigoureusement dans la prière, nous arrêtons en notre esprit Jésus qui passait. D'où le récit de l'Évangile : "Jésus s'arrêta et ordonna qu'on le lui amène". »

    Saint Grégoire le Grand (v.540-604), Homélies sur l'Évangile, n°2 ; PL 76, 1081 (Trad. Luc commenté, DDB 1987 rev.).

  • 17 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Seigneur je ne suis pas digne..."

    « Dans la lecture de l'évangile, nous avons entendu Jésus louer notre foi, jointe à l'humilité. Quand il a promis d'aller dans sa demeure guérir le serviteur du centurion, celui-ci a répondu : "Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri". En se disant indigne, il se montre digne - digne non seulement que le Christ entre dans sa maison, mais aussi dans son cœur...

    Car ce n'aurait pas été pour lui un grand bonheur si le Seigneur Jésus était entré dans sa maison sans être dans son cœur. En effet le Christ, Maître en humilité par son exemple et ses paroles, s'est assis à table dans la demeure d'un pharisien orgueilleux, nommé Simon (Lc 7,36s). Mais bien qu'il ait été à sa table, il n'était pas dans son cœur : là, "le Fils de l'Homme n'avait pas où reposer sa tête" (Lc 9,58). Au contraire, ici il n'entre pas dans la maison du centurion, mais il possède son cœur...

    C'est donc la foi jointe à l'humilité que le Seigneur loue chez ce centurion. Quand celui-ci dit : "Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit", le Seigneur répond : "En vérité, je vous le dis, je n'ai pas trouvé une telle foi en Israël"... Le Seigneur était venu au peuple d'Israël selon la chair, pour chercher d'abord dans ce peuple sa brebis perdue (cf Lc 15,4)... Nous autres, en tant qu'hommes, nous ne pouvons pas mesurer la foi des hommes. C'est celui qui voit le fond des cœurs, celui que personne ne trompe, qui a témoigné de ce qu'était le cœur de cet homme, entendant sa parole pleine d'humilité et lui donnant en retour une parole qui guérit. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 62 (trad. Brésard, 2000 ans d'homélie, année C, Soceval, 2001).

  • 10 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Guérison d'un homme à la main sèche (Lc 6, 6-11 ; cf Mt 12, 9-14 et Mc 3, 1-6)

    « N’admirez-vous point, mes frères, la bonté et la tendresse du Sauveur ? Il met cet homme au milieu d’eux, afin de les toucher par la seule vue de sa misère, et que la compassion prenant la place de la malignité et de l’envie, ils rougissent de perdre la douceur naturelle à l’homme pour agir avec une brutalité barbare et inhumaine. Mais ces coeurs de pierre, que rien ne peut amollir et qui semblent avoir déclaré la guerre à l’humanité, trouvent bien plus de délices à noircir la réputation du Sauveur, qu’à voir un miracle qui guérit cet homme. Ils montrent doublement leur malice, et par le dessein formé de contredire Jésus-Christ en tout, et par cette opiniâtreté si étrange avec laquelle ils s’opposaient à la guérison des autres...

    Jésus-Christ demeure dans sa douceur ordinaire. Il guérit ce malade et il leur répond pour faire retomber leurs piéges sur eux, pour nous apprendre la modération, et pour faire voir leur dureté inhumaine. Saint Luc remarque qu’il fit mettre cet homme "au milieu" des Juifs : non qu’il eût quelque crainte d’eux, mais pour les aider à rentrer en eux-mêmes et pour les toucher de compassion...

    "Alors il dit à cet homme : Etendez votre main, et l’ayant étendue elle fut rendue saine comme l’autre." Que font à cela les Juifs ? Ils sortent d’avec Jésus-Christ, ils s’assemblent et ils consultent entre eux pour lui dresser quelque piège...

