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  • Méditation - Prière de Ste Marie de l'Incarnation (fêtée ce jour)

    « Un soir que j’étais dans notre cellule, traitant avec le Père éternel de la conversion des âmes et souhaitant avec un ardent désir que le Royaume de Jésus-Christ fût accompli, il me semblait que le Père éternel ne m’écoutait pas... cela m’affligeait, mais en ce moment j’entendis une voix intérieure qui me dit : "Demande-moi par le Cœur de mon Fils, c’est par lui que je t’exaucerai".

    "C’est par le Cœur de mon Jésus, ma voie, ma vérité et ma vie que je m’approche de vous, ô Père éternel.
    Par ce divin Cœur je vous adore pour tous ceux qui ne vous adorent pas ;
    je vous aime pour tous ceux qui ne vous aiment pas ;
    je vous adore pour tous les aveugles volontaires qui par mépris ne vous connaissent pas.
    Je veux par ce divin Cœur satisfaire pour tous les mortels.
    Je fais le tour du monde pour y chercher toutes les âmes rachetées du Sang très précieux de mon divin Époux : je veux vous satisfaire pour elles toutes par ce divin Cœur. Je les embrasse toutes pour vous les présenter par lui. Je vous demande leur conversion ; voulez-vous souffrir qu’elles ne connaissent pas mon Jésus ? Permettrez-vous qu’elles ne vivent pas en Celui qui est mort pour tous ? Vous voyez, ô divin Père, qu’elles ne vivent pas encore. Ah ! faites qu’elles vivent par ce divin Cœur.

    Sur cet adorable Cœur je vous présente tous les ouvriers de l’Évangile ; remplissez-les de votre Esprit-Saint par les mérites de ce divin Cœur. Sur ce Sacré Cœur comme sur un Autel divin je vous présente Claude Martin, votre petit serviteur (mon fils) et Marie Buisson, votre petite servante (ma nièce), je vous demande au nom de mon divin Époux que vous les remplissiez de son esprit et qu’ils soient éternellement à vous sous les auspices de cet adorable Cœur.

    Vous savez, mon bien-aimé, tout ce que je veux dire au Père par votre divin Cœur et par votre sainte âme : en lui disant je vous le dis parce que vous êtes en votre Père et que votre Père est en vous. Faites donc que tout cela s’accomplisse et joignez-vous à moi pour fléchir par votre Cœur celui de votre Père. Faites selon votre parole que comme vous êtes une même chose avec lui, toutes les âmes que je vous présente soient aussi une même chose avec lui et avec vous." »

    Ste Marie de l'Incarnation (1599-1672), in Don Guy Marie Oury, "Ce que croyait Marie de l’Incarnation", Mame, Tours, 1972.
    A visiter : Ursulines de l'Union Romaine, France - Belgique - Espagne.

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    Gravure I. Edelinck fecit (Source - et à la BNF)

  • Méditation : les manquements en Confession

    « La Confession est une chose grandement importante ; trois choses y sont nécessaires. La première, d’y aller purement pour s’unir à Dieu par le moyen de la grâce que l’on reçoit en ce Sacrement. [...]
    La seconde et troisième condition, c’est d’y aller purement et charitablement ; au lieu de faire cela, l’on y porte bien souvent des âmes toutes embrouillées et embarrassées, qui fait qu’elles ne savent pas bonnement ce qu’elles veulent dire : ce qui est de grande importance, car elles mettent en peine les confesseurs parce qu’ils ne les peuvent pas entendre, ni comprendre ce qu’elles veulent dire, et au lieu de se confesser de leurs péchés, elles pèchent pour l’ordinaire en se confessant.

    Il se commet en Confession quatre grands manquements : le premier, c'est d'y aller pour se décharger et soulager, plutôt que pour plaire à Dieu et s'unir à lui... En ces décharges... il est dangereux que nous ne mêlions les défauts des autres avec les nôtres, ce qu'il ne faut point faire. C’est ici où il est dangereux de faillir et où les péchés se commettent pour l’ordinaire en confession.
    Le deuxième manquement, c’est qu’ils vont dire de beaux discours et agencements de belles paroles, racontent de grandes histoires pour se faire estimer, faisant semblant d’exagérer leurs fautes par leurs beaux discours, et d’une grosse faute ou d’un gros péché, ils le diront en telle sorte qu’il semblera bien petit ; et faisant ainsi, ils ne donnent pas connaissance au confesseur de l’état de leur âme.
    Le troisième manquement, c’est qu’ils y vont avec tant de finesse et de couverture (*), qu’au lieu de s’accuser ils s’excusent par une grande recherche d’eux-mêmes, craignant qu’on ne voie leurs fautes : cela est très pernicieux [pour celui] qui le voudrait faire volontairement.
    Le quatrième manquement, c’est qu’il y en a qui se satisfont à exagérer leurs fautes, et d’une petite faute ils en font une très grande. L’un et l’autre de ces manquements est très grand. Je voudrais que l’on dise simplement et franchement les choses comme elles sont. Il faut aller à la Confession purement pour nous unir à Dieu, avec une vraie détestation de ses péchés et une volonté ferme et entière de s’amender, moyennant sa grâce. »

    (*) : mots couverts

    St François de Sales, Dernier Entretien spirituel (extrait).
    Texte intégral sur le site des "Chemins Salésiens".

