Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

source - Page 2

  • Méditation : l'utilité de l'oraison mentale

    « Un chrétien ne devrait mesurer l'utilité d'un exercice, que par le fruit spirituel qui lui en revient. N'est-ce pas une chose déplorable, qu'élevés comme nous le sommes à un état surnaturel, nous ne soyons sensibles qu'à ce qui est naturel, qu'à ce qui regarde le corps ? On juge utile tout ce qui sert au bien de ce corps ; tout ce qui nous procure quelque intérêt temporel ; et on ne forme pas le même jugement de ce qui sert au bien de l'âme, et qui procure l'intérêt éternel. O mon Dieu ! jusques à quand ramperons-nous ainsi dans la poussière ? Ne nous élèverons-nous jamais au-dessus des sens ? Les biens spirituels ne règleront-ils jamais nos jugements ?

    Considérez donc que l'oraison mentale est une source féconde de toute sorte de biens spirituels ; de toutes les connaissances surnaturelles ; de toutes les affections saintes qui naissent de ces connaissances ; de toutes les grâces attachées à la prière. C'est là où on se remplit l'esprit des vérités de la foi, et où l'on apprend à pratiquer toutes les vertus ; là où l'on apprend à connaître Dieu, à le craindre, à l'aimer, à le servir. On apprend à se connaître soi-même, et à se mépriser, à connaître le néant des créatures, et à s'en détacher ; à estimer les biens de la grâce, et à les rechercher. Là on apprend à connaître l'énormité du péché, et à le fuir comme le souverain mal ; la nécessité de la pénitence ; le danger de la différer. C'est là qu'on étudie les leçons et la morale de Jésus-Christ, qu'on travaille à former en soi un esprit et un cœur chrétien. C'est là où l'on reçoit les lumières qui découvrent les perfections de Jésus-Christ, les obligations infinies que nous lui avons, de quelle nécessité il est de lui devenir semblables par l'imitation de ses vertus, etc. C'est dans l'oraison que l'on s'exerce à toutes sortes d'actes de vertus, de foi, d'espérance, d'amour, d'adoration, de louange, d'actions de grâces, d'offrande, de contrition, d'humilité, etc. C'est là où les saintes affections s'excitent et s'enflamment ; et où les saintes résolutions se forment. C'est là où la prière et les demandes sont plus ferventes, et plus efficaces. C'est là où l'on apprend à parler à Dieu, à se tenir en sa présence, à s'unir à lui. En un mot, c'est dans l'oraison où l'on apprend la science des saints, qui renferme tout ce qu'on vient de dire. Et on peut ajouter avec vérité, que ce n'est que là où cette science s'apprend. Qu'on trouve un homme qui ait acquis cette science sans le secours de l'oraison ? Qu'on en trouve un qui avec ce secours n'y ait pas fait de grands progrès ? »

    R.P. Joseph de Gallifet s.j., Sujets de méditations pour une retraite de huit jours Sur la fin de l'homme, et la grande affaire du Salut (Préliminaire, IV), A Lyon, Chez Pierre Valfray, 1734.

    mains_jointes_1a.jpg

  • Méditation : la fontaine d'eau vive

    « Le prophète dit : « Vous qui avez soif, allez à la fontaine » (Is 55, 1). C'est la fontaine de ceux qui ont soif, non de ceux qui sont abreuvés. Elle appelle ceux qui ont faim et soif, qu'ailleurs elle dit bienheureux (Mt 5, 6), eux dont la soif n'est jamais étanchée, et qui ont d'autant plus soif qu'ils se sont déjà abreuvés à la fontaine. Nous devons donc désirer, frères, la fontaine de la sagesse, le Verbe de Dieu dans les hauteurs, nous devons la chercher, nous devons l'aimer. En elle sont cachés, comme le dit l'apôtre Paul, « tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2, 3) et elle invite tous ceux qui ont soif à s'abreuver. Si tu as soif, va boire à la fontaine de vie. Si tu as faim, mange le pain de vie. Bienheureux ceux qui ont faim de ce pain et soif de cette fontaine. Buvant et mangeant sans fin, ils désirent encore boire et manger ; douce est cette nourriture et douce cette boisson. Nous mangeons et nous buvons, mais nous avons encore faim et nous avons encore soif ; notre désir est comblé et nous ne cessons de désirer. C'est pourquoi David, le roi prophète, s'écrie : « Goûtez et voyez comme est doux le Seigneur » (Ps 33, 9). C'est pourquoi, frères, suivons notre appel. La Vie, la fontaine d'eau vive, la fontaine de la vie éternelle, la fontaine de lumière et la source de clarté nous invite elle-même à venir et à boire (Jn 7, 37). Là nous trouvons la sagesse et la vie, la lumière éternelle. Là, buvons l'eau vive, jaillissant pour la vie éternelle (Jn 4, 14). »

    St Colomban, Instruction Spirituelle.

    cerf-altere_1a.jpg

  • Méditation : le Saint Nom de Jésus

    « JÉSUS. Tel est le Nom très saint, le seul Nom en lequel nous puissions être sauvés (1). Chaque fois que je le prononce, avec foi, chaque fois que mon cœur le chante, que tout mon être l'adore, c'est mon Sauveur que j'appelle, c'est à l'Auteur de la vie éternelle que je crie, dirigeant vers Lui, dans cette attente, toutes les énergies de mon être.

    Jésus ! Voilà la Pierre d'angle de l'immense édifice du salut, du temple de ma sainteté.

    Jésus ! Tel est le Nom admirable et saint que j'adore, qui fait exulter le ciel, espérer la terre et trembler l'enfer. C'est le seul devant lequel ma foi s'agenouille, s'incline et se prosterne.

    Jésus ! Ô doux souvenir (2), le seul souvenir qui donne des joies véritables, Jésus ! Nom plus doux que le miel, plus suave que toutes choses quand il s'incarne, pour ainsi dire, et pénètre dans ma pensée.

