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  • Méditation - Silence et recueillement

    « Il faut passer par le désert, et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu : c'est là qu'on se vide, qu'on chasse de soi tout ce qui n'est pas Dieu et qu'on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul... Les Hébreux ont passé par le désert, Moïse y a vécu avant de recevoir sa mission, saint Paul au sortir de Damas a été passer trois ans en Arabie, [...] saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, se sont préparés au désert... C'est indispensable... C'est un temps de grâce... C'est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer... Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé au milieu desquels Dieu établit en elle son règne et forme en elle l'esprit intérieur... La vie intime avec Dieu...

    La conversation de l'âme avec Dieu dans la foi, l'espérance et la charité... Plus tard l'âme produira des fruits exactement dans la mesure où l'homme intérieur se sera formé en elle... Si cette vie intérieure est nulle, il y aura beau avoir du zèle, de bonnes intentions, beaucoup de travail, les fruits sont nuls ; c'est une source qui voudrait donner la sainteté aux autres mais qui ne peut, ne l'ayant pas ; on ne donne que ce qu'on a et c'est dans la solitude, dans cette vie, seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l'âme qui oublie tout le créé pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à Lui... Donnez-vous tout entier à Lui seul, [...] et Il se donnera tout entier à vous.

    En cela ne craigniez pas d'être infidèle à vos devoirs envers les créatures ; c'est au contraire le seul moyen pour vous de les servir efficacement : regardez saint Paul, saint Benoît, saint Patrice, saint Grégoire le Grand, tant d'autres ; quel long temps de recueillement et de silence ! Montez plus haut : regardez saint Jean Baptiste, regardez Notre Seigneur... Notre Seigneur n'en avait pas besoin mais Il a voulu nous donner l'exemple... Rendez à Dieu ce qui est à Dieu... »

    Bx Charles de Foucauld, extrait d'une Lettre à Henri de Castries, 19 mai 1898.
    L'expérience de Dieu avec Charles de Foucauld, Introduction et textes choisis par Marcel Nadeau, Fides, 2004.

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  • Méditation - Les leçons de Noël

    « Regardez le dénuement du Verbe ; Celui qui est la parole se tait : in-fans. Nous voilà plongés dans l'anonymat d'une vie ignorée de tous, mais cet enfant qui vagit doucement, c'est Lui qui gouverne le monde, c'est Lui qui maîtrise les étoiles. Dieu voile sa grandeur sous les dehors les plus ordinaires ; ainsi en sera-t-il à Nazareth pendant les trente ans de vie cachée. Pourquoi nous-mêmes nous offusquer lorsque les autres font peu de cas de notre personne ? Il devrait nous suffire d'être des porteurs de Dieu, et de revivre, dans sa somptuosité, la richesse infinie du mystère.

    Voyez les bergers. Ce ne sont pas les savants et les psychologues que Dieu a conviés aux premières places des banquets des noces, mais des pauvres gens passablement grossiers, qui se disputent parfois au sujet d'une bête de leur troupeau, perdue ou blessée. Seulement ils ont cru à la parole de l'ange : ils ont dévalé les pentes qui menaient à l'étable ; ils ont entendu le concert des Bienheureux, là-haut dans le ciel, sans se croire victimes d'une hypnose collective ! Ils ont cru. Simplement. Ils ont reçu la grâce insigne de voir le Verbe Incarné, le petit corps bien droit et les yeux encore fermés ; ils ont vu Marie, le Miroir de Justice, le silence de Marie, qui est le sommet de l'univers créé. Ils sont devenus des hommes de vie intérieure ; ils sont nos modèles. Ah ! comme je voudrais ressembler aux bergers !

    Voyez les anges. Totalement libres, ils adorent, ils louent, ils chantent l'infinie bonté de Dieu, ils forment sa cour céleste ; ils montrent qu'il n'y a rien d'autre à faire sinon devenir des louanges de gloire ; ils montrent que la suprême humilité est de s'oublier dans l'admiration et de se cacher dans la lumière. Telles sont les leçons de Noël. - N'est-ce pas là la vocation de tout chrétien, et la vôtre en particulier ? Je vous exhorte donc à puiser intensément dans le trésor des grâces de Noël ; vous y trouverez en toute sa profondeur, la vérité de l'esprit filial, la pauvreté des bergers, le silence de Marie, l'exultation des anges. Et comme eux, vous annoncerez avec douceur que la Paix de Dieu descend sur les hommes de bonne volonté. »

    Dom Gérard (1927-2008), Benedictus. Écrits spirituels, Tome I (N°280 - Février 1984. Noël continue), Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2009.

