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  • Méditation : le 31 décembre...

    « Le jour d'aujourd'hui parle pour moi ; voilà que nous sommes à la fin de cette année qui s'en va engloutir dans le néant, où tant d'autres se sont abîmées.

    Le temps passe, les années finissent, et nous passons et finissons avec elles ; mais il faut faire de fortes et absolues résolutions, que, si Notre-Seigneur nous donne l'année qui vient, nous l'emploierons mieux que ces autres passées. Cheminons d'un pas nouveau à son service divin et à notre perfection ; prenons donc de grands courages pour travailler tout de bon à la ruine de nous-mêmes, afin que cette année prochaine ne s'aille derechef abîmer dans son gouffre, et que, cependant, nous ne demeurions toujours dans nos imperfections, misères et iniquités. [...]

    Car ce n'est rien de commencer des années, si nous ne commençons de mettre la main à la besogne ; autrement nous serons tout étonnées, que nous verrons le temps couler, et nous avec lui, sans aucun profit pour notre âme. Je désire bien que cela ne soit pas, mais que vous considériez comme le temps s'en va. La figure de ce monde passe ; rien n'y est permanent et durable que la parole de Dieu ; le ciel et la terre, et tout ce qui se trouve en iceux, passe et s'évanouit de nos yeux. Que faire donc, parmi ces vicissitudes ? Ce que dit le bon David : Fais bien et espère en Dieu. Faisons le mieux notre devoir qu'il nous sera possible ; employons le temps que Dieu nous donne, avec grand soin, puis, espérons en sa souveraine miséricorde ; mais souvenons-nous de faire bien, car notre fin s'approche : nous vieillissons et approchons journellement de notre mort, à mesure que nos jours, les mois, les ans s'écoulent, et que tout prend fin. [...] Car, je vous assure, que c'est une sainte et salutaire cogitation que celle de notre fin, qui nous fait opérer plusieurs bonnes œuvres et fuir beaucoup de mal. [...]

    Or sus, commençons donc l'année au nom de Notre-Seigneur mais avec des efficaces résolutions de commencer à le servir fidèlement, selon notre petit pouvoir ; car il ne veut que ce que nous pouvons, mais cela il le veut : soyons soigneuses de le lui donner, faisant bien, puis espérant et nous confiant en son infinie miséricorde. »

    Sainte Jeanne-Françoise de Frémyot de Chantal (1572-1641), Exhortation VI pour le dernier samedi de 1629 (Exhortations pour quelques fêtes et principaux temps de l'année), in "Sa vie et ses œuvres", Tome 2, Œuvres diverses (Petit livret - Questions de sainte de Chantal ; réponses de saint François de Sales - Papiers intimes - Exhortations - Entretiens - Instructions), Paris, E. Plon & Cie, 1875.
    Édition authentique publiée par les soins des religieuses du premier monastère de la Visitation d'Annecy.
    Les 8 volumes peuvent être consultés et/ou téléchargés ici (Bibliothèque Sainte-Geneviève).

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  • Méditation : l'Ascension

    « En montant aux cieux, le Christ ne nous a pas abandonnés. Il a dit de lui-même : "Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde." (Mt 28,20) Il est vraiment "Emmanuel", "Dieu avec nous", selon le nom qui lui est donné avant sa naissance (Mt 1,23). L'Ascension est, non pas un départ, mais une présence plus profonde. Cela se comprend. Dieu est plus proche de nous que nous-mêmes. Il est la source de notre existence et de notre être. Son désir est de faire en nous sa demeure. Dire de Jésus qu'il est dans la gloire de Dieu, c'est dire qu'il est avec nous et en nous.

    Le ciel où est entré le Christ n'est pas seulement pour plus tard. Il est pour maintenant. Nous pouvons vivre avec le Christ et de lui maintenant, grâce à l'Esprit Saint qu'il promet à ses disciples avant de les quitter. Sans déserter notre monde, nous pouvons être chez Dieu avec le Christ. Le ciel ne commence pas quand nous quittons la terre. Il commence quand nous vivons avec le Christ sur la terre. Croire à l'Ascension, c'est vivre les espoirs et les déceptions, le bonheur et la souffrance, le travail et le repos, le mariage et le célibat, la vie personnelle et la vie sociale, avec le Christ qui nous unit au Père dans le Saint-Esprit. Vivre au ciel, c'est prier avec le Christ, être uni à lui par les sacrements en particulier l'Eucharistie, nous accueillir les uns les autres en lui, nous rendre service, nous réconcilier et faire un monde nouveau avec lui. »

    Mgr Raymond Bouchex (25 janvier 1927 - 9 mai 2010), Il est la Résurrection et la Vie - Le Mystère de Pâques, Editions Parole et Silence, Paris, 2006.

