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tristesse - Page 2

  • Méditation : "Si tu veux que ta conduite soit haute et belle..."

    « C'est en vain, mon frère, que tu cherches ton bonheur dans les faux plaisirs : ils sont, dit saint Augustin, des semences de douleurs et d'amertumes qui fatiguent à n'en pouvoir plus. […]
    Sache le reconnaître : l'état d'effervescence dans lequel nous vivons est meurtrier de la joie. La multiplication insensée des lieux de plaisir, les ravages causés par les vices ne prouvent-ils pas qu'on ne trouve plus la joie dans la vie normale ? On se crée des joies artificielles, des dérivatifs au besoin inné de joie.
    Les plaisirs tranquilles sont méprisés ; on veut des jouissances plus raffinées pour oublier au moins pendant quelques heures, les tristesses de la vie réelle.
    Quitte, mon frère, quitte tous tes désirs pleins d'âpreté. Comprends toute la joie du dépouillement.
    Oh ! Sache te renoncer pour mettre de plus en plus Dieu au principe de toutes tes visées et tes aspirations et tu trouveras le repos pour ton âme.
    Si tu veux que ta conduite soit haute et belle il faut que ton monde intérieur soit baigné dans une atmosphère de sérénité et d'idéal. Conserve tes pensées toujours pures et élevées, écarte toute pensée vulgaire, garde tes désirs et tes sentiments au-dessus du terre à terre, que ta volonté toujours nette et orientée vers le bien, le beau et le vrai maintienne fermement ton intérieur à ce niveau d'idéale beauté. Et cette élévation resplendira dans ta conduite tout entière. »

    Dom Idesbald Van Houtryve, o.s.b. (1886-1964), Dans l'Esprit du Christ (Introduction à La Vie dans la Paix), Abbaye du Mont César – Louvain, L’Édition Universelle, S.A., Bruxelles, 1939.

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    Maurizio Fecchio, Pink carpet - © Maurizio51
    Reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur

  • Méditation : le chemin de la croix

    « Seigneur, la souffrance est la grande loi de ce monde, et, quelques efforts que l'on fasse pour l'oublier, il faut bien comprendre enfin que la vie humaine est souvent un chemin de la croix. Ce que vous y ajoutez pour nos fils n'est pas une augmentation de peines et de douleurs, mais une consolation céleste, un secours tout-puissant, le don d'une sagesse supérieure qui change les stériles souffrances en sacrifices féconds, les tristesses découragées en résignation tranquille et en espérance. Je crois à votre parole. Au lieu de demeurer comme anéanti sous le fardeau de ma croix, j'entreprends de la soulever et de la porter à votre suite, de renoncer à mon sens propre, à mes révoltes, à mes regrets, à mes désirs impuissants, et de marcher avec vous dans cette voie du sacrifice chrétien où vous m'appelez.

    Seigneur, à peine engagé sur le chemin de la croix, j'entends déjà tomber de vos lèvres des paroles d'une pénétrante douceur ; à peine ai-je commencé le sacrifice, et déjà vous m'apportez la consolation ; à peine ai-je entrepris de porter ma croix, et déjà votre main divine en allège le poids et me force de reconnaître « que votre joug est doux et votre fardeau léger ».

    O Jésus ! qui commandez des sacrifices nécessaires, mais qui sans cesse en adoucissez la peine par votre tendre amour ; ô Jésus ! qui commandez le renoncement, mais qui faites trouver à l'âme détachée d'elle-même plus de trésors qu'elle n'en posséda jamais dans ses attaches ; ô Jésus ! qui nous ordonnez de porter la croix de chaque jour si nous voulons vous suivre, mais qui changez cette croix en un joug doux et un fardeau léger ; ô Jésus ! qui vous contentez souvent de la moindre bonne volonté de nos cœurs, et qui récompensez par des consolations surabondantes nos plus faibles efforts, non, je ne vous crains plus ! Je ne m'effraye plus de votre évangile ; je ne tremble plus au seul nom de la croix ! Je sais qu'en elle est le secret des grandes consolations et des vrais soutiens dans ce chemin de la vie, où, quoi qu'on veuille, il faut souffrir. Je m'approche d'elle avec confiance, et, aujourd'hui, en particulier, je viens chercher à ses pieds et dans le souvenir de votre passion des grâces nouvelles de force et de patience. Ne me les refusez pas, ô généreux maître ! et recevez-moi dans votre cortège, parmi ces âmes fidèles qui trouvent en vous suivant au Calvaire la force de profiter de leurs peines, et de changer en richesses inépuisables toutes les amertumes du monde. »

    Abbé Henri Perreyve (1831-1865), Le sacrifice chrétien, in "Élévations Prières et Pensées de l'Abbé Perreyve, recueillies par l'Abbé Peyroux", A la Librairie de l'Art Catholique, Paris, 1917.

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  • Méditation : la Paix chrétienne

    « Dieu Seul est « l'Auteur de toute paix », c'est donc à Lui qu'il faut la demander chaque jour. Si nous comptions sur nous pour cela, nous serions vite détrompés. L'existence de chaque jour est faite de petites complications, de soucis mesquins, de menus devoirs, et si nous ne mettons ordre à ce fatras, nous sommes rapidement débordés et vite l'équilibre moral est rompu. Ceci est encore plus vrai dans les périodes de tristesse ou de maladie. Il y a dans l'épreuve, physique ou morale, lorsqu'elle n'est pas « surnaturalisée », une force dissolvante inouïe ; elle brise l'énergie, ramène à terre notre esprit, aigrit notre caractère et dépouille de toute beauté et de tout charme les objets extérieurs et les faits quotidiens. Elle est la souffrance humaine, seule, et le fardeau est trop lourd pour nos épaules ; nous subissons, dans la révolte ou l'acceptation passive, nos maux et nos angoisses. Peu à peu notre être moral s'amoindrit, nous nous absorbons dans la contemplation de notre souffrance, et l'épreuve passe sur nous, stérile, nous laissant ensuite plus faibles et moins proches de Dieu.

