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solitude - Page 2

  • Méditation : solitude et tendresse...

    « La solitude est comme la peste, elle afflige particulièrement les grandes villes modernes. J'entends par solitude la situation de tous ceux qui sont privés de cette aide et de cette compagnie qui leur serait due, qui leur serait nécessaire, et qui à cause de cela, sont en état de prostration, de souffrance, souvent proches du découragement, et quelquefois du désespoir : personnes âgées, malades, personnes avec un handicap, prisonniers, étrangers.
    La tendresse, c'est l'amour respectueux, délicat, concret, attentif, joyeux. La tendresse, c'est l'amour sensible, ouvert à la réciprocité ; non pas avide, cupide, prétentieux et possessif, mais fort de sa faiblesse, efficace, victorieux, désarmé et désarmant. La tendresse comporte le courage de faire de petits pas et de petits gestes d'affection : un sourire, une parole, un merci, un souhait en temps voulu, une simple phrase "voici ton journal", "je t'ai fait un café".
    En Jésus, Dieu semble se perdre dans le détail, en se cachant volontiers dans les choses minuscules et très simples : celles de prêter attention à une action de peu d'importance, comme celle de donner un verre d'eau à quelqu'un. Jésus est attentif aux choses pour lesquelles nous n'avons pas de temps, nous n'avons pas de calme, nous n'avons pas d'attention.
    Dans notre manière de prier, dans notre manière de rencontrer une personne, de lui serrer la main, dans notre manière de nous intéresser à l'autre, de faire attention à lui, de ne pas passer distraitement à côté des nécessités d'un frère, nous manifestons la gloire de Dieu. »

    Cardinal Carlo Maria Martini, S'ouvrir à la Parole du Christ, Paris, Le Cerf, coll. Foi Vivante, 1995.

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  • Méditation : le don de Dieu

    « Ô Jésus-Eucharistie ! enseignez-moi à prier ; enseignez-moi cette oraison de laquelle l'âme sort lumineuse et transparente comme le cristal.
    Donnez-moi aussi cette sorte d'oraison qui fait vibrer sans bruit votre Coeur, ô Jésus, cette oraison silencieuse en apparence, mais qui, pleine de reconnaissance pour vos bienfaits, fait tressaillir de joie le ciel tout entier. "Pourquoi pousser vers moi de si grandes clameurs ?" disait Dieu à Moïse, et c'est à peine si le prophète ouvrait ses lèvres : mais cette prière fervente, persévérante, s'échappant du coeur, résonnait comme un tonnerre aux oreilles de Dieu. C'est cette oraison que je désire, celle qui fait écho dans vore Coeur, ô mon Dieu, pour revenir ensuite faire vibrer mon âme en lui laissant le sentiment du don de Dieu.
    Ô Seigneur, je veux vous appeler du plus profond de mon âme ; je veux crier vers vous pour vous demander vos trésors : lumières, grâces, vie, feu, amour et toutes les vertus.
    Je veux vivre recueilli, mon Jésus ; je veux la solitude intérieure pour me perdre dans la contemplation de mon Bien-Aimé, et parvenir ainsi à connaître le don de Dieu...
    Pardonnez-moi si j'ai abusé jusqu'ici de vos grâces et de vos faveurs ; je vous le promets, je me consacrerai désormais avec ferveur à l'oraison, et si je n'y puis faire autre chose, je serai du moins heureux de souffrir en votre honneur.
    Ô Marie, vous qui avez, plus qu'aucune créature, reçu le don de Dieu, donnez à vos fils de le recevoir aussi, de l'estimer et de le mettre à profit.
    Amen ! »

    Vénérable Conception Cabrera de Armida ("Conchita" 1862-1937), Devant l'Autel, courts entretiens avec Jésus-Eucharistie (64), Paris, Téqui, 1909.

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    (Crédit photo)