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    (Crédit photo)

  • Méditation - La vie de Jésus en Marie et en chacun de nous

    « Durant neuf mois, le Verbe incarné a été caché dans le sein de Marie. Il y résidait avec la même gloire, la même puissance qu'au ciel, et y régnait souverainement. C'est de toute la création, le lieu le plus cher à son amour et le sanctuaire où la majesté divine a été plus parfaitement honorée. Marie, en laquelle se passent de si grandes choses, peut dire avec vérité à Dieu le Père comme à son Fils consubstantiel : « Tout ce qui est à vous est à moi, et tout ce qui est à moi est à vous ! » Comme Dieu a comblé le Verbe incarné de dons éminents faits à lui seul, de même Jésus-Christ remplit l'âme de sa mère de grâces incommunicables à aucune autre créature. Recevant d'elle sa vie humaine, il lui communique sa vie divine et l'établit par avance mère de toute l'Église. Jésus n'ayant été aimé de personne sur la terre autant que de Marie, conjurez-la de vous donner son coeur pour aimer votre Dieu-Sauveur, et priez-la d'être votre interprète pour remercier sa divine majesté de toutes les grâces qu'il vous a faites et surtout de vous avoir appelé à la communion fréquente.

    Par la communion fréquente, Jésus habite en vous d'une manière qui a quelque rapport à sa vie dans le sein de Marie, seulement elle est accidentelle et passagère. Mais les grâces que sa présence vous apporte demeurent pour que vous les fassiez valoir par votre coopération. Étudiez donc attentivement la conduite de Marie pendant qu'elle portait Jésus dans son sein : imitez son recueillement, son silence, son application à la présence du Dieu si intimement uni à elle, sa docilité à l'action qu'il lui imprimait. Dégagez-vous des créatures, parce que si la dissipation vous sortait de vous-même où Jésus vit en vous comme en lui-même, vous perdriez les grâces de cette incompréhensible union ! A la communion, Jésus est vraiment votre Dieu-Sauveur, puisqu'il ne se donne à vous que pour procurer efficacement votre salut. Et comme toutes les grâces qu'a reçues Marie venaient de sa proximité avec le Verbe incarné, demandez à Jésus que votre cœur soit un petit temple toujours cher à son amour, et pour le lui rendre agréable, tâchez de ne mettre jamais d'obstacle aux grâces qui vous seront communiquées par l'adorable Eucharistie. »

    [P. Eusèbe Godfroy s.j. (1817-1889), publié par la Comtesse Hyacinthe d'Hoffelize], La vie de N.-S. Jésus-Christ méditée pour tous les jours de l'année... (3ème semaine de l'Avent, Jeudi I & III), par l'auteur des "Avis spirituels", Tome premier, Paris, Charles Douniol, 1868.

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    Crédit photo - The Helper in Childbirth

  • Méditation - Du recueillement à l'église

    « Quand vous entrez dans l'église pour y prier ou chanter, laissez à l'entrée le tumulte des pensées agitées, oubliez entièrement le soin des choses extérieures afin de pouvoir vous occuper de Dieu seul. Car il ne peut se faire qu'il s'entretienne avec Dieu celui qui, même en gardant le silence, cause avec tout le monde. Appliquez-vous donc à Celui qui s'applique à vous ; écoutez Celui qui vous parle, afin qu'Il vous exauce lorsque vous Lui parlez. Il en sera ainsi, si vous assistez avec le respect et l'attention voulus, au chant des louanges divines, si vous considérez avec application chacune des paroles de la divine Écriture. Je dis ceci, non que je le pratique, mais parce que je voudrais le faire et je me repens de ne l'avoir point fait et je regrette de ne pas le faire. Pour vous, à qui une grâce plus grande a été accordée, par vos désirs et vos ferventes prières, faites incliner vers vous les oreilles miséricordieuses du Seigneur, par vos larmes et par vos soupirs, suppliez-Le tendrement de pardonner vos excès, et, dans ses Œuvres glorifiez-Le et louez-Le en vos cantiques spirituels. »

    St Bernard, Méditations sur la connaissance de la condition humaine (ch. 6), cité in "La louange divine" (chapitre septième, XII), Albi, Imprimerie des Apprentis-Orphelins, 1910.

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    (Saint Dominique)

    « Efforcez-vous à l'avance, si vous le pouvez, de disposer votre cœur à concevoir quelque sentiment de dévotion dès le commencement de l'Office. Si nous sommes si languissants et si tièdes durant les saints Offices, c'est qu'auparavant nous n'avons été animés d'aucune bonne pensée ; et, comme nous sommes entrés froids au chœur, nous en sortons dissipés. Appliquez-vous de suite, en commençant, à porter toute votre attention sur ce que vous chantez et à bannir toutes les vaines imaginations ; autrement c'est à peine si vous pourrez vous soustraire à leur tumulte. »

    St Bonaventure, De l'Institution des Novices (Liv. I, ch. 5), cité in "La louange divine" (chapitre septième, XII), Albi, Imprimerie des Apprentis-Orphelins, 1910.

  • Méditation - Prière pour demander la douceur quotidienne

    « Ô Jésus, très doux agneau, qui ne maudissiez pas ceux qui Vous maudissaient, ne menaciez pas ceux qui Vous injuriaient, qui répondiez avec une divine douceur au cruel mépris dont on Vous couvrait, ou Vous taisiez dans un admirable silence, aidez-moi, afin qu'à votre exemple, je puisse réprimer la colère, embrasser la mansuétude et, armé de patience, souffrir volontiers toute peine, afin d'arriver à jouir avec Vous de l'éternel repos » (Vén. Louis Du Pont).

