Benoît XVI, conclusion de l'homélie en la solennité de l’Épiphanie du Seigneur, 6 janvier 2011.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
« ............
Je n'ai pas de chemin, je n'ai pas de demeure
Hors de Toi...
Et tes saints ont raison pourtant. Il faut les croire.
Ils font bien
De me chasser de leur royaume et de leur gloire
Comme un chien.
Leur royaume... Est-ce là ce qui me fait envie ?
O mon Dieu,
Tu sais bien qu'il suffit d'un peu d'ombre à ma vie,
Rien qu'un peu.
Que je n'ai pas besoin de gloire et presque même
Pas besoin
De leur bonheur trop grand pour moi pourvu que j'aime
Dans un coin.
Qu'on les loue à jamais, qu'à jamais on m'oublie,
A jamais,
Puisqu'il faut que ta verge à leurs yeux m'humilie,
Seigneur, fais !
Je n'ai pas mérité de fixer ma prunelle
Sur leurs cieux !
Soit ! Éteins à jamais la lumière éternelle
Dans mes yeux.
Je n'ai pas mérité d'entendre leur cantique :
A jamais,
Soit ! jette sur mes sens un silence hermétique,
Noir, épais.
Mais dans ton sein garde mon cœur à tout le monde
Bien caché,
Comme un petit oiseau qui dans ta main profonde
S'est niché.
Un grésil à tes pieds tombé de quelque globe,
Un fétu,
Un duvet que le vent dans un pli de ta robe
A perdu.
Je ferai si peu d'ombre, ô Dieu, dans ta lumière
Que bien sûr
Les saints ne me verront pas plus qu'une poussière
Dans l'azur.
Mais Toi qui me verras en Toi comme une tache,
Nuit et jour,
Si j'offense ta vue, à son refuge arrache
Mon amour.
Écarte-moi du pied ou plutôt sur mon âme
Peu à peu
Efface mon péché. N'as-tu pas de la flamme
Et du feu ?
Appelle la douleur, Dis un mot, Fais un geste,
Seigneur, fais !
Fais-moi souffrir, nettoie en moi tout ce qui reste
De mauvais.
Vite, ne laisse rien en moi qui te déplaise,
O mon Roi !
Fais-moi vite souffrir mais viens dans la fournaise
Avec moi. »
Marie Noël (1883-1967), Les Chansons et les Heures (Vision, IV, strophes finales),
Paris, Éditions G. Crès et Cie, 1928.
« Si tu sais prendre sur toi la douleur d'autrui, le Seigneur prendra sur Lui la tienne et la fera Sienne, c'est-à-dire ouvrière de salut.
Si tu sais prendre sur toi la douleur d'autrui, le Seigneur prendra sur Lui cette douleur, en toi, et la fera Sienne c'est-à-dire ouvrière de salut. Il la prendra avec d'autant plus d'élan qu'Il la trouve déjà comme déracinée et transplantée en ton cœur.
Et comme Il l'y trouve purifiée de tout égoïsme, transfigurée par la pitié, sanctifiée par l'amour chrétien, la consolation sera plus forte en autrui, la bénédiction plus vivante en toi, la joie de demain plus grande en tous deux. »
Bx Vladimir Ghika (1873-1954), Pensées pour la suite des jours, Beauchesne, Paris, 1936.
