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  • Méditation - Prière : quel chemin pour servir Dieu ?

    « Tu veux, Père éternel, que nous te servions selon ton bon plaisir, et tu conduis tes serviteurs de différentes façons et par diverses voies. Ainsi tu montres que d’aucune manière nous ne pouvons ni ne devons juger les intentions de l’homme par des actes que nous percevons de l’extérieur, mais en chacun nous devons considérer ta volonté. Plus spécialement doivent le faire tes serviteurs qui sont unis à elle et, par elle, sont transformés. L’âme, qui dans ta lumière voit la lumière (Ps 35,10), se réjouit de contempler en chacun des hommes tes manières variées, tes voies innombrables. Car bien qu’ils cheminent par différentes voies, ils ne courent pas moins tous sur la route de ton ardente charité. Sans cela, ils ne suivraient d’ailleurs pas vraiment ta vérité.

    Aussi nous voyons certains courir sur le chemin de la pénitence, établis dans la mortification corporelle ; d’autres établis sur l’humilité et la mortification de leur volonté propre ; d’autres sur une foi vive ; d’autres sur la miséricorde ; et d’autres tout dilatés dans l’amour du prochain, après s’être quittés eux-mêmes. Par cette manière de voir, l’âme, qui a mis en œuvre avec sollicitude sa lumière naturelle, se développe et acquiert la lumière surnaturelle par laquelle elle découvre la largeur sans mesure de ta bonté. Comme ils ont le sens du réel, ceux qui voient ta volonté en toutes choses ! En toute action des hommes, ils considèrent ta volonté sans juger celle des créatures. Ils ont bien compris et reçu la doctrine de ta vérité, lorsqu’elle dit : « Ne jugez pas selon les apparences ». Ô Vérité éternelle, quel est ton enseignement ? Par quelle voie veux-tu que nous allions au Père ? Quelle voie nous convient-il de suivre ? Je ne puis voir d’autre route que celle que tu as pavée avec les vraies et réelles vertus de ton ardente charité. Toi, Verbe éternel, tu l’as aspergée de ton sang : c’est elle la voie. »

    Ste Catherine de Sienne (1347-1380), Oraison 16 (Trad. Orval).

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  • Méditation : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours » (He 13, 8)

    « Ô Verbe fait chair, Fils de Dieu et Fils de Marie, Divinité abaissée jusqu'à nous pour nous élever jusqu'à Vous, faites-moi bien comprendre que vous êtes la grande réalité des temps et de l'éternité. Montrez-moi clairement que c'est perdre son existence que de la passer loin de Vous, et que c'est gaspiller les trésors de son cœur que de ne Vous les consacrer pas. Oh ! faites-moi voir clairement que c'est n'avoir point le sens ni de l'ordre ni de son bien véritable et que c'est se tromper lamentablement, que de poursuivre autre chose que Vous.

    Tout passe, dans la nature, en nous et en dehors de nous. Ne sont-ce pas de perpétuels écroulements, en toutes ces petites choses qui nous donnent l'illusion du bonheur possédé ou rêvé, en tous nos espoirs, en tous nos biens terrestres, en toutes nos affections ? En notre être naturel, physique ou moral, au sein du monde où se meut notre existence passagère, n'est-ce pas sans cesse, toujours renouvelé, le désolant effondrement de la créature ?

    Mais Vous, ô Jésus, Vous, Fils de Dieu et Fils de la Vierge, Vous êtes l'Humanité rendue divine, par votre Incarnation ; Vous êtes le principe et la fin de toutes choses. Agneau si tendre et si doux, si faible et si persécuté, si meurtri, si sanglant, Agneau sans tache, Victime très sainte immolée journellement pour nous, Vous êtes le Roi universel des siècles et des nations. Vous êtes la glorieuse Majesté d'Amour qui subsiste à jamais.

    Les années s'écoulent, les siècles s'enfuient, les générations disparaissent, les royaumes s'effondrent. Tout meurt, à vos pieds. Sous votre regard tranquille, qui embrasse comme un point les temps et les espaces, les gloires pâlissent, les chefs-d’œuvre se flétrissent, les souvenirs s'effacent, les astres s'éteignent... Et Vous, ô mon Maître adoré, Vous, Vous restez debout, victorieux, toujours bon, toujours grand, toujours puissant, toujours souverain, toujours aimable, humble et doux : toujours le même, éternellement jeune, éternellement beau, éternellement digne de tous les hommages, éternellement digne de tous les amours. Christus heri, et hodie : ipse et in saecula. »

    Chanoine Marie-Eugène Henry, Chapelain de Paray-le-Monial, Lueurs Divines Tome I, Paray-le-Monial, Imprimerie nouvelle, 1935.

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    Adoration de l'Agneau mystique des frères Van Eyck (panneau central)

  • Méditation avec Ste Catherine de Sienne : gloire de la Résurrection

    « 1.- Ô notre Résurrection ! notre Résurrection ! puissante et éternelle Trinité, faites donc éclater mon âme ! Ô Rédempteur ! notre Résurrection ! Trinité éternelle ! Feu qui brûlez toujours, qui ne vous éteignez jamais, qui ne pouvez diminuer quand même vous vous communiqueriez à toute la terre ! Ô Lumière qui donnez la lumière, je vois dans votre lumière, et je ne puis rien voir sans vous, parce que vous êtes Celui qui êtes, et moi je suis celle qui ne suis pas! Je connais par vous mes besoins, ceux de l'Église et du monde ! C'est parce que je les connais que je vous conjure d'ébranler, d'enflammer mon âme pour le salut du monde ; non pas que je puisse porter quelque fruit par moi-même, mais je le puis par la vertu de votre charité, qui est la source de tout bien.

    2.- Oui, dans l'abîme de votre charité, l'âme agit pour son salut et pour celui de prochain, comme votre Divinité, ô éternelle Trinité, nous a sauvés au moyen de notre humanité bornée, qui nous a procuré un bien infini. C'est par cette vertu toute puissante de votre Divinité qu'a été créé tout ce qui participe à l'être, et qu'a été donné à l'homme le bien spirituel et temporel qui se trouve en lui. Ce bien, vous avez voulu que l'homme le cultivât par son libre arbitre.