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  • Méditation : le silence de Saint Joseph

    « Il sera bon de relever et de méditer la leçon de silence que nous donne saint Joseph.
    Aucun mot n'est rapporté de lui dans l’Évangile ! Ce n'est pas à dire qu'il ne parlât point. Il aurait été un triste compagnon pour la Sainte Vierge s'il n'avait jamais rien dit ! Mais "juste" en toute chose, il n'était pas bavard, il disait "juste" ce qu'il fallait dire, ni plus, ni moins, quand il le fallait et comme il le fallait. Bref, il parlait peu, mais il parlait bien.
    Là encore, quel exemple pour notre siècle où l'on parle tant !
    [...]
    Si l'on ne disait que ce que l'on sait, si l'on ne prophétisait pas à tort et à travers, si l'on ne jugeait que ce qu'on est capable de juger et quand on a autorité pour le faire, le règne de l'erreur et du mensonge, qui relève du prince des ténèbres, serait moins étendu sur terre !
    Le silence de saint Joseph n'était pas seulement un silence de réserve et de prudence ; c'était aussi un silence de recueillement et d'union à Dieu. Ayant constamment sous les yeux l'exemple de la sainteté la plus éminente, des vertus les plus sublimes, saint Joseph, comme Marie, conservait dans son cœur le souvenir de toutes ces merveilles : "Conservabat omnia verba haec in corde suo" (Lc II, 51). En les admirant et en les méditant, il concevait un amour toujours plus grand pour Jésus et Marie. "C'est le silence qui commence les saints, a écrit un pieux auteur ; c'est lui qui les continue ; c'est lui qui les achève."
    Je souhaite à mes diocésains de mettre du silence dans leur vie, un silence qui ressemble à celui de saint Joseph, le silence de la prière, celui des lectures saintes, de la méditation, de la Messe et de l'Eucharistie - ces bienfaisants silences pendant lesquels l'âme découvre Dieu, parce que Dieu, qui n'aime pas le bruit, révèle ses splendeurs aux âmes qui le cherchent, loin des affaires du monde, dans le recueillement de l'esprit.
    Je vous livre cette pensée d'un auteur contemporain : "Bienheureux ceux dont le silence est la patrie, et la parole un voyage de charité qu'ils font au pays de ceux qui les entourent." »

    Mgr Joseph-Marie Martin (1891-1976), archevêque de Rouen (1948-1968), Lettre pastorale de Carême 1954 à saint Joseph.

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  • Méditation : des bienfaits de la tentation (2)

    (suite de la méditation d'hier)

    « Il est certaines conditions requises avant, pendant et après la tentation :
    1° avant la tentation, il faut éviter tout ce qui y expose ou ce qui incline au mal, par exemple les fréquentations et lectures dangereuses, les regards trop peu retenus, les manières trop libres, les délices d'une vie molle et sensuelle : qui aime le danger y périra ; qui compte sur sa force sera confondu. La défiance est mère de la sûreté ; et s'exposer volontairement au danger, c'est tenter Dieu, c'est se rendre indigne de son secours. D'un autre côté, il ne faut pas craindre la tentation : en la craignant on la fait naître ; le mieux est de ne pas y penser, et d'être uniquement à ce qu'on a à faire ;
    2° pendant la tentation, il faut, non pas s'amuser avec elle, sous prétexte qu'elle est légère, autrement elle prendrait le dessus sur nous ; mais il faut faire avec elle une diversion prompte, ferme et tranquille ; lui tourner le dos avec mépris, sans daigner seulement la regarder ; et si elle produit quelques impressions, il faut les désavouer paisiblement en s'appliquant tout entier à l'action présente. Qui se battrait avec elle courrait risque de se salir, et qui la repousserait avec des efforts excessifs perdrait la paix du cœur, le recueillement de l'esprit et l'onction de la piété. Si l'on ne peut en venir à bout ainsi, il faut recourir humblement à Dieu, en lui disant : "Ô Seigneur, que ma misère est profonde ! que j'aurais tort d'avoir encore de l'amour-propre ! et que vous êtes bon d'aimer un pécheur tel que moi ! Ô Jésus ! ô Marie ! ô vous tous, anges et saints, bénissez le Seigneur, qui veut bien abaisser son amour jusqu'à ma bassesse."
    3° après la tentation, il faut l'oublier : la réflexion la ferait revivre. Il vaut mieux s'encourager paisiblement à réparer le mal passé, s'il y en a eu, en faisant très parfaitement l'action présente ; s'unir à Dieu et se jeter entre ses bras avec confiance et amour, en lui disant comme l'enfant prodigue : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre vous ; ou comme le publicain : Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur. Examinons si nous avons observé ces règles, avant, pendant et après la tentation. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Premier dimanche de Carême), Paris, Victor Lecoffre, 1886.
  • Méditation : "Que ta volonté soit faite"

    « "Que ta volonté soit faite." Telle doit être la règle de la vie chrétienne, ordonnant la journée du matin jusqu’au soir, le cours de l’année, la vie entière : unique préoccupation du chrétien. Tous les autres soucis, le Seigneur les assume.

    Un seul, toutefois, demeure aussi longtemps que nous vivons. Objectivement, nous ne sommes pas définitivement assurés de demeurer toujours dans les voies du Seigneur. Comme nos premiers parents ont pu tomber de la famille de Dieu dans le camp des rebelles, ainsi chacun de nous se tient toujours sur la corde raide entre le néant et la plénitude de la vie divine. Et, tôt ou tard, nous en ferons subjectivement l’expérience.

    Dans l’enfance de la vie spirituelle, alors que nous avons tout juste commencé de nous abandonner à la conduite de Dieu, nous savons qu’une main très ferme et très forte nous dirige ; et ce que nous devons faire ou abandonner nous apparaît en pleine clarté. Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Celui qui appartient au Christ doit vivre toute la vie du Christ. Comme Lui il atteindra l’âge adulte et, un jour, entrera dans le chemin de la Croix, qui, par Gethsémani, conduit au Golgotha. Et toutes les souffrances qui nous atteignent extérieurement ne sont rien en comparaison de la nuit obscure de l’âme lorsque la lumière divine ne l’éclaire plus et que la voix du Seigneur ne se fait plus entendre. Dieu est là, mais il est caché et se tait.

    Pourquoi en est-il ainsi ? Ce sont les mystères de Dieu que nous abordons et ils ne se laissent pas entièrement pénétrer. Nous ne pouvons que commencer à les contempler.