« Mane nobiscum, Domine, quoniam advesperascit (Lc XXIV, 29). Demeurez dans ce pauvre monde où le soir descend et sur lequel les ténèbres se font par l'envahissement de la tristesse et l'absence d'espérance, dans cette nuit où l'on entend des voix d'autant plus effrayantes qu'on ne sait d'où elles viennent, car elles n'ont plus rien d'humain. Seigneur, voyez, il ne suffit pas que vous passiez, demeurez au milieu de nous ! Oh ! venez dans ma pauvre âme qui s'est tue si longtemps, d'où rien de bon n'est sorti depuis des années, où rien de céleste ne s'éveille plus, et qui n'a pas su parler de vous, ni répondre quand vous parliez. Oh ! venez et faites sentir votre puissance. Que mon âme dise quelque chose, qu'elle se souvienne, qu'elle aime quelque chose qui l'élève et qui l'agrandisse ! Me voici, Seigneur, dans la personne de ce pauvre muet ; faites-moi parler, je vous en prie, faites-moi un cœur reconnaissant qui réponde à vos bienfaits, un cœur soumis qui réponde à l'épreuve, un cœur et une âme qui rendent le son que vous voulez entendre. O Seigneur, passez, mais restez ! »
Abbé Henri Huvelin (1838-1910, in "L'Amour de Notre-Seigneur" Tome 1 - L’Évangile, Lecoffre - Gabalda, 1920.
« Je T'adore, Créateur et Seigneur, caché dans le Très Saint Sacrement. Je T'adore pour toutes les œuvres de Tes mains dans lesquelles apparaissent tant de sagesse, de bonté et de miséricorde ; ô Seigneur, Tu as semé tant de beauté par toute la terre, et elle me parle de Ta beauté, bien qu'elle ne soit que Ton faible reflet, inconcevable Beauté. Quoique Tu Te sois caché et dissimulé et que Tu aies dissimulé Ta beauté, mon oeil illuminé par la foi T'atteint et mon âme reconnaît Son Créateur, son Bien suprême, et mon cœur entier sombre dans la prière de louange. Mon Créateur et mon Seigneur, Ta bonté m’a encouragé à Te parler - Ta miséricorde fait disparaître l’abîme qui existe entre nous, qui sépare le Créateur de Sa créature. Parler avec Toi, ô Seigneur, est le délice de mon cœur ; je trouve en Toi tout ce que mon cœur peut désirer. Là Ta lumière éclaire mon esprit et le rend capable de Te connaître toujours plus profondément. Là, sur mon cœur se déversent des torrents de grâces, là mon âme puise la vie éternelle. Ô mon Créateur et mon Seigneur, au-dessus de tous ces dons, Toi, Tu te donnes Toi-même à moi, et Tu T’unis étroitement avec Ta misérable créature. Ici nos cœurs se comprennent au delà des mots ; ici personne n’est capable d’interrompre notre conversation. Ce dont je parle avec Toi, ô Jésus, c’est notre secret, que les créatures ne connaîtront pas, et les anges n’ont pas l’audace de le demander. Ce sont de secrets pardons que seuls Jésus et moi savons – c’est le secret de Sa miséricorde qui enveloppe chaque âme en particulier. Pour cette inconcevable bonté, je T’adore, mon Créateur et mon Seigneur, de tout mon cœur et de toute mon âme. Et quoique mon adoration soit si pauvre et si petite, je suis cependant en paix, car je sais que Toi Tu sais qu’elle est sincère malgré son incapacité... »
Ste Faustine Kowalska (fêtée ce jour), Petit Journal, 8.V.1938 (1692), Parole et Dialogue, Paris, 2002 (Deuxième édition).
Le Petit Journal de Ste Faustine peut être consulté en ligne sur E.S.M..
NB : l'édition de Jules Hovine (Marquain, Belgique, 1985, pp. 591-592) traduit les écrits de Ste Faustine avec le vouvoiement : "Je Vous adore, Créateur et Seigneur, caché dans le Saint Sacrement. Je Vous adore pour toutes les œuvres de Vos mains..."
(Notum fac mihi Domine finem meum)
Chœur d'hommes de la Laure de la Trinité Saint-Serge à Moscou
Dir. Vladimir Gorbik (Grande Salle du Conservatoire de Moscou, 27 février 2008)
« Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.
Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;
mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde...
