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vertu - Page 3

  • Méditation - Poésie : "Sois un saint..."

    « Ne sois pas seulement un homme dans la vie,
    Un passant qui s'en va, qui souffre, qui gémit,
    Qui, sans force et sans foi, ne connaît que l'envie,
    Et dont le cœur s'éteint comme un jour qui finit...

    Ne sois pas seulement une pâle copie
    Du visage divin que ton front réfléchit,
    Ne sois pas l'être vain que le sépulcre épie,
    Ne sois pas l'esprit terne où nulle aube ne luit...

    Ne te contente pas d'être grand sur la terre,
    Que ton but soit plus haut, ton rêve plus austère ;
    Rien n'est digne de toi sous le firmament bleu...

    Sois un saint, chaque jour fais ton âme plus belle,
    Plus sereine, plus haute et reproduis en elle
    Les vertus, les grandeurs et l'amour de ton Dieu. »

    P. Charles Lemercier, in "Nos Mères", Préface de Mgr Fuzet, Archevêque de Rouen, Éditions de la Vicomté, Rouen, 1930 (1ère éd. Jouve et Cie Éditeurs, Paris, 1910).

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  • Mois du Sacré-Coeur - Vingt-septième Jour

    Vingt-septième Jour
     
    Prions pour les malades abandonnés.

    Les seconds consolateurs du Cœur de Jésus sont les âmes qui souffrent en patience.

    Oh ! comme une âme patiente dans ses souffrances physiques ou morales console le Cœur de Jésus !
    « Elle souffre » mais elle sait que sa souffrance vient de Dieu…, et elle se soumet avec amour, elle se résigne avec la plus grande confiance.
    « Elle souffre » et elle comprend plus vivement les douleurs de Jésus, - et elle offre les siennes en compensation, et elle console son maître avec plus de sincérité.
    « Elle souffre » ; elle compatira donc avec plus de pitié aux souffrances de son prochain : - on n’est jamais aussi bon que lorsqu’on a souffert avec patience. Que de vertus dans ces âmes !

    Je ne me plaindrai pas des petites souffrances que le bon Dieu m’enverra.
  • Méditation - 1er vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus

    « N'ayez pas l'ambition d'être saints d'un seul coup, mais petit à petit... Il n'y a rien de petit quand l'amour est grand. La vertu est une croissance, et la grâce, comme la nature, ne procède pas par bonds violents.
    Cependant comme à l'heure de la marée le flot monte, monte toujours, de même en ces heures de recueillement, si vous êtes fidèles, l'amour en vous doit monter : laissez-le tout envahir et tout submerger.
    Soyez puissants dans une seule idée.
    Quittez tout, oubliez tout : ayez l'obsession de Jésus, la folie du Christ :
    "Vous, rien que vous, Seigneur... votre Cœur... votre gloire... la soif des âmes ! Vous aimer, travailler pour vous, vous, vous seul... Ma vie c'est votre vie.
    - Et la récompense ?
    - Nulle autre que vous aimer et vous faire aimer, Seigneur. (1)
    - A l'agonie, à l'heure de la justice ?
    - Vous aimer et me confier en votre miséricorde.
    - Et au ciel ?
    - Votre Cœur encore, Jésus : une petite place dans votre Cœur, près de saint Jean, de Marguerite-Marie... Vous aimer aussi, là-Haut, et voir votre Règne !"
    Apôtres du Sacré-Cœur, vivez en aimant, vivez en chantant l'amour.
    Amour pour amour !
                Folie pour folie !
                            Cœur pour Cœur ! »

    (1) : "Pourvu que le Cœur de mon aimable Jésus soit connu et aimé et qu'il règne, cela me suffit." Sainte Marguerite-Marie (Vie et Œuvres, II, 579).

    R.P. Mateo Crawley-Boevey, Vers le Roi d'Amour (Paray, Fribourg, Sept-Fons, Notes manuscrites), Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1920.

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    Mosaïque du chœur, chapelle La Colombière, Paray-le-Monial

  • Méditation : soyons patients envers nous-mêmes

    « Être patient envers soi-même est une grâce dont on ne peut assez apprécier les fruits. C'est le plus court chemin qui mène à l'amélioration, c'est le moyen le plus prompt de former en nous un esprit intérieur, après ces transformations immédiates que la main de Dieu opère tout d'un coup dans les âmes. La patience envers nous-mêmes nous porte à nous montrer doux et indulgents envers les autres, et nous détourne de l'esprit de critique, en nous rappelant sans cesse le souvenir de nos imperfections. Elle ravive en nous le sentiment de la complète dépendance où nous sommes par rapport à Dieu et à la grâce, et produit en même temps une grande sérénité et une parfaite égalité d'humeur, parce qu'elle est un effort, mais aussi un effort tranquille et soutenu. Elle est la source constante de mille actes de la plus véritable humilité. En un mot, à l'aide de cette vertu, nous exerçons sur nous-mêmes une action qui semble venir du dehors, comme si nous n'étions plus nous-mêmes, mais les maîtres ou les anges gardiens de nous-mêmes. Et quand on a obtenu de pareils résultats dans la vie extérieure comme dans la vie intérieure, que reste-t-il pour arriver à la perfection ?... »

    R.P. Frédéric-William Faber (1814-1863), Progrès de l'âme dans la vie spirituelle (ch. IX), Trad. M. F. de Bernhardt, Paris, Pierre Téqui, 1928 (Nouvelle édition).

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  • Mois de Marie - Sixième jour

    Sixième jour

    Mère très pure, Mère très chaste, Mère toujours Vierge, Mère sans tache, priez pour nous.
     
    Mère très pure et très chaste, Mère sans souillure et sans tache. Un seul nom ne peut suffire pour exprimer cette incomparable pureté, que vous avez conservée dans toutes les puissances de votre âme et de votre corps, dans tous les temps de votre vie, dans toutes les circonstances de votre divine maternité par l’exemption de toute espèce de péché. Ah ! par votre divine pureté, défendez-nous de tant d’ennemis qui cherchent à nous ravir le trésor d’une si précieuse vertu.

