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vérité - Page 3

  • Méditation : l'utilité de l'oraison mentale

    « Un chrétien ne devrait mesurer l'utilité d'un exercice, que par le fruit spirituel qui lui en revient. N'est-ce pas une chose déplorable, qu'élevés comme nous le sommes à un état surnaturel, nous ne soyons sensibles qu'à ce qui est naturel, qu'à ce qui regarde le corps ? On juge utile tout ce qui sert au bien de ce corps ; tout ce qui nous procure quelque intérêt temporel ; et on ne forme pas le même jugement de ce qui sert au bien de l'âme, et qui procure l'intérêt éternel. O mon Dieu ! jusques à quand ramperons-nous ainsi dans la poussière ? Ne nous élèverons-nous jamais au-dessus des sens ? Les biens spirituels ne règleront-ils jamais nos jugements ?

    Considérez donc que l'oraison mentale est une source féconde de toute sorte de biens spirituels ; de toutes les connaissances surnaturelles ; de toutes les affections saintes qui naissent de ces connaissances ; de toutes les grâces attachées à la prière. C'est là où on se remplit l'esprit des vérités de la foi, et où l'on apprend à pratiquer toutes les vertus ; là où l'on apprend à connaître Dieu, à le craindre, à l'aimer, à le servir. On apprend à se connaître soi-même, et à se mépriser, à connaître le néant des créatures, et à s'en détacher ; à estimer les biens de la grâce, et à les rechercher. Là on apprend à connaître l'énormité du péché, et à le fuir comme le souverain mal ; la nécessité de la pénitence ; le danger de la différer. C'est là qu'on étudie les leçons et la morale de Jésus-Christ, qu'on travaille à former en soi un esprit et un cœur chrétien. C'est là où l'on reçoit les lumières qui découvrent les perfections de Jésus-Christ, les obligations infinies que nous lui avons, de quelle nécessité il est de lui devenir semblables par l'imitation de ses vertus, etc. C'est dans l'oraison que l'on s'exerce à toutes sortes d'actes de vertus, de foi, d'espérance, d'amour, d'adoration, de louange, d'actions de grâces, d'offrande, de contrition, d'humilité, etc. C'est là où les saintes affections s'excitent et s'enflamment ; et où les saintes résolutions se forment. C'est là où la prière et les demandes sont plus ferventes, et plus efficaces. C'est là où l'on apprend à parler à Dieu, à se tenir en sa présence, à s'unir à lui. En un mot, c'est dans l'oraison où l'on apprend la science des saints, qui renferme tout ce qu'on vient de dire. Et on peut ajouter avec vérité, que ce n'est que là où cette science s'apprend. Qu'on trouve un homme qui ait acquis cette science sans le secours de l'oraison ? Qu'on en trouve un qui avec ce secours n'y ait pas fait de grands progrès ? »

    R.P. Joseph de Gallifet s.j., Sujets de méditations pour une retraite de huit jours Sur la fin de l'homme, et la grande affaire du Salut (Préliminaire, IV), A Lyon, Chez Pierre Valfray, 1734.

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  • Méditation : Jésus-Christ, vrai Dieu né du vrai Dieu - "Deum verum de Deo vero"

    « Nous devons, si nous ne l'avons jamais fait, nous mettre aux pieds du Christ et lui dire : « Seigneur Jésus, Verbe incarné, je crois que vous êtes Dieu ; vrai Dieu engendré de vrai Dieu : Deum verum de Deo vero ; je ne vois pas votre divinité, mais parce que votre Père m'a dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », je le crois, et parce que je le crois, je veux me soumettre à vous, tout entier, corps, âme, jugement, volonté, cœur, sensibilité, imagination, toutes mes énergies ; je veux que se réalise en moi la parole de votre psalmiste : « Que toutes choses soient jetées à vos pieds à titre d'hommage » (1) ; je veux que vous soyez mon chef, que votre Évangile soit ma lumière, que votre volonté soit mon guide ; je ne veux ni penser autrement que vous parce que vous êtes la vérité infaillible, ni agir en dehors de vous parce que vous êtes la voie unique pour aller au Père, ni chercher ma joie en dehors de votre volonté parce que vous êtes la source même de la vie. Possédez-moi tout entier, par votre Esprit, pour la gloire de votre Père » ! - Par cet acte de foi, nous posons le fondement même de notre vie spirituelle : Fundamentum aliud nemo potest ponere, praeter id quod positum est, quod est Christus Jesus (2).
    Et si cet acte est renouvelé fréquemment, alors le Christ, comme dit S. Paul, « habite dans nos cœurs » : Christus habitare per fidem in cordibus nostris (3), c'est-à-dire qu'il règne d'une façon stable, en maître, en roi, dans nos âmes, et qu'il devient en nous, par son Esprit, le principe de la vie divine.
    Renouvelons donc souvent cet acte de foi en la divinité de Jésus, parce que, chaque fois que nous le faisons, nous assurons, nous consolidons le fondement de notre vie spirituelle, et le rendons peu à peu inébranlable. »

    1. Ps VIII, 8. Voir dans l’Épitre aux Hébreux II, 8, l'application qui en est faite au Christ. - 2. I Co III, 11 ; cf. Col II, 6. - 3. Ep III, 17.