    Jésus ! Nom en qui le repentir espère, qui est toute bonté pour qui t'implore, si bon pour qui te cherche, et surtout pour qui te trouve. Celui-là seul peut l'exprimer qui l'expérimente.

    Jésus ! Quand ton souvenir me visite et pénètre mon cœur, alors, c'est la Vérité qui l'inonde de lumière, c'est le monde qui lui apparaît en toute sa vanité ; c'est alors l'amour qui brûle dans mon âme devenue fournaise, une fournaise d'amour.

    Jésus ! Nom très doux, espoir de mon âme qui soupire après toi. Regarde mes larmes qui te cherchent, entends le cri poussé des profondeurs de mon être.

    Jésus ! Reste avec moi, ô Lumière ; car la nuit tombe et mon jour est sur son déclin. Délivre-moi de mes ténèbres, ô Jésus, rassure-moi dans ma cécité.

    Jésus ! Je t'ai goûté et je reste affamé. Je t'ai bu comme à la source de Dieu et j'ai toujours soif. Qui t'a goûté, qui s'est enivré de la sorte, ce cœur-là ne peut plus que te désirer.

    Jésus ! Ô Lumière, ô Nourriture, ô Remède céleste ! Je t'adore, Nom descendu du sein paternel, manifesté à Gabriel, révélé à Marie, à Joseph ! Toute sainteté ici-bas, n'est qu'un rayon lointain de ta fulgurance éternelle.

    Jésus ! ô Jésus ! et toujours Jésus !... »

    1. Épitre. - 2. Hymne des Vêpres.

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Noël, Épiphanie (Le très saint Nom de Jésus-Christ), Éditions de Maredsous, Namur, Belgique, 1955.

    jesus_enfant_3a.jpg

  • Méditation : l'Eucharistie, Mystère ineffable

    « Le caractère eschatologique de nos sacrements culmine dans l'Eucharistie : elle contient le corps du Ressuscité, qui a promis de nous ressusciter au dernier jour (Jean VI, 39, 40, 54). Dans la présence eucharistique du Christ glorieux, les premiers chrétiens voyaient spontanément une anticipation de son apparition à la fin des temps.

    Manger ce pain et boire la coupe, c'est manger et boire soi-même, avec le corps et le sang du Sauveur, son grand désir de sauver le monde : « J'ai désiré d'un grand désir manger avec vous cette Pâque avant de souffrir » (Luc XXII, 14).

    On peut deviner que c'est dans les grandes âmes, ouvertes aux choses du ciel et où plus rien, dans le conscient ni dans l'inconscient, ne crée d'entrave à l'influx divin, que se découvriront pleinement les effets des sacrements et que se manifestera la nature des grâces sacramentelles, christotransformantes, versées au monde pour y constituer le corps mystique du Christ. Et cela se produira plus qu'en tout autre rencontre sacramentelle, en la rencontre de la communion eucharistique s'il est vrai qu'elle est par excellence le sacrement de la consommation de la vie spirituelle, de l'unité et du rassemblement de l’Église autour du sacrifice rédempteur.

    [...]

    Les chrétiens qui s'approchent de l'Eucharistie savent qu'elle est un mystère ineffable, que l'image qu'ils se forment de leurs communions, même dans les meilleurs des cas, est misérable, comparée à ce qu'elle laisse inexprimé ; qu'ils doivent se rappeler qu'on ne connaît ici-bas les choses divines qu'en voyant qu'elles sont toujours à découvrir et qu'il faut tenter sans cesse de passer outre : « Cherche à te contenter non de ce que tu comprends de Dieu, disait Jean de la Croix, mais de ce qu'en lui tu ne comprends pas ; ne t'arrête pas à mettre ton amour et tes délices dans ce que tu entends ou sens de lui, mets-les plutôt en ce que de lui tu ne peux ni entendre ni sentir : voilà ce qu'on appelle chercher Dieu dans la foi. » On connaît le poème sur la Source cachée qu'il composa dans son cachot de Tolède :

    Cette source éternelle bien est blottie
    Au pain vivant afin de nous donner vie
           Mais c'est de nuit

    Elle est là criant vers toute créature
    Qui de cette eau s'abreuve mais à l'obscur
           Car c'est de nuit

    Cette source vive à qui tant me convie
    Mon désir, je la vois en ce pain de vie
           Mais c'est de nuit (*) »

    (*) : Trad. Lucien Marie de Saint-Joseph.

    Charles Journet, La Messe, présence du Sacrifice de la Croix (ch. VIII : La Communion, 5), Desclée de Brouwer, Paris, 1958 (2e édition, revue et augmentée).

    Dispute_Saint_Sacrement_Raphael_1.jpg

    Raphaël, La Dispute du Saint-Sacrement, musée du Vatican
    (Source et crédit photo)

  • Carême en ligne 2014 avec Lourdes 11/13 : L'Eucharistie, source et sommet de notre vie

    Le Père Jean-Dominique Dubois, frère franciscain et chapelain du Sanctuaire de Lourdes, anime la retraite spirituelle "Carême en ligne avec Lourdes" délivrée à plusieurs milliers d'inscrits. Aujourd'hui, jeudi 10 avril 2014, il médite sur l'Eucharistie, source et sommet de notre vie. Au programme : un enseignement et une prière de Bernadette. Une vidéo de la série "Carême en ligne avec Lourdes" proposée par le Sanctuaire de Lourdes en lien avec le site internet http://www.lourdes-france.org