    « Ô Seigneur, avec votre aide, je veux m'exercer particulièrement à la douceur et à la résignation à votre volonté, moins dans les choses extraordinaires que dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes.
    Dès que je m'apercevrai que la colère s'allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec impétuosité, mais suavité, non avec violence, mais doucement, et je chercherai à rétablir mon cœur dans la paix. Mais, sachant bien que seul je ne pourrai rien faire, je prendrai soin de Vous appeler au secours, comme le firent les Apôtres tourmentés par la tempête et ballotés par la mer en furie. Permettriez-Vous Seigneur, que je Vous invoque en vain ? En ces moments, daignez accourir à mon secours et commander aux passions de se taire, daignez lever votre main bénissante, et il s'ensuivra un grand calme. Enseignez-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m'offensent ou me sont opposés, et jusqu'avec moi-même, ne m'indisposant pas à cause de mes rechutes et de mes défauts. Quand je me retrouverai à terre, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement et dirai : Allons ! mon pauvre cœur, nous voici de nouveau tombé dans cette fosse que nous nous étions proposé si souvent d'éviter. Relevons-nous et quittons-la pour toujours. Recourons à la miséricorde de Dieu, mettons notre espoir en elle et elle nous viendra en aide. Me confiant en Vous, Seigneur, je recommencerai, reprenant le chemin de l'humilité et de la mansuétude » (cfr. St François de Sales). »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome II (15e semaine après l'Octave de la Pentecôte - 10. La Mansuétude Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation - En entrant dans l'église...

    « Voyez un saint entrer dans une église : il entre sans se soucier de ceux qui y sont ; il oublie tout pour ne voir que Notre-Seigneur ; en face du Pape, on ne pense guère aux évêques ou aux cardinaux ; et au ciel les saints ne s'amusent pas à s'honorer les uns les autres. Non, à Dieu seul tout honneur et toute gloire ! Faisons donc ainsi : dans l'église, il n'y a que Notre-Seigneur.

    Après être entrés, restez un moment en repos ; le silence est la plus grande marque de respect ; et la première disposition à la prière, c'est le respect. La plupart de nos sécheresses dans la prière et de nos indévotions viennent de ce que nous avons manqué de respect à Notre-Seigneur en entrant, ou de ce que nous nous tenons irrespectueusement.

    Oh ! prenons donc la résolution inébranlable de ce respect d'instinct ; il n'y a pas besoin de raisonner pour cela. - Est-ce que Notre-Seigneur doit se prouver chaque fois que nous entrons à l'église ; doit-il chaque fois nous envoyer un ange pour nous dire qu'il est là ?

    Certes, ce serait bien malheureux ; mais, hélas ! nécessaire. »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Première Série, La Présence réelle (Dieu est là, III), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1928 (seizième édition).

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  • Méditation - Prière et recueillement

    « La vie intérieure est une chose primordiale... La vie active est la conséquence de la vie intérieure et n'a de valeur que si elle en dépend. On voudrait tout faire le mieux possible, avec perfection. Mais si ce n'est pas relié à la vie intérieure, cela ne sert de rien. Toute la valeur de notre vie et de notre activité relève de la vie intérieure, la vie de l'amour de Dieu et de la Vierge Marie, l'Immaculée, pas de théories ni de douceurs, mais la pratique d'un amour qui consiste dans l'union de notre volonté à la volonté de l'Immaculée.

    Avant tout et par-dessus tout, nous devons approfondir cette vie intérieure. S'il s'agit vraiment de la vie spirituelle, les moyens surnaturels sont nécessaires. La prière, la prière et seulement la prière est nécessaire pour entretenir la vie intérieure et son épanouissement ; le recueillement intérieur est nécessaire.

    Ne soyons pas inquiets pour des choses sans nécessité, mais doucement et dans la paix, essayons de garder le recueillement de l'esprit et d'être prêts à la grâce de Dieu. Voilà pourquoi le silence nous aide. »

    St Maximilien Kolbe (1894-1941, fêté ce jour), Entretiens spirituels inédits, P. Lethielleux, 1974.

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  • Méditation - Marie, modèle de tous les chrétiens

    « Avant tout, vous pratiquerez vous-mêmes les vertus de Marie : la délicatesse de son Cœur immaculé ; le recueillement et l'esprit de prière, dont parle l’Évangile, quand il rappelle par deux fois qu'elle conservait dans son cœur le souvenir des grâces de Dieu et des actions de l'Enfant Jésus (Lc 2, 19 et 51), l'amour de Dieu, humble, ardent et joyeux, qui éclate dans le Magnificat ; l'amour des autres également, de tous les autres, de ses parents, de ses amis, de tous les hommes, cette charité incomparable qui la fait voler au service de sa cousine Élisabeth, dès qu'elle apprend sa prochaine maternité ; qui la rend attentive à la gêne des époux, quand le vin vient à manquer aux noces de Cana ; qui l'unit enfin de façon si douloureuse et si profonde aux souffrances de son divin Fils pour le salut du genre humain. Oui, la très sainte Vierge, dont la condition fut si humble, dont l’Évangile ne rapporte que si peu de chose, dont le silence remplit presque toute la vie, la Sainte Vierge a vu Dieu accomplir en elles les plus grandes choses sans perdre cette étonnante modestie qui remplit d'admiration. Et c'est pourquoi elle reste le modèle de tous les chrétiens. Avec le Sauveur lui-même elle est demeurée cachée à Nazareth, unie à lui dans la douceur et l'humilité, dans l'accomplissement du devoir quotidien et des travaux domestiques, dans la patience et la prière. On ne connaît d'elle aucun miracle, aucune action extraordinaire, mais elle a aimé Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force. C'est là le premier commandement. Et elle a aimé le prochain comme soi-même. « De plus grand que ceux-là il n'est aucun autre commandement. » (Mc 12, 30) »

    Pie XII, RM aux pèlerins de Sainte-Anne-d'Auray, 26 juillet 1954, in "La Vierge Marie dans l'enseignement des Papes" (ch.3), Solesmes, 1981.