    ... A suivre demain ...


    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ Vie de l’Âme (II, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer, Paris, 1929.

    L'Adoration de la Sainte Trinité (Autel Landauer), Albrecht Dürer (1511)
    Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche

  • Méditation : "C'est par le coeur que l'on croit"

    « L'Archiconfrérie de Notre-Dame du Sacré-Cœur nous montre Marie, la Mère de miséricorde, la très douce et très clémente Reine de la terre et des cieux, qui se charge de rapprocher et d'unir deux cœurs si dissemblables, le Cœur de Jésus tout brûlant des flammes de la charité la plus ardente et le cœur du chrétien qui souvent est le cœur glacé d'un pécheur.
    « Je suis maîtresse du Cœur de Jésus, nous dit-elle, car volontairement il s'est donné à moi, oubliant pour ainsi dire qu'il est le Cœur de mon Créateur et de mon Seigneur pour se souvenir seulement qu'il est le Cœur de mon Fils. »
    « Pauvre pécheur, donne-moi le tien ; dis-moi quels sont ses désirs ; raconte-moi ses peines, ses ennuis, ses appréhensions, ses remords. Confie-moi ce cœur qu'une prospérité passagère enivre ou que l'épreuve brise. Moi-même, avec toutes les sollicitudes de la mère la plus aimante, je le rapprocherai du Cœur de Jésus, je le réchaufferai à sa flamme ; je le laverai dans le sang qui en a jailli, je l'abriterai dans sa plaie profonde ; je le façonnerai à battre d'un même battement avec ce Cœur adorable ; ce sera la sainteté et ce sera le bonheur. »
    Tout catholique qui prêtera l'oreille à cette tendre invitation sentira se ranimer et grandir la foi dans son cœur. « C'est par le cœur que l'on croit, dit l'apôtre. Corde creditur. » Grande et profonde parole ! La Révélation s'adresse à l'intelligence assurément, mais si la conviction de la vérité divine est dans l'esprit du chrétien, l'amour de la vérité divine, le dévouement à la vérité divine, c'est dans son cœur qu'on les trouve. Une petite bergère, un simple ouvrier, peuvent ainsi avoir une plus grande foi que de très doctes théologiens. Cette foi ardente, passionnée, enthousiaste, cette foi qui marche dans la lumière de l’Évangile et des enseignements de l’Église, en foulant aux pieds la fausse sagesse, les préjugés du jour, les idées modernes, c'est le salut.
    Elle inspire aux individus, elle inspire aux peuples les viriles résolutions que Dieu bénit ; elle les protège contre les enchantements et les séductions de cette opinion publique, qui s'élabore dans les antres des sociétés secrètes et verse l'erreur à plein bords par les mille canaux de la presse quotidienne.
    Elle forme ces catholiques de toutes pièces, qu'on croit railler en les appelant intransigeants, et qui, en effet, ne transigent jamais, quand il s'agit de l'honneur de Dieu ou des droits de la conscience chrétienne ; exagération, disent les esprits légers et les cœurs pusillanimes, comme s'il pouvait y avoir de l'exagération dans la soumission filiale à l'autorité du Tout-Puissant ! »

    A. Delaporte, Miss. du Sacré-Cœur, Annales de N.-D. du S.-C., Mars 1886.

    Ushaw College, St. Cuthbert's chapel, Durham, Scotland
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : la "nourriture des anges", empreinte de la grâce dans l'âme...

    « Regarde, ma fille bien-aimée, quelle excellence acquiert l'âme qui reçoit comme elle doit le recevoir ce pain de vie, cette nourriture des anges. En recevant ce sacrement, elle est en moi et moi en elle. Comme le poisson est dans la mer, et la mer dans le poisson, moi je suis dans l'âme et l'âme est en moi, l'océan de la paix. Et, dans cette âme, réside la grâce : elle a reçu le pain de vie en état de grâce, et la grâce demeure, quand l'accident du pain est consommé.
    Je lui laisse l'empreinte de la grâce, comme fait le sceau qu'on pose sur la cire chaude : lorsqu'on retire le sceau, l'empreinte du sceau reste, de même la vertu de ce sacrement reste dans l'âme ; elle conserve la chaleur de ma divine charité, la clémence du Saint-Esprit ; elle garde la lumière de la sagesse de mon Fils. L’œil de l'intelligence est éclairé de la sagesse du Verbe, pour qu'elle connaisse et contemple la doctrine de ma Vérité, et cette sagesse, qui reste avec force, la fait participer à ma force toute-puissante, qui fortifie l'âme contre sa propre passion sensitive, contre les démons et contre le monde. »

    Notre Seigneur à Ste Catherine de Sienne, in Auguste Saudreau, "Les divines Paroles ou ce que le Seigneur a dit à ses disciples dans le cours des siècles chrétiens", Tome II, Angers, Ed. de l'Ouest, 1936.