    3.- Ô Trinité, Trinité éternelle ! votre lumière nous fait connaître que vous êtes le Jardin parfait qui renfermez les fleurs et les fruits. Vous êtes une Fleur de gloire qui vous glorifiez et qui fructifiez vous-même ! Vous ne pouvez rien recevoir d'un autre : sans cela vous ne seriez pas le Tout-Puissant, l’Éternel ! Celui qui vous donnerait ne paraîtrait pas venir de vous. Mais vous êtes votre gloire et votre fruit ; ce que vous offre votre créature vient de vous ; si elle ne recevait rien, elle ne pourrait rien vous rendre.

    4.- Ô Père éternel ! l'homme était renfermé dans votre sein ; vous l'avez tiré de votre sainte pensée, comme une fleur où se distinguent les trois puissances de l'âme. Dans chacune de ces puissances, vous avez mis un germe afin qu'elles puissent fructifier dans votre jardin et vous rendre le fruit que vous lui avez donné. Vous entrez dans l'âme pour la remplir de votre béatitude, et l'âme y est comme le poisson dans la mer et la mer dans le poisson.

    5.- Vous lui avez donné la mémoire afin qu'elle puisse retenir vos bienfaits, pour fleurir à la gloire de votre nom et porter de bons fruits. Vous lui avez donné l'intelligence afin qu'elle connaisse votre vérité et votre volonté qui veut toujours notre sanctification, et que, la connaissant, elle vous honore et produise des vertus ! Vous lui avez donné la volonté afin qu'elle puisse aimer ce que l'intelligence a vu et ce que la mémoire a retenu.

    6.- Si je regarde en vous, qui êtes la Lumière, ô Trinité éternelle, je vois que l'homme a perdu la fleur de la grâce par la faute qu'il a commise. Il ne pouvait dès lors vous rendre gloire et atteindre le but pour lequel vous l'aviez créé. Votre plan était détruit ; votre jardin était fermé, et nous ne pouvions recevoir vos fruits. Alors vous avez envoyé le Verbe, votre Fils unique, à notre secours.

    7.- Vous lui avez donné la clef de la Divinité et de l'humanité réunies pour nous ouvrir la porte de la grâce ; la Divinité ne pouvait l'ouvrir sans l'humanité, parce que l'humanité l'avait fermée par la faute du premier homme ; et l'humanité seule ne pouvait ouvrir sans la Divinité, parce que son action est finie et que la faute avait été commise contre la perfection infinie. La satisfaction devait égaler la faute ; tout autre moyen ne pouvait suffire. Et vous, doux et humble Agneau, vous nous avez ouvert les portes du jardin céleste ; vous nous livrez l'entrée du paradis et vous nous offrez les fleurs et les fruits de l'éternité.

    8.- Je comprends maintenant la vérité de ce que vous disiez, lorsque vous êtes apparu sous la forme d'un pèlerin à vos deux disciples, sur la route d'Emmaüs. Vous leur disiez qu'il fallait que le Christ souffrit et qu'il entrât dans la gloire par la voie de la Croix (Lc XXIV, 26) ; vous leur citiez les prophéties de Moïse, d'Élie, d'Isaïe, de David, et vous leur expliquiez les Écritures ; mais ils ne vous comprenaient pas, parce que les yeux de leur intelligence étaient obscurcis. Mais vous vous compreniez bien, doux et aimable Verbe, et vous saviez où était votre gloire ; il vous fallait souffrir pour entrer en vous-même. Ainsi soit-il. »

    Ste Catherine de Sienne (25 mars 1347 - 29 avril 1380), Prière faite à Rome le Jeudi 5 Avril 1379 (Prière XXI), in Œuvres, Trad. de l'italien par E. Cartier, Paris, P. Lethielleux, 1802.
    A lire en ligne et/ou à télécharger ici.

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    Sainte Catherine de Sienne, église de Sainte-Marie du Rosaire à Prati, Rome
    (Source)

  • Méditation : l'Annonciation - la parole angélique

    « La Vierge écoute en silence cet ange qui lui parle ; elle reçoit avec humilité les paroles d'honneur dont il la salue ; elle considère en tranquillité les propos qu'il lui tient ; elle se rend attentive à l'ambassade qu'il lui fait ; elle croit ce qu'il lui annonce et, le tenant pour véritable, elle s'enquiert avec prudence de la manière dont il s'accomplira ; ce que cet ange n'avait point annoncé, et par une conduite céleste avait, ce semble, tu et réservé exprès pour donner lieu à la demande de la Vierge, et éclairer l'univers du vœu et état de la Vierge par les paroles de la Vierge.

    La Vierge donc, ne doutant point de cette œuvre, le supposant pour véritable en la lumière de la foi et en la clarté de la parole angélique, désire apprendre de ce même ange, qui lui est envoyé de Dieu pour l'instruire en ce sujet, quelle est la voie ordonnée de Dieu pour accomplir cet œuvre. Et en cet esprit d'humilité, de créance, de désir d'être instruite de cette vérité importante à elle et au monde, elle dit simplement à cet ange : Comment s'accomplira cet œuvre ? (Lc I,34)

    [...]

    Cette parole est donc une parole de foi signalée, de pureté virginale, de prudence céleste, de conduite divine ; et même, si nous y pensons bien, c'est une parole d'autorité éminente, en laquelle Dieu veut que la Vierge entre au regard de cet œuvre qui lui est annoncé, comme un préambule de l'autorité grande où elle va entrer sur Dieu même en qualité de mère. Car Dieu veut que la Vierge traite et délibère sur cet œuvre des œuvres que la main du Tout-Puissant veut opérer au monde. [...] Puissance véritablement remarquable, et honneur grand à la Vierge, mais qui n'est qu'un rayon de l'honneur, puissance et autorité admirable qu'elle va recevoir au regard de Dieu même qui la fait sa Mère.

