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vertu - Page 4

  • Un mois avec Marie - Dix-neuvième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    DIX-NEUVIÈME JOUR
    La Patience

    « La patience est la vertu des forts »
    Combien admirable fut la patience de Notre-Dame au cours de sa longue vie, et particulièrement durant la Passion de son divin Fils !
    Son Cœur agonise avec le Sien, elle le suit dans la voie douloureuse, entend ses gémissements sous les coups de marteau qui le fixent à la Croix. Broyée dans son Amour, elle demeure debout aux pieds de l'adorable Victime et lui voit exhaler son dernier soupir. Puis, on remet le Corps inanimé de son Jésus entre ses bras...
    Pas une plainte n'est montée à ses lèvres contre les décrets du Ciel ou la cruauté humaine. L'ombre même d'un murmure ne s'est point élevée dans son esprit. Pénétrée du néant de la créature, elle s'incline devant le Tout de Dieu. Plongée dans un océan de douleur, elle adore sa Volonté souveraine, elle s'y soumet, elle l'aime...
    La patience de notre céleste Mère brille, au Calvaire, d'un merveilleux éclat.
    Écoutons son invitation à l'imiter :
    « Soyez très patients, nous dit-elle par Jacintha, la patience conduit au Paradis. »
    Nous n'aurons pas sans doute à l'exercer, cette patience, dans les mêmes conditions que Marie ; mais oui bien chaque jour en maintes occasions diverses, menues ou importantes.
    Soyons d'abord patients avec nous-mêmes. Nos défauts ne font pas seulement souffrir le prochain, ils nous sont, à nous aussi, un fardeau, et d'autant plus lourd qu'il nous est impossible de nous en séparer. Améliorer, transformer notre « moi » égoïste, exigeant, plein d'orgueil et de vanité, s'impose comme un sérieux devoir. Mais ce n'est pas en nous irritant contre nos écarts et nos chutes, en nous dépitant de nos échecs dans la lutte, que nous pourrons l'accomplir. La répression des défauts, l'acquisition des vertus sont les fruits d'efforts aussi prolongés et soutenus que tenaces. On ne les obtient qu'au prix d'une longue, longue patience, ferme et douce à la fois.
    Pas plus que nous, le prochain n'est exempt de travers, de passions. Nos rapports avec lui nous sont une source de douces joies et... de souffrances ! Les incompréhensions, les heurts, les jalousies et rivalités sont inévitables en cette vie. Supportons patiemment les peines qui nous viennent d'autrui : déceptions, tracasseries, méchancetés peut-être...
    L'auteur de l'Imitation nous donne en ce point des enseignements précieux, sachons en tirer profit : « Celui-là n'est point patient, qui ne veut souffrir que de qui il lui plaît et qu'autant qu'il lui plaît. - On ne parvient pas sans combats à la couronne de la patience. Si vous désirez la couronne, combattez avec courage, souffrez avec patience » (1)
    Enfin soyons patients dans les événements contraires et affligeants : la foudre endommage ma maison, la grêle ruine mes récoltes, la maladie m'atteint, la mort frappe des êtres chers, etc..., et je suis tenté d'accuser le Seigneur de tout ce qui m'arrive de fâcheux et qui est la conséquence du péché.
    Pour satisfaire à nos exigences, Dieu devrait opérer des miracles à chaque instant. Or, il ne déroge point sans de graves raisons aux lois naturelles établies par sa Sagesse infinie, il n'annule point non plus la sentence portée contre Adam pécheur. Que n'a-t-il pas fait pour nous, cependant, dans son adorable Bonté ! Notre rachat lui a coûté le sacrifice de son Fils Unique et des épreuves qu'Il permet nous arriver, nous pouvons nous constituer un impérissable trésor.
    Patientons quelques mois, quelques années encore, puis nous expérimenterons dans l'éternelle allégresse, que « les souffrances du temps présent n'ont aucune proportion avec la gloire qui doit un jour éclater en nous » (2).
    Acceptons la croix lorsqu'elle nous est présentée. Que notre âme unie à la Vierge des Douleurs s'incline, adore, aime ! C'est l'attitude du vrai chrétien.

    PRIÈRE

    Ô Marie, vous êtes le meilleur de ces êtres doux et chers qu'il est bon de rencontrer à l'heure de la détresse. Nous avons à souffrir en ce monde et nous ne savons pas quelle sera la mesure de nos maux. Ô Mère, venez alors au devant de nos plaintes, mettez sur nos lèvres ce qui calme, apaise et fortifie. Ô Vous qui avez consolé l'Homme-Dieu sur le chemin du Calvaire, jetez sur nous un regard de Mère qui allège le poids de toute Croix. Ainsi soit-il.

    Ô Marie, Consolatrice des affligés, priez pour nous.

    (1) Imit. Jésus-Christ, III, XIX, 4.
    (2) Ep. Aux Romains, VIII, 18.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.

  • Un mois avec Marie - Dix-septième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    DIX-SEPTIÈME JOUR
    La Modestie

