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  • Méditation : "Shema Israël, Ecoute Israël !"

    « Dans les circonstances problématiques, ce qui fait avancer n'est pas tant la recherche des solutions que l'écoute des appels qui nous sont adressés à l'intérieur de la situation. "Shema Israël, Ecoute Israël !" Il faut passer, pourrait-on dire, de sa propre demande à celle de Dieu. Passer de la question : "Qu'est-ce que j'exige de la vie ?" à "Qu'est-ce que la vie exige de moi ?" Cette petite "révolution copernicienne" change tout... Elle peut se décliner de bien des manières, selon les circonstances. Parfois, elle consistera à passer de : "Qu'est-ce que j'attends de mon entourage ?" à "Qu'est-ce que mon entourage attend de moi ?", ou quelque chose d'analogue. Quoi qu'il en soit, cette conversion du regard est toujours nécessaire et toujours féconde. Notons au passage que l'Evangile nous invite très souvent à ce genre de renversement de perspective, par exemple quand Jésus dit :

    "Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la Loi et les Prophètes." (Mt 7, 12) »

    P. Jacques Philippe, Appelés à la vie, Editions des Béatitudes, 2007.

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    "Elle me tracasse dit Dieu, cette manie qu'ils ont de se regarder le nombril au lieu de regarder les autres. Car j'ai fait les nombrils sans trop y prêter attention, un peu comme le tisserand qui arrive à la dernière maille et qui fait un noeud, comme ça, pour que ça tienne, à un endroit qui ne paraît pas trop...En fait, j'étais content d'avoir fini.
    Oui, de toute ma création, dit Dieu, ce qui m'étonne le plus, c'est tout le temps qu'ils mettent, dès que ça va un peu mal, à se regarder le nombril au lieu de voir les difficultés des autres. Si c'était à recommencer, si je pouvais faire un rappel général, si ce n'était pas trop de remettre l'ouvrage sur le métier, je leur placerais le nombril en plein milieu du front.
    Comme ça, dit Dieu, ils seraient bien obligés de regarder le nombril des autres !"

  • Méditation : du jugement...

    « Juger les autres nous rend aveugles et nous empêche de discerner nos propres fautes. Garder le silence permet au contraire de voir plus clair en soi et nous cessons alors de projeter nos fautes sur les autres. Il est dit dans un apophtegme : "Il y eut un jour une réunion à Scété à propos d'un frère qui avait péché. Les Pères parlaient, mais abba Pior gardait le silence. Plus tard, il se leva, sortit, prit un sac, le remplit de sable et le porta sur son épaule. Il mit aussi un peu de sable dans une corbeille qu'il plaça devant lui. Interrogé par les Pères sur ce que cela signifiait, il dit : "Ce sac contient beaucoup de sable, ce sont mes péchés qui sont nombreux. Je les ai laissés derrière moi afin de ne pas m'affliger à leur sujet et de ne pas pleurer. Et voici les petits péchés du frère, qui sont devant moi, et je passe mon temps à les juger. Il ne faut pas agir ainsi, mais plutôt porter les miens devant moi et m'en soucier, et supplier Dieu de me les pardonner." Les Pères se levèrent et dirent : "Vraiment, telle est la voie du salut."

    Cet acte symbolique nous montre clairement combien nous sommes souvent portés à juger nos frères. Peut-être pensons-nous que c'est par souci pour leur salut que nous parlons d'eux. En réalité, nos péchés à nous sont beaucoup plus nombreux que les leurs qui nous préoccupent tant. Et il nous faut un abba Pior qui nous éclaire, avec précaution et amabilité, et nous montre qu'il ne sert à rien de s'emporter au sujet des péchés du prochain, qu'il vaut mieux prier pour lui et sentir, à travers la prière, que nous sommes tous mis à l'épreuve et que nul ne peut garantir qu'il ne péchera pas. »

    Anselm Grün, Le ciel commence en toi - La sagesse des Pères du désert pour aujourd'hui (ch.5), Salvator, Paris, 2013.

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    Monastère de St Antoine le Grand - IVème siècle - Egypte
    (Photo : B. Rousseau)

  • Célébration de la Messe In Cena Domini par le Pape François

    Hier, Jeudi saint, à 17 h, le Pape François a quitté le Vatican pour se rendre à l’Institut pénal pour mineurs de Casal del Marmo en périphérie de Rome où il a célébré, à 17 h 30 la Messe In Cena Domini, première célébration du Triduum pascal, pour une cinquantaines de jeunes détenus. Au cours de la célébration, il a lavé les pieds de dix garçons et deux filles, et a dit dans son homélie que son devoir était d’aider les autres : "Comme prêtre et comme évêque, je dois être à votre service. Mais c’est un devoir qui me vient du cœur". Au moment du lavement des pieds, le Pape François s’est agenouillé six fois, et chaque fois, il a fait couler de l’eau sur leurs pieds, les a séchés et les a embrassés.

    Voici l’homélie que le Pape a prononcé après la lecture de l’Evangile :