  • Méditation : la foi divine, source de toute grâce et de tout bien

    « L'origine de toutes les grâces, de tous les dons et de toutes les vertus théologales est la foi divine : c'est une lumière surnaturelle et le fondement de tout bien. Quiconque veut l'obtenir et être enfant du royaume éternel, doit conduire la nature jusqu'au plus haut point où la nature peut se hausser, c'est-à-dire constater et observer comment Dieu a créé le ciel et la terre par amour et en vue de l'homme, qu'Il a doué l'homme de dons multiples, spirituels et corporels, qu'Il est mort pour le salut de l'homme, qu'Il veut lui pardonner tous ses péchés s'il est disposé à faire pénitence, qu'Il veut lui donner libéralement la charité divine et toutes les vertus, qu'Il veut se donner Lui-même avec tout ce qu'Il est et tout ce qu'Il a pour qu'il en jouisse dans la gloire éternelle, si toutefois l'homme prend sur lui de mettre en Dieu sa confiance et accepte de Le servir librement avec une exacte obéissance. C'est que Dieu a créé toutes choses par un libre effet de sa bonté et de sa munificence, et il est de sa nature de se répandre sans cesse avec ses dons dans le temps et dans l'éternité, d'élever à Lui tous ceux qu'Il a comblés et de les introduire dans une jouissance éternelle : aussi l'homme doit-il accomplir librement toutes ses actions pour l'honneur de Dieu, avec une vraie humilité et une exacte obéissance, sans rien demander ni vouloir en retour qu'il ne plaise à Dieu de lui donner, car Dieu est large et libéral, nul service auprès de Lui ne se perd ou tombe dans l'oubli.
    De cette manière l'homme conduit la nature au point le plus haut où elle puisse se hausser. Alors la nature se voit défaillir et ne peut aller plus avant.
    C'est le moment où Dieu survient avec la lumière surnaturelle et éclaire l'intelligence, de sorte que l'homme conçoit plus de foi et de confiance qu'on ne saurait le décrire ; il considère et contemple le bien éternel qu'il attend, et sans le moindre doute il espère obtenir ce qu'il croit et déjà contemple. De là résulte un amour sensible qui l'unit librement à Dieu.
    Telles sont les trois vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité ; par là le Saint-Esprit vient dans l'âme de l'homme comme une source vive qui s'écoule en sept ruisseaux et ce sont les sept dons divins qui ornent l'âme, l'ordonnent et la perfectionnent pour la vie éternelle. »

    Bx Jean (Jan Van) Ruysbroeck (fêté ce jour), Le royaume des amants (Quatrième part., III, les vertus théologales), in Œuvres choisies trad. J.-A. Bizet, Coll. Les maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, Paris, 1946.

    vertus,théologales,foi,espérance,charité,

    (Source photographique)

  • Méditation : tout à Dieu par Marie

    « Saint Bernard nous recommande de présenter toutes nos offrandes à Dieu par les mains de Marie ; et, quoique ce passage de ses œuvres soient bien connu, je ne puis me dispenser de le citer ici : "Souvenez-vous de confier à Marie tout ce que vous allez offrir, afin que les grâces retournent à la source de toutes grâces par le même canal qui vous les a amenées. Ce n'est point qu'il eût été impossible à Dieu de répandre sa grâce comme il lui aurait plu sans cet aqueduc, mais il a préféré vous donner le secours d'un canal. Car vos mains pleines de présents sont souillées de sang, peut-être, et vous ne les avez pas entièrement purifiées : prenez donc soin, si vous ne voulez pas être repoussés, de donner à Marie le peu que vous allez offrir, afin qu'elle le présente avec ses mains pures et agréables à Dieu. Car ses mains sont semblables aux lis les plus éclatants, et celui qui aime les lis ne saurait repousser comme étranger aux lis ce qui est dans les mains de Marie." Et Lancicius (*) ajoute que nous devrions agir ainsi pour deux raisons : d'abord, parce que Dieu veut que nous recevions ses dons par Marie, afin que par elle aussi nous lui offrions nos dons ; et, en second lieu, parce qu'une offrande faite par ses mains fait voir la grande estime que Dieu a pour elle, et qui est en même temps la source de notre vénération intérieure pour elle et l'origine du culte que nous lui rendons en public. »

    (*) Vénérable P. Nicolas Lancicius (Mikolaj Lanczycki) s.j. (1574-1652), écrivain ascétique originaire de Lituanie, converti du calvinisme, ordonné prêtre en 1601.

    R.P. Frédéric-William Faber, Tout pour Jésus ou Voies faciles de l'Amour divin (ch.V : Richesses de notre pauvreté - De la dévotion à la sainte Vierge), Trad. M. l'Abbé F. de Bernhardt, Ambroise Bray, Paris, Nlle édition, 1855.

    marie-graces-a.jpg

  • Un mois avec Marie - Trentième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    TRENTIÈME JOUR
    Tendresses divines

    mois de marie,notre-dame,fatima,vierge,marie,coeur immaculé,lucie,lucia,françois,francisco,jacinthe,jacintha,cabeço,homme,dieu,créateur,seigneur,providence,amour,tendresse,père,mère,fils,enfant,jésus,christ,coeur,bonté,source,canal,reine de la paix,prière,françois de sales