    Dieu s’est fait homme pour nous donner de participer de nouveau à sa vie. Participation qui était au principe et qui est l’ultime fin. Mais dans l’intervalle, nous avons à vivre. Le Christ est à la fois Dieu et Homme, et qui veut partager sa vie doit prendre part à sa vie divine et à sa vie humaine. La nature humaine qu’Il revêtit Lui donna la possibilité de souffrir et de mourir. La nature divine qu’Il possède de toute éternité confère à sa souffrance et à sa mort une valeur infinie et une force rédemptrice. La souffrance et la mort du Christ continuent dans son Corps mystique et en chacun de ses membres. Tout homme doit souffrir et mourir. Mais s’il est membre vivant du Christ, sa souffrance et sa mort reçoivent alors, de la divinité du Chef, une puissance de rédemption. C’est la raison objective pour laquelle tous les saints ont appelé la souffrance. Il ne s’agit pas là d’un désir morbide. Ce qui, au regard de l’intelligence naturelle, apparaît presque comme une perversion, se révèle pourtant, dans la lumière du mystère de la Rédemption, comme la raison la plus haute.

    Ainsi lié au Christ, le chrétien demeure inébranlé même dans la nuit obscure où Dieu lui paraît lointain et où il se croit abandonné ; et peut-être la Providence divine lui impose-t-elle ce supplice afin qu’un de ses frères, effectivement prisonnier de l’erreur, soit délivré.

    Disons-nous aussi : "Que ta volonté soit faite", même au cœur de la plus sombre nuit. »

    Édith Stein (Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix, 1891-1942), Le mystère de Noël, Éditions de l’Orante, 1955.

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  • Méditation : Paix de l'âme toute en Dieu

    « Il faut savoir que le bien et la perfection de l'homme consistent en ce que Dieu le remplisse et soit le principe de toutes ses actions. Cela se fait par la grâce ; et d'autant plus que l'homme est soumis à la grâce, il participe plus avantageusement au bonheur d'être en toutes choses rempli de Dieu. Or il ne peut y parvenir qu'avec peine, à cause de la corruption de la nature, qui répugne à cette parfaite soumission à la grâce. Ainsi, quand l'âme s'est une fois déterminée d'être toute à Dieu, il faut que, par son effort aidé de la grâce, elle mortifie en elle-même tout ce qu'elle aperçoit de contraire à Dieu, comme les vices, les passions, les impétuosités, et généralement tout ce qui passe pour déréglé au jugement des sages. Après tout cela il lui reste encore à mortifier une chose dont communément on ne se défie guère, et qui est cependant un grand obstacle à la perfection : c'est son action propre ou sa manière d'agir par elle-même. Défaut qui est commun à tous les gens de bien desquels Dieu n'a pas encore pris une entière possession. Le bien qu'ils font, c'est d'ordinaire par eux-mêmes qu'ils le font, aidés toutefois de la grâce, sans laquelle on ne peut rien faire de bon.
    [...]
    Quand l'homme est entièrement possédé de Dieu, il en tire une nouvelle vie et une nouvelle force qui le fait agir dans toutes ses actions doucement, efficacement, sans que rien lui résiste au dedans de lui. Les choses mêmes qui arrivent au dehors s'accordent avec l'intérieur par le moyen de la résignation qu'il a aux ordres de la Providence, si bien qu'en toutes choses il se trouve heureux et profite de tout.
    [...]
    Pour arriver à ce bonheur, il faut abattre son activité naturelle, se dépouiller de sa manière d'agir basse et humaine, se rendre attentif à Dieu en tout, s'accommoder et se soumettre au principe intérieur de la grâce, quand on l'a découvert. L'âme le découvre quand elle est tranquille et en paix, et elle acquiert cette paix et cette tranquillité, en s'étudiant à mourir à elle-même et à ses propres desseins. Lorsqu'elle est parfaitement morte à ses manières propres, Dieu fait en elle toute sorte de bien.
    [...]
    C'est principalement par la sainte Eucharistie que cela se fait d'une manière plus expresse et plus pénétrante. Le saint Sacrement est le principe intérieur de cette vie divine, et l'on voit que c'est par la sainte communion que l'on parvient au bonheur d'être pleinement et parfaitement possédé de Dieu. »

    R.P. Jean-Joseph Surin s.j. (1600-1665), Lettre LX à la mère Jeanne des Anges, ursuline à Loudun, in "Lettres spirituelles" Tome I, Périsse Frères, Lyon - Paris, 1843 (Nlle édition).

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  • Méditation : "A Jésus par Marie"

    L'auteur fait dire à Marie :

    « Multiplie les actes de foi. Multiplie-les non comme pour te suggestionner toi-même, mais pour faire pénétrer la vérité divine jusqu'au fond de ton âme et pour en bien saisir les conséquences pratiques.

    Aime ! Aime la vérité parce que Jésus l'a aimée ; aime-la parce qu'il ne l'a enseignée aux hommes que par amour.

    Aime surtout Jésus, et apprends à l'aimer de plus en plus. En l'aimant davantage, tu imiteras plus parfaitement, même sans y penser, toutes les dispositions de son âme.

    Viens à moi et j'unirai mon amour au tien, et ensemble nous aimerons Jésus d'un amour incomparablement fort et pur.

    Prie ! Prie Jésus d'aider ton incrédulité. Prie-le de faire passer en toi ses pensées, ses sentiments, ses volontés.

    Et prie-moi de te révéler Jésus et de te faire vivre de sa vie. »

    Emile Neubert, marianiste (1878-1967), Mon idéal, Jésus Fils de Marie (Publiroc, Marseille, 1933), cité in Jean-Louis Barré s.m., La mission de la Vierge Marie d'après les écrits d'Emile Neubert, Salvator, Paris, 2013.

