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  • Préparons notre Carême - 3. Le détachement

    « Notre effort de renoncement n'a pas pour but de réaliser quelque chose par lui-même ; il est un moyen de nous prêter, et d'essayer de nous prêter avec toujours plus de souplesse à un travail de dépouillement intérieur qui est d'abord l’œuvre de la grâce.

    C'est pourquoi - de même que dans la prière il ne s'agissait pas d'accumuler des réflexions et considérations, mais de maintenir à l'aide de quelques pensées très simples présentées à l'esprit une silencieuse attention à Dieu - de même pour progresser dans le détachement il importe moins de multiplier les actes de renoncement que d'en consentir suffisamment pour entretenir une attitude de disponibilité à Dieu, de soumission à ce qu'il voudra demander, lui permettant ainsi de nous mener lui-même, par ses voies à lui, à travers les épreuves, les difficultés, les échecs, jusqu'à un vrai dépouillement intérieur. Cette œuvre de dépouillement, il est seul à en connaître les exigences, et sa grâce la réalisera au moyen des sacrifices qu'elle-même choisit et qu'elle nous aide à consentir de plus en plus, avec la très simple docilité d'une âme qui se sait entre les mains de Dieu et veut se laisser conduire par lui. »

    Dom Georges Lefebvre, moine de Ligugé, Aimer Dieu (Renoncement, docilité), Desclée de Brouwer, 1958.

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  • Méditation - Clarté divine

    « Il est sûr qu'une clarté divine se lève sans cesse en nos âmes et les appelle à Jésus. Les scènes évangéliques sont toutes des modèles que nous avons à reproduire et à vivre plus ou moins. Notre existence terrestre est une perpétuelle invitation de Dieu à venir à Lui, et dans chacun des évènements la composant nous pouvons reconnaître un signe du ciel. Ce qui manque, c'est la foi, discernant ce signe et sachant découvrir la tendresse infinie sous les apparences créées dont elle s'enveloppe. Dieu parle toujours, mais nous ne l'entendons presque jamais.

    Pourquoi si peu d'hommes ont-ils aperçu l'étoile d'Orient ? Pourquoi si peu ont-ils entendu le chant des anges ? Parce que Dieu n'a pas fait briller pour les uns son astre miraculeux ? ou pour les autres retentir ses harmonies célestes ? Évidemment non ; Dieu s'est offert à tous et ne désire rien tant que de se donner à tous. Mais Il ne s'impose à personne. Seuls les yeux qui s'ouvrent, les cœurs qui se livrent peuvent Le contempler et L'accueillir. Et seuls s'ouvrent à ses clartés les yeux sachant, quand il faut, se fermer aux vaines lumières, comme seuls se livrent à ses tendresses les cœurs sachant se refuser aux sollicitations des créatures. Les développements de la vie se font peu à peu, par étapes successives et ces étapes sont des renoncements.

    Ces renoncements créés ne vont pas sans sacrifice. Quels efforts ont dû consentir les Rois Mages pour entreprendre le voyage les amenant aux pieds du divin Roi ? Nous ne les connaissons pas avec précision. Nous n'en devinons que quelques-uns. A coup sûr, ils ont été énormes ; on ne voyageait pas alors en train de luxe, il fallait du temps, des préparatifs compliqués, toute une organisation très lourde ; on s'exposait à des dangers. Sur la seule indication d'un astre inaccoutumé, les Mages ont affronté tout cela. Il fallait qu'à l'appel extérieur Dieu joignît des invitations intimes bien pressantes et que ce double effort de sollicitations divines rencontrât des âmes bien généreuses et bien croyantes.

    La récompense fut double, et le récit sacré a tenu à nous la décrire avec netteté. La première fut négative : elle consista à les garder des obstacles du voyage. Le grand obstacle fut le manque de foi de Jérusalem et des dirigeants juifs. A distance et avec l'habitude de lire ces récits, cela ne nous frappe plus. En fait, la surprise des Mages dut être formidable : cette naissance qui les avait mis en mouvement et pour un si grand voyage, elle n'avait pas même éveillé la curiosité des boutiquiers du pays, ni défrayé la conversation des blanchisseuses ! Indifférence complète ! Ignorance absolue à l'égard d'un évènement devant soulever toutes les âmes et transformer le monde. Il est à peine croyable que devant cet état d'esprit de Jérusalem les Mages n'aient pas rebroussé chemin.

    La seconde récompense est positive : c'est la vision de la lumière enfin accordée à une telle foi. L'étoile reparaît et se fait guide ; le ciel prend la direction effective du voyage. Alors, il n'y a plus qu'à marcher dans la clarté et la marche illuminée est très courte ; quelques heures consolées où leurs âmes sont soutenues et comme portées par la grâce, et le divin Soleil de justice se donne à contempler à ceux qui ont su Lui garder confiance, malgré toutes les difficultés, tous les retards, toutes les éclipses. Le divin Soleil ne se donne lui-même que réduit et voilé. Même à ses pieds et quand on L'a rejoint, le regard de foi seul Le découvre et s'en empare. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Vivantes clartés (Épiphanie), Roma, Benedettine di Priscilla, 1964.

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    Domingos Sequeira (1768-1837), Adoration des Mages
    Museu Nacional de Arte Antiga, Lisbonne (Portugal)

    (Crédit photo)

  • Méditation - « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28)

    « Si l'homme juste, résistant à la convoitise, tombe quelquefois dans le mal, du moins il a cet avantage qu'il ne s'y plaît pas ; au contraire il déplore sa servitude, il soupire ardemment après cette bienheureuse liberté du ciel. Il dit avec l'apôtre saint Paul : Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort (Rom., VI, 24) ? S'il tombe, il se relève aussitôt ; s'il a quelques péchés, il a aussi la charité qui les couvre ; La charité, dit l'apôtre saint Pierre, couvre la multitude des péchés (I Petr., IV, 8).