    Voilà les saintes pensées que nous devons avoir, écoutant les propos qui se tiennent en ce cabinet de Nazareth ou, pour mieux dire, en ce sanctuaire où la Vierge est avec l'ange ; où Dieu est présent et prêt à s'incarner, où tout est saint, pur et divin, et tend à produire le Saint des saints au monde. Et c'est ainsi qu'il faut parler d'un colloque si pur et si saint, qui sert de préambule à un mystère si haut, si grand et si auguste. »

    P. de Bérulle, Annonciation, Colloque de la Vierge avec l'Ange, in "Vie de Jésus" (chap. XIII), Éditions du Cerf, Juvisy, 1929.

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  • Méditation : le baptême du Seigneur

    « Je ne peux contenir ma joie, mon esprit exulte et tressaille. Je me sens presque emporté par l'ardeur de Jean pour annoncer la bonne nouvelle. C'est vrai que je ne suis pas le Précurseur, mais comme lui je viens du désert.
    Le Christ est illuminé, resplendissons avec lui.
    Le Christ est baptisé, descendons avec lui pour pouvoir avec lui remonter nous aussi.
    Jean baptise, Jésus s'avance : il vient sanctifier le Baptiste. Il vient noyer dans les eaux le vieil Adam tout entier et, avant cela, - et pour cela - sanctifier les eaux du Jourdain. Le Baptiste refuse et Jésus insiste. La lampe dit au Soleil, la voix au Verbe, l'ami à l’Époux : C'est moi qui devrais être baptisé par toi. Jésus répond : laisse donc. Ceci s'accomplit pour réaliser en toute sagesse le dessein de Dieu.
    Jésus remonte de l'eau entraînant et élevant le monde avec lui et il voit les cieux ouverts, ces cieux qu'autrefois Adam avait fermés pour lui et pour les siens, et ce paradis qui était comme scellé par un glaive de feu. Et l'Esprit témoigne de sa divinité ; il accourt vers son semblable, et une voix descend du ciel, car c'est du ciel que vient celui à qui on rend témoignage.
    Nous entourons d'honneur aujourd'hui le baptême du Christ et nous sommes en fête pour le célébrer.
    Purifions-nous. Rien n'est plus agréable à Dieu que le salut des hommes et leur retour, c'est la clef de tout enseignement et de tous les mystères. Il en sera ainsi si vous êtes comme une lumière dans le monde, comme une force vitale pour les autres hommes, et comme de petites lumières autour du Christ la grande lumière, reflétant sur vos traits sa splendeur céleste. »

    St Grégoire de Nazianze, Sermon 39, 14-16,20 ; PG 36, 350-354,358.

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  • Méditation : le Verbe fait chair

    « Maintenant que le Verbe s'est fait homme et qu'il a fait siennes nos misères, celles-ci sont détruites par lui. Les hommes ne sont pas morts sous leurs péchés ; mais ressuscités selon la force du Verbe, ils demeurent à jamais incorruptibles et immortels.
    Quand son humanité naît de Marie, mère de Dieu, on dit que c'est lui qui naît. En réalité, cependant, c'est notre naissance qu'il prend en lui, et nous, nous ne sommes plus simplement de la terre qui doit retourner à la terre ; mais nous sommes réunis au Verbe du ciel qui veut nous mener au ciel.
    De même, n'est-ce pas sans raison qu'il a pris en lui les autres faiblesses du corps ; c'est pour que nous ne soyons plus seulement des hommes, mais pour que, appartenant désormais au Verbe, nous participions à la vie éternelle.
    C'en est donc fait de la mort que nous vaut notre première naissance en Adam : cette naissance et toutes les autres misères de la chair, ont été transportées dans le Verbe, nous, relevés de la terre, nous voyons la malédiction du péché enlevée par celui qui, en nous et pour nous, est devenu malédiction.
    Et c'est juste. De même que, faits de terre, nous mourons en Adam ; de même, régénérés par l'eau et l'esprit, nous sommes tous vivifiés dans le Christ. Dorénavant, la chair n'est plus chose terrestre, elle est faite Verbe, à cause du Verbe de Dieu, qui pour nous, est devenu chair.
    Les hommes voient leurs faiblesses transférées et détruites en celui qui n'y est pas sujet ; ils deviennent donc forts et libres pour toujours.
    De même, en effet, que le Verbe, ayant pris un corps, est devenu homme, ainsi nous, les hommes, pris par la chair du Verbe, nous sommes divinisés par lui et faits héritiers de la vie éternelle. »

    Saint Athanase, 3e Discours contre les Ariens, 33-34, dans E. Mersch, "Le corps mystique du Christ" Tome I, Desclée de Brouwer, 1936.

    (Voir à demain, lundi 13 janvier, un texte de St Grégoire de Nazianze sur le Baptême du Seigneur)

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  • Méditation - Prière : Épiphanie du Seigneur

    « Épiphanie du Seigneur ! Solennelle et divine revanche sur l'humiliation et l'effondrement d'un Dieu dans une crèche ! La crèche est le trône de l'abaissement du Verbe ; l’Épiphanie est la proclamation de la gloire du Dieu caché. Aujourd'hui, l’Église salue le Roi des rois, et le Dominateur des dominateurs.
    [...]

    Je vous adore, ô Jésus, Roi des rois, dans la main de qui est déposé la royauté qui doit régir mon âme : et regnum in manu ejus.

    Je vous adore, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, qui illumine tout homme, Vous dont la puissance est éternelle, à qui reste soumis tout ce qui doit se soumettre ici-bas : et potestas.

    Je vous adore, ô Mortel, Dieu-Roi, qui devez mourir un jour, Vous dont l'empire a pour centre le Calvaire, d'où vous régnerez par le bois sacré : et imperium.

    Main de l'Enfant-Dieu, je me rends à votre Domination ; je m'abrite sous l'aile de votre puissance ; je confesse l'empire de votre Croix ; Vous êtes le Dieu béni aux siècles des siècles.

    Venez, avancez, régnez, ô Tout-Puissant ! Prenez séjour en la maison de mon âme ; je vous en ouvre, ô Jésus, toutes les avenues. Vous avez tous les droits, tous les pouvoirs ; tous vos ordres, elle les adore, ô Jésus-Christ, Roi et Dieu, Homme qui venez mourir pour dominer. »

    Dom Vandeur, Épiphanie du Seigneur, in "Élévations sur la Messe de chaque jour" (Noël, Épiphanie), Éditions de Maredsous, 1955.

