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  • Méditation : le corps mystique du Christ (suite)

    « A cause de la communion des membres d'un même Corps, nous avons pouvoir sur les souffrances des autres. Parce qu'elles sont celles de nos frères, elles sont les nôtres. Une sorte d'autorité nous a été donnée sur elles. J'oserai dire que nous avons le droit de disposer d'elles, au nom du Christ. Dans cette salle d'hôpital où vous souffrez, un malade - celui-là même qui occupe le lit d'à côté - se révolte, accuse sans cesse l'absurdité de son sort, ou bien sombre dans une indifférence qui lui fait "tuer le temps", comme l'on dit, au lieu de l'utiliser. Son épreuve vous appartient. Disposez d'elle ; assumez-la devant Dieu, avec le Christ, pour lui donner ce qui lui est refusé : un peu d'amour, afin qu'elle prenne un sens. Au Calvaire, le Seigneur était entouré par deux condamnés de droit commun. Tous deux souffraient, tous deux allaient mourir. On nous invite à imiter le bon larron, en nous tournant vers Jésus. Faisons-le. Mais nous pouvons plus encore, nous pouvons mettre de l'amour dans l'agonie du fils rebelle, du larron qui blasphème, nous pouvons incorporer sa souffrance à la nôtre, au point d'oser répondre à Jésus qui nous annonce le Paradis : "Oui, Seigneur, mais pas sans mon frère. Il est avec moi ; vous ne pouvez pas nous séparer. Seigneur, avec lui, le mauvais larron, avec lui, ce soir, dans ton Royaume !"

    Frères chrétiens, vous qui avez la grâce d'adhérer par la foi vivante à ces réalités invisibles, plus réelles pour nous que ce que nous voyons et touchons, exercez largement, magnanimement, ce pouvoir, miraculeux à l'égal de celui des thaumaturges. Certains êtres ont été tellement frappés par le malheur, qu'ils sont installés en lui, déchus moralement, socialement, et qu'ils repoussent toute délivrance. On l'a écrit, avec une acuité singulière : ils sont comme vidés de leur personnalité, glacés jusqu'au principe de leur existence, "ils ne retrouveront jamais plus la chaleur, ils ne croiront jamais plus qu'ils sont quelqu'un" (*). Souffrance perdue : sur celle-là, entre toutes, on met ce qualificatif désespérant, et combien parmi nous le répètent, en y trouvant l'occasion de douter de la miséricorde infinie. Ne parlez pas de souffrance perdue, ni devant ce malheur, ni devant la déchirante souffrance des enfants, ou de grands malades du corps et de l'esprit qui, à force de souffrir, deviennent inconscients. Perdue ? A première vue sans doute. Mais ce n'est pas possible. Il y a la croix du Christ, et si tel membre de son Corps se dérobe à l'oeuvre commune, d'autres se substituent à lui. Oui ou non, sommes-nous un corps vivant ? L'homme de la Béatitude des larmes sait que beaucoup de souffrances ici-bas sont seulement souffertes, endurées péniblement, subies, mais il croit qu'à cause du Christ et - dans le mystère du Christ total - à cause de lui, elles ne peuvent pas être, elles ne sont pas, perdues. N'employez plus jamais ce mot. Rien, rien n'est perdu. Tout est offert, tout est emporté jusqu'au Coeur de Dieu par l'Ange des agonies humaines, à cause de vous, Seigneur Jésus-Christ, à cause de tous ceux qui vous ressemblent, à cause de l'amour qui aura, en tout, le dernier mot. »

    (*) : Simone Weil, Attente de Dieu (La Colombe), p. 131.

    Père A.-M. Carré, L'homme des Béatitudes, Conférences de Notre-Dame de Paris 1962 (2ème conférence), Editions du Cerf, Paris, 1962.