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  • Mois de Marie - Troisième jour

    Troisième jour

    Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.
     
    Sainte Vierge des vierges, la Vierge par excellence, la plus pure des vierges, vous le fûtes dans tous les temps, avant, pendant et après votre divin enfantement. C’est par votre virginité que vous avez gagné le Cœur de Dieu ; vous avez attiré à sa suite toutes les vierges par votre exemple, et vous les soutenez par votre protection. Ah ! aidez-nous puissamment dans l’imitation d’une si belle vertu !

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  • Méditation : "Ave Crux, Spes unica..."

    « Pourquoi donc craignez-vous de porter la Croix, par laquelle on arrive au royaume du ciel ?

    Dans la Croix est le salut, dans la Croix la vie, dans la Croix la protection contre nos ennemis.

    C'est de la Croix que découlent les suavités célestes.

    Dans la Croix est la force de l'âme ; dans la Croix la joie de l'esprit, la consommation de la vertu, la perfection de la sainteté.

    Il n'y a de salut pour l'âme et d'espérance de vie éternelle, que dans la Croix.

    Prenez donc votre Croix et suivez Jésus, et vous parviendrez à l'éternelle félicité.

    Il vous a précédé portant sa Croix et il est mort pour vous sur la Croix afin que vous aussi vous portiez votre Croix, et que vous aspiriez à mourir sur la Croix.

    Car si vous mourez avec lui, vous vivrez aussi avec lui ; et si vous partagez ses souffrances, vous partagerez sa gloire.

    Ainsi tout est dans la Croix, et tout consiste à mourir. Il n'est point d'autre voie qui conduise à la vie et à la véritable paix du coeur que la voie de la Croix et d'une mortification continuelle.

    Allez où vous voudrez, cherchez tout ce que vous voudrez, vous ne trouverez pas au-dessus une voie plus élevée, au-dessous une voie plus sûre que la voie de la sainte Croix. »

    L'Imitation de Jésus-Christ, Livre II, ch. XII (2-3), Trad. Abbé Félicité de Lamennais.
    Texte intégral en ligne ici (à télécharger) et ici.

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  • Méditation : la supplication du pécheur est toujours exaucée

    « La prière faite avec ardeur et dans la détresse, voilà la prière qui monte jusqu'au ciel. Et pour que tu saches bien que les prières ont plus de chances d'être exaucées lorsqu'elles sont proférées dans l'angoisse, écoute ce que dit l'écrivain sacré : J'ai crié vers le Seigneur dans mon angoisse et il m'a exaucé...
    Tu manques d'assurance ? C'est au contraire une grande sécurité et un grand avantage de croire que l'on manque de motif d'assurance : comme c'est une honte et une condamnation de croire que l'on a toute raison d'être sûr de soi.
    Quand bien même tu aurais accompli beaucoup de bonnes actions, et même si ta conscience ne te reproche rien, si tu crois avoir toute raison d'être sûr de toi, tu perds tout bénéfice de la prière. Par contre, même si ta conscience est chargée du fardeau de millions de péchés, pour peu que tu sois convaincu d'être le dernier des hommes, tu pourras t'adresser à Dieu en toute assurance.
    Représente-toi par la pensée deux chars : attelle à l'un la vertu et l'orgueil, à l'autre le péché et l'humilité, et tu verras le char traîné par le péché devancer celui de la vertu, non certes par sa force propre, mais par celle de l'humilité qui y est jointe, de même que l'autre sera vaincu, non à cause de la faiblesse de la vertu, mais à cause de la masse pesante de l'orgueil... »

    St Jean Chrysostome, Homélie V sur l'incompréhensibilité de Dieu (6), SC n°28, Le Cerf, Paris, 1948.
    Texte intégral in "Œuvres Complètes", Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie éditeurs, 1864, Tome II (Traduction sous la direction de M. Jeannin).

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    Le pharisien et le publicain, par Duncan Long.

  • Méditation : "Mets Seigneur une garde à ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres..."

    « La langue de l’homme a grand besoin d’être bien réglée et tenue en bride, parce que nous sommes tous fort enclins à parler à tout propos des choses qui flattent les sens. L’intempérance de langage vient le plus souvent d’un certain orgueil qui nous persuade que nous avons de grandes connaissances. Pleins d’admiration pour nos propres pensées, nous nous efforçons, à force de les redire, de les imprimer dans l’esprit des autres et de nous constituer leurs maîtres, comme s’ils avaient besoin de nos leçons... La loquacité est une source d’oisiveté, une marque d’ignorance, une folie, une porte ouverte à la médisance, une source de mensonges et un obstacle à la ferveur. L’affluence des paroles fortifie les passions mauvaises, et cette force qu’elle donne aux passions porte la langue à se livrer de plus en plus à l’indiscrétion du langage... Évitez le ton magistral et les éclats de voix. Cette manière de parler est fort désagréable et dénote beaucoup de suffisance et de présomption. Ne parlez jamais de vous, de vos actions... à moins que la nécessité ne vous y oblige ; et en ce cas, faites-le brièvement et avec beaucoup de retenue... Parlez le moins possible du prochain et des choses qui le concernent, si ce n’est pour en dire du bien quand l’occasion s’en présente. Parlez volontiers de Dieu et tout spécialement de son amour et de sa bonté pour nous, mais en cela même craignez de dépasser les bornes ; prenez plutôt plaisir à écouter ce que les autres disent à cet égard, et conservez leurs paroles dans le fond de votre cœur. Quant aux discours profanes, qu’ils s’arrêtent à vos oreilles et laissent votre pensée absorbée dans le Seigneur. Que s’il est nécessaire d’écouter celui qui parle pour le comprendre et être à même de lui répondre, ne laissez point pourtant d’élever de temps en temps un regard vers le Ciel où votre Dieu habite ; considérez sa majesté suprême, comme lui-même regarde votre bassesse. Pesez bien les choses qui vous viennent à l’esprit avant de les confier à la langue, et vous en trouverez beaucoup qu’il serait mieux de taire. Parmi les choses même qui vous sembleront bonnes à dire, plusieurs pourront avec avantage être passées sous silence... Le silence est une grande force dans le combat spirituel ; c’est le gage assuré de la victoire. Le silence est ami de celui qui se défie de lui-même et se confie en Dieu ; il conserve l’esprit d’oraison et nous aide merveilleusement dans l’exercice des vertus. Pour vous accoutumer à vous taire, considérez souvent les maux et les dangers qu’entraîne l’intempérance de langage, les avantages immenses que procure le silence. Excitez-vous à l’amour de cette vertu et, pour en acquérir l’habitude, taisez-vous durant quelque temps, alors même que vous auriez sujet de parler, pourvu toutefois que votre silence ne soit préjudiciable ni aux autres, ni à vous-même... »