  • Méditation : le Christ toujours présent

    « Vous souvenez-vous de cette belle page où Jésus dit à son Père "qu'Il lui a donné puissance sur toute chair afin qu'Il lui communique la vie éternelle" ? Voilà ce qu'Il veut faire en vous : à toute minute Il veut que vous sortiez de vous, que vous quittiez toute préoccupation, pour vous retirer en cette solitude qu'Il se choisit au fond de votre coeur. Lui, Il est toujours là, encore que vous ne le sentiez pas ; Il vous attend et veut établir avec vous "un admirable commerce", comme nous le chantons dans la belle liturgie, une intimité d'Epoux et d'épouse ; vos infirmités, vos fautes, tout ce qui vous trouble, c'est Lui, par ce contact continuel, qui veut vous en délivrer. N'a-t-Il pas dit : "Je ne suis pas venu pour juger, mais pour sauver." Rien ne doit vous paraître un obstacle pour aller à Lui. Ne tenez pas trop compte si vous êtes enflammée ou découragée ; c'est la loi de l'exil de passer ainsi d'un état à l'autre. Croyez alors que, Lui, Il ne change jamais, qu'en sa bonté Il est toujours penché sur vous pour vous emporter et vous établir en Lui. Si, malgré tout, le vide, la tristesse vous accablent, unissez cette agonie à celle du Maître au jardin des Olives, alors qu'Il disait au Père : "S'il est possible, faites que ce calice s'éloigne de moi."... Je vais vous donner mon "secret" : pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le temple ; c'est saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit l'âme s'habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu'elle porte en elle un petit Ciel où le Dieu d'amour a fixé son séjour. Alors c'est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire, je dirais même qu'il n'y a plus que son corps sur la terre, mais que son âme habite au-delà des nuages et des voiles, en Celui qui est l'Immuable. Ne vous dites pas que ce n'est pas pour vous, que vous êtes trop misérable, car c'est au contraire une raison de plus pour aller à Celui qui sauve. Ce n'est pas en regardant cette misère que nous serons purifiés, mais en regardant Celui qui est toute pureté et sainteté. Saint Paul dit qu'"Il nous a prédestinés pour être conformes à son image". Aux heures qui sont plus douloureuses, pensez que le divin artiste, pour rendre son oeuvre plus belle, se sert de ciseau, et demeurez en paix sous la main qui vous travaille. Ce grand apôtre dont je vous parle, après avoir été ravi au troisième Ciel, sentait son infirmité et il s'en plaignait à Dieu qui lui répondit : "Ma grâce te suffit, car la force se perfectionne dans la faiblesse." Voilà, n'est-ce pas, qui est bien consolant ?... »

    Bse Elisabeth de la Trinité, Lettre à madame Angles [L249 - novembre 1905], in "Oeuvres complètes", Cerf, Paris, 1991.

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  • Méditation : passer par le désert

    « Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c'est là qu'on se vide, qu'on chasse de soi tout ce qui n'est pas Dieu et qu'on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul. Les Hébreux ont passé par le désert, Moïse y a vécu avant de recevoir sa mission, saint Paul, saint Jean Chrysostome se sont aussi préparés au désert... C'est un temps de grâce, c'est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer. Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé, au milieu desquels Dieu établit son règne et forme en elle l'esprit intérieur : la vie intime avec Dieu, la conversation de l'âme avec Dieu dans la foi, l'espérance et la charité. Plus tard l'âme produira des fruits exactement dans la mesure où l'homme intérieur se sera formé en elle (Ep 3,16)...

    On ne donne que ce qu'on a et c'est dans la solitude, dans cette vie seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l'âme qui oublie tout pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à lui. Donnez-vous tout entier à lui seul...et il se donnera tout entier à vous... Regardez saint Paul, saint Benoît, saint Patrice, saint Grégoire le Grand, tant d'autres : quel long temps de recueillement et de silence ! Montez plus haut : regardez saint Jean Baptiste, regardez notre Seigneur. Notre Seigneur n'en avait pas besoin, mais il a voulu nous donner l'exemple. »

    Bx Charles de Foucauld (1858-1916), Lettre au Père Jérôme du 19 mai 1898.

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  • Méditation : L'oraison du matin

    « L'homme qui sort le matin, la conscience mal éveillée, sans s'être pris en main, est la proie du premier journal qu'il lit, du premier étourdi qu'il rencontre, de la première billevesée qui passe. C'est de tout cela, qui est étranger à sa personne, qu'il constitue sa personnalité quotidienne.
    L'homme qui veut être lui-même, avant de sortir de sa solitude, se concentre pour faire oraison, arrête le plan de sa journée et les lignes de son action.
    Le chrétien qui veut être chrétien profite de la première heure du jour, encore pure et libre, pour prendre sa place auprès de Dieu. Quand la lumière est encore neuve, avant de sortir de sa chambre, avant que la vie l'ait envahi de son tumulte, il s'établit dans l'amour de Dieu, à qui il donne simplement sa journée. Dans cette paix que rien ne trouble encore, la prière coule plus claire, les vérités éternelles apparaissent avec plus d'évidence, les dialogues s'organisent, les décisions se fixent. Ce bloc sera impénétrable aux poussières du jour.
    Sans cette aération matinale, la vie chrétienne, la vie fervente, est impossible. Assurément la vie entière doit être une oraison ; mais elle n'est une oraison que si elle est engagée tous les matins réellement dans cette voie.
    Notre vie dépend de l'heure qui suit le réveil matinal. »

