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  • Méditation : "qui ne porte pas sa croix..."

    « Pourquoi crains-tu de porter la Croix, par laquelle on va vers le Royaume ? Dans la Croix, le salut ; dans la Croix, la vie ; dans la Croix, la protection contre les ennemis ; dans la Croix, les douceurs d'en-haut ; dans la Croix, la force de l'esprit ; dans la Croix, la joie spirituelle ; dans la Croix, toutes les vertus ; dans la Croix, la perfection de la sainteté.
    Si tu portes de bon coeur la Croix, elle te portera et te conduira au terme désiré, où tu connaîtras la fin de l'épreuve, quoique ce ne sera pas ici-bas. Si tu la portes malgré toi, elle te sera pesante, tu en augmenteras toi-même le poids, et il te faudra quand même la porter. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras certainement une autre, et peut-être plus lourde. Penses-tu échapper à ce qu'aucun mortel n'a pu éviter ? Quel saint, en ce monde, aura été sans croix ni épreuve ?
    Il n'est pas selon l'homme de porter la Croix, d'aimer la Croix, de châtier son corps et de le réduire en servitude, de fuir les honneurs, de souffrir volontiers les outrages, de se mépriser soi-même et de souhaiter d'être méprisé, de supporter les afflictions et les pertes, et de ne désirer aucune prospérité dans ce monde. Si tu te regardes, tu ne pourras rien de cela ; mais si tu t'en remets au Seigneur, la force d'en-haut te sera donnée, et la chair et le monde t'obéiront. Et quand tu seras arrivé à trouver que l'épreuve est douce et savoureuse à cause du Christ, alors estime-toi heureux, parce que tu auras trouvé le paradis sur terre. »

    Imitation de Jésus-Christ, Livre II, ch. 12.

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  • 1er novembre : Méditation

    « La solennité de ce jour nous apprend ce que c'est qu'être un saint

    Notre lâcheté, ingénieuse à se faire illusion, voudrait nous persuader qu'il est, pour aller au ciel, une voie commode, où l'on peut ne point se gêner et vivre à son aise, fuir la croix et se satisfaire en tout ce qui n'est pas évidemment péché mortel, suivre la volonté propre et ses caprices, l'amour-propre et sa vanité ; mais, en ce jour, interrogeons les saints et demandons-leur s'il en est un seul qui se soit sauvé par cette voie. Ils nous répondront avec l'évangile qui se lit solennellement aujourd'hui, dans l'assemblée des fidèles, comme une protestation contre ce système de morale relâchée. Que nous dit cet évangile, si ce n'est que les bienheureux, ou les saints, ce sont les humbles, pauvres et détachés de tout ; ce sont les coeurs doux, qui souffrent tout de tout le monde, sans rien faire souffrir à personne, rendent le bien pour le mal, la louange pour le blâme, l'amour pour la haine ; ce sont les éprouvés, qui coulent leurs jours dans l'affliction et les larmes, loin des joies du monde ; ce sont les zélés pour leur propre perfection, qui ont faim et soif d'une justice toujours plus grande ; ce sont les miséricordieux, qui compatissent à toutes les peines de leurs frères et prennent en pitié leurs défauts avec toutes les misères humaines ; ce sont les coeurs purs, qui ont horreur des moindres taches ; ce sont les pacifiques, qui ne laissent point les passions troubler la paix de leur âme et vivent en paix avec tout le monde ; ce sont les persécutés, qui supportent sans trouble l'insulte et la calomnie. Voilà les saints au jugement de Jésus-Christ et de l'Evangile. Trouvons-nous place en ce portrait pour la lâcheté, la tiédeur, la vie commode et sans gêne ?
    [...]
    Je dois donc me convertir, car je suis bien loin d'être un saint. Où est en moi l'humilité des saints, leur douceur, leur patience, leur vie de foi ? Miséricorde, Seigneur, Miséricorde ! La fête de ce jour me rappelle que je dois être un saint, et je veux le devenir. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint-Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année Tome III, Paris, Victor Lecoffre, 1886 (19e édition revue, corrigée, augmentée).

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    Frise de l'église St-Vincent-de-Paul à Paris (détail)
    réalisée par Hippolyte Flandrin (1809-1864) :
    Procession des Saints s'avançant vers le Sanctuaire

  • 26 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "...ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour..." (Ep 4, 1-6)

    « "Supportez-vous les uns les autres dans l'amour, faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix." (Ep 4,2) Il n'est pas possible de maintenir l'unité ni la paix, si les frères ne s'appliquent pas à garder la tolérance mutuelle et le lien de la concorde grâce à la patience. Que dire encore, sinon de ne pas jurer, ne pas maudire, ne pas réclamer ce qui nous est enlevé par la force, tendre l’autre joue, pardonner au frère qui a péché contre nous, non seulement soixante-dix fois sept fois, mais de lui remettre tous ses torts, aimer nos ennemis et prier pour nos adversaires et ceux qui nous persécutent ?
    Cmment arriver à faire tout cela si l'on n'est pas ferme dans la patience et la tolérance ? C'est ce qu’a fait saint Etienne, quand, loin de crier vengeance, il a demandé grâce pour ses bourreaux en disant : "Seigneur, ne leur impute pas ce péché" (Ac 7,60). Ainsi s’est comporté le premier martyr du Christ, qui s’est fait non seulement prédicateur de la Passion du Seigneur mais imitateur de son extrême douceur.

    Que dire de la colère, de la discorde, de l'hypocrisie ? Elles n'ont pas de place chez un chrétien. Dans le coeur doit être la patience ; on n'y trouve donc aucun de ces vices. L'apôtre Paul nous en avertit : "Ne contristez pas le Saint Esprit de Dieu : enlevez de vos coeurs l'amertume, la colère et le blasphème" (Ep 4,30-31). Si le chrétien s'établit dans la paix, dans le port du Christ, il ne doit admettre en son coeur ni colère ni discorde ; il ne lui est pas permis de rendre le mal pour le mal, ni de concevoir de la haine. »

    Saint Cyprien (v.200-258), Les Bienfaits de la patience, 15-16 (cf. SC 291).

