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sauveur - Page 5

  • Lundi 18 mars 2013

    St Cyrille, évêque de Jérusalem, confesseur et docteur de l'Eglise

  • 16 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    L'appel de Matthieu "Suis-moi" (Lc 5, 27-32)

    « Ce que le Seigneur a commandé : "Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même" semble dur et pénible. Mais ce n'est ni dur ni pénible, parce que celui qui commande est celui qui aide à réaliser ce qu'il commande. Car si la parole du psaume "à cause des paroles de tes lèvres, j'ai suivi des chemins difficiles" (Ps 16,4) est vraie, elle est vraie aussi, la parole que Jésus a dite : "Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger"  (Mt 11,30). Car tout ce qui est dur dans le commandement, l'amour fait en sorte qu'il soit doux. Nous savons de quels prodiges l'amour est capable. Parfois l'amour est de mauvais aloi et dissolu ; mais que de difficultés endurent les hommes, que de traitements indignes et insupportables souffrent-ils pour parvenir à ce qu'ils aiment !... Comme la grande affaire de la vie doit être de bien choisir ce que l'on doit aimer, est-il surprenant que celui qui aime Jésus Christ et qui veut le suivre se renonce à lui-même pour l'aimer ?...
    Que signifie ce qui suit : "Qu'il prenne sa croix" ? Qu'il supporte ce qui est pénible et qu'ainsi il me suive. Car lorsqu'un homme commencera à me suivre en se conduisant selon mes préceptes, il aura beaucoup de gens pour le contredire, beaucoup pour s'opposer à lui, beaucoup pour le décourager. Et cela de la part de ceux qui se prétendent compagnons du Christ. Ils marchaient avec le Christ, ceux qui empêchaient les aveugles de crier (Mt 20,31). Qu'il s'agisse de menaces, de flatteries ou d'interdictions, si tu veux suivre le Christ, change tout cela en croix ; endure, supporte, ne te laisse pas accabler...
    Vous aimez le monde ; mais il faut lui préférer celui qui a fait le monde... Nous sommes dans un monde qui est saint, qui est bon, réconcilié, sauvé, ou plutôt qui doit être sauvé, mais qui est sauvé dès maintenant en espérance. "Car nous sommes sauvés, mais c'est en espérance" (Rm 8,24). Dans ce monde donc, c'est-à-dire dans l'Église, qui tout entière suit le Christ, celui-ci dit à tous : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même". »

    Saint Augustin, Sermon 96 (1-4.9), Trad. Brésard, 2000 ans B, rev.

  • Méditation : la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus

    « Qui peut penser au Cœur de Jésus sans reconnaître tout ce qu'il lui doit, et sans se sentir intérieurement pressé de l'aimer ? Sans gémir de l'avoir si peu aimé, de l'avoir si peu servi, si fort outragé, et sans désirer en même temps de réparer autant qu'il est en lui et ses propres négligences et celles d'autrui… Seriez-vous insensibles aux outrages que notre Seigneur reçoit de toutes sortes de personnes ? N'auriez-vous pas horreur de ces irrévérences grossières, que l'on renouvelle chaque jour dans nos temples, presque sans y faire attention ? Vous-même, vous verrait-on assister avec si peu de respect au sacrifice redoutable de nos autels ? Vous éloignerez-vous tant de temps de la table du Sauveur du monde, qui vous sollicite de venir à lui, et qui a fait tant de prodiges pour venir vous-même à lui ? Une vraie dévotion au Sacré-Cœur de Jésus vous aurait préservé de tous ces vices. »

    P. Pierre-Joseph de Clorivière s.j. (1735-1820), extrait d'un Sermon inédit, in Christus n°190 HS, "Le Cœur de Jésus", mai 2001.

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  • 3 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Cette parole de l'Écriture que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit." (Lc 4, 21-30)

    « Un médecin est venu parmi nous pour nous rendre la santé : notre Seigneur Jésus Christ. Il a trouvé la cécité dans notre cœur, et il a promis la lumière « que personne n'a vue de ses yeux, que personne n'a entendue de ses oreilles, que le cœur de l'homme n'a pas imaginée » (1Co 2,9).
    L'humilité de Jésus Christ est le remède à ton orgueil. Ne te moque pas de ce qui te donnera la guérison ; sois humble, toi pour qui Dieu s'est fait humble. En effet, il savait que le remède de l'humilité te guérirait, lui qui connaît bien ta maladie et sait comment la guérir. Tandis que tu ne pouvais pas courir chez le médecin, le médecin en personne est venu chez toi... Il vient, il veut te secourir, il sait ce dont tu as besoin.
    Dieu est venu avec l'humilité pour que l'homme puisse justement l'imiter ; s'il était resté au-dessus de toi, comment aurais-tu pu l'imiter ? Et, sans l'imiter, comment pourrais-tu être guéri ? Il est venu avec humilité, car il connaissait la nature du médicament qu'il devait t'administrer : un peu amère, certes, mais salutaire. Et toi, tu continues à te moquer de lui, lui qui te tend la coupe, et tu te dis : « Mais quel genre de Dieu est-il, mon Dieu ? Il est né, il a souffert, il a été couvert de crachats, couronné d'épines, cloué sur la croix ! » Âme malheureuse ! Tu vois l'humilité du médecin et tu ne vois pas le cancer de ton orgueil, c'est pourquoi l'humilité ne te plaît pas...
    Il arrive souvent que les malades mentaux finissent par battre leur médecin. Dans ce cas, le médecin miséricordieux non seulement ne se fâche pas contre celui qui l'a frappé, mais il tente de le soigner... Notre médecin, lui, n'a pas craint d'être tué par des malades atteints de folie : il a fait de sa propre mort un remède pour eux. En effet, il est mort et ressuscité. »

    Saint Augustin, Sermon Delbeau 61, 14-18 (Trad. Solesmes, Lectionnaire, Tome 2 rev.).