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  • Méditation - Les larmes de Pierre

    Pierre s'en prit donc à ses yeux, mais aucune prière ne tomba de ses lèvres. Je lis dans l’Évangile qu'il pleura, mais, nulle part, je ne lis qu'il prononça un mot de prière ; je vois couler ses larmes, mais je n'entends pas l'aveu de sa faute. Oui, Pierre a pleuré et il s'est tû : c'était justice, car, d'ordinaire, ce qu'on pleure ne s'excuse pas, et ce qu'on ne peut excuser peut se pardonner. Les larmes effacent la faute que la honte empêche d'avouer. Pleurer, c'est donc, tout à la fois, venir en aide à la honte et obtenir indulgence : par là, on ne rougit pas à demander son pardon, et on l'obtient en le sollicitant. Oui, les larmes sont une sorte de prière muette : elles ne sollicitent pas le pardon, mais elles le méritent ; elles ne font aucun aveu, et pourtant elles obtiennent miséricorde. En réalité, la prière de larmes est plus efficace que celle de paroles, parce qu'en faisant une prière verbale, on peut se tromper, tandis que jamais on ne se trompe en pleurant. A parler, en effet, il nous est parfois impossible de tout dire, mais toujours nous témoignons entièrement de nos affections par nos pleurs. Aussi Pierre ne fait-il plus usage de sa langue, qui avait proféré le mensonge, qui lui avait fait commettre le péché et perdre la foi ; il a peur qu'on ne croie pas à la profession de foi sortie d'une bouche qui a renié son Dieu : de là sa volonté bien arrêtée de pleurer sa faute, plutôt que d'en faire l'aveu, et de confesser par ses larmes ce que sa langue avait déclaré ne pas connaître. Si je ne me trompe, voici encore pour Pierre un autre motif de garder le silence : demander son pardon sitôt après sa faute, n'était-ce pas une impudence plus capable d'offenser Dieu, que de l'amener à se montrer indulgent ? Celui qui rougit en sollicitant son pardon, n'obtient-il pas ordinairement plus vite la grâce qu'il demande ? Donc, en tout état de faute, mieux vaut pleurer d'abord, puis prier. Nous apprenons ainsi, par cet exemple, à porter remède à nos péchés, et il s'ensuit que si l'Apôtre ne nous a pas fait de mal en reniant son Maître, il nous a fait le plus grand bien par la manière dont il a fait pénitence de son péché.

    Enfin, imitons-le relativement à ce qu'il a dit en une autre occasion. Le Sauveur lui avait, trois fois de suite, adressé cette question : « Simon , m'aimes-tu (3)? » et, chaque fois, il avait répondu : « Seigneur, vous le savez, je vous aime ». Et le Seigneur lui dit : « Pais mes brebis ». La demande et la réponse ont eu lieu trois fois pour réparer le précédent égarement de Pierre. Celui qui, à l'égard de Jésus, avait proféré un triple reniement, prononce maintenant une triple confession, et autant de fois sa faiblesse l'avait entraîné au mal, autant de fois, par ses protestations d'amour, il obtient la grâce du pardon. Voyez donc combien il a été utile à Pierre de verser des larmes : avant de pleurer, il est tombé ; après avoir pleuré, il s'est relevé : avant de pleurer, il est devenu prévaricateur ; après avoir pleuré, il a été choisi comme pasteur du troupeau, il a reçu le pouvoir de gouverner les autres, bien qu'il n'ait pas su, d'abord, se diriger lui-même. Telle fut la grâce que lui accorda Celui qui, avec Dieu le Père et le Saint-Esprit, vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

    1. Gen. III, 9. - 2. Ps XXXIII, 16. - 3. Jean, XXI, 13. - 2. Ibid. 1.

    St Augustin (345-430), extraits du Onzième Sermon sur la chute de Pierre (3-4), in "Œuvres complètes de Saint Augustin" (Suite du Tome XI : sixième série, sermons inédits, troisième Supplément), traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Éditeurs, 1868.
    Source : Abbaye Saint Benoît de Port-Valais - CH 1897 Le Bouveret (VS).

    Voir aussi sur notre site, pour la Fête des Saints Pierre et Paul, apôtres :
    - St Bernard, extraits du Deuxième Sermon pour la Fête des Saints Apôtres Pierre et Paul (5-6)
    - St Augustin, extraits du Neuvième Sermon pour la Fête des Saints Apôtres Pierre et Paul (II)
    - St Bernard, Troisième Sermon pour la Fête des Apôtres Saint Pierre et Saint Paul.