  • 17 septembre : Méditation

    « Le fruit de l'Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi. Ce sont là les éléments de la spiritualité authentique, le but de tout véritable effort spirituel, la voie de la sainteté qui est le but ultime de la vie chrétienne. Tout cela signifie que nous connaissons le Saint Esprit par sa présence en nous, présence qui se manifeste principalement par une joie, une paix et une plénitude ineffables. Même dans le langage ordinaire, ces mots : joie, paix, plénitude, impliquent quelque chose qui est justement ineffable, qui, de par sa nature même, est au-delà des mots, des définitions et des descriptions. Ils se rapportent à ces moments de la vie où la vie est pleine de vie, où il n'y a ni manque ni donc désir de quoi que ce soit, où il n'y a ni angoisse, ni crainte, ni frustration. L'homme parle toujours de bonheur, et, en vérité, la vie est la quête du bonheur, l'aspiration à la plénitude. On peut donc dire que la présence du Saint Esprit est l'accomplissement du vrai bonheur. Et comme ce bonheur ne résulte pas d'une cause identifiable et extérieure, ce qui est le cas de notre pauvre et fragile bonheur terrestre qui disparaît quand disparaît la cause qui l'a produit, comme il ne résulte de rien qui soit de ce monde, et pourtant se traduit par de la joie au sujet de toute chose, ce bonheur-là doit être le fruit en nous de la venue, de la présence et du séjour de Quelqu'Un qui Lui-même est vie, joie, paix, beauté, plénitude, félicité. Ce Quelqu'Un est le Saint Esprit. »

    P. Alexandre Schmemann (1921-1983), D’eau et d’Esprit – Etude liturgique du baptême, Trad. fr. de Paul Toutchkov, Paris, Desclée de Brouwer, 1987.
     

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  • 7 août : Méditation

    « Ne t'étonne pas, enfant, si, sur la route qui conduit vers les sommets, tu tombes dans les épines et parfois dans la boue, pour retrouver ensuite le chemin uni. Car ceux qui sont au combat tombent eux-même et font tomber tour à tour. "La vie de l'homme sur la terre, a dit le grand Job, n'est-elle pas un temps d'épreuve ?" (Job 7,1). Et un autre saint déclare : "L'homme qui n'a pas été éprouvé n'est pas sûr." Car nous sommes éprouvés, dans l'exercice de la foi, pour que soit reconnue notre valeur et que nous apprenions à combattre. "C'est par beaucoup de tribulations, dit le Seigneur, qu'il nous faut entrer dans le Royaume des Cieux" (Ac 14,22). Que l'espérance du terme soit notre secours au milieu de tous les événements ! Le saint Apôtre dit pour nous fortifier dans la patience : "Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. A côté de la tentation, il placera les moyens qui vous permettront de résister" (I Cor 10,13). Et que Notre Seigneur, qui est la Vérité, te console par ces paroles : "Vous aurez à souffrir dans le monde, mais courage ! j'ai vaincu le monde" (Jn 16,33). Médite cela, n'en sors pas. Souviens-toi du Seigneur, et sa bonté, enfant, t'accompagnera en tout, car il est miséricordieux et connaît notre impuissance. Lui-même commandera encore aux flots et fera le calme dans ton âme, par les prières de ses saints. »

    Dorothée de Gaza (VIème s.), Lettre 12 (197), in Oeuvres spirituelles, Trad. Regnault - Préville, SC 92, Editions du Cerf, 1963.

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  • 5 août : Méditation

    « Au moment d'instituer l'Eucharistie, J'ai vu toutes ces âmes privilégiées qui se nourriraient de mon Corps et de mon Sang et y trouveraient le remède à leur faiblesse, le feu qui consumerait leurs misères et les enflammerait d'amour.
    Je les vis aussi, toutes réunies pour Moi, comme dans un Jardin fermé où chacune Me donnerait sa fleur et Me récréerait par son parfum... Mon Corps Sacré serait le soleil qui leur donnerait la vie et réchaufferait leur froideur... J'irais aux unes pour Me consoler ; aux autres, pour Me cacher ; près d'autres, encore, pour Me reposer... Si vous saviez, âmes très aimées, comme il est facile de consoler, de cacher et de reposer un Dieu !...
    Ce Dieu qui vous aime infiniment, a semé en vous la grâce incomparable de son Appel et vous a attirées d'une façon mystérieuse au jardin de ses délices : ce Dieu qui est votre Rédempteur, s'est fait votre Epoux.
    Lui-même, maintenant, vous nourrit de son Corps très pur et vous désaltère par son Sang, et c'est en Lui que vous trouverez toujours le repos et la félicité.

    Hélas ! pourquoi faut-il que tant d'âmes comblées de mes grâces de choix, deviennent pour mon Coeur un sujet de tristesse ? Ne suis-Je pas toujours le même ? Ai-Je changé pour vous ? Non, mon Amour ne change jamais et, jusqu'à la fin des siècles, Je vous aimerai avec tendresse et prédilection.
    Si vous êtes misérables, Je le sais et mon regard très tendre ne se détourne pas de vous. Au contraire, J'attends avec ardeur que vous veniez à Moi, non seulement pour soulager vos misères, mais pour vous combler de nouveaux bienfaits.
    Si Je vous demande votre amour, ne Me le refusez pas ; il est si facile d'aimer Celui qui est l'Amour même.
    Si J'exige quelque chose de coûteux à votre nature, sachez bien que Je vous donne en même temps la grâce et la force nécessaires pour vous vaincre.
    c'est pour trouver en vous ma consolation que Je vous ai choisies. Laissez-Moi donc entrer dans votre âme et, si vous n'avez rien qui soit digne de Moi, dites avec humilité, mais confiance : "Seigneur, vous connaissez les fleurs et les fruits de mon jardin ! Venez et dites-moi ce qu'il faut que je fasse pour que, dès maintenant, croisse la fleur que vous désirez."