    Que faut-il donc faire pour conserver, en dépit de la douleur, cette paix productrice de tout bien ? Prier d'abord, demander chaque jour à Dieu de nous garder paisibles et de nous donner la joie que rien ne détruit. Chercher sa grâce dans le Sacrement où Il la donne si généreusement : dans l'Eucharistie. Puis, mettre de l'ordre dans ses occupations, dans son âme, dans sa vie ; ne jamais laisser les irritations, les souffles mauvais du dehors, les mesquineries de l'existence faire irruption dans notre âme, au détriment des réalités spirituelles. Remplir tellement notre âme des choses qui, seules, sont dignes d'elles ; vivre dans une union si étroite avec Dieu, si proches du Cœur du Christ, si pleinement éclairés de l'Esprit-Saint, que notre être extérieur en soit transformé et que nos paroles, nos actes, notre attitude même ne soient que l'expression de nos plus intimes convictions, de notre vie spirituelle. Et enfin, faire de notre souffrance, devenue féconde par la libre acceptation et par le don que nous en faisons en faveur d'autrui, une œuvre vivante et rédemptrice ; nous tenir proche des âmes que Dieu nous mettra sur notre route et chercher à les comprendre et à les aimer. Voilà, par la grâce divine, les sources de la paix et le moyen de la posséder pleinement. »

    Elisabeth Leseur (1866-1914), La vie spirituelle (Petits traités de l'Espérance et de la Paix chrétienne), Paris, J. de Gigord, 1920.

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  • Méditation : Longue et patiente croissance

    « Continuons de prier beaucoup, quelles que soient nos dispositions et quelles que puissent être les circonstances. Ce qui nous manque à tous c'est de ne pas vivre en contact étroit, intime et vivant avec la source de la seule vraie Vie. Nos tristesses viennent de là. Nos impuissances nous découragent parce que nous oublions la Toute-Puissance qui s'offre à les suppléer. La malice des hommes et la nôtre propre, la tristesse des temps... tout cela ne nous affecte que parce que nous ne savons pas nous tenir en face de la Bonté infinie et de l'Océan de joie. Nous ne savons pas vivre « in conspectu Domini » (1).

    Heureusement Dieu nous attire et veut s'emparer de nous à tout prix. C'est sa réponse à nos secrets désirs de lui. Ces désirs c'est lui qui les provoque, et c'est lui ensuite qui y répond. C'est en ce sens que, dans la vie spirituelle des âmes de bonne volonté, on peut dire vraiment qu'il fait tout. Or, si notre volonté est faible, il est clair qu'elle est bonne, très bonne ; qu'elle l'a toujours été, qu'elle le sera toujours.

    Il nous manque de penser davantage que la bonne Volonté divine (qui est son Amour infini) nous a toujours enveloppés et nous enveloppera toujours.

    Ne nous attendons pas à voir disparaître ni la tentation, ni la faiblesse parce que nous aurons les sacrements. La vie d'âme est une lente croissance ; continuons de nous munir de Dieu, de puiser aux sources de la Force divine, comme un enfant qui mange et boit et qui ne devient pas homme en un jour... et laissons faire Celui qui dirige notre vie et qui est lui-même notre vie. »

    1. "en présence de Dieu", "sous le regard de Dieu".

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Chartreux, Écrits spirituels Tome II (L'effort), Benedettine di Priscilla, Roma, 1967.
    Cf. la méditation de Dom Godefroid Bélorgey (1880-1964), proposée le 30 septembre dernier.

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  • Méditation : Marie cause de notre Joie par Jésus

    « Eve avait plongé toute la race humaine dans la tristesse en la privant de Dieu. Marie lui rend la joie en lui rendant Dieu. « Quod Eva tristis abstulit, tu reddis almo germine. »

    Elle a fait plus que nous redonner Dieu, elle nous a donné, si l'on ose ainsi s'exprimer, un Dieu bien plus aimable que celui qu'Eve nous avait fait perdre ; car le Dieu qu'elle nous a donné, c'est le Dieu incarné. Sans doute Dieu est aimable d'une amabilité infinie et donc non susceptible d'accroissement ; mais il est tel en lui-même et aux yeux des bienheureux ; il ne l'est pas à nos yeux, parce que nos yeux ne peuvent le voir. Pour nous révéler son infinie amabilité, l'invisible s'est fait visible. Aussi, dans la préface de Noël, l'Eglise rend-elle grâce au Père « de ce que, par le mystère du Dieu incarné, une nouvelle lumière de sa gloire a brillé devant les yeux de notre esprit ; afin que, apprenant à connaître Dieu d'une manière visible, nous soyons transportés par lui à l'amour des choses invisibles : ut dum visibiliter Deum cognoscimus, per hunc in invisibilium amorem rapiamur. » Le Dieu incarné, c'est plus que le Dieu créateur, maître et législateur, qu'avaient connu Adam et Eve : c'est un Dieu semblable à nous, notre ami, notre frère, un Dieu qui a un corps et une âme comme nous, qui a travaillé et souffert comme nous et plus que nous, un Dieu qui peut parfaitement sympathiser avec nous parce qu'il est tel que nous en toutes choses, hormis le péché.
    Mais celle qui l'a fait si aimable, c'est Marie. C'est parce que Fils de Marie que le Fils de Dieu obtient si facilement notre confiance et notre amour. Sans doute, le Fils de Dieu eût pu créer son humanité comme il a créé celle du premier homme, et même ainsi il se serait rapproché de nous. Mais certainement nous nous sentirions moins à l'aise avec lui, nous n'éprouverions pas autant de joie en sa présence qu'en le sachant Fils de Marie. Car c'est grâce à Marie qu'il est vraiment de notre race ; c'est grâce à elle aussi, Mère incomparablement aimable de qui il tient toute son humanité, que nous tombons si facilement sous le charme de son amabilité. Ainsi le Fils de Dieu nous donne plus de joie parce qu'il est Fils de Marie. »

    Emile Neubert, Marie cause de notre Joie par Jésus, in "Notre-Dame de Toute Joie", Les Cahiers de la Vierge N°4, Éditions du Cerf, Juvisy, Juillet 1934.