    L'homme n'est qu'un atome devant Dieu. Qu'un cyclone se déchaîne, une tempête en mer, comme un simple fétu il est emporté corps et biens. Une goutte de sang dans son organisme dévié de son cours normal, et le voilà mort !
    Cet être de néant est cependant l'objet des Tendresses divines les plus touchantes. Il eut pu naître esclave, soumis d'autorité à son Créateur et Seigneur... Mais non, il sera fils de famille, noble, beau, libre dans ses déterminations, à l'image de son Père des Cieux.
    L'Univers sera son palais, où non seulement le nécessaire, l'utile, mais l'agréable et le superflu lui seront donnés avec une prodigalité inouïe. Toutes les voix de la nature chanteront à l'envi l'Amour d'un Dieu épris de sa petite créature. Celles du ruisseau et de la brise, de la fauvette et du rossignol, le bruissement des feuilles agitées par le vent et le bourdonnement de l'insecte. Et le langage silencieux des mousses et du brin d'herbe qui poussent, du lierre qui grimpe, des blés qui ondulent, des fleurs aux brillants coloris, aux parfums enivrants...
    Seul, dans ce concert unanime, l'homme lance la note discordante : il se rebelle contre son Bienfaiteur.
    Le Très-Haut va-t-il le pulvériser ?... Il le chasse du Paradis terrestre, le déclare déchu de ses droits primitifs ; mais... de son Cœur ému d'une pitié sublime, jaillit aussitôt la promesse d'un Sauveur qui sera son propre Fils Unique et d'une Mère incomparable. Nous demeurerons, malgré tout, les enfants adoptifs, ayant droit à l'héritage. Le Christ et la Vierge bénie ne cesseront de répandre sur nous les trésors de leur miséricordieuse Bonté. Signalons-en quelques exemples.
    Que ne devons-nous pas à Marie notre Mère !
    Apparaissant le 19 septembre 1846 à La Salette, elle confie à deux petits bergers : « Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Jamais vous ne pourrez reconnaître les peines que je me donne pour vous ». Elle verse des larmes à la pensée des châtiments mérités par nos ingratitudes et nos innombrables péchés : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils ; il est si lourd, si pesant que je ne puis plus le retenir. » Elle le retient encore cependant pendant quatre années. Puis, la guerre de 1870 éclate mais dure peu. Celle de 1914 est abrégée par sa puissante intercession : « La guerre va finir vite », annonce-t-elle le 13 juillet 1917 à Fatima. Afin de conjurer la conflagration mondiale qui débute en 1936 par la persécution religieuse en Espagne, elle multiplie ses avertissements, ses conseils, ses promesses. Et toujours transparaît son ineffable Tendresse.
    La foule (de 70.000 personnes) qui assiste le 13 octobre 1917 au Grand Miracle, est trempée jusqu'aux os par une pluie incessante, dans le bas-fond de la Cova-da-Iria transformé en bourbier. Soudain, dans un ciel dépouillé de nuages, le soleil regagne sa place et reprend son éclat normal. Alors, par une touchante délicatesse de Notre-Dame, chacun a la douce surprise de voir ses vêtements complètement secs.
    Dans la vision multiforme du même jour, le tableau de la Sainte Famille a disparu, et Notre-Seigneur adulte apparaît.
    En son divin Fils, Marie trouve un adorable Complice de ses maternelles Bontés. Ou plutôt, de ces Bontés, le Cœur de Jésus est la Source, et le Cœur de Marie, l'inépuisable Canal.
    Stratagème ineffable ! Obligé de punir la terre où déborde l'iniquité, le Juge suprême nous présente le Cœur Immaculé de sa Mère comme Remède et Port de Salut...
    Ô Cœurs Sacrés de Jésus et de Marie, nous voulons amarrer en Vous la barque de notre vie et, de toutes nos forces, travailler à l'extension par le monde, de votre Règne d'Amour.

    PRIÈRE
    DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

    Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma mère et que je suis votre enfant, que vous êtes très puissante et que je suis un pauvre petit être vil et faible. Je vous supplie, ma très douce Mère, que vous me gouverniez et défendiez dans toutes mes voies et actions.
    Ne me dites pas, gracieuse Vierge, que vous ne pouvez, car votre bien-aimé Fils vous a donné toute puissance !... Ne me dites pas que vous ne devez ; car vous êtes la commune Mère de tous les pauvres humains et singulièrement la mienne.
    Si vous ne pouviez, je vous excuserais, disant : il est vrai qu'elle est ma Mère et me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d'avoir et de pouvoir ! ...
    Si vous n'étiez ma Mère, avec raison je patienterais, disant : Elle est bien riche pour m'assister ; mais, hélas ! n'étant pas ma Mère, elle ne m'aime pas...
    Puis donc, ô très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que vous êtes puissante, comment vous excuserai-je si vous ne me soulagez ?
    Vous voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte d'acquiescer à toutes mes demandes.
    - Pour l'honneur et la gloire de votre Fils, acceptez-moi comme votre enfant, sans avoir égard à mes misères et péchés...
    - Délivrez mon âme et mon corps de tout mal, et me donnez toutes vos vertus, surtout l'humilité !
    Enfin, faites-moi présent de tous les dons, biens et grâces qui plaisent à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit. Ainsi soit-il.


    Ô Marie, Reine de la Paix,
    intercédez pour nous.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Méditation avec Ste Marguerite-Marie

    « Lorsqu'un jour de la Saint-Jean, Marguerite-Marie avait, comme Gertrude, reposé sur le Cœur de Jésus, ce cœur lui était bien apparu comme embrasé d'amour pour chacun d'entre nous. Dans ce moment d'extase où elle s'abandonnait à la force de son amour, Jésus lui avait dit ces mots qui sonnent comme une véritable "déclaration" de Dieu à l'humanité et à chacun d'entre nous :

    "Mon Cœur est passionné d'amour pour les hommes
    et pour toi en particulier."

    [...]
    Pourquoi Jésus manifestait-il ainsi son Cœur aux hommes ? Parce que, les voyant si pauvres d'amour, il voulait les enrichir des "trésors du CŒUR DE DIEU, qui en était la source, lequel il fallait honorer SOUS LA FIGURE DE CE CŒUR DE CHAIR" (1).
    "Il me fit voir, poursuit la sainte,

    Que partout où cette sainte image serait exposée, pour y être honorée,
    il y répandrait ses grâces et bénédictions.
    Et que cette dévotion était comme un dernier effort de son amour
    qui voulait favoriser les hommes, en ces derniers siècles,
    de cette rédemption amoureuse [...]
    pour nous mettre sous la douce liberté de l'empire de son amour,
    lequel il voulait rétablir dans les cœurs
    de tous ceux qui voudraient embrasser cette
    dévotion." (2)


    L'acte de naissance de la fameuse "dévotion au Sacré-Cœur" comporte donc essentiellement le don que Dieu fait à son peuple d'une "sainte image", à laquelle il attache une grâce et une bénédiction toutes spéciales. Cette image, bientôt accueillie dans les églises les plus reculées du monde, deviendra, au fil des ans, le trésor le plus précieux des pauvres. »

    (1) : VO3, 2, 568 ; VO4, 2, 572-573 ; VO5, 2, 478. L, 133.
    (2) : VO3, 2, 568-569 ; VO4, 2, 572-573 ; VO5, 2, 479.