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    Ascension de Giotto, v. 1304, Padoue (Italie) - partie haute du tableau

  • 30 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole du semeur (Mc 4, 1-20 - cf Mt 13, 1-23 ; Lc 8, 4-15)
    "Quand il fut à l'écart, ceux de son entourage avec les Douze l'interrogeaient sur les paraboles."

    « Nous devons ici, mes frères, admirer la retenue des apôtres qui désirant beaucoup de faire une question à Jésus-Christ, savent néanmoins prendre leur temps et attendre une occasion propre pour l’interroger. Car ils ne le font point devant tout le monde. Saint Matthieu le donne à entendre, lorsqu’il dit "Ses disciples s’approchant de lui" (Mc IV,13), et le reste. Que ce ne soit pas là une simple conjecture, saint Marc nous en donne la preuve, puisqu’il marque formellement qu’ils s’approchèrent de lui "en particulier". C’est ainsi que ses frères devaient agir, lorsqu’ils le demandaient, et non le faire sortir avec ostentation lorsqu’il était engagé à parler au peuple. Mais admirez encore la tendresse et la charité qu’ils avaient pour tout ce peuple. Ils sont plus en peine de lui que d’eux, et ils en parlent au Sauveur avant que de lui parler d’eux-mêmes. "Pourquoi", lui disent-ils, "leur parlez-vous ainsi en paraboles ?" ils ne disent pas : pourquoi nous parlez-vous en paraboles ? C’est ainsi qu’en plusieurs rencontres ils témoignent beaucoup de tendresse pour ceux qui suivaient Jésus-Christ, comme lorsqu’ils lui dirent : "Renvoyez ce peuple", etc. (Mc VI,27). "Et vous savez qu’ils se sont scandalisés de cette parole." (Mt XV,10). Que leur répond donc ici Jésus-Christ ?

    "Il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais pour eux, il ne leur est pas donné" (11). Il parle de la sorte non pour nous marquer qu’il y eut quelque nécessité fatale, ou quelque discernement de personnes fait au hasard et sans choix. Il veut leur montrer seulement que ce peuple était l’unique cause de tous ses maux : que cette révélation des mystères était l’ouvrage de la grâce du Saint-Esprit, et un don d’en-haut ; mais que ce don n’ôte pas à l’homme la liberté de sa volonté, comme cela devient évident par ce qui suit. Et voyez comment, pour empêcher qu’ils ne tombent, les Juifs dans le désespoir, les disciples dans le relâchement, en se voyant les uns privés, les autres favorisés de ce don, voyez comment Jésus-Christ montre que cela dépend de nous.

    "Car quiconque a déjà, on lui donnera, et il sera comblé de biens ; mais pour celui qui n’a point, on lui ôtera même ce qu’il a" (12). Cette parole, quoiqu’extrêmement obscure, fait voir néanmoins qu’il y a en Dieu une justice ineffable. Il semble que Jésus-Christ dise :

    Si quelqu’un a de l’ardeur et du désir, Dieu lui donnera toutes choses. Mais s’il est froid et sans vigueur, et qu’il ne contribue point de son côté, Dieu non plus ne lui donnera rien :

    "On lui ôtera même", dit Jésus-Christ, "ce qu’il croit avoir" ; non que Dieu le lui ôte en effet, mais c’est qu’il le juge indigne de ses grâces et de ses faveurs.