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »
« À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. »
Jean VI 47-56 & 66
« On n'admire pas assez les discours de Notre-Seigneur. Ils se déploient avec une telle plénitude qu'on ne la remarque pas ; il en est de sa parole comme de sa vie ; la simplicité en masque la perfection et la beauté. « Cherchez, a-t-il dit à ses auditeurs, un aliment qui demeure et donne de vivre à jamais. Demandez-moi cela, et non un pain matériel qui refasse vos corps chaque jour et qui vous laisse dans la vie périssable de la matière. Ce pain, vous l'avez. Le Père vous l'a donné ; je suis ce pain ; si vous entrez en moi par la foi, vous l'y trouvez et vous êtes à l'abri de l'usure ; vous n'aurez plus ni faim ni soif ; vous ne mourrez plus, et même vos corps participeront au dernier jour à cette vie qui demeure. Mais il faut me manger. Comment cela ? En prenant ma chair, en vous unissant à moi dans la chair, comme je me suis uni à vous quand je l'ai prise. Je suis descendu, il faut que vous remontiez ; je suis descendu par elle ; vous devez remonter par elle. Entrez dans ma chair et vous trouverez le Père, le principe de vie qui me la communique, vous accueillerez le souffle de sa vie par lequel il m'engendre, et vous vivrez de cette vie. »
« Vous ferez ce que je fais, vous vous donnerez comme je me donne. Vous donnerez votre esprit en croyant ; vous donnerez votre volonté en aimant ; vous donnerez votre sensibilité en réalisant votre foi et votre amour. Vous vous donnerez parce que l'Esprit d'amour qui m'unit au Père sera en vous, et vous unira à moi comme je m'unis à lui. Vous ferez ce que je fais comme je fais ce que fait le Père. Nous ne ferons plus tous que nous donner mutuellement : et c'est la vie éternelle. » »
Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Au seuil de l'abîme de Dieu. Élévations sur l’Évangile de saint Jean (VI), Benedettine di Priscilla, Roma, 1961.
Semen Zhivago (1807–1863), "La dernière Cène", détail (1879-87)
Cathédrale Saint Isaac, Saint-Pétersbourg (Russie)
(Crédit photo)
« Regardez ce Jésus brillant comme un soleil, c'est un rayon de la béatitude qui vous est promise, vous serez un jour rayonnant comme cela. Ô jour ! ô bonheur éternel ! quand y serai-je ?... Écoutez les Apôtres, comme ils se sentent épris d'un singulier contentement à la vue de ce spectacle ; ce sont les consolations et les secours que notre bon Jésus nous donne dès cette vie. Voyez Moïse et Élie à ses côtés qui le contemplent. Tous deux avaient instamment demandé de voir Dieu, et cette grâce leur est accordée, pour vous faire espérer et attendre que rien ne vous sera refusé, de ce que vous demanderez raisonnablement pour votre bien spirituel et éternel. Car, que vous refuserait celui qui se donne lui-même pour toujours, ou s'il vous refuse quelque chose, qu'avez-vous besoin de cette chose, ayant Dieu qui est tout.
Mais ! ô mon Dieu, je crains à cette parole que j'entends de votre bouche : Écoutez-le. Car Il me semble que je n'écoute point ce Fils bien-aimé, et cependant il n'y a d'espérance d'être jamais bienheureux, qu'en l'écoutant et en lui obéissant... Mon fils, la crainte est bonne, pourvu qu'elle soit efficace, et qu'elle te porte à faire ce que tu dois, de peur qu'en y manquant tu ne viennes à être exclus de ton espérance ; et même quoi que tu fasses, il est toujours bon de craindre que tu n'en fasses pas assez, afin que ton espérance soit bien réglée entre le désespoir et la présomption... »
Hayneuve s.j. (1588-1663), Méditations sur la Vie de N.-S. Jésus-Christ Tome V (Transfiguration de Notre-Seigneur, Deuxième point), Édition corrigée, rajeunie et disposée selon l'ordre du Bréviaire romain par M. l'Abbé J.-B. Lobry, Paris, Hippolyte Walzer, 1868. (1ère édition : 1645)
Raphaël (1483-1520), La Transfiguration
Musées du Vatican
(Crédit photo)
« Seigneur, vous écoutez la plus humble prière,
Et le cri de l'insecte et celui de l'oiseau,
Et cet agneau perdu qui demande sa mère,
Et cette herbe séchée à qui manque un peu d'eau.