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  • Méditation : de la purification du coeur

    « Nous devons mettre tout notre soin à purifier notre cœur, parce que c'est là qu'est la racine de tous nos maux.
    [...]
    Nous sommes si pleins d'idées fausses et de jugements erronés, d'affections déréglées, de passions et de malices, que nous aurions honte de nous-mêmes si nous nous voyions tels que nous sommes. Imaginons-nous un puits bourbeux, duquel on tire incessamment de l'eau ; au commencement, ce qu'on en tire n'est quasi que de la boue ; mais à force de tirer, le puits se purifie, et l'eau devient plus claire ; de sorte qu'à la fin on en tire de l'eau fort belle et cristalline. De même travaillant sans cesse à purger notre âme, le fond se découvre peu à peu, et Dieu y manifeste sa présence par de puissants et merveilleux effets qu'il opère en l'âme, et par elle pour le bien des autres.
    Quand le cœur est bien purgé, Dieu remplit l'âme et toutes ses puissances, la mémoire, l'entendement, la volonté de sa sainte présence et de son amour. Ainsi la pureté de cœur conduit à l'union divine, et l'on n'y arrive point ordinairement par d'autres voies. »

    Louis Lallemant (1588-1635), La Doctrine spirituelle (Troisième Principe, ch. I, art. II, I), Paris, Jacques Lecoffre, Nouvelle édition, 1868.

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  • Méditations : des tentations...

    « La prière est sans nul doute indispensable pour repousser les tentations. Mais n'avons-nous pas aussi un autre moyen non négligeable, c'est l'application à notre devoir d'état, à la tâche qui nous a été confiée. Quand nous sommes occupées à bien faire ce que nous devons faire, chacune pour l'amour de Dieu, en union avec la très Sainte Vierge Marie, toutes les facultés sont donc occupées, et bien sûr, les tentations n'ont pas autant de prise sur nous. Voici encore un autre moyen pour écarter les tentations. Ce moyen tout simple et que vous connaissez bien, il consiste à opposer le mépris. Nous savons en effet que le mépris est le moyen le plus court pour nous défaire d'un ennemi que rien ne blesse tant que le dédain. Il est donc préférable aussi de ne pas revenir par la pensée sur nos tentations passées. Car en y revenant, nous remettrions en quelque sorte du bois au feu. Et ainsi nous l'entretiendrions au lieu de l'éteindre. Conservons donc notre tranquillité et la paix sereine dans les tentations. [...] Enfin, n'oublions pas cette vérité que nous connaissons bien ! Dieu si miséricordieux, ne permettra jamais que nous soyons tentées au-dessus de nos forces. Les débats de notre conscience, ces luttes, cette croix crucifiante, il faut les accepter par amour, et en esprit de réparation pour nos fautes, et pour celles des autres. Les tentations ne peuvent nous faire que le mal que nous voulons. Puisque dans les âmes fidèles, elles produisent le contraire : elles produisent de bons effets, elles les maintiennent d'ailleurs dans une plus profonde humilité ; elles stimulent leur vigilance et leur courage. Et de plus elles les entretiennent dans leur ferveur, en les ramenant à Dieu plus souvent. Oui, les tentations nous donnent une heureuse expérience et pour les autres aussi, parce qu'elles nous rendent enfin plus compréhensives, et plus compatissantes pour les faiblesses du prochain. Mais il n'en demeure pas moins vrai que nous devons, vous et moi, être très vigilantes, par la prière, et par la pénitence. »

    Mère Marie de la Croix (1901-1999), Entretiens Évangéliques A XVII 1975, in "Textes choisis 5. Avec Marie - Vivre le combat spirituel", Éditions de la Morinaie, Saint Aignan sur Roë, 2012.

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    Retable d'Issenheim de Matthias Grünewald, musée Unterlinden, Colmar
    Seconde ouverture, panneau droit : la tentation de St Antoine (détail)

  • Méditation : tout à Jésus pour nos frères

    « Il faut avoir le cœur ouvert à Jésus-Christ sans s'arrêter aux créatures et à cet extérieur du monde. C'est un exercice qui est pénible à la chair, mais il faut se résoudre à lui faire souffrir cette peine. Il lui faut du bâton de la Croix pour la réduire ; il faut lui faire violence pour l'empêcher de se complaire au monde, et pour faire que notre âme n'ait rien à goûter que Jésus.

    Que notre esprit, notre âme et notre cœur soient tout à Jésus, et que rien ne leur donne lieu de s'épancher hors de lui. Que la terre se ferme, que le soleil s'obscurcisse, que tout le monde nous persécute, pour nous retenir en Jésus. Tout est à lui en nous : tout doit vivre de lui, tout doit être recueilli en lui pour être participant de lui, et être ainsi très puissant en sa vertu et en sa grâce. C'est le moyen d'agir ensuite sur les cœurs de nos frères avec toute vertu. La grâce répandue en nos sens et la joie de la chair qui se dilate dans les objets sensibles, énerve souvent la vigueur de l'esprit, qui, pour être puissant, doit toujours être renfermé dans le sein et l'intérieur de Dieu en nous.

    Il n'y a point d'autre principe ni d'autre fondement à jeter que la Croix, et il n'y a rien par quoi Jésus-Christ notre Tout nous veuille mieux instruire et nous attirer, que par ce saint et adorable moyen. C'est par là qu'il nous consommera, et qu'il nous fera tous un en lui pour l'éternité. »

    Jean-Jacques Olier (1608-1657), Lettre 93, Paris, Victor Lecoffre, 1885.

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  • Méditation : la foi divine, source de toute grâce et de tout bien