    Bien plus, ce grand Dieu tout-puissant fait éclater (1) la lumière même du sein des plus épaisses ténèbres ; il fait servir à la justice le péché même. Admirable économie de la grâce ! oui, les péchés mêmes, je l'oserai dire, dans lesquels la fragilité humaine fait tomber le juste, si d'un côté ils diminuent la justice, ils l'augmentent et l'accroissent de l'autre. Et comment cela ? C'est qu'ils enflamment les saints désirs de l'homme fidèle ; c'est qu'en lui faisant connaître sa servitude, ils font qu'il désire bien plus ardemment les bienheureux embrassements de son Dieu, dans lesquels il trouvera la vraie liberté ; c'est qu'ils lui font confesser sa propre faiblesse et le besoin qu'il a de la grâce, dans un état d'un profond anéantissement. Et d'autant que le plus juste c'est le plus humble, le péché même, en quelque sorte, accroît la justice, parce qu'il nous fonde de plus en plus dans l'humilité.

    Vivons ainsi, fidèles, vivons ainsi ; faisons que notre faiblesse augmente l'honneur de notre victoire, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Aimons cette justice divine qui fait que le péché même nous tourne à bien ; quand nous voyons croître nos iniquités, songeons à nous enrichir par les bonnes œuvres, afin de réparer notre perte (1). Le fidèle qui vit de la sorte, expiant ses péchés par les aumônes, se purifiant toute sa vie par la pénitence, par le sacrifice d'un cœur contrit, par les œuvres de miséricorde, il ne détruit pas seulement le règne du péché, [...] il détruit entièrement le péché, parce que, dit saint Augustin, comme notre vie n'est pas sans péché, aussi les remèdes pour les purger ne nous manquent pas. (Ad Hilar., ep. CLVII, C. 1, t. II). »

    Variantes : 1. Sait tirer.- 2. Plus nous devons songer à en obtenir le pardon par les bonnes œuvres.

    Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Fragment d'un discours sur la vie chrétienne, in "Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés du premier ordre" par M. l'Abbé Migne, Tome vingt-cinquième contenant les œuvres oratoires complètes de Bossuet (Sermons complets, deuxième partie), Chez l'auteur, 1846.
     
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  • Méditation - Les caractères de la véritable vertu

    « La véritable vertu n'est jamais contente d'elle-même, ni mécontente des autres ; elle ne cherche qu'à contenter Dieu.

    1°. Jamais contente d'elle-même. Quand on se connaît bien, peut-on être content de soi ? Tant de passions, d'imperfections, de défauts ; tant de langueur, de tiédeur, de négligence ; tant d'infidélités à la grâce, si peu d'avancement dans le bien, si peu de désir de la perfection, pour un si grand fonds de misère ; à cette vue, loin d'être contents de nous-mêmes, ne devons-nous pas nous humilier, nous affliger, nous anéantir, et tout craindre pour nous ?
    Les plus grands Saints ont toujours été les plus humbles et les plus mécontents d'eux-mêmes ; ils se regardaient comme de grands pécheurs ; quoiqu'ils fassent pour Dieu, ils ne croyaient jamais avoir rien fait ; ils considéraient, non ce qu'ils avaient fait, mais ce qu'ils auraient du faire ; et après avoir pratiqué les plus éminentes vertus, ils disaient sincèrement et de cœur : Servi inutiles sumus (Lc 17, 10). Hélas ! nous ne sommes que des serviteurs inutiles. Voilà la solide vertu ; mais sont-ce là mes sentiments devant Dieu ?

    2°. La véritable vertu n'est jamais mécontente des autres : uniquement attentive sur elle-même, elle n'examine point la conduite de ceux dont elle n'a pas à répondre ; tant qu'elle peut, elle cherche à louer, elle cherche à excuser ; quand elle ne peut excuser l'action, elle excuse l'intention ; si on la blâme, elle ne se plaint point ; si on l'accuse, elle ne répond point ; si on la maltraite, elle croit mériter les mauvais traitements, et leur avoir donné lieu ; elle s'attribue tout à elle-même, pour ne pas condamner les autres : tout ce que les autres font, lui paraît mieux que ce qu'elle fait ; pour peu qu'on fasse pour elle, on en fait toujours trop ; craignant souverainement de manquer aux autres, jamais elle ne croit qu'on lui manque. A ce prix, ô mon Dieu ! ai-je à vos yeux le moindre vestige de vertu solide ?

    3°. La véritable vertu ne cherche qu'à contenter Dieu : voilà le grand objet qui fixe son attention et ses vœux, ses yeux fermés sur tout le reste, ne se portent qu'à Dieu ; elle ne veut que Dieu, ne cherche que Dieu, ne veut trouver que Dieu seul ; tout le reste n'est rien pour elle ; pourvu que son Dieu soit content, elle est satisfaite : ses vues ne vont qu'à lui plaire, ses désirs qu'à l'aimer, son cœur qu'à le posséder ; toute vue naturelle, toute considération humaine, tout motif bas et terrestre est banni de son cœur ; fallût-il faire les plus grands sacrifices, porter les plus rudes croix, se priver de tout et tout perdre, pourvu qu'elle plaise à son Dieu, qu'elle possède son Dieu, elle a tout, elle possède tout ; et si Dieu est content, elle est contente de tout.