    A l'âme qui Me parle ainsi, avec le vrai désir de Me prouver son amour, Je réponds : "Ame chérie, si tu veux que ton jardin produise la fleur que J'aime, laisse-Moi le cultiver Moi-même... laisse-Moi labourer cette terre... laisse-Moi arracher aujourd'hui ces racines qui Me gênent et que tu n'as pas la force d'enlever !... Si Je te demande le sacrifice de tes goûts ou de ton caractère... tel acte de charité, de patience ou d'abnégation... telle preuve de zèle, d'obéissance ou de mortification, c'est l'engrais qui bonifiera le sol dont J'attends les fleurs et les fruits... Sais-tu quels sont ces fleurs et ces fruits ? La victoire remportée sur toi-même, donnera la lumière à un pécheur... Un ennui, supporté avec joie, cicatrisera les blessures qu'il M'a faites, réparera ses offenses et expiera ses fautes... Une observation acceptée sans trouble et même avec allégresse, obtiendra à des âmes aveuglées par l'orgueil le courage de s'humilier.
    Je ferai cela dans ton âme, si tu M'y laisses la liberté. Alors, non seulement les fleurs y croîtront rapidement, mais tu seras la consolation que cherche mon Coeur..." »

    Jésus à Soeur Josefa Menéndez (1890-1923), in Un Appel à l'Amour, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1938.

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  • 28 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « C’est l’artifice ordinaire du démon de mêler le mensonge avec la vérité, afin que sous le masque de la vraisemblance, l’erreur passe pour la vérité même, et qu’elle trompe ceux qui sont faciles à séduire. C’est pourquoi Jésus-Christ ne marque point dans cette semence de l’ennemi, d’autre mauvais grain que l’ivraie qui est fort semblable au froment. Jésus-Christ nous apprend ensuite l’occasion que le démon prend pour surprendre les âmes.
    "Pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le bon grain, et s’en alla."
    [...]
    C’est nous qu’il attaque par tous ses efforts, et néanmoins l’origine de cette guerre irréconciliable qu’il nous fait, n’est pas tant l’aversion qu’il a pour nous, que la haine qu’il a conçue contre Dieu. Et nous voyons, mes frères, par le soin que Dieu prend de nous défendre d’un tel ennemi, que Dieu nous aime plus que nous ne nous aimons nous-mêmes. Mais considérez encore la malice du démon. Il ne sème point cette semence de mort avant la semence de la vie, parce qu’il n’aurait rien eu à perdre. Mais aussitôt que le champ a été semé, il s’efforce de ruiner en un moment tous les travaux du divin laboureur, tant il se déclare en toutes choses l’ennemi de Dieu ! Considérez aussi l’affection de ces serviteurs envers leur maître. Aussitôt qu’ils aperçoivent cette ivraie, ils pensent à l’arracher. Leur zèle, quoiqu’un peu trop indiscret, témoigne le grand soin qu’ils avaient de la bonne semence, et montre que leur unique but était non de faire punir l’ennemi, mais de prévenir la perte du bon grain. Ils ne cherchent que les moyens de remédier à un si grand mal.
    Ils ne s’appuient pas même sur leur propre sentiment. Ils consultent la sagesse de leur maître : "Voulez-vous ?" lui disent-ils ; mais il le leur défend et leur dit : "Non, de peur qu’en cueillant l’ivraie, vous ne déraciniez aussi tout ensemble le bon grain." II leur parle de la sorte pour empêcher ainsi les guerres, les meurtres et l’effusion de sang. Car il ne faut point tuer les hérétiques, puisque ce serait remplir toute la terre de guerres et de meurtres. Il leur défend ces violences pour deux raisons ; la première, parce qu’en voulant arracher l’ivraie on pourrait aussi nuire au froment; et l’autre parce que tôt ou tard les hérétiques seront punis, s’ils ne se convertissent de leur erreur. Si vous voulez donc qu’ils soient châtiés sans qu’ils nuisent au bon grain, attendez le temps que Dieu a marqué pour en faire justice.

    Considérons encore cette parole : "De peur qu’en cueillant l’ivraie, vous ne déraciniez aussi tout ensemble le bon grain." Il semble qu’il dise par là : Si vous prenez les armes contre les hérétiques ; si vous voulez répandre leur sang et les tuer, vous envelopperez nécessairement dans ce meurtre beaucoup de justes et d’innocents. De plus il y en a beaucoup qui sortant de l’hérésie, d’ivraie qu’ils étaient pourraient se changer en bon grain. Que si on prévenait ce temps, en croyant arracher de l’ivraie on détruirait le froment qui en devait naître. Ainsi il donne du temps aux hérétiques pour se convertir, et pour rentrer en eux-mêmes. Il n’empêche pas néanmoins qu’on ne réprime les hérétiques, qu’on ne leur interdise toute assemblée, qu’on ne leur ferme la bouche, et qu’on ne leur ôte toute liberté de répandre leurs erreurs ; mais il ne veut pas qu’on les tue, et qu’on répande leur sang. Et considérez, je vous prie, la douceur de Jésus-Christ. Il ne défend pas seulement d’arracher l’ivraie ; mais il donne la raison de sa défense, et il répond à ceux qui lui pourraient dire que cette ivraie peut-être demeurerait toujours ce qu’elle est :

    "Laissez croître," dit-il, "l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs. Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler ; mais amassez le blé dans mon grenier." Il les fait souvenir ici des paroles de saint Jean, lorsqu’il parlait du Sauveur comme du Juge de l’univers. Il leur ordonne d’épargner l’ivraie tant qu’elle sera mêlée parmi le froment, pour lui donner lieu de se changer, et de devenir froment elle-même. Que si ces hommes, représentés par l’ivraie, ne font aucun usage de la bonté et de la patience du maître du champ, ils tomberont alors nécessairement dans les mains de l’inévitable justice... »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (XLVI, 1,2), in "Oeuvres complètes" (Tome VII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 21 juillet : Méditation