    « L'origine de toutes les grâces, de tous les dons et de toutes les vertus théologales est la foi divine : c'est une lumière surnaturelle et le fondement de tout bien. Quiconque veut l'obtenir et être enfant du royaume éternel, doit conduire la nature jusqu'au plus haut point où la nature peut se hausser, c'est-à-dire constater et observer comment Dieu a créé le ciel et la terre par amour et en vue de l'homme, qu'Il a doué l'homme de dons multiples, spirituels et corporels, qu'Il est mort pour le salut de l'homme, qu'Il veut lui pardonner tous ses péchés s'il est disposé à faire pénitence, qu'Il veut lui donner libéralement la charité divine et toutes les vertus, qu'Il veut se donner Lui-même avec tout ce qu'Il est et tout ce qu'Il a pour qu'il en jouisse dans la gloire éternelle, si toutefois l'homme prend sur lui de mettre en Dieu sa confiance et accepte de Le servir librement avec une exacte obéissance. C'est que Dieu a créé toutes choses par un libre effet de sa bonté et de sa munificence, et il est de sa nature de se répandre sans cesse avec ses dons dans le temps et dans l'éternité, d'élever à Lui tous ceux qu'Il a comblés et de les introduire dans une jouissance éternelle : aussi l'homme doit-il accomplir librement toutes ses actions pour l'honneur de Dieu, avec une vraie humilité et une exacte obéissance, sans rien demander ni vouloir en retour qu'il ne plaise à Dieu de lui donner, car Dieu est large et libéral, nul service auprès de Lui ne se perd ou tombe dans l'oubli.
    De cette manière l'homme conduit la nature au point le plus haut où elle puisse se hausser. Alors la nature se voit défaillir et ne peut aller plus avant.
    C'est le moment où Dieu survient avec la lumière surnaturelle et éclaire l'intelligence, de sorte que l'homme conçoit plus de foi et de confiance qu'on ne saurait le décrire ; il considère et contemple le bien éternel qu'il attend, et sans le moindre doute il espère obtenir ce qu'il croit et déjà contemple. De là résulte un amour sensible qui l'unit librement à Dieu.
    Telles sont les trois vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité ; par là le Saint-Esprit vient dans l'âme de l'homme comme une source vive qui s'écoule en sept ruisseaux et ce sont les sept dons divins qui ornent l'âme, l'ordonnent et la perfectionnent pour la vie éternelle. »

    Bx Jean (Jan Van) Ruysbroeck (fêté ce jour), Le royaume des amants (Quatrième part., III, les vertus théologales), in Œuvres choisies trad. J.-A. Bizet, Coll. Les maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, Paris, 1946.

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    (Source photographique)

  • Méditation : tabernacles du Christ

    « La dévotion à Jésus Maître nous porte à bien adorer, communier, assister à la sainte messe. En plus, elle nous porte à vivre la vie d'union à Jésus, une vraie vie eucharistique.

    La très sainte Vierge a porté Jésus dans son cœur. Elle l'a reçu souvent dans la sainte Eucharistie.

    Après la communion, la présence réelle de Jésus dure peu de temps en nous ; la présence spirituelle, au contraire, peut durer toujours. L'âme qui fait une bonne communion devient la demeure de Dieu, notre cœur devient le tabernacle vivant de la Sainte Trinité. “Nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure” (Jn.14,23). Après avoir communié, la personne qui quitte l'église pour vaquer à ses devoirs, jardin, ménage, cuisine, est toujours porteuse du Christ, et cela, même si elle marche sur les routes, elle est “christophore” c'est-à-dire qu'elle est “porteuse du Christ”. Elle ressemble à un tabernacle qu'on transporte d'un lieu à l'autre.

    J'imagine comment la bienheureuse Vierge menait une vie de recueillement profond lorsqu'elle portait Jésus en elle. Toujours absorbée dans le trésor qu'elle portait. La noblesse de ses pensées, la plénitude de son amour, sa donation totale à Dieu rayonnaient extérieurement.

    Comme elle chemine joyeusement l'âme qui porte Jésus ! Mon trésor est avec moi. Quelle joie ! »

    Bx Giacomo Alberione (fêté ce jour), Aux Sœurs Disciples du Divin Maître (ch.5, 26-30, 6 janvier 1947), Ed. 1986.
    Source : Écrits en téléchargement.

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  • Méditation - Prière de Ste Gertrude

    « Ô amour unissant, Dieu de mon cœur, la louange et la joie de mon esprit ! ô mon Roi et mon Dieu (1) ! mon bien-aimé choisi entre mille (2) ! Époux chéri de mon âme, Seigneur Roi des armées, vous que mon cœur aime, cherche et désire uniquement ! De grâce, ô amour, soyez en ce monde ma dot, vous qui êtes riche des bénédictions et de la douceur divines. Jusqu'à ce qu'elle ne fasse qu'un avec vous pour jamais, que mon âme n'ait par son union intime avec vous qu'un même esprit, qu'un même souffle, qu'une même volonté, qu'une même affection. Vous êtes l'amour enflammé ; répandez sur moi, dans le cours de mon pèlerinage, une bénédiction vivante et efficace, tendre en même temps que brûlante, afin que mon âme, mon énergie et tout mon être s'allument, comme une étincelle, au feu de votre charité et ne s'éteignent jamais.

    Et vous, vivant amour, soyez pour moi la bénédiction qui consomme et qui achève. Faites que mon âme marche au-devant de vous comme une digne épouse. Réglez ma vie entière dans votre amour. Disposez ma mort en vous, qui êtes ma vie bienheureuse, dans la parfaite vigueur de la foi, de l'espérance et de la charité ; préparez-la par la digne réception de tous les sacrements de l’Église. Anéantissez à votre service toutes mes forces, consumez par votre amour jusqu'au dernier suc de mon corps ; alors mon âme, débarrassée de ce fardeau, vous suivra, joyeuse, tranquille et libre, ô vous qui daignez m'aimer si tendrement, jusque dans les profondeurs intimes, délicieuses et lumineuses de la Sainte Trinité. C'est là que tous mes péchés me seront remis par votre bonté ; là que votre inestimable charité couvrira toutes mes offenses ; là que ma vie perdue verra relever toutes ses ruines par sa très parfaite intimité avec vous, mon Jésus, trésor d'amour ! là que mon âme, languissante et malade aujourd'hui par l'ennui de cette vie, se rajeunira en vous, ô vivant amour ! qu'elle se renouvellera comme l'aigle (3), et ressentira les transports d'une joie et d'un bonheur immenses à la vue de votre visage d'où coule le miel ; car elle aura trouvé et déjà elle saisira les joies infinies de la vie éternelle, vous ayant en sa possession pour toujours, ô Dieu qui êtes l'amour ! Amen ! »

    (1) : Ps. V, 3.
    (2) : Cant. V, 10.
    (3) : Ps. CII, 5.