    Mon Dieu, que ces sentiments sont au-dessus des miens ! et que je suis éloignée de la véritable et solide vertu ! elle m'a été comme étrangère et inconnue jusqu'à présent ; je n'ai bâti que sur du sable mouvant, rien de solide et de bien fondé ; vertu fausse, défectueuse, hypocrite, apparente ; voilà mon état, et le sujet de mes larmes. Il est temps que je travaille ; hélas ! je ne dis pas à perfectionner la vertu en moi, mais à lui donner l'entrée de mon cœur, espérant que la grâce lui donnera l'accroissement, et m'accordera la persévérance. »

    Abbé Barthélemy Baudrand (1701-1787), L'âme religieuse élevée à la perfection par les exercices de la vie intérieure, Lyon, Frères Périsse, 1788 (sixième édition).

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  • Méditation - L'Eucharistie, sacrement de miséricorde

    « Ô mon Sauveur, vous vouliez me sauver à quelque prix que ce fût, c'est pourquoi vous avez ajouté au sacrifice de la croix celui de la divine Eucharistie. Quelle preuve authentique de votre infinie bonté ! et quel puissant motif d'espérance en votre miséricorde !
    [...]
    Alphonse,Mère des Douleurs,Eucharistie,sacrement,miséricorde,Sauveur,sacrifice,croix,autel,prêtre,mort,péché,coupable,justice,victime,vie,amourVous vous trouvez tous les jours sur tous les autels du monde chrétien, où vous vous offrez en sacrifice pour l'amour de moi ; vous multipliez ainsi vos miracles en multipliant votre divine présence en mille endroits différents et éloignés, pour multiplier envers moi les tendres témoignages de vos bontés toujours nouvelles, et de vos divines miséricordes, quoique je m'en sois rendu tous les jours indigne.
    Vous vous trouvez sur tous les autels au premier moment que vous y êtes appelé ; vous vous y offrez vous-même avec le prêtre pour satisfaire à la justice de Dieu pour mes péchés, dont je devrais être la seule victime, parce que moi seul j'en suis coupable, et dont je devrais seul porter toute la peine.
    Vous faites plus : vous mourez mystiquement tous les jours sur cet autel, parce que les pécheurs vous offensent tous les jours, et que vous voulez à vos dépens leur donner la vie, quoiqu'ils aient mérité la mort. Ah ! Seigneur, c'est cet amour ingénieux et multiplié qui me rend toute ma confiance, qui me rassure quand je suis alarmé des rigueurs de votre justice, et qui me fait comprendre que vous voulez que l'amour de mon coeur l'emporte sur la crainte. »

    Père Alphonse de la Mère des Douleurs, Pratique journalière de l'oraison et de la contemplation divine d'après la méthode de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix, Tome cinquième (Jeudi de la dix-huitième semaine, Oraison du soir), Desclée, De Brouwer, Lille - Paris - Bruges, 1917.

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  • Méditation - Prière : « Pardonnez-nous nos offenses... »

    « J'ai bien pu de moi-même vous offenser, ô mon Père, mais je ne pouvais pas de moi-même obtenir le pardon de mes fautes. Votre Fils bien-aimé est venu à mon secours. Il s'est revêtu de ma nature humaine pour me guérir de mes infirmités. En expiation de mes offenses, il vous a offert un sacrifice de louanges, et afin d'appeler sur moi votre pitié et votre miséricorde, celui qui est assis à votre droite, ne dédaigne pas de porter la ressemblance de ma nature humaine. Voilà, mon Dieu, ce qui me remplit d'espoir et de confiance. Si, par mes iniquités, je mérite votre mépris, prenez du moins en considération, pour me pardonner, l'ineffable charité de votre Fils bien-aimé. Que les mérites de ce Fils vous rendent favorable à votre serviteur. Par le mystère de son incarnation, pardonnez à notre chair mortelle et coupable. Que la vue de ses plaies divines fasse disparaître à vos yeux nos péchés et nos crimes. Que le sang précieux qui coule de son côté efface les souillures de mon âme. [...]

    De quelle faute l'homme pourrait-il se rendre coupable, qui ne pût être rachetée par le Fils de Dieu qui s'est fait homme ? Quel orgueil, quelque grand qu'il fût, ne tomberait pas devant l'humilité d'un Dieu ? Quel empire la mort peut-elle avoir, qui ne soit détruit par le supplice du Fils de Dieu sur la croix ? Ô mon Dieu, si l'on mettait dans la même balance tous les péchés de l'homme et la miséricorde de celui qui les a rachetés, la clémence du Sauveur l'emporterait sur l'iniquité humaine autant que l'orient est éloigné de l'occident, et que le plus profond des enfers est au-dessous du plus haut des cieux. Daignez donc, ô Dieu mon créateur, me pardonner mes fautes. Je vous en conjure par les souffrances infinies de votre Fils bien-aimé. Que sa piété rachète mon impiété ; sa modération et son innocence, ma perversité ; sa douceur, ma violence ; son humilité, mon orgueil ; sa patience à souffrir, mon aversion pour la douleur ; sa bonté, ma dureté ; son obéissance, ma rébellion contre vos commandements ; son calme, mes inquiétudes ; sa douceur, l'aigreur de mon esprit ; sa clémence, mes emportements ; sa charité, ma malice. (St Augustin, Méditations) »

    Père Alphonse de la Mère des Douleurs, Pratique journalière de l'oraison et de la contemplation divine d'après la méthode de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix, Tome cinquième (Vendredi de la quatorzième semaine, Oraison de la nuit), Desclée, De Brouwer, Lille - Paris - Bruges, 1917.