    Lorenzo Scupoli, Le combat spirituel (chap. XXIV), Trad. R.P. Jean Brignon, Chez Durand, Paris, 1774.
    Texte intégral (Abbaye Saint-Benoît - format pdf).

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  • Méditation : face à l'Adversaire, mépris et prudence

    « La première condition pour triompher du démon, c'est de ne point s'abandonner à une crainte exagérée. Certes, il est un adversaire redoutable par sa puissance dans le domaine sensible et par son habileté ; mais nous ne devons pas oublier ses déficiences, son ignorance du monde surnaturel, son impuissance à pénétrer dans les facultés de notre âme, sa qualité enfin de réprouvé qui ne lui permet que des victoires temporaires et en fait un éternel vaincu.
    Se laisser prendre par la terreur serait aussi irraisonnable que dangereux. Le démon utilise en effet savamment ce trouble pour dissimuler son infériorité et dresser ses pièges. Ce serait perdre nos avantages et augmenter sa puissance et ses chances de succès que de le craindre démesurément.
    C'est ce que nous a enseigné sainte Thérèse, avec toute l'autorité que lui donnent ses nombreux démêlés avec les mauvais esprits. Après avoir dit que les démons l'ont tourmentée très souvent, et avoir narré quelques-unes de leurs attaques, elle ajoute :
    "Cet exposé pourra servir au véritable serviteur de Dieu et l'aider à mépriser tous ces fantômes dont les démons se servent pour l'effrayer. Soyons-en bien persuadés, chaque fois que nous les méprisons, nous leur enlevons de leur force, et notre âme acquiert même sur eux un plus grand empire. De plus, il en découle toujours quelque grand avantage pour nous..." (Vie, ch. XXXI)
    Ce mépris, si sensible au démon, doit être accompagné de prudence. Cette prudence, lorsqu'elle devra combattre le démon, utilisera les armes surnaturelles qui assurent notre supériorité, à savoir les sacramentaux dont plus spécialement l'eau bénite, ainsi que la prière et le jeûne.
    Aussi souvent qu'elle le pourra, elle rompra le combat et échappera à toute atteinte du démon en se portant, par des actes de foi et d'humilité, dans des régions où le démon ne saurait pénétrer.
    [...]
    C'est pour faire plus grands nos mérites, plus pures et plus hautes nos vertus, plus rapide notre marche vers Lui que Dieu permet au démon de nous tenter et de nous éprouver. »

    Vénérable Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus O.C.D. (dies natalis ce jour), Je veux voir Dieu (Prem. Part. ch. VII, D), Éditions du Carmel, Tarascon, 1949.

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     Vénérable Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus (1894-1967)

  • Méditation : des bienfaits de la tentation (1)

    « Aucun mal moral n'est possible qu'autant que la volonté le veut : tant que la porte de la volonté est fermée, le démon ou l'imagination peuvent faire du bruit tout autour du cœur, ils ne peuvent en altérer la pureté. Voilà pourquoi Jésus-Christ et tous les saints ont subi l'épreuve de la tentation, sans que cette épreuve ait porté la moindre atteinte à leur sainteté. Voilà pourquoi toute désolation dans les tentations est déraisonnable : c'est ou un dépit de l'amour-propre mécontent de se voir misérable, ou une défiance de la bonté de Dieu, qui ne fait jamais défaut à qui l'invoque, ou la pusillanimité d'une âme qui se considère seule avec sa faiblesse, en dehors du secours de Dieu. Loin que la tentation soit un mal, elle peut au contraire tourner à notre grand avantage. Car :
    1° elle nous donne l'occasion de glorifier Dieu, puisqu'en résistant généreusement, nous lui prouvons notre fidélité, nous battons ses ennemis et en triomphons ;
    2° elle nous forme à l'humilité, en nous révélant le fonds mauvais qui est en nous ; à l'esprit de prière, en nous faisant sentir le besoin du recours à Dieu ; à la vigilance, en nous avertissant de nous défier de nos forces, et de fuir l'occasion du mal ; à l'amour divin, en faisant ressortir la bonté de Dieu qui veut bien abaisser sa grâce, s'abaisser lui-même par la communion, jusqu'à un fond aussi dépravé que le nôtre ; elle prévient le relâchement, elle réveille la ferveur, donne à la vertu un caractère plus ferme et plus solide (cf. II Cor XII, 9) ; elle nous apprend à nous connaître (cf. Eccl XXXIV, 9) ; elle vaut à l'âme plus de grâces en cette vie, plus de gloire dans l'autre, en proportion des mérites dont elle l'enrichit, et la rend plus digne de Dieu, comme les saints dont il est écrit : Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui (Sap III, 5).
    Voilà pourquoi Dieu disait au peuple d'Israël : "Je n'ai point voulu détruire les Chananéens, afin que vous ayez des ennemis à combattre" (Jud II, 3) ; et le pape saint Léon dit dans le même sens : "Il est bon à l'âme de craindre de tomber, et d'avoir constamment une lutte à soutenir" (Serm. III). L'âme fidèle tire de la tentation du mal le même fruit que de l'inspiration du bien. C'est pour elle l'occasion de se porter vers la perfection de la vertu contraire avec toute la bonne volonté dont elle est capable. Dans les tentations des sens, elle s'élève à l'infinie grandeur de Dieu, si haut placé au-dessus des vues basses et sensuelles ; dans les tentations de l'esprit, elle s'abîme dans son néant ; dans les tentations de plaisir, elle aime et embrasse la croix : est-ce ainsi que nous avons fait notre profit de la tentation ? »

    (à suivre demain)

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Premier dimanche de Carême), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Diable gargouille à la Cathédrale Notre Dame de Paris (Crédit photo)

  • Méditation : "si je n'ai pas la charité..."