  • Audience générale de ce mercredi 16 janvier 2012

    "A la recherche du Visage de Dieu"

    Le Saint-Père a consacré la catéchèse de l'audience générale à l'histoire du salut, à l'histoire de Dieu, racontée par l'Ancien Testament où il est dit comment après la création et malgré le péché originel "le Créateur offre de nouveau son amitié dans l'alliance avec Abraham, dans le cheminement du peuple d'Israël qu'il choisit par amour et non pas sur des critères de puissance... Dans cette œuvre, il s'est servi de médiateurs tels Moïse, les prophètes et les juges, qui transmirent sa volonté au peuple, lui rappelant l'exigence de la fidélité à l'alliance et à l'accomplissement final des promesses divines". La révélation divine a trouvé sa plénitude en Jésus, par lequel "il a visité son peuple, l'humanité, au-delà de toute attente, envoyant son Fils unique fait homme, Dieu en personne. Mais Jésus "ne parle pas seulement du Père mais nous révèle le visage de Dieu". Dans la phrase : 'Qui m'a vu a vu le Père' se résume la nouveauté du Nouveau Testament : "On peut voir Dieu. Il a montré son visage visible en Jésus-Christ".

    "La recherche du visage de Dieu est présente tout au long de l'Ancien Testament". Il n'est pas une chose, un objet, une simple image. Il a un visage, il peut entrer en relation car il "n'est pas enfermé au ciel pour voir l'humanité de loin. Si Dieu est certes au-dessus de toute chose, il s'adresse à nous et nous écoute. Il voit, parle et conclue des alliances et est capable d'aimer. L'histoire du salut est le long dialogue dans lequel Dieu se révèle progressivement à l'homme". Avec l'incarnation cette recherche du visage de Dieu "trouve un parachèvement inimaginable car ce visage devient visible. C'est le visage de Jésus, le Fils de Dieu fait homme en qui s'accomplit le cheminement de la Révélation entamé par l'appel d'Abraham. Il est la plénitude même de cette révélation car Fils de Dieu il en est le médiateur accompli. En lui Révélation et Révélateur coïncident... Vrai Dieu et vrai homme. Jésus n'est pas seulement le médiateur entre Dieu et l'humanité mais le médiateur de l'alliance nouvelle et éternelle...en qui nous voyons et rencontrons le Père, en qui nous pouvons appeler Dieu Abba, de qui vient le salut... Le désir de vraiment connaître Dieu, c'est à dire de voir son visage, existe chez tous les êtres humains, même chez les athées. Inconsciemment, nous avons tous l'envie de savoir qui il est... une attente qui s'accomplit dans le Christ...en qui nous trouvons un Dieu ami". Mais "nous ne devons pas suivre le Christ seulement lorsque nous en avons besoin ou lorsque nous en avons le temps. Toute notre vie doit être tournée vers sa rencontre et son amour en Jésus-Christ. Et cet amour, qui doit être central, doit s'adresser à lui comme au prochain. A la lumière du Crucifié cet amour nous permet de reconnaître le visage de Jésus dans le pauvre et le faible, dans celui qui souffre".

    Au terme de l'audience générale, le Pape a rappelé que vendredi 18 janvier débute la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, qui a pour thème cette année : "Ce que le Seigneur exige de nous", inspiré d'un passage du prophète Michée (Mi 6, 6-8). Benoît XVI a invité tous les chrétiens à prier, en demandant avec insistance à Dieu le grand don de l'unité entre tous les disciples du Seigneur. "Que la force inépuisable de l'Esprit Saint, a ajouté le Pape, nous stimule à nous engager de manière sincère dans la recherche de l'unité, afin de pouvoir professer tous ensemble que Jésus est le Sauveur du monde.

    Texte de la catéchèse du Pape aux pèlerins francophones :

    « Chers frères et sœurs, Dieu se révèle dans l’Ancien Testament à travers l’histoire du peuple d’Israël. Ses promesses se réalisent pleinement dans l’Incarnation de son Fils. En effet, dans la grotte de Bethléem, il a manifesté son visage en Jésus. S’il est vrai que Dieu ne peut pas être réduit à un objet, à une simple image, il est aussi vrai qu’il a un visage : celui du Christ. Il nous parle, nous écoute et nous voit. En Jésus, le contenu de la Révélation et son Révélateur coïncident. Jésus nous fait connaître le nom de Dieu : il est celui qui est présent parmi les hommes. Jésus est la Parole abrégée et substantielle du Père, le Médiateur de la nouvelle et éternelle alliance. En lui, nous voyons et rencontrons le Père ; en lui, nous pouvons invoquer Dieu avec le nom de « Abba, Père ». Si nous désirons voir le visage de Dieu, toute notre existence doit s’orienter vers la rencontre avec Jésus, vers l’amour pour lui et pour nos frères et sœurs. L’Eucharistie est la grande école où nous apprenons à voir le visage de Dieu, et où nous entrons en relation avec lui, en ayant le regard tourné vers le moment où Dieu nous comblera de la lumière de son visage pour toujours.

    Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les élèves venus de Strasbourg. Je vous invite à l’écoute assidue de la Parole de Dieu et à vivre pleinement du Mystère de l’Eucharistie, pour être familiers du visage de Jésus. Vous pourrez alors le reconnaître dans les personnes qui sont pauvres, faibles et souffrantes. Bon pèlerinage à tous ! »

    Sources : Vatican Information Service et Radio Vatican.

  • Méditation : la paix en tout temps

    « Il n'est pas rare de trouver des hommes qui désirent être les témoins du Seigneur dans la paix, c'est à dire pourvu que tout aille selon leurs désirs.
    Volontiers ils veulent devenir des saints, mais sans fatigue, sans ennui, sans difficulté, sans qu'il leur en coûte rien. Ils ambitionnent de connaître Dieu, de le goûter, de le sentir, mais il ne faut pas qu'il y ait d'amertume.
    Alors, dès qu'il faut travailler, dès que l'amertume, les ténèbres, les tentations viennent les trouver, dès qu'ils ne sentent plus Dieu et qu'ils se sentent délaissés intérieurement, ainsi qu'au dehors, leurs belles résolutions s'évanouissent.
    Ce ne sont pas de vrais témoins, des témoins comme il en faut pour le Sauveur...
    Ah, puissions-nous nous affranchir de cette recherche-là et chercher la paix en tout temps, au sein même du malheur ! C'est là seulement que naît la vraie paix, celle qui demeure. »

    Jean Tauler (v.1300-1361), Sermon 21, 4ème pour l'Ascension, Le Cerf, 1991.