    P. Édouard Glotin, La Bible du Cœur de Jésus (ch. VI), Presses de la Renaissance, Paris, 2007.

    crayon-1685.jpg

    Premier dessin du Sacré-Cœur : "crayon" de 1685 réalisé par Ste Marguerite-Marie

    Histoire de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus

  • Poème - Prière : "Je Te salue, très miséricordieux Coeur de Jésus"

    « Je Te salue, très miséricordieux Coeur de Jésus,
    Source vivante de toutes les grâces,
    Unique abri et notre refuge,
    en Toi je trouve l'éclat de l'espérance.

    Je Te salue, très compatissant Coeur de mon Dieu,
    Insondable, vivante source d'amour,
    D'où jaillit la vie pour l'homme pécheur,
    Ainsi que la source de toute douceur.

    Je Te salue, plaie ouverte du Très Saint Coeur,
    D'où sont sortis les rayons de miséricorde,
    Et d'où il nous est donné de puiser la vie,
    Uniquement avec le vase de la confiance.

    Je Te salue, bonté de Dieu, inconcevable,
    Jamais mesurée, ni approfondie,
    Pleine d'amour et de miséricorde, mais toujours sainte,
    Et cependant Tu es comme une bonne mère qui se penche sur nous.

    Je Te salue, trône de la miséricorde, Agneau de Dieu,
    Toi qui offris Ta vie en sacrifice pour moi,
    Toi devant qui chaque jour mon âme s'abaisse,
    Vivant en une foi profonde. »

    Sainte Faustine, Petit Journal (fin du 4ème cahier, oct. 1937, 1321), Parole et Dialogue, Paris, 2002.

    sainte,Faustine,Kowalska,Coeur,miséricordieux,miséricorde,Jésus,

    Retable de l'Agneau mystique des frères Van Eyck (1432)

  • Méditation : importance de la prière

    « La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète. Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action. La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable...

    Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes. Une attitude authentiquement religieuse évite que l’homme s’érige en juge de Dieu, l’accusant de permettre la misère sans éprouver de la compassion pour ses créatures. Mais celui qui prétend lutter contre Dieu en s’appuyant sur l’intérêt de l’homme, sur qui pourra-t-il compter quand l’action humaine se montrera impuissante ? »

    Benoît XVI, Encyclique "Deus caritas est" (36-37), 25 décembre 2005.

    prayer-a.jpg

  • Méditation : le don des larmes

    « J'entends parler de Vous, Seigneur Jésus, je pense à Vous, je suis en votre présence...
    Je vous offre mes louanges, mes prières, mes oraisons,
    Oh ! alors, en toutes ces circonstances, exaucez-moi !
    Accordez-moi ce que tout mon coeur désire, tout ce que je Vous implore ;
    Accordez-moi des larmes, les larmes qui jaillissent, spontanément, de cette source cachée au tréfonds de moi-même,
    et que votre miséricordieuse bonté veuille bien y créer.
    Je sais la puissance de ces larmes.
    Je sais que vous les écoutez bien plus tôt que les prières elles-mêmes, que les louanges, que les oraisons...
    Je sais qu'elles vous ravissent, qu'elles vous touchent, qu'elles vous émeuvent divinement,
    et que vous ne pouvez en supporter plus longtemps l'invincible séduction.

    Qu'à l'audition de votre seul Nom, ô Jésus, qu'à votre seule pensée, et qu'au seul fait de me rappeler que vous êtes, là, près de moi,
    mes yeux se mouillent,
    ma langue se fige en ma gorge.
    et que je me taise !...
    Oh ! ce silence des larmes qui coulent et coulent, sans plus s'arrêter, devant Votre Face adorable, se mêlant à celles qui découlent d'Elle-même !
    C'est une faveur immense que je sollicite, ainsi, ô mon Dieu ;
    je la comprends, je l'apprécie, je la place au-dessus de tant d'autres grâces ;
    car, elle me révèle que vous m'aimez, que vous ne méprisez pas la voix qui Vous parle, la pensée qui Vous cherche, la louange qui passe sur mes lèvres, et l'oraison qui Vous cherche.
    Saintes larmes de la Face de Jésus, qui pleurez sur moi, venez et que je vous rende, à Lui, pour l'amour de son Amour !... »

    Dom Eugène Vandeur, Les voies à la Fournaise d'Amour - Elévations, Beyaert, Bruges, 1953.

    Christ_Messina_a.jpg

    Antonello da Messina (v.1430-1479) : Le Christ à la colonne (Paris, Musée du Louvre)

  • Méditation : la source d'eau vive

    « Si nous avons soif, ce n'est pas dans les livres que nous devons chercher à nous rassasier ; mais il nous faut aller droit à notre tout adorable fontaine, y coller notre âme et l'y plonger suavement. Cette bien-aimée source nous remplira bientôt, et nous fera tellement surabonder, que des fleuves sortiront de notre âme pour inonder et remplir encore une foule innombrable d'autres âmes, que le divin Maître nous fera arroser et remplir de la même abondance. ce n'est pas nous qui les arroserons et les remplirons, mais celui-là même qui nous aura remplis et qui vivra en nous avec plénitude. Non, ce n'est pas nous qui remplirons ces âmes ; nous n'aurons, en effet, plus rien en nous de nous, puisque l'Esprit de Jésus nous remplira, au point qu'il débordera en nous et qu'il en sortira par fleuves, c'est-à-dire avec surabondance, force, gravité, suavité et sans désordre, mais en entraînant tout.
    Voyez donc, très cher frère, quelle richesse et quelle surabondance dans une âme qui est toute en Jésus, qui met son tout en Jésus, qui est nulle en elle-même et en toutes choses, et qui se retire de toutes choses pour ne vivre que de Jésus et en Jésus ! Laissez-vous donc aller à lui en tout abandon. Délaissez-vous vous-même et toute créature, abandonnez-vous pleinement à Jésus et en Jésus, et il vivra pleinement en vous. »

    Vénérable François Libermann (1802-1852), Lettres spirituelles du vénérable Libermann Tome I, (Lettre LXX à un séminariste, 1er décembre 1837), Paris, Librairie Poussielgue Frères, s.d.