    Il est à remarquer que plus Jésus-Christ faisait du bien aux hommes, plus ses ennemis s’en aigrissaient. S’ils le voient ou guérir les corps, ou convertir les âmes, ils entrent en furie, et ils cherchent les moyens de l’accuser. Lorsque chez le pharisien il change miraculeusement la pécheresse, ils le condamnent. Lorsqu’il mange avec les publicains et les pécheurs, ils le calomnient. Et ils conspirent ici pour le perdre, après qu’il a guéri cette main desséchée. Mais considérez, je vous prie, comme Jésus-Christ continue de faire son oeuvre. Il guérit les malades comme auparavant, et il tâche en même temps d’adoucir et de guérir les esprits. »

    Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu, Homélie XL (1-2), in Oeuvres complètes (Tome VIII) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît

  • 8 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Sur la guérison de la fille de la Cananéenne : "Les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maîtres" - Mt XV, 21-28)

    « C’était un prodige bien surprenant de voir des personnes qu’on était auparavant obligé de porter, marcher tout d’un coup sans aucune peine, et des aveugles qui ne pouvaient faire un pas sans guide, voir clair en un moment et n’avoir plus besoin de personne pour les conduire. On était également surpris, et de la multitude de ces malades qui étaient miraculeusement guéris, et de la facilité avec laquelle Jésus-Christ les guérissait.

    Mais remarquez ici, mes frères, la conduite du Fils de Dieu, Il n’exauce cette femme chananéenne qu’après beaucoup de rebuts, il guérit au contraire tous ces malades, au moment même qu’ils se présentent. Ce n’était point parce que ces derniers étaient préférables à cette femme, mais parce que cette femme avait plus de foi qu’eux tous. Jésus-Christ en différant de la guérir voulait faire voir sa générosité et sa constance, et il guérissait au contraire ces malades sans différer, pour fermer la bouche à l’ingratitude des Juifs, et pour leur ôter toute excuse. Car plus nous avons reçu de grâces, plus nous devenons coupables si nous sommes ingrats, et si les faveurs dont Dieu nous honore ne nous rendent pas meilleurs.

    C’est pour cette raison que les riches qui auront mal vécu seront bien plus punis que les pauvres, parce que l’abondance où ils se sont vus ne les a pas rendus plus reconnaissants envers Dieu, et plus charitables envers leurs frères. Et ne me dites point qu’ils ont fait quelques aumônes. Si les aumônes qu’ils ont faites ne sont en rapport avec leurs richesses, elles ne les délivreront pas de la peine qu’ils méritent. Dieu ne jugera pas de nos charités par la mesure que nous y aurons gardée : mais par la plénitude du coeur, et par l’ardeur de la volonté avec laquelle nous les aurons faites. Que si ceux qui ne donnent pas autant qu’ils le peuvent seront condamnés de Dieu, combien le seront davantage, ceux qui amassent des biens superflus, qui font des bâtiments immenses, et qui négligent en même temps les pauvres ; qui appliquent tous leurs soins à augmenter leurs richesses, et qui n’ont jamais la moindre pensée de les partager à ceux qui souffrent de la faim ? »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (LII, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 20 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Je dis d'abord un mot du sabbat, pour bien asseoir la question à l'égard de notre Christ, ce qui n'aurait pas lieu si le Dieu qu'il annonce "n'était le maître du sabbat." On ne demanderait pas pourquoi il abolit le sabbat, s'il était venu pour l'abolir. Or l'abolir était un devoir, s'il tenait sa mission d'un Dieu étranger, et personne n'eût témoigné de surprise en le voyant fidèle à sa mission. Ils s'étonnaient donc parce que prêcher le Dieu Créateur et porter atteinte à ses solennités, leur paraissait contradictoire. Et ici, afin de ne pas nous répéter chaque fois que l'adversaire appuie ses objections sur quelque |182 nouvelle réforme du Christ, mettons en tête de la question un point capital, et posons ce principe: chaque institution nouvelle souleva une discussion, parce que jusqu'à ce jour rien n'avait encore été ni publié, ni discuté sur une divinité nouvelle. Conséquemment, on ne saurait arguer de la nouveauté des institutions que le Christ promulguait une divinité étrangère, puisque cette nouveauté elle-même, signalée long-temps d'avance par le Créateur, cesse de surprendre dans le Christ. Il eût donc fallu préalablement exposer au grand jour la Divinité, pour introduire sa doctrine à la suite, parce que c'est le Dieu qui accrédite la doctrine, et non la doctrine qui accrédite le dieu; à moins que Marcion, au lieu de connaître par la voie du Maître ses Ecritures où tout est perverti, n'ait connu le Maître par la voie des Ecritures.