    Ste Gertrude, in Les Exercices de Sainte Gertrude (Sixième exercice, prière finale), Trad. Dom Albert Schmitt, Moine de Solesmes, Librairie Plon, Paris, 1942.

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  • Méditation : la grâce et la Communion des Saints

    « La grâce est le principe d'une union surnaturelle, très intime entre Dieu et l'âme. Elle est un lien très étroit qui rattache l'un à l'autre, un aimant puissant qui les rapproche. A la toute-puissance de Dieu, une multitude d'unions merveilleuses sont possibles, que nous ne soupçonnons même pas, mais qu'il connaît dans sa science infinie. Celle que réalise la grâce en est une. Elle n'est pas hypostatique comme celle qui existe entre les deux natures, divine et humaine, du Christ par la personne du Fils. Semblable à celle qui, par la transsubstantiation, unit les Espèces eucharistiques au Corps et à tout l’Être de Notre-Seigneur, et supprime de quelque façon les distances entre l'hostie consacrée et Lui, l'union par la grâce supprime les distances entre Dieu et l'âme, et le rend présent en celle-ci.
    Union ineffable, beaucoup plus étroite, plus parfaite que toutes les unions naturelles pouvant exister entre personnes ou substances distinctes. Dieu compénètre l'âme de toutes parts, jusqu'au plus intime de son être ; il ne fait qu'un avec elle.
    Qui dit présence, dit union ; présence surnaturelle, union surnaturelle.
    Et, par Dieu, la grâce nous unit à tous ceux qui lui sont unis, et d'autant plus qu'ils lui sont plus unis : avec les Élus qui, par la vision, l'amour et la possession béatifique, lui sont donc unis, selon le degré de leur union ; donc, avec le Christ avant tout ; avec la Sainte Vierge ; avec les âmes du purgatoire qui, elles aussi, lui sont unies par la grâce (et c'est une consolation pour nos cœurs en deuil de nous savoir unis à ceux que nous pleurons) ; avec les justes de la terre en proportion de l'intensité de leur grâce, surtout avec les plus saintes, les plus belles âmes. cette union les rapproche tous de nous et nous rapproche d'eux. Elle est un des fondements de cette communauté et communication de biens spirituels qu'on nomme : Communion des Saints. »

    Chanoine François Cuttaz, Le Juste - Notre vie de grâce (Deuxième partie, ch. VI), Chez l'Auteur, Annecy, 1955 (cinquième édition).

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  • Méditation : l'union à Jésus

    « Nous unir à Jésus, Lui demander de travailler en nous, de souffrir en nous, de prier en nous, nous considérer comme un membre du Christ, comme un instrument qu'Il doit Lui-même mettre en œuvre, comme un organe qu'Il doit animer, quelle pratique consolante et fortifiante ! Quand nous agissons, quand nous accomplissons nos devoirs d'état, nous sentons vivement notre impuissance ; quand nous souffrons, nous constatons avec peine que nous ne savons guère bien souffrir ; quand nous prions, nous nous trouvons fort indignes et nous avons conscience que nos prières ne peuvent guère glorifier notre Dieu. Donc unissons-nous à Jésus, demandons-Lui de remplir Lui-même en nous toutes ces saintes fonctions ; puis consolons-nous : Jésus, que nous avons appelé, est venu ; Il veut bien travailler, souffrir, prier en nous et donner à toutes nos œuvres une dignité, un mérite, une efficacité qu'elles n'auraient pas sans Lui. "Il nous faut toutes consommer, écrivait à une visitandine de Moulins sainte Marguerite-Marie, dans cette ardente fournaise du Sacré-Cœur de notre adorable Maître... et après avoir perdu notre cœur de corruption dans ces divines flammes du pur amour, il nous y en faut prendre un tout nouveau, qui nous fasse désormais vivre d'une vie toute renouvelée... il faut que ce divin Cœur de Jésus soit tellement substitué à la place du nôtre que lui seul vive et agisse en nous et pour nous, que sa volonté tienne tellement la nôtre anéantie qu'elle puisse agir absolument sans résistance de notre part ; enfin que ses affections, ses pensées et ses désirs soient en la place des nôtres, mais surtout son amour, qui s'aimera lui-même en nous et pour nous." (Œuvres, t.II, p.468.)

    On connaît bien la belle prière de M. Olier : "Ô Jésus vivant en Marie, venez et vivez en nous dans votre esprit de sainteté, dans la plénitude de votre puissance, dans la perfection de vos voies, dans la vérité de vos vertus, dans la communion de vos divins mystères ; dominez en nous sur toutes les puissances ennemies, dans la vertu de votre Esprit et pour la gloire de votre Père."

    Ainsi, que Jésus reproduise en nous ses vertus, nous communiquant les dispositions qu'Il avait dans les mystères de sa vie mortelle, l'humilité de son incarnation, la pauvreté de sa naissance, le recueillement de sa vie cachée, le zèle de sa vie publique, la ferveur de ses oraisons, la générosité de son immolation, si bien que Dieu voie en chacun de nous, non plus la créature avec ses misères, mais l'image fidèle, la photographie de son divin Fils, en qui Il a mis toutes ses complaisances ; on peut même dire : qu'Il voie en nous Jésus lui-même nous couvrant, nous enveloppant, nous cachant en Lui, Jésus nous animant, nous mouvant, agissant en nous et par nous. »

    Abbé Auguste Saudreau (1859-1946), L'idéal de l'âme fervente (ch.V : Jésus vivant en nous), Paris - Arras - Angers, Charles Amat - Brunet - G. Grassin, 1923.