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  • Méditation - Prière : mystère ineffable de l'Incarnation

    « Ô mon Dieu ! faites-moi digne de connaître quelque chose du mystère de la hauteur, quelque chose de cette incarnation, que vous avez faite, de cette incarnation, principe et source du salut. Ô incarnation ineffable ! c'est elle qui apporte à l'homme, avec le rassasiement de l'amour, la certitude du salut. Cette charité est au-dessus des paroles ; mais au-dessus d'elle il n'y a rien : le Verbe s'est fait chair ! Ô secret des entrailles de Dieu ! Vous vous êtes anéanti et dépouillé pour faire de moi quelque chose ; vous avez pris l'habit du dernier des esclaves, pour me donner le manteau d'un roi et d'un Dieu ! Et, prenant la forme de l'esclave, vous n'avez rien diminué de votre substance, vous n'avez fait tort de rien à votre divinité. Mais l'abîme de votre humilité m'ouvre les entrailles et m'arrache les cris : "Ô incompréhensible, fait compréhensible à cause de moi. Ô incréé, vous voilà créé ! Ô inaccessible aux esprits et aux corps, vous voilà, par un prodige de puissance, vous voilà palpable aux pensées et aux doigts ! Ô Seigneur, touchez mes yeux, pour que je voie la profondeur et la hauteur de la charité que vous nous avez communiquée dans cette incarnation ! Ô heureuse faute ! non pas heureuse en elle-même, mais par la vertu de la miséricorde divine. Heureuse faute qui a découvert les profondeurs sacrées et cachées des abîmes de l'amour ! En vérité, une charité plus haute ne peut pas être conçue. Ô Très Haut, faites mon intelligence capable de votre charité très haute et ineffable ! »

    Ste Angèle de Foligno (fêtée ce jour), in Le Livre des visions et instructions de la Bienheureuse Angèle de Foligno (ch.68, dernière lettre), Traduit par Ernest Hello (Troisième édition), Société de Saint-Augustin, Desclée de Brouwer, 1895.

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    Bannière brodée - Couvent des sœurs dominicaines de Stone (Staffordshire, Angleterre)

  • Méditation : la Sainte Famille

    « Une famille pas comme les autres :
    un enfant sans père, un époux qui ne possède pas sa femme. Et pourtant la densité humaine de la vie en famille peut y être reconnue avec, en plus, un éclairage sur ce qui s'y cache en profondeur. Marie est fécondée par une parole reçue dans la foi, sans semence d'homme. Et Joseph apprend en rêve qu'il peut devenir époux et père en acceptant de n'y être pour rien. Ces récits heurtent notre logique. Il est bon qu'ils continuent de faire problème. Comment dire l'Esprit dans le langage des hommes charnels ? Nos relations avec l'Esprit de Dieu sont de l'ordre de la parole, non de la chair.
    Le Fils de Dieu ne peut pas naître parmi nous si l'homme prétend pouvoir l'engendrer. Ce n'est pas la rencontre charnelle d'un homme et d'une femme qui peut faire que leur enfant, Jésus, incarne et révèle Dieu parmi les hommes. Les Évangiles effacent donc le rôle de la chair pour souligner celui de la parole dans la génération humaine du Fils de Dieu. L'homme croit en sa puissance. Il est fier de son sexe. Voici un homme, Joseph, qui accepte d'être passif et de recevoir pour fils un enfant qui vient de l'Esprit. On dit que la femme est passive. En voici une, Marie, impuissante à concevoir seule un enfant, mais intensément active pour croire à la parole qui fait fructifier en elle le fruit de l'Esprit.
    Histoire unique, comme est unique celle de Jésus Fils de Dieu. Histoire éclairante pourtant, révélatrice de toute histoire d'hommes et de femmes qui deviennent pères et mères. Il ne suffit pas de faire un enfant pour qu'il soit enfant de l'amour. Le fruit de l'amour naît de la parole donnée et reçue qu'échangent les parents. Et les géniteurs ne deviennent père et mère qu'au terme d'un long détachement où chacun renonce à posséder l'autre. La famille est le lieu charnel où se mûrit l'expérience de relations qui dépassent les liens de la chair et du sang. Cela ne va pas sans conflits. Il est nécessaire qu'ils se disent, qu'ils s'éclatent, comme on dit, en éclats de langage, pour qu'ils soient dépassés, et que naissent, entre époux comme entre parents et enfants, des rapports fondés sur la confiance et la liberté de la parole donnée et tenue. »

    Jean Delorme, exégète, cité in Mgr Raymond Bouchex, Il a habité parmi nous - Entrer dans le mystère de l'Incarnation, Parole et Silence, 2006.

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    « La famille de Jésus nous révèle que, pour être vrai et durable, l'amour entre les époux, et entre les parents et les enfants, doit être bâti sur la parole donnée, échangée, partagée, gardée. Le foyer de Marie et de Joseph nous dit que l'amour ne s'épuise pas dans le sexe, mais qu'il réside tout autant dans la parole donnée, reçue, gardée, et sans cesse approfondie en fidélité. Marie et Joseph se sont mariés en réponse à la Parole de Dieu. Il est dit à Joseph : "Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse... Il fit ce que l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse" (Mt 1, 20 ; 24). Le foyer de Marie et de Joseph est bâti sur la Parole de Dieu. Jamais nous ne pourrons connaître et dire la tendresse qui a uni Marie et Joseph. Ce qui les a unis, c'est la Parole de Dieu reçue, gardée, partagée et devenue leur propre parole.
    [...]
    Les familles sont un des premiers champs de l'apostolat et parmi les premiers acteurs de la mission. La famille est la communauté où la Parole de Dieu commence à être transmise, accueillie et priée. Par là elle est une "petite Église", une Église domestique, ouverte sur la "grande Église". Telle est la raison pour laquelle nous devons promouvoir et soutenir les mouvements dont l'objectif est la promotion et le soutien de la qualité chrétienne des familles. L'attitude de l’Église catholique au sujet de l'unité, de la fidélité et de l'indissolubilité dans le mariage n'est pas d'abord disciplinaire. Elle a pour fondement la conviction que l'amour véritable réside dans la parole donnée, reçue et gardée. »

    Mgr Raymond Bouchex, Il a habité parmi nous - Entrer dans le mystère de l'Incarnation, Parole et Silence, 2006.