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  • Méditation : L'été et l'hiver de l'âme

    « Les jours sont plus sereins durant l'été, et plus sombres durant l'hiver ; voilà l'état d'une âme dévote ; lorsque la grâce de Dieu l'éclaire, alors elle découvre les choses les plus cachées, elle chante, elle est dans la joie.
    Mais au temps de la tentation, lorsque que Dieu la prive de la grâce de la dévotion, elle se trouve froide, comme durant l'hiver ; l'entendement est obscurci, le cœur est tout tremblant ; c'est alors que la patience lui est nécessaire, et plus agréable à Dieu : les vertus croissent dans l'adversité, les récompenses éternelles sont redoublées par la patience.
    Les châtiments humilient l'âme, et la purifient, ils confondent l'orgueil et la vaine gloire.
    Tandis que l'âme est unie au corps, elle y souffre diverses épreuves, afin que son amour pour Jésus-Christ redouble.
    C'est un grand art, et une grande vertu, que de faire un bon usage des biens et des maux.
    Mon âme, bénissez le Seigneur en tout temps : louez Dieu jour et nuit ; vous en serez récompensée sur la terre et dans le Ciel ; vous tirerez avantage de l'adversité, comme de la prospérité, et de la tristesse, comme de la joie.
    Voilà pourquoi l'Apôtre disait, que tout tourne en bien pour ceux qui aiment Dieu (Rm 8, 28), et que ceux qui le craignent ne manquent de rien. Heureux ceux qui suivent la volonté de Dieu en toutes choses. »

    Suite de l'Imitation de Jésus-Christ ou opuscules de Thomas A Kempis, traduits du latin d'Horstius par Monsieur l'Abbé de Bellegarde (Traité des vertus, chap. III), Cinquième édition, A Paris, De l'Imprimerie de Jacques Collombat, 1738 (1ère éd. 1702).

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  • Méditation : de la tristesse

    « Pour ce qui regarde une certaine tristesse qui resserre le cœur et qui l'abat, voici deux règles qu'il me paraît important d'observer. La première est de remédier à cette tristesse par les moyens que la Providence nous fournit : par exemple, ne se point surcharger d'affaires pénibles, pour ne point succomber sous un fardeau disproportionné ; ménager non seulement les forces de son corps, mais encore celles de son esprit, en ne prenant point sur soi des choses où l'on compterait trop sur son courage ; se réserver des heures pour prier, pour lire, pour s'encourager par de bonnes conversations ; même s'égayer pour délasser tout ensemble l'esprit avec le corps, suivant le besoin...
    La seconde règle est de porter paisiblement toutes les impressions involontaires de tristesse que nous souffrons, malgré les secours et les précautions que nous venons d'expliquer. Les découragements intérieurs nous font aller plus vite que tout le reste dans la voie de la foi, pourvu qu'ils ne nous arrêtent point, et que la lâcheté involontaire de l'âme ne la livre point à cette tristesse qui s'empare, comme par force, de tout l'intérieur...
    Ô mon Dieu ! pourvu que je ne cesse de vous voir, je ne cesserai point de me voir dans toutes mes misères, et je me verrai bien mieux en vous qu'en moi-même. La vraie vigilance est de voir en vous votre volonté pour l'accomplir, et non de raisonner à l'infini sur l'état de la mienne.
    Quand les occupations extérieures m'empêcheront de vous voir seul, en fermant dans l'oraison les avenues de mes sens, du moins alors, Seigneur, je vous verrai faisant tout en tous. Je verrai partout avec joie votre volonté s'accomplir, et au dedans de moi et au dehors ; je dirai sans cesse amen ! comme les bienheureux, je chanterai toujours dans mon cœur le cantique de la céleste Sion ; je vous bénirai même dans les méchants, qui par leur volonté mauvaise ne laissent pas d'accomplir malgré eux votre volonté toute juste, toute sainte, toute-puissante. »

    P. Edouard de Lehen s.j., La voie de la paix intérieure, dédiée à Notre-Dame de la Paix (ch. IV, art. XIV), Paris, René Haton, 1876 (1ère éd. Vve Poussielgue-Rusand, 1855).

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  • Méditation : la tristesse et la joie

    « Il faut vivre joyeux et allègres, ainsi qu'il convient aux vrais amoureux de Dieu ; d'autant que Dieu est à soi-même tout son bien, et que tout notre plaisir en notre infini amour est que Dieu soit ce qu'il est, qu'il ait ce qu'il a, et qu'il se bienheure présentement soi-même en sa présente éternité. Voilà ce qui réjouit les anges en la gloire, et les hommes en la voie, en quelque condition prospère ou adverse qui se puisse rencontrer ; et c'est ainsi que le bonheur de Dieu et sa félicité dans les hommes est leur félicité en la terre, et que le Paradis de Dieu est en eux.

    A la vérité, comme l'homme est composé de deux parties, il se peut faire qu'il puisse pleurer, en demeurant joyeux au dedans ; mais encore ne voit-on point de sujet raisonnable de pleurer. Car quiconque désire d'un ardent amour la honte, la calomnie, l'opprobre et tout mépris, les maladies, les pertes, la pauvreté, la croix et la douleur, quand il y est, il a ce qu'il désire, et partant il a sujet de se réjouir, si en effet les maux et les oppressions ne le violentent pas trop en la partie sensitive, car alors il peut pleurer et en même temps se réjouir en son homme supérieur, qui est la raison. Cela même est souvent inconnu, d'autant que tout l'homme semble être occupé de la tristesse, et quand cela serait qu'on ne fût aucunement joyeux au-dedans, à cause de la cuisante et profonde tribulation, n'importe, la profonde résignation d'esprit et du sens tiennent en quelque façon le lieu de la joie. Pleurer donc de tristesse et de douleur, et se réjouir en même temps, c'est chose rare ; mais cela peut être, et on l'a vu et le voit-on encore aux excellents saints, qui vivent d'une terrible manière dans les présents et éternels exercices de Notre-Seigneur. Enfin la résignation contente et joyeuse est ici nécessaire et suffisante. C'est ainsi que la vie des hommes est laborieuse et joyeuse, heureuse et malheureuse, et il est vrai que tant moins l'homme aura de soulagement, de joie et de repos, tant plus excellemment et de plus près il imitera Notre Sauveur. »

    Jean de Saint-Samson (1571-1636), in R.P. Jérôme de la Mère de Dieu O.C.D., "La doctrine du vénérable Frère Jean de Saint-Samson", Édition de la Vie Spirituelle, Saint-Maximin, 1925.