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  • Méditation : la maladie

    « C'est le Jansénisme qui prétend que la maladie est l'état naturel du chrétien. L'Eglise nous fait prier pour obtenir la santé de l'sprit et du corps, parce que la maladie est un désordre. Mais ce désordre temporaire est à peu près inévitable. Il annonce la mort et la corruption de notre corps.
    Puisque nous sommes tous malades, une ou plusieurs fois dans la vie, il importe de savoir que la maladie nous met dans un état de moindre résistance morale. L'égoïsme du malade se manifeste par la mauvaise humeur et par l'esprit tyrannique. Tous les défauts naturels, couverts dans la santé par la volonté qui s'exerce librement, rompent les digues déconsolidées et s'étalent. Il faut le savoir et se préparer d'avance à un effort supplémentaire de vigilance.
    Le chrétien sait, en outre, que la maladie est, en un certain sens, une grâce de Dieu qui tourne tout au bien de ses élus. C'est le commencement de la purification par laquelle nous devons passer pour pénétrer dans la lumière éternelle de Dieu. Pour le moment, l'effet de cette purification c'est de nous donner des possibilités d'ascension. Il faut sortir de la maladie meilleur qu'on n'y est entré. Pascal a écrit une prière pour demander à Dieu le bon usage de la maladie. »

    J. Calvet, La trame des jours, La Colombe, Coll. Le Rameau, Paris, 1955.

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    Le jeune malade, tableau de Ary Scheffer (1795-1858)
    Lieu de Conservation : Musée Magnin (Dijon) - © Photo RMN-Grand Palais - R. G. Ojeda

    « Seigneur,
    Vous m'aviez donné la santé pour vous servir, et j'en ai fait un usage tout profane. Vous m'envoyez maintenant la maladie pour me corriger ; ne permettez pas que j'en use pour vous irriter par mon impatience. J'ai mal usé de ma santé, et vous m'en avez justement puni : ne souffrez pas que j'use mal de votre punition. Et puisque la corruption de ma nature est telle qu'elle me rend vos faveurs pernicieuses, faites, ô mon Dieu ! que votre grâce toute-puissante me rende vos châtiments salutaires.
    Faites, ô mon Dieu, que j'adore en silence l'ordre de votre providence adorable sur la conduite de ma vie ; que votre fléau me console ; et qu'ayant vécu dans l'amertume de mes péchés pendant la paix, je goûte les douceurs célestes de votre grâce durant les maux salutaires dont vous m'affligez.
    Que je ne souhaite désormais de santé et de vie qu'afin de l'employer et de la finir pour vous, et avec vous et en vous. Je ne vous demande ni santé, ni maladie, ni vie, ni mort ; mais que vous disposiez de ma santé et de ma maladie, de ma vie et de ma mort, pour votre gloire, pour mon salut et l'utilité de l'Eglise et de vos saints, dont j'espère par votre grâce faire une portion. Vous seul savez ce qui m'est expédient : vous êtes le souverain maître, faites ce que vous voudrez.
    Faites donc, Seigneur, que tel que je sois je me conforme à votre volonté ; et qu'étant malade comme je suis, je vous glorifie dans mes souffrances... Faites que les miennes deviennent les vôtres. Unissez-moi à vous ; remplissez-moi de vous et de votre Esprit-Saint. Entrez dans mon coeur et dans mon âme, pour y porter mes souffrances, et pour continuer d'endurer en moi ce qui vous reste à souffrir de votre Passion, que vous achevez dans vos membres jusqu'à la consommation parfaite de votre Corps ; afin qu'étant plein de vous ce ne soit plus moi qui vive et qui souffre, mais que ce soit vous qui viviez et qui souffriez en moi, ô mon Sauveur : et qu'ainsi, ayant quelque petite part à vos souffrances, vous me remplissiez entièrement de la gloire qu'elles vous ont acquises, dans laquelle vous vivez avec le Père et le Saint-Esprit, par tous les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. »

    Blaise Pascal, Pensées, XXXII, Prière : II-IV-XIII-XV.

  • Le Bon Samaritain au coeur du message du Pape pour les malades

    A l’occasion de la 21ème Journée mondiale du malade, le 11 février prochain, Benoît XVI accorde l’indulgence plénière aux conditions habituelles : confession sacramentelle, communion eucharistique et prière aux intentions du Souverain Pontife. C’est ce qu’annonce un décret en date du 25 janvier dernier, signé par le cardinal Manuel Monteiro de Castro, pénitencier majeur, et par Mgr Krzysztof Nykiel, régent de la Pénitence apostolique.