    Nous agissons nous-mêmes tous les jours de cette façon. Lorsque nous remarquons que quelqu’un nous écoute froidement, et qu’après l’avoir conjuré de s’appliquer à ce que nous lui disons, nous ne gagnons rien sur son esprit, nous nous taisons alors ; parce qu’en continuant de lui parler, nous attirerions sur sa négligence une condamnation encore plus sévère. Lorsqu’au contraire nous voyons un homme qui nous écoute avec ardeur, nous l’encourageons encore davantage, et nous répandons avec joie dans son âme les vérités saintes. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XLV sur Saint Matthieu (1), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Message de Benoît XVI Urbi et Orbi (à Rome et au monde)

    Extrait :

    « "Si nous croyons". Voilà la puissance de la foi ! Dieu a tout fait, il a fait l’impossible : il s’est fait chair. Sa toute-puissance d’amour a réalisé ce qui va au-delà de la compréhension humaine : l’Infini s’est fait enfant, est entré dans l’humanité. Pourtant, ce même Dieu ne peut entrer dans mon coeur si je ne lui ouvre pas la porte. Porta fidei ! La porte de la foi ! Nous pourrions demeurer effrayés devant notre toute puissance à l’envers. Ce pouvoir de l’homme de se fermer à Dieu peut nous faire peur. Mais voilà la réalité qui chasse cette pensée ténébreuse, l’espérance qui vainc la peur : la vérité a germé ! Dieu est né ! « La terre a donné son fruit » (Ps 67, 7). Oui, il y a une terre bonne, une terre saine, libre de tout égoïsme et de toute fermeture.

    Il y a dans le monde, une terre que Dieu a préparée pour venir habiter au milieu de nous. Une demeure pour sa présence dans le monde. Cette terre existe, et aujourd’hui aussi, en 2012, de cette terre a germé la vérité ! Par conséquent, il y a de l’espérance dans le monde, une espérance fiable, même dans les moments et dans les situations plus difficiles. La vérité a germé, portant amour, justice et paix. »

    Source et texte intégral : Zenit.org

  • 25 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous..." (Jn 1, 1-18)

    « Jésus-Christ est né, rendez-lui gloire ! Christ est descendu du ciel, courez vers lui ! Christ est sur la terre, exaltez-le ! "Chantez au Seigneur, terre entière. Joie dans le ciel ; terre, exulte de joie !" (Ps 96,1,11) Du ciel, il vient habiter parmi les hommes ; tressaillez de crainte et de joie : de crainte à cause du péché, de joie à cause de notre espérance. Aujourd'hui les ombres se dissipent et la lumière se lève sur le monde ; comme autrefois dans l'Egypte frappée de ténèbres, aujourd'hui une colonne de feu illumine Israël. Ô peuple qui étais assis dans les ténèbres de l'ignorance, aujourd'hui contemple cette immense lumière de la vraie connaissance car "le monde ancien a disparu, toute chose est nouvelle" (2Co 5,17). La lettre recule, l'esprit triomphe (Rm 7,6) ; la préfiguration passe, la vérité apparaît (Col 2,17). Celui qui nous a donné l'existence veut aussi nous combler de bonheur ; ce bonheur que le péché nous avait fait perdre, l'incarnation du Fils nous le rend... Telle est cette solennité : nous saluons aujourd'hui l'avènement de Dieu parmi les hommes afin que nous puissions, non pas parvenir, mais revenir auprès de Dieu ; afin que nous nous dépouillions du vieil homme et que nous revêtions l'Homme nouveau (Col 3,9) ; afin que, morts en Adam, nous vivions dans le Christ (1Co 15,22)... »

    Saint Grégoire de Nazianze, Sermon 38 pour la Nativité ; PG 36, 311 sq (Trad. coll. Icthus vol.8, Grasset, Paris)

  • 23 novembre : Méditation

    « Occupons-nous des choses de Dieu, pour ne pas nous laisser prendre à celles des hommes, et tels des pèlerins, soupirons vers la patrie et désirons-la sans cesse ; c'est le terme du voyage que souhaitent et désirent les voyageurs, et puisque nous sommes en ce monde des voyageurs et des pèlerins, songeons sans relâche au terme de la route, qui est celui de notre vie ; la fin de notre pèlerinage, c'est l'entrée dans la patrie.[...] Quand on a une belle patrie, on doit l'aimer. Gardons solidement ancrée en nous la certitude que notre vie n'est qu'un voyage : nous ne sommes que des voyageurs, des pèlerins, les hôtes passagers de ce monde ; ne nous attachons pas aux convoitises terrestres, mais emplissons-nous l'esprit des beautés spirituelles et célestes, en chantant avec le Psalmiste : "Mon âme a soif du Dieu vivant ; quand pourrai-je aller contempler la face de Dieu ?" (Ps XLI, 3), et "Mon âme, comme une terre desséchée a soif de toi" (Ps CXLII, 6). Disons encore avec l'Apôtre : "Mon souhait est de m'en aller pour être avec le Christ" (Phil, 23). Nous savons bien que tout le temps que nous passons dans ce corps est un exil loin du Seigneur (II Co V, 6-8), mais tout ce temps, nous devons le passer sous le regard de Dieu. Aussi, fuyant toute paresse et toute tiédeur, appliquons-nous à plaire à l'Omniprésent, afin de passer heureusement, la conscience en paix, dans la béatitude éternelle de notre Père, du présent à l'absent, de la tristesse à la joie, du caduc à l'éternel, du terrestre au céleste, du pays de la mort à celui des vivants, là où nous voyons face à face le Ciel et le Roi des rois à la tête de son Royaume, Notre Seigneur Jésus-Christ à jamais dans la gloire ! Amen. »