    fleur de lysNotre-Dame n'est pas venue à Fatima pour nous enseigner du nouveau ; mais seulement pour nous rappeler les réalités éternelles trop généralement oubliées.
    Plus que jamais nous côtoyons la mort.
    Tel qui sort de chez lui en pleine santé peut, victime des événements actuels, n'y pas revenir. Abstraction faite des accidents toujours possibles.
    Rien n'est donc plus opportun que de nous mettre en face de notre destinée :
    « Après chaque action viendra le jugement qui en discernera le bien et le mal » (1). - « Nous devons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ » (2).
    Par ses aimables Confidents, Marie nous remémore ces vérités et les maximes de l'Évangile les plus urgentes à observer. Plusieurs fois et avec insistance, Elle réclame le changement de vie.
    « Les péchés qui jettent le plus d'âmes en enfer sont les péchés d'impureté », déclare-t-elle.
    Hélas ! ni ses avertissements maternels, ni les fléaux qui nous frappent n'ont provoqué l'amendement ! L'immoralité du monde s'accroît et s'étale de plus en plus. L'un de ses agents actifs est ce que nous appelons : la mode !
    « Il viendra certaines modes qui offenseront beaucoup Notre-Seigneur », prédit Jacintha, instruite par la Vierge bénie.
    La mode !... Voilà donc le Barrabas moderne que la plupart osent mettre en parallèle avec le Christ Jésus !... Et ce n'est pas le divin Sauveur qui l'emporte !
    La mode ! la mode exerce une sorte de fascination sur la foule sans caractère. Peu possèdent assez d'énergie pour se soustraire à sa tyrannie, et les soi-disant civilisés se contentent du pagne de la brousse africaine, avec la dépravation européenne en plus.
    Nul ne peut démentir ce que tous ont pu voir, parmi les chrétiens tout comme chez les autres. Quelle aberration de la part de ceux-ci ! Ils prétendent allier le Ciel et l'enfer... Chose impossible !
    « Les personnes qui servent Dieu ne doivent pas suivre les modes, poursuit Jacintha. L'Eglise n'a pas de modes. Notre-Seigneur est toujours le même. »
    Supprimez les vêtements commençant trop tard et finissant trop tôt, les tissus et les formes qui soulignent ce qu'ils devraient voiler. Revêtez-vous décemment, il y va de votre salut et du salut d'un grand nombre, entraînés au mal par votre seul aspect.
    Dans une riche famille américaine (connue et que nous pourrions nommer), une jeune fille élégante : un as de la mode venait de mourir. On l'avait mise en bière et, dans le salon, sa mère pleurait près du cercueil fermé. Soudain l'on perçoit des coups partant de l'intérieur. On ouvre. Quel saisissement ! La malheureuse défunte déclare :
    « Je suis damnée pour avoir suivi les modes immodestes, et, si elle ne fait pénitence, ma mère a sa place marquée auprès de moi, pour m'y avoir encouragée. » Puis elle retombe dans le silence éternel.
    « Si les hommes savaient ce qu'est l'Éternité, ils feraient tout pour changer de vie. »
    Entre toutes les vertus, il en est une sans laquelle toutes les autres ne sont rien : c'est l'état de grâce, l'habitude de l'état de grâce : la pureté. Sans elle, tous nos biens spirituels sont des diamants perdus dans la boue.
    Croyons notre Mère du Ciel qui ne veut que notre bonheur : marchons dans le sillage de sa modestie et de sa pureté. Efforçons-nous d'y attirer tous ceux qui nous entourent.
    « Celui qui aime la pureté du cœur, dit le Sage, aura le Roi du Ciel pour Ami. »
    « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. »

    PRIÈRE

    Vierge incomparable, douce par dessus toute créature, rendez-nous purs, doux et chastes. Faites qu'une vie parfaitement pure nous conduise au Ciel, où nous jouirons du bonheur de voir et d'aimer votre divin Fils. Amen.

    Vierge très pure, priez pour nous.

    (1) Hébr. IX, 27.
    (2) II Cor. V, 10.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.

  • Un mois avec Marie - Quinzième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    QUINZIÈME JOUR
    L’Éducation

    enfant en prièreMarie est la Mère parfaite, éclairée, tendre et forte à la fois. Regardons-la à Bethléem.

    Elle entoure l'Enfant divin de son amour, Elle lui prodigue ses soins, et avec quelle joie, quelle douceur ! Mais bientôt le saint vieillard Siméon plante le glaive dans son Cœur maternel...
    Elle pressent pour son cher « Premier-Né » les contradictions, les blasphèmes, la persécution...
    Auprès du berceau de Jésus flotte déjà une vision de mort... Une couronne sanglante s'esquisse autour de sa tête blonde…
    La Vierge adhère pleinement au plan de l’Éternel ; Elle accepte la part immense des douleurs qui la submergeront... Plus encore, s'élevant au-dessus de ses sentiments naturels, sa volonté perdue en celle du Père, Elle accepte, Elle veut avec Lui, la Passion de son Bien-Aimé.
    Il lui en coûte tout le sang de son Cœur, car sa tendresse est incommensurable ; mais le but est sublime... Elle sacrifie tout et se sacrifie elle-même pour l'Œuvre de la Rédemption.
    Au pied de la Croix, une nouvelle maternité s'offre à Marie. Son Cœur se dilate pour accueillir tous les humains.
    Toujours Mère parfaite : éclairée, tendre et forte à la fois, Elle ne les aimera point d'autre façon que son Jésus, car Elle ambitionne pour eux le plus beau, le meilleur.
    En chacun, Elle voudrait mouler un Saint. Pour cela - vu la déchéance originelle - il faut passer par l'épreuve, à sa suite et à celle du Sauveur. Elle le sait, Elle y consent pour nous, mais Elle accourt à notre premier appel pour nous secourir, nous aider.
    Éducatrice incomparable, lorsqu'Elle apparaît aux trois petits enfants de Fatima, Elle leur apprend à réprimer leurs défauts, Elle les exhorte aux sacrifices généreux, à l'acceptation de la souffrance. Elle les aime trop pour trahir leurs intérêts majeurs, aussi les élève-t-elle à une hauteur morale et spirituelle qui, devenue leur félicité et leur gloire, excite aujourd'hui notre admiration.
    Quelle leçon pour nous !
    Si nous avons charge d'âmes, prenons conscience de nos responsabilités.
    La Foi abreuvait nos pères de l'éternelle Vérité ; son affaiblissement ruine en nous l'esprit surnaturel. La matière, le temporaire nous subjuguent, ils captent notre attention, nos activités, s'emparent de la première place, et l'âme est sacrifiée.
    Combien d'enfants sont les victimes de ce dangereux renversement des valeurs !
    Certes, il convient de bien soigner ces chers petits, de les acheminer peu à peu vers une situation convenable. Cela est nécessaire, mais insuffisant.
    Le Baptême dépose en nos enfants un germe divin qui demande à être cultivé, développé par la répression des défauts naissants, le redressement des inclinations fâcheuses, la formation à la vertu. C'est la belle mission des parents. On ne peut l'accomplir sans parfois faire souffrir l'enfant. Souffrance salutaire, agent souvent indispensable de l'éducation et recommandé par l'Esprit-Saint.
    Trop nombreux, hélas ! sont parmi les chrétiens ceux qui, pour s'éviter une peine, car il en coûte, ou bien par une faiblesse coupable, une sensibilité cruelle, ont manqué de courage pour contrarier leurs enfants, les punir et les corriger à propos. Ils ont compromis leur bonheur ici-bas - car le joug des passions est le pire des tourments -, et peut-être aussi leur avenir éternel.
    A l'égard même de la société, ils ont failli à leur devoir, contribuant à entretenir et accroître en son sein la veulerie et la dépravation, dont nous subissons aujourd'hui les terribles conséquences.
    Il est temps de réagir.
    Parents chrétiens, regardez Marie, votre Modèle. Sachez vouloir à son exemple, pour les vôtres, en vue d'un bien supérieur, même l'épreuve et le juste châtiment.
    Veillez à la santé de vos enfants, entourez-les d'affection, mais aussi appliquez-vous sans faiblir, à leur donner un esprit juste, une volonté énergique, une âme loyale et généreuse, qui ne transige jamais avec le devoir quel qu'il soit et quoi qu'il lui en puisse coûter.