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  • 4 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Les premiers disciples : "Nous avons trouvé le Messie" (Jn 1, 35-42)

    « Désormais, Seigneur, c'est toi seul que j'aime, à toi seul que je m'attache, toi seul que je cherche, toi seul que je suis prêt à servir, parce que c'est toi seul qui commandes avec justice. A tes ordres je désire me soumettre ; commande, je t'en prie, commande ce que tu veux, mais guéris-moi, ouvre mes oreilles, afin que je puisse entendre tes paroles...

    Reçois-moi comme un fugitif, Seigneur, ô Père très bon. J'ai souffert assez longtemps ; assez longtemps j'ai été asservi à tes ennemis et le jouet des mensonges. Reçois-moi comme ton serviteur qui veut s'éloigner de toutes ces choses vaines... Je sens qu'il me faut revenir à toi ; je frappe, ouvre-moi la porte, enseigne-moi comment on parvient jusqu'à toi... C'est vers toi que je veux aller, donne-moi donc les moyens d'arriver jusqu'à toi. Si tu t'éloignes, nous périssons ! Mais tu n'abandonnes personne, parce que tu es le souverain bien ; tous ceux qui te cherchent avec droiture te trouvent. C'est toi qui nous montres comment te chercher avec droiture. O mon Père, fais donc que je te cherche, délivre-moi de l'erreur, ne permets pas que, dans ma recherche, je trouve autre chose que toi. Si je ne désire rien d'autre que toi, fais que ce soit toi seul que je trouve, ô mon Père. »

    Saint Augustin (354-430), Soliloques, L.1, ch.1, § 5-6.

  • 31 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Au commencement était le Verbe..." (Jn 1, 1-18)

    « Le Verbe, la Parole de Dieu, incorporel, incorruptible et immatériel, est arrivé dans notre région, bien qu'il n'en ait pas été loin auparavant. En effet, il n'avait laissé aucune partie de la création privée de sa présence, car il remplissait tout, lui qui demeure auprès de son Père. Mais il s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous... Il a eu pitié de notre race, il a eu compassion de notre faiblesse, il a condescendu à notre condition périssable. Il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est bien notre corps qu'il a pris...
    Le Verbe a pris un corps capable de mourir afin que ce corps, en participant au Verbe qui est au-dessus de tout..., reste impérissable grâce au Verbe qui y demeure, et afin de délivrer de la dégradation définitive tous les hommes par la grâce de la résurrection. Le Verbe a offert donc à la mort le corps qu'il avait pris, comme un sacrifice et une victime sans aucune tache ; et aussitôt il a anéanti la mort en délivrant de la mort tous les hommes ses semblables par l'offrande de ce corps qui leur ressemble.
    Il est juste que le Verbe de Dieu, supérieur à tous, qui offrait son propre temple, son corps, en rançon pour tous, ait payé notre dette par sa mort. Uni à tous les hommes par un corps semblable, il est juste que le Fils incorruptible de Dieu revête tous les hommes d'incorruptibilité, selon la promesse apportée par sa résurrection. Car la corruption elle-même, impliquée dans la mort, n'a plus aucun pouvoir sur les hommes à cause du Verbe qui demeure parmi eux dans un corps unique. »

    Saint Athanase (295-373), Sur l'incarnation du Verbe, 8-9 (Trad. Bréviaire ; SC 190).

  • 24 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Naissance du Sauveur (Lc 2, 1-14)

    « Frères bien-aimés, quand il s'agit de célébrer la grandeur du mystère de notre salut, le prodige de la naissance du Sauveur, l'humanité doit avouer l'impuissance de ses conceptions et de sa parole. A un tel bienfait, à cette grâce infinie, que peut répondre la faiblesse de notre dévotion ? Comment concevoir que le Fils unique, consubstantiel au Père, éternel comme le Père, redoutable au ciel, à la terre et aux enfers, ait voulu se revêtir d'un corps humain pour opérer le salut de l'homme ? Quelle langue pourra raconter ce que l'intelligence ne saurait comprendre ? Quel homme tenterait de juger ce qui n'a pour auteur et pour témoin que Dieu lui-même ? "Car personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père" (Mt XI,27). Comment la fragilité humaine, corrompue par le péché, pourrait-elle sonder le secret de cette Nativité virginale ? Jésus-Christ naît, non point par la nécessité de vivre, mais par sa volonté de nous sauver. Il naît parmi les morts, lui qui donne la vie aux morts. Nous ne devons pas douter de l'accomplissement de cette Prophétie formulée par le plus grand des prophètes sous l'inspiration du Saint-Esprit : "Voici qu'une Vierge concevra dans son sein, et enfantera un Fils" (Is VIII,14). Qu'une femme enfante, c'est l'objet de notre foi à l'incarnation ; mais que cette femme ait toujours été vierge, c'est le principe d'une gloire éternelle pour celui qu'elle nomme son Fils. Jésus-Christ naît d'une vierge, car il n'était pas convenable que la vertu prît naissance dans la volupté, la chasteté dans la luxure, ou la pureté dans la corruption. Celui qui venait détruire l'ancien empire de la mort, ne pouvait naître sous les lois de cet empire, et le Seigneur de l'univers ne pouvait prendre la forme d'esclave dans laquelle il devait nous sauver, qu'en prenant un corps dans le sein d'une servante. Comment le Fils de Dieu aurait-il subi pour nous les crachats, les soufflets et la croix, s'il ne s'était pas constitué le Fils de l'homme ?