    « "Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ" (1Co 4,16 ; 11,1). Voilà la règle du christianisme dans toute sa perfection ; voilà la définition la plus exacte, la cime la plus haute, rechercher l'intérêt de tous. Ce que l'apôtre déclare en ajoutant : "Comme je le suis moi-même du Christ". En effet rien ne peut nous rendre des imitateurs du Christ comme notre zèle pour le prochain. Vous aurez beau jeûner, coucher par terre, vous étrangler, si vous n'avez pas un regard pour votre prochain, vous n'avez rien fait de grand, et quoi que vous ayez pu faire, vous demeurez encore bien loin de ce modèle... C'est qu'il ne peut pas être de vertu parfaite, si l'on ne recherche pas l'utilité d'autrui ; et c'est ce qui résulte de l'histoire de celui qui reporta le talent intact et fut livré au supplice, parce qu'il ne l'avait pas fait fructifier. Toi donc, mon frère, même si tu t'abstiens de nourriture, que tu couches par terre, que tu manges de la cendre et ne cesses de gémir, si tu es inutile au prochain, tu n'as rien fait de grand. C'était là en effet autrefois la première préoccupation des hommes grands et généreux. Considérez attentivement leur vie, et vous verrez clairement qu'aucun d'eux ne considérait son intérêt propre, que chacun d'eux au contraire ne voyait que l'intérêt du prochain ; ce qui a rehaussé leur gloire. »

    St Jean Chrysostome, Homélie 25 sur la 1ère épitre aux Corinthiens (3), in M.J. Rouët de Journel s.j., "Textes ascétiques des Pères de l’Église" (n°422), Éditions Herder, Fribourg (Bade), 1947.

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    (Photo : Melodi T)

  • Méditation : Fête de la Chaire de Saint Pierre

    « La sainte Église célèbre aujourd'hui, avec une pieuse dévotion, l'établissement de la première chaire de l'apôtre saint Pierre. Remarquez-le bien, la foi doit trouver place en nos âmes avant la science ; car les points de foi catholique proposés à notre respect, loin d'être inutiles pour nous, sont, au contraire, et toujours, et pour tous, féconds en fruits de salut. Le Christ a donné à Pierre les clefs du royaume des cieux, le pouvoir divin de lier et de délier ; mais l'Apôtre n'a reçu en sa personne un privilège si étonnant et si personnel, que pour le transmettre d'une manière générale, et en vertu de son autorité, à l’Église de Dieu. Aussi avons-nous raison de regarder le jour où il a reçu de la bouche même du Christ sa mission apostolique ou épiscopale, comme celui où la chaire lui a été confiée ; de plus, cette chaire est une chaire non de pestilence (Ps I,1), mais de saine doctrine. Celui qui s'y trouve assis, appelle à la foi les futurs croyants ; il rend la santé aux malades, donne des préceptes à ceux qui n'en connaissent pas et impose aux fidèles une règle de vie ; l'enseignement tombé du haut de cette chaire, de notre Église, c'est-à-dire de l’Église catholique, nous le connaissons, nous y puisons notre joie ; c'est l'objet de notre croyance et de notre profession de foi ; c'est sur cette chaire qu'après avoir pris des poissons, le bienheureux Pierre est monté pour prendre des hommes et les sauver. »

    St Augustin, Premier sermon sur la Chaire de l'Apôtre Saint Pierre.
    Source : Abbaye St Benoît.


    « Voici, mes frères, une solennité consacrée à l'honneur du Chef des Apôtres, et que nous devons célébrer avec tout l'empressement, toute la ferveur, et toute la joie dont nous sommes capables. Si le jour du martyr de ce grand Apôtre est en si grande vénération par toute la terre, la Fête d'aujourd'hui ne doit pas être moins vénérable à toute l’Église. il fut couronné aux acclamations des Anges, qui chantaient de concert pour honorer son triomphe le jour de son martyr ; mais aujourd'hui il a été élevé sur son Trône Pontifical à la vue d'une foule infinie de fidèles, qui en ont donné de grands témoignages de réjouissance. Son martyr lui a ouvert la porte de la félicité éternelle ; mais aujourd'hui il a été assis sur le premier Siège de l’Église pour notre sanctification : si la mort l'a fait entrer dans la compagnie des Esprits bienheureux, pour recevoir des récompenses éternelles, il a été aujourd'hui fait Pontife du peuple de Dieu, pour nous ouvrir la porte du Ciel. Cette première fête est proprement la Fête des Anges ; celle-ci est la Fête des Fidèles. Mais par la grâce de celui "qui a éteint les inimitiés afin de former en soi-même un seul homme nouveau de ces deux peuples en mettant la paix entre eux" (Eph 2,15), cette solennité réjouit également les Anges, et les hommes.