    « Persévère dans ta résolution de rester à la maison. Et là, cesse toute activité : au lieu de fixer ton regard sur les choses, laisse-toi regarder par elles. Contemple la beauté cachée qui se révèle dans une fleur, un paysage, un visage. Ne cherche plus à capter, photographier, à retenir. La fragilité fait partie du charme de l'existence. Au lieu de tendre l'oreille, laisse venir à toi les sons, les bruits, la musique, les paroles, prendre un bain dans le carillon du clocher voisin.
    Au lieu de lire pour apprendre, laisse la Parole te parler et t'atteindre d'elle-même. Elle est vivante. Elle a quelque chose à te dire. Sois ouvert, accueillant et souple. Ecoute le Silence qui te faisait peur. Ne cherche rien a priori mais sois prêt à accueillir la parole qui t'est donnée, le signe qui te fera avancer.
    Cette attention est un état paisible qui est accueil du réel débarrassé de toutes les imaginations et passions de ta sensibilité, de toutes les réactions de ton émotivité, de tes désirs, de tes craintes, de tes soupçons, des inimitiés qui parasitent ton écoute et distraient ta capacité d'attention au réel.
    Cette attitude demande une grande pauvreté spirituelle, une chasteté acquise pour accueillir la réalité qui vient à toi. Cela demande aussi une grande probité morale et intellectuelle. C'est un état paisible, sans aucune crispation. Elle est attente patiente et généreuse d'un signe, d'un indice, d'une parole, d'un non-dit, qui révèlera la possibilité d'une communion avec l'Autre. »

    Dom Bernard Ducruet, Extrait de "Sources vives" n°128, juin 2006.
    (Repris à l'Office du milieu du jour des FMJ le 28 juin 2012.)

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  • 13 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Frères, ne demeurons pas dans l'insouciance et le relâchement ; ne remettons pas toujours avec légèreté, à demain ou à plus tard, pour commencer à nous mettre à l'oeuvre. "C'est maintenant l'heure favorable, dit l'apôtre Paul, c'est aujourd'hui le jour du salut" (2Co 6,2). Actuellement, c'est le temps de la pénitence, plus tard ce sera celui de la récompense ; à présent, c'est le temps de la persévérance, un jour viendra celui de la consolation. Maintenant Dieu vient en aide à ceux qui se détournent du mal ; plus tard il sera le juge des actes, des paroles et des pensées des hommes. Aujourd'hui nous profitons de sa patience ; nous connaîtrons la justice de ses jugements, à la résurrection, quand nous recevrons chacun selon ses oeuvres. usqu'à quand donc remettrons-nous d'obéir au Christ qui nous appelle dans son Royaume céleste ? Ne nous purifierons-nous pas ? Ne nous résoudrons-nous pas à abandonner notre genre de vie habituel pour suivre à fond l'Evangile ? »

    Saint Basile le Grand (v.330-379), Prologue aux Grandes Règles (trad. Lèbe, Maredsous, 1969, rev).

  • 5 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Lorsque, par son ordre, le paralytique s’est levé, Jésus le renvoie dans sa maison, montrant par là son humilité en même temps qu’il prouve que la guérison est réelle et non fantastique ; il prend pour témoin de cette guérison ceux qui l’avaient été de la maladie. J’aurais souhaité, semble-t-il dire, par, votre maladie que j’ai guérie, guérir aussi ceux qui sont malades ici, non dans le corps, mais dans l’âme ; mais puisqu’ils ne le veulent pas, allez-vous-en chez vous, afin que vous guérissiez au moins les âmes malades de vos proches. Il fait voir ainsi qu’il est également le Créateur du corps et de l’âme, en guérissant la paralysie de l’âme avant même celle du corps, et en prouvant l’une qui était invisible, par l’autre qui était manifeste aux yeux de tous.

    Cependant l’âme de ces hommes rampe encore à terre, car l’évangéliste ajoute : "Le peuple voyant cela, fut rempli d’admiration et rendit gloire à Dieu, de ce qu’il avait donné une telle puissance aux hommes." Après ce grand miracle, il regarde encore Jésus-Christ comme un "homme". La chair dont il s’était revêtu les empêchait de le regarder comme un Dieu. Cependant Jésus-Christ ne leur reproche point leur peu d’intelligence. Il tâche seulement de les exciter de plus en plus, et d’élever leurs pensées par la sublimité de ses oeuvres. C’était déjà beaucoup qu’ils le regardassent comme le plus grand de tous les hommes, et comme étant venu de Dieu. Cette opinion, une fois bien enracinée dans leurs esprits, pouvait peu à peu les conduire plus avant, et leur faire croire qu’il était véritablement le Fils de Dieu. Mais ils n’y demeurèrent pas fermes. Leur inconstance fut cause qu’ils ne purent s’élever plus haut, et qu’ayant changé de sentiment, ils dirent : "Cet homme n’est point de Dieu. Comment cet homme pourrait-il être de Dieu ?" (Jn, VII, 20.) Ils redisaient continuellement ces paroles pour se faire un prétexte à leur infidélité et à leurs passions secrètes.

    C’est l’état, mes frères, où tombent aujourd’hui ceux qui, sous prétexte de venger l’honneur de Dieu, se vengent eux-mêmes et satisfont leur animosité particulière, au lieu que des chrétiens devraient se conduire en tout avec douceur et modération. Dieu même, qui est si fort offensé par les blasphèmes de ses créatures, et qui pourrait les anéantir d’un coup de foudre, "fait néanmoins lever son soleil sur ces ingrats, et tomber sa pluie sur eux", et il les comblé de mille biens. Imitons, mes frères, ce grand modèle envers ceux qui nous offensent. Exhortons-les, avertissons-les, excitons-les, témoignons-leur une extrême douceur, sans nous laisser jamais emporter. Pourquoi les blasphèmes lancés contre Dieu vous jettent-ils dans l’impatience  ? il est hors d’atteinte à tous ces outrages. L’impiété ne nuit qu’à l’impie ; les traits qu’il lance ne blessent que lui. Pleurez-le donc, répandez des larmes sur son malheur, puisqu’il mérite qu’on le pleure, et qu’il n’y a point de remède plus souverain pour guérir ces sortes de plaies que la douceur et la patience, car la douceur est plus efficace que toute la violence dont on userait. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (XXIX, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 21ème jour