Votre nom prononcé rafraîchit la pensée ;
Il rayonne dans l'ombre où je m'enveloppais.
Toute larme pieuse, à vos genoux versée,
Est, pour un cœur souffrant, le baume de la paix.
Vous m'entendrez, Seigneur, car je pleure et j'espère !
J'élève à vous mon cœur par le monde abattu.
J'espère ! et votre loi, tendre comme une mère,
De la douce espérance a fait une vertu.
Redonnez-moi, Seigneur, la vie et le courage ;
Que j'aille en vous servant jusqu'à la fin du jour ;
Dissipez des erreurs le stérile nuage
Au rayon de la foi rallumé par l'amour.
L'orgueil ferme le cœur aux innocentes joies
Et tient la porte ouverte à l'ennui triomphant.
Donnez-moi, pour marcher humblement dans vos voies,
La raison du vieillard et la foi de l'enfant.
Alors, Seigneur, alors, mon âme calme et forte
Souffrira, sans colère et sans fougueux transports
Le mal que chaque jour et chaque nuit apporte
A cette argile de mon corps.
1852. »
Victor de Laprade (1812-1883), Extrait de Les œuvres de la foi (V)
"Œuvres poétiques de Victor de Laprade. Poèmes évangéliques", Paris, Alphonse Lemerre, s.d. (v.1875)
Texte intégral en ligne sur Wikisource.
« Levons-nous donc, enfin, à la voix de l'Écriture qui nous stimule en disant : Voici l'heure pour nous de sortir du sommeil. Les yeux ouverts à la lumière de Dieu et les oreilles attentives, écoutons cet avertissement divin que nous adresse chaque jour la voix qui nous crie : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'allez pas endurcir vos cœurs ; et encore : Que celui qui a des oreilles pour entendre écoute ce que l'Esprit dit aux Églises. Et que dit-il ? Venez, mes fils, écoutez-moi : je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Courez, pendant que vous avez la lumière de vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous saisissent.
Le Seigneur, se cherchant un ouvrier dans la multitude du peuple, adresse à tous cet appel : Quel est l'homme qui veut la vie, et désire connaître des jours heureux ? Que si, à cette demande, tu réponds : « C'est moi », Dieu te dit alors : Si tu veux avoir la vie véritable et éternelle, garde ta langue du mal et que tes lèvres ne profèrent pas de paroles trompeuses. Détourne-toi du mal et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la. Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à vos prières ; et avant même que vous m'invoquiez je dirai : « Me voici ». Quoi de plus doux pour nous, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voici que, dans sa bonté, le Seigneur lui-même nous montre le chemin de la vie.
Que la foi et la pratique des bonnes œuvres nous disposent donc, comme une ceinture autour des reins, à marcher en avant par les sentiers que nous trace l’Évangile, afin que nous méritions de voir celui qui nous a appelés dans son Royaume. Si nous voulons habiter dans sa demeure royale, il faut courir par la pratique des bonnes œuvres, faute de quoi, nous ne pourrions y parvenir. Mais interrogeons donc le Seigneur, en lui disant avec le Prophète : Seigneur, qui habitera dans ta demeure ? Qui se reposera sur ta montagne sainte ? Après cette interrogation, mes frères, écoutons le Seigneur qui nous répond, et nous montre la voie qui donne accès à cette demeure, disant : C'est celui qui marche sans tache et accomplit la justice, celui qui dit la vérité du fond de son cœur, qui n'a pas prononcé de paroles trompeuses, qui n'a pas fait de mal à son prochain, ni pris part aux discours injurieux contre lui. C'est celui qui, sollicité par le diable malin, le repousse, lui et ses suggestions, loin des regards de son cœur, le met à néant, saisit les premiers rejetons de la pensée diabolique et les brise contre le Christ. Ce sont ceux qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance : estimant au contraire que le bien qui se trouve en eux ne procède pas d'eux-mêmes, mais est accompli par le Seigneur, ils le glorifient de ce qu'il opère en eux, et lui disent avec le Prophète : Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton Nom donne la gloire. De même, l'apôtre Paul ne s'est rien attribué du succès de sa prédication, lorsqu’il dit : C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. Et il dit encore : Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
C’est pourquoi le Seigneur dit dans l'Évangile : Celui qui écoute mes paroles et les accomplit, je le comparerai à un homme sage qui a bâti sa maison sur la roc. Les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, mais elle n'est pas tombée, car elle était fondée sur le roc. Cela dit, le Seigneur attend de nous que nous répondions chaque jour par nos œuvres à ces saints avertissements. C'est pour l'amendement de nos fautes que les jours de cette vie nous sont prolongés, ainsi que le dit l'Apôtre : Ignores-tu que la patience de Dieu t’invite à la pénitence ? Car notre miséricordieux Seigneur dit aussi : Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive.