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  • Méditation : à l'école du silence de Marie...

    « Le partage de la Vierge est d’être en silence. C’est son état, c’est sa voie, c’est sa vie. Sa vie est une vie de silence qui adore la Parole éternelle. En voyant devant ses yeux, en son sein, en ses bras, cette même Parole substantielle du Père, être muette et réduite au silence par l’état de son enfance, elle entre en un nouveau silence et y est transformée à l’exemple du Verbe incarné, qui est son fils, son Dieu et son unique Amour. Et sa vie se passe ainsi de silence en silence, de silence d’adoration en silence de transformation ; son esprit et ses sens conspirant également à former et à perpétuer en elle cette vie de silence...

    Silence humble, profond et adorant...

    Ce silence de la Vierge n’est pas un silence de bégaiement et d’impuissance, c’est un silence de lumière et de ravissement. C’est un silence plus éloquent, dans les louanges de Jésus, que l’éloquence même...

    Marie est en silence... »

    Cardinal de Bérulle (1575-1629), Opuscules de piété, Paris, Les maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, 1943.

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  • Méditation - Prière au Christ, Roi des rois

    « Seigneur, Jésus-Christ, mon Seigneur et mon Dieu, Vérité suprême, Fils du Père, je vous adore, ô Roi des rois.

    Vous êtes mon Roi, parce que mon Dieu ; vous avez tous les droits sur mon être ; je le reconnais, je le veux, je le demande à grands cris. Régnez de plus en plus sur mon âme, sur mon corps, sur mon être entier.

    Régnez, puisque vous êtes le Roi des rois, le Dominateur des dominateurs. Régnez sur l'univers, sur les Anges et sur les hommes, sur toutes les créatures sorties de vos mains adorables.

    Vous étiez déjà leur Roi, comme Créateur ; mais, vous êtes devenu leur Roi, par droit de conquête : c'est Vous, Verbe de Dieu, qui épousant leur nature, êtes descendu jusqu'à elles pour les sauver, pour les arracher à la puissance des ténèbres et les transférer en votre royaume, ô Fils de la dilection du Père.

    Vous êtes leur Législateur, vous êtes leur Juge, vous leur destinez leur récompense ou leur châtiment ; vous êtes venu pour régner sur toutes par votre Vérité.

    Oui, c'est Elle, Vérité suprême qui les délivre, qui les arrache à elles-mêmes, qui les pose dans le vrai, et par conséquent dans l'amour, et surtout dans cette Paix que vous êtes, et qui reste le sceptre de votre éternelle domination.

    "Il faut qu'il règne", s'écrie votre Apôtre ! Oui, Seigneur, il faut que vous régniez sur nous, sur les nations, sur tous ceux qui vous connaissent et qui vous aiment déjà ; mais, encore sur ceux qui vous ignorent, qui vous blasphèment, qui refusent de vous servir et s'écrient : "Nous ne voulons pas de ce Roi !"

    Roi d'amour, Seigneur Jésus-Christ, poings et pieds liés, je suis à vos genoux que j'embrasse. Déliez-moi de moi-même, rendez-moi à la sainte liberté de votre règne ; car, vous dilatez quiconque s'est rendu à votre empire. Régnez sur le monde assoiffé de Paix, la vôtre, ô Jésus-Christ, Roi des rois, mon Roi ! »

    Dom Vandeur, Élévation sur la Messe de chaque jour (Temps après la Pentecôte II - Fête du Christ-Roi), Éditions de Maredsous, 1950.

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  • Méditation : le Très Saint Sacrement

    « Plus Jésus-Christ abaisse ses grandeurs dans ce sacrement, plus nous devons les vénérer, et la mesure de ses humiliations doit être la mesure de nos hommages. C'est la règle que le Père céleste a donnée au monde par son exemple : il voit son divin Fils humilié dans la crèche ; à l'instant il députe ses anges pour proclamer sa gloire aux habitants voisins et faire la garde autour du berceau d'un prince si grand et si délaissé. Il le voit sur les bords du Jourdain se confondre avec les pécheurs ; aussitôt il ouvre les cieux et le glorifie par le plus éclatant témoignage. Il le voit sur le Calvaire couvert d'opprobre ; à l'instant, pour lui faire honneur, il ressuscite les morts, obscurcit le soleil, fend les rochers, ébranle la terre. Or, si Notre-Seigneur doit être honoré à proportion qu'il s'abaisse, pourrons-nous jamais concevoir combien profonds doivent être nos respects devant la sainte Eucharistie ! Car où Jésus-Christ s'abaissa-t-il jamais aussi profondément ? ... O Sagesse éternelle ! vous vous étiez cachée sous la chair, et voilà que la chair elle-même se cache sous l'apparence du pain... Cette légère parcelle tombée sur la patène sacrée renferme le Dieu immense que la vaste étendue des cieux ne saurait contenir, le Roi du ciel, le Dieu de la gloire. O excès d'humiliation ! qui a semblé si fort au Père éternel, que, comme dédommagement, il n'a pas cru trop faire en laissant autour des tabernacles des légions d'anges, qui s'y tiennent prosternés dans une continuelle adoration... Concluons de là combien doivent être profonds nos respects devant l'Eucharistie : car là où tout le ciel tremble et adore, nous siérait-il d'oser porter un air familier, prendre nos aises, laisser notre esprit inattentif et notre coeur insouciant ? Et que sommes-nous donc devant ce Fils éternel de Dieu, descendu des splendeurs des saints ? Nous sommes d'humbles sujets devant le Roi de gloire, disait saint Thomas, en abordant les tabernacles avec le saisissement du respect... Nous sommes de chétives créatures devant l'infinie majesté de leur Dieu... Y pensons-nous sérieusement quand nous sommes dans le lieu saint ? Nous y tenons-nous toujours abîmés de respect et d'adoration ? »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Octave du Saint-Sacrement), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Adoration du Saint Sacrement à Montmartre, Paris

  • Méditation : adoration...