    cascade_14.jpg

  • 25 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique." (Lc 8, 21)

    « Abreuve-toi d'abord à l'Ancien Testament pour boire ensuite au Nouveau. Si tu ne bois pas au premier, tu ne pourras pas t'abreuver au second. Bois au premier pour atténuer ta soif, au second pour l'étancher complètement...  Abreuve-toi à la coupe de l'Ancien Testament et du Nouveau, car dans les deux c'est le Christ que tu bois. Bois le Christ, car il est la vigne (Jn 15,1), il est le rocher qui a fait jaillir l'eau (1Co 10,3), il est la source de la vie (Ps 36,10). Bois le Christ, car il est "le fleuve dont le cours réjouit la cité de Dieu" (Ps 45,5), il est la paix (Ep 2,14), et "de son sein jaillissent des fleuves d'eau vive" (Jn 7,38). Bois le Christ pour t'abreuver du sang de ta rédemption et du Verbe de Dieu. L'Ancien Testament est sa parole, le Nouveau l'est aussi. On boit la Sainte Écriture et on la mange ; alors, dans les veines de l'esprit et dans la vie de l'âme, descend le Verbe éternel. "Ce n'est pas seulement de pain que vit l'homme, mais de toute parole de Dieu" (Dt 8,3  ;Mt 4,4). Abreuve-toi donc de ce Verbe, mais selon l'ordre qui convient. Bois-le d'abord dans l'Ancien Testament, et puis, sans tarder, dans le Nouveau.
    Il dit lui-même, comme s'il avait hâte : "Peuple qui marche dans les ténèbres, regarde cette grande lumière ; toi qui habites un pays de mort, une lumière se lève sur toi" (Is 9,2 LXX). Bois donc sans plus attendre, et une grande lumière t'éclairera ; non pas la lumière quotidienne du jour, du soleil ou de la lune, mais cette lumière qui repousse l'ombre de la mort. »

    Saint Ambroise (v.340-397), Commentaire du Psaume 1, 33 ; CSEL 64, 28-30 (Trad. Orval).

  • 14 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Croix glorieuse

    « Devant le Christ élevé en croix, il nous faut dépasser la représentation que s’en firent les impies, à qui fut destinée la parole de Moïse : Votre vie sera suspendue sous vos yeux, et vous craindrez jour et nuit, sans pouvoir croire à cette vie. Pour nous, accueillons d’un coeur libéré la gloire de la croix qui rayonne sur le monde. Pénétrons d’un regard éclairé par l’Esprit de vérité le sens de la parole du Seigneur annonçant l’imminence de sa Passion : C’est maintenant le jugement du monde, c’est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors. et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tout à moi.

    O admirable puissance de la croix ! O gloire inexprimable de la Passion ! En elle apparaît en pleine lumière le jugement du monde et la victoire du Crucifié ! Oui, Seigneur, tu as tout attiré à toi ! Alors que tu avais tendu les mains tout le jour vers un peuple rebelle, le monde entier comprit qu’il devait rendre gloire à ta majesté. Tu as tout attiré à toi, Seigneur, puisque, le voile du Temple déchiré, le saint des saints devenu béant, la figure a fait place à la réalité, la prophétie à son accomplissement, la Loi à l’Evangile. Tu as tout attiré à toi, Seigneur, puisque la piété de toutes les nations célèbre partout, au vu et au su de tous, le mystère qui jusqu’alors était voilé sous des symboles dans un temple unique de Judée.

    Ta croix, ô Christ, est la source de toutes les bénédictions, la cause de toute grâce. Par elle, les croyants tirent de leur faiblesse la force, du mépris reçu la gloire, et de la mort la vie. Désormais, l’unique offrande de ton corps et de ton sang donne leur achèvement à tous les sacrifices, car tu es, ô Christ, le véritable Agneau de Dieu, toi qui enlèves le péché du monde. L’ensemble des mystères trouve en toi seul son sens plénier : au lieu d’une multitude de victimes, il n’y a plus qu’un unique sacrifice. »

    Saint Léon le Grand (406-461), Sermon pour la Passion, 8 (6-8).

  • 20 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « L'amour est seul suffisant par lui-même. L'amour est seul agréable par lui-même et pour lui-même. L'amour est à soi-même son mérite et sa récompense. Il ne cherche hors de soi, ni raison, ni avantage. J'aime parce que j'aime, j'aime pour aimer. L'amour est une grande chose, si néanmoins il retourne à son principe, s'il remonte à son origine et à sa source, s'il en tire toujours comme de nouvelles eaux pour couler sans cesse. De tous les mouvements de l'âme, l'amour est le seul par lequel la créature raisonnable peut en quelque sorte reconnaître les grâces qu'elle a reçues de son créateur. Par exemple, si Dieu est en colère contre moi, me mettrais-je aussi en colère contre lui ? Nullement. Mais je m'humilierai, je tremblerai devant lui, je lui demanderai pardon. De même s'il me reprend, je ne le reprendrai pas de mon côté, mais je reconnaîtrai qu'il me reprend avec justice. S'il me juge, je ne le jugerai pas, mais je l'adorerai. Lorsqu'il me sauve, il n'exige pas de moi que je le sauve, ni que je le délivre, parce que c'est lui qui délivre et sauve tout le monde. S'il use de l'empire qu'il a sur moi, il faut que je le serve ; s'il me commande quelque chose, il faut que j'obéisse, et non pas que j'exige du Seigneur le même service ou la même obéissance que je lui rends. Quelle différence quand il s'agit de l'amour ! Lorsque Dieu aime, il ne demande autre chose que d'être aimé, parce qu'il n'aime qu'afin d'être aimé, sachant que ceux qui l'aiment deviendront bienheureux par cet amour même. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon sur le Cantique des Cantiques (LXXXIII,4), in "Oeuvres Complètes de Saint Bernard" (Tome IV), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 9 août : Méditation