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    Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682), Crucifixion
    Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg (Russie)

  • Méditation - « l’Esprit de Dieu habite en vous » (Rm VIII, 9)

    « J'insiste sur ce point. Le Saint-Esprit guide lui-même l'âme intérieure et pure : il est son maître, son directeur. Sans doute, elle doit toujours obéir aux lois de l’Église, et se soumettre aux ordres de son confesseur pour tout ce qui regarde ses pratiques de piété et ses exercices spirituels ; mais quant à la marche intérieure et intime, c'est le Saint-Esprit qui la guide, qui dirige ses affections et ses pensées, et personne ne pourra, quand même il l'oserait, y mettre des entraves. Qui voudrait se mêler au colloque de l'Esprit divin avec sa bien-aimée ? - Du reste, à quoi bon ?
    [...]
    L'Esprit-Saint prie en nous et pour nous. La prière est toute la sainteté, au moins en principe, puisqu'elle est le canal de toutes les grâces. Or le Saint-Esprit est en l'âme qui prie : Ipse postulat pro nobis gemilibus inenarrabilibus (*). Il a élevé notre âme à l'union avec Notre-Seigneur. Il est encore le prêtre offrant à Dieu le Père sur l'autel de notre cœur le sacrifice de nos pensées et de nos louanges. Il présente à Dieu nos besoins, nos faiblesses, nos misères, et cette prière, qui est celle de Jésus en nous, unie à la nôtre, la rend toute-puissante.

    Vous êtes le vrai temple du Saint-Esprit ; mais un temple n'est qu'une maison de prière. Priez donc sans cesse ; mais en union avec le divin Prêtre de ce temple. On pourra vous donner des méthodes de prière ; le Saint-Esprit seul vous donnera l'onction et le bonheur de la prière. Les directeurs ne sont que des chambellans qui se tiennent à la porte de notre cœur ; le Saint-Esprit seul y habite. Il faut qu'il le pénètre de toutes parts pour le rendre heureux. Priez donc avec lui, il vous enseignera toute vérité. »

    (*) : "l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables" (Rm VIII, 26).

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Deuxième Série, La sainte Communion (La vie d'union au Saint-Esprit), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1926 (seizième édition).

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  • Méditation - Prière à Jésus souffrant

    « Quand vous connaîtrai-je, ô mon Jésus ! quand entrerai-je dans vos desseins ? Quand vous aimerai-je de tout mon cœur ? Quand vous chercherai-je sans inconstance ? Quand vous obéirai-je sans contradiction ? Quand serai-je assez heureux et assez vide de moi-même, que de pouvoir vous dire en toute occasion, avec une parfaite sincérité : Que votre volonté soit faite, et non pas la mienne ? C'est la leçon que vous me faites par votre exemple, ô modèle de toute perfection ! quand vous allez à votre Père, qui veut que vous mouriez pour moi, et que vous vous soumettez à sa volonté, lors même qu'il appesantit son bras sur vous, et qu'il vous charge de toutes mes dettes. Soyez à jamais béni et glorifié, ô mon Sauveur ! pour une si grande miséricorde, et pour tous les biens que vous m'avez fait.
    N'ayez donc plus d'égard à cette volonté rebelle et ennemie de son propre bien ; que la vôtre s'exécute en tout temps, en tout lieu et en toute chose. Je lui fais aujourd'hui, de tout mon cœur, un sacrifice de la mienne. Conduisez-moi, ô mon Dieu ! quand je m'égare ; rappelez-moi, quand je m'éloigne ; arrêtez-moi, quand je vous fuis ; embrassez-moi, quand je vous cherche ; traitez-moi, Seigneur, selon votre volonté toujours droite, toujours sainte, toujours miséricordieuse ; et ne me jugez pas selon la mienne, qui est si faible et si inconstante. Vous voyez, ô mon Jésus ! combien je suis libéral à promettre, et peu fidèle à exécuter. Suppléez par votre amour, à ce qui me manque ; et ne permettez pas que ma volonté s'oppose jamais à la vôtre. »

    P. Théodore Archimbaud, Les Soliloques du pécheur pénitent à Jésus souffrant, Tome second (Vingt-cinquième Entretien, IV), Seconde édition, A Lyon, Chez Jacquenod père, & Rusand, Libraires, 1763.

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    Gyula Benczúr (1844-1920), Le Christ au Mont des Oliviers
    Hungarian National Gallery, Budapest (Hongrie)

    (Crédit photo)

  • Méditation - Le Saint Sacrifice de la Messe

    « Le sacrifice de la messe est le centre auquel tout se rapporte dans la liturgie. A un certain moment, pendant la messe (et c'est pour quoi le « silence sacré » (1) est alors de rigueur), il y a comme un coup de foudre divin ; aux paroles de la double consécration (qui, fait qu'elle sépare sacramentellement le Corps et le Sang du Seigneur, est un signe à portée réelle de sa mort sur la croix), Jésus se rend présent sur l'autel, en l'état de victime : voilà soudain mystérieusement devant nous, pendant quelques minutes du temps où nous vivons, le sacrifice où il s'est donné pour nous, sa suprême offrande de lui-même au Père, l'acte par lequel il a conquis la grâce rédemptrice pour tous les hommes. A la messe, les fidèles ne sacrifient pas avec le prêtre ; c'est au prêtre seul qu'a été confié, en vertu du sacrement de l'Ordre, le pouvoir de sacrifier (*). Les fidèles tiennent de leur Baptême une autre sorte de pouvoir, la capacité de s'unir au prêtre dans l'offrande de la victime sacrifiée (comme d'être, ainsi que lui, nourris du Corps du Christ après qu'il s'en est nourri dans la communion sacramentelle par laquelle il consomme le sacrifice). Ils agissent alors au titre même de membres visibles ou sacramentellement marqués de l’Église qui, en union avec son Chef, et dans un rite sacré accompli en commun avec lui, offre à Dieu l'Agneau qui porte les péchés du monde. »

    1. De sacra liturgia ["Sacrosantum concilium"], S 30.
    (*) : Le prêtre à l'autel agit in persona Christi, c'est à dire « dans la personne du Christ », ou plus précisément « avec l’autorité et la puissance du Christ ».