    « ADORO TE… Je vous adore…
    Je vous adore, ô Dieu caché, Dieu de l'Eucharistie, Eucharistie, Action de grâces vivante au Père des cieux !
    Je vous adore, Mystère de foi, où sombrent mes pensées, en présence du secret impénétrable de votre sagesse ; Lumière qui éblouissez mon âme, quand vous daignez descendre en elle, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu !...
    Je vous adore ravi, et je me tais. Puis-je mieux faire à cette heure où votre mystère règne en moi ?
    L'adoration, on l'a définie : l'extase de l'amour. « C'est l'amour, écrasé par la beauté, la force, la grandeur immense de l'objet aimé ; il tombe dans une sorte de défaillance, dans un silence profond, plein ; ce silence dont parlait David, lorsqu'il s'écriait : Le silence est ta louange ! » (1)
    Je vous adore, ici, écrasé, anéanti devant Vous, tant m'émeuvent votre Beauté, ô Eucharistie, votre Force et votre Grandeur immenses, choses sacro-saintes qui m'obligent à me taire, à adorer…
    Je vous adore, ô Vous, Beauté suprême, Seigneur Jésus-Christ, reflet indescriptible, éternel, substantiel, de la splendeur du Père qui vous engendre, ô Verbe !
    Je vous adore Force du Tout-Puissant, Tout-Puissant Vous-même, par qui toutes choses ont été faites (2), subsistent et seront à jamais, Art divin des créations sans nombre qui proclament votre puissance !...
    Je vous adore, Grandeur immense, émanée de l'Immensité qu'est Dieu, Immensité Vous-même dans laquelle vous communiez au Père immense, à l'Esprit-Saint immense, dans l'Unité de l'Immensité trine ! Adoro te... »

    Dom Eugène Vandeur (1875-1967), Adoro Te - Elévations, Monastère Notre-Dame/Société liturgique, Ermeton-sur-Biert/Paris, 1939.

    (1) : D. Vandeur, Elévations sur la Prière de Sainte Elisabeth de la Trinité. O mon Dieu, Trinité que j'adore.
    (2) : Credo de la Messe.

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    Adoration du Saint Sacrement à Montmartre, Paris

  • La Très Sainte Trinité par les Pères de l'Eglise

    « L'âme qui aime Dieu n'en est jamais rassasiée, mais parler de Dieu est audacieux : notre esprit est bien loin d'une si grande affaire... Plus on est avancé dans la connaissance de Dieu, plus on ressent profondément son impuissance. Tel était Abraham, tel aussi était Moïse : alors qu'ils pouvaient voir Dieu, autant du moins qu'il est possible à l'homme, l'un comme l'autre se faisait le plus petit de tous ; Abraham se nommait "terre et cendre", et Moïse se disait de parole malhabile et lente (Gn 18,27 ; Ex 4,11). Il constatait en effet, la faiblesse de sa langue à traduire la grandeur de Celui que son esprit saisissait. Nous parlons de Dieu non pas tel qu'il est, mais tel que nous pouvons le saisir.

    Quant à toi, si tu veux dire ou entendre quelque chose de Dieu, laisse ta nature corporelle, laisse tes sens corporels... Élève ton esprit au-dessus de tout ce qui a été créé, contemple la nature divine : elle est là, immuable, indivise, lumière inaccessible, gloire éclatante, bonté désirable, beauté inégalable dont l'âme est blessée, mais qu'elle ne peut pas traduire en paroles adéquates.

    Là est le Père, le Fils et le Saint Esprit... Le Père est le principe de tout, la cause de l'être de ce qui est, la racine des vivants. Il est celui dont coulent la Source de la vie, la Sagesse, la Puissance, l'Image parfaitement semblable du Dieu invisible : le Fils engendré du Père, Verbe vivant, qui est Dieu, et tourné vers le Père (1Co 1,24 ; He 1,3 ; Jn 1,1). Par ce nom de Fils, nous apprenons qu'il partage la même nature : il n'est pas créé par un ordre, mais il brille sans cesse à partir de sa substance, uni au Père de toute éternité, égal à lui en bonté, égal en puissance, partageant sa gloire... Et quand notre intelligence aura été purifiée des passions terrestres et qu'elle laisse de côté toute créature sensible, tel un poisson qui émerge des profondeurs à la surface, rendue à la pureté de sa création, elle verra alors l'Esprit Saint là où est le Fils et où est le Père. Cet Esprit, étant de même essence selon sa nature, possède lui aussi tous les biens : bonté, droiture, sainteté, vie... De même que brûler est lié au feu et resplendir à la lumière, ainsi on ne peut ôter à l'Esprit Saint le fait de sanctifier ou de faire vivre, pas plus que la bonté et la droiture. »

    Saint Basile de Césarée (v.330-379), Homélie sur la foi, 1-3 (Trad. F. Luc Brésard, 2000 ans d'homélie Année C, Socéval, Perpignan, 2000 - rev.)

  • Méditation - Prière

    « Ô Christ Jésus, Verbe Incarné,
    Fils bien aimé du Père,
    Prêtre et victime, Hostie immaculée,
    accomplissez en moi comme en vous,
    sur moi comme sur vous,
    votre sacerdoce et votre sacrifice.

    Fils bien aimé, Prêtre pour l'éternité,
    pardonnez-moi, purifiez-moi, fortifiez-moi,
    Par l'Esprit de Sainteté
    transformez-moi entièrement en votre ressemblance,
    et conformez-moi toute à vous :
    Fils et Prêtre, victime et Hostie.

    Que jamais je ne vous résiste,
    mais que toujours, par cet Esprit de Sainteté,
    je m'abandonne dans la foi, la confiance et l'amour,
    à votre sacerdoce, préparant, offrant,
    et consommant en moi son sacrifice.