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  • Un mois avec Marie - Dix-neuvième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    DIX-NEUVIÈME JOUR
    La Patience

    « La patience est la vertu des forts »
    Combien admirable fut la patience de Notre-Dame au cours de sa longue vie, et particulièrement durant la Passion de son divin Fils !
    Son Cœur agonise avec le Sien, elle le suit dans la voie douloureuse, entend ses gémissements sous les coups de marteau qui le fixent à la Croix. Broyée dans son Amour, elle demeure debout aux pieds de l'adorable Victime et lui voit exhaler son dernier soupir. Puis, on remet le Corps inanimé de son Jésus entre ses bras...
    Pas une plainte n'est montée à ses lèvres contre les décrets du Ciel ou la cruauté humaine. L'ombre même d'un murmure ne s'est point élevée dans son esprit. Pénétrée du néant de la créature, elle s'incline devant le Tout de Dieu. Plongée dans un océan de douleur, elle adore sa Volonté souveraine, elle s'y soumet, elle l'aime...
    La patience de notre céleste Mère brille, au Calvaire, d'un merveilleux éclat.
    Écoutons son invitation à l'imiter :
    « Soyez très patients, nous dit-elle par Jacintha, la patience conduit au Paradis. »
    Nous n'aurons pas sans doute à l'exercer, cette patience, dans les mêmes conditions que Marie ; mais oui bien chaque jour en maintes occasions diverses, menues ou importantes.
    Soyons d'abord patients avec nous-mêmes. Nos défauts ne font pas seulement souffrir le prochain, ils nous sont, à nous aussi, un fardeau, et d'autant plus lourd qu'il nous est impossible de nous en séparer. Améliorer, transformer notre « moi » égoïste, exigeant, plein d'orgueil et de vanité, s'impose comme un sérieux devoir. Mais ce n'est pas en nous irritant contre nos écarts et nos chutes, en nous dépitant de nos échecs dans la lutte, que nous pourrons l'accomplir. La répression des défauts, l'acquisition des vertus sont les fruits d'efforts aussi prolongés et soutenus que tenaces. On ne les obtient qu'au prix d'une longue, longue patience, ferme et douce à la fois.
    Pas plus que nous, le prochain n'est exempt de travers, de passions. Nos rapports avec lui nous sont une source de douces joies et... de souffrances ! Les incompréhensions, les heurts, les jalousies et rivalités sont inévitables en cette vie. Supportons patiemment les peines qui nous viennent d'autrui : déceptions, tracasseries, méchancetés peut-être...
    L'auteur de l'Imitation nous donne en ce point des enseignements précieux, sachons en tirer profit : « Celui-là n'est point patient, qui ne veut souffrir que de qui il lui plaît et qu'autant qu'il lui plaît. - On ne parvient pas sans combats à la couronne de la patience. Si vous désirez la couronne, combattez avec courage, souffrez avec patience » (1)
    Enfin soyons patients dans les événements contraires et affligeants : la foudre endommage ma maison, la grêle ruine mes récoltes, la maladie m'atteint, la mort frappe des êtres chers, etc..., et je suis tenté d'accuser le Seigneur de tout ce qui m'arrive de fâcheux et qui est la conséquence du péché.
    Pour satisfaire à nos exigences, Dieu devrait opérer des miracles à chaque instant. Or, il ne déroge point sans de graves raisons aux lois naturelles établies par sa Sagesse infinie, il n'annule point non plus la sentence portée contre Adam pécheur. Que n'a-t-il pas fait pour nous, cependant, dans son adorable Bonté ! Notre rachat lui a coûté le sacrifice de son Fils Unique et des épreuves qu'Il permet nous arriver, nous pouvons nous constituer un impérissable trésor.
    Patientons quelques mois, quelques années encore, puis nous expérimenterons dans l'éternelle allégresse, que « les souffrances du temps présent n'ont aucune proportion avec la gloire qui doit un jour éclater en nous » (2).
    Acceptons la croix lorsqu'elle nous est présentée. Que notre âme unie à la Vierge des Douleurs s'incline, adore, aime ! C'est l'attitude du vrai chrétien.

    PRIÈRE

    Ô Marie, vous êtes le meilleur de ces êtres doux et chers qu'il est bon de rencontrer à l'heure de la détresse. Nous avons à souffrir en ce monde et nous ne savons pas quelle sera la mesure de nos maux. Ô Mère, venez alors au devant de nos plaintes, mettez sur nos lèvres ce qui calme, apaise et fortifie. Ô Vous qui avez consolé l'Homme-Dieu sur le chemin du Calvaire, jetez sur nous un regard de Mère qui allège le poids de toute Croix. Ainsi soit-il.

    Ô Marie, Consolatrice des affligés, priez pour nous.

    (1) Imit. Jésus-Christ, III, XIX, 4.
    (2) Ep. Aux Romains, VIII, 18.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.

  • Méditation : le salut de nos frères

    « Que signifie donc donner son âme pour ses amis ? Quelle est la mesure suprême de l'amour sacrificiel ? Au-delà des indications particulières de l’Évangile, c'est l’œuvre entière du Christ sur la terre qui nous donne la réponse. "Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique." Le Christ nous appelle à ce même amour. On ne peut suivre le Christ sans participer, ne serait-ce qu'un minimum, à cet exploit du sacrifice d'amour.
    Le disciple du Christ, c'est celui qui aime le monde, donne son âme pour autrui, accepte même d'être séparé du Christ pour le salut de ses frères. A l'inverse, l'homme qui suit le chemin de l'égoïsme, fut-il sacré, ne s'occupe que de son propre salut, ne se sent pas responsable de la souffrance et du péché du monde ; celui-là n'entend pas ce que dit le Seigneur, et ne comprend pas pourquoi le Christ a assumé le sacrifice du Golgotha.
    Certes il n'est pas rare que ceux qui suivent la voie du salut individuel s'adonnent à certaines pratiques en apparence vertueuses : nourrir les vagabonds, assister les pauvres, etc. Mais ils ne le font que comme un entrainement ascétique, un exercice utile à leur propre âme. Or ce n'est évidemment pas ce genre d'amour que l’Évangile nous enseigne, et ce n'est pas dans un tel exercice que le Christ fut crucifié.
    L'amour du Christ dont nous héritons est un authentique amour sacrificiel, c'est le don total de l'âme, non pour la retrouver avec des intérêts à mon profit, mais pour le bénéfice unique du prochain en qui se révèle, par la grâce même de ce don d'amour, l'image de Dieu.
    Mais attention. Ce que nous venons de dire ne signifie pas qu'il faille raisonner ainsi, puisque le Christ nous a donné la certitude que nous le rencontrons dans chaque pauvre, témoignons de l'amour à celui qui sous l'apparence de la pauvreté n'est en réalité autre que le Roi céleste, qui ne gaspillera pas nos dons mais nous les rendra au centuple. Non. Si le Christ est bien présent et souffre bien en lui, le pauvre, le malheureux, n'en est pas moins réellement lui-même, dans la réalité de sa pauvreté et de sa misère. Nous devons accueillir le pauvre au nom de l'amour du Christ, non parce que nous obtiendrons ainsi une récompense, mais parce que l'amour sacrificiel du Christ nous embrase, que nous nous unissons au Christ dans cet amour, que nous participons à sa souffrance sur la croix, que nous souffrons non pour notre purification et notre salut, mais réellement pour l'autre, le pauvre, le malheureux, pour que nos souffrances allègent les siennes.
    Nous ne pouvons pas aimer sacrificiellement en notre propre nom, mais seulement au nom du Christ, au nom de l'image de Dieu qui se révèle à nous dans chaque homme. »