    PRIÈRE

    Très Saint Cœur de Marie, doux et fort à la fois, apprenez-nous à marcher vaillamment à votre suite, sans rien négliger de ce qui est pour nous le devoir. Aidez-nous à accomplir parfaitement la mission que le Seigneur a bien voulu nous confier.

    Bénie soit la très pure, très sainte et très immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Mère de Dieu. Ainsi soit-il.
    (300 j. plénière une fois le mois.)

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.
  • Méditation : la vie en Christ

    « A l'évidence, la vie dans le Christ concerne non seulement le futur, mais accompagne dès à présent les saints qui vivent et agissent selon elle.
    Il y a d'un côté ce qui vient de Dieu, de l'autre ce qui vient de notre ferveur personnelle ; le premier est l’œuvre propre de Dieu, l'autre réclame aussi notre générosité ; ou plutôt, ce que nous avons à apporter pour notre part, ce n'est rien d'autre que d'accueillir la grâce, de ne pas livrer le trésor (Mt 13,44), de ne pas éteindre la lampe déjà allumée (Mt 25,8), autrement dit de n'introduire en nous rien qui soit contraire à la vie, ni rien qui engendre la mort. Voici en quoi consistent pour l'homme tout bien et toute vertu : ne pas diriger le glaive contre soi-même, ne pas fuir le bonheur, ne pas faire tomber de sa tête les couronnes.
    De son côté, le Christ présent sème lui-même de manière ineffable la vie en nos âmes comme notre fonds, car il est présent en vérité et assiste les prémices de la vie, que lui-même nous a fournies en séjournant parmi nous ; cependant il est présent non pas comme la première fois, en partageant notre genre de vie, nos entretiens et nos occupations, mais d'une autre façon, meilleure et plus parfaite, qui fait que nous devenons avec lui un seul corps, une seule vie, ses membres, son corps et tout ce qui s'ensuit. »

    Nicolas Cabasilas (1322-1397), La vie en Christ, I (15-17), Trad. M.H. Congourdeau, SC n°355, Le Cerf, Paris, 1989.

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  • Méditation : l'humilité

    « La providence de Dieu, qui veille à donner à chacun de nous ce qui lui est bon, a mené à nous toutes choses pour nous porter à l'humilité. Car si tu t'enorgueillis des grâces de la providence, celle-ci t'abandonne, et tu retombes... Sache donc qu'il ne t'appartient pas, ni à toi ni à ta vertu, de résister aux tendances mauvaises, mais que seule la grâce te tient dans sa main, pour que tu ne craignes pas... Gémis, pleure, souviens-toi de tes fautes au temps de ton épreuve afin d'être délivré de l'orgueil et d'acquérir l'humilité. Cependant ne désespère pas. Prie Dieu humblement de pardonner tes péchés. L'humilité, même sans les œuvres, efface beaucoup de fautes. Mais au contraire les œuvres sans elle ne servent à rien ; elles nous préparent même bien des maux. Obtiens donc par l'humilité le pardon de tes injustices. Ce que le sel est à toute nourriture, l'humilité l'est à toute vertu. Elle peut briser la force de nombreux péchés... Si nous la possédons, elle fait de nous des fils de Dieu, et elle nous mène à Dieu sans même le secours des œuvres bonnes. C'est pourquoi en dehors d'elle toutes nos œuvres sont vaines, sont vaines toutes les vertus, et sont vaines toutes les peines. »

    Isaac le Syrien (7ème siècle), Discours 58, 1ème série, Trad. Touraille, DDB, 1981.

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  • Méditations avec St Ignace de Loyola

    « Il est de grande utilité, pour progresser dans la vertu,
    d'avoir un ami que vous autorisez à vous avertir de vos défauts. »

    « Ne fixe jamais ton regard sur les défauts des autres.
    Plutôt, sois constamment prêt à excuser autrui. »

    St Ignace de Loyola (1491-1556).
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  • Méditation : patience, paix et joie

    « La vertu qui apparaît le plus dans l'Evangile, c'est la patience. Patience, c'est-à-dire tenir, tenir dans la difficulté, dans les souffrances, tenir dans l'expérience du mal. Tenir dans la splendeur du mystère de Dieu qui est dans nos coeurs. Il faut être présent à Dieu de façon active. Cela suppose que nous lâchions tout ce qui nous tient à coeur, pour retrouver au plus profond ce qu'est le mystère du Seigneur. Oui, nous avons à découvrir le Seigneur dans sa paix et dans sa joie, toujours nouveau, toujours plus invraisemblable, et toujours plus proche.