    Ô Christ Jésus, Fils et Prêtre, Hostie immaculée,
    par l'Esprit Saint prenez tellement ma vie en la vôtre,
    et répandez si pleinement votre vie en la mienne
    que, selon la volonté du Père,
    je ne vive plus qu'en votre vie,
    que ma vie ne soit plus que la vôtre
    qu'ainsi le Père ne voie plus en moi
    que vous, son Fils bien aimé,
    et que par vous et en vous
    Il me reçoive de plus en plus en Lui.

    Vivez et agissez en moi,
    aimez et priez en moi, expiez et réparez en moi,
    louez et rendez grâce en moi,
    bénissez et adorez en moi, ainsi que vous l'avez fait
    avec une infinie perfection d'amour et d'obéissance

    depuis le sein très pur de la Bienheureuse Vierge Marie,
    en laquelle vous avez assumé notre nature
    passible et mortelle
    jusque sur la Croix très amère
    sur laquelle, par l'Esprit d'amour,
    vous vous êtes immolé vous-même
    en répandant volontairement tout votre Précieux Sang,
    dans d'indicibles souffrances d'âme et de corps...

    pour nous rendre, purifiés et sanctifiés en vous,
    participants de la nature et de la vie divines,
    et nous introduire, assumés en vous, le Fils bien aimé,
    dans le sein du Père,
    plénitude infinie de l'ineffable mystère.

    Amen. »

    Marie de la Trinité (Paule de Mulatier, 1903-1980), Carnets, Ceffonds, 9 janvier 1940, in "Le Petit Livre des Grâces", Arfuyen, Orbey, 2002.

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  • Méditation : Mgr Vladimir Ghika

    Dies Natalis de Mgr Vladimir Ghika (1954), prêtre et martyr
    Il sera béatifié le 31 août 2013 à Bucarest

    « Dieu ne s'exprime parfaitement que par Son Verbe ineffable, et tu voudrais Le définir à ta façon ? »

    « Penser à Dieu, c'est du même coup être sûr de n'oublier personne. Oublier Dieu, c'est être sûr de léser le monde entier. »

    « L'âme, dans ses plus ténébreuses perplexités, interroge Dieu, au fond d'elle-même. - "Seigneur, que voulez-vous ? que me voulez-vous ? que voulez-vous que je fasse ? comment voulez-vous que je découvre ce que vous voulez de moi ?..."
    Et cette seule réponse : "Je te veux." »

    « Le bouche de Dieu s'est ouverte pour dire : "Que la Lumière soit !" et la Lumière fut. - Cela s'est fait aussi parfois dans ton âme. - Si d'autres fois toute proche, et toute bénissante pourtant, cette bouche a semblé se fermer et si les ténèbres se sont faites avec la même puissance que s'était faite la clarté, - ne crains rien. Au contraire, défaille de joie... Les lèvres se ferment pour le baiser... Répète avec le Cantique : "Tu m'as donné le baiser de ta bouche".
    Pour le baiser les lèvres se ferment. »

    « On ne peut songer à vouloir tout donner à Dieu qu'après avoir appris à ne rien lui refuser. »

    Vladimir Ghika (1873-1954), extraits des Pensées pour la suite des jours, Beauchesne, Paris, 1936.

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  • Méditation : le dépouillement intérieur

    « Qu'elles sont pauvres nos propres conceptions, ma chère Sœur, et comme on voit de plus en plus que la vérité se trouve dans le silence total, dans un abandon qui va jusqu'à la perte de soi en Celui qui est ! Et c'est justement là le difficile, ce qui ne peut être en aucun cas notre œuvre, mais la sienne. Il faut, pour que Dieu seul vive en nous, pour que la Sainte Trinité puisse s'imprimer en notre âme, que celle-ci soit étrangement pure et déprise d'elle-même ; qu'elle ait dépouillé non seulement ces excroissances du "moi" que sont la vanité, les retours sur soi, l'attachement à son sens propre, mais jusqu'à son être même. C'est alors que se réalise en nous comme une "Incarnation du Verbe", puisque nous sommes prédestinés à être enfants de Dieu, membres du Christ. Et de même que l'Incarnation n'a pu s'accomplir que par Marie, je pense que c'est d'Elle aussi que nous devons attendre cette grâce suprême. Dans ma pauvreté présente, toute ma vie intérieure consiste en un perpétuel recours à son intercession. »

    Sœur Marie de la Trinité (Marie-Jeanne de Monsabert, 1890-1936), Lettre à sa sœur visitandine (7 août 1935), in "Trop petite pour avoir peur", Editions P. Lethielleux, Paris, 1967.

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  • Méditation : le Fiat de la Sainte Vierge Marie

    « Dieu immortel, quel merveilleux égard vous avez eu pour Marie, d'avoir voulu qu'un si grand ouvrage, conçu par vous avec une sagesse si admirable, l'objet de toutes les complaisances de votre Trinité sainte et de l'avide attente de tous les mortels, fût soumis à sa délibération ! O incroyable majesté de la Vierge dans cette délibération auguste ! L'Epoux sacré, de toute éternité Fils de Dieu, a déjà aspiré, avec quelle ardeur ! à s'unir la nature humaine ; déjà le temps de l'alliance est arrivé. Le consentement de la Vierge doit être requis ; il l'est par une légation dont le céleste cérémonial atteste l'importance. L'ambassadeur expose la volonté de son Maître ; la Vierge délibère si elle acceptera. Notre race misérable, opprimée sous mille maux, n'a cessé par tant de voeux, par tant de larmes, d'appeler sa rédemption ; l'affaire est commise à la Vierge pour qu'elle prononce sur cette grande alternative, ou notre délivrance ou notre éternelle captivité. Au mariage d'Isaac il fut dit : "Appelons la vierge et demandons-lui son consentement." Ainsi a fait Dieu pour marier le Verbe avec la nature humaine.
    Combien Dieu a honoré et enrichi Marie, d'avoir voulu qu'elle fût Mère de son Fils unique, et non seulement d'avoir voulu qu'elle fût Mère de son Fils unique, mais, gloire prodigieuse pour elle, d'avoir voulu qu'elle le voulût, qu'elle y consentît pleinement, librement ; de le lui avoir proposé ; d'avoir permis qu'elle le discutât ; d'avoir fait dépendre, en un mot, ce capital dessein de son Fiat ! »

    Bartholomeo de los Rios († 1652), Hierarchia mariana, Lib. V, in "Bouquet à l'Immaculée", Oeuvre de St-Charles, Grammont (Belgique), 1912.