    « Va et toi aussi fais de même. » Cette parole du Christ qui conclut la parabole du Bon Samaritain est le thème cette 21e Journée mondiale du malade. Elle sera célébrée solennellement en Allemagne au Sanctuaire marial d’Altötting, en Bavière, en la fête de Notre Dame de Lourdes.

    Le message du Pape à cette occasion avait été publié le 8 janvier dernier. Benoît XVI propose donc cette année une méditation sur la figure emblématique du Bon Samaritain. Figure qui à la fois exprime « l’amour profond de Dieu envers chaque être humain, spécialement lorsqu’il se trouve dans la maladie et la souffrance », mais indique aussi « quelle est l’attitude que doit avoir chacun de ses disciples envers les autres, particulièrement s’ils ont besoin de soins ».

    Source : Radio Vatican.

  • Méditation : de la guérison de l'âme

    « Dis-moi, si tu avais reçu une blessure, attendrais-tu quatre et cinq jours pour la faire panser, ou n'appellerais-tu pas aussitôt le chirurgien pour y mettre un appareil ? Si tu étais tombé dans un bourbier, où tu te fusses sali les mains, le visage et les habits, remettrais-tu à la semaine suivante à te nettoyer, ou n'irais-tu pas bien vite chercher de l'eau pour te laver et te remettre en état de propreté ? Et si on t'avait dérobé quelque somme considérable, attendrais-tu un mois pour chercher le voleur, et te mettre en peine de la recouvrer, ou à la même heure ne publierais-tu pas ton malheur, et n'emploierais-tu pas tous les moyens dont tu pourrais t'aviser pour revoir ton bien ? Que dis-tu à cela ? Que réponds-tu ? Ne réponds-tu pas en ton coeur que oui ?

    Pourquoi ne pas agir ainsi pour ton âme ? Pourquoi laisseras-tu s'écouler les semaines et les mois avant de penser à la guérir, à la laver, et à recouvrer les biens immenses que tu as perdus ? As-tu plus en horreur les taches d'un habit et de tes mains que celles de ton âme, crains-tu plus les plaies de ta chair que celles de ton esprit, et estimes-tu davantage un peu d'argent qu'on t'aura volé que la perte de Dieu et de tous tes mérites ?
    Vois donc si, pour toutes ces raisons, tu ne dois pas, aussitôt que tu auras commis un péché, en faire pénitence et te réconcilier avec Dieu. »

    J.-B. Saint-Jure (1588-1657), De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu, L. II, chap. VII.

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  • 3 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit..." (Mt 8, 5-11)

    « ... Je vous prie d’examiner avec soin les paroles de cet homme, et de ne pas oublier qu’il était centenier, c’est-à-dire qu’il commandait cent hommes de guerre, pour juger de là quelle était sa foi. Car l’orgueil est grand dans les charges publiques, et il ne cède pas même à l’affliction. Aussi l’officier dont il est question dans saint Jean (Jn IV, 35), entraîne plutôt Jésus-Christ chez lui, qu’il ne l’invite à y descendre : "Seigneur", dit-il, "descendez avant que mon fils ne meure". Ce n’est pas là l’humble prière de notre centenier, et sa foi est même beaucoup plus grande que celle de ceux qui découvraient le toit d’une maison pour descendre le paralytique, et le présenter devant le Sauveur. Car il ne croit point que la présence extérieure de Jésus-Christ fût nécessaire, et il ne se met point en peine de lui présenter le malade. Il rejette toutes ces pensées comme trop disproportionnées à ce Médecin céleste. Mais se formant une idée du Fils de Dieu digne véritablement de sa grandeur, il ne lui demande autre chose, sinon qu’il dise une seule parole, et qu’il commande à la maladie de s’en aller.

    Il ne commence pas même par là ; mais il représente d’abord son affliction. Car son extrême humilité l’empêchait de croire que Jésus-Christ se rendît si tôt à sa prière, et qu’il s’offrît même de venir chez lui. C’est pourquoi, surpris de cette parole : "J’irai et je le guérirai", il s’écrie aussitôt : "Je n’en suis pas digne, Seigneur ; dites seulement une parole". L’affliction où il était ne lui ôte point la liberté de son jugement, et il montre une haute sagesse dans sa douleur. Il n’était point tellement préoccupé de sauver son serviteur malade, qu’il n’appréhendât en même temps de rien faire d’irrespectueux pour le Sauveur. Et quoique Jésus-Christ s’offrît de lui-même à aller chez lui sans qu’il l’y eût engagé, il ne laissait pas de craindre cette visite comme une grâce dont il était trop indigne, et comme un honneur qui l’accablait.