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  • Méditation : l'humilité devant Dieu

    « L'être humble est celui qui sait ce que c'est qu'une créature et une créature pécheresse, parce qu'il sait ce que c'est qu'un Dieu créateur et un Dieu saint. Alors, rejetant les illusions passionnées et les flatteuses apparences qui nous trompent, il s'abîme et il adore ; il se regarde et ne trouve en lui, sous la lumière rayonnante et pure, que matière à abaissement.
    Quand je m'attribue quelque chose de bon, cela signifie que ce quelque chose est à moi, et que je suis bon, moi, alors que notre Maître a dit : « Un seul est bon : Dieu », alors que tout vient de Dieu et appartient à Dieu.
    ...
    Nous grandir devant Dieu a le caractère d'une profanation et d'un blasphème. Nous grandir devant le prochain et quêter ses louanges, c'est tromper et désirer qu'on se trompe, et c'est encore, indirectement, voler Dieu. « Dieu n'aime tant l'humilité, dit saint Vincent de Paul, que parce qu'il aime le vrai, étant la Vérité même. »
    ...
    On ne peut être humble que si l'on se compare à quelque chose de grand : on ne peut être humble autant qu'il le faut, humble au plein sens du mot, que si l'on se compare à la grandeur absolue, à l'Infini même. Et c'est alors qu'on est dans la vérité. »

    P. A. D. Sertillanges O.P. (1863-1948), Devoirs (XI), Fernand Aubier, Éditions Montaigne, Paris, 1936.

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    Moïse et le buisson ardent
    Gravure de Schnorr von Carosfeld, extraite de La Bible en images, 1851-60.

  • Méditation : Marie consolatrice

    « L'Esprit Saint veut nous conduire à la liberté spirituelle des enfants de Dieu. Car "là où est l'Esprit, là est la liberté" (2 Co 3,17). Il nous faut donc sortir de nos mensonges, car seule la Vérité peut nous rendre libre. Mais toute vérité n'est pas supportable à tout moment. La délicatesse maternelle de Marie joue un rôle irremplaçable à cet égard. Toute mère pour son enfant a l'expérience du psychologue le plus expérimenté, parce qu'elle l'aime. Que dire de Marie dans la manière dont elle nous aide à reconnaître les blessures qui sont en nous ? Car il ne suffit pas de faire venir à la lumière. Une blessure est enveloppée la plupart du temps dans un bandage d'amertume, de peur, de rancune, voire de colère rentrée, de refus de pardon, qui alimentent une souffrance latente, mais qui devient très vive si on y touche maladroitement. Dans ces circonstances, Marie suggère les situations cachées, secrètes, parfois très anciennes dans le temps, en les oignant de sa douceur et de sa miséricorde. Sa main qui soigne la blessure, l'effleure à peine. Elle est la consolatrice qui nous obtient la Consolation de l'Esprit Saint et rend possible l'accueil de la vérité. Elle nous fait comprendre aussi que cette blessure inavouable peut devenir notre richesse. Le Seigneur la transforme en une blessure d'Amour qui est un trait de notre visage et nous ouvre à la miséricorde envers les autres. Avec Marie, nous découvrons que nos difficultés, nos blessures et nos infirmités sont des chances données par Dieu pour accomplir notre vocation de fils et de filles de Dieu et nous rendre plus humble dans la mission apostolique. »

    Père Raymond Halter (1925-1998), Le disciple la prit chez lui (extrait de la Postface), F.X. de Guibert (O.E.I.L.), Paris, 1992.

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    La Vierge consolatrice, de Sébastien Cornu (1859)
    Église Saint-Roch, Chapelle de la Compassion (Paris)

    (Source et crédit photo)

  • Méditation - Prière : au soir de notre vie...