Lors donc, mes frères, que nous avons interrogé le Seigneur sur celui qui habitera dans sa demeure, nous avons appris les conditions requises pour y habiter ; c'est donc à nous de remplir les obligations qui incombent à cet habitant. Il nous faut donc préparer nos cœurs et nos corps à militer sous la sainte obéissance aux commandements. Quant à ce qui semble dépasser nos forces, prions le Seigneur d'ordonner à sa grâce de nous porter secours. D'autre part, désireux d'échapper aux peines de l'enfer, et de parvenir à la vie éternelle, tandis qu'il en est encore temps, que nous sommes en ce corps, et que nous pouvons accomplir cela à la lumière de cette vie, courons et faisons, dès ce moment, ce qui nous sera profitable pour toujours. »
Règle de Saint Benoît, Prologue (8-44).
La Règle de Saint Benoît peut être consultée (et téléchargée) sur les sites web de nombreuses abbayes bénédictines, telles :
Abbaye Notre Dame de Ganagobie
Abbaye Saint-Pierre de Solesmes
Abbaye du Mont des Cats
Abbaye d'En Calcat ...
ou encore ICI (latin / français).
Hermann Nigg (1849-1928), Saint Benoît rédigeant la règle (1926)
église de l'abbaye de la Sainte-Croix, près de Baden bei Wien, Basse-Autriche
(Crédit photo)
(suite et fin de la méditation des mardi 5 et mercredi 6 juillet)
« Tout ce que nous venons de dire suppose deux choses : la première, qu'on lit la vie des saints ; la seconde, qu'on les imite. Les connaître, c'est le fondement de l'amour qu'on leur doit porter ; les imiter, c'en est le comble.
On ne peut pas trop vous conseiller de lire la vie des saints. C'est la grande école ; c'est l’Évangile vivant, c'est le christianisme en action, c'est la moisson sortant incessamment de ce grain de froment divin jeté en terre pour y mourir, et qui s'appelle Jésus. [...]
Quant à l'imitation des saints, on pourrait dire que c'est presque à quoi se réduit tout le christianisme ; et puisque ce dont il s'agit surtout ici, c'est de l'amour qui leur est dû, il est clair que cet amour ne serait ni vrai, ni utile, s'il n'aboutissait pas à cette ressemblance ; d'autant que rien ne saurait leur causer plus de joie.
Toutefois, soit pour l'imitation de leurs vertus, soit pour la lecture de leur vie, je vous dois un conseil d'une extrême importance. C'est une réserve, et cependant ne la redoutez point ; comme c'est la vérité qui la fait, elle ne va qu'au profit de l'amour.