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    Francisco de Zurbarán (1598–1664), Les larmes de Saint Pierre
    El Greco Museum, Tolède (Espagne)

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  • Méditation - Le Saint Sacrifice de la Messe

    « Le sacrifice de la messe est le centre auquel tout se rapporte dans la liturgie. A un certain moment, pendant la messe (et c'est pour quoi le « silence sacré » (1) est alors de rigueur), il y a comme un coup de foudre divin ; aux paroles de la double consécration (qui, fait qu'elle sépare sacramentellement le Corps et le Sang du Seigneur, est un signe à portée réelle de sa mort sur la croix), Jésus se rend présent sur l'autel, en l'état de victime : voilà soudain mystérieusement devant nous, pendant quelques minutes du temps où nous vivons, le sacrifice où il s'est donné pour nous, sa suprême offrande de lui-même au Père, l'acte par lequel il a conquis la grâce rédemptrice pour tous les hommes. A la messe, les fidèles ne sacrifient pas avec le prêtre ; c'est au prêtre seul qu'a été confié, en vertu du sacrement de l'Ordre, le pouvoir de sacrifier (*). Les fidèles tiennent de leur Baptême une autre sorte de pouvoir, la capacité de s'unir au prêtre dans l'offrande de la victime sacrifiée (comme d'être, ainsi que lui, nourris du Corps du Christ après qu'il s'en est nourri dans la communion sacramentelle par laquelle il consomme le sacrifice). Ils agissent alors au titre même de membres visibles ou sacramentellement marqués de l’Église qui, en union avec son Chef, et dans un rite sacré accompli en commun avec lui, offre à Dieu l'Agneau qui porte les péchés du monde. »

    1. De sacra liturgia ["Sacrosantum concilium"], S 30.
    (*) : Le prêtre à l'autel agit in persona Christi, c'est à dire « dans la personne du Christ », ou plus précisément « avec l’autorité et la puissance du Christ ».

    Jacques Maritain (1882-1973), Le Paysan de la Garonne, Desclée de Brouwer, Paris, 1965.

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  • Méditation : A chaque battement de notre coeur

    « Savez-vous l'étrange exercice de piété qui, le premier, m'a été suggéré par ce voisinage, celui que je vais vous demander d'accomplir dès que vous vous trouverez seul à seul en la présence réelle de Jésus, dans une église ? - C'est, dans le silence et la solitude qui envelopperont votre prière, de porter votre main à votre propre poitrine, et devant Dieu, d'y percevoir par le toucher le battement de la vie, de cette vie qui nous juge et nous classe pour jamais. Chaque battement de notre cœur peut être considéré comme un compte qui se fait et se règle - comme un appel de Dieu. Il n'y a pas d'horloge plus éloquente pour nous marquer cette chose sacrée, le temps. Il n'y a pas non plus de signe plus saisissant pour nous signifier la requête intérieure de l’Éternel. Nous tressaillons quand l'heure sonne... notre cœur, lui, nous sonne l'instant qu'on ne retrouve plus, il nous le détermine avec notre propre substance, en nous détruisant solennellement d'un rythme sûr.

    Un choc inattendu, la nuit, à la porte, nous impressionne ; écoutez celui qui se fait, non plus à la porte, mais en vous : on frappe, on appelle, on vient vous chercher dans les ténèbres. La destinée obscure se déroule en Dieu suivant sa grâce et votre liberté - Dieu frappe à chaque battement du cœur - Dieu frappe, que lui répondons-nous ? Que lui avons-nous répondu ?
    [...]
    Combien de fois ce cœur, notre cœur, a-t-il battu pour Dieu ? Combien de fois doit-il battre pour Lui ? »

    Bx Vladimir Ghika (1873-1954), Entretiens spirituels (L'Heure Sainte), Beauchesne, Paris, 1961.

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  • Méditation : « La charité est une grande dame, il faut faire ce qu'elle commande. »

    « Il n'y a pas de retardement pour ce qui est de servir les pauvres. Si à l'heure de votre oraison le matin vous devez aller porter une médecine, allez-y en repos, offrez à Dieu votre action, unissez votre intention à l'oraison qui se fait à la maison ou ailleurs, et allez-vous-en sans inquiétude. Si quand vous serez de retour votre commodité vous permet de faire quelque peu d'oraison ou de lecture spirituelle, à la bonne heure. Il ne vous fait point inquiéter ni croire avoir manqué quand vous la perdrez, car on ne la perd pas quand on la quitte pour un sujet légitime. Et s'il y a un sujet légitime mes chères filles, c'est le service du prochain. Ce n'est point quitter Dieu que de quitter Dieu pour Dieu, c'est-à-dire une œuvre de Dieu pour une autre, ou de plus grande obligation ou de plus grand mérite. Vous quittez l'oraison ou la lecture ou vous perdez le silence pour assister un pauvre, sachez mes filles que faire tout cela c'est servir Dieu. Car voyez-vous, la charité est par-dessus toutes les règles et qu'il faut que toutes se rapportent à celle-là. La charité est une grande dame, il faut faire ce qu'elle commande. »

    St Vincent de Paul (1581-1660), Entretien avec les Filles de la Charité.
    Cité par le Frère Daniel Bourgeois, Homélie.