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    « Au fidèle serviteur, persuadé de son inutilité, le Seigneur déclare tout à coup : « Bon serviteur, entre dans la Joie de ton Maître. » Il nous fait entrer dans sa Joie, parce que nous ne pouvons pas la faire entrer en nous : elle est trop vaste pour se limiter aux dimensions d'un cœur humain, pour se laisser mesurer à l'aune du sentir ou du comprendre. Ici encore, la joie émane d'une possession, mais on ne possède pas, on est possédé. On entre dans la Joie de Dieu jusqu'à y perdre pied, comme dans l'océan même de la Divinité. On est emporté par elle comme par une lame d'éternité. »

    Fr. François de Sainte-Marie, o. c. d., De la Joie chrétienne, in "Ma joie terrestre où donc es-tu ?", Études Carmélitaines, DDB, 1947.
  • Méditation : épreuves, souffrances, et... joie

    « Celui qui va son chemin avec des larmes intérieures selon Dieu, il ne cesse pas d'être en fête. »
    Saint Jean Climaque, l'Echelle sainte, 7e degré, 38 (41)
     
    « Certes, la terre restera toujours la vallée des larmes, le lieu du combat. La joie, même celle qui vient de l'amour de Dieu, n'y est jamais parfaite et sans mélange. D'ailleurs Jésus n'a pas condamné les larmes (1).
    Mais ne l'oublie pas, mon frère, la souffrance elle même n'est pas exempte de joie ; la joie de l'espérance peut demeurer au milieu des larmes et de la douleur.
    Sache supporter avec endurance les difficultés, et tu obtiendras la victoire dans la paix.
    Le détachement de ceux en qui règne sans conteste la charité qui fait posséder Dieu leur permet de vivre dans la joie au milieu de toutes les dérélictions, de toutes les épreuves. La souffrance devient une occasion d'aimer davantage.
    Le monde extérieur n'accable que celui qui n'a pas la vraie vie intérieure.
    Cependant il est nécessaire de lutter contre la tristesse ; celle ci s'insinue parfois traîtreusement dans le cœur et revêt tant de formes variées.
    Si tu t'y abandonnes, tu deviens incapable de supporter avec vaillance les difficultés de la vie. Sois convaincu que la tristesse est une mauvaise passion qu'il faut bannir coûte que coûte. La joie est nécessaire à la santé morale, elle est un facteur de vie, une exigence de la vie.
    Tâche de prévenir les pensées et les impressions tristes.
    Si parfois la colère, la crainte, la tristesse te surprennent à l'improviste, que le trouble ne dure guère ! Que la lumière du cœur t'oriente vers Dieu, détaché de toi même !
    Dans la souffrance, prie l'Homme des douleurs qui a vaincu la mort et introduit la joie dans le monde par la croix. Ne seras tu pas heureux de Lui ressembler un peu et d'achever en ton âme ce qui manque à ses souffrances pour que sa rédemption te soit pleinement appliquée ? Aie recours à la mère de Jésus, la Vierge bénie, ta mère qui dans le froid et les ténèbres veille sur toi. Dans la nuit noire on croit difficilement que, hors des espaces obscurs, il puisse régner en ce moment une clarté radieuse. Et, cependant, il en est ainsi ; en pleine nuit, le soleil darde dans le ciel, là où tu ne vois rien, des rayons qui vivifient d'autres parties de la terre. Ainsi, pendant que ton âme se trouve dans la nuit obscure, d'autres âmes sont plongées dans un océan de lumière. Patience ; tu auras ton tour, tu ne seras pas toujours dans l'ombre ni le demi jour. Sache attendre et profiter de l'obscurité qui t'entoure pour purifier tes intentions, vivre dans l'espérance de la clarté et de la chaleur du jour, et te concentrer davantage en Dieu, source de la vraie lumière et de la vraie joie.
    […]
    Je le dis et le redis encore : Sers Dieu non dans la dépression, l'abattement, l'âpreté ou le scrupule ; mais dans la joie et l'épanouissement de l'âme (2).
    Si tu t'habitues à écouter toutes les voix joyeuses, à voir tout ce qui t'invite à la joie, tu ne tarderas pas à être joyeux du matin à ton réveil au soir à ton coucher. Alors tu auras trouvé l'atmosphère qui convient à ton âme, l'atmosphère sereine dans laquelle doit s'étendre toute ton existence.
    Heureux l'homme qui se complaît dans la vie intérieure, dans ce monde de pensées élevées, de sentiments généreux et nobles, de vouloirs énergiques !
    Ces réalités transfigurent sa conduite, resplendissent dans sa vie courante.
    Heureux surtout l'homme qui se délecte dans les pensées de foi, trouve sa joie dans l'amour de son Dieu, du Christ, dans la charité, et conforme sa conduite à la loi de Dieu, aux préceptes de l’Église !
    Oh ! Bienheureux est il s'il est prêt à sacrifier toute chose pour cet idéal qui dépasse infiniment tout autre idéal ! »

    (1) : « Mieux vaut au cœur humain pleurer et se consoler que de cesser en ne pleurant pas, d'être un vrai cœur humain », dit saint Augustin. (Sermon 179).
    (2) : « Ce n'est pas bien faire que de faire le bien à contrecœur. » (Saint Augustin, Confessions, L, I, c. 12.)

    Dom Idesbald Van Houtryve, o.s.b., Dans l'Esprit du Christ (Introduction à "La Vie dans la Paix"), Abbaye du Mont César – Louvain, L’Édition Universelle, S.A., Bruxelles, 1939.

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  • Angélus de ce dimanche 7 décembre 2014

    Le Pape appelle à se laisser consoler par le Seigneur

    Le Pape François invite à faire place au temps de la consolation lors de la prière de l’Angélus en ce deuxième dimanche de l'Avent, « un temps formidable qui éveille en nous l'attente du retour du Christ et la mémoire de sa venue historique ». La liturgie de ce jour, souligne le Saint-Père, « nous présente un message plein d’espérance ». C’est l'invitation du Seigneur exprimée par le prophète Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » (40,1). 

    « Isaïe s’adresse à des personnes qui ont traversé une période obscure, qui ont subi une épreuve très difficile ; mais maintenant est venu le temps de la consolation ». « La tristesse et la peur peuvent faire place à la joie, parce que le Seigneur lui-même guidera son peuple sur le chemin de la libération et du salut ». Et Il le fera « avec les soins et la tendresse d'un berger qui prend soin de son troupeau ».

    Ainsi le prophète invite ceux qui l’écoutent, y compris nous aujourd’hui, à diffuser ce message d’Espérance ». Mais, précise le Pape, « nous ne pouvons être des messagers de la consolation de Dieu si nous nous ne ressentons pas la joie d'être réconforté et aimé par Lui ». « Laissons résonner dans nos cœurs l’appel Isaïe « consolez, consolez mon peuple » en ce temps de l’Avent ».