Il s'agit, même en eux, surtout en eux, de chercher définitivement et d'imiter principalement Notre-Seigneur. C'est à lui seul que Dieu entend nous voir semblables. Jésus est l'image divine absolue, par suite le type universel, celui sur lequel nous sommes créés, celui sur lequel nous sommes régénérés. Aussi saint Paul l'atteste : c'est notre conformité avec lui qui est la forme même de notre prédestination (1). « Seigneur Jésus », lui chante chaque jour l’Église, en son hymne angélique, « vous êtes le seul saint (2) ». Les autres sont saints sans doute, mais d'une sainteté qu'ils lui empruntent et qui se mesure précisément à leur ressemblance avec lui. [...] Où il vous semble ne le trouver point, passez ; où vous le trouvez, demeurez, ne vous attachant définitivement qu'à lui seul. L'abeille qui se repose successivement sur les fleurs d'un parterre, n'y cherche rien que son butin : le butin pris, elle s'envole ; faites ainsi pour les saints ; ils sont les fleurs du jardin de Dieu : butinez-y Jésus. Vous ne pouvez leur faire ni un honneur plus grand, ni une joie plus exquise, ni tirer de vos rapports avec eux un profit plus intelligent. Ils ne regardent que lui ; ils ne se regardent qu'en lui ; ils ne vous appellent à eux que pour vous mener à lui : il est leur unique titre à réclamer votre attention, votre piété, votre étude ; et il n'y en a pas un seul qui ne vous dise avec saint Paul : « Imitez-moi, mais comme moi-même j'imite Jésus (3) ». Car, en somme, c'est de Jésus seul qu'il s'agit au ciel et sur la terre : il est l'Alpha et l'Oméga, le principe et la fin, la gloire de Dieu et celle des hommes, leur joie commune et éternelle. »
1. Rom. VIII, 29,30. - 2. Tu solus sanctus. Hymn. ang. - 3. I Cor. IV, 16.
Mgr Charles Gay (1814-1891), De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l'état religieux, Tome III (chap. XVII), H. Oudin Frères, Poitiers - Paris, Huitième édition, 1878.
Fra Angelico (1387-1455), Le Christ glorifié dans la Cour céleste
Prédelle du retable, dit Pala di Fiesole, du couvent San Domenico de Fiesole (détail)
National Gallery, Londres (GB)
(Crédit photo)
« Que pensez-vous que sera un jour cet enfant ?
Car la main du Seigneur était avec lui. »
(Lc 1, 66)
« Ce que vous serez, ô Jean-Baptiste ? Mais, depuis vingt siècles, l’Église le chante chaque jour : Vous serez et vous resterez, à jamais, le Prophète du Très-Haut, le plus grand de tous les prophètes, celui qui a la gloire de tous ceux qui furent et seront à jamais, celui qui a montré du doigt Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ce que vous serez ? Nous le répétons, chaque jour, dès le matin de nos journées : vous êtes celui qui révèle la Science du salut, la Science des saints, ce même Seigneur et Dieu, Jésus-Christ, la Science du Père, la Sagesse infinie, celui en qui sont tous les trésors de la sagesse et de la science, l'Ineffable Don de Dieu.
Ce que vous serez ? Vous êtes celui qui annoncez Celui qui vient. Celui qui est l'Agneau de Dieu, Celui qui remet les péchés dans le Feu, c'est-à-dire dans le Saint-Esprit.
A tous les pécheurs du monde qui ont été, qui sont et seront, vous criez toujours : Je suis la voix de Celui qui clame dans le désert : préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Voici Celui qui vient, il est à votre porte ; il demande d'entrer dans votre cœur pour le ravir à Lui, pour le transformer dans le sein, et l'emporter, quelque jour, dans sa gloire.
Oui, la main du Seigneur était avec vous, Zacharie, illustre prêtre du Très-Haut. Le nom de Jean-Baptiste est une révélation magnifique de ses grandeurs. Lorsque, sur la tablette, vous l'écriviez, tremblant, vous deviniez sans doute le mystère de votre enfant, le plus grand des enfants des hommes, après Jésus.
C'est aujourd'hui la fête de la joie, de la vôtre, notre joie à tous ; car, Jean est un message vivant de joie, de la joie suprême, qu'est Jésus-Christ, notre Dieu. »
Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour, Temps après la Pentecôte I (Saint Jean Baptiste, Précurseur), Éditions de Maredsous, Namur, 1950.