    Dans l'Eucharistie, nous demanderons au Seigneur d'être là, dans cette paix et dans cette joie qu'il nous donne. Le Christ nous dit toujours : 'La paix soit avec vous'. La paix, c'est-à-dire la plénitude des biens de Dieu, la plénitude de la réalité divine. Ensemble, nous demanderons que cette joie nous pénètre et nous transforme. Alors nous chanterons : 'Béni soit le Père de Jésus-Christ Notre-Seigneur qui nous a bénis et comblés de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux.' Bénissez le Seigneur et rendez-lui grâces. Il n'est qu'amour, il n'est que joie, il n'est que paix. Il se donne tout entier dans l'amour. Laissez-vous faire par l'amour de Dieu. Laissez-vous entraîner par ce torrent débordant qu'est l'amour de Dieu, et vous chanterez du fond de votre coeur : 'Viens, Seigneur Jésus !' »

    P. Marie-Joseph Le Guillou (1920-1990), L'expérience de Dieu dans l'Esprit Saint, Fayard, Paris, 1976.

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    (Parc National de Paklenica, Croatie - Crédit photo)

  • Méditation : la miséricorde (suite)

    « Si tu pardonnes l'injure que t'a faite un détracteur ou à un calomniateur, pardonne-le de tout coeur, et confie toute offense à l'oubli éternel, car notre Père oublie nos péchés, comme l'écrit le prophète Ezéchiel : "Si le méchant renonce à son péché, on ne se souviendra plus de tous ses crimes." (Ez 18,21s) Et comme dit David : "Autant l'orient est distant de l'occident, autant le Seigneur écarte de nous nos iniquités" (Ps 102,12) ; et cela pour qu'elles ne puissent plus continuer à nous être nuisibles.
    Si tu fais l'aumône au pauvre, comprends que tu reçois plus que tu ne donnes, car "celui qui donne au pauvre, prête à Dieu." (Pr 19,17) C'est pourquoi, donne avec humilité et respect, non pas comme une aumône à un pauvre, mais comme un petit cadeau fait à un prince.
    Si tu supportes quelque chose de gênant pour être utile à ton prochain dans le besoin, pense à la distance qu'il y a entre toi et ton Seigneur, lui qui, pour t'être utile, a donné son sang et sa vie ! Ainsi, sans attente d'une récompense terrestre, sans aucun aiguillon de vaine gloire, mais par pur amour de Dieu et du prochain, tu feras des progrès dans la vertu de miséricorde. »

    Saint Robert Bellarmin (1542-1621), La montée de l'âme vers Dieu (XIV, 3), Trad. Jean-Baptiste Herman s.j., Charles Beyaert, Bruges, 1924.

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  • Méditation : les tentations

    « Si l'on pouvait voir dans la tête d'un solide marin quelle figure y prend la tempête, on verrait qu'elle s'y inscrit non comme un danger, mais comme une série de manoeuvres à exécuter, comme un "Oh ! hisse !" Devant ses lions, un bon dompteur calcule et ne tremble pas. Dans tous les cas, la tranquillité est une protection, et par elle-même elle est une valeur.
    Le danger est beau. L'homme qui l'affronte avec une prudence virile a d'avance sur lui le reflet de la victoire. Comment vaincre sans ennemis ? Le lutteur, en nous, n'aurait alors plus d'emploi. Le bien est meilleur, chez celui qui a risqué le pire. L'exercice de notre force ne consiste qu'à discipliner nos faiblesses et à franchir l'obstacle extérieur : nous exonérer de ce souci ne serait-ce pas un désastre ?
    Oh ! que la tentation nous "éprouve" bien ! On ne fait connaissance avec le poids de son corps qu'à la montée d'une côte ou sur une pente vertigineuse : la lourdeur de notre âme et son insécurité, si nécessaires à expérimenter pour provoquer l'élan vers l'unique recours, ne sont ressenties de nous qu'aux flancs de la montagne mystique et devant ses précipices. Une tentation est bienvenue, si l'expérience de nous-mêmes s'y accroît, si notre humilité s'y approfondit et si, par une fuite qui est au vrai une ascension, nous sommes portés à l'unique but de l'existence. »

    A. D. Sertilanges, O.P., Devoirs - Dix minutes de culture spirituelle par jour, Fernand Aubier / Editions Montaigne, Paris, 1936.

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    (Photo du film "Den Perfekte Stormen" - Wolfgang Petersen, 2006)

  • Méditation : la tentation

    « Les tentations ne doivent pas t'effrayer ; par elles Dieu veut éprouver et fortifier ton âme, et il te donne en même temps la force de les vaincre. Jusqu'ici ta vie a été celle d'un enfant ; désormais le Seigneur veut te traiter en adulte. Or les épreuves de l'adulte sont bien supérieures à celles de l'enfant, et cela explique pourquoi tu es, au début, toute troublée. Mais la vie de ton âme retrouvera vite son calme, cela ne tardera pas. Aie encore un peu de patience, et tout ira pour le mieux.
    Laisse donc tomber ces vaines appréhensions. Souviens-toi que ce n'est pas la suggestion du Malin qui fait la faute, mais plutôt le consentement donné à ces suggestions. Seule une volonté libre est capable de bien et de mal. Mais lorsque la volonté gémit sous l'épreuve infligée par le Tentateur, et quand elle ne veut pas ce qu'il lui propose, non seulement ce n'est pas une faute, mais c'est de la vertu.
    Garde-toi de tomber dans l'agitation en luttant contre tes tentations, car cela ne ferait que les fortifier. Il faut les traiter par le mépris et ne pas t'en occuper. Tourne ta pensée vers Jésus crucifié, son corps déposé entre tes bras et dis : "Voilà mon espérance, la source de ma joie ! Je m'attache à toi de tout mon être, et je ne te lâcherai pas avant que tu m'aies mis en sécurité". »

    Saint [Padre] Pio de Pietrelcina (1887-1968), Ep 3, 626 et 570 ; CE 34 (Trad. Une pensée, Mediaspaul, 1991)