    Être des témoins d’Espérance pour les opprimés et les esclaves du pouvoir

    Aujourd'hui, observe le Saint-Père, « nous avons besoin de personnes qui soient témoins de la miséricorde et de la tendresse du Seigneur, qui secouent les résignés, réconfortent les découragés, et allument le feu de l’Espérance ». « Tant de situations nécessitent notre témoignage consolateur ». Et le Pape dit penser à « ceux qui sont opprimés par la souffrance, l'injustice et l'abus de pouvoir ; à ceux qui sont esclaves de l'argent, du pouvoir, du succès, et la mondanité ».

    « Les pauvres ! », affirme le Saint-Père. « Ils ont de fausses consolations et non pas la vraie consolation du Seigneur ». « Nous sommes tous appelés à consoler nos frères, en témoignant que Dieu seul peut éliminer les causes des drames existentiels et spirituels ». Le message d'Isaïe, « est un baume sur nos blessures et une incitation à préparer avec ardeur  la voie du Seigneur ».

    Le prophète, affirme le Pape François « parle à nos cœurs aujourd'hui pour nous dire que Dieu oublie nos péchés et nous console. Si nous nous confions à Lui avec un cœur humble et repentant, Il abattra les murs du mal, comblera les trous de nos omissions, aplanira les bosses de l'orgueil et de la vanité, et ouvrira la voie de la rencontre avec Lui ».

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral en français sur Zenit.org

    Texte intégral original en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : Marie Immaculée vous aime !

    « Dans les difficultés, dans les ténèbres, dans les infirmités, dans les découragements, souvenons-nous que le Ciel... le Ciel s'approche. De jour en jour plus proche. Alors, courage ! Elle nous attend là-bas pour nous serrer sur son Cœur. Et ne croyez pas le diable, lorsqu'il voudrait vous convaincre que le Ciel existe mais qu'il n'est pas pour vous. Car même si vous commettiez tous les péchés possibles, un acte d'amour parfait lave tout cela, ne laissant aucune trace.

    Comme je voudrais vous dire et vous répéter sans cesse comme l'Immaculée est bonne pour éloigner de vos cœurs la tristesse, la chute de l'âme ou le découragement. Un « Marie » dit même par une âme plongée dans les ténèbres, dans les sécheresses, dans le malheur du péché, quel écho provoque-t-il dans son Cœur si aimant ! Et plus l'âme est malheureuse, plus elle est plongée dans la faute, plus elle entoure de sa protection pleine d'attention cet élan venu de nous, pauvres pécheurs. Et ne vous inquiétez pas si vous ne sentez pas cet amour. Si vous voulez aimer, c'est un signe certain que vous aimez, et il s'agit seulement de vouloir aimer. Le sentiment extérieur est aussi le fruit de la grâce, mais ne suit pas toujours la volonté. Parfois, il vous arrivera une pensée triste et comme nostalgique, une prière, une imploration... : « Est-ce que l'Immaculée m'aime encore ? » Je vous dis à tous et à chacun en particulier, en son nom, faites attention, en son nom. Elle vous aime, chacun de vous. Elle vous aime beaucoup. Elle vous aime en tout moment, sans aucune exception. C'est cela que je vous répète en son nom. »

    St Maximilien-Marie Kolbe, 13-04-1933 : L. Nagasaki, in "Entretiens spirituels inédits", Paris, Éditions P. Lethielleux, Dessain et Tolra, 1974.

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  • Méditation: garder l'espérance dans les épreuves présentes

    « Avec le Christ, soyons tristes jusqu'à la mort pourvu que notre tristesse devienne joie. Le monde peut rire avec le diable, que ce ne soit pas là notre joie : si nous voulons être heureux maintenant, ne le soyons que dans l'espérance, pour posséder ensuite le vrai, le réel bonheur ; attristons-nous de nos péchés, réjouissons-nous dans l'espérance de la vie éternelle ; soyons tristes de l'absence du Christ, mais joyeux également de ceci que nous lisons : Nous le verrons tel qu'il est (1 Jn III, 2). Si nous sommes accablés par la tristesse de nos misères présentes et par la fréquence de nos fautes, la victoire sur les unes et les autres est aussi la voie qui nous libère et nous relève. Ce n'est que pour un temps que nous pérégrinons loin du Seigneur et pour être à jamais vainqueurs d'un combat de peu de durée. Ne soyons donc pas exagérément tristes, puisque nous sommes sûrs d'aller bientôt auprès de Dieu et d'y rester toujours ; car c'est pour cela qu'il nous a créés, pour régner avec lui dans les siècles des siècles, le louer et le remercier sans fin. Sachant cela, ne nous laissons pas abattre par le travail ou l'adversité, ne nous laissons pas vaincre par la tristesse, ni fatiguer par les combats, ni décourager par les difficultés de l'étude, ni amollir par la vie facile, ni décevoir par les flatteurs. Ainsi, nous pourrons dire avec l'Apôtre : que rien ni personne ne vienne nous séparer de l'amour du Christ, ni l'affliction, ni l'angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le dénuement, ni le danger, ni la mort par l'épée, par le feu, par la croix ou le meurtre ; que ni la tristesse, ni la douceur, ni la dureté, ni la flatterie, que rien des vanités du monde ne nous sépare du Christ, afin que nous lui restions attachés ici-bas et dans l'éternité. Amen ! (Rm VIII, 38-39). »

    Saint Colomban (563-615), fête locale ce jour (mémoire le 23 novembre), Instruction 4, in "Instructions, Lettres et poèmes", L'Harmattan, 2000.

    Benoît XVI, catéchèse sur St Colomban, Audience générale du 11 juin 2008.

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  • Méditation - Prière matinale

    « À l'aube de ce jour nouveau, Seigneur Jésus, nous te présentons notre prière : Lumière de vie qui brille dans les ténèbres, daigne répandre sur tous les hommes, nos frères, ta clarté et ta vérité pour qu'ils te reconnaissent comme Sauveur, ta vie et ta joie pour qu'ils t'aiment comme Dieu. Accueille au royaume de la lumière tous ceux qui sont morts pendant cette nuit : nous les recommandons à ta miséricorde. Console aussi par ta divine paix tous ceux qui, pendant cette nuit, ont porté le poids de la maladie, l'angoisse de la tristesse, ou l'amertume de la solitude. Soleil levant, viens illuminer ceux qui dorment encore dans les ténèbres de la mort. Guide nos pas au chemin de la paix vers ton Père, qui est aussi notre Père, car tu es notre route, notre vérité et notre vie, pour les siècles des siècles. Amen. »

    Père Lucien Deiss (1921-2007), Prière pour le matin
    (Professeur de Séminaire en Écriture Sainte et compositeur français de plus de 400 chants et prières catholiques - cf. par exemple au vendredi 13 juin).