    « Quand le soir tombe et que la fin d'un jour, en s'annonçant, me fait songer à la fin des choses, comme j'ai besoin de vous prier de me garder cette vie qui ne passe pas :
    "Écoutez, au moment où les ténèbres de la nuit s'approchent, nos prières qu'accompagnent nos larmes. Ne permettez pas que notre âme, appesantie par le poids du péché, se détourne des choses éternelles et qu'elle quitte cette patrie intérieure où l'on vous connaît, où l'on vous aime."
    Le péché vous chasse, il fait la nuit, il remplace la lumière, qui vous montre à moi dans votre splendeur radieuse d'être infini, par la clarté inférieure et douteuse qui m'égare vers la créature. Il ne me permet plus de discerner nettement ce qui est vérité et mensonge, vrai bien et faux bien. Écartez de moi ces ténèbres. Faites au contraire que le soir de ma vie soit de plus en plus cette fin apaisée des longues journées d'été, où les nuages ont pu s'amonceler, le tonnerre gronder, le soleil darder un rayon trop dur, mais qui s'achève dans le calme recueilli et confiant où s'annonce un beau lendemain.
    Donnez-moi cela, ô Vous pour qui il n'y a ni orage ni nuage menaçant, ni rayon qui brûle, ni tempête qui dévaste, ni jour qui finit. Donnez-moi de vous connaître et de vous aimer comme vous vous connaissez et vous vous aimez ; donnez-moi votre vie éternelle. Vivez en moi, ô Père, dans mon âme que l'effort quotidien, soutenu par votre grâce, fera de plus en plus limpide ; engendrez comme dans un pur miroir votre Image qui est votre Fils ; gravez en moi vos traits ou mieux faites que je fasse cela, que bien souvent ma pensée aimante se retourne vers Vous. Donnez-moi de vous reconnaître, de vous adorer, de vous bénir en tout ce que vous voulez, en tout ce que vous faites. Donnez-moi votre Esprit qui ainsi vous reconnaît, vous adore et vous aime. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Liturgie d'âme (Harmonies divines), 2e édition, Roma, Benedettine di Priscilla, 1962.

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    (Source et crédit photo)

  • Méditation : "Je vous donne un commandement nouveau"

    « Il faut nous aimer, du moins essayer constamment de nous aimer comme Jésus nous a aimés lui-même, avec le même désintéressement, la même spontanéité toute gratuite, avec la même profondeur et sincérité de sentiments, avec une véritable affection, avec le même dévouement sans limites, usque ad mortem (1), avec la même condescendance à l'égard de chacun, avec la même délicatesse, sicut dilexi vos (2) ! Les perspectives sont infinies, les progrès sont toujours possibles. Ne nous contentons pas d'une bonne petite vie familiale où l'on se supporte à peu près les uns les autres. Cherchons à nous aimer avec toujours plus de vérité, de profondeur. Soyons bons, très bons et bienveillants les uns à l'égard des autres. Ne supportons pas la moindre parole ni la moindre pensée contraire à la charité. La personne de notre prochain, quel qu'il soit, est sacrée ; il n'y faut toucher qu'avec un souverain respect. Et puis aimons-nous tous les uns les autres ; pas d'excommunication, pas d'exclusion sous aucun prétexte. Ayons une charité vraiment catholique... »

    (1) : par ex. Mt XXVI, 38 : "jusqu'à la mort"
    (2) : Jn XIII, 34 : "Mandatum novum do vobis: ut diligatis invicem sicut dilexi vos..." - "Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés..."


    Dom Placide de Roton, Jésus c'est tout (Aimer Jésus dans nos frères, Août 1952), Éditions Sainte-Madeleine, 2004.

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    Jésus-Christ bénissant les enfants, par Jean-Joseph Ansiaux (1764-1840)
    Musée du château de Versailles - (Source et crédit photo)

  • Méditation : Toute vérité n'est pas bonne à dire...

    « La simplicité comprend non seulement la vérité et la pureté d'intention, mais elle a encore une certaine propriété d'éloigner de nous toute tromperie, ruse et duplicité. Et comme c'est principalement dans les paroles que cette vertu se fait paraître, elle nous oblige de déclarer les choses par notre langue comme nous les avons dans le cœur, parlant et déclarant simplement ce que nous avons à dire, et avec une pure intention de plaire à Dieu. Ce n'est pas toutefois que la simplicité nous oblige de découvrir toutes nos pensées ; car cette vertu est discrète, et n'est jamais contraire à la prudence, qui nous fait discerner ce qui est bon à dire d'avec ce qui ne l'est pas, et nous fait connaître quand il faut se taire aussi bien que quand il faut parler. Si j'avance, par exemple, un propos qui soit bon en sa substance et en toutes ses circonstances, je le dois exprimer tout simplement ; mais si, parmi les choses bonnes que j'ai à dire, il se rencontre quelque circonstance vicieuse ou inutile, alors il la faut retrancher ; et généralement l'on ne doit jamais dire les choses que l'on sait, lorsqu'elles sont contre Dieu ou contre le prochain, ou qu'elles tendent à notre propre recommandation, ou à quelque propre commodité sensuelle ou temporelle ; car ce serait pécher contre plusieurs autres vertus. »

    St Vincent de Paul, in "Élévations, Prières et Pensées" (La simplicité), Paris, J. de Gigord, 1919.