    ... Si vous me demandez pourquoi Jésus-Christ n’alla point chez lui, et ne l’honora pas de sa visite, je vous réponds qu’il l’honora d’une manière bien plus excellente. Premièrement en faisant voir sa foi et son humilité, qui parurent surtout en ce qu’il ne souhaita point que Jésus-Christ vînt en sa maison. Secondement en protestant devant tout le monde qu’il aurait place dans le royaume de Dieu... Car c’est pour ne s’être pas cru digne de recevoir Jésus-Christ chez lui, qu’il mérita d’être appelé au royaume du ciel, et d’avoir part aux biens ineffables dont Dieu a récompensé la foi d’Abraham. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XXVI sur Saint Matthieu (3), in "Oeuvres complètes" Tome VII, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 21 septembre : Méditation

    « Pour aimer ceux qui souffrent, il faut les aimer en Jésus-Christ et comme Jésus-Christ. Naturellement ils sont peu attrayants, les malades, les vieillards, les affligés de toute espèce ; ils ne savent guère parler que de leurs maux, et ils ne se lassent jamais de ce refrain lamentable et monotone... Si, de notre côté, nous ne pensons qu'à nos propres chagrins, il n'y aura guère moyen de s'entendre ; nos paroles de sympathie et de consolation seront froides, banales, sans résultat ; le malheureux que nous visitons sentira que nous remplissons une corvée et non un apostolat, que notre intérêt pour lui est tout de surface, que nous ne le comprenons pas, que nous ne l'aimons pas.
    Si, au contraire, en entrant chez un affligé - et je ne parle pas seulement de ceux qui habitent les mansardes, il y en a aussi beaucoup dans les salons luxueux - nous mettons généreusement de côté toutes nos occupations et nos préoccupations, nos chagrins, nos soucis, nos craintes et nos espoirs, pour ne penser qu'à celui que nous allons consoler et à ce qui le touche, oh ! comme tout en nous sera différent.
    Nous nous intéresserons vraiment à l'exposé de ses peines, que nous connaissons peut-être par coeur, c'est vrai, mais qui n'en sont sans doute pas moins crucifiantes pour cela ; et quand même ces peines seraient en soi assez légères, si elles paraissent lourdes à celui sur qui elles pèsent, elles constituent un fardeau réel, relativement accablant pour ces épaules si faibles de notre frère que nous aimons. Nous aurons vraiment pitié de cette souffrance, quand même elle serait un brin ridicule dans ses manifestations nous plaindrons sérieusement celui qui l'éprouve, parce que nous l'aimons ; et si nous l'aimons, oh ! quelle onction suave et aimable dans notre langage, quelle douceur reposante dans notre sourire, quelle grâce bienfaisante et discrète dans les soins que nous donnerons !
    Mais pour tout cela il faut de l'amour, et cet amour ne se puise que dans l'amour de Jésus. Humainement peut-être nous sommes ennuyés, rebutés par cette sorte de corvée, mais surnaturellement nous voyons Jésus en celui qui est attristé ; nous pensons que plus l'homme souffre, plus il ressemble à l'Homme-Dieu ; nous nous rappelons qu'il a surtout aimé ceux qui étaient dans l'affliction, qu'il a appelé à lui tous ceux qui étaient courbés sous la douleur et les fardeaux afin de les soulager ; nous entendons cette parole si consolante : "Tout ce que vous faites pour ces malheureux, c'est pour moi-même que vous le faites." Alors les yeux de notre âme s'ouvrent et nous entrevoyons ce merveilleux spectacle qu'il fut parfois donné à certains saints de contempler, le pauvre, le malade subitement transfiguré, et à sa place le Sauveur nous remerciant avec un doux sourire et nous redisant tout bas : "C'est pour moi que vous le faites ! merci !"
    Habituons-nous donc à aimer ceux qui souffrent, ceux qui pleurent, ceux qui sont abandonnés, à les aimer chrétiennement, parce qu'ils sont comme nous fils de Dieu et frères de Jésus-Christ, parce qu'ils ressemblent plus que personne au divin crucifié du Calvaire ; redisons-nous souvent que Dieu ne nous demande pas seulement de les secourir, qu'il nous demande de les aimer. »

    J.T. de Miramont, Messager du Coeur de Jésus, Novembre 1901.