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  • Méditation : ennui, négligence, découragement, dégoût et abandon de la prière, de la pénitence, des lectures spirituelles...

    « Les amis des plaisirs de la vie présente vont des pensées aux fautes ; car, emportés par un jugement inconsidéré, ils désirent faire passer presque toutes les idées de leurs passions en des discours iniques et des œuvres impies. Mais ceux qui entreprennent de pratiquer la vie ascétique vont des fautes aux mauvaises pensées ou à certaines paroles perverses et nuisibles. Car si les démons voient de tels hommes accepter de railler, se livrer à des propos oisifs et intempestifs, rire indécemment, s'emporter plus que de raison ou désirer la gloire vide et futile, alors, d'un commun accord, ils s'arment contre eux : c'est la gloriole surtout qu'ils prennent pour occasion de leur propre malice, ils sautent par elle dans les âmes comme par une fenêtre obscure et les saccagent. Il faudrait donc que ceux qui veulent vivre dans la multitude des vertus n'aspirent pas à la gloire, ne rencontrent pas beaucoup de gens, ne sortent pas continuellement, ne se raillent pas d'autrui, même si ceux qu'ils raillent méritent ces railleries, et qu'ils ne parlent pas beaucoup, alors même qu'ils pourraient tout dire comme il faut. C'est que l'abondance des paroles, en dissipant l'esprit sans mesure, non seulement lui enlève toute aptitude à l'activité spirituelle, mais encore le livre au démon de "l'acédie" (*), qui, en l'énervant sans mesure, le livre à celui de la tristesse, puis à celui de la colère. Il faut donc que l'esprit se consacre toujours à l'observation des saints commandements et à un souvenir profond du Seigneur de gloire. Car "celui qui garde le commandement, dit l’Écriture, ne connaîtra pas de propos pervers" (Eccl. 8,5), c'est-à-dire qu'il ne se tournera pas vers des pensées ou des paroles mauvaises. »

    (*) : en résumé : mal de l'âme qui conduit à l'ennui, l'abattement, la torpeur, la négligence - l'indifférence, le découragement, le dégoût et l'abandon de la prière, de la pénitence, des lectures spirituelles...
    Plus précisément, l'acédie est le découragement, l'état de dégoût "que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l'âme. L'acédie est l'impossibilité pour l'homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif ; tout est ramené au négativisme et au pessimisme. c'est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l'homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d'obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l'âme, car lorsque l'homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer."
    Alexandre Schmemann, in "Le Grand Carême", Spiritualité Orientale n°13, Abbaye de Bellefontaine, 1977.

    St Diadoque de Photicé (fêté ce jour), Cent chapitres sur la perfection spirituelle (Cent chapitres gnostiques), XCVI, Introduction et traduction Edouard des Places S.J., Éditions du Cerf, coll. Sources Chrétiennes n°5, Paris, 1943.

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    Le rêve du Docteur d'Albrecht Dürer (1471-1528) - détail (Source)

  • Méditation : le Sacrement du mariage

    « Le mariage, mes chers enfants, on l’oublie trop à l’heure actuelle (et jamais le moment n’est mieux choisi de le rappeler que celui où il va se contracter irrévocablement), le mariage est un engagement définitif, que rien ni personne ne peut rompre, un contrat bilatéral, obligeant également et de la même manière, les deux parties contractantes, qui promettent solennellement devant Dieu, devant les parents, leurs amis, témoins de leurs serments, d’y rester fidèles jusqu’à la mort.

    Contrat bien facile à observer, pensent les jeunes époux, au jour radieux des noces. Le mariage n’est-il pas l’évènement ardemment désiré, capable à lui seul de combler tout désir, d’apporter la joie parfaite, sans mélange, le bonheur inaltérable que rien ne viendra plus troubler ?…

    Oui! Il pourrait, il devrait en être ainsi. Et cependant, comment se fait-il que l’expérience nous révèle quotidiennement le contraire? Pourquoi tant de foyers brisés, de ménages désunis, de cœurs désenchantés ? Je vais vous le dire : c’est parce que l’on perd de plus en plus de vue la nature de l’amour au foyer conjugal. Celui qui se marie uniquement pour le plaisir, les commodités de la vie, un bien-être que l’on recherchera à tout prix, au prix même de la suppression de la race qu’on devait propager, celui-là n’a rien compris aux lois du mariage chrétien, tel que l’a enseigné le Christ, il n’a rien compris à la loi même de l’amour.

    L’amour, a dit Leibnitz, cité par Lacordaire, c’est le bonheur de l’objet aimé. On n’aime donc pas pour soi: on aime pour rendre heureux. Et voilà comment l’amour conjugal, c’est le dévouement à la personne élue, dévouement de tous les jours, de tous les instants, c’est l’assistance inlassable dans les difficultés, le soutien jamais rebuté dans l’épreuve. Aimer, c’est se dévouer, et donc, nous voilà loin de la conception jouisseuse de notre époque légère, où l’on s’engage sans réflexion, sans souci des obligations contractées. L’amour dans le dévouement, voilà la conception chrétienne: elle exige des qualités naturelles, elle appelle aussi la grâce de Dieu, et c’est pourquoi le Christ en a fait un sacrement. Il y a mis quelques gouttes de son sang. C’est cela que vous venez chercher ce matin, en vous agenouillant au pied des autels, devant le Maître de toute existence et de toute félicité, qui dispose pour nous toutes choses avec son infinie sagesse et sa providence paternelle, et qui reste l’unique et véritable fondement de la famille.

    Vous avez accordé vos pensées, vos sentiments dans la plus parfaite harmonie. C’est bien ! Mais, si vous voulez que cela dure, que vos deux âmes continuent à ne faire qu’une âme, vos deux cœurs un seul cœur, il faut les placer sous le regard de Dieu, les y tenir toujours et continuer à vous aimer ainsi, dans le cadre de son amour et de ses commandements. Si Dieu ne reste la base de votre amour, considérez-le comme atteint dans son principe vital.