    "Ceci est émouvant. Jésus qui lave les pieds à ses disciples. Pierre ne comprenait rien, il refusait. Mais Jésus lui a expliqué. Jésus – Dieu - a fait cela ! Et il explique à ses disciples : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous. C’est l'exemple du Seigneur : Il est le plus important et Il lave les pieds, parce qu'entre nous celui qui est le plus haut doit être au service des autres. Et c’est un symbole, un signe, non ? Laver les pieds c’est dire : je suis à ton service. Et nous aussi, entre nous, ne devons-nous pas nous laver les pieds tous les jours les uns aux autres ; mais qu’est-ce que cela signifie ? Que nous devons nous aider les uns les autres. Parfois je me suis fâché avec l’un ou avec l’autre... mais... laisse tomber, laisse tomber, et s'il te demande un service, fais-le. Nous aider les uns les autres : voilà ce que Jésus nous enseigne et c’est ce que je fais, et je le fais de tout cœur, parce que c'est mon devoir. Comme prêtre et comme évêque, je dois être à votre service. Mais c'est un devoir qui me vient du fond du cœur : je l'aime. J'aime cela et j’aime le faire parce que c’est ainsi que le Seigneur m'a enseigné. Mais vous aussi aidez-vous : aidez-vous toujours. Les uns les autres. Et ainsi, en nous aidant, nous nous ferons du bien. Maintenant nous allons faire cette cérémonie de nous laver les pieds et pensons, que chacun de nous pense : Est-ce que je suis vraiment disposée, est-ce que je suis disposé, à servir, à aider l'autre ? Pensons seulement à cela. Et pensons que ce signe est une caresse de Jésus, que nous fait Jésus, parce que Jésus est venu justement pour cela : pour servir, pour nous aider."

    Ont concélébré avec le Saint-Père : le Cardinal Agostino Vallini, le Substitut de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Giovanni Angelo Becciu, le Secrétaire du Pape, Mgr Alfred Xuereb et l’aumônier de la prison, le P. Gaetano Grego. La Messe s’est déroulée dans la chapelle du "Père miséricordieux", et près de 50 jeunes y ont assisté parmi lesquels 11 filles, tous détenus de cette prison. Après la cérémonie, le Pape François a rencontré les jeunes dans le gymnase, en présence, entre autres, de la ministre de la Justice italienne, Mme Paola Severino. Les enfants de la prison ont offert au Pape un crucifix en bois et un prie-Dieu, fait par eux dans les ateliers de l’Institut.

    Avant de partir, le Pape a remercié les jeunes de leur accueil et leur a dit : "Priez pour moi et ne vous laissez pas voler l’espérance. En avant toujours ! Merci beaucoup !"

    Source : Vatican Information Service (VIS - Holy See Press Office - 29.3.13)

  • Méditation : la miséricorde (suite)

    « Si tu pardonnes l'injure que t'a faite un détracteur ou à un calomniateur, pardonne-le de tout coeur, et confie toute offense à l'oubli éternel, car notre Père oublie nos péchés, comme l'écrit le prophète Ezéchiel : "Si le méchant renonce à son péché, on ne se souviendra plus de tous ses crimes." (Ez 18,21s) Et comme dit David : "Autant l'orient est distant de l'occident, autant le Seigneur écarte de nous nos iniquités" (Ps 102,12) ; et cela pour qu'elles ne puissent plus continuer à nous être nuisibles.
    Si tu fais l'aumône au pauvre, comprends que tu reçois plus que tu ne donnes, car "celui qui donne au pauvre, prête à Dieu." (Pr 19,17) C'est pourquoi, donne avec humilité et respect, non pas comme une aumône à un pauvre, mais comme un petit cadeau fait à un prince.
    Si tu supportes quelque chose de gênant pour être utile à ton prochain dans le besoin, pense à la distance qu'il y a entre toi et ton Seigneur, lui qui, pour t'être utile, a donné son sang et sa vie ! Ainsi, sans attente d'une récompense terrestre, sans aucun aiguillon de vaine gloire, mais par pur amour de Dieu et du prochain, tu feras des progrès dans la vertu de miséricorde. »

    Saint Robert Bellarmin (1542-1621), La montée de l'âme vers Dieu (XIV, 3), Trad. Jean-Baptiste Herman s.j., Charles Beyaert, Bruges, 1924.

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  • Méditation : "Aimer mon prochain, c'est aimer Jésus-Christ"

    « Pourquoi toujours penser plutôt mal d'autrui, que d'en penser en bien ?
    Dieu seul peut juger et condamner.
    Nous ignorons, d'ordinaire, pourquoi le prochain agit comme ceci, ou comme cela.
    Il faudrait, pour bien le juger, pénétrer, à fond, sa pensée, son caractère, son éducation, les raisons qui le font agir.

    Pensons, aussi charitablement que nous pouvons, d'autrui.
    En tout homme, fût-il larron comme Dismas, il y a toujours quelque chose de bon.
    Voyons cela, avant tout, si nous ne sommes pas chargé de le juger,
    encore moins de le condamner.

    Ne disons que du bien d'autrui.
    Pourquoi toujours en dire du mal, si mince soit-il ?
    N'est-ce pas orgueil de notre part ?
    Ne nous flattons-nous pas nous-mêmes, en médisant des autres ?

    Enfin, mettons-nous au service d'autrui.
    Venons à son aide, en ces serviabilités qui ne coûtent pas si cher,
    mais que notre paresse ne nous conseille pas toujours.
    Le prochain a ses nécessités, volons à son secours.
    Elles peuvent être sérieuses et même extrêmes.
    Un chrétien qui voit Jésus-Christ dans son frère, peut-il passer outre, et ne pas se faire, une fois de plus, le bon Samaritain de l'Evangile ?

    Je ne serai jugé, au tribunal de Dieu, que sur ma charité.
    Cet Evangile est formel sur ce point.
    Le bien que je n'aurai pas fait à mon prochain, c'est à Jésus que je ne l'aurai pas fait.
    N'est-ce pas tout dire ?

    Mais, n'avons-nous donné qu'un verre d'eau froide à qui a soif,
    il y a là, comme un mérite infini,
    attendu l'esprit de foi avec lequel j'ai fait ce geste.
    Aimer mon prochain, c'est aimer Jésus-Christ. »

    Dom Eugène Vandeur, Recollection de trois jours (La Charité, I), Editions de Maredsous, 1962.