    Jacques Maritain (1882-1973), Le Paysan de la Garonne, Desclée de Brouwer, Paris, 1965.

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  • Méditation - L'Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11)

    « Quand le Christ a dit : « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi (1) », l'a-t-Il dit pour la seule fois où Il fut élevé de terre et où Il s'offrit Lui-même pour le salut du monde ? Ou plutôt ne doit-on pas croire que chaque fois que son sacrifice se renouvelle par le ministère du prêtre, le Christ continue à exercer invisiblement sur la foule des âmes son attraction victorieuse ? Devant les moyens matériels dont disposent les ennemis de la foi, les fils de l’Église pourraient être tentés de découragement, s'ils ne disposaient d'autres moyens d'action, purement spirituels ceux-là, surnaturels même, au premier rang desquels il faut mettre la messe.
    [...]
    A voir les chrétiens assister à la messe, on peut parfois se demander si, au meilleur d'eux-mêmes, ils ont pour elle l'estime qu'elle mérite, s'ils sont vraiment convaincus qu'elle est le grand moyen dont ils disposent pour convertir les âmes qui, de plus en plus nombreuses, fuient le prêtre et celles aussi qu'aucun apôtre ne peut plus atteindre. Saint Thomas d'Aquin a écrit un de ces mots qui nous feraient longtemps réfléchir si nous le comprenions bien : « C'est le bien commun spirituel de l’Église qui est contenu substantiellement dans l'Eucharistie (2). » »

    1. Jn XII, 32. - 2. IIIa, 65, III, adI.

    (à suivre demain)

    R.P. Lucien-Marie de Saint-Joseph O.C.D. (1906-1981), La communion dans l'attente (La Tunique blanche), La Vigne du Carmel, Aux Éditions du Seuil, Paris, 1951.

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  • Méditation : Tout offrir à Jésus

    « Offrir au bon Dieu nos inquiétudes, les blessures du passé et tous les sentiments douloureux, pour qu'il les prenne, c'est lui demander de nous en détacher. Au lieu de s'en inquiéter ou de les regretter, il faut venir tout simplement, avec douceur, près du Cœur de Jésus, et les lui offrir comme matière de sacrifice. Il faut en profiter pour s'unir à son agonie et lui demander, par le mystère de cette agonie toute sainte et divine, de nous purifier.

    Il est bon de sentir sa faiblesse, mais à condition de ne pas se replier sur soi-même et de tout donner au bon Dieu. A l'aube de notre vie, il nous demande de lui offrir notre travail, mais ensuite il nous demande surtout de lui apporter nos souffrances, nos fatigues et nos impuissances.

    Après nous avoir soutenus par des grâces de lumière et de force, il nous demande de persévérer sur un chemin où il nous mène de façon plus obscure, en nous faisant sentir notre faiblesse. Par là, nous nous préparons au ciel, à la lumière et à la vie nouvelle du ciel. »

    P. Thomas Philippe (1905-1993), ... des miettes pour tous, Saint-Paul, Paris, 1994.

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  • Audience générale de ce mercredi 6 avril 2016

    Le Pape François a tenu ce mercredi matin, 6 avril 2016, sa traditionnelle audience générale Place Saint-Pierre, devant plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées sous un soleil presque estival.

    Après avoir exploré, dans ses précédentes catéchèses, le thème de la miséricorde dans l’Ancien Testament, le Pape François a débuté une nouvelle série d’enseignements pour expliquer comme Jésus a porté cette miséricorde de Dieu « vers son plein accomplissement ». Pour cette première étape, il s’est appuyé sur l’Évangile de Matthieu, versets 13 à 17.

    Commentaire de Cyprien Viet à lire / écouter sur Radio Vatican.

    Résumé :

    « Frères et sœurs, Jésus est la miséricorde de Dieu faite chair ; une miséricorde qu’il a exprimée, réalisée et communiquée à chaque instant de sa vie terrestre. Jésus rend visible l’amour du Père. Par son baptême dans le Jourdain, il a donné une orientation décisive à toute sa mission : il se mêle aux pécheurs, et se charge de la condition humaine, inaugurant ainsi le temps de la miséricorde pour toute l’humanité. Sur la croix, Jésus présente à la miséricorde du Père le péché du monde entier et tous nos péchés personnels. Rien ni personne n’est exclu de cette prière sacrificielle de Jésus, si bien que nous ne devons jamais craindre de nous en remettre à Lui, de nous reconnaître pécheurs, de confesser nos péchés, surtout dans le sacrement de la Réconciliation : nous sommes certains d’être pardonnés car la puissance d’amour du Crucifié est sans limite. »

    « Je salue cordialement les pèlerins venus de Belgique, du Canada, du Togo et de France, en particulier le diocèse de Saint-Brieuc avec Monseigneur Denis Moutel, le diocèse d’Aix-en-Provence avec Monseigneur Christophe Dufour, et les nombreux jeunes présents ce matin.
    En cette Année jubilaire, demandons à Dieu la grâce de faire l’expérience de la puissance de l’Évangile : Évangile de la miséricorde qui nous transforme, nous rend capables de pardonner, et nous fait entrer dans le Cœur de Dieu.
    Que Dieu vous bénisse ! »

    Source : site internet du Vatican.