    Saint Colomban (563-615), Instruction 8, in "Instructions, Lettres et poèmes", L'Harmattan, 2000.

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  • 12 novembre : Méditation

    « Le chrétien, M.T.C.F., ce n'est pas, comme semble le croire et comme l'affirme tous les jours et sur tous les tons un certain monde contemporain, ce n'est pas un être qui s'isole en lui-même, qui se séquestre dans un oratoire indistinctement fermé à tous les bruits du siècle, et qui, satisfait pourvu qu'il sauve son âme, ne prend aucun souci du mouvement des affaires d'ici-bas. Le chrétien, c'est le contrepied de cela. Le chrétien, c'est un homme public et social par excellence ; son surnom l'indique : il est catholique, ce qui signifie universel. Jésus-Christ, en traçant l'oraison dominicale, a mis ordre à ce qu'aucun des siens ne pût accomplir le premier acte de la religion, qui est la prière, sans se mettre en rapport, selon son degré d'intelligence et selon l'étendue de l'horizon ouvert devant lui, avec tout ce qui peut avancer ou retarder, favoriser ou empêcher le règne de Dieu sur la terre. Et comme assurément les oeuvres de l'homme doivent être coordonnées avec sa prière, il n'est pas un chrétien digne de ce nom qui ne s'emploie activement, dans la mesure de ses forces, à procurer ce règne temporel de Dieu, et à renverser ce qui lui fait obstacle. »

    Cardinal Pie (1815-1880), La vie chrétienne, in Pages choisies Tome II, Alfred Mame et Fils - Librairie Oudin, Paris - Poitiers, 1916.

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  • 7 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple." (Lc 14, 25-33)

    « Les chrétiens ne se distinguent pas des autres hommes par leur pays, ni par leur langue, ni par l'habillement. Car ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n'emploient pas un dialecte spécial, et leur genre de vie n'a rien de singulier. Leur doctrine n'est pas sortie de l'imagination fantaisiste d'esprits excités ; ils ne prônent pas, comme tant d'autres, une doctrine humaine quelconque.
    Ils habitent donc, au gré des circonstances, des cités grecques ou barbares ; ils suivent les usages locaux pour ce qui est des vêtements, de la nourriture, des coutumes. Et cependant, ils témoignent clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais ils y sont comme des gens de passage. Ils prennent part à tout comme des citoyens, mais ils supportent tout comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie une terre étrangère... Ils vivent dans la chair, mais pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais leur cité est dans les cieux (He 11,16). Ils obéissent aux lois établies, mais leur façon de vivre va bien au-delà de la loi.
    Ils aiment tous les hommes, et pourtant tous les persécutent. Ils sont méconnus, condamnés, tués ; et c'est ainsi qu'ils viennent à la vraie vie. Pauvres, ils enrichissent un grand nombre ; manquant de tout, ils surabondent en toutes choses... Insultés, ils bénissent ; outragés, ils honorent les autres... Pour tout dire : ce que l'âme est dans le corps, voilà ce que les chrétiens sont dans le monde. »

    Lettre (ou Apologie) à Diognète (v.200) §5-6 ; PG 2, 1174-1175 (Trad. Orval rev. ; cf. Bréviaire et SC 33 bis).