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  • 10 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Frères, vous connaissez celui qui vient ; considérez maintenant d'où il vient et où il va. Il vient du coeur de Dieu le Père dans le sein d'une Vierge Mère. Il vient des hauteurs du ciel dans les régions inférieures de la terre. Quoi donc ? Ne nous faut-il pas vivre sur cette terre ? Oui, s'il y demeure lui-même ; car où serons-nous bien sans lui ? "Qu'y a-t-il pour moi au ciel, qu'ai-je voulu sur la terre, sinon toi, le Dieu de mon coeur, mon partage à jamais ?" (Ps 72,25-26)...

    Mais il fallait qu'un grand intérêt soit en cause pour qu'une majesté si haute daigne descendre de si loin en un séjour si indigne d'elle. Oui, il y avait là un grand intérêt en jeu, puisque là, la miséricorde, la bonté, la charité se sont manifestées dans une large et abondante mesure. Pourquoi en effet Jésus Christ est-il venu ?... Ses paroles et ses oeuvres nous le montrent clairement : il est venu en toute hâte des montagnes pour chercher la centième brebis, celle qui était perdue, pour faire éclater sa miséricorde à l'égard des enfants des hommes.

    Il est venu pour nous. Admirable condescendance du Dieu qui cherche ! Admirable dignité de l'homme ainsi cherché ! L'homme peut s'en glorifier sans folie : non que de lui-même il soit quelque chose, mais celui qui l'a fait l'a estimé à un si haut prix ! En comparaison de cette gloire, les richesses et la gloire du monde et tout ce que l'on peut y ambitionner ne sont rien. Qu'est-ce que l'homme, Seigneur, pour que tu l'élèves ainsi et que tu y attaches ton coeur ?

    C'était à nous à aller vers Jésus Christ... Or un double obstacle nous arrêtait : nos yeux étaient bien malades, et Dieu habite la lumière inaccessible (1Tm 6,16). Paralytiques gisant sur notre grabat, nous étions incapables d'atteindre la demeure si élevée de Dieu. C'est pourquoi le très bon Sauveur et doux médecin des âmes est descendu de là-haut où il habite. Il a adouci pour nos yeux malades l'éclat de sa lumière. »

    Saint Bernard (1091-1153), extraits du 1er Sermon pour l'Avent.

    Texte intégral de ce sermon : Abbaye Saint Benoît.

  • 5 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Lorsque, par son ordre, le paralytique s’est levé, Jésus le renvoie dans sa maison, montrant par là son humilité en même temps qu’il prouve que la guérison est réelle et non fantastique ; il prend pour témoin de cette guérison ceux qui l’avaient été de la maladie. J’aurais souhaité, semble-t-il dire, par, votre maladie que j’ai guérie, guérir aussi ceux qui sont malades ici, non dans le corps, mais dans l’âme ; mais puisqu’ils ne le veulent pas, allez-vous-en chez vous, afin que vous guérissiez au moins les âmes malades de vos proches. Il fait voir ainsi qu’il est également le Créateur du corps et de l’âme, en guérissant la paralysie de l’âme avant même celle du corps, et en prouvant l’une qui était invisible, par l’autre qui était manifeste aux yeux de tous.

    Cependant l’âme de ces hommes rampe encore à terre, car l’évangéliste ajoute : "Le peuple voyant cela, fut rempli d’admiration et rendit gloire à Dieu, de ce qu’il avait donné une telle puissance aux hommes." Après ce grand miracle, il regarde encore Jésus-Christ comme un "homme". La chair dont il s’était revêtu les empêchait de le regarder comme un Dieu. Cependant Jésus-Christ ne leur reproche point leur peu d’intelligence. Il tâche seulement de les exciter de plus en plus, et d’élever leurs pensées par la sublimité de ses oeuvres. C’était déjà beaucoup qu’ils le regardassent comme le plus grand de tous les hommes, et comme étant venu de Dieu. Cette opinion, une fois bien enracinée dans leurs esprits, pouvait peu à peu les conduire plus avant, et leur faire croire qu’il était véritablement le Fils de Dieu. Mais ils n’y demeurèrent pas fermes. Leur inconstance fut cause qu’ils ne purent s’élever plus haut, et qu’ayant changé de sentiment, ils dirent : "Cet homme n’est point de Dieu. Comment cet homme pourrait-il être de Dieu ?" (Jn, VII, 20.) Ils redisaient continuellement ces paroles pour se faire un prétexte à leur infidélité et à leurs passions secrètes.