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  • Méditation : Carême, retraite et vie intérieure

    « Le Carême est par excellence un temps de vie intérieure, puisque c'est le temps où l'âme doit se renfermer dans le désert avec le divin Sauveur ; c'est le temps de la solitude encore plus du cœur que du corps. L'âme pieuse se bâtira une petite solitude au fond de son cœur, comme sainte Catherine de Sienne, et là, habitera et vivra avec Jésus-Christ. Heureuse solitude, heureuse retraite, où l'âme est seule avec son Dieu ! Cette retraite est plus facile qu'on ne pense ; ce n'est pas au dehors de nous, c'est en nous que nous devons chercher et trouver Jésus-Christ. C'est là qu'il réside avec délices. Pour trouver ce divin Époux, il faut entrer en soi-même par la pensée et y rester surtout par les affections ; y demeurer par l'attention douce, paisible et quelquefois silencieuse à la présence de Jésus-Christ en nous. Et puis, quand on a établi le bon Maître au dedans du coeur, lui dire souvent : Regardez-moi, Seigneur, dans votre miséricorde. Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Parlez, votre servante vous écoute. En tout, recourir au divin oracle qui est dans le propitiatoire de l'âme.

    Jésus-Christ se retire dans les âmes fidèles comme dans un désert pour y passer ces quarante jours. Soyez avec lui au fond de votre cœur pour l'écouter, le regarder, lui parler. Rentrez souvent dans cette solitude intérieure pour y adorer votre divin Maître qui vous attend pour vous parler cœur à cœur. Écoutez-le, faites silence ; et que cette parole vous unisse à lui. Regardez-le souvent ; ce regard sera tantôt de confiance, tantôt de consolation, à la vue de votre misère qui ne l'éloigne pas de vous ; tantôt un regard de reconnaissance et d'amour, un regard d'abandon. Dites-lui : Mon bon Maître, je suis faible, sèche, mais n'importe, la disposition de mon cœur, ma volonté ne change pas, elle est à vous, toute à vous. C'est vers cette vie intérieure qu'il faut vous diriger pendant ce Carême, mais ce travail doit être calme ; déclarez la guerre à la nature, toujours avec l'aide de Dieu souvent invoqué, et sa grâce qui établit l'âme dans la paix. »

    Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (CXIV), Seconde édition, Nancy, 1863.

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  • Méditation : les bruits du monde

    « Le monde est bavard et bruyant. Tout ce qui est creux est sonore. Le monde est creux ; son esprit, c'est la vanité, le semblant, le rêve, le mensonge, la frivolité, la bagatelle, les riens, le rien. De là le flux, la multiplicité et le prodigieux tumulte de ses paroles allant dans tous les sens, et souvent se contredisant. Les chrétiens naissent du Verbe, mais d'un Verbe que l'oreille de l'homme n'entend pas ; d'un Verbe spirituel et qui n'enfante que dans le silence. Supposé l'esprit de silence envahissant la terre, l'esprit du monde en serait soudainement banni, et Dieu y aurait facilement son règne. Comme l'évangélisation des hommes par le Christ provient de ce silence où il est resté plongé trente ans, c'est dans le mystère de Nazareth que les apôtres chrétiens doivent venir puiser leurs discours. »

    Mgr Charles Gay (1814-1891), Élévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ Tome II (XXIIIe élévation), Oudin Frères, Poitiers - Paris, 1879.

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  • Méditation : La prière silencieuse

    « Nous avons besoin de trouver Dieu, et ce n'est ni dans l'agitation ni dans le bruit que nous le pourrons. Dieu est l'ami du silence. Dans quel silence croissent les arbres, les fleurs et l'herbe ! Dans quel silence se meuvent les étoiles, la lune et le soleil ! N'est-ce pas notre mission de donner Dieu aux pauvres des taudis ? Non pas un Dieu mort, mais un Dieu vivant et aimant. Plus nous recevons dans la prière silencieuse, plus nous pouvons donner dans notre vie active. Nous avons besoin de silence pour être capables de toucher les âmes. L'essentiel n'est pas ce que nous disons, mais ce que Dieu nous dit et dit à travers nous. Toutes nos paroles seront vaines tant qu'elles ne viendront pas du plus intime, les paroles qui ne transmettent pas la lumière du Christ accroissent les ténèbres. »

    Bse Teresa de Calcutta (1910-1997), La Joie du don ("Something beautiful for God"), Éditions du Seuil, Paris, 1975.

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  • Méditation : Avons-nous "bon caractère" (2) ?