    Cette Fête, mes frères, nous doit donc être recommandable par un double motif : ainsi il faut que les sentiments intérieurs répondent aux mouvements extérieurs, et que la conformité des cœurs suive le concert des voix ; que les illuminations rendent l’Église toute brillante, et que la conscience soit parée de l'éclat des vertus ; qu'on ôte toutes les ordures des murs, et du pavé de l’Église, et que le Temple intérieur de l'homme soit purgé de toutes sortes de vices, selon cette belle parole de l'Apôtre : "Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu'un profane le Temple de Dieu, Dieu le perdra ; car le Temple de Dieu est saint, et c'est vous qui êtes ce Temple" (1Co 3,16). Qu'il n'y ait rien de discordant dans la musique, et qu'il n'y ait point de division dans les mœurs. Si les fêtes doivent être accompagnées de solennités, notre esprit a aussi sa dignité ; les unes nous défendent de vaquer aux œuvres serviles ; mais l'autre veut que nous modérions les ardeurs de la concupiscence, et que nous renoncions au commerce des vices ; les unes demandent des ornements extérieurs et sensibles ; l'autre demande les parures de la vertu. »

    St Léon le Grand, Sermon XCVI sur la Chaire de l'Apôtre S. Pierre, in "Sermons de S. Léon Pape surnommé Le Grand", Trad. du R.P. Quesnel, Prêtre de l'Oratoire, A Paris, Chez André Pralard, 1698. (Google Books)

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    Statue de St Pierre par Arnolfo di Cambiao (XIIIe), basilique Saint-Pierre de Rome (Crédit photo)

  • Méditation avec St François de Sales : de la vertu d'humilité

    « Nous ne connaîtrons jamais notre propre perfection, car il nous arrive comme à ceux qui naviguent sur mer ; ils ne savent pas s'ils avancent, mais le maître pilote, qui sait l'art de naviguer, le connaît. Ainsi nous ne pouvons pas juger de notre avancement, mais bien de celui d'autrui ; car nous ne sommes pas assurés quand nous faisons une bonne action, que nous l'ayons faite avec perfection, d'autant que l'humilité nous le défend. Or, encore que nous puissions juger de la vertu d'autrui, si ne faut-il pourtant jamais déterminer qu'une personne soit meilleure qu'une autre, parce que les apparences sont trompeuses ; et tel qui paraît fort vertueux à l'extérieur aux yeux des créatures, devant Dieu le sera moins qu'un autre qui paraissait beaucoup plus imparfait.
    L'humilité est non seulement charitable, mais douce et maniable ; car la charité est une humilité montante, l'humilité est une charité descendante. L'humilité sera au dernier degré de sa perfection quand nous n'aurons plus de propre volonté ; par l'humilité "toute justice" est accomplie (Mt III, 15). »

    St François de Sales, Entretiens spirituels (Cinquième entretien), in "Œuvres", nrf Gallimard, Paris, 1969.

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  • Méditation : Sainte Agnès

    Il est certain qu'il y eut à Rome vers cette date, une fillette de treize ans qui mourut volontairement pour la foi en Jésus-Christ. La nouvelle s'en répandit très vite chez les chrétiens de l'Empire. On s'indigna de la cruauté des bourreaux, on s'apitoya sur la jeune victime, dont le nom se perdit au fur et mesure que la distance était lointaine de Rome. Et comme on ne savait pas exactement son nom, on lui donna ce nom symbolique d'Agnès, nom qui peut venir du grec (Hagne = la pure), ou du latin (agna = agnelle).

    L'interprétation latine a prévalu dans la primitive Église (Agnès apparut huit jours après sa mort à ses parents, environnée d’une troupe de vierges, avec un agneau blanc auprès d’elle). Saint Augustin connaissait les deux interprétations. « Agnès signifie en latin une agnelle et en grec la pure. » C’est de l’interprétation latine que vient l’usage de bénir, tous les ans à pareil jour, dans l’église Sainte-Agnès, à Rome, des agneaux dont la laine sert ensuite à faire le pallium des archevêques.

    Elle devint un personnage légendaire, chacun imaginant le comment de sa mort. En Occident, on transmit la tradition qu'elle eut la tête coupée ; en Orient, on dit qu'elle aurait été enfermée dans un lupanar où personne n'osa la toucher avant d'être brûlée vive. Quoi qu'il en soit des détails de son martyre, gardons présent à notre mémoire comme un exemple, ce fait historique qu'une jeune romaine de treize ans n'hésita pas à sacrifier la vie terrestre qui s'ouvrait à elle, pour se donner à la vie du Dieu qu'elle adorait.

    Saint Ambroise, évêque de Milan, dira d'elle qu'elle sût donner au Christ un double témoignage : celui de sa chasteté et celui de sa foi. (De virginitate, II, 5 à 9) :

    « C’est aujourd’hui la fête d’une Vierge : embrassons la chasteté. C’est aujourd’hui la fête d’une Martyre : immolons des victimes. C’est aujourd’hui la fête de sainte Agnès : que les hommes soient dans l’étonnement, que les enfants ne perdent pas courage. Que les femmes mariées admirent une si haute vertu ; que celles qui ne le sont pas, l'imitent. Mais que pouvons-nous dire qui soit digne d'elle, puisque son nom même renferme un brillant éloge ? Elle a eu un zèle qui a surpassé son âge, une vertu qui est allée au-delà des forces de la nature ; de sorte qu'elle ne me semble pas avoir porté un nom ordinaire, mais un nom qui présageait son martyre, et qui montrait par avance ce qu'elle devait être un jour.

    [...] En l'appelant Vierge, je fais connaître sa pudeur et sa modestie ; en l'appelant Martyre, je publie sa foi et son courage. Ces deux mots renferment tout son éloge : éloge très vaste et très étendu, que je n'ai point recherché, puisqu'il est tiré de deux qualités qui lui sont essentielles. Prononcer son nom, est faire son panégyrique. Que les vieillards, que les jeunes gens, que les enfants même le célèbrent par leurs cantiques. Et en effet, qui mérite plus d'être louée que celle qui peut être louée de tout le monde : autant d'hommes qui parlent d'elle, sont autant de panégyriques qui publient son martyre.