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  • Méditation - Prière matinale

    « À l'aube de ce jour nouveau, Seigneur Jésus, nous te présentons notre prière : Lumière de vie qui brille dans les ténèbres, daigne répandre sur tous les hommes, nos frères, ta clarté et ta vérité pour qu'ils te reconnaissent comme Sauveur, ta vie et ta joie pour qu'ils t'aiment comme Dieu. Accueille au royaume de la lumière tous ceux qui sont morts pendant cette nuit : nous les recommandons à ta miséricorde. Console aussi par ta divine paix tous ceux qui, pendant cette nuit, ont porté le poids de la maladie, l'angoisse de la tristesse, ou l'amertume de la solitude. Soleil levant, viens illuminer ceux qui dorment encore dans les ténèbres de la mort. Guide nos pas au chemin de la paix vers ton Père, qui est aussi notre Père, car tu es notre route, notre vérité et notre vie, pour les siècles des siècles. Amen. »

    Père Lucien Deiss (1921-2007), Prière pour le matin
    (Professeur de Séminaire en Écriture Sainte et compositeur français de plus de 400 chants et prières catholiques - cf. par exemple au vendredi 13 juin).

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  • Méditation - Prière : quel chemin pour servir Dieu ?

    « Tu veux, Père éternel, que nous te servions selon ton bon plaisir, et tu conduis tes serviteurs de différentes façons et par diverses voies. Ainsi tu montres que d’aucune manière nous ne pouvons ni ne devons juger les intentions de l’homme par des actes que nous percevons de l’extérieur, mais en chacun nous devons considérer ta volonté. Plus spécialement doivent le faire tes serviteurs qui sont unis à elle et, par elle, sont transformés. L’âme, qui dans ta lumière voit la lumière (Ps 35,10), se réjouit de contempler en chacun des hommes tes manières variées, tes voies innombrables. Car bien qu’ils cheminent par différentes voies, ils ne courent pas moins tous sur la route de ton ardente charité. Sans cela, ils ne suivraient d’ailleurs pas vraiment ta vérité.

    Aussi nous voyons certains courir sur le chemin de la pénitence, établis dans la mortification corporelle ; d’autres établis sur l’humilité et la mortification de leur volonté propre ; d’autres sur une foi vive ; d’autres sur la miséricorde ; et d’autres tout dilatés dans l’amour du prochain, après s’être quittés eux-mêmes. Par cette manière de voir, l’âme, qui a mis en œuvre avec sollicitude sa lumière naturelle, se développe et acquiert la lumière surnaturelle par laquelle elle découvre la largeur sans mesure de ta bonté. Comme ils ont le sens du réel, ceux qui voient ta volonté en toutes choses ! En toute action des hommes, ils considèrent ta volonté sans juger celle des créatures. Ils ont bien compris et reçu la doctrine de ta vérité, lorsqu’elle dit : « Ne jugez pas selon les apparences ». Ô Vérité éternelle, quel est ton enseignement ? Par quelle voie veux-tu que nous allions au Père ? Quelle voie nous convient-il de suivre ? Je ne puis voir d’autre route que celle que tu as pavée avec les vraies et réelles vertus de ton ardente charité. Toi, Verbe éternel, tu l’as aspergée de ton sang : c’est elle la voie. »

    Ste Catherine de Sienne (1347-1380), Oraison 16 (Trad. Orval).

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  • Méditation : apprendre à se taire pour entendre...

    « Les hommes qui disent quelque chose ne sont pas très nombreux : ceux qui écoutent sont encore plus rares.
    C'est cependant par là qu'il faut commencer.
    L'esprit ne veut pas être contraint : l'âme ne se livre qu'à l'âme.
    Combien de discussions - entre peuples aussi bien qu'entre individus - s'égarent dans les clameurs de l'amour-propre ou dans les subtilités de la mauvaise foi, parce que les mots s'abattent du dehors, comme des coups de bélier, au lieu de naître du silence, comme les témoins de la Vérité.
    L'esprit, au fond, ne demande qu'à se donner à elle, car elle est son bien. mais il ne peut la reconnaître comme telle, si elle lui est assénée comme une menace.
    Toute parole est vaine qui n'est pas redite au dedans, avec le consentement de l'Amour.
    Dans les choses essentielles, tout au moins, les mots qui n'apportent pas la lumière risquent d'aggraver les ténèbres.
    C'est dans ce sens que nous aurons à répondre de toute parole inutile. Le Sauveur, qui nous en avertit, n'a cessé d'observer cette réserve divine qui laisse mûrir la vérité dans la lente germination des âmes.
    L’Évangile suppose, pour être entendu, ce contexte de silence, qui le rend intérieur à l'esprit.
    C'est à cette condition seulement que la Voix divine est reconnue, et que l'âme, au plus intime d'elle-même, découvre ce qu'elle cherchait. »

    P. Maurice Zundel (1897-1975), L’Évangile intérieur (XII), Œuvre St-Augustin, St Maurice, Suisse / Desclée De Brouwer et Cie, Paris, 1939 (2e édition).