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    Tentation sur la montagne par Duccio di Buoninsegna, v.1310
    (Détrempe sur bois, Frick Collection, New-York)

  • 7 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Envoi des Douze en mission (Mc 6, 7-13 - cf Mt 10, 1,9-14 ; Lc 9, 1-6)

    « Rien n'est plus froid qu'un chrétien qui ne sauve pas ses frères. Vous ne pouvez pas ici objecter la pauvreté ; la femme aux deux petites pièces de monnaie parlerait contre vous. Pierre disait : "Je n'ai ni or ni argent" (Ac III,6). Paul était pauvre, à tel point que souvent il ressentit la faim et manqua de la nourriture nécessaire. Vous ne pouvez pas objecter votre obscurité : les apôtres étaient obscurs et sortis d'hommes obscurs. Vous ne pouvez pas prétexter de votre ignorance dans la littérature ; eux aussi étaient des hommes sans lettres. Et seriez-vous un esclave, seriez-vous un esclave fugitif, vous pouvez toujours faire ce qui dépend de vous. Tel était Onésime ; et voyez le nom que Paul lui donne, à quelle dignité il l'élève : "Afin", dit-il, "qu'il communique avec moi dans mes liens" (Phm I,10). Vous ne pouvez pas objecter vos maladies ; car Timothée aussi avait des maladies fréquentes ; écoutez la preuve qu'en donne Paul : "Usez d'un peu de vin, à cause de votre estomac et de vos fréquentes maladies". (ITm V,23). Il n'est personne qui ne puisse être utile au prochain, avec la volonté de faire ce qui dépend de lui. Ne voyez-vous pas combien les arbres stériles sont vigoureux, beaux, élancés, unis, élevés ; cependant, si nous avions un jardin, nous préférerions à ces arbres des grenadiers, des oliviers couverts de fruits ; car ces arbres stériles sont pour le plaisir, non pour l'utilité ; l'utilité qu'ils peuvent avoir est mince ; à eux ressemblent ceux qui ne considèrent que leur intérêt propre ; ou plutôt ils ne leur ressemblent même pas, ils ne sont bons qu'à subir la vengeance. Ces arbres stériles servent à construire des édifices, à en consolider l'intérieur. Telles étaient ces vierges, chastes, parées, pratiquant la continence, mais inutiles ; aussi on les brûle. Tels sont ceux qui n'ont pas nourri le Christ. Et maintenant, voyez : aucun d'eux n'est accusé pour ses péchés, pour ses fornications, pour ses parjures, pour rien ; la grande accusation, c'est d'avoir été inutile. Tel était celui qui enfouissait le talent ; sa vie était sans reproche, mais inutile. Comment, je vous le demande, un tel homme peut-il être un chrétien ? Répondez-moi : si le ferment, mêlé à la farine, ne transforme pas toute la pâte, est-ce, à vrai dire, un ferment ? Et encore, si un parfum n'embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l'appeler un parfum ? Ne dites pas qu'il vous est impossible d'agir sur les autres ; si vous êtes chrétien, ce qui est impossible, c'est que vous n'agissiez pas. Ce qui est dans la nature n'admet pas de contradiction ; il en est de même de ce que nous disons ici : Ce que nous demandons est dans la nature du chrétien ; n'outragez pas Dieu. Dire que le soleil ne peut pas briller, c'est outrager le soleil ; dire qu'un chrétien ne peut pas être utile, c'est outrager Dieu et l'accuser de mensonge. Car il est plus facile pour le soleil de n'avoir ni chaleur ni clarté, que pour le chrétien de n'avoir pas de lumière ; il est plus facile à la lumière de devenir les ténèbres, que de voir une telle contradiction. Ne dites pas impossible ; l'impossible c'est le contraire. N'outragez pas Dieu. Si nous disposons bien nos affaires, ce que je dis se fera comme une conséquence naturelle ; la lumière du chrétien ne peut rester cachée ; on ne peut dérober aux regards cette lampe brillante. Donc, pas de négligence. De même que la vertu profite et à nous et à ceux à qui notre vertu est utile, ainsi la malignité est doublement funeste et à nous et à ceux que nous blessons. Supposez un ignorant, si vous voulez, souffrant, de la part d'un ennemi, des maux sans nombre, et personne ne le venge, et il répond à ses ennemis par des bienfaits : quel enseignement, quelle parole, quelle exhortation ne serait pas au-dessous de cette conduite ? Donc, pénétrés de ces vérités, attachons-nous à la vertu, puisque c'est le seul moyen de conquérir le salut, puisqu'il faut les bonnes oeuvres de la vie présente pour entrer dans le partage des biens à venir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la force, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XX (4) sur les Actes des apôtres, in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Texte intégral le site de l'Abbaye Saint Benoît.

  • 4 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Jésus chasse les esprits mauvais (Mc 5, 1-20 - cf. Mt 8, 28-34 ; Lc 8, 26-39)

    « Si quelqu’un veut entendre cette histoire dans le sens anagogique, je ne m’y oppose pas. Il suffit qu’il reconnaisse que la vérité de l’histoire est telle que l’Evangile la rapporte. Or la leçon que nous donne ce passage ainsi entendu c’est que lorsque les hommes vivent en pourceaux, ils tombent aisément sous la puissance du démon. Tant qu’ils demeurent encore hommes, et qu’ils ne sont pas tout à fait pourceaux, ils peuvent comme les deux possédés être encore délivrés de la puissance du diable ; mais lorsqu’ils ont étouffé en eux tous les sentiments de l’homme, le démon non seulement s’empare d’eux, mais il les précipite dans l’abîme. Afin que personne ne prît pour une fable l’expulsion des démons, mais que l’on y crût comme à un fait certain, Jésus-Christ permet que l’on en voie la preuve dans la mort des pourceaux.

    [...]