    On dit qu'à douze ans elle fut martyrisée. Quelle étrange cruauté d'un tyran, de n'avoir pas épargné un âge si tendre ! Mais quelle est la force et la grandeur de la foi, qui à cet âge a porté une fille à lui rendre témoignage ! Vit-on jamais un pareil prodige ! Elle triomphe de l'épée dans un corps si petit et si faible, qu'à peine l'épée trouve-t-elle une place où faire une blessure. Les jeunes filles tremblent en voyant leur mère en colère, et ne peuvent soutenir ses regards menaçants ; et s'il leur arrive de se faire la moindre piqûre, elles versent des larmes, et se plaignent comme si elles étaient dangereusement blessées. Celle-ci intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, tranquille sous le poids énorme des chaînes dont elle était chargée, elle présentait tout son corps au fer acéré d'un soldat furieux, toute prête à mourir, quoiqu'elle connût à peine ce que c'est que de vivre. La traînait-on malgré elle à l'autel des idoles, elle tendait les bras à Jésus-Christ ; et parmi les feux profanes et sacrilèges qui étaient allumés, elle faisait le signe de la croix à la gloire du Sauveur, qui y a vaincu la mort. Tantôt elle paraissait les deux mains et le cou serré de chaînes de fer, quoi qu'à peine en trouvât-on qui pussent serrer des membres si petits.

    Quel nouveau genre de martyre ! Trop faible pour souffrir les tourments, elle a assez de force pour gagner la victoire : elle n'est pas encore propre au combat, elle a déjà mérité la couronne. Ainsi malgré tant d'obstacles que l'âge opposait à la vertu, elle en est devenue une grande maîtresse, et en a donné les plus importantes leçons. Une épouse n'irait pas avec plus de joie et d'un pas plus empressé à la chambre nuptiale, que cette Vierge qui marchait au lieu de son supplice. Une épouse a soin au jour de ses noces de friser ses cheveux et de couronner sa tête de fleurs : Agnès n'a pris au jour de son triomphe d'autre ornement que Jésus-Christ, et n'a été couronnée que de son innocence ; elle a marché à la mort avec des yeux secs, pendant que tous les spectateurs fondaient en larmes. On était surpris qu'elle quittât sans peine la vie qu'elle de faisait que de goûter, et qu'elle la sacrifiât aussi facilement que si elle en eut joui longtemps. Tout le monde était dans l'admiration, de voir qu'elle fut le témoin du véritable Dieu dans un âge où elle ne pouvait disposer d'elle-même, et que la grandeur de son courage rendit croyable le témoignage qu'elle lui rendait, lorsqu'on n'aurait pas cru celui qu'elle aurait rendu pour un homme mortel. D'où pouvaient lui venir des sentiments si élevés au-dessus de la nature, sinon de l'Auteur même de la nature ? »

    St Ambroise (340-397), Traité "De la Virginité" (5-8), in "Les Œuvres de St Ambroise sur la Virginité", Traduites en français par le R.P. De Bonrecueil, Prêtre de l'Oratoire, A Paris, Chez Barthelemy Alix, Libraire, 1729 (Google Books).

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  • Méditation : "Sans moi, vous ne pouvez rien faire"

    « La vie d'amour de Dieu réclame le concours de Dieu. Aussi, deux convictions doivent être fortement enracinées dans nos âmes : la conviction de notre impuissance, la conviction de la nécessité d'appeler Dieu à notre secours.
    Notre impuissance est radicale : "Sans moi, dit Notre-Seigneur, vous ne pouvez rien faire."
    Rien, dit saint Augustin, ce n'est pas un peu, si petit soit-il, c'est rien dans sa signification absolue. Or nous sommes aussi réfractaires à cette vérité, qu'aux mystères les plus profonds de l’Évangile. Aussi devons-nous produire souvent, presque sans cesse, des actes de foi à notre néant, à notre impuissance, à notre misère. Voilà pourquoi le bienheureux Jean Eudes nous invite à faire "une confession d'humilité". Seigneur Jésus-Christ, nous reconnaissons que nous ne sommes rien, que nous ne pouvons rien, que nous ne valons rien, que nous n'avons rien sinon le péché, que nous sommes des serviteurs inutiles ; que par nature nous sommes des enfants de colère, que nous sommes les derniers des hommes, que nous sommes les premiers des pécheurs. A nous donc appartient toute confusion et toute ignominie, et à vous, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
    L'humilité est la mère de la confiance, aussi la seconde conviction qui nous est imposée, c'est la nécessité absolue de recourir à Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Médiateur, notre Sauveur ; de nous retirer en Jésus-Christ comme dans notre paradis, où nous trouverons très abondamment tout ce qui nous manque, pour nous appuyer et nous confier en lui, comme en Celui qui nous a été donné par le Père éternel pour être notre rédemption, notre justice, notre vertu, notre sanctification, notre trésor, notre force et notre tout. (St Jean Eudes) »

    Abbé Granger, Chanoine honoraire de Bayeux, La vie d'amour de Dieu - Ier Traité (IV, I), Avignon, Aubanel Frères, 1921.

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  • Méditation : tout à Jésus pour nos frères

    « Il faut avoir le cœur ouvert à Jésus-Christ sans s'arrêter aux créatures et à cet extérieur du monde. C'est un exercice qui est pénible à la chair, mais il faut se résoudre à lui faire souffrir cette peine. Il lui faut du bâton de la Croix pour la réduire ; il faut lui faire violence pour l'empêcher de se complaire au monde, et pour faire que notre âme n'ait rien à goûter que Jésus.

    Que notre esprit, notre âme et notre cœur soient tout à Jésus, et que rien ne leur donne lieu de s'épancher hors de lui. Que la terre se ferme, que le soleil s'obscurcisse, que tout le monde nous persécute, pour nous retenir en Jésus. Tout est à lui en nous : tout doit vivre de lui, tout doit être recueilli en lui pour être participant de lui, et être ainsi très puissant en sa vertu et en sa grâce. C'est le moyen d'agir ensuite sur les cœurs de nos frères avec toute vertu. La grâce répandue en nos sens et la joie de la chair qui se dilate dans les objets sensibles, énerve souvent la vigueur de l'esprit, qui, pour être puissant, doit toujours être renfermé dans le sein et l'intérieur de Dieu en nous.