    Texte intégral traduit en français sur Zenit.org.

    Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditations de la Semaine Sainte - Mardi

    (suite de la méditation d'hier)

    « La passion de Jésus tient une telle place dans sa vie, elle est tellement son œuvre, il y a attaché un tel prix qu'il a voulu que le souvenir en fût rappelé parmi nous, non seulement une fois par an, durant les solennités de la semaine sainte, mais chaque jour ; il a institué lui-même un sacrifice pour perpétuer à travers les siècles la mémoire et les fruits de son oblation du calvaire ; c'est le sacrifice de la messe : Hoc facite in meam commemorationem (1).
    Assister à ce saint sacrifice ou l'offrir avec le Christ constitue une participation intime et très efficace à la passion de Jésus.
    Sur l'autel, en effet, vous le savez, se reproduit le même sacrifice qu'au calvaire ; c'est le même pontife, Jésus-Christ, qui s'offre à son Père par les mains du prêtre ; c'est la même victime ; seule diffère la manière de l'offrir. Nous disons parfois : « Oh ! si j'avais pu me trouver au Golgotha avec la Vierge, S. Jean, Madeleine » ! Mais la foi nous met devant Jésus s'immolant sur l'autel ; il y renouvelle, d'une façon mystique, son sacrifice, pour nous donner part à ses mérites et à ses satisfactions. Nous ne le voyons pas des yeux du corps ; mais la foi nous dit qu'il est là, aux mêmes fins pour lesquelles il s'offrait sur la croix. Si nous avons une foi vive, elle nous fera nous prosterner aux pieds de Jésus qui s'immole ; elle nous unira à lui, à ses sentiments d'amour envers son Père et envers les hommes, à ses sentiments de haine contre le péché ; elle nous fera dire avec lui : « Père, me voici, pour faire votre volonté » : Ecce venio, ut faciam, Deus, voluntatem tuam (2). »

    1. Luc. CCII, 19 ; 2. I Cor. XI, 24.

    (méditation poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIII, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

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  • Méditations de la Semaine Sainte - Lundi

    « La mort de Jésus est la source de notre confiance. Mais pour qu'elle soit pleinement efficace, nous devons participer nous-mêmes à sa passion ; sur la croix, le Christ Jésus nous représentait tous ; mais s'il a souffert pour nous tous, il ne nous applique les fruits de son immolation que si nous nous associons à son sacrifice.
    Comment prendrons-nous part à la passion de Jésus ?
    De plusieurs façons.
    La première est de contempler le Christ Jésus, avec foi et amour, dans les étapes de la voie douloureuse.
    Chaque année, durant la semaine sainte, l’Église revit avec Jésus, jour pour jour, heure pour heure, toutes les phases du sanglant mystère de son divin Époux. Elle met tous ses enfants devant le spectacle de ces souffrances qui ont sauvé l'humanité. Jadis, les œuvres serviles étaient interdites durant ces saints jours ; il fallait surseoir aux procédures, suspendre tout négoce, et les plaidoiries n'étaient point autorisées. La pensée d'un Homme-Dieu, rachetant le monde par ses douleurs, occupait tous les esprits, émouvait tous les cœurs. A présent, tant d'âmes, sauvées par le sang du Christ, passent ces jours dans l'indifférence ! Soyons d'autant plus fidèles à contempler, en union avec l’Église, les divers épisodes de ce saint mystère. Nous y trouverons une source de grâces sans prix. »

    (cette méditation sera poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIII, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937 (Quatre-vingtième mille).

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    (Crédit photo)

  • Méditation : le chemin de la croix

    « Seigneur, la souffrance est la grande loi de ce monde, et, quelques efforts que l'on fasse pour l'oublier, il faut bien comprendre enfin que la vie humaine est souvent un chemin de la croix. Ce que vous y ajoutez pour nos fils n'est pas une augmentation de peines et de douleurs, mais une consolation céleste, un secours tout-puissant, le don d'une sagesse supérieure qui change les stériles souffrances en sacrifices féconds, les tristesses découragées en résignation tranquille et en espérance. Je crois à votre parole. Au lieu de demeurer comme anéanti sous le fardeau de ma croix, j'entreprends de la soulever et de la porter à votre suite, de renoncer à mon sens propre, à mes révoltes, à mes regrets, à mes désirs impuissants, et de marcher avec vous dans cette voie du sacrifice chrétien où vous m'appelez.

    Seigneur, à peine engagé sur le chemin de la croix, j'entends déjà tomber de vos lèvres des paroles d'une pénétrante douceur ; à peine ai-je commencé le sacrifice, et déjà vous m'apportez la consolation ; à peine ai-je entrepris de porter ma croix, et déjà votre main divine en allège le poids et me force de reconnaître « que votre joug est doux et votre fardeau léger ».