    Cela établi, je continue. Le Christ renverse le sabbat, dites-vous! Il ne fait que marcher sur les traces du Créateur. En effet, quand il lit porter pendant sept jours l'arche d'alliance autour des remparts assiégés de Jéricho, il viola aussi le sabbat, comme le pensent ceux qui attribuent au Christ la même infraction, ignorant que ni le Christ, ni le Créateur, n'ont manqué à la loi du sabbat...
    [...]

    Il est appelé "le maître du sabbat" parce qu'il le défendait comme sa propriété. L'eût-il anéanti? il en avait le droit. Connais-tu un plus légitime seigneur que le fondateur d'une institution? Mais tout maître qu'il était, il le respecta, afin de prouver que le Créateur ne l'avait pas détruit en faisant porter l'arche d'alliance autour de Jéricho. Encore une fois, c'était une œuvre divine recommandée par Dieu lui-même, et destinée à préserver les |185 âmes de ses serviteurs contre les hasards de la guerre.

    Qu'il ait témoigné quelque part son aversion pour les sabbats, d'accord. Mais ce mot, vos sabbats, indiquait suffisamment qu'il ne s'agissait point de ses propres sabbats, mais des sabbats de l'homme, célébrés sans la crainte de Dieu par un peuple chargé de prévarications, "qui n'aimait Dieu que du bout des lèvres, et non du fond du cœur." Telles n'étaient point ses solennités à lui, solennités d'accord avec sa loi, "légitimes, pleines de délices", et inviolables, comme il le déclare par le même prophète.

    Ainsi le Christ n'a pas profane le sabbat. Il en a conservé la loi, et quand il soutenait d'un peu de nourriture la vie de ses disciples qui avaient faim, et quand il rétablissait la main séchée du malade, répétant par ses actions non moins que par ses paroles : "Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir." Marcion ne lui a pas fermé la bouche par ce mol. Il a réellement accompli la loi, en interprétant l'esprit de la loi, en éclairant les hommes sur la nature de ses prohibitions, en exécutant ce qu'elle permet, en consacrant par sa bienfaisance un jour déjà sanctifié par la bénédiction du Père dès l'origine du monde. Il répandait dans ce jour les grâces divines que son ennemi n'eût pas manqué d'accorder à des jours différents, de peur de relever l'excellence du sabbat du Créateur, et de restituer à cette solennité les œuvres qu'elle réclamait. Si c'est également à pareil jour que le prophète Elisée rendit à la vie le fils de la Sunamite, tu reconnais donc, ô Pharisien, et toi aussi, Marcion, que le Créateur exerçait anciennement la bienfaisance, délivrait une ame et la sauvait de la mort le jour du sabbat. Ainsi mon Christ n'a rien fait de nouveau, rien que d'après l'exemple, la douceur, la compassion et la prédiction du Créateur; car il accomplit encore ici une prophétie qui regardait une guérison spéciale : "Mains tremblantes, vous vous êtes fortifiées, comme tout à l'heure les genoux débiles" du paralytique. »

    Tertullien (v.155- † après 220), Contre Marcion, Livre IV (XII), in "Oeuvres de Tertulien" Tome I, Trad. Eugène-Antoine de Genoude, Paris, Louis Vivès, 1852 (Seconde Edition).

    Source : Oeuvres de Tertullien.