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  • Méditation : Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie

    « Vierge Marie,
    messagère d'une joyeuse nouvelle,
    tu parcours les monts de Judée,
    et sur tes pas la création s'éveille :
    Celui que l'univers ne peut contenir
    demeure en toi,
    l'ancien monde se prépare au printemps !

    La racine de Jessé fleurira,
    l'arbre de vie donnera son fruit.

    Chante et réjouis-toi, Vierge Marie :
    le Seigneur a visité son peuple.

    Élisabeth court à la rencontre de la joie,
    elle te salue, comblée de grâces.

    La vérité germe de la terre,
    et Jean tressaille d'allégresse.

    Fille d'Abraham, Mère du Messie,
    nous te proclamons bienheureuse.

    Bienheureuse es-tu, Marie,
    d'avoir été pauvre devant Dieu ;
    l'amour s'est emparé de toi
    et tu as chanté :
    Mon âme exalte le Seigneur. »

    Visitation de la Vierge Marie, Livre d'Heures - Matines.

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    « De ce mystère, il est des leçons à retirer. Par la force des choses, une partie de notre vie se passe en relations. Les multiples nécessités de l'existence nous forcent à nous visiter les uns les autres, et les motifs qui dictent nos relations, les effets qu'elles produisent, ne ressemblent pas toujours aux raisons qui guidaient, aux fruits que produisait Marie.
    Ce qui dirige la plupart de nos relations, c'est la sympathie ou l'intérêt, sympathie quelquefois légitime, souvent désordonnée, intérêt parfois raisonnable, souvent égoïste. Si nous bornions nos relations à celles que Dieu inspire, combien seraient supprimées ! Si nous allions où il nous mène, que de seuils nous passerions que nous ne franchissons jamais ! La passion et l'intérêt sont de mauvaises conseillères, et beaucoup de relations mondaines ne sont-elles pas ces seules conseillères ?
    Aussi, quels effets produisent ces visitations ? Peut-être une joie bruyante et dissipée, juste de quoi tuer le temps et étourdir la vie, mais pas cette joie saine, née de la vérité communiquée et goûtée. Souvent le vide les remplit, et elles laissent le vide dans l'esprit et dans l'âme ; elles laissent un peu plus de temps perdu et le nombre accru de ces paroles oiseuses dont nous rendrons compte. Parfois, c'est pire encore, c'est la paix de l'âme troublée par la charité blessée, la vertu altérée, la vérité trahie. Elles laissent alors de la tristesse, sinon du remords. Au lieu d'en tressaillir de joie, ce qui est bon en nous est attristé. Ces visitations pervertissent au lieu de sanctifier. Certaines voix ont l'habitude et le talent de réveiller en nous ce qui y dort de mauvais. Voix de la conversation sans retenue, du livre sans pudeur. Que de ruines causent ces voix ! Elles apprennent le murmure et le blasphème, le dégoût et le mépris du devoir.
    Fuyons les messagers du mal, n'aimons que les purs messagers qui réjouissent la conscience et l'excitent au bien. Qu'au son de notre voix, les cœurs soient divinement réjouis, et, afin d'apporter Dieu aux autres, sachons l'attirer et le garder en nous. »

    P. Pierre Suau, S.J., in "Le Messager du Cœur de Jésus", Mai 1919.

  • Méditation : "mon coeur a soif de Vous, Seigneur..."

    « C'est une grâce du ciel, une des plus grandes grâces, que de ressentir le désir de Dieu. Il y a tant d'âmes qui ne l'éprouvent jamais ou qui l'éprouvent peu. C'est une "grâce" au sens propre du mot, c'est-à-dire une gracieuseté que nous ne méritions pas, une faveur que nous n'avions même pas songé à demander.
    En matière de salut et de perfection comme en toutes choses, c'est toujours Dieu qui a l'initiative : "Personne ne vient à moi, a dit Jésus, si mon Père n'a commencé par l'attirer." Et comment l'attire-t-il au Christ ? Par le désir. En lui communiquant un besoin intense de vérité, de beauté, d'amour, de pureté, et en lui montrant que le Christ est tout cela.

    Ô Jésus, je crois que c'est une grande faveur et un grand bonheur que d'avoir soif de vous, soif de votre vie, soif de votre amour. Cette soif, c'est votre grâce, c'est votre appel au fond de mon cœur... Quand il n'y a pas de désir, on ne cherche pas ; quand il n'y a pas d'appel, on ne s'approche pas... Complétez donc, Seigneur, l’œuvre que vous avez commencée en mon âme, afin que je me désaltère pleinement auprès de vous et que "de mon sein coulent les fleuves d'eau vive" promis par vous... »

    Bx Charles de Foucauld, in "Écrits spirituels", de Gigord, 1933.