    Vingt-et-unième jour : Le Cœur de Jésus nous a tout donné

    A qui avons-nous l’obligation de tant de bienfaits ? A l’immense libéralité et à l’amour infini du Cœur de notre aimable Jésus. Quels honneurs donc, quelles louanges, quelles actions de grâces lui devons-nous rendre et avec quelle dévotion devons-nous célébrer la fête de ce Cœur très auguste ! Si un homme dépouillé injustement de ses biens, non seulement délivrait un voleur des mains du bourreau et l’arrachait à une mort honteuse, mais encore s’il lui donnait la moitié de ses richesses, ce criminel pourrait-il jamais reconnaître une telle bonté ? Voici bien davantage. Non seulement notre Sauveur Jésus nous a délivrés de l’enfer et de tous les tourments, mais il nous a comblés d’une multitude de biens ineffables, voire il nous a donné tous les biens ; que lui rendrons-nous donc ? Quid retribuam Domino pro omnibus quae retribuit mihi ? (Ps 116,12) N’est-il pas vrai que si nous avions autant de cœurs de séraphins qu’il y a d’étoiles au firmament, d’atomes dans l’air, de brins d’herbe sur la terre, de grains de sable sur le rivage et de gouttes d’eau dans l’immensité de l’océan, et que nous les employassions tous entièrement à l’aimer et à le glorifier, tout cela ne serait rien en comparaison de l’amour de Jésus pour nous, et des obligations où nous sommes de lui consacrer nos cœurs.
    Saint Jean Eudes (1601-1680)

    Exemple : La dévotion au Sacré-Cœur et les âmes du Purgatoire
    « Si vous saviez – dit Sainte Marguerite-Marie – avec quelle ardeur ces pauvres âmes demandent ce remède nouveau, si souverain à leurs souffrances (car c’est ainsi qu’elle nomme la dévotion au Sacré-Cœur et particulièrement les messes en son honneur) ! Le soir vous ferez un petit tour par le Purgatoire, en la compagnie du Sacré-Cœur, en lui consacrant tout ce que vous aurez fait, pour le prier d’appliquer ses mérites à ces saintes âmes souffrantes. Et vous les prierez en même temps d’employer leur pouvoir pour nous obtenir la grâce de vivre et de mourir dans l’amour et la fidélité au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ en répondant à ses désirs sur nous sans résistance… Et si vous pouviez mettre en liberté quelques-unes de ces pauvres prisonnières, vous seriez bien heureuse d’avoir dans le ciel une avocate qui plaiderait votre salut.
    Le Sacré-Cœur de Jésus donne souvent sa chétive créature aux âmes du Purgatoire pour les aider à satisfaire à la divine justice ; c’est dans ce temps que je souffre une peine à peu près comme la leur, ne trouvant le repos ni jour ni nuit… Que je vous serais obligée si vous m’aidiez à soulager mes bonnes amies souffrantes du Purgatoire. C’est ainsi que j’appelle ces pauvres âmes, pour lesquelles il me semble qu’il n’y a rien que je ne voulusse faire et souffrir, et je vous assure qu’elles n’en seront pas ingrates. »
    La Sainte, en effet, pratiquait dans une large mesure ce qu’elle recommandait relativement aux âmes du Purgatoire ; elle ne cessait de conjurer le Sacré-Cœur de Jésus de les délivrer ; plusieurs fois, Notre-Seigneur lui fit voir en Purgatoire des âmes qu’elle avait autrefois connues sur la terre ; alors, pressée par sa générosité et son amour des âmes, elle s’offrait pour elles en victime, et elle obtint ainsi, au prix des plus cruelles épreuves, la délivrance d’un grand nombre de ces âmes qu’elle appelait, dans son touchant langage, « ces bonnes amies souffrantes du Purgatoire. »
    S’il ne nous est pas donné d’avoir une générosité aussi sublime, n’oublions pas, du moins, que la dévotion au Sacré-Cœur est un des moyens les plus efficaces pour soulager les âmes du Purgatoire ; usons largement de ce remède nouveau, si souverain à leurs souffrances ; et, selon la parole de la Sainte, elles n’en seront pas ingrates.
    On pourrait servir pour cela avec grand fruit du pieux opuscule intitulé : Un petit tour quotidien par le Purgatoire en compagnie du Sacré-Cœur, par le P. Victor Jouet. Issoudun (Indre).

    Page d’histoire :
    Saint François d’Assise endurant de vives douleurs, un Frère trop simple lui dit : « Mon Père, priez Dieu qu’il vous traite un peu plus doucement ; il paraît qu’il appesantit trop sa main sur vous. » le Saint lui répondit à l’instant : « Si votre simplicité ne vous excusait pas un peu, je ne voudrais plus vous voir ; comment avez-vous l’audace de désapprouver les justes jugements de Dieu ? » « Ô mon Dieu ! ajouta-t-il, l’accomplissement de votre volonté est la plus grande consolation que je puisse recevoir en cette vie. »
    Il disait encore : « Seigneur, mon Dieu, je vous remercie de tout ce que vous me faites souffrir. Faites-moi souffrir cent fois plus si c’est votre bon plaisir. Il me sera très agréable que vous ne m’épargniez point ici-bas, si vous le voulez ainsi ; l’accomplissement de votre sainte volonté est pour moi une source abondante de consolation. »

    Bouquet spirituel :
    Mon Cœur vous est ouvert, nous dit Jésus, approchez et je vous donnerai à boire de ce vin nouveau qui n’est autre que le sang qui coule de mon Cœur.
    Louis de Blois (v.1171-1205)

    Ô doux Cœur de Jésus, repos de ceux qui vous aiment, offrez pour moi à la Très Sainte Trinité autant d’hymnes de louange que mon cœur aura de battements.
    Sainte Mechtilde (1241-1298)

    Pratique :
    Accepter avec patience et résignation les douleurs et les ennuis, les offrir en union au Cœur de Jésus, en esprit de pénitence.

    Oraison jaculatoire :
    Jésus, Cœur très patient, soyez mon modèle et ma force !

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • 19 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "La charité aime tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout." (1Co 13,7) Par là l'apôtre Paul montre que, si cette vertu peut se maintenir avec une telle fermeté, c'est qu'elle a été trempée dans une patience à toute épreuve. Il dit encore : "Supportez-vous les uns les autres dans l'amour, faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour garder l'unité de l'esprit dans le lien de la paix." (Ep 4,2)
    Il n'est pas possible de maintenir l'unité ni la paix, si les frères ne s'appliquent pas à garder la tolérance mutuelle et le lien de la concorde grâce à la patience. Que dire encore, sinon de ne pas jurer, ni maudire, de ne pas réclamer ce qu'on nous enlève, de présenter l'autre joue à qui nous frappe, de pardonner au frère qui a péché contre nous, non seulement soixante-dix fois sept fois, mais de lui remettre tous ses torts, d'aimer nos ennemis, de prier pour nos adversaires et ceux qui nous persécutent ?
    Comment parvenir à accomplir tout cela si l'on n'est pas fermement patient, tolérant ? C'est ce que fit saint Étienne quand, loin de crier vengeance, il demanda grâce pour ses bourreaux en disant : "Seigneur, ne leur impute pas ce péché !" (Ac 7,60) »

    Saint Cyprien (v.200-258), Des bienfaits de la patience, 13-16 (trad. cf SC n°291).