    Il y a encore aujourd’hui, mes frères, bien "des possédés qui demeurent dans des sépulcres", et dont rien ne saurait retenir la fureur : ni le fer, ni les chaînes, ni les exhortations, ni les menaces, ni la crainte de Dieu ou des hommes. Quelle différence y a-t-il entre un homme possédé du démon et un impudique, qui s’abandonne aux dérèglements les plus infâmes, dont le coeur commet autant de crimes qu’il se présente d’objets à ses yeux ? Il ne le croirait pas "nu" ; il l’est néanmoins, quelque magnifiquement habillé qu’il vous paraisse parce qu’ayant perdu Jésus-Christ dont il était revêtu, il a été dépouillé de toute sa gloire : "Il ne se frappe pas à coups de pierres", mais il se brise par ses péchés, qui font à l’âme des plaies plus sanglantes que les pierres n’en font au corps.

    Qui pourra donc lier un tel homme ? Qui pourra l’arrêter ? Qui pourra le délivrer de cette passion qui l’agite et le tourmente, qui l’emporte hors de lui-même, et qui le fait toujours demeurer "dans les sépulcres" ? Ne sont-ce pas en effet des sépulcres, ces lieux infâmes où il passe sa vie, et ces détestables repaires de femmes perdues, où la corruption et la pourriture répandent de toutes parts une odeur de mort ?

    Ne pouvons-nous pas dire aussi de l’avare ce que nous avons dit de l’impudique ? Qui peut le retenir ? Qui peut "le lier" ? N’est-il pas vrai "qu’il rompt ses chaînes", qu’il se rit également de toutes les exhortations, de toutes les menaces, et de tous les conseils ? Ne conjurent-ils pas tous ceux qui tâchent de le guérir de son avarice, de ne le pas faire ? et ne regarde-t-il pas comme un supplice, d’être délivré d’un cruel supplice ? Y a-t-il au monde un état plus misérable que celui-là ? Si ce "possédé" de l’Evangile méprisa les hommes, il se rendit au moins à la parole de Jésus-Christ ; mais l’avare n’écoute pas Jésus-Christ, même. Quoiqu’il l’entende dire tous les jours : "Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent" (Mt VI,32) ; quoiqu’on le menace de l’enfer, quoiqu’on lui dise que ses tourments seront inévitables, il ne croit rien de ce qu’on lui dit ; il ne se rend point à la vertu des paroles de Jésus-Christ, non parce qu’il est plus puissant que Jésus-Christ, mais parce que ce divin médecin ne nous guérit point malgré nous. Aussi quoique ces avares demeurent au milieu des villes, ils y sont néanmoins comme dans le fond "d’un désert". Car quel est l’homme un peu raisonnable qui voulût demeurer avec eux ? Pour moi, j’aimerais mieux vivre avec mille possédés, qu’avec un seul de ceux qui seraient frappés de cette horrible maladie : et il ne faut que considérer l’état des uns et des autres pour voir la vérité de ce que je dis. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XXVIII sur Saint Matthieu (4), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • Méditation : taille de notre vigne

    « Il me faut avertir chacun de vous à propos de sa vigne. Qui a tranché en lui-même absolument tout le superflu, au point qu'il puisse penser ne plus rien avoir à tailler ? Croyez-moi, ce qui est taillé repousse, ce qu'on a chassé revient, et on voit se rallumer ce qui était éteint et se réveiller ce qui était endormi.
    Il ne suffit donc pas de tailler une seule fois, mais il faut s'y remettre souvent, et même si possible, sans arrêt.
    Car, à moins de se faire illusion, c'est sans arrêt qu'on trouve en soi quelque chose à tailler. Aussi loin que tu progresses, tu te trompes bien si tu penses que tes mauvais penchants sont morts, ils ne sont que réprimés.
    Un seul conseil face à un si grand danger : il faut rester sur ses gardes très attentivement et dès que les pousses taillées réapparaissent, les couper aussitôt… sans pitié. »

    Saint Bernard (1090-1153), Sermon 58 sur le Cantique des cantiques.

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  • Méditation : "qui ne porte pas sa croix..."

    « Pourquoi crains-tu de porter la Croix, par laquelle on va vers le Royaume ? Dans la Croix, le salut ; dans la Croix, la vie ; dans la Croix, la protection contre les ennemis ; dans la Croix, les douceurs d'en-haut ; dans la Croix, la force de l'esprit ; dans la Croix, la joie spirituelle ; dans la Croix, toutes les vertus ; dans la Croix, la perfection de la sainteté.
    Si tu portes de bon coeur la Croix, elle te portera et te conduira au terme désiré, où tu connaîtras la fin de l'épreuve, quoique ce ne sera pas ici-bas. Si tu la portes malgré toi, elle te sera pesante, tu en augmenteras toi-même le poids, et il te faudra quand même la porter. Si tu rejettes une croix, tu en trouveras certainement une autre, et peut-être plus lourde. Penses-tu échapper à ce qu'aucun mortel n'a pu éviter ? Quel saint, en ce monde, aura été sans croix ni épreuve ?
    Il n'est pas selon l'homme de porter la Croix, d'aimer la Croix, de châtier son corps et de le réduire en servitude, de fuir les honneurs, de souffrir volontiers les outrages, de se mépriser soi-même et de souhaiter d'être méprisé, de supporter les afflictions et les pertes, et de ne désirer aucune prospérité dans ce monde. Si tu te regardes, tu ne pourras rien de cela ; mais si tu t'en remets au Seigneur, la force d'en-haut te sera donnée, et la chair et le monde t'obéiront. Et quand tu seras arrivé à trouver que l'épreuve est douce et savoureuse à cause du Christ, alors estime-toi heureux, parce que tu auras trouvé le paradis sur terre. »

    Imitation de Jésus-Christ, Livre II, ch. 12.