  • 11 octobre : Méditation

    « Ô Jésus, ô mon Dieu, ô mon tout, ô mon amour, aimez-moi et faites-moi vous aimer ! Toutes mes puissances et surtout mon coeur s'ouvrent comme les fleurs épanouies pour recevoir la céleste rosée. Sur votre croix vous aviez soif d'amour ; et moi aussi j'ai soif de votre amour. Je suis comme la terre desséchée qui crie vers la pluie ; je ne cesserai de crier tant qu'elle ne sera pas venue. Pourquoi m'avez-vous donné un coeur si vous ne voulez pas que je vous aime ? Pourquoi m'ordonnez-vous de vous aimer, de brûler pour vous, si vous n'allumez vous-même le feu ? Pourquoi m'attirez-vous vers vous si vous devez me laisser dans ma langueur ? Bon Maître, ayez pitié de moi, guérissez-moi, prenez-moi, faites de moi une âme sincèrement aimante.
    Je vous le demande au nom de votre Sacré-Coeur, au nom de cet amour crucifié qui vous a arraché des plaintes si déchirantes, à la vue de l'indifférence des hommes. Vous avez tant souffert, vous avez si amèrement gémi de ne pas être aimé ! Eh bien, moi je gémis de ne pas vous aimer : me laisserez-vous plus longtemps dans les larmes de mon impuissance ?
    Très sainte Vierge Marie, ma bonne et tendre mère, venez à mon aide, joignez vos instances aux miennes pour m'obtenir l'amour de votre Fils Jésus. Dites-lui comme à Cana, que "je n'ai plus de vin", le vin du divin amour qui réjouit le Coeur de Dieu et de l'homme : demandez-lui de changer mon eau, ma glace, en vin, en saintes et indéfectibles ardeurs. Si je ne l'aime pas ou si je l'aime trop peu, je ne le glorifierai pas ; mais si je l'aime comme les saints, quel chant de triomphe en son honneur sera toute ma vie !
    Au reste, vous savez bien, ô mon Dieu, que l'objet de mes désirs est le grand amour, le véritable amour, celui qui ne se borne pas à d'éphémères tressaillements de la sensibilité, mais mène infailliblement l'âme jusqu'au sacrifice complet d'elle-même, jusqu'à la recherche et à l'accomplissement intégral de votre sainte volonté. L'amour généreux, l'amour viril, l'amour qui vous demeure fidèle dans la tristesse comme dans la joie, dans la guerre contre les passions comme dans la paix, l'amour qui vise plus à donner, à vous donner qu'à recevoir, voilà celui que j'implore. Donnez-le moi, ô Jésus.
    Oh si j'étais à Paray-le-Monial, dans le sanctuaire de vos apparitions, au pied de l'autel toujours rayonnant de vos splendeurs aux yeux de la foi ! Si j'étais agenouillé sur ces dalles sacrées pour vous faire ma prière d'amour !
    Mais vous êtes ici, dans votre tabernacle, le même, avec le même Coeur et les mêmes mains bénissantes : Seigneur, ouvrez-les, bénissez-moi, créez en moi un coeur tout brûlant de votre amour. Amen ! »

    Abbé Louis Gillot (Supérieur des Chapelains de Paray-le-Monial), L'oraison, sujets développés - Première série : Flammes d'Amour divin, Librairie Charles Diard, Paray-le-Monial, 1896 (2e éd.).

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  • 22 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole du semeur.

    « Dans la parabole du semeur, le Christ nous montre que sa parole s'adresse à tous indistinctement. De même, en effet, que le semeur ne fait aucune distinction entre les terrains, mais sème à tous vents, ainsi le Seigneur ne distingue pas entre le riche et le pauvre, le sage et le sot, le négligent et l'appliqué, le courageux et le lâche, mais il s'adresse à tous.
    - Mais, diras-tu, à quoi bon répandre le grain dans les épines, sur la pierre ou sur le chemin ? - S'il s'agissait d'une semence et d'une terre matérielle, cela n'aurait pas de sens ; mais lorsqu'il s'agit des âmes et de la doctrine, la chose est tout à fait digne d'éloges. On reprocherait avec raison à un cultivateur d'agir ainsi, la pierre ne saurait devenir de la terre, le chemin ne peut ne pas être un chemin et les épines ne pas être des épines. Mais dans le domaine spirituel il n'en va pas de même, la pierre peut devenir une terre fertile, le chemin ne plus être foulé par les passants et devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre au grain de fructifier librement.
    Le Seigneur ne veut pas nous jeter dans le désespoir, mais nous donner une espérance de conversion et nous montrer qu'il est possible de passer des états précédents à celui de la bonne terre. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie 44 sur saint Matthieu (3,4), P.G. 57, Trad. Orval.