    (Suite de la méditation d'hier, mercredi 16 décembre)

    « 2° Il ne donne rien à souffrir aux autres. - Pour épargner à son prochain toute souffrance, il veille sur lui-même avec une extrême délicatesse. Pour épargner même aux yeux des spectacles pénibles, il règle sa tenue selon la décence et la propreté, évitant avec un soin égal une malpropreté dégoûtante et une recherche choquante. Il observe les bienséances de son état, et, dans sa démarche comme dans ses relations, il prend garde que rien ne rabaisse la dignité de sa condition. Cependant, il n'a rien qui sente la pose ou la morgue ; en lui rien n'éloigne ; les petites gens l'abordent sans peine. Fidèle aux convenances, il fait les visites ou il écrit les lettres dont les circonstances lui font un devoir ; mais il ne s'y rend point à charge par des indiscrétions, pas plus qu'il n'y use de termes choquants. Il ne fatigue point par la multiplicité de ses paroles ; jamais encombrant dans la conversation, il ne coupe la parole à personne, il ne fait point éclater sa voix, il parle à son tour, et il ne paraît point incommodé d'avoir à garder le silence. Ses propos ne sont point violents ; si la douceur n'est point chez lui un don de nature, il la pratique par vertu ; même quand il est le plus ému, il s'exprime avec mesure. Il retient sur ses lèvres les paroles piquantes, les reproches amers, les critiques acerbes. Il serait inconsolable d'avoir versé dans un cœur une seule goutte de fiel. Et s'il lui semble qu'il a causé du chagrin, il s'empresse, par de discrètes réparations, de guérir les plaies qu'il aurait faites. Lorsqu'il est dépositaire de quelque autorité, il n'est point hautain avec ses subordonnés ; il prie plutôt qu'il ne commande. A-t-il à reprendre des inférieurs, il ne le fait point d'une façon mordante ; il ne relève pas même toutes les fautes qu'il déplore, parce qu'il sait que les avis trop fréquents des supérieurs sont douloureux à porter, brisent les volontés au lieu de les soutenir. Ce n'est point qu'il recule jamais devant un devoir à accomplir, mais il s'en acquitte avec tant de tact qu'il conduit les hommes sans les froisser. Il observe la même retenue avec les absents. Il prend leurs intérêts comme s'ils étaient là pour les défendre eux-mêmes. Il ne commet point cette lâcheté de révéler leurs fautes et leurs faiblesses ; il ne voudrait pas que l'écho même le plus affaibli de ses critiques vint leur causer le plus léger chagrin. Chacun se sent à l'abri près du bon caractère : voilà pourquoi on l'aime et on le recherche. »

    (Suite et fin demain)

    J. Guibert, Retraite spirituelle, Treizième méditation (III), Paris, Librairie Vve Ch. Poussielgue, 1909.

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  • Méditation - Prière pour l'Avent

    « O mon Jésus, vous m'invitez, en cet Avent, à un plus grand recueillement, à un plus grand silence intérieur et extérieur pour écouter votre voix, pour me préparer à votre venue. Daignez donc faire taire en moi le bavardage continuel des choses vaines, les voix discordantes de la nature, de l'amour-propre, de la susceptibilité, le babillage distrayant de l'imagination, de la fantaisie, des pensées, des préoccupations inutiles.
    Je le reconnais, mon esprit et mon cœur ressemblent souvent à une mer déchaînée où les lames déferlent sans discontinuer avec un bruit assourdissant ; et cependant, si Vous le voulez, un signe de votre part suffira pour faire revenir le calme, pour faire taire toutes choses.
    Certes, Vous me faites comprendre que le silence intérieur exige le détachement de soi-même et des créatures, commande la mortification tant interne qu'externe. Oui, pour votre amour, je veux mortifier ma curiosité tant des yeux, que de l'ouïe, des pensées, de l'imagination.
    Je veux aussi faire taire mes passions ; je me propose, à cette fin, de mortifier mon corps avec une plus grande générosité.
    O Verbe éternel, mon Sauveur, attirez à Vous toutes mes puissances, fixez en Vous mon regard intérieur, afin que je puisse ne chercher et n'écouter que Vous seul, Parole éternelle de mon Dieu éternel ! »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (2e semaine de l'Avent, 8, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous tenez de Dieu ? » (1 Co VI, 19)

    « Dans le baptême, j'ai reçu une consécration solennelle qui m'a fait devenir le temple de l'adorable Trinité : je dois donc examiner si le Seigneur est honoré et servi dans ce temple comme il mérite de l'être. Un temple est un lieu saint, parce qu'il est consacré à Dieu ; il doit être un lieu de silence et de recueillement, par respect pour la divine Majesté qui l'habite ; il doit être un lieu de prières et de louanges où le Seigneur soit constamment honoré ; enfin ce temple doit avoir son autel et ses sacrifices. Mon corps est aussi le temple de Dieu ; ai-je soin de le conserver dans une pureté parfaite ? Mon âme est-elle une demeure où Dieu habite avec complaisance ? Tout en elle est-il saint ? ses pensées, ses désirs, ses sentiments, sont-ils dignes de Dieu ? Est-elle habituellement recueillie pour écouter la voix de l'Esprit-Saint ? De mon cœur, de cet autel sur lequel brûle l'encens de la prière, s'élève-t-il aussi souvent la flamme des holocaustes ? Suis-je fidèle à y offrir les sacrifices que le Seigneur attend de moi ? O mon adorable Jésus, rendez-moi attentive aux inspirations de votre grâce, fidèle à accomplir votre volonté, généreuse à vous sacrifier par amour mes inclinations terrestres, digne en un mot d'être votre temple et de vous offrir, dans mon cœur, un lieu de délices et de repos !