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  • Méditation : le corps mystique du Christ

    « Il y a des âmes qui cherchent Dieu dans le Christ Jésus, qui acceptent l'humanité du Christ, mais qui s'arrêtent là. Cela ne suffit pas ; nous devons accepter l'Incarnation avec toutes les conséquences qu'elle impose ; nous ne devons pas arrêter le don de nous-mêmes à l'humanité propre du Christ, mais l'étendre à son corps mystique. c'est pourquoi, ne l'oubliez jamais, car je touche ici à un point des plus importants de la vie surnaturelle, délaisser le moindre de nos frères, c'est délaisser le Christ lui-même ; soulager l'un d'eux, c'est soulager le Christ en personne. Quand on frappe l'un de vos membres, votre oeil ou votre bras, c'est vous-même que l'on atteint ; de même, atteindre qui que ce soit de notre prochain, c'est atteindre l'un des membres du corps du Christ, c'est toucher Jésus lui-même. Et c'est pourquoi Notre-Seigneur nous a dit que "tout ce que nous faisons de bien ou de mal au plus petit de ses frères, c'est à lui-même que nous le faisons". Notre-Seigneur est la vérité même ; il ne peut rien nous enseigner qui ne soit fondé sur une réalité surnaturelle. Or, en ceci, la réalité surnaturelle que nous fait découvrir la foi, c'est que le Verbe, en s'incarnant, s'est uni mystiquement l'humanité entière ; ne pas accepter et ne pas aimer tous ceux qui appartiennent ou peuvent appartenir au Christ par la grâce, c'est ne pas accepter et ne pas aimer le Christ lui-même. »

    Bx Columba Marmion, Le Christ vie de l'âme (II, 11), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer, Bruges, 1929.

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  • 8 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Le 1er commandement : "Ecoute, Israël..." (Mc 12, 28b-34 - cf. Mt 22, 34-40 ; Lc 10, 25-28)

    « Lorsqu'on a demandé au Maître quel était le plus grand des commandements, il a répondu : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ta force. Il n'est pas de plus grand commandement." Je le crois, puisqu'il concerne l'être essentiel et premier, Dieu notre Père, par qui tout a été fait, tout demeure, et à qui reviendront tous ceux qui seront sauvés. C'est lui qui nous a aimés le premier, qui nous a fait naître ; il serait sacrilège de penser qu'il existe un être plus ancien et plus sage. Notre reconnaissance est infime comparée à ses immenses bienfaits, mais nous ne pouvons lui en offrir d'autre témoignage, lui qui est parfait et qui n'a besoin de rien. Aimons notre Père de toute notre force et de toute notre ferveur et nous acquerrons l'immortalité. Plus on aime Dieu, plus notre nature se mêle et se confond avec la sienne.
    Le deuxième commandement, dit Jésus, ne le cède en rien au premier : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"... Lorsque le docteur de la Loi demande à Jésus : "Et qui est mon prochain ?" (Lc 10,29), celui-ci ne lui répond pas par la définition juive du prochain - le parent, le concitoyen, le prosélyte, l'homme qui vit sous la même loi ; mais il raconte l'histoire d'un voyageur qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Blessé par des larrons..., cet homme a été soigné par un Samaritain, qui "s'est montré son prochain" (v.36).
    Et qui est davantage mon prochain que le Sauveur ? Qui nous a pris davantage en pitié lorsque les puissances des ténèbres nous avaient abandonnés et blessés de coups ?... Seul Jésus a su guérir nos plaies et extirper les maux enracinés en nos cœurs... C'est pourquoi nous devons l'aimer autant que Dieu. Et aimer le Christ Jésus c'est accomplir sa volonté et garder ses commandements. »

    Clément d'Alexandrie, Homélie "Quel riche peut être sauvé ?" (Trad. coll. Icthus, vol.6, Grasset, Paris rev.).

  • Méditation : de la langue...

    « Quand je reçois Jésus dans la sainte Communion, je Le prie avec ferveur de guérir ma langue, pour que par elle je n'offense ni Dieu, ni le prochain. Je désire que ma langue ne cesse de rendre gloire à Dieu. Grandes sont les fautes de la langue. L'âme ne parviendra pas à la sainteté si elle ne maîtrise pas sa langue...

    La langue n'est qu'un petit membre, mais elle fait de grandes choses...

    Ô Jésus, miséricorde, je tremble à la pensée de devoir rendre compte de ma langue, en elle se trouve la vie, mais aussi la mort et nous tuons avec notre langue. Nous commettons de véritables meurtres - et cela aussi nous devrions le considérer comme chose de peu d'importance ?...
    Ô mon Jésus silencieux, sois miséricordieux pour nous ! »

    Sainte Faustine, Petit Journal (92, 118, 119), Parole et Dialogue, Paris, 2002.

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  • Méditation - Prière : Seigneur, apprenez-moi à aimer...

    « Votre Loi, Seigneur, c'est la Charité, ô Vous qui êtes l'Amour miséricordieux.
    Apprenez-moi donc à aimer véritablement, pour Dieu et en Dieu.
    Apprenez-moi à vous aimer, oui Vous d'abord, avant tout et au-dessus de tout ; d'aimer de toute mon intelligence, de tout mon coeur, de toutes mes forces.
    Que je sache renoncer à tout ce que je sais qui vous déplaît.
    Il y a encore tant de choses qui vous déplaisent dans mon âme, je m'en rends compte à tout instant.

    Seigneur, créez en moi un coeur pur, un coeur bien vierge, un coeur tout simple ; et renouvelez jusqu'au fond de mes entrailles votre Esprit de droiture. Et Spiritum rectum innova in visceribus meis.

    Certes, je n'ai plus qu'un désir ici-bas, après l'espérience des années, après les désillusions de la vie, après les infidélités de l'amitié, après les ingratitudes de l'homme ; non, vraiment, je n'ai plus qu'une aspiration, et vous la savez bien, c'est celle de Vous aimer, Vous, uniquement et cela de toutes les énergies, conservées grâce à Vous, de mon pauvre coeur.