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    Tableau de l'Annonciation, Basilique Notre-Dame des Victoires (Paris)

  • 31 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Pâques : le lion et l'agneau

    « Selon cette vérité qu'ont fait retentir les Apôtres, et dont l'éclat s'est répandu sur toute "la terre, et les paroles jusqu'aux derniers rivages du monde (Ps XVIII, 5), le Christ, notre Pâque, a été immolé (Rm X, 18)". C'est de lui que le Prophète avait dit : "Il a été conduit à la mort comme une brebis, et comme l'agneau est sans voix devant celui qui le tond, ainsi il n'a point ouvert la bouche (Is LIII, 7)". Quel est cet homme ? Assurément celui dont il est dit ensuite : "Son jugement a été précipité au milieu de ses humiliations. Qui racontera sa génération (Ibid. 8) ?" C'est dans un Roi si puissant que je vois un tel exemple d'humilité. Car, celui qui n'ouvre la bouche, non plus que l'agneau devant celui qui le tond, est aussi "le lion de la tribu de Juda (Ap V, 5)". Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Agneau, il a subi la mort ; lion, il l'a donnée. Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Il est doux et fort, aimable et terrible, innocent et puissant, muet quand on le juge, frémissant quand il jugera. Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Agneau dans sa passion, lion dans sa résurrection ? Ou plutôt, ne serait-il point agneau et lion dans sa passion, agneau et lion dans sa résurrection ? Voyons l'agneau dans la passion. Nous l'avons dit tout à l'heure : "Il n'a pas ouvert sa bouche, non plus que l'agneau qui est sans voix devant celui qui le tond". Voyons le lion dans cette même passion. Jacob a dit : "Tu t'es élancé dans ton repos, tu as dormi comme le lion (Geti. XLIX, 9)". Voyons l'agneau dans la résurrection. Nous lisons dans l'Apocalypse, à propos de la gloire éternelle des vierges : "Elles suivent l'agneau partout où il va (Ap XXV, 4)". Voyons le lion dans la résurrection. L'Apocalypse nous dit encore cette parole déjà citée plus haut : "Voici que le lion de la tribu de Juda a vaincu et peut ouvrir le livre (Id. 5)". Comment agneau dans la passion ? Parce qu'il a reçu la mort, sans avoir d'iniquité. Comment lion dans la passion ? Parce qu'en mourant il a tué la mort. Comment agneau dans la résurrection ? Parce qu'il possède l'innocence éternelle. Comment lion dans la résurrection ? Parce qu'il a la puissance éternelle. Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Comment demander qui est-il ? Mais si je demande ce qu'il était ? "Au commencement, il était le Verbe". Où était-il ? "Et le Verbe était en Dieu". Quel était-il ? "Et le Verbe était Dieu". Quelle était sa puissance ? "Tout a été fait par lui". Et lui, qu'a-t-il été fait ? "Et le Verbe a été fait chair (Jn X, 1, 2, 14)". Comment est-il né d'un père et non d'une mère, d'une mère et non d'un père ? "Qui racontera sa génération ?" Engendré par l'un, il est coéternel à celui qui l'engendre. Il devient chair en demeurant Verbe. Il a créé tous les temps, a été créé au temps convenable ; proie de la mort, et faisant de la mort sa proie, exposé sans beauté, aux yeux des fils des hommes, sachant supporter l'infirmité, faisant ce qui est humble, dans sa grandeur, et ce qui est grand dans son humilité ; Dieu homme, et homme Dieu ; premier-né, et Créateur des premiers-nés ; unique, et auteur de toutes choses ; né de la substance du Père, et participant à la nature des fils adoptifs, Dieu de tous et serviteur d'un grand nombre. Tel est l'agneau "qui efface les péchés du monde (Id. I, 29)". Le lion qui triomphe des potentats du monde. Je demandais quel est-il ; cherchons plutôt quels sont ceux pour qui il est mort. Serait-ce pour les justes et les saints ? Ce n'est point ce que dit l'Apôtre ; mais bien : "Le Christ est mort pour les impies (Rm V, 6)". Non point assurément pour qu'ils demeurent dans leur impiété, mais afin que, par la mort du juste, le pécheur fût justifié et que la cédule du péché fût effacée par l'effusion d'un sang exempt de péché. »

    Saint Augustin, Quatrième Sermon - Sur la Pâques, in Oeuvres complètes de Saint Augustin, (Suppl. II, Sec. I, Sermons édités par Michel Deny), traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

  • 28 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Sainte Passion de Notre-Seigneur

    « Dans tout le déroulement de la Passion du Seigneur, gardons-nous de considrer l'infirmité humaine comme si nous jugions que la puissance divine ait pu y faire défaut : n'imaginons pas davantage cette condition du Fils unique qui le rend coéternel et égal au Père, comme si nous pensions que se n'est pas vraiment passé tout ce qui paraît indigne de Dieu. L'une et l'autre nature absolument sont un seul Christ ; le Verbe ici n'est pas plus séparé de l'homme que l'homme n'est dissociable du Verbe. L'abaissement ne répugne pas parce que la majesté n'en est pas diminuée. Rien n'a été dommageable à la nature inviolable de ce qu'il fallait que souffrit la nature passible : toute cette action sacrée que consommèrent ensemble et l'humanité et la divinité, fut une dispensation de miséricorde et une oeuvre de compassion. Tels étaient, en effet, les liens qui nous tenaient attachés que, sans ce secours, nous ne pouvions être délivrés. L'abaissement de la divinité est donc notre relèvement. C'est à un prix aussi élevé que nous sommes rachetés, c'est à de si grands frais que nous sommes guéris. Quel moyen, en effet, serait donné à l'impiété pour revenir à la justice, à la misère pour retrouver le bonheur, si le juste lui-même ne se penchait vers les impies et le bienheureux vers les misérables ? »

    Saint Léon le Grand, Sermon I sur la Passion (38, 2), in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.