  • 27 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Que la semence ait été répandue par les Apôtres ou par les Prophètes, c'est toujours le Christ qui a semé ; car il était dans les Apôtres, quoique d'ailleurs il ait moissonné en personne. Les Apôtres en effet ne pouvaient rien sans lui, tandis que sans eux rien ne lui manque, et il leur disait : "Sans moi vous ne sauriez rien à faire (Jn XV, 5)." Que dit donc le Sauveur en répandant la semence dans la gentilité ? "Le semeur s'en alla semer." Aux Juifs il envoya des moissonneurs ; il vient ici semer hardiment. Pourquoi d'ailleurs aurait-il hésité en voyant tomber sa semence, partie sur le chemin, partie dans des endroits pierreux et partie au milieu des épines ? S'il avait craint de passer par ces terrains ingrats, il ne serait pas arrivé au bon terrain.

    Pourquoi nous occuper encore des Juifs et parler de la paille ? Cherchons seulement à n'être ni un chemin, ni des endroits pierreux ou couverts d'épines, mais une bonne terre. Que notre coeur soit si bien préparé qu'il produise trente, soixante, mille et cent pour un : ces chiffres sont bien différents sans doute ; tous néanmoins ne représentent que du froment. Ne soyons pas un chemin, dans la crainte que la semence, foulée aux pieds par les passants, ne soit emportée par l'ennemi comme par un oiseau rapace. Ne soyons pas un terrain pierreux, dans la crainte que perçant bien vite une couche si légère, la divine semence ne puisse supporter les ardeurs du soleil. Ne soyons pas non plus une terre couverte d'épines, livrés aux passions du siècle, aux sollicitudes d'une vie abandonnée aux vices (Mt XIII, 2-23). Eh ! qu'y a-t-il de plus affreux que ces sollicitudes de la vie qui ne laissent point arriver à la vie ? Qu'y a-t-il de plus misérable que ces soins de la vie qui font perdre la vie ? Qu'y a-t-il de plus infortuné que ces craintes de la mort qui donnent la mort ? Ah ! qu'on arrache ces épines, qu'on prépare le champ, et qu'il reçoive la semence : qu'on parvienne enfin à la moisson avec le désir d'être serré dans le grenier et sans craindre le feu.

    Etabli par le Seigneur ouvrier tel quel dans son champ, nous devions vous rappeler ces vérités, semer, planter, arroser, creuser même autour de certains arbres et y mettre de l'engrais. Notre devoir est de vous donner avec fidélité ; le vôtre, de recevoir fidèlement ; et c'est au Seigneur de nous aider, nous à travailler, vous à croire, tous à souffrir et en même temps à vaincre le monde avec sa grâce. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon CI, 3,4 (Passages détachés sur Saint Luc) in oeuvres complètes de saint Augustin (Tome VI : Sermons première série), traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 11 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Selon la tradition des Pères et l'autorité des saintes Écritures, les renoncements sont au nombre de trois… Le premier concerne ce qui est matériel ; il nous fait mépriser toutes les richesses et les biens du monde. Par le deuxième, nous répudions notre ancienne manière de vivre, avec les vices et les passions de l'âme et de la chair. Par la troisième, nous détachons notre esprit de toutes les réalités présentes et visibles pour ne contempler que les réalités futures et ne désirer que les réalités invisibles. Ces renoncements doivent être observés tous les trois, comme le Seigneur l'a ordonné à Abraham, lorsqu'il lui a dit : "Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père" (Gn 12,1).
    Il a dit en premier lieu : "Quitte ton pays", c'est-à-dire les richesses de la terre. En second lieu : « Quitte ta famille », c'est-à-dire les habitudes et les vices passés qui, en s'attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis par une sorte de parenté. En troisième lieu : "Quitte la maison de ton père", c'est-à-dire tout attachement au monde actuel qui se présente à nos yeux…
    Contemplons, comme le dit l'apôtre Paul, "non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel" (2Co 4,18)… ; "nous, nous sommes citoyens des cieux" (Ph 3,20)… Nous sortirons ainsi de la maison de notre ancien père, celui qui était notre père selon le vieil homme, dès notre naissance, quand "nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres" (Ep 2,3), et nous porterons toute l'attention de notre esprit aux choses célestes… Notre âme s'élèvera alors jusqu'au monde invisible par la méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle. »

    Saint Jean Cassien (v.360-435), Conférences 3, 6-7 ; CSEL 13/2, 73-75 (trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols).