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  • Méditation : "Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur"

    « L’Histoire du Salut, qui culmine dans l’Incarnation de Jésus et trouve son accomplissement plénier dans le Mystère pascal, est une révélation éclatante de la miséricorde de Dieu. Dans le Fils est rendu visible le « Père des miséricordes » (2 Co 1, 3), qui, toujours fidèle à sa paternité, « se penche sur chaque enfant prodigue, sur chaque misère humaine, et surtout sur chaque misère morale, sur le péché » (Jean-Paul II, Dives in misericordia, n. 6). La miséricorde divine ne consiste pas seulement en la rémission de nos péchés ; elle consiste aussi dans le fait que Dieu, notre Père, nous ramène, parfois non sans douleur ni affliction ni crainte de notre part, sur le chemin de la vérité et de la lumière, car il ne veut pas que nous nous perdions (cf. Mt 18, 14 ; Jn 3, 16). Cette double expression de la miséricorde divine montre combien Dieu est fidèle à l’alliance scellée avec chaque chrétien dans le baptême. En relisant l’histoire personnelle de chacun et celle de l’évangélisation de nos pays, nous pouvons dire à la suite du psalmiste : « Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur » (Ps 89 [88], 2). »

    Benoît XVI, extrait du Discours à Cotonou, 18 novembre 2011, in "C'est la miséricorde que je veux ! Les plus belles citations des Papes", Pierre Téqui éditeur, 2014.

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  • Méditation - Prière : Ave, Maria !

    « Ave Maria ! sur la terre et sur la mer,
    Cette heure, plus que tout autre Céleste, est la plus digne de toi !

    Ave Maria ! bénie soit cette heure,
    Bénis soient le jour, le pays et le lieu où tant de fois
    J'ai senti dans toute sa plénitude
    Ce moment si beau et si doux descendre sur la terre,
    Tandis que la cloche profonde se balançait dans la tour lointaine.
    Le doux cantique du jour mourant s'élevait avec légèreté ;
    Pas un souffle ne glissait dans l'air couleur de rose,
    Et cependant les feuilles des arbres semblaient agitées du tressaillement de la prière.

    Ave Maria ! c'est l'heure de la prière !
    Ave Maria ! c'est l'heure de l'Amour !
    Ave Maria ! permets que nos esprits
    S'élèvent jusqu'à toi et jusqu'à ton Fils !
    Ave Maria ! oh ! que ce visage est beau !
    Et ces yeux baissés sous l'aile de la Colombe Toute-Puissante !
    Qu'importe que ce ne soit là qu'une image peinte ?
    Ce tableau n'est pas une idole ; il est la vérité. »

    Lord Byron (1788–1824), Ave Maria extrait de "Don Juan", Chant III. Stances 101–103 (in "Ave Maria", C.L.D., Normand & Cie éditeur, 1977).
    Texte original anglais du Chant III (complet) ici.

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  • Méditation : la ceinture de la Vérité

    « Le Malin qui anime l'esprit du monde est le roi de la contrefaçon. Il a fabriqué une ceinture en "sincérité"... Elle est très bien vue dans le monde d'aujourd'hui. Elle attire la sympathie, l'émotion, l'adhésion. Or, cette ceinture, sachez-le, c'est du toc. C'est du Skaï au lieu du cuir. Elle ne sert qu'à se donner bonne conscience mais nous rend incapable de soulever quoi que ce soit. Être sincère, ce n'est pas être vrai !
    Sincérité contre Vérité, surtout n'échangez pas !

    La Vérité est aussi desservie par le fallacieux prétexte que "toute vérité n'est pas bonne à dire". C'est vrai, mais loin d'être un argument pour y renoncer.
    On peut être parfaitement sincère et totalement dans l'erreur.
    Quelqu'un qui se promènerait auprès de la centrale de Tchernobyl, sans savoir que c'est un lieu hautement radioactif, et qui ferait une joyeuse cueillette de champignons en vue d'une bonne omelette, serait parfaitement sincère en offrant un bon repas à ses amis. La Vérité, c'est qu'il pourra, au mieux, lire dans son lit sans lampe de chevet, tant il diffusera une douce lumière verte ; au pire, se retrouver au centre de cancérologie pour y subir une batterie de tests.
    Il était sincère, mais la Vérité, c'est que le lieu ne devait pas être fréquenté.
    Peut-être n'avait-il pas vu les panneaux interdisant l'accès ? Etait-il passé outre ?

    [...]

    Il faut donc quitter la ceinture de la sincérité pour se ceindre de celle de la Vérité. Chercher à porter les deux, c'est s'affaiblir d'autant plus que l'ennemi fera tout pour que nous portions les deux !
    De manière ultime, le Malin tentera une dernière proposition : remplacer notre ceinture... par une paire de bretelles ! "Ayez la vérité pour bretelles, une vérité élastique qui s'adapte parfaitement à l'air ambiant. Elle a la vertu de plaire, d'être acceptée par tous, de faire le consensus..." Les bretelles de la vérité sont tout juste bonnes à tenir le pantalon des convenances, mais, en aucun cas, aptes à tenir solidement nos reins.