    Comment peut-on douter que ce soit là le secret du Tout-Puissant, quand on entend dire que le Roi des cieux est né d'une vierge, et que le Fils de la Vierge commande aux puissances du ciel ? Qui dira, mes frères, l'accroissement miraculeux des bienfaits de Dieu pour le salut des nations ? Autrefois, après le passage de la mer Rouge, voulant donner au peuple hébreu des préceptes relatifs au culte divin, le Seigneur appela Moïse au sommet du Sinaï, et confia à ce serviteur l'expression authentique de sa volonté à l'égard de cette petite nation. Mais quand les temps prédits furent arrivés, voulant prodiguer à toutes les nations les sacrements de la vie éternelle, Dieu lui-même, descendant du ciel et du sein de son Père, se renferma dans le sein d'une Vierge, et y revêtit notre humanité et se fit homme sans cesser d'être Dieu, acquérant ainsi une gloire incomparable. C'est ainsi que le Tout-Puissant est sorti du sein de Marie, a subi les infirmités de la chair sans perdre la majesté du Fils de Dieu, et, tempérant cette majesté suprême, il a réalisé ce prodige d'un Dieu fait homme s'entretenant avec les hommes, et d'un homme triomphant du démon par la puissance infinie qu'il tenait de son union hypostatique avec Dieu. »

    Saint Augustin, Deuxième Sermon sur la naissance de Jésus-Christ (1,3) - Sermons inédits, premier supplément, première section, huitième sermon sur l'Ecriture - Suite du Tome XIème des Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

  • Méditation : Venez donc, "ô Seigneur Jésus ! venez !"

    « Considérons la très pure Marie, toujours accompagnée de son fidèle époux Joseph, sortant de Jérusalem et se dirigeant vers Bethléem. Ils y arrivent après quelques heures de marche, et, pour obéir à la volonté céleste, ils se rendent au lieu où ils devaient être enregistrés, selon l’édit de l’Empereur. On inscrit sur le registre public un artisan nommé Joseph, charpentier à Nazareth de Galilée ; sans doute on ajoute le nom de son épouse Marie qui l’a accompagné dans le voyage ; peut-être même est-elle qualifiée de femme enceinte, dans son neuvième mois : c’est là tout. O Verbe incarné ! aux yeux des hommes, vous n’êtes donc pas encore un homme ? vous visitez cette terre, et vous y êtes inconnu ; et pourtant, tout ce mouvement, toute l’agitation qu’entraîne le dénombrement de l’Empire, n’ont d’autre but que d’amener Marie, votre auguste Mère, à Bethléem, afin qu’elle vous y mette au monde. O Mystère ineffable ! que de grandeur dans cette bassesse apparente ! que de puissance dans cette faiblesse ! Toutefois, le souverain Seigneur n’est pas encore descendu assez. Il a parcouru les demeures des hommes, et les hommes ne l'ont pas reçu. Il va maintenant chercher un berceau dans l’étable des animaux sans raison : c’est là qu’en attendant les cantiques des Anges, les hommages des Bergers, les adorations des Mages, il trouvera le bœuf qui connaît son Maître, et l’âne qui s’attache à la crèche de son Seigneur. Ô Sauveur des hommes, Emmanuel, Jésus, nous allons nous rendre aussi à l’étable ; nous ne laisserons pas s’accomplir solitaire et délaissée la nouvelle Naissance que vous allez prendre en cette nuit qui s’approche. A cette heure, vous allez frappant aux portes de Bethléem, sans que les hommes consentent à vous ouvrir ; vous dites aux âmes, par la voix du divin Cantique : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie ! car ma tête est pleine de rosée, et mes cheveux imbibés des gouttes de la nuit. » Nous ne voulons pas que vous franchissiez notre demeure : nous vous supplions d’entrer ; nous nous tenons vigilants à notre porte. « Venez donc, "ô Seigneur Jésus ! venez !" »

    Dom Guéranger, extrait de L'année liturgique, Vigile de la Nativité.

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  • 18 décembre : Toute l'année avec les Pères...

    Jésus : "Le-Seigneur-sauve" - Emmanuel : "Dieu-avec-nous" (Mt 1, 18-24)

    « L’évangéliste Matthieu, avec peu de mots, mais pleins de vérité, rapporte la naissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, par laquelle, étant fils éternel de Dieu avant les siècles, il est apparu dans le temps comme un fils d’homme. Il avait rappelé les générations de ses ancêtres, depuis Abraham jusqu’à Joseph, l’époux de Marie. Et certes, il convenait de toute façon que Dieu, puisqu’il voulait devenir homme par amour pour les hommes, ne naquît pas d’une autre que d’une vierge et que, lorsqu’il arriverait qu’une vierge enfantât, elle ne put procréer un autre fils que Dieu lui-même : Voici, dit le prophète, la Vierge portera et enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, nom qui se traduit: Dieu avec nous (Is 7,14).

    Le nom de Sauveur "Dieu-avec-nous", donné par le prophète, signifie les deux natures de son unique personne. En effet, celui qui est Dieu, né du Père avant tous les siècles, c’est lui-même qui est Emmanuel à la fin des temps, c’est-à-dire Dieu avec nous. Il l’est devenu dans le sein de sa mère, parce qu’il a daigné accepter la fragilité de notre nature dans l’unité de sa personne, quand le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous (Jn 1,14). C’est-à-dire qu’il a commencé d’une manière admirable à être ce que nous sommes, sans cesser d’être ce qu’il était, en assumant notre nature, de façon à ne pas perdre ce qu’il était en lui-même. [...]

    En hébreu "Jésus" veut dire "salut" ou "Sauveur", un nom qui désignait pour les prophètes une vocation très déterminée. D'où ces paroles chantées dans un grand désir de le voir : "Mon âme exultera dans le Seigneur et se réjouira dans son salut ; mon âme se consume après ton salut" (Ps 12,6 ; 34,9 ; 118,81). "Je me glorifierai dans le Seigneur, je me réjouirai en Dieu mon Sauveur" (Ha 3,18). Et surtout : "Mon Dieu, en ton nom, sauve-moi" (Ps 54,3). c'est comme si on disait : "Toi qui t'appelles Sauveur, en me sauvant, manifeste la gloire de ton nom". Donc le nom du fils qui est né de la Vierge Marie est Jésus, selon l'explication de l'Ange : "C'est lui qui sauve son peuple de ses péchés". [...]

    Marie mit donc au monde son fils premier-né (Lc 2,7), c’est-à-dire le fils de sa substance ; elle enfanta celui qui, avant toute créature, était Dieu, né de Dieu, et qui, dans l’humanité où il était créé, devançait en mérite toute créature.