    Saint-Paul disait aux premiers chrétiens : « Aimez vos épouses comme le Christ a aimé l’Église », c’est-à-dire aimez-vous indissolublement, à la vie, à la mort ! ». Si vous voulez réaliser cet idéal, faites toujours à votre foyer la part de Celui qui tient en ses mains divines nos destinées passagères et notre avenir immortel. Aimez-Le, servez-Le !

    Joies et tristesses, peines et consolations, désirs et espérances, vous recevrez tout de la main de Dieu, dispensateur de tout bien, Maître de la douleur. Ensemble vous supporterez les épreuves de la vie, car, j’exagérerais si, malgré l’allégresse d’un tel jour, je ne vous prédisais qu’un soleil sans nuage…
    Et c’est à la clarté de ces enseignements que vous vous dirigerez pour la tâche délicate entre toutes, et à laquelle vous ne vous déroberez pas, de l’éducation des enfants, tâche qui exigera du sacrifice et du dévouement.

    Évidemment, le mariage ainsi entendu n’est plus la partie de plaisir, comme on le voudrait dans un certain monde; ce n’est plus l’engagement à la légère que le caprice ou la fantaisie peuvent faire cesser à la guise de l’un ou l’autre des époux, au premier nuage qui surgit à l’horizon. C’est le pèlerinage à deux sur la route du devoir, illuminée par la grâce de Dieu.
    Cette route, mes chers enfants, je vous la souhaite la plus longue possible, ensoleillée et couverte de fleurs. Si, néanmoins, la tempête survient et que le soleil se voile, vous continuerez à marcher la main dans la main, cœur contre cœur, jusqu’à ce que le chemin redevienne agréable et fleuri.
    Vous, mon cher Jean, vous chérirez la compagne que Dieu vous a donnée. Votre bon cœur saura lui rendre heureuse une existence qu’elle va vous consacrer. Ainsi, vous comblerez les vœux des chers parents qui la remettent aujourd’hui entre vos mains, de cette mère qui ne s’est pas séparée 24 heures durant, de celle qui vous appartient désormais.

    Et vous, ma chère Madeleine, vous vous acquitterez envers votre époux, en réalisant pour son bonheur et sa satisfaction, tout ce que les qualités de grâces et de délicatesse que le Ciel vous a départies.
    Maintenant, il ne me reste plus qu’un doux devoir à remplir : celui de recevoir vos serments de fidélité, de demander au Ciel ses bénédictions, et de vous dire avec l’accent d’un cœur que vous connaissez bien : « Jeunes époux, soyez heureux, vivez heureux ! »

    Ce sera ma prière au cours du Saint Sacrifice qui va être célébré pour vous, c’est mon souhait le plus sincère et le plus affectueux. »

    Bx Daniel Brottier († 28 février 1936), extrait de l'Homélie du P. Brottier pour le mariage de sa nièce Madeleine Brottier avec Mr Jean Chuteau, le 19 Octobre 1925.
    Source : Documents historiques des OAA, Cahier 5, réf. 513.

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  • Méditation - Prière : tristesse et joie

    Prière pour demander pardon d'avoir cédé à la tristesse

    « Pardonnez-moi, Seigneur, en cette tristesse amère
    Où je me suis complu.

    Pardonnez-moi, Seigneur, d’avoir médit des autres
    Et douté de moi-même.

    Pardonnez-moi, Seigneur, ce visage fermé.
    Et ce rire mauvais qui déforme la bouche,
    Et ce dégoût de vivre et cette lassitude
    Et cet abattement.

    Je chasserai de moi cette fumée pesante.

    Ce sont mes détritus et mes mauvaises herbes,
    Seigneur, que vous brûliez.
    J'en éparpillerai la cendre aux quatre vents ;
    Dispersez-la.
    Et que votre soleil entre dans ma cellule,
    Que votre sainte joie illumine ma face.
    Que chante en moi la gaité franciscaine
    Et le rire qui est aussi une vertu.

    Pardonnez-moi, Seigneur,
    Pardonnez-moi, Seigneur,
    D’avoir médit, douté, gémi, pleuré, bâillé,
    D’avoir haï l’immense allégresse de vivre
    Et d’avoir hébergé la Fille de Satan,

    O Joie, en ta demeure. »

    Léon Chancerel (1886-1965), Le Pèlerin d’Assise (rédigé à Assise en 1923), 3ème Édition, Éditions franciscaines, 1942. (Première édition : La Renaissance du Livre, 1924)

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    (Crédit photo)

  • Méditation : tristesse et découragement

    « S'il est un écueil dans la vie chrétienne et plus encore dans la vie pieuse, - écueil d'autant plus perfide qu'il se voile sous de louables apparences, - c'est bien celui de la mauvaise tristesse et du sot découragement. Quand on va au fond de ces mélancolies abattues ou rêveuses, on ne trouve guère que de l'égoïsme. L'âme se replie sur soi et se regarde, au lieu de regarder Jésus ; elle s'occupe et s'inquiète de ses intérêts personnels plus que des intérêts de Dieu ; elle s'appuie sur les créatures et non sur la grâce, et comme elle ne rencontre guère dans les créatures et dans elle-même que misère et pauvreté, elle devient mécontente, morose, troublée, chagrine. Bientôt, elle trouve la piété trop difficile et commence à en abandonner les pratiques ; c'est que, déjà, elle en a abandonné l'esprit.
    Il faut combattre vigoureusement cette sotte et stérile tristesse ; elle est une tentation qui met l'âme en péril, et qui l'épuise sans profit.
    [...]
    Pour s'en délivrer, qu'on ait recours d'abord à la prière, selon le conseil de saint Jacques : "Quelqu'un est-il triste ? qu'il prie ! (Jc V, 3)" Mais qu'on réagisse aussi par un dégagement plus complet de soi-même, par une fidélité plus vigilante à tous les devoirs, au besoin par quelque pénitence ou quelque immolation spéciale, en tout cas par un don et un abandon plus absolu au divin Maître. Alors tout redeviendra radieux, tout, jusqu'à la souffrance ; et l'âme ne tardera pas à se revêtir de cette "robe d'allégresse" dont le Seigneur récompense les martyrs. Aussi bien, "il y a une inévitable tendance à la joie dans tout ce qui appartient à Dieu (P. Faber, Bethléem, VIII). On n'est triste que lorsque qu'on veut jouir de soi ; dès qu'on se renonce, la tristesse s'en va et fait place à la joie. La joie est le signe infaillible d'une âme saine, et toute âme saine est bien près d'être une âme sainte. »

    Abbé J.M. Buathier, Le Sacrifice dans le dogme catholique et dans la vie chrétienne (ch. XXI, 3), Paris, Gabriel Beauchesne, 1920 (dixième édition).