Domenico Ghirlandaio (1449-1494), Le nom du Baptiste
Fresque de la chapelle Tornabuoni, église Santa Maria Novella, Florence (Italie)
(Crédit photo)
« Suscipe, Domine,
universam meam libertatem;
accipe memoriam,
intellectum
atque voluntatem omnem;
quidquid habeo vel possideo
mihi largitus es;
id tibi totum restituo
ac tuae prorsus voluntati
trado gubernandum;
amorem tui solum cum gratia
tua mihi dones
et dives sum satis, nec aliud quidquam ultra posco.
Prends, Seigneur et reçois,
toute ma liberté,
ma mémoire,
mon intelligence
et toute ma volonté;
Tout ce que j'ai et possède,
c'est Toi qui me l'as donné:
A Toi, Seigneur, je le rends Tout est à Toi,
disposes-en
selon Ton entière volonté.
Donne-moi,
ton amour et ta grâce :
c'est assez pour moi. »
St Ignace de Loyola (1491-1556)
« Le Seigneur et sa Parole : ce sont notre « terre », où vivre dans la communion et dans la joie.
Laissons donc le Seigneur placer dans notre cœur cet amour pour sa Parole, et nous donner d’avoir toujours au centre de notre existence Lui et sa sainte volonté. Demandons que notre prière et toute notre vie soient éclairées par la Parole de Dieu, lampe pour nos pas et lumière pour notre chemin, comme le dit le Psaume 119 (cf. v. 105), afin que notre voyage soit sûr, dans la terre des hommes. Et que Marie, qui a accueilli et engendré la Parole, soit pour nous un guide et un réconfort, étoile polaire qui indique la voix du bonheur.
Alors, nous pourrons nous aussi jouir dans notre prière, comme l’orant du Psaume 16, des dons inattendus du Seigneur et de l’héritage immérité qui est notre sort :
Seigneur, ma part et ma coupe...
La part qui me revient fait mes délices ;
j’ai même le plus bel héritage! (Ps 16, 5-6). »
Benoît XVI, Conclusion de la catéchèse de l'Audience générale du 9 novembre 2011, in "L'Âme de la prière", Artège, Perpignan, 2016.
Texte intégral sur le site internet du Vatican.
Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie
(transférée du 25 mars)
Bartolomé Esteban Murillo (1617-1682), La Vierge de l'Annonciation
Musée du Prado, Madrid (Espagne)
« O Seigneur, soyez mon unique soutien dans les craintes, les faiblesses, les angoisses : soyez mon confident, mieux, ma confiance. Demeurez le Maître, Hôte divin, qui résidez sur le trône de mon cœur ; à Vous revient la puissance, l'amour, le gouvernement de tout mon être !
Pourquoi me troubler ou craindre encore ? Tout est à Vous, ô Dieu ; c'est Vous-même qui en prenez soin et pourvoyez à mes besoins. Vous êtes l'amour infini et aimez l’œuvre de vos mains, plus qu'elle ne pourrait comprendre et s'aimer elle-même. Qui oserait douter de votre puissance, des soins prévoyants et affectueux que de toute éternité, Vous prodiguez à vos créatures et de la puissance de votre amour ?
Je crois que tout est fait et permis par Vous pour mon bien et mon salut ; je m'abandonne à votre conduite avec confiance et amour, sans angoisse, ni appréhension, ni calculs. »
Bse Marie-Thérèse de Soubiran (1834-1889), Fondatrice de la Congrégation de Marie-Auxiliatrice. Cité in P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, "Intimité Divine" Tome I (Temps de la Passion, 26, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.
A consulter : Écrits Spirituels de Marie-Thérèse de Soubiran, Collection Christus n°56, Desclée de Brouwer, 1985.
« Aujourd'hui, en souvenir de ce jour-là, en souvenir de la procession incomparable et unique, qui se déroulait dans le temple de Dieu, et dans laquelle, Hostie sainte, sur la patène des bras de votre Mère, vous étiez porté au sanctuaire sacro-saint, l’Église bénit les cierges et les sanctifie en cette nouvelle Chandeleur.