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 13ème jour

    Treizième jour : Le Cœur de Jésus et le bon larron

    Que ne fit le Cœur de notre Sauveur à l’endroit de celui du mauvais larron, tout le temps qu’il fut à la croix ? Combien de fois le regarda-t-il, le provoquant à le regarder, permettant que son sang sacré vint à tomber sur lui, à dessein d’amollir et purifier son cœur… Certes, le bon larron, comme l’autre, était le plus scélérat voleur qui se pût trouver, et néanmoins, sur la fin de sa vie, il regarda la croix et il fut sauvé, et trouva sa rédemption pour nous montrer que les plus grands pécheurs ne doivent jamais désespérer du pardon de leurs fautes, pourvu qu’ils regardent la croix et se mettent sous sa protection, quand bien même ce ne serait que sur le déclin de leur vie, comme fit ce criminel… Donc, si Notre-Seigneur remet si librement des péchés si grands et si énormes à ceux qui lui en demandent pardon, et s’il offre le même pardon aux obstinés et les attend à pénitence avec tant de patience, que ne fera-t-il pas à celui qui la lui demande et avec quel cœur recevra-t-il le cœur du pénitent ?
    Saint François de Sales (1567-1622)

    Exemple : (Septième Promesse) Les âmes tièdes deviendront ferventes
    Dans une ville du nord de la France, un ecclésiastique, apôtre zélé du Sacré Cœur, dut séjourner pendant quelque temps. Une femme d’un certain âge se présente un jour à lui et le prie de l’entendre en confession. Il refusa poliment, « car il n’avait point, répondit-il, les pouvoirs nécessaires » ; il y avait, du reste, dans cette localité, un assez grand nombre de confesseurs. – « Je ferai, lui dit son interlocutrice, toutes les démarches qu’il faudra pour vous obtenir les pouvoirs de confesser dans ce diocèse. Il y va du salut de mon âme. »
    Ces mots frappèrent le digne prêtre qui lui donna rendez-vous dans quelques jours. Des renseignements qu’il reçut dans cet intervalle lui firent connaître à qui il avait affaire. Cette personne s’était montrée longtemps fervente et tout occupée de bonnes œuvres. Mais peu à peu le dégoût l’avait saisie, et elle avait abandonné ses pieuses pratiques et, sans commettre encore de fautes graves, elle accumulait du moins chaque jour infidélités sur infidélités. Elle se présente au jour fixé et déclare son dangereux état, bien décidée toutefois à ne rien faire pour en sortir. Le prêtre, voyant cette âme en grand péril, l’exhorte vivement à la prière et lui parle de la dévotion au Cœur de Jésus. A ce mot, sa pénitente se récrie, - elle n’aime point ces nouveautés, bonnes pour des imaginations enthousiastes. – Mais le confesseur lui imposa silence et lui fit promettre, que pendant huit jours, elle réfléchirait cinq minutes sur ces deux questions : « Qu’est-ce que le Cœur de Jésus a fait pour moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour lui ? »
    Après bien des récriminations, cet engagement fut pris et gardé. Il n’en fallut pas davantage : en huit jours, le Cœur de Jésus avait fait d’une âme si languissante et si tiède une âme énergique et pleine de zèle, qui devint apôtre de sa dévotion. Elle est morte au bout de quelques années, laissant après elle de magnifiques souvenirs de charité et de dévouement.
    (Messager du Cœur de Jésus)

    Page d’histoire :
    Garcia Moreno, président de la République de l’Equateur, dont nous avons déjà cité l’exemple à propos de l’humilité, peut encore servir de modèle à notre amour pour ceux qui souffrent. A Quito, sa capitale, tous les jours aussitôt après la messe, il visitait l’hôpital, dont il s’était constitué directeur. Quand il arrivait dans une autre ville, sa première visite était encore pour l’hôpital afin de veiller à ce que tout s’y passât avec charité. Vivant avec une simplicité extrême, il employait en aumônes la plus grande partie de son traitement, et réduisait pour cela le plus possible ses autres dépenses, s’interdisant, par le même motif, tout dîner d’apparat. Il reçut un jour une somme destinée à lui permettre d’en offrir un au monde officiel ; il la porta à l’hôpital et organisa le banquet pour ses habitants ; il avait pensé, disait-il, qu’un bon repas ferait plus de bien à eux qu’aux diplomates.

    ☞   Rappel : des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant Garcia Moreno et le Sacré-Cœur de Jésus – voir en juillet 1873

    Bouquet spirituel :
    Oh ! qu’il est agréable au Cœur de Jésus d’être prié pour les pécheurs ! il disait un jour à la vénérable Séraphine de Capri : Aide-moi par tes prières à sauver les âmes.
    Saint Alphonse (1696-1787)

    Ayez pitié de moi, Seigneur, s’écriait le larron repentant, compatissant aux douleurs du divin Maître. En réponse à une telle prière, le Sauveur pouvait-il mesurer sa paix avec parcimonie ? Sa poitrine auguste était tout proche et sous les yeux de celui qui l’invoquait, de celui qui par la confession de sa foi et le repentir, était devenu son soldat et son disciple fidèle, ne dut-il pas alors lui révéler tous les secrets de son Cœur ?
    Ubertin de Casal (1259-v.1330)

    Pratique :
    Aimer à visiter ceux que nous savons être dans quelque peine physique.