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    Albrecht Dürer (1471-1528), gravure sur cuivre, "Melancholia I"

  • Méditation avec Ste Marguerite-Marie (suite : l'Heure Sainte)

    « Le Rédempteur se plaint de l'ingratitude avec laquelle les hommes méconnaissent l'"excès" de l'amour qu'il leur a jadis témoigné comme aussi bien ses "empressements" d'aujourd'hui à leur faire du bien. Et, s'adressant à la jeune religieuse :

    "Du moins, lui dit-il, donne-moi ce plaisir
    de suppléer à leurs ingratitudes
    autant que tu pourras en être capable."

    [...]
    Puis il lui prescrit ce qui constituera pour elle, comme ce l'avait été un temps pour Thérèse d'Avila, son sujet d'oraison privilégié :

    "Toutes les nuits du jeudi au vendredi,
    je te ferai participer à cette mortelle tristesse
    que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives,
    et laquelle tristesse te réduira,
    sans que tu la puisses comprendre,
    à une espèce d'agonie plus rude à supporter que la mort.
    Et, pour m'accompagner dans cette humble prière
    que je présenterai alors à mon Père
    parmi toutes mes angoisses,
    tu te lèveras entre onze heures et minuit,
    pour te prosterner pendant une heure avec moi,
    la face contre terre,
    tant pour apaiser la divine colère,
    en demandant miséricorde pour les pécheurs,
    que pour adoucir en quelque façon
    l'amertume que je sentais
    de l'abandon de mes apôtres,
    qui m'obligea à leur reprocher
    qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi."

    Ce que, depuis plus de cent cinquante ans, l'on nomme l'Heure sainte, ce n'est donc pas une quelconque adoration du Corps du Christ, mais plutôt, en présence ou non du Saint Sacrement, "un exercice d'oraison mentale ou de prières vocales qui a pour objet l'agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers en vue [...] de demander miséricorde pour les pécheurs et de consoler le Sauveur pendant une heure." (1) »

    (1) : VO3, 2, 203-204 ; VO4, 3, 237.

    P. Édouard Glotin, La Bible du Cœur de Jésus (ch. VI), Presses de la Renaissance, Paris, 2007.

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  • Méditation : péché, repentir, purification et joie du pardon

    « Dans le secret, dans le silence, lorsque se taisent les bruits du monde, une petite voix se fait entendre. Celle qui veut en nous la vérité. Elle devient à certains moments de nos vies extrêmement ténue, cette voix. Presque inaudible. Car le mal commis, car le sang versé aux idoles égare l’homme. S’use en lui le sens du bien. Alors tout se confond, le bien, le mal, tout s’efface dans la tristesse. Mais il veille en nous, l’Esprit Saint, le gardien de nos âmes. Feu sous la cendre, il attend le réveil. Au choc d’une rencontre, d’un mot, d’une chute, au craquement des « os broyés », peut-être, la petite voix se fait plus forte, elle crie ! Tu as perdu le sens du bien ! Et la tristesse peu à peu s’évanouit.
    Elle cède la place à la douleur d’avoir péché, douleur des cœurs brisés à la vision d’un désastre, lorsque la brume des illusions se dissipe. Oui, j’ai failli à aimer comme Lui aime. « Contre toi et toi seul, j’ai péché. » Et le voilà de retour en mon âme, Celui qui l’a créée et vient la recréer. Il souffle à nouveau l’Esprit de vérité. Il console. Il lave. Il purifie. Il rend plus blanc que neige. Et il fait entendre une douce musique. Elle se reconnaît entre mille. C’est la joie ! Et la joie ne trompe pas. Déjà le salut est à l’œuvre. Un esprit généreux travaille au cœur. Il rend zélé pour aimer comme Il aime.

    Esprit de sainteté, viens laver nos cœurs de ce qui les souille ! Redresse ce qui est faussé ! Donne-nous la joie éternelle ! »

    Frère Pascal Marin, Psaume dans la ville.

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  • Méditation : la Vierge Marie - "Elle est l'Innoncence"

    « La créature sublime dont les petites mains ont détendu la foudre, ses mains pleines de grâces... Je regardais ses mains. Tantôt je les voyais, tantôt je ne les voyais plus, et comme ma douleur devenait excessive, que je me sentais glisser de nouveau, j'ai pris l'une d'elles dans la mienne. C'était une main d'enfant, d'enfant pauvre, déjà usée par le travail, les lessives. Comment exprimer cela ? Je ne voulais pas que ce fût un rêve, et pourtant je me souviens d'avoir fermé les yeux. Je craignais, en levant les paupières, d'apercevoir le visage devant lequel tout genou fléchit. Je l'ai vu. C'était aussi un visage d'enfant, ou de très jeune fille, sans aucun éclat. c'était le visage même de la tristesse, mais d'une tristesse que je ne connaissais pas, à laquelle je ne pouvais avoir nulle part, si proche de mon coeur, de mon misérable coeur d'homme, et néanmoins inaccessible. Il n'est pas de tristesse humaine sans amertume, et celle-là n'était que suavité, sans révolte, et celle-là n'était qu'acceptation. Elle faisait penser à je ne sais quelle grande nuit douce, infinie. Notre tristesse, enfin, naît de l'expérience de nos misères, expérience toujours impure, et celle-là était innocente. Elle était l'innocence. J'ai compris alors la signification de certaines paroles de M. le curé qui m'avaient paru obscures. Il a fallu jadis que Dieu voilât, par quelque prodige, cette tristesse virginale, car si aveugles et durs que soient les hommes, ils eussent reconnu à ce signe leur fille précieuse, la dernière née de leur race antique, l'otage céleste autour duquel rugissaient les démons, et ils se fussent levés tous ensemble, ils lui eussent fait un rempart de leurs corps mortels. »

    Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne, Plon, 1936 (p.264).

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