    Et elle lui donna le nom de Jésus (cf. Lc 2,21). Donc, le nom de Jésus est celui du fils qui, né de la Vierge, signifie selon l’explication de l’ange qu’il sauvera son peuple de ses péchés. Or, celui qui sauve des péchés, c’est évidemment lui aussi qui sauvera des corruptions de l’âme et du corps, qui sont les suites du péché.

    Quant au nom du Christ, c’est le titre d’une dignité sacerdotale et royale. Car les prêtres et les rois, sous la loi ancienne, étaient appelés Christs à cause de la chrismation. Cette onction d’huile sainte préfigurait celui qui, en venant dans le monde comme vrai roi et pontife, a été consacré d’une onction de joie, comme aucun de ses semblables (Ps 44,8). A cause de cette onction ou chrismation, le Christ en personne et ceux qui participent à la même onction, c’est-à-dire à la grâce spirituelle, sont appelés "chrétiens".

    Du fait qu’il est Sauveur, le Christ peut nous sauver de nos péchés ; du fait qu’il est pontife, il peut nous réconcilier avec Dieu le Père ; du fait qu’il est roi, qu’il daigne nous donner le royaume éternel de son Père, Jésus Christ notre Seigneur qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. »

    Saint Bède le Vénérable, Homélies pour la Vigile de Noël, 5, CCL 122, 32-36 (Trad. Solesmes et Clerus.org).

  • Méditation : "En prière avec Marie, Mère de Jésus" (2)

    Nous vivons cette dernière semaine avant la Nativité à l'école de Marie, et de sa prière.
    Les méditations sont extraites du livre du P. Jean Lafrance (1931-1991) : En prière avec Marie, Mère de Jésus.

    « Il n'y a aucun doute que Marie voulait et désirait la venue du Messie, comme Jean-Baptiste lorsqu'il envoie ses disciples demander à Jésus : "es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" (Mt 11,3). Marie portait cet ardent désir, même si elle ne comprenait pas ses exigences dont elle découvrira bientôt la profondeur avec un certain effroi, lorsque l'ange la visitera.

    Marie a forcément eu le désir de la maternité de Jésus, car le Saint-Esprit ne fait rien en nous, sans le faire désirer d'une manière inconsciente ou incoative. On obtient de Dieu ce qu'on espère de lui et, si on n'attend rien, le Saint-Esprit ne peut pas combler un désir inexistant. Seul le désir peut attirer Dieu en nous et il ne vient qu'à ceux qui le lui demandent avec intensité, confiance et persévérance. On pressent bien cette loi du désir dans l'éducation à la prière : on ne peut pas apprendre à prier à quelqu'un qui n'en a pas le désir intense. Si Marie avait le désir de la maternité, il faut tout de suite ajouter qu'elle ne savait pas ce qu'elle désirait, parce qu'étant habitée par l'Infini, elle était aussi mue par l'Infini. Par ailleurs, ayant fait le propos de virginité, elle ne pouvait pas désirer "quelque chose" dans le domaine de la maternité. Elle désirait dans la ligne des désirs du Peuple d'Israël, mais sans savoir quoi, parce qu'elle n'était pas fixée sur ses petites idées.
    [...]
    « En réalité, dans sa souplesse, elle avait déjà renoncé à tout..., ce qui est la seule façon de "choisir tout", comme le fit Thérèse, fille de Marie, deux mille ans après. Marie désirait autant la fécondité que la virginité. Ne pouvant abdiquer aucun de ses désirs, et ne voyant pas comment ils pouvaient se concilier, elle avait choisi de ne rien choisir et de s'en remettre à Dieu (avant même la parole de l'ange) sur le "Quomodo fiet istud ?" "Comment cela se fera-t-il ?". L'ampleur illimitée de sa soif exigeait justement, par sa folie même, qu'elle ne prenne aucune initiative pour l'assouvir. (C'est pourquoi je ne suis pas sûr qu'elle ait fait voeu de virginité. Elle a consacré à Dieu, tout simplement, les forces de son âme et de son corps). Incapable de sortir des contradictions où la plongeait le Saint-Esprit, elle s'en remettait à lui, dans une obscurité totale, du soin de les dénouer." (*) »

    (*) : M.D. Molinié, "La Sainte Vierge et la Gloire", Cahiers sur la Vie Spirituelle, Deuième Série, L'Epouse, 1973.

    Jean Lafrance, En prière avec Marie, Mère de Jésus (ch. IV, 6), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1985.

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  • 10 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Guérison du paralytique : "Tes péchés te sont pardonnés... Lève-toi..." (Lc 5, 17-26)

    « Le Verbe de Dieu est venu habiter dans l'homme ; il s'est fait "Fils de l'Homme" pour habituer l'homme à recevoir Dieu et pour habituer Dieu à habiter dans l'homme, comme il a plu au Père. Voilà pourquoi le signe de notre salut, l'Emmanuel né de la Vierge, a été donné par le Seigneur lui-même (Is 7,14). C'est en effet le Seigneur lui-même qui sauve les hommes, puisque ceux-ci ne peuvent se sauver par eux-mêmes... Le prophète Isaïe a dit : "Affermissez-vous, mains affaiblies, genoux chancelants ! Ranimez votre courage, cœurs défaillants ; affermissez-vous, ne craignez plus ! Voici notre Dieu qui exerce lui-même le jugement ; il vient lui-même, il va nous sauver" (35,3-4). Car c'est seulement du secours de Dieu, et non de nous-mêmes, que nous pouvions tenir notre salut.
    Voici un autre texte où Isaïe a prédit que celui qui nous sauve n'est ni simplement un homme, ni un être incorporel : "Ce n'est pas un messager, ce n'est pas un ange, mais c'est le Seigneur lui-même qui sauvera son peuple. Parce qu'il l'aime, il lui pardonnera ; lui-même, il le délivrera" (63,9). Mais ce Sauveur est aussi vraiment un homme, visible : "Cité de Sion, voici : tes yeux verront notre Sauveur" (33,20)... Un autre prophète a dit : "Lui-même il se retournera, nous fera miséricorde, et jettera nos péchés au fond de la mer" (Mi 7,19)... Du pays de Juda, de Bethléem (Mi 5,1) devait venir le Fils de Dieu, qui est aussi Dieu, pour répandre sa louange sur toute la terre... Dieu donc s'est bien fait homme et le Seigneur lui-même nous a sauvés en nous donnant le signe de la Vierge. »

    Saint Irénée de Lyon (v.140-v.208), Contre les hérésies III, 2, 2 (Trad. SC 34).