    O Jésus ! qui commandez des sacrifices nécessaires, mais qui sans cesse en adoucissez la peine par votre tendre amour ; ô Jésus ! qui commandez le renoncement, mais qui faites trouver à l'âme détachée d'elle-même plus de trésors qu'elle n'en posséda jamais dans ses attaches ; ô Jésus ! qui nous ordonnez de porter la croix de chaque jour si nous voulons vous suivre, mais qui changez cette croix en un joug doux et un fardeau léger ; ô Jésus ! qui vous contentez souvent de la moindre bonne volonté de nos cœurs, et qui récompensez par des consolations surabondantes nos plus faibles efforts, non, je ne vous crains plus ! Je ne m'effraye plus de votre évangile ; je ne tremble plus au seul nom de la croix ! Je sais qu'en elle est le secret des grandes consolations et des vrais soutiens dans ce chemin de la vie, où, quoi qu'on veuille, il faut souffrir. Je m'approche d'elle avec confiance, et, aujourd'hui, en particulier, je viens chercher à ses pieds et dans le souvenir de votre passion des grâces nouvelles de force et de patience. Ne me les refusez pas, ô généreux maître ! et recevez-moi dans votre cortège, parmi ces âmes fidèles qui trouvent en vous suivant au Calvaire la force de profiter de leurs peines, et de changer en richesses inépuisables toutes les amertumes du monde. »

    Abbé Henri Perreyve (1831-1865), Le sacrifice chrétien, in "Élévations Prières et Pensées de l'Abbé Perreyve, recueillies par l'Abbé Peyroux", A la Librairie de l'Art Catholique, Paris, 1917.

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  • Méditation : La vraie pauvreté

    « Mes enfants, il faut distinguer une pauvreté extérieure, qui est l'effet du hasard, et une pauvreté intérieure, qui est l'essence de la vraie pauvreté. La pauvreté extérieure n'est pas le fait de tout le monde, et tous les hommes ne sont pas appelés à être pauvres extérieurement. Mais à la pauvreté essentielle nous sommes tous appelés ainsi que tous ceux qui veulent être les amis de Dieu. Elle consiste en ce que Dieu doit, seul, posséder notre fond, et que nous ne devons être possédés par aucune autre chose, et nous devons posséder toutes choses comme Dieu veut que nous les possédions, c'est-à-dire dans la pauvreté spirituelle selon la parole de saint Paul : « Comme ceux qui n'ont rien et possèdent toutes choses » (1). Et voici ce qu'il faut entendre par là. Tout ce qui nous est cher, fortune, ou amis, ou corps ou âme, plaisir ou profit, doit être aimé de telle façon que, dans le cas où Dieu aurait sur nous quelque autre dessein, nous abandonnions volontiers ces biens à sa sainte volonté, pour son amour et pour sa gloire, exactement comme il veut que nous les laissions. Telle doit être notre entière bonne volonté. Si notre faible nature y répugne, peu importe, pourvu que notre volonté délibérée soit prête à ce sacrifice. Mes enfants, voilà la pauvreté véritable et essentielle à laquelle se doivent tous les hommes vertueux et que Dieu exige d'eux, afin qu'ils aient un vouloir foncier libre, vide et élevé, que rien ne captive, ni jouissance, ni affection, constamment prêt à tout abandonner, si Dieu le voulait ainsi. »

    1. 2 Co 6, 10.

    Jean Tauler (v.1360-1361), extrait du Sermon pour le premier vendredi de Carême, in "Sermons" (8, 5), Éditions du Cerf, Sagesses Chrétiennes, Paris, 1991.

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  • Méditation : Quels sacrifices ferons-nous aujourd'hui ?

    « On raconte, dans la vie des Pères du désert, qu’un d’eux avait établi sa tente à 5 kilomètres de la source où il venait boire chaque matin.

    Quelques années passant, il se dit en lui-même : Je devrais bien me rapprocher de la source, ainsi j’aurais moins à marcher chaque jour !

    Au moment où il allait mettre son plan à exécution, il eût une vision dans le ciel : un Ange qui marquait dans un grand livre en lettres d’or chacun des pas qu’il faisait en sacrifice chaque matin.

    Il médita un bon moment et s’en fut planter sa tente à 10 kilomètres de la source…

    Notre livre est en train de s’écrire, ne l’oublions pas...

    Quels efforts, quels sacrifices ferons-nous aujourd'hui ? »

    Anecdote relatée par l'Abbé Henri Forestier, vicaire à Carnoules (83660) et exorciste du diocèse de Fréjus-Toulon.
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  • Méditation : la sainteté dans les petites choses

    « Dieu, touché de notre faiblesse, n'exige point de nous les vertus héroïques des confesseurs, des vierges, des anachorètes, des martyrs ; il a promis aux ouvriers arrivés à sa vigne les derniers, sur la fin de la journée, le même salaire qu'à ceux qui ont porté le poids du jour, et l'humble denier de la veuve lui est aussi agréable que les plus riches offrandes. Aussi a-t-il voulu nous donner des modèles plus à portée de notre imitation. Chaque jour l’Église nous propose l'exemple de quelque bienheureux qui s'est sanctifié dans les plus humbles conditions : saint Victor et saint Maurice étaient soldats ; saint Gaudéric et saint Isidore étaient laboureurs ; sainte Zite une pauvre servante ; saint François d'Assise marchand ; saint Joseph un charpentier ; les apôtres de simples pêcheurs, et Jésus-Christ a voulu naître de la plus humble des familles ; à côté d'un glorieux martyr triomphe une sainte femme, un juste, un pauvre artisan qui n'a d'autre mérite aux yeux de Dieu que d'avoir su retenir sa langue, respecter l'honneur du prochain, pardonner une offense, rendre à chacun ce qui lui était dû, d'avoir été bon, doux, charitable, modeste dans la prospérité, résigné dans l'affliction, d'avoir été surtout l'ami des pauvres ; en un mot, les plus simples vertus, pratiquées en vue de Dieu et de notre avenir éternel, sont cette monnaie d'or dont on achète les cieux...