[...]
Cierge de Dieu, nous porterons nos cierges bénits, sanctifiés aujourd'hui, dans la procession de Chandeleur ; c'est pour dire que nous aussi, qui les recevons et les désirons porter allumés à la gloire de votre Nom, nous devons être les cierges de Dieu, imitateurs de la clarté, de la chaleur du vôtre, du vôtre qui est Vous-même.
Que nous soyons lumières, que nous soyons ardeurs ; et que nous allions ainsi, nous consumant à votre gloire. Je recevrai, ô Jésus, mon cierge, cierge bénit, figure de votre propre substance. Je vous recevrai dans mes bras et je vous porterai.
Avec Siméon, je pourrai chanter : « Laissez-moi aller maintenant, nunc dimitis, car je vous vois, je vous tiens, je vous porte, je ne désire plus rien que Vous.
O Jésus, faites que, comme ce luminaire, brillant d'une lumière invisible, chasse les ténèbres, ainsi mon cœur illuminé d'un feu invisible par la splendeur de votre Esprit, soit délivré de l'aveuglement de tous les vices.
O Marie, sainte fête ! Oui, sainte fête ; car, nous allons avec vous, portant Jésus, ô Porte du ciel ! Portez devant nous le Roi de gloire, la Lumière nouvelle engendrée dès l'aurore, le Maître de la vie et de la mort, le sauveur du monde. »
Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Noël, Épiphanie (Purification de la Bienheureuse Vierge Marie), Éditions de Maredsous, 1955.
Présentation de Jésus au Temple, Palma le Jeune (Palma il Giovane, v.1548-1628)
Purification de la Sainte Vierge
Présentation du Seigneur au Temple
Cette fête célébrée quarante jours après Noël commémore un double événement qui s'est réellement produit 40 jours après la naissance de l'Enfant Jésus, en observation de la Loi juive :
Ce jour-là, conformément à la Loi :
- Jésus est présenté au Temple par ses parents (comme tous les premiers-nés d'Israël).
- Marie se soumet à une cérémonie de purification.
Nous célébrons donc, en même temps, la purification de la Sainte Vierge et la présentation de Jésus.
« Seigneur Jésus,
Sauveur miséricordieux et compatissant,
Lumière venue dans nos ténèbres,
Samaritain penché sur nos blessures,
Toi qui dis à la veuve de Naïm : « Ne pleure plus »,
Toi qui, plein de bonté, attends le fils prodigue,
Cœur sans rancune qui accueille Pierre le renégat
et Paul le persécuteur inconscient ;
Ami des hommes,
Toi qui te fâches quand on méprise les « petits »,
Toi qui maudis ceux qui les écrasent,
Toi qui pries le Père pour tes bourreaux,
et promets le paradis au larron pénitent ;
Toi qui rends la vue à l'aveugle Bartimée
dont on veut couvrir l'appel éploré,
Cœur pitoyable à toute misère,
Toi qui n'écartes personne,
qui touches les plaies des lépreux,
la langue des muets et l'oreille des sourds ;
Bonté infinie qui exclue toute méchanceté,
Cœur inaccessible à l'égoïsme,
oublieux des injures et toujours disponible,
Tendresse et délicatesse de ceux qui aiment,
Amitié sûre et constante,
Toi qui pleures sur Lazare le bien-aimé,
et sur Jérusalem qui se sent délaissée,
Mets en moi ton Amour, ta bonté, ta douceur,
fais-moi partager tes joies et tes désirs...
Sois en mon cœur, sur mes lèvres et dans mon regard.
Écoute ma prière, mon Dieu, Lumière de mes yeux !
Fais-moi tel que Tu aimes que je sois.
Je n'ai d'espoir qu'en ton Cœur. »
Prière d'un auteur anonyme du Moyen-Age,
in "Neuvaine perpétuelle au Sacré-Cœur" Avent/Noël 2015, Bourges, 2015.
Le Christ guérissant les malades, Benjamin West (1738-1820)
State Museum, Pennsylvanie (USA)