  • 4 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Quel est le premier de tous les commandements ?" (Mc 12, 28b-34)

    « Lorsqu'on a demandé au Maître quel était le plus grand des commandements, il a répondu : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ta force. Il n'est pas de plus grand commandement". Je le crois, puisqu'il concerne l'être essentiel et premier, Dieu notre Père, par qui tout a été fait, tout demeure, et à qui reviendront tous ceux qui seront sauvés. C'est lui qui nous a aimés le premier, qui nous a fait naître ; il serait sacrilège de penser qu'il existe un être plus ancien et plus sage. Notre reconnaissance est infime comparée à ses immenses bienfaits, mais nous ne pouvons lui en offrir d'autre témoignage, lui qui est parfait et qui n'a besoin de rien. Aimons notre Père de toute notre force et de toute notre ferveur et nous acquerrons l'immortalité. Plus on aime Dieu, plus notre nature se mêle et se confond avec la sienne.
    Le deuxième commandement, dit Jésus, ne le cède en rien au premier : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même"... Lorsque le docteur de la Loi demande à Jésus : "Et qui est mon prochain ?" (Lc 10,29), celui-ci ne lui répond pas par la définition juive du prochain - le parent, le concitoyen, le prosélyte, l'homme qui vit sous la même loi ; mais il raconte l'histoire d'un voyageur qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Blessé par des larrons..., cet homme a été soigné par un Samaritain, qui "s'est montré son prochain".
    Et qui est davantage mon prochain que le Sauveur ? Qui nous a pris davantage en pitié lorsque les puissances des ténèbres nous avaient abandonnés et blessés de coups ?... Seul Jésus a su guérir nos plaies et extirper les maux enracinés en nos cœurs... C'est pourquoi nous devons l'aimer autant que Dieu. Et aimer le Christ Jésus, c'est accomplir sa volonté et garder ses commandements. »

    Saint Clément d'Alexandrie (150-v.215), Homélie "Quel riche peut être sauvé ?" (Trad. coll. Icthus, vol.6 rev.).

  • 28 octobre : Méditation - Prière

    Colloque

    « O divin Roi, très aimable Jésus, mon Rédempteur, mon Sauveur, mon Epoux, mon Maître et mon modèle, je Vous renouvelle aujourd'hui la consécration totale de mon être, Vous suppliant de prendre une possession absolue de moi. Soyez mon Souverain, mon Dominateur, mon Guide ; dirigez et gouvernez-moi entièrement, afin que tout tourne à votre plus grande gloire. Soyez le souverain de ma mémoire, de mon intelligence, de ma volonté, de ma sensibilité, que je veux Vous assujettir complètement, Vous invitant à régner en moi.
    Votre règne est un règne de vérité, d'amour, de justice et de paix.
    Faites que votre règne de vérité s'établisse dans mon intelligence, détruisant toute erreur, supercherie ou illusion ; éclairez-moi de votre sagesse divine.
    Faites que votre règne d'amour s'établisse totalement dans ma volonté et la meuve, la stimule, la dirige toujours, afin que je ne sois plus mue par l'amour-propre ou les créatures, mais uniquement par votre Esprit. Rendez forte, généreuse, constante cette volonté faible, mesquine et rebelle, fixez-la dans le bien, fortifiez-la par l'exercice persévérant de la vertu, et par les dons de votre Esprit.
    Faites que votre règne de justice s'établisse dans toutes mes opérations de manière que toutes mes actions soient des oeuvres saintes, marquées de cette caractéristique et accomplies avec pureté d'intention et grande fidélité, dans l'accomplissement de votre sainte volonté.
    Faites que votre règne de paix s'établisse, non seulement dans mon âme, mais aussi dans ma sensibilité, de manière qu'elle soit harmonisée avec la partie supérieure, qu'elle concoure elle aussi à votre gloire et ne soit ni un retard, ni un obstacle à mon union avec Vous. »

    Soeur Carmela du Saint-Esprit, O.C.D., in P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine O.C.D., Intimité Divine - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année : Fête du Christ Roi, 5ème éd. T.II, 1963 (1ère éd. 1955).

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  • 20 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Elle m'a versé un parfum précieux sur les pieds..." (Lc 7, 36-50)

    « Aujourd'hui la miséricorde et la vérité se sont rencontrées, et l'abondance des miséricordes du Seigneur s'est épanchée sur une femme pécheresse. Car le fils de la Vierge est touché par les mains d'une créature coupable et souillée, une femme qui avait perdu toute honte porte les mains sur Dieu et sur le Fils de Dieu. Impure, elle touche les pieds de celui qui est pur et qui purifie ; coupable, elle tombe aux pieds de son Créateur. Celle qui avait prévariqué revient à de meilleurs sentiments et rentre dans son coeur ; elle condamne, par l'abondance de ces larmes, la multitude de ses crimes. La bonté de celui qu'elle touche ainsi laisse accomplir cet acte, l'oeil bienfaisant de sa majesté, par un heureux dédain, ne méprise point l'empressement de l'office qu'on lui rend. Marie couvre de baisers fréquents les pieds de Jésus-Christ, elle les arrose de ses larmes insaisissables, elle les essuie de ses cheveux, et les oint de parfums embaumés. L'ami de la singularité le voit et est envieux, et l'orgueil du Pharisien accuse Jésus d'ignorance et Madeleine de présomption. Mais la clairvoyance divine délibère et suspend son jugement ; tant qu'elle reçoit cet hommage, elle retient le reproche qu’elle a préparé, jusqu'à ce que le sacrifice de Marie s'achève en holocauste. Les anges se réjouissent à la vue d'une pécheresse qui fait pénitence, et leur assemblée céleste est parfumée de cette odeur, et toute la douceur de la miséricorde entoure celui qui sauve et celle qui va être sauvée. Où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rm. V, 20), et la piété, en devenant prépondérante, arrête le cours de nombreux péchés. Que l'étendue de votre piété est grande, Seigneur, dans la confession de cette pécheresse, que vous réprimandez justement l'orgueil et l'illusion du Pharisien. Vous rappelez les attentions de celle qui vous honore, et vous blâmez indirectement l'injustice de celui qui s'indigne dans l'ensemble de ce passage dirigé contre la jalousie de Simon. Et parce que là où est l'esprit du Seigneur, là se trouve la liberté (II Cor. III, 17), beaucoup de péchés sont remis à celle qui a beaucoup aimé, et beaucoup sont le partage de ceux qui se montrent bien négligents. Ce pharisien ne s'était pas rassasié aux mamelles de l'Épouse, il n'avait point pris des sentiments de compassion, il lisait la loi qui ignore la miséricorde, il ne connaissait que la justice. Loi divine, gravée sur des pierres dures, prête à frapper, ne sachant point pardonner. Loi qui ne laisse jamais de place au pardon, qui refuse l'indulgence et ignore le changement. Vin âpre et acide sorti de grappes fort amères, destiné aux hommes cruels, versé à Israël et offert au Sauveur. Vice qui agace les dents de ceux qui le boivent, et qui ne vient point de cette espèce de vigne, dont le Sauveur boit le jus nouveau dans le royaume de son Père...