    Dites-moi, ô Jésus, tous vos désirs, révélez-moi vos desseins, ne me cachez pas ce que vous attendez de moi. Je voudrais accomplir tout cela, avec votre grâce, dans l'unique intention de vous rendre tout ce que je vous dois.

    Que votre Loi d'Amour reste la lampe qui éclaire mes pas. Qu'en l'observant, sincèrement et sans réserve, j'accumule en mon coeur cet Amour de Vous-même, afin, alors, comme un radiateur diffusant sa chaleur, de savoir le répandre autour de moi sur le cher prochain, en bonté, en condescendance, en dévouement inlassable.

    Vous aimer, Vous et le cher prochain, ô Jésus, quel programme et quelle sécurité.
    Quel acompte sur la Vie éternelle !... »

    Dom Eugène Vandeur, Les voies à la Fournaise d'Amour - Elévations, Beyaert, Bruges, 1953.

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  • Méditation : la mesure de la charité

    « Supposez un cercle tracé sur la terre, c'est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle, c'est le monde ; le centre, Dieu ; et les rayons, les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l'intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s'approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils se rapprochent de Dieu. Et vous comprenez qu'il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l'extérieur : il est évident alors que, plus on s'éloigne de Dieu, plus on s'éloigne les uns des autres, et que plus on s'éloigne les uns des autres, plus on s'éloigne aussi de Dieu.
    Telle est la mesure de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l'extérieur et que nous n'aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l'éloignement à l'égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous sommes unis à la charité du prochain, et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu. »

    St Dorothée de Gaza (6ème s.), extraits des Instructions (VI $76-78), in Oeuvres spirituelles, SC n°92, Cerf, Paris, 1963 - et maîtres spirituels au désert de Gaza, Abbaye de Solesmes, 1966, Trad. Dom Lucien Regnault.

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  • 7 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Envoi des Douze en mission (Mc 6, 7-13 - cf Mt 10, 1,9-14 ; Lc 9, 1-6)

    « Rien n'est plus froid qu'un chrétien qui ne sauve pas ses frères. Vous ne pouvez pas ici objecter la pauvreté ; la femme aux deux petites pièces de monnaie parlerait contre vous. Pierre disait : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac III,6). Paul était pauvre, à tel point que souvent il ressentit la faim et manqua de la nourriture nécessaire. Vous ne pouvez pas objecter votre obscurité : les apôtres étaient obscurs et sortis d'hommes obscurs. Vous ne pouvez pas prétexter de votre ignorance dans la littérature ; eux aussi étaient des hommes sans lettres. Et seriez-vous un esclave, seriez-vous un esclave fugitif, vous pouvez toujours faire ce qui dépend de vous. Tel était Onésime ; et voyez le nom que Paul lui donne, à quelle dignité il l'élève : "Afin", dit-il, "qu'il communique avec moi dans mes liens" (Phm I,10). Vous ne pouvez pas objecter vos maladies ; car Timothée aussi avait des maladies fréquentes ; écoutez la preuve qu'en donne Paul : "Usez d'un peu de vin, à cause de votre estomac et de vos fréquentes maladies". (ITm V,23). Il n'est personne qui ne puisse être utile au prochain, avec la volonté de faire ce qui dépend de lui. Ne voyez-vous pas combien les arbres stériles sont vigoureux, beaux, élancés, unis, élevés ; cependant, si nous avions un jardin, nous préférerions à ces arbres des grenadiers, des oliviers couverts de fruits ; car ces arbres stériles sont pour le plaisir, non pour l'utilité ; l'utilité qu'ils peuvent avoir est mince ; à eux ressemblent ceux qui ne considèrent que leur intérêt propre ; ou plutôt ils ne leur ressemblent même pas, ils ne sont bons qu'à subir la vengeance. Ces arbres stériles servent à construire des édifices, à en consolider l'intérieur. Telles étaient ces vierges, chastes, parées, pratiquant la continence, mais inutiles ; aussi on les brûle. Tels sont ceux qui n'ont pas nourri le Christ. Et maintenant, voyez : aucun d'eux n'est accusé pour ses péchés, pour ses fornications, pour ses parjures, pour rien ; la grande accusation, c'est d'avoir été inutile. Tel était celui qui enfouissait le talent ; sa vie était sans reproche, mais inutile. Comment, je vous le demande, un tel homme peut-il être un chrétien ? Répondez-moi : si le ferment, mêlé à la farine, ne transforme pas toute la pâte, est-ce, à vrai dire, un ferment ? Et encore, si un parfum n'embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l'appeler un parfum ? Ne dites pas qu'il vous est impossible d'agir sur les autres ; si vous êtes chrétien, ce qui est impossible, c'est que vous n'agissiez pas. Ce qui est dans la nature n'admet pas de contradiction ; il en est de même de ce que nous disons ici : Ce que nous demandons est dans la nature du chrétien ; n'outragez pas Dieu. Dire que le soleil ne peut pas briller, c'est outrager le soleil ; dire qu'un chrétien ne peut pas être utile, c'est outrager Dieu et l'accuser de mensonge. Car il est plus facile pour le soleil de n'avoir ni chaleur ni clarté, que pour le chrétien de n'avoir pas de lumière ; il est plus facile à la lumière de devenir les ténèbres, que de voir une telle contradiction. Ne dites pas impossible ; l'impossible c'est le contraire. N'outragez pas Dieu. Si nous disposons bien nos affaires, ce que je dis se fera comme une conséquence naturelle ; la lumière du chrétien ne peut rester cachée ; on ne peut dérober aux regards cette lampe brillante. Donc, pas de négligence. De même que la vertu profite et à nous et à ceux à qui notre vertu est utile, ainsi la malignité est doublement funeste et à nous et à ceux que nous blessons. Supposez un ignorant, si vous voulez, souffrant, de la part d'un ennemi, des maux sans nombre, et personne ne le venge, et il répond à ses ennemis par des bienfaits : quel enseignement, quelle parole, quelle exhortation ne serait pas au-dessous de cette conduite ? Donc, pénétrés de ces vérités, attachons-nous à la vertu, puisque c'est le seul moyen de conquérir le salut, puisqu'il faut les bonnes oeuvres de la vie présente pour entrer dans le partage des biens à venir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la force, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XX (4) sur les Actes des apôtres, in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Texte intégral le site de l'Abbaye Saint Benoît.