  • 10 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Frères, vous connaissez celui qui vient ; considérez maintenant d'où il vient et où il va. Il vient du coeur de Dieu le Père dans le sein d'une Vierge Mère. Il vient des hauteurs du ciel dans les régions inférieures de la terre. Quoi donc ? Ne nous faut-il pas vivre sur cette terre ? Oui, s'il y demeure lui-même ; car où serons-nous bien sans lui ? "Qu'y a-t-il pour moi au ciel, qu'ai-je voulu sur la terre, sinon toi, le Dieu de mon coeur, mon partage à jamais ?" (Ps 72,25-26)...

    Mais il fallait qu'un grand intérêt soit en cause pour qu'une majesté si haute daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d'elle. Oui, il y avait là un grand intérêt en jeu, puisque là, la miséricorde, la bonté, la charité se sont manifestées dans une large et abondante mesure. Pourquoi en effet Jésus Christ est-il venu ?... Ses paroles et ses oeuvres nous le montrent clairement : il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis, celle qui était perdue, pour faire éclater sa miséricorde à l'égard des enfants des hommes.

    Il est venu pour nous. Admirable condescendance du Dieu qui cherche ! Admirable dignité de l'homme ainsi cherché ! L'homme peut s'en glorifier sans folie : non que de lui-même il soit quelque chose, mais celui qui l'a fait l'a estimé à un si haut prix ! En comparaison de cette gloire, les richesses et la gloire du monde et tout ce que l'on peut y ambitionner ne sont rien. Qu'est-ce que l'homme, Seigneur, pour que tu l'élèves ainsi et que tu y attaches ton coeur ?

    C'était à nous à aller vers Jésus Christ... Or un double obstacle nous arrêtait : nos yeux étaient bien malades, et Dieu habite la lumière inaccessible (1Tm 6,16). Paralytiques gisant sur notre grabat, nous étions incapables d'atteindre la demeure si élevée de Dieu. C'est pourquoi le très bon Sauveur et doux médecin des âmes est descendu de là-haut où il habite. Il a adouci pour nos yeux malades l'éclat de sa lumière. »

    Saint Bernard (1091-1153), extraits du 1er Sermon pour l'Avent.

    Texte intégral de ce sermon : Abbaye Saint Benoît.

  • 5 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Lorsque, par son ordre, le paralytique s’est levé, Jésus le renvoie dans sa maison, montrant par là son humilité en même temps qu’il prouve que la guérison est réelle et non fantastique ; il prend pour témoin de cette guérison ceux qui l’avaient été de la maladie. J’aurais souhaité, semble-t-il dire, par, votre maladie que j’ai guérie, guérir aussi ceux qui sont malades ici, non dans le corps, mais dans l’âme ; mais puisqu’ils ne le veulent pas, allez-vous-en chez vous, afin que vous guérissiez au moins les âmes malades de vos proches. Il fait voir ainsi qu’il est également le Créateur du corps et de l’âme, en guérissant la paralysie de l’âme avant même celle du corps, et en prouvant l’une qui était invisible, par l’autre qui était manifeste aux yeux de tous.

    Cependant l’âme de ces hommes rampe encore à terre, car l’évangéliste ajoute : "Le peuple voyant cela, fut rempli d’admiration et rendit gloire à Dieu, de ce qu’il avait donné une telle puissance aux hommes." Après ce grand miracle, il regarde encore Jésus-Christ comme un "homme". La chair dont il s’était revêtu les empêchait de le regarder comme un Dieu. Cependant Jésus-Christ ne leur reproche point leur peu d’intelligence. Il tâche seulement de les exciter de plus en plus, et d’élever leurs pensées par la sublimité de ses oeuvres. C’était déjà beaucoup qu’ils le regardassent comme le plus grand de tous les hommes, et comme étant venu de Dieu. Cette opinion, une fois bien enracinée dans leurs esprits, pouvait peu à peu les conduire plus avant, et leur faire croire qu’il était véritablement le Fils de Dieu. Mais ils n’y demeurèrent pas fermes. Leur inconstance fut cause qu’ils ne purent s’élever plus haut, et qu’ayant changé de sentiment, ils dirent : "Cet homme n’est point de Dieu. Comment cet homme pourrait-il être de Dieu ?" (Jn, VII, 20.) Ils redisaient continuellement ces paroles pour se faire un prétexte à leur infidélité et à leurs passions secrètes.