    « Nous devons créer dans notre vie un espace pour le Sauveur eucharistique. On a le temps pour tant de choses inutiles : la lecture de livres futiles, de magazines, les heures passées dans les cafés ou à bavarder au coin d'une rue (*) - gaspillant en distractions son temps et ses forces. Ne serait-il vraiment pas possible de trouver une heure, le matin, où l'on se rassemble au lieu de se disperser, où l'on puise des forces au lieu de les dissiper, pour faire face aux tâches journalières ? Certes, il faut plus que cette heure. Il faut que de cette heure à la suivante nous vivions de manière à pouvoir y revenir. Il n'est plus permis de se relâcher. Il y a loin de l'autosatisfaction du "bon catholique", qui fait son devoir, qui lit la bonne presse, qui vote bien, etc. mais qui, pour le reste, fait ce qui lui plaît - à une conduite par la main de Dieu et reçue de sa main. »

    (*) : ces lignes ont été écrites avant-guerre... L'on pourrait ajouter aujourd'hui les heures passées devant la télévision... (n.p.)

    Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein, 1891-1942), La Crèche et la Croix, Ad Solem, Genève, 1998.

    Saint_Sacrement_14a.jpg

  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 16ème jour

    Seizième jour : Le Cœur de Jésus ouvert par la lance

    L’un des soldats ouvrit son côté par la lance et aussitôt il en sortit su sang et de l’eau. C’est à dessein que l’évangéliste s’est servi de cette parole. Il n’a pas dit : Il frappa son côté, il le blessa ; mais il l’ouvrit, afin de nous montrer ouverte, en quelque sorte, la porte de la vie, d’où ont coulé les sacrements de l’Eglise, sans lesquels on ne peut entrer dans la vraie vie. Ce sang, qui a été répandu, l’a été pour la rémission des péchés ; cette eau tempère et adoucit ce breuvage salutaire ; on peut à la fois s’y purifier et y boire… C’est pour cela que la première femme a été faite du côté de l’homme pendant son sommeil et qu’elle a été appelée vie et mère des vivants. Ce nom signifiait un grand bienfait, avant le grand mal de la prévarication. Ce second Adam, inclinant la tête, s’endormit sur la croix, afin qu’il lui fût formée une épouse qui sortit de son côté et de son Cœur pendant son sommeil. Quelle est donc cette mort, par laquelle ceux qui sont morts retrouvent la vie ? Quoi de plus pur que ce sang ? Quoi de plus salutaire que cette blessure ?
    Saint Augustin (354-430)

    Exemple : (Dixième Promesse) Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis
    Saint Gérard Majella (1726-1755), grand thaumaturge du XVIIIème siècle et digne disciple de Saint Alphonse de Liguori avait reçu du Cœur miséricordieux de Jésus le don de convertir les plus grands pécheurs. On peut dire qu’il avait une plus grande connaissance de la conscience des autres que de la sienne propre. Il rencontra un jour un pécheur récidif que le respect humain enchaînait à l’enfer et qui ne pensait nullement à changer de vie. Gérard le conduisit dans sa chambre, et là, lui découvrant la noirceur de sa conscience devant un crucifix, il lui dit : Quoi ! tu as le cœur d’offenser ton Dieu de la sorte ! Puis, lui montrant l’image du Sauveur attaché à la croix : Qui a fait ces plaies, ajouta-t-il, sinon toi par tes péchés ! Et quel autre que toi lui a tiré ce sang des veines ? Au même instant, l’on vit le sang jaillir aux plaies des mains, des pieds et du Cœur de Jésus. Le misérable, touché de componction, alla aussitôt se jeter aux pieds du P. Pétrella, lui racontant l’événement avec tous les signes du plus vif repentir, et lui permettant de le publier partout. Les jours de confessions et de communions, Gérard circulait continuellement dans l’église pour détourner du sacrilège ceux qui se trouvaient en état de péché mortel. Les Pères disaient que ce Frère convertissait autant d’âmes que dis missionnaires. Il s’offrait sans cesse à Dieu en victime des péchés du monde. Quand il pressentit que sa fin approchait, il demanda en grâce au Seigneur d’éprouver les peines que Jésus agonisant souffrit sur la croix dans son corps et dans son Cœur. Il fut exaucé. Aussi l’entendait-on gémir et s’écrier : « Je souffre le martyre !... Priez pour moi, disait-il à un prêtre qui était venu le voir ; priez pour moi, car je souffre beaucoup. Je suis dans les plaies de Jésus-Christ, et ses plaies sont en moi : je ressens toutes les peines intérieures et extérieures que Jésus-Christ souffrir dans sa passion. » Ce saint Rédemptoriste mourut en 1753, âgé de vingt-neuf ans.
    (P. S. Omer)

    ☞   La vie de ce Rédemptoriste italien est détaillée sur Wikipédia.

    Page d’histoire :
    Voici un fait arrivé au Canada, en 1872, qui prouve combien le Cœur de Jésus est bon et miséricordieux pour les pécheurs.
    Un homme déjà avancé en âge était demeuré plus de trente ans éloigné des sacrements. A l’indifférence pour ses devoirs religieux, il joignait une aversion et une sorte de haine contre les prêtres. Toujours il cherchait l’occasion d’en dire du mal ou de les tourner en dérision, et et le saint ministère. Depuis bien des années, sa pieuse famille adressait des supplications au ciel, sans obtenir ce qu’elle désirait si ardemment. Une vertueuse parente conçoit un jour le projet de tenter un suprême effort auprès du Cœur de Jésus qu’elle aimait tendrement. Elle court à l’église, fait bénir une image du Sacré-Cœur, retourne toute joyeuse chez elle et cache habilement l’image dans les vêtements du pauvre pécheur. Elle fait ensuite commencer plusieurs neuvaines dans diverses communautés ; puis, quand elle juge que le Cœur du bon Maître est tout à fait gagné, elle mande un prêtre et lui ménage une entrevue avec la brebis égarée qu’elle veut ramener au bercail. Le divin Cœur n’a pas coutume de faire les choses à demi : le triomphe fut complet, miraculeux. Le pécheur, qui, depuis tant d’années, ne pouvait souffrir la vue d’un prêtre, accueille celui-ci avec empressement. Il se confesse avec d’admirables sentiments de repentir et de foi. Depuis, on fut presque obligé de modérer ses pieux désirs et son zèle pour la prière et les œuvres de religion. Quelques jours après sa conversion, quelqu’un se hasarda à parler contre les prêtres en sa présence ; mais ce malheureux visiteur compris bientôt qu’il s’adressait mal et qu’il fallait se taire. La famille est au comble de la joie, et le nouveau converti ne sait comment témoigner sa reconnaissance au Cœur de Jésus qui l’a retiré de l’abîme.