    Il n'y a point d'autre principe ni d'autre fondement à jeter que la Croix, et il n'y a rien par quoi Jésus-Christ notre Tout nous veuille mieux instruire et nous attirer, que par ce saint et adorable moyen. C'est par là qu'il nous consommera, et qu'il nous fera tous un en lui pour l'éternité. »

    Jean-Jacques Olier (1608-1657), Lettre 93, Paris, Victor Lecoffre, 1885.

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  • Méditation avec St Ambroise : des vertus de la Vierge Marie, mère de Dieu

    « C‘est l’ardeur à l’étude qui fait d’abord la noblesse du maître. Quoi de plus noble que la mère de Dieu ? Quoi de plus splendide que celle-là même qu’à choisie la splendeur ? Quoi de plus chaste que celle qui a engendré le corps sans souillure corporelle ? Et que dire de ses autres vertus ? Elle était vierge, non seulement de corps, mais d’esprit, elle dont jamais les ruses du péché n’ont altéré la pureté : humble de cœur, réfléchie dans ses propos, prudente, avare de paroles, avide de lecture ; elle mettait son espoir non dans l’incertitude de ses richesses, mais dans la prière des pauvres ; appliquée à l’ouvrage, réservée, elle prenait pour juge de son âme non l’homme, mais Dieu ; ne blessant jamais, bienveillante à tous, pleine de respect pour les vieillards, sans jalousie pour ceux de son âge, elle fuyait la jactance, suivait la raison, aimait la vertu. Quand donc offensa-t-elle ses parents, ne fût-ce que dans son attitude ? Quand la vit-on en désaccord avec ses proches ? Quand repoussa-t-elle l’humble avec dédain, se moqua-t-elle du faible, évita-t-elle le miséreux ? Elle ne fréquentait que les seules réunions d’hommes où, venue par charité, elle n’eût pas à rougir ni à souffrir dans sa modestie. Aucune dureté dans son regard, aucune licence dans ses paroles, aucune imprudence en ses actes ; rien de heurté dans le geste, de relâché dans la démarche, d’insolent dans la voix ; son attitude extérieure était l’image même de son âme, le reflet de sa droiture. Une bonne maison doit se reconnaître à son vestibule, et bien montrer dès l’entrée qu’elle ne recèle pas de ténèbres ; ainsi notre âme doit-elle, sans être entravée par le corps, donner au dehors sa lumière, semblable à la lampe qui répand de l’intérieur sa clarté. »

    St Ambroise, De Virginibus (extrait), in R.P. Régamey, "Les plus beaux textes sur la Vierge Marie", Éditions du Vieux Colombier - La Colombe, Paris, 1941.

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  • Un mois avec Marie - Vingt-deuxième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    VINGT-DEUXIÈME JOUR
    La Charité

    Notre-Dame ne se lasse pas de nous exhorter à la pratique de la Charité : vertu royale qui s'épanouira merveilleusement au Ciel, dans l'éternelle possession de Dieu.
    « Soyez pleins de charité, insiste-t-elle par sa benjamine, même à l'égard des méchants. Ne dites de mal de personne et fuyez ceux qui médisent du prochain. »
    Ne jamais dire du mal de personne, c'est déjà bien. Fuir ceux qui médisent est une mesure de prudence à laquelle nous ne saurions trop nous tenir. Si grande est notre faiblesse ! Mais cela ne saurait suffire. Notre céleste Mère désire que nos cœurs soient « pleins de charité », pleins à déborder comme le Sien, « même à l'égard des méchants ».
    Pour racheter l'homme déchu, devenu son ennemi, le Verbe s'est incarné, Il a souffert la Passion et la Mort. En union avec son Sacrifice suprême et à la même fin, Marie s'est plongée dans un abîme de douleur. Son Cœur Immaculé a été transpercé de sept glaives.
    Voulons-nous être leurs enfants, leurs disciples : marchons sur leurs traces, soyons charitables et bons.
    La bonté, c'est la qualité qui, la première, se grava dans le cœur de l'homme au moment où le Tout-Puissant le créa. C'est elle qui nous permet de ressembler à Dieu dans ce qu'Il a de plus attrayant, de plus saisissable, de plus nécessaire en quelque sorte à notre pauvre nature. Elle est le débordement de ce qu'il y a de bien dans notre esprit et dans notre cœur, allant se verser dans l'esprit et dans le cœur des autres.
    Force divine qui nous pousse à rendre service, à être agréable, à nous donner, à chercher à faire plaisir, à être utile à tous ; la bonté est un baume qui cautérise toutes les plaies, un parfum qui éloigne toute vapeur malsaine, une harmonie qui rétablit l'ordre partout.
    Qui dira sa puissance et sa fécondité ?...
    Dans un compartiment de chemin de fer, au complet, une jeune femme se trouve mal. Aussitôt une autre voyageuse tire de son sac : sucre, etc..., et prodigue ses soins jusqu'à que la jeune femme ait recouvré son état normal. Seul, dans son coin, un slave à l'air sombre et farouche n'a pas dit un mot de tout le voyage. Un instant après, il se trouve visiblement fatigué à son tour. Alors, avec un sourire et un bon regard, la voyageuse remplit son verre de liqueur après l'avoir soigneusement essuyé, et le lui tend en disant : « Vous n'êtes pas bien, Monsieur, permettez-moi de vous offrir ceci. » Le soviet accepte, une détente se produit dans ses traits, sa physionomie s'adoucit, et c'est presque avec un sourire qu'il répond : « Merci Madame, si tous étaient comme vous, le monde n'irait pas si mal ! »
    Eh oui, ce qui manque à notre pauvre monde en désarroi, c’est la douce influence de la vraie charité, de la bonté. Rendons-lui son action bienfaisante et il sera sauvé.
    Que de chutes elle peut prévenir et d'idées fausses redresser, que de tristesses et de chagrins elle console, que de maux elle guérit, que d'âmes elle est capable de sauver !
    Elle soulage la misère sans blesser la fierté, sa chaleur passe dans un serrement de main, dans un regard, dans une parole qui met à l'aise ou qui relève.
    La bonté est pénétrante. Elle va à travers les défaillances, les fautes, les duretés, comme la goutte d'huile qui s'infiltre dans les fentes les plus imperceptibles. Elle va trouver ce qu'il y a encore de bon dans les âmes découragées, écrasées, aigries... elle ne voit que cela, rien que cela, et elle l'admire... Et ces malheureux cœurs qui se croyaient flétris, perdus, se relèvent, s'épanouissent. Ils se disent : « Mais nous pouvons donc encore !... Oui, oui, vous pouvez être encore charitables et bons, vous aussi ! »