    Quelles actions de grâces pourrai-je jamais assez vous rendre, ô mon Jésus, de ce que vous avez daigné fixer votre demeure sur la terre et consacrer nos cœurs comme des sanctuaires où vous vous plaisez à habiter ! Que ne puis-je me rendre digne d'une telle faveur par la rénovation que je vous fais, ô mon Dieu, des promesses de mon baptême et de la consécration de mon âme, de mon corps et de mon cœur ! Rendez-moi ce que je dois être, afin de trouver une place dans ce temple éternel, où vous devez être loué, adoré et aimé pendant toute l'éternité. »

    Abbé Charles Michel Alexandre de Brandt S.A.D. (1812-1903), Méditations pour tous les jours et fêtes de l'année selon la méthode de saint Ignace, Tome 5 (La dédicace des églises), Neuvième édition, Périsse Frères, Paris - Lyon, 1860.

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  • Méditation : De la garde de notre langue

    « La langue, comme dit l'Apôtre S. Jacques, est un mal que l'on ne peut retenir, elle est pleine d'un venin mortel, elle a porté la guerre parmi plusieurs qui jouissaient de la paix. La langue est comme la main, qui donne la vie et la mort. Que chacun soit donc prompt à écouter, et lent à parler : en sorte qu'avant que d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose ou pour répondre, on fasse réflexion sur une de ces trois choses, ou s'il est à propos de parler, ou si Dieu en sera glorifié, ou si ceux qui nous écoutent y trouveront la paix. Le Sage dit que le cœur des insensés est dans leur bouche, et que la bouche des sages est dans leur cœur (Eccl. 21). C'est pourquoi, que celui qui désire d'être estimé sage aux yeux des hommes pour la gloire de Dieu, s'abstienne de parler beaucoup, et qu'il ne mêle rien dans ses discours qui mérite d'être repris. Car celui qui ne fait point de faute en parlant, dit l'Apôtre S. Jacques, est un homme parfait (Jac. 30).

    Qu'il prenne aussi bien garde de ne pas blesser ou de ne pas troubler personne par ses paroles, de peur qu'elles ne soient plutôt des verges que des paroles. Qu'il ait perpétuellement le mensonge en horreur. Qu'il ne sorte jamais des bornes de la justice et de la vérité, lorsqu'il loue ou qu'il blâme quelqu'un, parce que l'un et l'autre est également dangereux ; car si l'excès des louanges fait passer celui qui les donne pour flatteur, le blâme excessif le fait estimer envieux et téméraire. Qu'il évite les paroles piquantes aussi bien quand il corrige que quand il instruit, et que ses discours soient toujours accompagnés de modération et de douceur. Qu'il soit concis, circonspect, véritable, et modeste dans ses paroles. Qu'il s'accoutume à traiter avec respect ceux qui sont présents, et à dire du bien des absents. Qu'il ne s'emporte point en des plaintes et en des querelles. Qu'il cède autant qu'il est possible au sentiment des autres, et qu'il ne s'y oppose que par son silence, si le devoir de la charité fraternelle ne l'oblige de les instruire. Enfin qu'il mette en oubli toutes les choses qui méritent d'être oubliées, de même que s'il ne les avaient jamais sues. »

    Jean Tauler (v.1300-1361), Les Institutions de Thaulère (Chap. XXVII), Traduction nouvelle, Troisième édition, A Paris, Chez Guillaume Desprez, 1681 (1ère éd. française chez Jacques Rezé, Paris, 1598).

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     Dessin de Norman Rockwell, "The Gossips", 1948.

  • Méditation : Jésus-Hostie, ma lumière

    « Jésus-Eucharistie, ma lumière.
    Oui, il est la grande lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde ; - qui illumine les âmes qui veulent le suivre ; il est leur soleil intérieur. - Oh ! ce n'est qu'aux pieds de Jésus-Hostie que les saints trouvaient ces grandes vérités, ces rayons de clarté, cette science de Dieu, si précieuse et si rare !
    Jésus en l'Eucharistie est toujours le bon Maître qui instruit l'âme fidèle, lui révèle avec douceur sa misère et son néant ; - lui montre la vérité sans discussion, sans nuage, sans effort ; - lui manifeste avec amour sa sainte volonté, son bon plaisir sur elle. - Oh ! comme cette parole intérieure pénètre le plus intime de l'âme ! comme l'âme est délicieusement saisie de la beauté de la vérité, de la présence de Jésus, de sa divinité, de sa bonté.
    C'est Madeleine aux pieds de Jésus, éclairée de sa grâce. - c'est saint Jean endormi sur le Cœur de Jésus, y puisant la science, la douceur de la sainte dilection.
    O Jésus, soyez ma lumière, ma nuée lumineuse dans ce désert, mon unique Maître : je n'en veux pas d'autre !
    Soyez mon unique science : hors de vous, tout n'est rien pour moi. Parlez-moi comme aux disciples d'Emmaüs : que mon cœur prenne feu en vous écoutant ! »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, IIIe Série, Quatrième Retraite (Sixième jour, IIIe méditation, I), Paris, Poussielgue Frères, 1873.

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