    Mère Marie Skobtsov (1891-1945), Le sacrement du frère, Préface d'Olivier Clément - Biographie spirituelle par Hélène Arjakovsky-Klépinine - Le sel de la terre, Pully, 1995.

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  • Méditation avec Ste Marie-Thérèse Couderc (fêtée ce jour)

    « Mon attrait me porte toujours à cet entier oubli de moi-même, à cette soumission parfaite à la divine Volonté, à ce détachement absolu de tout ce qui n'est pas Dieu, et il me semble en effet que je ne tiens à rien.
    Je n'ai qu'un désir : que Dieu soit glorifié. Je n'ai qu'une peine : c'est de voir qu'il est méconnu et outragé ; qu'une crainte : celle de l'offenser et de lui déplaire par quelque infidélité. Mais quand je lui ai dit tout cela je suis encore en paix, parce que je ne veux que ce qu'il voudra bien me donner de tout ce que je lui demande.
    Et n'a-t-on pas raison de s'abandonner ainsi puisqu'il donne toujours plus qu'on ne lui demande... J'en fais tous les jours l'heureuse expérience par l'attrait qu'il me donne de lui être de plus en plus unie. C'est encore une des grâces que je ne cesse de demander, car plus on s'approche de Dieu et plus on désire s'en approcher, - plus on lui est uni et plus on désire cette union, parce qu'on comprend toujours davantage que Dieu est le centre de notre cœur et que Lui seul peut le remplir et le rendre heureux. »

    Sainte Marie-Thérèse Couderc, Lettre à sa Supérieure du 7 août 1867, in J. Dehin, "L'Esprit de la Vénérable Mère Thérèse Couderc, Fondatrice de l'Institut de Notre-Dame de la Retraite au Cénacle", O.F.L., 1946.
    Marie-Thérèse Couderc a été canonisée par Paul VI le 10 mai 1970.

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  • Méditation : l'adoration eucharistique

    Dies Natalis de la Vénérable Mère Marie-Thérèse du Cœur de Jésus (Théodelinde Bourcin-Dubouché)
    Religieuse et fondatrice de la Congrégation de l'Adoration Réparatrice (1848)

    « L'adoration eucharistique, c'est d'être là comme une fleur devant son soleil. Si vous saviez quel est Celui qui vous regarde à travers ces voiles... Ne faites rien, qu'importe ! Une vertu sortira de Lui... Les bons anges vous enverront le souffle de sa bouche, la chaleur de son Cœur...


    Au pied de l'Eucharistie, il n'y a ni lieu, ni temps, ni distance. En Lui, on se retrouve, on s'aime, on se soutient.

    L'oraison, c'est la vie de Dieu. C'est l'exercice qui, sous différentes formes, tient l'âme dans l'union parfaite et continuelle avec Dieu.
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    Une âme unie à Dieu est un feu qui embrase tout autour d'elle. »

    Vénérable Théodelinde Bourcin-Dubouché (1809-1863), Mère Marie-Thérèse du Cœur de Jésus.
    (déclarée Vénérable par le pape Saint Pie X, le 19 mars 1913)

    Adoration Réparatrice : 39 rue de Gay-Lussac, 75005 Paris, France.
    La première fondation est à Paris, la deuxième à Lyon et la troisième à Châlons en Champagne. Elle est présente en France et en Irlande.

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    L'Adoration Réparatrice : histoire et actualité

  • Méditation - Prière : St Jean Eudes

    « O Sacré Cœur de Jésus, je vous adore de toutes les puissances de mon âme, et je vous les consacre pour toujours, avec toutes mes pensées, mes paroles et mes œuvres ; que ne puis-je, ô divin Cœur, vous rendre autant d'adorations, d'amour et de gloire que vous en rendrez à votre Père Éternel. Soyez le réparateur de mes défauts, le protecteur de ma vie, mon asile à l'heure de ma mort ; je vous demande la même grâce pour tous les pauvres pécheurs, les cœurs affligés, les agonisants, et généralement, mon Sauveur, pour tous les hommes qui sont sur la terre, afin que le prix de votre précieux Sang ne soit point perdu pour eux ; faites aussi qu'il soit appliqué au soulagement des âmes du Purgatoire : c'est ce que je désire vous demander, ô Cœur adorable, par tous les battements de mon cœur et de mes veines, jusqu'au dernier soupir de ma vie. Ainsi soit-il. »

    St Jean Eudes, Le Trésor des âmes dévouées aux S.S. Cœurs de Jésus et de Marie ("Exercice de Piété" - Acte d'adoration au divin Cœur de Jésus), Nlle édition, Tours, Chez A. Mame et Cie, 1836.

    Œuvres complètes de St Jean Eudes à télécharger sur internet, à la Bibliothèque Saint Libère (12 tomes).

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