    Bouquet spirituel :
    Jésus fit couler de la plaie de son Cœur son sang précieux pour vivifier et embraser d’amour ses disciples.
    Saint Albert le Grand (1193-1280)

    Un soldat a ouvert le côté de Jésus… et j’y ai trouvé un trésor très précieux… Comme du côté d’Adam sortit Eve son épouse, ainsi du côté de Jésus-Christ a été formée l’Eglise.
    Saint Jean Chrysostome (v.344-407)

    Pratique :
    Remercier le Cœur de Jésus de sa miséricorde pour nous et en général pour tous les pécheurs.

    Oraison jaculatoire :
    Ô très doux Jésus, ne soyez pas pour moi un juge, mais un Sauveur.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.

  • 16 juin : Méditation

    « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Venez à moi vous tous, qui êtes chargés, fatigués, et altérés, dans la voie de ce monde, pleine de travaux, et de misères ; et venez à moi ici, c'est-à-dire à la fontaine, non pas de Jacob, mais du Cœur de ma très digne Mère, là où vous me trouverez, car j'y ai établi ma demeure pour jamais...
    Je l'ai faite pour vous : je l'ai remplie d'une infinité de biens pour vous ; j'y suis pour vous ; j'y suis pour vous découvrir et pour vous distribuer les trésors immenses que j'y ai cachés. J'y suis pour vous rafraîchir, vous fortifier, et vous donner une nouvelle vie, par les eaux vives dont elle regorge. J'y suis pour vous repaître du lait et du miel, et pour vous enivrer du vin qui en découlent : venez donc à moi.

    Vous tous qui avez soif, venez boire des belles et bonnes eaux de notre miraculeuse fontaine : et encore que vous n'ayez pas d'argent, hâtez-vous pourtant, venez et achetez sans argent, du vin et du lait de cette fontaine... Venez au très honorable Cœur de la Reine du Ciel, et vous apprendrez à l'exemple de ce même Cœur, qui a toujours brûlé d'une soif très ardente de la gloire de son Dieu, et qui n'en a jamais eu d'autre, qu'il n'y a point de vrai honneur qu'à suivre la divine Majesté...

    Hâtez-vous, qu'est-ce que vous attendez ? Pourquoi différez-vous un seul moment ? N'est-ce point que vous craignez de faire tort à la Bonté non pareille du très adorable Cœur de Jésus, votre Dieu, et votre Rédempteur, si vous vous adressez à la charité du Cœur de sa Mère ? Mais ne savez-vous pas que Marie n'est rien, n'a rien et ne peut rien, que de Jésus, par Jésus et en Jésus, et que c'est Jésus qui est tout, qui peut tout, et qui fait tout en elle ? Ne savez-vous pas que c'est Jésus qui a fait le Cœur de Marie tel qu'il est ; et qui a voulu en faire une fontaine de lumière, de consolation, et de toutes sortes de grâces, pour tous ceux qui y auront recours dans leurs nécessités ? Ne savez-vous pas que non seulement Jésus est résident et demeurant continuellement dans le Cœur de Marie, mais qu'il est lui-même le Cœur de Marie, le Cœur de son Cœur, et l'Âme de son Âme : et qu'ainsi venir au Cœur de Marie, c'est venir à Jésus ; honorer le Cœur de Marie, c'est honorer Jésus ; invoquer le Cœur de Marie, c'est invoquer Jésus ? »

    Saint Jean Eudes (1601-1680), Le Cœur admirable de la Très-Sacrée Mère de Dieu ou la Dévotion au Très-Saint Coeur de la Bienheureuse Vierge Marie (extraits du ch.V), Caen, Jean Poisson, 1681.

    Coeur_Immacule_de_Marie-1.jpg

  • 13 avril : Méditation

    « Prier, c'est percevoir notre réalité la plus profonde, ce point précis de notre être où, inconsciemment, insensiblement, sans jamais l'avoir vu, nous aboutissons à Dieu, nous nous écoulons en Dieu, nous touchons Dieu ; où, à chaque instant, tandis qu'il ne cesse de nous créer, nous sommes touchés par lui...

    "Je suis loin de toi, alors que toi, douce source
    de tout ce qui est vie,
    ou de tout ce qui fait vivre,
    tu m'as, toi, le prochain le plus proche de moi,
    et que tu m'envoies, ô soleil bien-aimé,
    en mon tréfonds le plus profond
    ton feu dévorant qui transperce tout." (Abbé Guido Gezelle - 1830-1899) ...

    Il s'agit d'apprendre progressivement à s'abandonner en profondeur. Notre projet personnel de prière doit, insensiblement mais sûrement, être relayé par l'action de Dieu en personne et en quelque sorte se perdre en elle. A Dieu maintenant de prendre l'initiative. A nous de le laisser agir. A nous aussi de nous livrer à son action en nous...
    La prière à laquelle il nous invite maintenant est sa prière à lui. Elle est pure grâce. Nous n'avons aucune prise sur elle. Le seul geste qui nous reste est d'ouvrir nos mains et notre coeur, afin que la prière en jaillisse comme un don du Seigneur, là où il veut bien nous la donner. »

    Dom André Louf (1929-2010), Au gré de sa grâce - Propos sur la prière, Desclée de Brouwer, Paris, 1989.

    Jesus-priere-2.jpg