  • Angélus de ce dimanche 4 novembre

    Benoît XVI : en aimant Dieu et notre prochain, nous construisons la paix.

    Benoît XVI a commenté l’Evangile de Marc (12, 28-34) évoquant « le plus important des commandements », celui de l’amour. « Aimer Dieu et son prochain est un commandement, mais c’est avant tout un don que Dieu nous fait connaître et expérimenter ».

    Benoît XVI cite le Traité de l’amour de Dieu de Saint Jean D’Avila : « ce qui nous pousse à aimer Dieu de tout notre cœur, c’est de prendre en considération l’amour qu’Il a eu pour nous. Plus qu’en faisant un cadeau, celui qui aime, écrit le nouveau docteur de l’Eglise, donne tout ce qu’il est et tout ce qu’il a, sans qu’il ne lui reste plus rien à donner ». « A l’instar d’un enfant, qui devient capable d’aimer grâce à une bonne relation avec sa mère ou son père, explique le Pape, seul celui qui vit une relation profonde avec Dieu peut mettre pleinement en pratique le commandement de l’amour ».

    Dépasser notre propre jugement pour regarder l’autre avec les yeux de Dieu

    Si Dieu a mis des racines profondes dans une personne, alors celle-ci est capable d'aimer même ceux qui ne le méritent pas. Benoît XVI reprend à ce propos la métaphore de la famille : « un père et une mère n’aiment pas leurs enfants uniquement quand ils le méritent : ils les aiment toujours, même si bien sûr ils leur font comprendre quand ils se trompent ». Pour cette raison, le Pape nous invite à regarder l’autre non pas avec notre propre regard, mais avec celui de Dieu. « Un regard qui part du cœur et qui ne s’arrête pas aux apparences, qui va au-delà, et parvient à saisir les attentes profondes de l’autre : d’être écouter, d’obtenir une attention gratuite, en un mot : d’amour ».

    En allant à la rencontre de l'autre, nous nous ouvrons à Dieu

    Benoît XVI nous invite à aimer l’autre et souligne que ce faisant, « en s’ouvrant à l’autre comme il est, en allant à sa rencontre, en se rendant disponible, nous nous ouvrons aussi à Dieu, à sentir qu’il est là et qu’il est bon ». Benoît XVI affirme ainsi que « l’amour de Dieu et l’amour de son prochain sont inséparables » et entretiennent un rapport de réciprocité ». Il conclue en priant pour que « chaque chrétien sache montrer sa foi en l'unique et vrai Dieu en témoignant clairement de l'amour envers son prochain. »

    Message aux pèlerins francophones :

    « Chers frères et sœurs, je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement le groupe Saint Charles Borromée, du Chesnay. L’évangile de ce dimanche nous invite à trouver dans l’amour de Dieu et de nos frères le chemin du bonheur. En aimant Dieu, l’Unique, et en aimant notre prochain comme nous-même, nous construisons l’harmonie et la paix dans nos familles, nos communautés et nos pays. Puissiez-vous donc mettre l’amour au cœur de votre vie ! Et pour mieux connaître cette loi divine, prenez chaque jour le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu. Comme pour les saints, elle sera la lumière de vos pas et la joie de votre cœur ! Bon dimanche à tous ! »

    Source : Radio Vatican

  • 4 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Quel est le premier de tous les commandements ?" (Mc 12, 28b-34)

    « Lorsqu'on a demandé au Maître quel était le plus grand des commandements, il a répondu : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ta force. Il n'est pas de plus grand commandement". Je le crois, puisqu'il concerne l'être essentiel et premier, Dieu notre Père, par qui tout a été fait, tout demeure, et à qui reviendront tous ceux qui seront sauvés. C'est lui qui nous a aimés le premier, qui nous a fait naître ; il serait sacrilège de penser qu'il existe un être plus ancien et plus sage. Notre reconnaissance est infime comparée à ses immenses bienfaits, mais nous ne pouvons lui en offrir d'autre témoignage, lui qui est parfait et qui n'a besoin de rien. Aimons notre Père de toute notre force et de toute notre ferveur et nous acquerrons l'immortalité. Plus on aime Dieu, plus notre nature se mêle et se confond avec la sienne.
    Le deuxième commandement, dit Jésus, ne le cède en rien au premier : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"... Lorsque le docteur de la Loi demande à Jésus : "Et qui est mon prochain ?" (Lc 10,29), celui-ci ne lui répond pas par la définition juive du prochain - le parent, le concitoyen, le prosélyte, l'homme qui vit sous la même loi ; mais il raconte l'histoire d'un voyageur qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Blessé par des larrons..., cet homme a été soigné par un Samaritain, qui "s'est montré son prochain".
    Et qui est davantage mon prochain que le Sauveur ? Qui nous a pris davantage en pitié lorsque les puissances des ténèbres nous avaient abandonnés et blessés de coups ?... Seul Jésus a su guérir nos plaies et extirper les maux enracinés en nos cœurs... C'est pourquoi nous devons l'aimer autant que Dieu. Et aimer le Christ Jésus, c'est accomplir sa volonté et garder ses commandements. »

    Saint Clément d'Alexandrie (150-v.215), Homélie "Quel riche peut être sauvé ?" (Trad. coll. Icthus, vol.6 rev.).