  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 30ème jour

    Trentième jour : Le Ciel

    Nous ne sommes ici-bas que de pauvres exilés ; nous gémissons, nous souffrons dans la vallée des larmes ; notre patrie véritable, c’est le Ciel où nous jouirons de la présence de Dieu et d’un bonheur tel que nos faibles intelligences ne peuvent même pas en saisir la nature. L’apôtre Saint Paul, qui avait été ravi au troisième ciel, confesse son impuissance à nous raconter les merveilles dont il a été, pour un instant, l’heureux témoin : « L’œil n’a point vu, l’oreille n’a point entendu et le cœur de l’homme ne saurait comprendre ce que Dieu réserve à ceux qu’Il aime. »
    A mesure que nous avançons en âge, les vides se fond autour de nous ; nous perdons ceux que nous aimons le mieux, et si Dieu nous laisse longtemps sur la terre, la tristesse, suite inévitable de ces cruelles séparations, envahit notre âme. Nous avons soif de repos, de calme, de consolation et de lumière. Patience, le moment viendra où un jour nouveau se lèvera sur nous ; les portes de la Jérusalem céleste s’ouvriront alors, et nous contempleront notre Dieu face à face ; nous verrons aussi Marie, notre Mère bien-aimée. Pour nous, ses enfants, quel bonheur, quelle gloire d’entourer son trône, de chanter ses louanges, de contempler ses traits, d’écouter sa voix. Puis, au Ciel, nous reverrons nos parents, nos amis qui nous ont précédés dans la patrie, et cette béatitude ne laissera place à aucun désir, tant elle sera complète. Nul ne pourra nous la ravir, les jours succèderont aux jours, les années aux années, les siècles aux siècles et l’éternité ne fera que commencer.

    Exemples. – Saint Augustin avait parlé si souvent à son peuple d’Hippone du royaume des cieux, que lui ayant dit un jour : « Je suppose que Dieu vous promette de vivre cent ans, mille ans même, dans l’abondance de tous les biens de la terre, mais à condition de ne jamais régner avec Lui… » alors un cri s’éleva dans toute l’assemblée : Que tout périsse et que Dieu nous reste !...
    Tels sont les sentiments qui devraient animer tous les chrétiens et nous les retrouvons dans l’âme simple et droite d’un pauvre ouvrier que nous avons connu. Etienne Carrette perdit sa femme lorsque ses enfants étaient encore en bas âge. Après de longues années d’un pénible labeur pour élever sa nombreuse famille, il arriva à une extrême vieillesse sans aucune ressource. Il ne pouvait plus travailler et ses enfants ne venaient à son secours que d’une manière tout à fait insuffisante.
    Presque continuellement malade, seul, abandonné, il paraissait cependant véritablement heureux ; ses traits exprimaient le calme, la joie, et lorsqu’on lui demandait ce dont il avait besoin, il répondait invariablement : « De rien ici-bas, car je ne désire plus que le Ciel. »
    Et cet homme sans instruction parlait alors du bonheur qui l’attendait après sa mort avec une ardeur, une foi, et pourquoi ne pas le dire, avec une éloquence qui laissaient dans l’étonnement les personnes qui le visitaient : « Le Ciel, disait-il, c’est la Patrie, c’est la jouissance de Dieu, c’est là que nous régnerons pendant l’éternité. Moi, si petit, si pauvre, si inconnu, j’entrerai bientôt en possession de ce bonheur et de cette gloire dont nous ne pouvons même pas nous faire une idée.
    « Oh ! que Dieu est bon, répétait-il souvent, d’avoir préparé une si magnifique récompense à ceux qu’Il aime ! »

    Prière du Bienheureux Louis de Grenade. – Nous vous en supplions, ô notre Mère, prenez-nous sous votre protection, et plaidez notre cause devant le tribunal de votre Fils bien-aimé, afin que, lorsqu’Il viendra juger les vivants et les morts, nous soyons délivrés, par votre intercession, de la mort éternelle, et placés à sa droite, en compagnie de tous ceux qui doivent régner avec Lui dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je me consolerai des peines et des chagrins de cette vie par la pensée du Ciel.
    Marie, Porte du Ciel, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.