    Dieu ne vous demande pas de vous dépouiller de vos biens, de quitter le monde pour aller vous enfoncer dans un cloître ou quelque solitude, et y pleurer vos péchés le reste de votre vie, dans les cilices, les jeûnes et les macérations ; il ne vous ordonne pas non plus de voler au martyre et de confesser votre foi dans les cachots, sur les roues, les chevalets et les brasiers ardents ; ce qu'il vous demande, mes Frères, c'est votre cœur, c'est le généreux sacrifice de cette passion, de cette rancune, de cet illégitime intérêt ; c'est que vous ne soyez pas esclaves de l'or et de l'argent, et que vous sachiez donner dans le temps, ce qui vous sera rendu au centuple dans l'éternité... Il veut qu'au milieu de vos travaux, de vos chagrins, de vos souffrances, vous vous souveniez que ce monde est votre purgatoire, un lit de douleur où vous êtes languissants et malades, et que, de quelque côté que vous vous y retourniez, jamais vous ne pourrez y trouver le repos.

    Aussi ce Dieu de bonté veut-il que vous vous fassiez, de cet état de souffrance, un purgatoire de résignation et d'amour... Il ne vous demande pas des actions sublimes ; il couronne plus volontiers les vertus cachées au sein de la famille, celles que l'on pratique par une obéissance humble et fidèle aux lois de son adorable Providence, dans quelque état qu'il lui ait plu de vous placer ; on dirait même qu'il a des bénédictions toutes spéciales pour les plus petites choses, quand on les fait en son nom, et qu'un acte d'humilité, de résignation, d'obéissance, l'oubli d'une injure, une parole consolante à celui qui souffre, un soupir du cœur vers le ciel soit ce verre d'eau froide qu'il se plaît à récompenser de la félicité des saints. »

    Abbé Victorien Bertrand, Petits sermons où l'on ne dort pas, Tome IV (Dix-septième sermon), Paris, C. Dillet, 1868.

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  • Méditation : L'Eucharistie, sacrifice et action de grâce

    « Lorsque le Seigneur a pris la coupe, il a rendu grâce (Mt 26,27) ; nous pouvons songer là aux paroles de bénédiction qui expriment certes une action de grâce envers le Créateur, mais nous savons aussi que le Christ avait coutume de rendre grâce chaque fois qu'avant d'accomplir un miracle il levait les yeux vers le Père des cieux (Jn 11,41). Il rend grâce parce que d'avance il se sait exaucé. Il rend grâce pour la puissance divine qu'il porte en lui et par laquelle il va manifester aux yeux des hommes la toute-puissance du Créateur. Il rend grâce pour l’œuvre de rédemption qu'il lui est donné d'opérer, et il rend grâce par cette oeuvre qui est elle-même glorification du Dieu Trinité de qui elle renouvelle en sa pure beauté l'image défigurée.

    Ainsi, le sacrifice éternellement actuel du Christ, sur la croix, au cours de la sainte messe et dans la gloire éternelle du ciel, peut se comprendre comme une seule immense action de grâce - c'est le sens du mot « eucharistie » - comme action de grâce pour la création, la rédemption et l'achèvement final. Il s’offre lui-même au nom de tout l'univers créé dont il est le modèle originel et dans lequel il est descendu pour le renouveler de l'intérieur et le conduire à son achèvement. Mais il appelle aussi tout ce monde créé à présenter avec lui au Créateur l'hommage d'action de grâce qui lui revient. »

    Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix [Edith Stein] (1891-1942), La Prière de l’Église, in "Source cachée - œuvres spirituelles", Le Cerf, Paris, 1999.

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  • Méditation : Un sacrifice vivant

    « Dans son Exposition de la Doctrine catholique, livre destiné aux Protestants, Bossuet explique la façon dont les fidèles assistent à la messe : « En présentant Jésus-Christ à Dieu, nous apprenons en même temps à nous offrir à la majesté divine, en Lui et par Lui, comme des "hosties vivantes" (italiques). » Et saint Augustin : « Dans l'offrande qu'elle fait au Seigneur, du corps et du sang de Jésus-Christ, l’Église s'offre et s'immole elle-même... Ne faire qu'un seul corps en Jésus-Christ, voilà le vrai sacrifice des chrétiens. (1) »
    Hélas ! trop de fidèles se tiennent éloignés de cet idéal qui devrait être pourtant la règle. La règle de chaque chrétien. Combien plus la règle de chaque prêtre. « Quel beau spectacle présenterait l’Église, si tous les chrétiens » - et nous pouvons ajouter si tous les prêtres - « comprenaient ainsi cette loi de leur sacrifice ! Autour de Jésus apparaissant comme mort, tous les chrétiens spirituellement immolés, devraient former une hostie d'adoration réparatrice. Qu'il en soit ainsi de nous tous, ô mon Dieu, qu'il en soit ainsi. Donnez-nous d'être des hosties immolées avec Jésus-Christ. (2) »
    [...]
    Au dos d'une image qu'elle lui envoyait pour son sous-diaconat, la sœur de Mgr d'Hulst avait écrit : « Ne sois jamais prêtre sans être hostie. » - Belle devise pour nous tous. »

    1. De civitate Dei, L. X, ch. VI. - 2. P. J. Grimal : Le sacerdoce et le sacrifice de Jésus-Christ, p. 277 (Beauchesne, 1911).

    (méditation à suivre ce dimanche 24 janvier)

    Raoul Plus s.j. (1882-1958), L'idée réparatrice (Livre II ch. 3), Gabriel Beauchesne, Paris, 1919.

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