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  • Méditation sur la foi

    « Il y a trois actes, mes frères, trois actes en lesquels la foi se tient, la piété consiste, la vertu se maintient : la prière, le jeûne, la miséricorde. La prière frappe à la porte, le jeûne obtient, la miséricorde reçoit. Prière, miséricorde, jeûne, les trois ne font qu'un et se donnent mutuellement la vie.
    En effet, le jeûne est l'âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise : les trois ne peuvent se séparer. Celui qui en pratique seulement un ou deux, celui-là n'a rien. Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu'il écoute l'homme qui demande, et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu, celui qui ne refuse pas d'entendre lorqu'on le supplie.
    Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne : il doit sympathiser avec l'homme qui a faim, s'il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim ; il doit faire miséricorde, celui qui espère obtenir miséricorde ; celui qui veut bénéficier de la bonté doit la pratiquer ; celui qui veut qu'on lui donne doit donner. C'est être un solliciteur insolent, que demander pour soi-même ce qu'on refuse à autrui. »

    Saint Pierre Chrysologue († 450), Homélie sur la prière, le jeûne et l'aumône, 43.

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  • 15 novembre : Méditation

    « La simplicité véritable et parfaite consiste à ne nuire à personne, mais à être utile à tous, comme le dit la Glose sur les paraboles. C'est la première vertu que l'on fait valoir chez Job. "Il y avait, dans le pays de Hus, un homme du nom de Job, et cet homme était simple et droit" (Jb 1,1). Apparemment, cette vertu l'emportait, en lui, sur toutes les autres.

    C'est elle aussi que le Seigneur a ordonnée, lorsqu'il envoya ses apôtres dans le monde pour appeler les incrédules à l'unité de la foi catholique : "Soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes" (Mt X,16). Dans son commandement, il joint la prudence à la simplicité ; car la prudence sans la simplicité, c'est de la ruse ; la simplicité sans la prudence, c'est de la sottise. La colombe ne blesse ni du bec ni des ongles ; de même, l'âme vraiment simple ne fait du mal ni en parole ni par action.

    Il aime vraiment la simplicité, celui qui ne s'occupe pas, comme Marthe, à une multitude d'affaires, – car le grand nombre entraîne la complication – mais qui n'en cherche qu'une seule, celle dont Notre-Seigneur disait : "Une seule chose est nécessaire" (Lc X,42) ; et il en félicitait Marie-Madeleine : "Elle a choisi la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée." Il s'agit du seul Bien, où se trouvent tous les biens, immenses et éternels.

    Les avantages de la simplicité doivent nous exciter à l'amour de cette vertu. Il est écrit que "Dieu aime à s'entretenir avec les âmes simples" (Pr III,32). Le Seigneur est familier avec elles et il ne dédaigne pas de leur révéler ses secrets. Ainsi, aux apôtres qui empêchaient les petits enfants d'aller jusqu'à lui, Notre-Seigneur disait : "Laissez-les, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent" (Mt XIX,14). Sans cette vertu, le salut est impossible : "Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux" (XVIII,3). Le Seigneur Jésus ne dit pas : Si vous ne devenez petits enfants, mais "comme les enfants", ce qui signifie simples et innocents.

    Voici une autre utilité de cette vertu. "Celui qui marche dans la simplicité marche en confiance" (Pr X,9). La voie de la simplicité, c'est le chemin le plus sûr dans le royaume des cieux. "Dieu protégera ceux qui marchent dans la simplicité" (II,7).

    Les preuves de la simplicité véritable sont de bien présumer de tous, loin de tourner en mauvaise part les actions du prochain ; de ne dénaturer le bien de personne ni de le diminuer ; de ne souhaiter le mal à aucun et de désirer le salut de tous, de faire de bonnes actions et de les bien faire, d'avoir des idées justes sur Dieu et de le chercher dans la simplicité du cœur, de se soumettre aussi à sa volonté et de garder ses commandements. »

    Saint Albert le Grand (1200-1280), Le paradis de l'âme ch. XXX (1-4), Editions du Cerf, Paris, 1934.

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  • 24 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La lampe sous le boisseau (Lc 8, 16-18)

    « La lampe sur le lampadaire, c'est notre Seigneur Jésus Christ, la vraie lumière du Père "qui éclaire tout homme venant au monde" (Jn 1,9). Autrement dit, c'est la Sagesse et la Parole du Père ; ayant accepté notre chair, il est réellement devenu et il a été appelé la "lampe" du monde. Il est célébré et exalté dans l'Eglise par notre foi et notre piété. Il se rend ainsi visible à toutes les nations et il brille pour "tous les gens de la maison", c'est-à-dire pour le monde entier, selon sa parole : "On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, où elle brille pour tous dans la maison" (Mt 5,15).
    Comme on le voit, le Christ se nomme lui-même une lampe. Dieu par nature, il est devenu chair dans le plan du salut, une lumière contenue dans la chair comme dans un vase... C'est à cela que David pensait lorsqu'il disait : "Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route" (Ps 118,105). Comme il fait disparaître les ténèbres de l'ignorance et du mal des hommes, mon Sauveur et Dieu est appelé une lampe dans l'Ecriture. Comme il est le seul à pouvoir anéantir les ténèbres de l'ignorance et à dissiper l'obscurité du péché, il est devenu pour tous la voie du salut. Il conduit auprès du Père ceux qui, par la connaissance et la vertu, marchent avec lui sur le chemin des commandements comme sur une voie de justice.
    Le lampadaire, c'est la sainte Eglise parce que le Verbe de Dieu brille par sa prédication. C'est ainsi que les rayons de sa vérité peuvent éclairer le monde entier... Mais à une condition : ne pas la cacher sous la lettre de la Loi. Quiconque s'attache à la seule lettre de l'Ecriture vit selon la chair ; il met la lampe sous le boisseau. Placée au contraire sur le lampadaire, l'Eglise, elle éclaire tous les hommes. »

    Saint Maxime le Confesseur (v.580-662), Question 63 à Thalassius ; PG 90, 667s (Trad. Argyriou/Tournay).