    Oraison jaculatoire :
    Cœur de Jésus, consolation des affligés, ayez pitié de nous.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 30ème jour

    Trentième jour : Le Ciel

    Nous ne sommes ici-bas que de pauvres exilés ; nous gémissons, nous souffrons dans la vallée des larmes ; notre patrie véritable, c’est le Ciel où nous jouirons de la présence de Dieu et d’un bonheur tel que nos faibles intelligences ne peuvent même pas en saisir la nature. L’apôtre Saint Paul, qui avait été ravi au troisième ciel, confesse son impuissance à nous raconter les merveilles dont il a été, pour un instant, l’heureux témoin : « L’œil n’a point vu, l’oreille n’a point entendu et le cœur de l’homme ne saurait comprendre ce que Dieu réserve à ceux qu’Il aime. »
    A mesure que nous avançons en âge, les vides se fond autour de nous ; nous perdons ceux que nous aimons le mieux, et si Dieu nous laisse longtemps sur la terre, la tristesse, suite inévitable de ces cruelles séparations, envahit notre âme. Nous avons soif de repos, de calme, de consolation et de lumière. Patience, le moment viendra où un jour nouveau se lèvera sur nous ; les portes de la Jérusalem céleste s’ouvriront alors, et nous contempleront notre Dieu face à face ; nous verrons aussi Marie, notre Mère bien-aimée. Pour nous, ses enfants, quel bonheur, quelle gloire d’entourer son trône, de chanter ses louanges, de contempler ses traits, d’écouter sa voix. Puis, au Ciel, nous reverrons nos parents, nos amis qui nous ont précédés dans la patrie, et cette béatitude ne laissera place à aucun désir, tant elle sera complète. Nul ne pourra nous la ravir, les jours succèderont aux jours, les années aux années, les siècles aux siècles et l’éternité ne fera que commencer.

    Exemples. – Saint Augustin avait parlé si souvent à son peuple d’Hippone du royaume des cieux, que lui ayant dit un jour : « Je suppose que Dieu vous promette de vivre cent ans, mille ans même, dans l’abondance de tous les biens de la terre, mais à condition de ne jamais régner avec Lui… » alors un cri s’éleva dans toute l’assemblée : Que tout périsse et que Dieu nous reste !...
    Tels sont les sentiments qui devraient animer tous les chrétiens et nous les retrouvons dans l’âme simple et droite d’un pauvre ouvrier que nous avons connu. Etienne Carrette perdit sa femme lorsque ses enfants étaient encore en bas âge. Après de longues années d’un pénible labeur pour élever sa nombreuse famille, il arriva à une extrême vieillesse sans aucune ressource. Il ne pouvait plus travailler et ses enfants ne venaient à son secours que d’une manière tout à fait insuffisante.
    Presque continuellement malade, seul, abandonné, il paraissait cependant véritablement heureux ; ses traits exprimaient le calme, la joie, et lorsqu’on lui demandait ce dont il avait besoin, il répondait invariablement : « De rien ici-bas, car je ne désire plus que le Ciel. »
    Et cet homme sans instruction parlait alors du bonheur qui l’attendait après sa mort avec une ardeur, une foi, et pourquoi ne pas le dire, avec une éloquence qui laissaient dans l’étonnement les personnes qui le visitaient : « Le Ciel, disait-il, c’est la Patrie, c’est la jouissance de Dieu, c’est là que nous régnerons pendant l’éternité. Moi, si petit, si pauvre, si inconnu, j’entrerai bientôt en possession de ce bonheur et de cette gloire dont nous ne pouvons même pas nous faire une idée.
    « Oh ! que Dieu est bon, répétait-il souvent, d’avoir préparé une si magnifique récompense à ceux qu’Il aime ! »

    Prière du Bienheureux Louis de Grenade. – Nous vous en supplions, ô notre Mère, prenez-nous sous votre protection, et plaidez notre cause devant le tribunal de votre Fils bien-aimé, afin que, lorsqu’Il viendra juger les vivants et les morts, nous soyons délivrés, par votre intercession, de la mort éternelle, et placés à sa droite, en compagnie de tous ceux qui doivent régner avec Lui dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je me consolerai des peines et des chagrins de cette vie par la pensée du Ciel.
    Marie, Porte du Ciel, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.

  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 21ème jour

    Vingt et unième jour : De l’expiation

    Le Sacrement de Pénitence efface nos péchés ; mais il ne nous remet pas entièrement la peine que nous avons encourue en les commettant. La pénitence que le prêtre nous impose n’acquitte qu’une faible partie de notre dette envers la justice divine. Il faut que nous expiions nos iniquités. Notre vie n’est qu’une succession de peines de tous genres. Tantôt la souffrance physique nous étreint et nous brise ; tantôt la douleur nous frappe dans ce que nous avons de plus cher. Toute notre existence ressemble à une pénible et dangereuse traversée sur une mer orageuse. Nous avons encore, en outre de ces grandes douleurs, à supporter avec patience les peines et les fatigues quotidiennes, ce travail qui parfois nous pèse et nous coûte, ces ennuis, ces contrariétés, ces déceptions que nous ne pouvons éviter. Pour l’âme qui ne sait pas s’élever vers Dieu, tout cela est perdu, elle n’en recueille aucun fruit et n’en souffre pas moins. Ne soyons pas assez insensés pour agir ainsi. Considérons la très Sainte Vierge : elle n’avait point péché, et cependant sa vie s’écoule dans l’épreuve et dans la souffrance. Toujours elle se montre douce et résignée, acceptant la volonté de Dieu sans murmure. A l’exemple de notre Mère du Ciel, servons-nous de ce qui est pénible à la nature pour acquérir un bonheur qui nous fera bientôt oublier nos peines et qui durera éternellement.

    Exemple. – Saint Marguerite, reine d’Ecosse, était encore tout enfant lorsque sa sœur aînée lui expliqua que le crucifix était l’image de Jésus mort pour les hommes au milieu des supplices de la croix. L’enfant, touchée par ces paroles, s’écria avec un saint transport : « Mon aimable Sauveur, dès ce moment, je veux vous appartenir tout entière ». Et, en effet, la méditation des souffrances de Jésus fut désormais l’unique occupation de son cœur, la nourriture et le soutien de sa piété qui alla toujours en augmentant ; c’est auprès de Jésus crucifié qu’elle puisa cette douceur et cette patience qui lui gagnèrent le cœur du roi Malcolm son époux. Naturellement irascible et colère, il devint un prince affable et vertueux, grâce à l’heureuse influence que Marguerite exerça sur lui.
    La sainte Reine d’Ecosse consacra sa vie entière à des œuvres de miséricorde. Elle était sur le point de rendre son âme à Dieu lorsqu’on lui apporta la nouvelle de la mort du roi tué à la guerre ; elle baisa alors son crucifix qu’elle tenait entre les mains ; et, acceptant cette cruelle épreuve avec une admirable résignation, elle l’offrir au Seigneur pour l’expiation de ses fautes, puis elle s’endormit dans le Seigneur avec le calme et la paix que donne la conformité à la volonté de Dieu.