    C’est l’état, mes frères, où tombent aujourd’hui ceux qui, sous prétexte de venger l’honneur de Dieu, se vengent eux-mêmes et satisfont leur animosité particulière, au lieu que des chrétiens devraient se conduire en tout avec douceur et modération. Dieu même, qui est si fort offensé par les blasphèmes de ses créatures, et qui pourrait les anéantir d’un coup de foudre, "fait néanmoins lever son soleil sur ces ingrats, et tomber sa pluie sur eux", et il les comblé de mille biens. Imitons, mes frères, ce grand modèle envers ceux qui nous offensent. Exhortons-les, avertissons-les, excitons-les, témoignons-leur une extrême douceur, sans nous laisser jamais emporter. Pourquoi les blasphèmes lancés contre Dieu vous jettent-ils dans l’impatience  ? il est hors d’atteinte à tous ces outrages. L’impiété ne nuit qu’à l’impie ; les traits qu’il lance ne blessent que lui. Pleurez-le donc, répandez des larmes sur son malheur, puisqu’il mérite qu’on le pleure, et qu’il n’y a point de remède plus souverain pour guérir ces sortes de plaies que la douceur et la patience, car la douceur est plus efficace que toute la violence dont on userait. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (XXIX, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 4 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « De celui que possédait une légion de démons (Lc VIII, 26-39). — L'homme possédé par une légion de démons, qui l'eut délivré par Jésus dans le pays des Géraséniens, figurait les Gentils, esclaves d'une multitude de démons. Il était sans vêtement, c'est-à-dire qu'il n'avait point la foi et les autres vertus. Il ne demeurait point dans sa maison : sa conscience n'était point en repos. Il habitait dans les tombeaux; les tombeaux figurent les oeuvres de mort, c'est-à-dire les péchés dans lesquels il se plaisait. Les entraves et les chaînes de fer dont il était garrotté, sont les lois rigoureuses et pesantes des gentils, les lois répressives du mal dans les républiques idolâtres. Il brisait ses liens, et le démon le poussait dans le désert ; c'est-à-dire, au sens figuré, qu'il violait même ces lois de la cité terrestre, précipité par la passion dans des crimes d'une rare énormité. Les pourceaux paissant sur les montagnes, et dans lesquels il fut permis aux démons d'entrer, sont l'image des hommes impurs et orgueilleux que les démons tiennent sous leur domination par le règne de l'idolâtrie. Ces animaux se précipitent dans un étang; cela signifie que l'Eglise étant purifiée aujourd'hui et le peuple gentil délivré de la servitude du démon, c'est dans les lieux secrets et retirés que les malheureux esclaves d'une superstition aveugle et ténébreuse accomplissent leurs rites sacrilèges, après avoir refusé de croire en Jésus-Christ. Les gardiens des pourceaux prenant la fuite et publiant ce qui vient d'arriver, sont la figure de certains princes des nations idolâtres, qui, frappés d'admiration et d'étonnement, publient la puissance et les merveilles de la loi chrétienne, en fuyant le joug qu'elle impose. Les Géraséniens sortent pour voir l'événement ; ils trouvent aux pieds de Jésus l'énergumène qui avait repris ses vêtements et qui était sain d'esprit ; à la vue de ce miracle ils sont saisis d'une grande crainte, et prient Jésus de s'éloigner d'eux. Ceci désigne la multitude livrée aux goûts dépravés du vieil homme : elle honore la loi de Jésus-Christ, refusant d'en supporter les rigueurs, quelle déclare au dessus de ses forces, remplie d'admiration toutefois pour le peuple fidèle guéri des habitudes mauvaises de sa vie perdue d'autrefois. Le possédé après sa délivrance désire demeurer avec Jésus-Christ, mais le Sauveur lui dit : « Retourne dans ta maison, et publie les choses étonnantes que le Seigneur a faites pour toi. » On peut voir très-justement le sens du mystère caché ici, dans ces paroles de l'Apôtre. "Etre dissous, et aller à Jésus-Christ, voilà ce qui est le meilleur de beaucoup ; mais il faut à cause de vous demeurer dans la chair" (Phil. I, 23) : après la rémission des péchés il faut rentrer en soi-même dans la paix d'une bonne conscience et se dévouer au service de l'Évangile pour le salut de ses frères, afin de reposer plus tard avec Jésus-Christ, et il ne faut pas négliger, en désirant d'être réuni prématurément au Seigneur, le ministère de la prédication établi pour le salut du prochain.  »