  • 24 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Comme Jésus était dans une maison, sa mère et ses frères arrivent. Restant au-dehors, ils le font demander. Beaucoup de gens étaient assis autour de lui ; et on lui dit : 'Ta mère et tes frères sont là dehors, qui te cherchent.' Mais il leur répond : 'Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?' Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : 'Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère.' »

    Selon saint Jean Chrysostome :
    « Ces paroles prouvent évidemment que sa mère et ses frères n'étaient pas toujours avec lui. Mais comme ils l'aimaient tendrement, ils viennent le trouver, conduits par le respect et l'affection, et ils l'attendent au dehors, "car toute la foule était assise autour de lui." »

    Selon saint Bède :
    « Malgré leurs présences, il n'en continue pas moins la prédication de la divine parole, non qu'il oubliât les devoirs de la piété filiale, mais afin de montrer qu'il se devait bien plus aux mystères de son Père qu'aux devoirs de la tendresse filiale envers sa mère.

    Il ne témoigne aucun mépris pour ses frères, mais il préfère les oeuvres spirituelles aux liens de la parenté, et il nous enseigne que le lien qui unit les coeurs est plus sacré que celui qui ne fait qu'unir les corps. "Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères". »

    Selon saint Jean Chrysostome :
    « Notre-Seigneur nous apprend encore ici qu'il faut honorer plus que nos proches ceux qui nous sont unis par la foi. On devient la mère de Jésus par la prédication, car on lui donne une sorte de naissance en l'enfantant dans le coeur de ceux qu'on est chargé d'enseigner. »

    Selon saint Jérôme :
    « Or, sachons que nous sommes les frères et les soeurs de Jésus, à cette condition que nous accomplirons la volonté de son Père, afin d'être un jour ses cohéritiers, car Jésus discerne ses frères et ses sœurs d'après leurs actes et non d'après la différence des sexes. "Celui qui fait la volonté de mon Père est mon frère, etc." »

    Selon Théophile :
    « Il ne refuse pas à sa mère ce titre glorieux, mais il montre qu'elle est digne de le porter, non-seulement parce qu'elle a enfanté le Christ, mais encore parce qu'elle est un modèle accompli de toutes les vertus. »

    Saint Thomas d'Aquin, Explication suivie des Quatre Evangiles, composée d'extraits des interprètes grecs et latins et surtout des SS. Pères... - La Chaîne d'Or, Traduction nouvelle par M. l'Abbé J.-M. Péronne, Paris, Louis Vivès, 1868.

  • 23 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le sentiment de la vertu est inné en nous. Une lumière naturelle nous apprend à discerner, sans beaucoup d'efforts ni d'études, ce qui est bien d'avec ce qui est mal. Il nous suffit d'interroger là-dessus notre conscience, cet instinct secret qui nous dit de ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas que l'on nous fit à nous-mêmes, et de leur faire tout le bien que, dans la même situation, nous voudrions en recevoir nous-mêmes. Jésus-Christ, en nous donnant dans son Evangile le code de morale le plus parfait, n'a fait qu'imprimer aux oracles de la nature une sanction divine. il ne nous faut nul travail pour lui obéir ; il n'en coûte que pour y revenir après que l'on s'en est écarté.

    La vertu nous met en communication intime avec Dieu ; elle nous élève jusqu'à lui, nous introduit jusque dans sa familiarité, par un délicieux échange de prières que nous lui adressons, de secours et de grâces que nous en obtenons. Donnez-moi, nous dit-il, et je vous donnerai. Que lui pouvons-nous donner, à lui qui n'a besoin de rien ? Vous êtes vertueux, que lui en revient-il ? Il n'y a que vous puissiez y gagner ; et toutefois il vous en récompense comme d'un service que vous lui rendriez à lui-même.

    O sublime privilège de la vertu ! A quelle gloire elle conduit ceux qui la pratiquent ! "Quiconque fait la volonté de mon père, nous dit Jésus-Christ, est mon frère, ma soeur et ma mère". Sa mère ! méconnaît-il donc la sienne ? à Dieu ne plaise ! Il veut seulement nous apprendre qu'il y a une filiation plus noble, d'un ordre bien plus relevé que celle qui émane de la nature. Le titre auguste de mère de Jésus-Christ selon la chair, n'eût point profité à Marie, si elle ne l'eût justifié par l'excellence de sa vertu. On peut descendre d'Abraham sans être véritablement ses fils ; c'est aux oeuvres d'Abraham que l'on reconnaît la postérité du saint patriarche. La vertu nous fait communiquer avec Dieu, elle introduit l'homme dans la famille de Dieu. »

    Saint Jean Chrysostome, "De la vertu", extraits de ses oeuvres in Bibliothèque choisie des Pères de l'Eglise grecque et latine ou Cours d'Eloquence sacrée par Marie-Nicolas-Silvestre Guillon (Tome vingt-cinquième), Saint Jean Chrysostome Tome XIII, Paris, Chez Méquignon-Havard, Bruxelles - Paris, 1828.

    Collection disponible en ligne sur Google Books.

  • 19 juillet : Méditation

    « Personne ne peut venir à moi, si mon Père ne l'attire. "Nemo potest venire ad me nisi traxerit eum Pater". Il est bien juste que nous demandions une si grande grâce si nous la voulons obtenir, et c'est le principal moyen dont nous devons nous servir ; et si vous me croyez, vous ne manquerez pas un seul jour de la lui demander instamment, humblement, et surtout avec un ardent désir de l'obtenir. Reconnaissez et avouez que, sans la grâce, vous ne ferez jamais un seul pas dans le chemin de la vertu, cela est tout assuré, et nous nous abusons, et nous nous trompons si nous nous croyons capables de quelque chose de bon, sans le secours d'En-Haut. L'expérience ne nous l'apprend que trop ; car, en voulant pratiquer la vertu, nous sentons la nature qui gronde, nous sentons des répugnances pour ceci et des aversions pour cela, et quelquefois des dégoûts pour tout ; hélas que ferions-nous si Dieu n'y mettait la main ? C'est pourquoi je ne saurais trop vous recommander cette pratique ; et puisque le Seigneur vous en fait connaître l'utilité, j'espère qu'il vous fera la grâce de vous en servir. »

    Saint Vincent de Paul (1581-1660), in Elévations, Prières et Pensées, Paris, J. de Gigord, 1919.

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