    Prière de Saint Bonaventure. – Ô ma Souveraine ! qui avez reçu de si cruelles blessures sur le Calvaire, blessez nos cœurs, renouvelez en nous votre douloureuse passion et celle de votre divin Fils, unissez nos cœurs à votre Cœur blessé, afin qu’ils participent aux mêmes blessures. Ainsi soit-il.

    Résolution. – J’offrirai au bon Dieu les souffrances et les ennuis de chaque jour en expiation de mes fautes.
    Marie, Salut des infirmes, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.

  • 15 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Demeurons sans cesse, mes frères, solidement attachés à notre espérance, et au gage de notre justice, le Christ Jésus... Soyons les imitateurs de sa patience, et si nous souffrons pour son nom, rendons-lui gloire. C'est ce modèle qu'il nous a présenté en lui-même, et c'est cela que nous avons cru. Je vous exhorte tous à obéir à la parole de justice, et à persévérer dans la patience que vous avez vue de vos yeux, non seulement dans les bienheureux Ignace, Zozime et Rufus, mais aussi en d'autres qui étaient de chez vous, et en Paul lui-même et les autres apôtres ; persuadés que tous ceux-là n'ont pas couru en vain, mais bien dans la foi et la justice, et qu'ils sont dans le lieu qui leur était dû près du Seigneur avec qui ils ont souffert. Ils n'ont pas aimé "le monde présent"  (2 Tm 4,10), mais bien le Christ qui est mort pour nous, et que Dieu a ressuscité pour nous...Que Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et lui-même, le grand-prêtre éternel, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, vous fasse grandir dans la foi et la vérité, en toute douceur et sans colère, en patience et longanimité, endurance et chasteté ; qu'il vous donne part à l'héritage de ses saints, et à nous-mêmes avec vous, et à tous ceux qui sont sous le ciel, qui croient en notre Seigneur Jésus-Christ et en son Père qui l'a ressuscité d'entre les morts. Priez pour les saints. »

    Saint Polycarpe (69-155), Lettre aux Philippiens, Coll. Sources chrétiennes n°10.

  • 4 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'humilité avec laquelle le Christ "se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur" (Ph 2,7) est pour nous lumière. Lumière pour nous son refus de la gloire du monde, lui qui a voulu naître dans une étable plutôt que dans un palais et subir une mort honteuse sur une croix. Grâce à cette humilité nous pouvons savoir combien est détestable le péché d'un être de limon (Gn 2,7), un pauvre petit homme de rien, lorsqu'il s'enorgueillit, se glorifie et ne veut pas obéir tandis que nous voyons le Dieu infini humilié, méprisé et livré aux hommes.

    La douceur avec laquelle il a supporté la faim, la soif, le froid, les insultes, les coups et les blessures est aussi pour nous lumière, lorsque "comme un agneau il a été conduit à l'abattoir et comme une brebis devant le tondeur il n'a pas ouvert la bouche" (Is 53,7). Grâce à cette douceur, en effet, nous voyons combien la colère est inutile, de même que la menace ; nous consentons alors à souffrir et nous ne servons pas le Christ par routine. Grâce à elle, nous apprenons à connaître tout ce qui nous est demandé : pleurer nos péchés dans la soumission et le silence, et endurer patiemment la souffrance quand elle se présente. Car le Christ a enduré ses tourments avec tant de douceur et de patience, non pour des péchés qu'il n'a pas commis, mais pour ceux d'autrui.

    Dès lors, frères très chers, réfléchissez à toutes les vertus que le Christ nous a enseignées par sa vie exemplaire, qu'il nous recommande par ses exhortations et qu'il nous donne la force d'imiter avec l'aide de sa grâce. »

    Lansperge le Chartreux (1489-1539), Sermon 5 ; Opera omnia 3, 315 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 88 rev.)

  • 18 avril : Méditation

    « Nous sommes parfois tellement obnubilés par ce qui ne va pas, par ce qui (selon nos critères à nous !) devrait être différent dans notre situation, que nous en oublions le positif et de plus nous ne savons pas mettre à profit tous les aspects de notre situation, même les aspects apparemment négatifs, pour nous rapprocher de Dieu, grandir dans la foi, l'amour, l'humilité. Ce qui nous manque, c'est surtout cette conviction que "l'amour de Dieu tire profit de tout, du bien comme du mal qu'il trouve en moi" (sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, s'inspirant de Jean de la Croix). Combien d'imperfections qui sont les nôtres, au lieu de nous en lamenter et de vouloir en être débarrassés à tout prix, pourraient être des occasions splendides de progresser dans l'humilité et la confiance en la miséricorde de Dieu, et donc dans la sainteté.

    Le problème de fond est que nous avons trop nos critères à nous sur ce qui est bon et ce qui ne l'est pas, et nous n'avons pas suffisamment confiance dans la Sagesse et la puissance de Dieu ; nous ne croyons pas qu'il soit capable d'utiliser tout pour notre bien et que jamais, en quelque circonstance que ce soit il ne nous laisse manquer de l'essentiel, c'est-à-dire en fin de compte de ce qui nous permet d'aimer davantage. Car grandir, ou s'épanouir, dans la vie spirituelle, c'est apprendre à aimer. Tant de circonstances que j'estime dommageables pourraient de fait être pour moi, si j'avais plus de foi, des occasions précieuses d'aimer davantage : d'être plus patient, plus humble, plus doux, plus miséricordieux, de m'abandonner plus dans les mains de Dieu. »

    P. Jacques Philippe, Recherche la Paix et poursuis-la - Petit Traité sur la Paix du Coeur, Edition des Béatitudes, 1991.
     

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