    [...]

    Ce choix de Vérité est essentiel. D'autant plus que la Vérité n'est pas pour nous une sagesse, un concept philosophique ou une vision spirituelle. Elle est le Christ lui-même. Le Christ, notre force. N'a-t-il pas dit : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jean 14, 6) ?

    Avoir la Vérité pour ceinture, c'est avoir le Christ comme soutien. »

    ALain Noël, Manuel de combat spirituel (La ceinture de la Vérité), Mame, Paris, 2014 (pp.87-90).

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  • Carême en ligne 2014 avec Lourdes 7/13 : La Vérité vous rendra libres

    Le Père Jean-Dominique Dubois, frère franciscain et chapelain du Sanctuaire de Lourdes, anime la retraite spirituelle "Carême en ligne avec Lourdes" délivrée à plusieurs milliers d'inscrits. Aujourd'hui, jeudi 27 mars 2014, il médite sur "la Vérité vous rendra libres". Au programme : un enseignement et une prière de Bernadette. Une vidéo de la série "Carême en ligne avec Lourdes" proposée par le Sanctuaire de Lourdes en lien avec le site internet http://www.lourdes-france.org

  • Mois de mars : mois de Saint Joseph

    « Saint Joseph m’a toujours exaucée au-delà de mes prières et de mes espérances. »
    Ste Thérèse d’Avila (1515-1582)
     
    « Grand Saint Joseph,

    Parce que vous étiez juste et pur, vous avez été choisi par Dieu pour être l’époux de Marie, et le père virginal de Jésus.

    Vous êtes devenu le voile sacré où s’abritait le mystère de la Vierge Mère et l’ombre Sainte où se cachait la majesté du Dieu fait chair.

    Introduisez-nous dans le sanctuaire de cette Sainte Famille où Jésus et Marie vous étaient soumis, partageant avec vous une vie toute remplie de la présence de Dieu.

    Faites-nous connaître et aimer le Père, dont vous étiez l’image sur terre auprès de Jésus et de Marie ;
    faites-nous connaître et aimer le Fils, que vous avez connu et aimé le premier ;
    faites-nous connaître et aimer l’Esprit-Saint, dont vous avez été le coopérateur parmi nous.

    Enseignez-nous les voies de la prière, du recueillement, de la contemplation, de la charité.

    Faites que tout en respectant les exigences de notre devoir d’état, nous donnions à la vie intérieure le temps et le soin qu’il faut,
    pour répondre à l’appel de notre Père du ciel, qui voit dans le secret, et qui cherche parmi nous de vrais adorateurs, comme vous, en esprit et en vérité.

    Amen. »

    (Source)

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  • Méditation - Prière : "Ô Seigneur, je reviens tout à toi aujourd'hui !"

    « Ô Seigneur, tu ne m'as pas laissé partir hors de toi. S'il m'est parfois arrivé de t'oublier, toi mon Dieu, tu m'as toujours supporté et secouru. Quand mon corps et mon âme ne pouvaient plus tenir, j'ai crié vers toi du fond de l'abîme. Tout de suite, tu es accouru et tu m'as tendu la main, m'arrachant au marais de ma misère et me rendant la joie de ton salut. Voilà, Seigneur, ce que j'ai été, voilà ce que je suis. Eh bien, je reviens tout à toi aujourd'hui ! Mes misères qui s'étalent, tu les vois comme je les vois ; et j'en ai encore bien plus qui m'échappent, par aveuglement ou par oubli, mais elles sont évidentes pour toi. Quant à mes biens, si j'en ai gardé quelques-uns, aucun cependant n'est entier. L'ennemi m'en a ravi le plus grand nombre, et ce qu'il n'a pu me dérober, il l'a souillé ; et moi, il m'a encore plus avili. Vois quelle figure je fais devant toi, Seigneur ! Vis-à-vis de ta face, elle s'appelle misère, ô souveraine miséricorde ! Je ne te cache rien de ces coins et recoins les plus secrets de ma vie, tu le sais, ô divine Vérité. Et je t'en prie, que tout en moi soit lumière devant toi. Car je ne redoute personne tant que moi-même. J'ai si peur, à mon insu ou même consciemment, de me leurrer. Mais c'est toi que je crois, Seigneur, c'est toi que j'espère. Donne-toi à moi, car je ne cherche rien d'autre. Prends pitié de moi, Seigneur, lève-toi, viens au-devant de moi et vois ! Je veux rester ferme dans ta foi, et je veux grandir dans l'espérance. »

    Guillaume de Saint-Thierry (v.1085-1148), 9ème méditation, in "Méditations et Prières", François-Xavier de Guibert - Oeil, 1990 - Cf. "Oraisons Méditatives", SC n°324, Le Cerf, 1986.

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