    Que l'affection de l'âme pénitente oigne l'un et l'autre pied, mais que, tantôt embrassant la miséricorde, tantôt baisant la justice, elle offre l'holocauste d'un coeur contrit. Voyez Marie s'attachant fortement au pied du jugement, lorsque, femme noble et pécheresse, elle ne regarde pas ceux qui sont assis à table, mais, le corps prosterné, se roule aux pieds de la majesté divine, remplie de douleur, impatiente de crainte, et blessée des traits de la componction. Mais elle embrasse avec plus d'affection le pied de la miséricorde, espérant qu'on l'exercera à son endroit ; elle se colle fortement aux pieds du Rédempteur, jusqu'à ce qu'elle entende : "Vos péchés vous sont remis".

    C'est là un parfum bien précieux, il embaume non-seulement la maison de la terre, mais encore le palais des cieux. Ce sont des espèces bien viles qui le composent, on en peut trouver une grande quantité dans nos jardins. Nos péchés plantés dans nos consciences, en nombre incalculable, en sont les ingrédients. Placés dans le mortier de la pénitence, broyés par la macération, arrosés de l'huile de la discrétion, mis au feu de la douleur, cuits dans le vase de la discipline, ils forment un parfum précieux et agréable aux pieds du Sauveur. Nous le confectionnons d'une manière plus abrégée, en abandonnant entièrement toutes choses à celui qui le goûte. Et quoique la matière paraisse indigne, ce parfum est bon néanmoins, il remplit la maison, pénètre les cieux, réjouit les anges, et procure allégresse et joie à la cité bienheureuse. C'est là le sacrifice de justice : "Parce qu'un esprit brisé de douleur est un sacrifice à Dieu" (Ps. L, 19). »

    Nicolas de Clairvaux († v. 1176 ou 1178), Sermon pour la fête de la Bienheureuse Marie-Madeleine (1,4,5), in Oeuvres complètes de Saint Bernard, Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis de Vivès Editeur, 1866.

    (Nicolas de Clairvaux, qui fut l'un des secrétaires de saint Bernard, s'est attribué de nombreux sermons qui ne sont que des copies d'autres auteurs, notamment d'Hugues de Saint-Victor ('Adnotationes in Psalmos'), et surtout de saint Bernard. C'est sans doute le cas du sermon présenté ci-dessus, inclus dans les oeuvres complètes du Père de l'Eglise.)

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 15 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Femme, voici ton fils..."

    « L'évangéliste Jean nous raconte ce qui se passa aux pieds de la croix du Sauveur, après que ses vêtements eurent été partagés, même par la voie du sort ; voyons son récit : "Les soldats firent ainsi. Or, la Mère de Jésus et la soeur de sa Mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine, étaient debout près de sa croix. Jésus donc, voyant sa Mère et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Après, il dit au disciple : Fils, voilà ta mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la reçut chez lui". Voilà bien l'heure dont Jésus parlait, quand, au moment de changer l'eau en vin, il disait à sa Mère : "Femme, qu'y a-t-il entre toi et moi ? mon heure n'est point encore venue" (Jn II, 4). Il prédisait cette heure qui n'était pas encore venue, cette heure où, sur le point de mourir, il devait reconnaître celle qui lui avait donné la vie du corps. Alors il se préparait à faire une oeuvre divine ; aussi semblait-il ne pas connaître la Mère, non de sa divinité, mais de son humanité, et la repoussait-il. Maintenant, il souffre dans son corps, et dans les sentiments d'une humaine affection, il recommande celle dans le sein de laquelle il s'est fait homme. Alors, il connaissait Marie en vertu de sa puissance, puisqu'il l'avait créée ; maintenant, Celui que Marie a mis au monde est attaché à la croix.

    Nous trouvons ici un sujet d'instruction. Le Sauveur fait lui-même ce qu'il nous enseigne ; précepteur plein de bonté, il apprend à ses disciples, par son exemple, tout le soin que des enfants pieux doivent prendre des auteurs de leurs jours. Le bois auquel se trouvaient cloués ses membres mourants était comme une chaire où notre Maître se faisait entendre et nous donnait ses leçons. C'était à cette source de saine doctrine que l'apôtre Paul avait puisé, quand il disait : "Si quelqu'un n'a pas soin des siens, et surtout de ceux de sa maison, il a renoncé à la foi et il est pire qu'un infidèle" (I Tm V, 8). Y a-t-il des personnes plus proches les unes des autres que les parents ne le sont de leurs enfants, ou les enfants de leurs parents ? Le maître à l'école de qui se forment les saints, nous donnait donc en lui-même l'exemple pour confirmer un de ses plus précieux commandements ; car s'il pourvoyait à l'avenir de Marie en lui donnant un autre fils qui tiendrait sa place, il n'agissait pas comme Dieu à l'égard d'une servante créée et gouvernée par lui, mais comme homme à l'égard d'une Mère qui lui avait donné le jour et qu'il laissait en cette vie. Pourquoi a-t-il agi de la sorte ? Ce qui suit nous l'apprend ; car, parlant de lui-même, l'Evangéliste ajoute : "Et, depuis ce moment, le disciple la reçut chez lui". D'ordinaire, Jean ne se désigne pas autrement qu'en disant que Jésus l'aimait ; le Sauveur affectionnait tous ses disciples, mais il chérissait davantage encore celui-ci ; il était même si familier avec lui qu'à la Cène il lui permit de s'appuyer sur sa poitrine (Jn XIII, 23) ; c'était sans doute pour l'aider à imprimer sur l'Evangile qu'il devait prêcher en son nom, le sceau de sa divine excellence. »