    SALVE REGINA

    Salut Reine, Mère de Miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut !
    Vers vous nous crions, enfants d'Eve, du fond de notre exil ; vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.
    Eh bien donc, ô notre Avocate, tournez vers nous ce regard de bonté qui n'appartient qu'à vous.
    Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles.
    Ô clémente, ô aimante, 6 douce Vierge Marie !


    Ô Marie, secours des chrétiens, priez pour nous.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.

  • Un mois avec Marie - Vingt et unième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    VINGT ET UNIÈME JOUR
    La Mortification

    Stabat MaterBeaucoup accompagnent volontiers le Sauveur au Thabor, mais combien peu au Calvaire !
    Seul, saint Jean représentait le Collège apostolique au pied de la Croix. Il est vrai que tous les Apôtres moururent martyrs par la suite, lorsqu'ils se furent ressaisis.
    Ils formaient une élite.
    Le véritable amour de Dieu ne consiste pas à éprouver une ferveur sensible, une jouissance égoïste, il est un don, une immolation de soi par la pratique du devoir. Il ne peut donc naître, vivre et grandir que dans l'atmosphère de l'abnégation, de la mortification.
    Parmi la foule des humains, clairsemés sont ceux qui le comprennent. Peu d'âmes marchent rapidement dans la voie de cet amour, parce qu'il y en a bien peu qui entrent généreusement dans la voie du sacrifice.
    Cependant, notre céleste Mère nous le dit : « La mortification et le sacrifice plaisent beaucoup à Jésus. »
    Une seule chose importe vraiment ici-bas : aimer Dieu en vérité, c'est-à-dire devenir un Elu : un Saint. Cela requiert une sincère et persévérante bonne volonté, car la nature déchue est fertile en fruits sauvages ; mais pour en produire de bons, elle demande à être greffée.
    Qui veut se sauver doit donc tout d'abord réprimer énergiquement ses inclinations défectueuses, c'est-à-dire, les mortifier.
    Mortifier, c'est donner la mort à quelque chose qui vit : à un désir, un sentiment répréhensibles, à un jugement faux, à une pensée, un dessein mauvais. Depuis la chute originelle, mourir à soi-même demeure la loi - austère assurément, mais nécessaire - loi vitale sans laquelle la meilleure semence spirituelle demeurerait infructueuse.
    La pierre de touche de la sainteté se nomme : mortification.
    Pourquoi tant la redouter puisqu'elle est le creuset dans lequel se forme la vertu ?
    L'or se purifie dans le feu. De même, l'âme se purifie et se fortifie dans la tribulation. Il y a peu de Saints parce qu'il y a peu d'âmes mortifiées. « Si l'on avait plus de foi, on vivrait de mortification comme de pain, tandis qu'on la fuit comme la peste. »
    Comme notre adorable Sauveur, aimons le monde des âmes. Il l'a aimé, Lui, jusqu'à la Passion : « Je suis venu pour le sauver (1) ».
    Aimons-le avec le Père qui ne cesse point de l'aimer : « Dieu a tellement aimé le monde (2).... »
    Mais gardons-nous de l' « esprit mondain » : esprit terrestre, esprit charnel de jouissance, d'orgueil, de cupidité : infusé par le prince des ténèbres, prince de ce monde.
    Travaillons à soumettre notre nature à la raison. Qu'importe si elle gémit pourvu que l'esprit triomphe. Plus nous avançons dans le chemin de la mortification, plus nous nous rapprochons de Dieu. Jésus prend place en nous selon l'espace libre qu'il y trouve.
    « Fais-toi capacité, je me ferai torrent », disait-il à une sainte âme (3).
    Oh ! le merveilleux stimulant ! Mourir à ses passions, se vider de soi-même pour se remplir de Dieu !
    Mais hâtons-nous car le temps a des ailes : il s'enfuit sans retour. Que voudrions-nous avoir fait à l'heure de la mort ?
    Écoutons les avis du bon Maître : « La mortification est comme le canal par où passent mes grâces de choix. Si ce canal est petit, il en passe peu, mais s'il est grand, il en passe beaucoup. Si tu veux demeurer dans l'embrassement de l'Amour, reste dans l'embrassement du sacrifice. »
    Nul aussi bien que Marie n'a pratiqué ces divins conseils ; livrons-nous à son Cœur maternel, afin qu'elle nous aide à mourir au « moi » et à ses convoitises malsaines. Là, sont notre perfection et notre bonheur, même sur cette terre, où ne sont intimement, réellement heureux que les Saints.

    PRIÈRE

    Ô Cœur très pur de ma divine Mère, daignez m'obtenir du Cœur de Jésus cet esprit chrétien qui conduit à la pureté du cœur, qui n'entretient que de bonnes pensées, qui ne forme que de généreux desseins, qui réserve ses empressements pour les choses de l’Éternité. Que toutes les autres préoccupations soient déjà pour moi ce qu'elles seront à ma dernière heure, ce qu'elles sont aux yeux de Dieu : vanité, néant, misère.

    Reine de tous les Saints, priez pour nous.

    (1) Jo. III, 17.
    (2) Jo. III, 16.
    (3) Sainte Catherine de Sienne.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.