  • 8 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole du bon Samaritain

    « D'après un ancien qui voulait interpréter la parabole du bon Samaritain, l'homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho représente Adam, Jérusalem le paradis, Jéricho le monde, les brigands les forces hostiles, le prêtre la Loi, le lévite les Prophètes, le Samaritain le Christ.
    Par ailleurs, les blessures symbolisent la désobéissance, la monture le corps du Seigneur, et le "pandochium", c'est-à-dire l'auberge accueillant tous ceux qui veulent y entrer, est l'image de l'Eglise. En outre, les deux deniers représentent le Père et le Fils, l'aubergiste le chef de l'Eglise qui a charge de l'administrer. Et la promesse de revenir, faite par le Samaritain, figure, selon cet interprète, le second avènement du Seigneur. [...]
    Ce Samaritain "porte nos péchés" (Mt 8,17) et souffre pour nous. Il porte le moribond et le conduit dans une auberge, c'est-à-dire dans l'Eglise. Celle-ci est ouverte à tous, ele ne refuse son secours à personne et tous y sont invités par Jésus : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos (Mt 11,28).
    Après y avoir conduit le blessé, le Samaritain ne part pas aussitôt, mais demeure toute la journée dans l'hôtellerie auprès du moribond. Il soigne ses blessures non seulement le jour, mais encore la nuit, l'entourant de toute sa sollicitude empressée. [...]
    Vraiment ce gardien des âmes s'est montré plus proche des hommes que la Loi et les Prophètes "en faisant preuve de bonté" (Lc 10,37) envers celui qui était tombé dans les mains des bandits et il s'est montré son "prochain" (Lc 10,36) moins en paroles qu'en actes.
    Il nous est donc possible, en suivant cette parole : "Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ" (1 Co 11,1), d'imiter le Christ et d'avoir pitié de ceux qui sont tombés dans les mains des bandits, de nous approcher d'eux, de verser de l'huile et du vin sur leurs plaies et de les bander, de les charger sur notre propre monture et de porter leurs fardeaux. Aussi, pour nous y exhorter, le Fils de Dieu a-t-il dit en s'adressant à nous tous, plus encore qu'au docteur de la Loi : "Va, et toi aussi, fais de même" (Lc 10,37). Et si nous le faisons, nous obtiendrons la vie éternelle dans le Christ Jésus, "à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen" (1 P 4,11). »

    Origène († 254), Homélies sur l'Evangile de Luc, 34, 3.7-9 ; GCS 9, 201-202.204-205 (Trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols, 1991).


    « "C'est là mon bien-aimé, c'est là mon ami, filles de Jérusalem" (Ct 5,16). L'Épouse du Cantique montre celui qu'elle cherchait en disant : "Voici celui que je cherche, celui qui pour devenir notre frère est monté du pays de Juda. Il est devenu l'ami de celui qui était tombé aux mains des brigands : il a guéri ses plaies avec de l'huile, du vin et des pansements ; il l'a fait monter sur sa propre monture ; il l'a fait reposer dans l'hôtellerie ; il a donné deux pièces d'argent pour son entretien ; il a promis de donner à son retour ce qui aurait été dépensé en plus pour accomplir ses ordres". Chacun de ces détails a une signification bien évidente.
    Le docteur de la Loi tentait le Seigneur et voulait se montrer au-dessus des autres ; dans son orgueil il faisait fi de toute égalité avec les autres, disant : "Qui est mon prochain ?" Le Verbe alors lui expose, sous forme d'un récit, toute l'histoire sainte de la miséricorde : il raconte la descente de l'homme, l'embuscade des brigands, l'enlèvement du vêtement incorruptible, les blessures du péché, l'envahissement par la mort de la moitié de notre nature (puisque notre âme est restée immortelle), le passage inutile de la Loi (puisque ni le prêtre ni le lévite n'ont soigné les plaies de celui qui était tombé aux mains des brigands).
    "Il était en effet impossible que le sang des taureaux et des boucs efface le péché" (He 10,4) ; seul pouvait le faire celui qui a revêtu toute la nature humaine - des Juifs, des Samaritains, des Grecs - en un mot, de toute l'humanité. Avec son corps, qui est la monture, il s'est rendu dans le lieu de la misère de l'homme. Il a guéri ses plaies, l'a fait reposer sur sa propre monture, et il a fait pour lui de sa miséricorde une hôtellerie, où tous ceux qui peinent et ploient sous le fardeau trouvent le repos (Mt 11,28). »

    Saint Grégoire de Nysse (v.335-395), Homélie 15 sur le Cantique des Cantiques ; PG 44, 1085-1087 (Trad. Canevet, Cerf, 1992).

  • 13 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent..." (Lc 6, 27 sq)