    C’est l’état, mes frères, où tombent aujourd’hui ceux qui, sous prétexte de venger l’honneur de Dieu, se vengent eux-mêmes et satisfont leur animosité particulière, au lieu que des chrétiens devraient se conduire en tout avec douceur et modération. Dieu même, qui est si fort offensé par les blasphèmes de ses créatures, et qui pourrait les anéantir d’un coup de foudre, "fait néanmoins lever son soleil sur ces ingrats, et tomber sa pluie sur eux", et il les comblé de mille biens. Imitons, mes frères, ce grand modèle envers ceux qui nous offensent. Exhortons-les, avertissons-les, excitons-les, témoignons-leur une extrême douceur, sans nous laisser jamais emporter. Pourquoi les blasphèmes lancés contre Dieu vous jettent-ils dans l’impatience  ? il est hors d’atteinte à tous ces outrages. L’impiété ne nuit qu’à l’impie ; les traits qu’il lance ne blessent que lui. Pleurez-le donc, répandez des larmes sur son malheur, puisqu’il mérite qu’on le pleure, et qu’il n’y a point de remède plus souverain pour guérir ces sortes de plaies que la douceur et la patience, car la douceur est plus efficace que toute la violence dont on userait. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (XXIX, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 23 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Regardons notre berger, le Christ... Il se réjouit de ses brebis qui sont auprès de lui et va chercher celles qui s'égarent. Montagnes et forêts ne lui font pas peur ; il parcourt les ravins pour arriver jusqu'à la brebis perdue. Même s'il la trouve en piteux état, il ne se met pas en colère, mais touché de compassion, il la prend sur ses épaules et, de sa propre fatigue, guérit la brebis fatiguée (Lc 15,4s)...

    C'est avec raison que le Christ proclame : "Je suis le Bon Pasteur, je cherche la brebis perdue, je ramène celle qui est égarée, je panse celle qui est blessée, je guéris celle qui est malade (Ez 34,16). J'ai vu le troupeau des hommes accablé par la maladie ; j'ai vu mes agneaux s'en aller où demeurent les démons ; j'ai vu mon troupeau dépecé par les loups. J'ai vu cela et ne l'ai pas regardé de haut. C'est pourquoi j'ai pris la main desséchée, tenue par le mal comme par un loup ; j'ai délié ceux que la fièvre avait liés ; j'ai appris à voir à celui dont les yeux étaient fermés depuis le sein de sa mère ; j'ai retiré Lazare du tombeau où il gisait depuis quatre jours (Mc 3,5; 1,31; Jn 9; 11). Car je suis le bon pasteur ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis"...

    Les prophètes ont connu ce pasteur lorsque, bien avant sa Passion, ils annonçaient ce qui allait venir : "Comme une brebis, le voici conduit à l'abattoir ; comme un agneau muet devant les tondeurs, il n'a pas ouvert la bouche" (Is 53,7). Comme une brebis, le pasteur a offert sa gorge pour ses brebis... Par sa mort, il remédie à la mort ; par son tombeau, il vide les tombeaux... Les tombeaux sont lourds et la prison fermée, tant que le pasteur, descendu de la croix, ne vient pas apporter à ses brebis enfermées la joyeuse nouvelle de leur libération. On le voit aux enfers où il donne l'ordre d'élargissement (1P 3,19) ; on le voit appeler à nouveau ses brebis, leur dire son appel du séjour des morts à la vie. "Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis." C'est ainsi qu'il se propose de gagner l'affection de ses brebis, et celles qui savent entendre sa voix aiment le Christ. »

    Basile de Séleucie (?-v.468), Oratio 26 ; PG 44, 129 (Trad. Brésard, 2000 ans B.).