    J. Calvet, La trame des jours (ch. II), La Colombe, Paris, 1955.

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  • 31 août : Méditation

    « Les pensées basses qui viennent à l'esprit presque sans relâche, tout ce que le démon nous souffle à l'oreille, tout ce qu'il nous rappelle et nous fait voir et presque toucher, je ne sais comment, par le secours de l'imagination, c'est cela la grande épreuve de la solitude, la religion toute nue, sans consolations, sans toutes ces belles choses dont on la décore quand on la voit de loin et tout à fait de l'extérieur. Mais il n'est dit nulle part dans l'Evangile que ce soit amusant à porter, une croix. On n'oserait se plaindre, mais on se souviendra de cette belle campagne et de ces journées splendides où l'on souffrait dans sa chambre. Par ailleurs, comme un christianisme sans croix serait suspect ! »

    Julien Green (1900-1998), Vers l'invisible - Journal 1958-1967 (6 août 1960), Plon, 1967.

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    Croix du cimetière de Clermont en Belgique (Source photo)

  • 21 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Ne vous étonnez pas, mes frères bien-aimés, de la sublimité de cette prière : c’est Dieu qui en est l’auteur, Dieu qui a résumé en quelques mots tout ce qui peut assurer la paix parmi nous. C’est ce que le prophète Isaïe avait prédit depuis longtemps, lorsque, sous l’inspiration du Saint-Esprit, il parlait de la majesté et de l’amour de Dieu : Sa parole, disait-il, renferme en abrégé toute justice, et il la manifestera en peu de mots à l’univers (Is. I). Car son Verbe, Notre-Seigneur Jésus-Christ, est descendu sur la terre pour nous tous ; il a réuni sous une même loi les savants et les ignorants, et il a donné à tout sexe et à tout âge les leçons du salut. Ce n’est pas assez : il a groupé comme en un faisceau tous ses enseignements, pour ne pas charger la mémoire des fidèles ; mais pour leur apprendre rapidement ce qui est nécessaire à une foi simple et sans étude. Ainsi, quand il voulut nous enseigner ce qu’est la vie éternelle, il exprima ce mystère avec une concision toute divine : "La vie éternelle consiste à vous connaître, vous Dieu unique et véritable, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ" (Jn, XVII). De même, quand il voulut recueillir dans la loi et les prophètes les préceptes essentiels : "Écoute Israël, dit-il, ton Dieu est un Dieu unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton esprit, de toutes tes forces. Dans ces deux préceptes sont renfermés toute la loi et les prophètes" (Mc, XII). Et ailleurs : "Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous-mêmes faites-le pour eux tel est l’enseignement de la loi et des prophètes" (Mt, VII).

    Jésus-Christ nous a appris à prier, non-seulement par ses paroles, mais aussi par ses exemples. Lui-même priait fréquemment, nous montrant ainsi ce que nous devons faire. Jésus, dit le texte sacré, se retirait dans la solitude et il adorait. Nous lisons dans un autre évangéliste : "Il se retira sur une montagne et il passa la nuit à prier". Si Jésus, l’innocence même, priait, à plus forte raison, nous qui sommes pécheurs, devons nous prier. Si Jésus passait toute la nuit en prière, à plus forte raison, devons nous veiller pour nous livrer plus longtemps à ce saint exercice. Or, le Seigneur priait, non pas pour lui, que pouvait-il demander, lui qui était sans tache ? Mais il priait pour nos fautes, comme il le déclara à Pierre, en disant : "Voilà que Satan va vous triturer comme le froment ; mais j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas" (Lc, XII). Ensuite il recommande à son Père tous ses disciples : "Je ne prie pas seulement pour ceux-ci, mais pour tous ceux qui, éclairés par leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. De même que vous, mon Père, vous êtes en moi et que je suis en vous, puissent-ils, eux aussi, ne faire qu’un avec nous" (Jn, XVII). Quelle bonté de la part de notre Dieu ! Non content de nous racheter au prix de tout son sang, il veut encore prier pour nous. Or, voyez quel est le but de sa prière. Comme le Père et le Fils ne sont qu’un, il veut que, nous aussi, nous persévérions dans l’unité. Vous pouvez comprendre par là quelle est la faute de celui qui détruit l’unité et la paix. Le Seigneur a prié pour la conservation de ces liens si précieux parmi son peuple. Il voulait que l’union la plus étroite régnât parmi les fidèles, car il savait bien que la discorde ne peut avoir accès au royaume céleste. »

    Saint Cyprien (v.200-258), Traité sur la prière du Seigneur, Traduction par M. l'abbé Thibaut, Tours, 1869.

    Source : Abbaye Saint-Benoît