    « Nous-mêmes, qui sommes en guerre les uns, avec les autres. Peut-être quelqu'un rira-t-il de moi, et dira-t-il : Que dites-vous là ? Vous nous voyez tous réunis dans le même lieu, dans l'enceinte de la même église, formant en parfait accord le même bercail, sans aucune contradiction, acclamant ensemble le même pasteur, écoutant ensemble ce qui se dit, priant ensemble : et vous venez parler de guerre et de discorde ? Oui, et je ne suis pas foi, et je ne déraisonne pas. Je vois en effet ce que je vois, et je sais que nous sommes dans le même bercail et sous le même pasteur. Et c'est ce qui fait surtout couler mes larmes : qu'ayant tant de raisons de nous unir, nous soyons cependant divisés. Quelle division voyez-vous donc ici, me direz-vous ? Ici, aucune ; mais dès que le sermon sera fini, un tel accusera un tel ; l'un insultera publiquement, l'autre sera jaloux, ou avare, ou voleur, un autre usera de violence, un autre se livrera à de coupables amours, un autre combinera mille fraudes. Et si toutes nos âmes pouvaient être mises à nu, vous verriez tout cela en détail et vous reconnaîtriez que je ne suis pas fou.
    Respectez donc, respectez cette table, à laquelle nous participons tous, le Christ-immolé pour nous, la victime que l'on. nous y sert. [...] Mais, direz-vous, comment mettre fin à cette guerre ? En pensant que quand vous parlez contre votre frère, vous jetez de la boue, par la bouche ; en pensant que vous calomniez un membre du Christ ; que vous dévorez votre propre chair ; que vous vous rendez plus redoutable que l'effrayant, l'inflexible tribunal; que le trait ne tue pas celui qui le reçoit, mais celui qui le décoche. — Mais, dites-vous, on m'a fait tort, on m'a maltraité. — Gémissez et ne dites point de mal ; déplorez, non le tort qu'on vous a fait, mais la perte de votre ennemi, comme votre Maître a pleuré Judas, non parce qu'il a été lui-même crucifié, mais parce que Judas l'avait trahi. On vous a accablé d'injures et d'outrages ? Priez le Seigneur de faire éclater sans retard sa miséricorde sur le coupable. Il est votre frère, il a été enfanté comme vous ; c'est votre membre, il a été convié à la même table. Mais, dites-vous, il redouble ses injures. Votre récompense en sera plus grande et plus abondante. Il est d'autant plus juste que vous lui pardonniez, qu'il a reçu un coup mortel, puisque le démon l'a blessé. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie 8 sur l'Epître aux Romains (7-8), P.G. 60, in Oeuvres complètes (Tome X) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît

  • 13 septembre : Méditation

    « Nos ennemis sont les enfants de Dieu par la création et, tout insensés qu'ils soient, ce sont aussi nos frères. Ce sont les instruments de Dieu, ils sont comme la lime qui nous débarrasse de notre rouille. Aussi S. Jean Chrysostôme dit-il : "Les ennemis servent parfois plus à l'avantage spirituel de l'homme que ne font ses amis." En outre, ils forment corps avec le Christ comme nous-mêmes. S'il y a lieu de bien traiter un membre sain, il ne s'en suit pas qu'il faille maltraiter un membre malade : il faut plutôt le soulager par les remèdes et quelquefois même imposer une souffrance au membre sain pour apporter quelque adoucissement à l'autre... C'est ainsi qu'il faut aimer l'oeuvre de Dieu, à ce seul titre, encore qu'elle soit défigurée d'ailleurs. Songez que cet homme est l'image de Dieu et aimez-le, fût-il votre ennemi. S'il l'est réellement et s'il vous fait tort, dites-vous que Dieu veut élever votre coeur au-dessus de la terre pour vous faire croître en mérites et que c'est pour cela qu'il vous frappe par la main d'autrui. S'il y a un mort chez vous, mettez-vous le feu à la maison ? Si l'âme de votre prochain est morte par le péché, tolérez-le, comme Dieu lui-même le tolère. Il y a quatre vertus qui nous font enfants de Dieu : la foi, qui nous régénère ; la charité, qui nous modèle sur le Christ ; la miséricorde, qui nous affermit en lui, et la paix, qui nous rend semblables à Dieu. Aimez donc votre prochain comme l'image de Dieu. »

    Saint Antoine de Padoue (1195-1231), in Année de S. Antoine de Padoue - Réflexions et miracles [du P.F. Pie Louis de Bologne, Mineur de l'Observ.] (au 25 août), Traduit de l'italien, Bruxelles, H. Goemaere, 1870.

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  • 29 août : Méditation

    « Les liens puissants et délicats qui unissent l'amour de Dieu et l'amour du prochain, nous les trouvons analysés dans ce texte des "Dialogues" de sainte Catherine de Sienne. Dieu parle :

    "J'exige que vous m'aimiez avec le même amour dont je vous aime. Ceci, assurément, ne peut être, parce que je vous ai aimée sans être aimé de vous. Tout l'amour que vous avez pour moi, vous me le devez, et ainsi ce n'est pas une grâce que vous me faites en m'aimant, mais c'est un dû, tandis que je vous aime par grâce, et non parce que je vous dois mon amour. Par conséquent vous ne pouvez me payer à moi, en personne, l'amour que je demande de vous, et donc je vous ai placée au milieu de vos semblables afin que vous fassiez pour eux ce que vous ne pouvez faire pour moi, c'est-à-dire que vous aimiez votre prochain gratuitement, par grâce, sans en espérer quelque retour, et ce que vous faites pour lui, je le compte comme fait pour moi-même. C'est ce que ma Vérité montra à saint Paul, mon persécuteur en lui disant : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il dit ceci, estimant qu'en persécutant ses fidèles, saint Paul le persécutait lui-même."

    C'est une des envolées les plus hautes au ciel de la mystique chrétienne. Elle nous enseigne une leçon très claire : pour exercer la justice envers Dieu, exerçons la miséricorde envers les hommes. Notre charité fraternelle est l'accomplissement de notre amour de Dieu. Une maman qui veut rétablir la paix parmi ses enfants querelleurs, que dit-elle ? Ceci, qui lui vient naturellement du cœur aux lèvres : "Mes enfants, si vous m'aimez, ne vous disputez pas. Vous me brisez le cœur en vous détestant les uns les autres." Et le Cœur de Dieu est bien plus aimant encore que le cœur d'une mère. Ne dit-il pas dans Isaïe :

    "Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle nourrit,
    cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ?
    Même s'il s'en trouvait une pour l'oublier,
    moi, je ne l'oublierai jamais."
    (Isaïe 49, 15). »

    John Wu, Le carmel intérieur (IIème P. ch. V, 4), Casterman, 1956.