    Saint Augustin (354-430), Questions sur les Evangiles (Livre Second, Quest. XIII), in "Oeuvres Complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 23 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Regardons notre berger, le Christ... Il se réjouit de ses brebis qui sont auprès de lui et va chercher celles qui s'égarent. Montagnes et forêts ne lui font pas peur ; il parcourt les ravins pour arriver jusqu'à la brebis perdue. Même s'il la trouve en piteux état, il ne se met pas en colère, mais touché de compassion, il la prend sur ses épaules et, de sa propre fatigue, guérit la brebis fatiguée (Lc 15,4s)...

    C'est avec raison que le Christ proclame : "Je suis le Bon Pasteur, je cherche la brebis perdue, je ramène celle qui est égarée, je panse celle qui est blessée, je guéris celle qui est malade (Ez 34,16). J'ai vu le troupeau des hommes accablé par la maladie ; j'ai vu mes agneaux s'en aller où demeurent les démons ; j'ai vu mon troupeau dépecé par les loups. J'ai vu cela et ne l'ai pas regardé de haut. C'est pourquoi j'ai pris la main desséchée, tenue par le mal comme par un loup ; j'ai délié ceux que la fièvre avait liés ; j'ai appris à voir à celui dont les yeux étaient fermés depuis le sein de sa mère ; j'ai retiré Lazare du tombeau où il gisait depuis quatre jours (Mc 3,5; 1,31; Jn 9; 11). Car je suis le bon pasteur ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis"...

    Les prophètes ont connu ce pasteur lorsque, bien avant sa Passion, ils annonçaient ce qui allait venir : "Comme une brebis, le voici conduit à l'abattoir ; comme un agneau muet devant les tondeurs, il n'a pas ouvert la bouche" (Is 53,7). Comme une brebis, le pasteur a offert sa gorge pour ses brebis... Par sa mort, il remédie à la mort ; par son tombeau, il vide les tombeaux... Les tombeaux sont lourds et la prison fermée, tant que le pasteur, descendu de la croix, ne vient pas apporter à ses brebis enfermées la joyeuse nouvelle de leur libération. On le voit aux enfers où il donne l'ordre d'élargissement (1P 3,19) ; on le voit appeler à nouveau ses brebis, leur dire son appel du séjour des morts à la vie. "Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis." C'est ainsi qu'il se propose de gagner l'affection de ses brebis, et celles qui savent entendre sa voix aiment le Christ. »

    Basile de Séleucie (?-v.468), Oratio 26 ; PG 44, 129 (Trad. Brésard, 2000 ans B.).

  • 20 avril : les reliques de Sainte Thérèse à Paris

    Les reliques de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face seront à Paris, à la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre du lundi 30 avril au vendredi 4 mai, puis à la basilique Notre-Dame des Victoires du samedi 5 au dimanche 13 mai prochains (le 13 étant le jour anniversaire de la guérison de Sainte Thérèse).

    Tous renseignements sur le site de ces basiliques :


    Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre :

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    Basilique Notre-Dame des Victoires :

    Ste_Therese_reliques.jpg

    « Ce qui me pénétra jusqu'au fond de l'âme ce fut le ravissant sourire de la Sainte Vierge. Alors toutes mes peines s'évanouirent, deux grosses larmes jaillirent de mes paupières et coulèrent silencieusement sur mes joues. Il fallait un miracle et ce fut Notre-Dame des Victoires qui le fit. »
    Sainte Thérèse