    Saint Augustin, Traité CXIX sur Saint Jean (1-2), in Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 24 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Pour avoir suivi la Parole de Dieu, son appel, spontanément et librement dans la générosité de sa foi, Abraham était devenu "l'ami de Dieu" (Jc 2,23). Ce n'était pas à cause d'une indigence que le Verbe de Dieu s'est acquis cette amitié d'Abraham, lui qui est parfait dès l'origine ; "Avant qu'Abraham ait été, dit-il, je suis" (Jn 8,58). Mais c'était pour pouvoir, lui qui est bon, donner à Abraham la vie éternelle... Au commencement non plus, ce n'était pas parce qu'il avait besoin de l'homme que Dieu a modelé Adam, mais pour avoir quelqu'un en qui déposer ses bienfaits.
    Ce n'était pas davantage parce qu'il avait besoin de notre service qu'il nous a commandé de le suivre, mais pour nous procurer le salut. Car suivre le Sauveur c'est avoir part au salut, comme suivre la lumière c'est avoir part à la lumière. Lorsque des hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle... Dieu accorde ses bienfaits à ceux qui le servent parce qu'ils le servent, et à ceux qui le suivent parce qu'ils le suivent ; mais il ne reçoit d'eux nul bienfait, car il est parfait et sans besoin.
    Si Dieu sollicite le service des hommes, c'est pour pouvoir, lui qui est bon et miséricordieux, accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service. Car, si Dieu n'a besoin de rien, l'homme a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c'est de persévérer dans le service de Dieu. C'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : "Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis" (Jn 15,16), indiquant par là que...pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient glorifiés par lui : "Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire" (Jn 17,24). »

    Saint Irénée de Lyon (v.130-v.208), Contre les hérésies, IV, 14,1 ; SC 100.

  • 9 août : Méditation

    « Nous devons créer dans notre vie un espace pour le Sauveur eucharistique. On a le temps pour tant de choses inutiles : la lecture de livres futiles, de magazines, les heures passées dans les cafés ou à bavarder au coin d'une rue (*) - gaspillant en distractions son temps et ses forces. Ne serait-il vraiment pas possible de trouver une heure, le matin, où l'on se rassemble au lieu de se disperser, où l'on puise des forces au lieu de les dissiper, pour faire face aux tâches journalières ? Certes, il faut plus que cette heure. Il faut que de cette heure à la suivante nous vivions de manière à pouvoir y revenir. Il n'est plus permis de se relâcher. Il y a loin de l'autosatisfaction du "bon catholique", qui fait son devoir, qui lit la bonne presse, qui vote bien, etc. mais qui, pour le reste, fait ce qui lui plaît - à une conduite par la main de Dieu et reçue de sa main. »

    (*) : ces lignes ont été écrites avant-guerre... L'on pourrait ajouter aujourd'hui les heures passées devant la télévision... (n.p.)

    Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein, 1891-1942), La Crèche et la Croix, Ad Solem, Genève, 1998.

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  • Angélus de ce dimanche à Castelgandolfo

    Ce dimanche, les prières du Pape vont avant tout aux victimes décédées cette semaine au large de Zanzibar. Mercredi dernier, un ferry avec à son bord près de 250 passagers a fait naufrage, tuant au moins 68 personnes et laissant dans son sillage près de 80 personnes encore portées disparues.
    A l’issue de l’Angélus à Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes, Benoît XVI a dit « partager le sentiment de détresse des familles et amis des victimes et des blessés, et en particulier des enfants ». Il les assure de sa proximité spirituelle, donnant sa bénédiction "comme un gage de consolation et de force dans le Seigneur ressuscité".
    Avec ces mots, le Pape s’adresse aux proches des naufragés, mais également aux proches des victimes de la tragédie d’Aurora aux Etats-Unis. Benoît XVI se dit « profondément choqué par la violence insensée » que représente la fusillade de Denver, quand un jeune homme a tiré sur la foule réunie pour la première du film Batman, tuant 12 personnes ce jeudi soir à l'ouest des Etats Unis.

    Dans sa catéchèse, le Saint Père a également souligné que dans l’Evangile de ce dimanche Jésus se présente comme “le berger de brebis égarées dans la maison d’Israël”, et parmi ces brebis se trouve Marie-Madeleine que Jésus « sauva d’un total asservissement au malin » et dont c’est d’ailleurs la fête ce dimanche. En quoi consiste cette guérison profonde que Dieu opéra en elle ? Benoît XVI l’explique : « cela consiste en une paix véritable et complète, fruit de la réconciliation de la personne avec elle-même et avec l’ensemble de ses relations : avec Dieu, avec les autres, avec le monde. En effet, le malin cherche toujours à ruiner l’œuvre de Dieu, en semant la division dans le cœur de l’homme, entre le corps et l’âme, entre l’homme et Dieu, dans les relations interpersonnelles, sociales, internationales et entre l’homme et la création. Le malin sème la guerre tandis que Dieu crée la paix », a conclu le Pape.

    S'adressant aux pèlerins francophones, il a déclaré après l'Angélus :
    « Dans l'Evangile de ce dimanche, Jésus invite ses disciples à venir à l'écart. Dans nos vies, souvent mouvementées et trop rapides, suivons Jésus que nous pouvons rejoindre dans le calme. Au coeur de l'été, acceptons de le suivre, car il veille sur nous, comme sur des brebis qui sont sans berger. Avec l'aide de la Vierge Marie, venez à la rencontre de son Fils, lui seul peut vous redonner les forces dont vous avez besoin pour votre vie quotidienne. Bon dimanche à tous ! »

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral (et vidéo) sur le site internet du Vatican.