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  • 18 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "A qui prend ta tunique, dit le Christ, donne aussi ton manteau ; à qui prend ton bien, ne réclame pas ; et ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux" (Mt 5,40 ; Lc 6,30-31). De la sorte, nous ne nous attristerons pas comme des gens qu'on aurait dépossédés contre leur gré, mais au contraire nous nous réjouirons comme des gens qui auraient donné de bon coeur, puisque nous ferons un don gratuit au prochain plus que nous ne céderons à la contrainte. "Et, dit-il, si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en avec lui deux mille". De la sorte nous ne le suivons pas comme un esclave, mais nous le précédons comme un homme libre. En toutes choses donc le Christ t'invite à te rendre utile à ton prochain, ne considérant pas sa méchanceté, mais mettant le comble à ta bonté. Il nous invite ainsi à nous rendre semblable à notre Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45). »

    Saint Irénée de Lyon (v.130-v.208), Contre les hérésies, IV, 13, 3 (trad. cf SC n°100).

  • 7 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le premier et le plus grand commandement est-il celui-ci : "Vous aimerez le Seigneur votre Dieu" (Mt XXII,37).  Mais la nature est trop molle et trop faible pour un tel précepte, aussi commence-t-elle par s'aimer elle-même... Mais si cet amour glisse trop sur sa pente, comme cela arrive ordinairement... aussitôt s'élève pour le contenir, la digue du précepte qui nous ordonne "d'aimer le prochain comme nous-mêmes" (Mt XXII,27)... Mais, pour que notre amour du prochain soit irréprochable, il faut que Dieu s'y trouve mêlé ; est-il en effet possible d'aimer le prochain comme il faut, si ce n'est en Dieu ? Or, quiconque n'a pour Dieu aucun amour, ne saurait aimer rien en Dieu ; il faut donc commencer par aimer Dieu, si on veut aimer le prochain en lui, en sorte que Dieu qui est l'auteur de tous les autres biens l'est aussi de notre amour pour lui...

    L'homme ressent donc déjà de l'amour pour Dieu, mais il ne l'aime encore que pour soi et non pas pour Dieu... Mais que le cortége des tribulations fonde sur lui et l'oblige souvent à recourir à Dieu, s'il en reçoit chaque fois un secours qui le délivre, ne faudra-t-il pas qu'il ait un coeur de marbre ou de bronze pour ne pas être touché, toutes les fois qu'il aura été secouru, de la bonté de son libérateur et pour ne pas commencer à l'aimer pour lui-même, non plus seulement pour soi. Car la fréquence des épreuves nous oblige à recourir fréquemment à Dieu, or il est impossible de revenir souvent à lui, sans le goûter et impossible de le goûter, sans reconnaître combien il est doux. Aussi arrive-t-il bientôt que nous sommes portés à l'aimer comme il faut, beaucoup plus à cause de la douceur que nous trouvons en lui, qu'à cause de notre propre intérêt... Quand nous en sommes arrivés là, il n'est plus difficile d'accomplir le précepte d'aimer le prochain comme nous-mêmes... Quiconque aime de cet amour-là, aime tout autant qu'il est aimé et ne recherche plus à son tour que les intérêts de Jésus-Christ, non pas les siens propres, de même que Jésus a recherché les nôtres ou plutôt nous a recherchés nous-mêmes. Voilà l'amour de celui qui dit : "Chantez les louanges du Seigneur, car il est bon" (Ps CXVII,1). Celui qui loue le Seigneur, non pas parce qu'il est bon pour lui, mais simplement parce qu'il est bon, aime véritablement Dieu pour Dieu et non pour lui. »

    Saint Bernard, Traité sur l'amour de Dieu, ch. VIII et IX (23 à 26).
    Source et texte intégral : Abbaye Saint-Benoît.

  • 23 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Est-il rien de plus dérisoire qu'un chrétien qui ne se soucie pas des autres ? Ne prends pas comme prétexte ta pauvreté : la veuve qui a mis deux petites pièces dans le tronc du Temple (Mc 12,42) se lèverait contre toi ; Pierre aussi, qui disait au boiteux : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac 3,6), et Paul, si pauvre qu'il avait souvent faim. N'objecte pas ta condition sociale, car les apôtres étaient humbles aussi et de basse condition. N'invoque pas ton ignorance, car ils étaient des hommes sans lettres. Même si tu étais esclave ou fugitif, tu pourrais toujours faire ce qui dépend de toi. Tel était Onésime dont Paul fait l’éloge (Phl). Serais-tu de santé fragile ? Timothée l'était aussi. Oui, qui que nous soyons, n'importe qui peut être utile à son prochain, s'il veut vraiment faire ce qu'il peut.
    Vois-tu combien les arbres de la forêt sont vigoureux, beaux, élancés ? Et cependant, dans nos jardins, nous préférons des arbres fruitiers ou des oliviers couverts de fruits. De beaux arbres stériles…, tels sont les hommes qui ne considèrent que leur propre intérêt…
    Si le levain ne fait pas lever la pâte, il n’est pas un vrai ferment. Si un parfum n'embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l'appeler un parfum ? Ne dis donc pas qu’il est impossible d’avoir une bonne influence sur les autres, car si tu es vraiment chrétien, il est impossible qu'il ne se passe rien ; cela fait partie de l'essence même du chrétien… Il serait aussi contradictoire de dire qu'un chrétien ne peut pas être utile à son prochain que de dénier au soleil la possibilité d'éclairer et de réchauffer. »

    Saint Jean Chrysostome (vers 345-407), Homélie 20 sur les Actes des apôtres (trad. cf. AELF).